le Mardi 11 novembre 2025

Avec des informations de Julien Cayouette

C’est dans un froid glacial, devant sa résidence de fonction de Rideau Cottage, à Ottawa, que le premier ministre a rendu les armes avec émotion, le lundi 6 janvier. 

«Hier soir, j’ai demandé au président du parti de commencer les étapes nécessaires. Le pays mérite un choix clair et réel», a lancé Justin Trudeau.

«Je ne suis pas quelqu’un qui recule facilement devant un combat, surtout un combat si important pour le parti et pour le pays, a-t-il déclaré d’emblée. Je fais ce job parce que l’intérêt des Canadiens et le bienêtre de notre pays, de notre démocratie me tient à cœur. Et c’est devenu clair que je ne peux pas être le chef aux prochaines élections, à cause des batailles internes [du Parti libéral].»

Cette démission n’entraine pas d’une élection générale, seulement une course à la chefferie du Parti libéral.

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Qu’est-ce que la prorogation du Parlement?

Généralement demandé par le premier ministre à la gouverneure générale, ce processus marque l’arrêt des travaux du Parlement.

Tous les projets de loi qui n’ont pas reçu la sanction royale sont annulés et «meurent au Feuilleton». Ils devraient être représentés lors de la prochaine législature et leur étude recommencerait du début.

Les comités parlementaires mettent également fin à leurs travaux. Certains peuvent poursuivre leurs travaux en adoptant une motion et seulement sous certaines conditions.

Le professeur Boily pense que des élections suivront rapidement la prorogation du Parlement, après le 24 mars. 

Photo : Courtoisie

Les prochaines étapes

Après le 24 mars, le Parlement reprendra ses activités, avec une nouvelle personne à la tête du parti libéral. «Il devrait y avoir la présentation d’un discours du trône pour initier une nouvelle législature et la présentation d’un budget», commente en entrevue avec Francopresse Frédéric Boily, professeur de science politique au Campus St-Jean de l’Université de l’Alberta.

«Reste à voir comment les choses vont tomber. C’est au moment du discours du trône et du budget que les choses vont se décider», entrevoit le politologue.

Les voix des députés libéraux demandant la démission de leur chef se sont faites de plus en plus nombreuses depuis la sortie de Ken McDonald, député d’Avalon à Terre-Neuve-et-Labrador, il y a environ un an. Plusieurs s’y sont ajoutées pendant la pause de la période des Fêtes.

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«Le Parlement a besoin d’un reset» 

En conférence de presse, Justin Trudeau a défendu sa décision en affirmant qu’elle ne donnait pas au Parlement l’occasion de voter une motion de censure, ce qui pourrait être perçu comme antidémocratique.

On est pogné dans une question de privilège. Il y a des motions d’obstruction constantes et on a pu très peu accomplir pendant les derniers mois au Parlement. Le Parlement a besoin d’un reset. Il a besoin de se calmer un peu les pompons pour se remettre au travail pour les Canadiens et ne pas faire de la petite politique constante qu’on est en train de voir des conservateurs.

— Justin Trudeau

Interrogé sur ses regrets, le premier ministre est revenu sur sa décision de ne pas adopter le vote préférentiel pour les élections : «Les partis auraient passé plus de temps à regarder les points qu’ils avaient en commun pour être les deuxième ou troisième choix des voteurs [sic] plutôt que de voir la polarisation que nous avions. Mais je ne pouvais pas, de façon unilatérale, changer notre mode de scrutin dans ce pays.»

Face aux inquiétudes concernant les menaces tarifaires de Donald Trump, il a affirmé que la course au leadeurship du Parti libéral n’empêcherait pas le gouvernement toujours au pouvoir de «protéger les Canadiens et leurs intérêts dans un monde très complexe».

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Les médias se sont massés devant la résidence du premier ministre, le 6 janvier 2025. 

Photo : Inès Lombardo – Francopresse

«Ça ne change rien»

Le chef du Parti conservateur du Canada (PCC), Pierre Poilievre, a ouvert la période préélectorale par la voie d’un communiqué intitulé «Ça ne change rien».

Ce dernier présente un choix entre des libéraux «souvent appuyés par le Bloc», ou «les conservateurs de gros bon sens, pour baisser les taxes et les impôts, bâtir des logements, réparer le budget et stopper les crimes».

Même exercice du côté du Nouveau Parti démocratique (NPD). Son chef, Jagmeet Singh, a appelé les Canadiens et les Canadiennes à voter pour lui.

«Les libéraux ne méritent pas une autre chance, quel que soit leur chef. […] Je demande à tous celles et ceux qui partagent ces valeurs de se joindre à nous. Ensemble, nous stopperons les conservateurs et bâtirons le tout premier gouvernement canadien pour les travailleuses et travailleurs», déclare-t-il dans un communiqué.

Période préélectorale

En conférence de presse, quelques minutes après l’annonce de Justin Trudeau, le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a reconnu qu’il n’avait d’autre choix que de laisser au Parti libéral le temps de mener sa course à la chefferie.

«Mais son ou sa successeure devra déclencher des élections dès son arrivée en poste», a-t-il ajouté.

Le chef bloquiste souhaite qu’une élection soit déclenchée à très court terme après le 24 mars. Il traitera les deux prochains mois comme une période préélectorale.

Yves-François Blanchet s’est aussi montré inquiet face aux menaces du président américain élu, Donald Trump. «Il y a le danger que le gouvernement canadien soit passif et très peu efficace au cours des prochaines semaines.»

«Ce que l’on peut lui reprocher à Justin Trudeau, c’est de ne pas avoir prévu le coup et d’avoir cru jusque dans les derniers moments de décembre qu’il pouvait relancer son gouvernement. C’est là qu’il faut être critique de M. Trudeau», affirme de son côté Frédéric Boily.

«Un chef véritablement soucieux de son parti aurait quitté dès le mois de juin», conclut-il.

Dans l’ouvrage commémoratif, 50 ans de conscientisation et de collaboration : La Fédération de la jeunesse canadienne-française 1974-2024, l’historien Serge Dupuis documente l’évolution d’un organisme dont les activités, parfois limitées par les aléas politiques, restent pertinentes.

«L’histoire de la FJCF démontre que la mission de conscientisation et d’habilitation des jeunes est aussi nécessaire aujourd’hui qu’il y a 50 ans. […] Le réseau de jeunesse peut être une bouée de sauvetage pour sortir les jeunes francophones de l’isolement et leur donner une voix», affirme-t-il en entrevue avec Francopresse.

Selon l’auteur, à travers son histoire, la FJCF a défendu des enjeux et des débats qui étaient négligés par les organismes des adultes, comme le vote à 16 ans et l’insécurité linguistique. Et côté réalisations sur le terrain, deux projets ont laissé leur marque jusqu’à aujourd’hui.

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«Nos accents» sur les ondes

La FJCF est à l’origine de l’instauration de dizaines de stations de radios communautaires entre 1985 et 1991. Un fait d’armes qui se distingue par son efficacité.

Alors que ces projets sont couteux en temps et en ressources, l’organisme parvient à obtenir le financement et encadre la création de stations d’un bout à l’autre du pays. De ces efforts naitrons par exemple Radio Péninsule (aujourd’hui CKRO-FM), à Pokemouche au Nouveau-Brunswick, Radio Clare (CIFA) en Nouvelle-Écosse, ou encore la Radio de l’Épinette noire (CINN FM), à Hearst dans le Nord ontarien.

«À l’époque, les radios sont encore très écoutées, et là […] on diffuse des émissions là où il n’y avait pas de radio francophone et c’est gagnant tout de suite parce que là les gens s’entendent! C’est pas Radio-Canada Montréal qui leur donne un bulletin de nouvelles, c’est les nouvelles locales, c’est les accents [locaux]», relate le professeur Gino Leblanc, ancien président de la FJCF de 1991 à 1992, dans le balado Voix de la jeunesse : 50 ans de la FJCF.

En 1991, l’Alliance des radios communautaires du Canada est créée pour prendre le relai et la FJCF se retire du dossier.

Une bulle de français : les Jeux de la francophonie canadienne

La lutte contre l’assimilation est une mission à laquelle la Fédération s’attèle depuis ses débuts et qu’elle a abordée de différentes façons au fil des ans. L’instauration de la Commission nationale sur l’assimilation en 1990, ou l’enquête plus récente pour la mise en place de la Stratégie nationale pour la sécurité linguistique en 2019, en sont des exemples.

Mais c’est une initiative plus tangible qui a eu des effets concrets sur le sujet : les Jeux de la francophonie canadienne (JeuxFC). Organisé tous les trois ans depuis 1999, cet évènement reste une rare occasion pour de nombreux jeunes de pouvoir vivre et s’amuser entièrement en français, sans jugement, pendant quelques jours et de créer des liens avec d’autres jeunes d’un bout à l’autre du pays.

«C’est un gros choc de voir autant de francophones», racontait au Droit Stéphanie Delisle, une participante néoécossaise aux Jeux de 2014. «Ça me fait prendre conscience que je ne suis pas la seule au Canada.»

Les résultats le confirment. Un sondage réalisé à la sortie des Jeux de 2017 révélait que 62 % des participants et participantes se disaient motivés par l’évènement à s’engager davantage dans la promotion du français au sein de leurs communautés.

Par ailleurs, 93 % affirmaient que les JeuxFC leur avaient permis de développer une fierté et un sentiment d’appartenance à la francophonie canadienne. Un effet qui a duré, d’après les réponses aux questions posées  aux mêmes jeunes six mois plus tard.

À lire : La FJCF dévoile un plan d’action détaillé pour la sécurité linguistique

Le défi du financement

«Lorsqu’on est financé à 85 à 90 % par un seul bailleur de fonds qui est aussi la cible politique […] cela peut poser un vrai dilemme sur la manière d’opérer », explique Serge Dupuis en entrevue. Selon l’auteur, cette situation peut complexifier les relations lorsque les fédérations deviennent également mandataires de service pour le gouvernement, comme l’a fait la FJCF dans les années 1990 en acceptant d’administrer le programme Jeunesse Canada au Travail lors d’une période d’intenses coupes budgétaires affectant leurs fonds de fonctionnement, sous le gouvernement de Jean Chrétien. Un programme que l’organisme administre toujours aujourd’hui.

«C’est la première histoire d’une fédération nationale. Notre compréhension [des mécanismes de fonctionnement de la politique franco-canadienne] va se raffiner quand on pourra faire des comparaisons avec d’autres», dit Serge Dupuis. 

Photo : Courtoisie – Archives Francopresse

«Dans une version antérieure du titre [du livre], on avait aussi le mot “contestation”, mais on s’est rendu compte que cela était beaucoup plus présent dans les années 1970 à 1990. […] Durant les années 1990, cela s’est perdu. Avec le retour des fonds de fonctionnement dans les années 2000-2010 à nos jours, les revendications sont également revenues… avec un peu plus de retenue.»

Si la politisation et la responsabilisation des jeunes sont au cœur de la mission de la FJCF depuis ses débuts, elle est aujourd’hui peu encline au militantisme, comme les manifestations ou autres coups d’éclat. Ses dirigeants ont plutôt perfectionné l’art des demandes de projets en harmonie relative avec les objectifs fédéraux en matière de langues officielles.

La pandémie a été une période difficile pour la FJCF, qui a vu ses évènements rassembleurs, ses formations et ses activités annulés dans leur quasi-totalité. Les jeunes francophones à travers le pays se sont tournés vers Internet pour leur divertissement, où les contenus francophones sont rarement disponibles, et l’omniprésence de l’anglais facilite l’assimilation.

Mais les jeunes du réseau restent optimistes, comme en témoigne le président actuel, Simon Thériault, lors du gala qui a lancé les célébrations du 50e au début novembre : «Ce 50e anniversaire est une occasion unique de nous tourner vers l’avenir, tout en célébrant le parcours remarquable qui a façonné la FJCF. Ensemble, nous avons construit un réseau solide et inspirant, prêt à relever les défis de demain.»

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Robert Joseph Antoine Campeau est né le 3 aout 1923 à Chelmsford, une petite localité aujourd’hui annexée au Grand Sudbury, dans le Nord de l’Ontario. Alors qu’il a 14 ans, il quitte l’école pour ne plus y revenir. Il n’a pas terminé sa 8e année.

Il travaille dans les mines de l’International Nickel Company (couramment appelée l’INCO). Le jeune Campeau se lasse rapidement de ce travail éreintant et part pour Ottawa, où il occupe différents boulots.

En 1949, il construit sa première maison, qu’il vend à profit. Il ne regardera plus jamais en arrière.

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«La maison de vos rêves»

Dès l’année suivante, il en aura construit et vendu une centaine d’autres avec le slogan «la maison de vos rêves».

En 1953, il incorpore sa compagnie sous le nom de Campeau Construction. Dès le début des années 1960, il fonde et acquiert d’autres entreprises, encore dans le domaine de la construction, mais aussi de la finance. Le journal Le Droit, en 1965, le qualifie de «Napoléon de l’industrie de la construction».

Fort de ses succès, Robert Campeau bâtit plus grand et, surtout, plus haut.

Après de premières expériences dans la construction de tours de logements et de bureaux, à Ottawa, il flaire la belle affaire avec la forte croissance de la fonction publique fédérale. Les nouveaux fonctionnaires ont besoin d’espaces à bureau.

Le premier grand projet de Robert Campeau : les trois édifices de Place de Ville, à Ottawa. 

Photo : Wikimedia Commons, partage dans les mêmes conditions 3,0 non transposé

Au milieu des années 1960, l’homme d’affaires prend les choses en main et construit Place de Ville, un vaste complexe de trois édifices, dont le troisième demeurera le plus haut immeuble d’Ottawa jusqu’en 2019.

On fait appel à Robert Campeau pour construire – sans appel d’offres – des immeubles de bureaux pour y installer des fonctionnaires à Hull, maintenant Gatineau, sur la rive québécoise de la capitale fédérale.

Rien ne semble pouvoir arrêter l’ascension fulgurante du Franco-Ontarien. C’est alors qu’il se heurte à son premier mur.

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L’interlude Power Corporation

À la suite d’un projet immobilier qui tourne mal, Robert Campeau doit se résigner à céder le contrôle de sa compagnie à une autre société, en l’occurrence Power Corporation, dirigée par un autre important homme d’affaires franco-ontarien, Paul Desmarais.

Campeau encaisse très mal le coup. Il sombre dans une dépression pendant plusieurs mois et ne se présente pas au bureau. Abattu, mais pas battu.

Au début des années 1980, par un coup de maitre dont seul il a le secret, Robert Campeau convainc la Banco di Santo Spirito, soit la banque du Vatican, de lui verser suffisamment de fonds pour racheter la participation de Power Corporation – plus de 27 millions de dollars canadiens. Il est de nouveau seul en selle.

Devenu l’un des principaux acteurs du secteur immobilier à Ottawa, Campeau veut étendre ses ailes à Toronto. Il réalise quelques projets dans la Ville Reine, dont un hôtel et quelques constructions domiciliaires.

En 1980, il tente un coup d’éclat en déposant une offre d’achat pour la plus grande société financière au pays, la Royal Trust, qui a un actif de sept-milliards de dollars. Mais la métropole ontarienne résiste.

L’establishment financier anglophone de Toronto fera tout pour l’empêcher de mettre la main sur ce joyau de la finance canadienne.

Malgré cet échec, le Canadien français persiste à vouloir s’implanter dans la capitale ontarienne. Pour s’y faire accepter, il y déménage même son siège social et emménage dans une vaste demeure comptant 10 chambres, 13 salles de bain, une piscine olympique et une salle de bal pouvant accueillir 300 personnes.

Mais l’homme d’affaires en veut toujours plus.

Robert Campeau heureux de l’acquisition de l’entreprise Federated Department Stores, qui comprend les magasins Bloomingdale’s, en 1988. 

Photo : Pierre Roussel - Images Distribution

Avec ses visées de grandeur, la prochaine étape était pour lui tout naturellement les États-Unis.

Cap sur le pays de l’Oncle Sam

Dans un premier temps, Campeau y achète des centres commerciaux. Mais au lieu de tenter de convaincre de grandes marques de s’installer dans ses locaux pour attirer les foules et d’autres plus petits magasins, il décide de les acquérir.

Et il vise haut : rien de moins que Macy’s, la célèbre chaine dont le magasin phare a pignon sur Manhattan depuis le début du XXe siècle.

Macy’s dit non. Mais peu de temps après, Campeau réussit à mettre la main, en 1986, sur le groupe Allied Stores et ses 750 magasins de différentes enseignes. La facture est de 4,4 milliards de dollars US.

Encore une fois, Campeau n’est pas satisfait. Sa prochaine convoitise est la Federated Department Stores, le deuxième plus grand groupe de magasins aux États-Unis après Sears, et dont la marque emblématique est Bloomingdale’s. Cout d’acquisition : près de 7 milliards de dollars américains.

Grâce à cette transaction, Robert Campeau trône sur un empire de près de 12 milliards de dollars américains. Il mène un train de vie extravagant à New York et organise, par l’entremise de sa chaine Bloomingdale’s, des évènements spectaculaires avec des vedettes du cinéma et de la télévision.

Si Toronto a boudé le Franco-Ontarien, New York accepte et célèbre celui, parti de rien, qui a réussi. Le rêve américain incarné.

Robert Campeau a laissé aussi sa marque à Toronto, notamment avec la Scotia Plaza. 

Photo : Wikimedia Commons, partage dans les mêmes conditions 3,0 non transposé

Le début de la fin

Mais l’inexpérience de Campeau dans l’industrie de la vente au détail se fait ressentir. Bientôt, les finances tournent au mal… puis au désastre. Il se départit de certaines enseignes pour augmenter ses liquidités. Ce n’est pas suffisant. Ses cotes de crédit plongent. Une spirale vers le bas s’enclenche. À la fin des années 1980, rien de va plus.

En janvier 1990, ses deux joyaux, Federated Department Stores et Allied Stores, déclarent faillite. À hauteur de près de 8,8 milliards de dollars américains, il s’agit de la deuxième faillite en importance aux États-Unis à l’époque.

Démoli, Campeau cherche à se faire oublier. Un journaliste de Radio-Canada, Alain Gravel, le retrouvera plusieurs années plus tard en Autriche où, malgré sa déchéance financière, il habite une demeure palatiale valant 12 millions de dollars. Il a près de 75 ans et a toujours des projets, comme un complexe résidentiel en banlieue de Berlin.

Mais il n’y aura pas de renouveau. Le divorce d’avec sa seconde épouse, Ilse Luebbert, au nom de qui il avait placé environ 18 millions de dollars canadiens pour visiblement se protéger de ses créanciers, met le point final sur sa débâcle.

En 2001, il revient au Canada, s’installe incognito à Ottawa où il vit grâce à une pension de 70 000 $ par année que lui verse son ex-femme. Des miettes pour celui qui nageait dans les milliards à peine dix ans auparavant.

Il meurt en 2017 dans la capitale fédérale, dans un quasi-anonymat, à l’âge de 93 ans.

Un univers doux

Adrian House, auteur-compositeur-interprète originaire de Saint-Jean à Terre-Neuve, nous séduit avec son dernier opus, Pêcheur de rêves.

Pochette de l’album Pêcheur de rêves. 

Photo : adrianhouse.com

L’album débute par un univers jazz, avec de petits bijoux comme Don Quichotte, Gisèle et C’est comme ça, qui captent toute notre attention. Adrian House a un timbre de voix qui laisse à peine paraitre son accent anglophone.

Dans la deuxième partie du disque, il exploite des univers plus pop rock et folk. Les muses accompagne l’un des plus beaux textes du disque. C’est un ver d’oreille aussi puissant que Nulle part. Ce dernier morceau nous jase d’échec et d’espoir sur des sonorités rocks.

Le parapluie d’Élise et Existence sont deux autres superbes textes accrocheurs sur l’espoir et l’intégrité. Adrian House termine son album avec le bel univers folk de Pêcheur de rêves.

Le francophile nous lance un rendez-vous doux et vient nous séduire avec tout l’amour qu’il a pour l’autre langue officielle de son pays. De son bord de mer terre-neuvien, il lance une ligne à l’eau avec cet album. Une belle invitation aux rêveurs de ce monde.

Nulle Part
Album : Pêcheur de rêves

Mémoire de la musique franco-manitobaine

Les années 1970 furent une période faste pour la musique francophone d’un bout à l’autre du pays. L’Acadie a eu le groupe 1755, le Québec, Harmonium et Beau Dommage, l’Ontario, CANO et 33 Barrette, le Manitoba, Gerry et Ziz.

Le 100 NONS, un organisme qui œuvre à l’épanouissement de l’industrie et de la culture musicale francophone au Manitoba, s’est fait un devoir de mémoire, en supportant un projet d’archive du catalogue de Gerry et Ziz. À l’automne 2024, l’association a lancé le coffret Ce coin de pays.

Le premier disque est le matériel du duo Gerry et Ziz, issu de démos et de leur album paru en 1976. On y retrouve cette richesse sonore propre à l’univers folk, pop et rock de cette période.

Pochette de l’album Ce coin de pays. 

Photo : 100nons.com

Des petits velours agréables comme Histoire d’antan, Verbe infinitif ou Au revoir nous ramènent dans les souvenirs d’un temps où rien n’était si pressant. Ce premier disque du coffret de Gerry et Ziz se termine par l’un des classiques du groupe, Manifesto, toujours aussi puissant aujourd’hui.

Le deuxième disque transporte quelques autres extraits de Gerry et Ziz dans un monde plus moderne, grâce à de superbes arrangements et des voix d’artistes de la nouvelle génération comme Nicole Brémault, Kelly Bado et Soulbear.

Ziz (Gérard Jean) nous offre une nouvelle version de Change de chapeau et Gerry (Gérald Paquin) y va du puissant texte Qu’appelle Riel. Jocelyne Baribeau nous enchante avec sa version de C’est à cause du son d’un lointain violon. Mention spéciale à Daniel Lavoie, qui a débuté sa carrière avec Gerry et Ziz, pour sa version piano voix de Tout est prêt.

Il est important de se rappeler d’où nous venons, de nous remémorer celles et ceux qui ont pavé les voix de la francophonie qui nous habite. Le 100 NONS offre aux Franco-Manitobains et Franco-Manitobaines une preuve tangible de leur passé.

Frere-Roc-Stereo
Album : Gerry et Ziz

Pochette de l’album Bruits Blancs. 

Photo : carolinesavoie.com

Une question d’héritage

Je vous invite enfin à redécouvrir l’album Bruits blancs de l’autrice-compositrice-interprète acadienne Caroline Savoie. En attendant son 4e opus, Rom-Com, laissez-vous charmer par une plume profonde, déposée sur une toile de fond folk aux multiples nuances modernes et intéressantes.

Caroline Savoie nous interpelle sur le legs laissé par nos ancêtres et nous questionne sur nos engagements envers les enfants de demain. Sans être moralisatrice, elle nous invite à la discussion avec tendresse et respect.

Avec maturité, autant musicalement que textuellement, l’Acadienne nous interpelle sur notre respect de ceux avant nous, mais aussi l’héritage que nous laissons à ceux de demain.

Corail
Album : Bruits Blancs

Marc Lalonde, dit Lalonde des ondes, est chroniqueur musical depuis plus de 25 ans au sein de la francophonie musicale canadienne et animateur de l’émission radiophonique Can-Rock. Il se fait un malin plaisir de partager cette richesse dans 16 stations de radio à travers le pays chaque semaine.

En entrevue avec Francopresse, le commissaire sortant se dit heureux de son bilan, dans une période occupée pour les langues officielles. Il note que même si le gouvernement fédéral a permis de faire des avancés importantes, il faut constamment rester vigilant.

Francopresse : Quel bilan tirez-vous de vos sept années passées à analyser les langues officielles et l’immigration francophone sous le gouvernement libéral de Justin Trudeau?

Raymond Théberge : Je dirais que ce gouvernement a quand même fait le travail nécessaire pour arriver à la modernisation de la Loi sur les langues officielles, qui donne un nouveau régime linguistique.

Là où il aurait pu mieux faire la mise en œuvre rapide de la nouvelle loi, c’est au niveau des règlements par exemple, et de la gouvernance des langues officielles. On peut avoir la meilleure loi possible, si on n’a pas une mise en œuvre solide, c’est difficile de mesurer son impact.

Le Plan d’action est le deuxième levier que le gouvernement peut utiliser pour assurer le développement de nos communautés. C’était un bon Plan, mais il y avait des défis sur le fait que l’argent n’allait pas assez rapidement aux intervenants.

C’était quand même une période où il y avait beaucoup d’enjeux, mais aussi d’effervescence dans le monde des langues officielles jusqu’à cette dernière année, que ce soit au niveau du fédéral ou même des provinces et des territoires.

Durant les sept dernières années, les langues officielles étaient très présentes sur le plan national et je pense que c’est extrêmement important dans la civilisation canadienne qu’elles soient visibles, qu’elles soient entendues.

À lire aussi : Modernisation de la Loi sur les langues officielles (Dossier)

Récemment, la présidente du Conseil du Trésor, Anita Anand, a annoncé que les règlements de la nouvelle loi seraient déposés «avant mars 2025». Cependant, des élections pourraient avoir lieu d’ici là. Quelles seraient les conséquences s’ils ne sont pas adoptés avant?

Et bien, si les règlements ne sont pas passés dans les prochains mois par exemple, ça veut dire qu’on ne peut pas utiliser des sanctions administratives pécuniaires.

Ça veut aussi dire qu’il va y avoir beaucoup d’ambigüité autour de la mise en œuvre de la partie VII de la Loi sur les langues officielles [qui porte sur la promotion des deux langues officielles et l’épanouissement des communautés, NDLR].

Les règlements, ce sont le «comment» de la Loi, donc c’est extrêmement important. Le travail va se poursuivre, qu’il y ait des élections ou non, mais ce qui est important en fin de compte, c’est de savoir si on a suffisamment de temps pour que ça soit effectivement passé.

Je sais que la présidente du Conseil du Trésor l’a précisé, mais nous, on est en attente.

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Un autre de vos mandats consiste à surveiller l’immigration francophone. Un rapport récent a révélé que les immigrants francophones étaient plus susceptibles de quitter le pays après deux ans, comparativement aux anglophones et aux allophones. Qu’est-ce que ça illustre de l’immigration francophone au Canada?

Ça indique qu’au niveau de l’accueil et de l’intégration des nouveaux arrivants, on a certainement des défis.

Est-ce qu’on a en place les structures nécessaires pour bien accueillir ces nouveaux arrivants dans nos communautés? Est-ce qu’on a les outils pour bien les intégrer? Est-ce qu’ils ont accès au logement, à la formation linguistique si nécessaire, à l’emploi?

On doit se pencher là-dessus. C’est pour cela que je parle souvent de développer une voie d’immigration francophone, c’est-à-dire que du début à la fin, l’immigrant francophone est accompagné tout au long de son séjour.

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Lors d’une séance en comité le 10 décembre, un représentant de la Fédération nationale des conseils scolaires francophones a rappelé que certains élèves francophones assistent toujours à des cours dans des roulottes. Pourquoi ces conditions perdurent, alors qu’une décision de la Cour suprême a donné raison aux francophones en 2020?

Dans toutes nos communautés francophones en milieu minoritaire, nous n’avons pas suffisamment d’infrastructures éducatives pour répondre à la demande. Ça persiste depuis des années, ça persistait quand mes enfants étaient à l’école et encore aujourd’hui on n’est pas en mesure de construire suffisamment d’écoles ou de centres communautaires scolaires pour répondre à cette demande.

Il y a toujours un décalage entre la demande et la construction des infrastructures et l’éducation, il faut le dire. C’est la façon d’assurer la pérennité de nos communautés et sans des infrastructures de qualité, on va manquer plusieurs générations d’élèves et d’étudiants.

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Revenons-en à votre fin de mandat. Le 28 janvier ce sera votre dernier jour en tant que commissaire des langues officielles. Quel regard portez-vous sur les sept dernières années?

Premièrement, je ressens une certaine tristesse parce que c’est un travail assez passionnant, avec une équipe réellement dévouée aux langues officielles. Cependant, c’est sans doute le moment pour passer le flambeau à quelqu’un.

Ces sept dernières années, on a accompli beaucoup de travail au Commissariat, qui a eu un impact sur les ordres officiels au Canada, que ce soit par le biais de la modernisation de la Loi sur les langues officielles, la vigie du Plan d’action sur les langues officielles, les divers projets de recherche et d’études qu’on a effectués, qui ont un impact par exemple sur la sécurité publique, sur l’immigration et sur plusieurs éléments de la société canadienne.

Aussi, on est intervenu à plusieurs reprises devant les tribunaux, on a fait avancer par exemple les droits pour les voyageurs, d’éducation, d’accès à la justice, d’épanouissement des communautés.

C’était un privilège et un honneur d’occuper ce poste pendant sept ans.

Nomination du commissaire aux langues officielles

Le commissaire est nommé par le gouverneur en conseil, après la consultation du chef de chacun des partis reconnus au Sénat et à la Chambre des communes, suivie d’une approbation par résolution des deux chambres du Parlement.

Le gouvernement n’a pour l’instant pas laissé donner d’indices sur les candidats qui pourraient remplacer Raymond Théberge.

Qu’est-ce que vous aimeriez transmettre à votre successeur ou successeure?

Le message est le suivant : on doit être toujours vigilant en ce qui a trait à la mise en œuvre de la Loi sur les langues officielles.

Il faut être conscient qu’on est ici pour défendre les droits linguistiques de tous les Canadiens et Canadiennes, et des anglophones au Québec aussi.

Les propos ont été réorganisés pour des raisons de longueur et de clarté.

En s’appuyant sur des données scientifiques et administratives, ainsi que sur celles recueillies dans le cadre d’enquêtes, d’entrevues et de séances de consultation, le rapport de la FCCF soutient que l’art présente des solutions aux divers défis que rencontrent les écoles de langue française en milieu minoritaire au Canada. À commencer par l’intégration des nouveaux arrivants.

L’évolution de la démographie de la francophonie canadienne figure parmi les enjeux soulevés par les auteurs du mémoire. Les enfants issus de l’immigration représentaient 38,5 % de l’ensemble de la population admissible à une éducation en français en contexte minoritaire en 2021, rapporte le mémoire, se référant aux données de Statistique Canada.

Selon la FCCF, les arts jouent un rôle important dans l’intégration des élèves immigrants : «L’éducation artistique crée des ponts entre les cultures, elle renforce les liens interculturels entre les membres du personnel ainsi qu’entre le personnel enseignant et les élèves», peut-on lire dans le rapport.

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Joey Robin Haché et la classe de Josée Deschênes Caron à l’École régionale Saint-Basile d’Edmundston, au Nouveau-Brunswick, dans le cadre du programme de conception d’activités pédagogiques artistiques. 

Photo : Courtoisie

Pénurie de main-d’œuvre et santé mentale

La pénurie de personnel enseignant qualifié à laquelle font face les 34 conseils scolaires francophones en contexte minoritaire est aussi pointée du doigt.

Marie-Ève Desormeaux, directrice des contenus de La ruchée, le laboratoire d’éducation artistique qui relève de la FCCF, soutient que les bienfaits de l’éducation artistique se font ressentir chez les enseignants.

Pour Marie-Ève Desormeaux, il existe plein de témoignages de jeunes qui disent que «l’art à l’école m’a sauvé la vie». 

Photo : Marianne Duval

«Quand on sait que le décrochage est parmi les causes notables de la pénurie de main-d’œuvre en enseignement, outiller le personnel enseignant en éducation artistique et encourager l’enseignement interdisciplinaire par les arts sont des approches prometteuses qui ont des effets positifs sur le climat de la salle de classe et le perfectionnement professionnel des membres du personnel enseignant.»

La ruchée a accompagné près de 370 bénéficiaires, en majorité du personnel enseignant, durant la période 2022-2024, pour intégrer l’art dans leur curriculum.

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Le rapport de la FCCF assure en outre que l’éducation artistique a un effet positif sur le bienêtre des élèves, à l’heure où environ 20 % des jeunes Canadiennes et Canadiens sont affectés par un trouble de santé mentale. Le Canada se classe au troisième rang pour le taux de suicide le plus élevé chez les jeunes parmi les pays industrialisés.

Grâce à l’expression artistique, les jeunes se sentent «vus, entendus et compris dans leur identité», affirme-t-elle.

La directrice se réfère à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) qui a conclu, «à la suite d’une revue de plus de 3000 études, que l’art a des effets non négligeables sur la santé physique et mentale des personnes autant sur le plan de la prévention que du traitement».

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Les bienfaits de l’éducation artistique

Le rapport Une place de choix pour l’art à l’école de la Fédération culturelle canadienne-française (FCCF) identifie plusieurs bienfaits de l’éducation artistique en milieu scolaire :

Ressources et appuis aux enseignants

Clément Moudiongui, animateur culturel dans une école francophone de Toronto en Ontario, fait partie des bénéficiaires de l’un des programmes déployés par La ruchée. «Bien que nos élèves aient tendance à consommer les arts dans la langue dominante, nous faisons plus que notre mieux pour donner des alternatives francophones», témoigne-t-il. Les outils de La ruchée permettent de simplifier la tâche du personnel enseignant pour y arriver.

Clément Moudiongui constate qu’il est important d’offrir des activités qui s’ajustent au niveau de progression des élèves.

Photo : Lina Brouillard

Pour sa part, l’enseignante de maternelle et première année à Campbell River en Colombie-Britannique, Andréanne Nammour, estime que «les enseignants peuvent avoir une certaine crainte à intégrer l’art dans leur classe».

Participer au projet de Conception d’activités pédagogiques artistiques (CAPA) de La ruchée a été pour elle une expérience enrichissante. Grâce à ce programme de développement professionnel, elle a été jumelée à une artiste pour l’aider à intégrer les arts comme outil pédagogique.

 «C’était vraiment bon d’avoir une artiste qui préparait les sessions puis, moi, je m’occupais de trouver les objets de curriculum. C’était vraiment un travail d’équipe», se réjouit-elle.

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Un pont entre l’école et les artistes

Justement, les 12 recommandations formulées par la FCCF dans son mémoire appellent à garantir une présence continue, valorisée et structurante des artistes et de leurs œuvres au sein des programmes éducatifs, «pour alimenter la mise en œuvre de l’éducation artistique dans les écoles».

Selon Joey Robin Haché, l’intégration de l’art à l’école favorise l’attention des élèves et leur engagement durant l’apprentissage. 

Photo : Lara Herbinia

Une telle présence serait, d’après l’organisme, d’une grande utilité pour une enseignante ou un enseignant généraliste n’ayant pas reçu de formation suffisante en didactique des arts. L’élaboration de curriculums d’éducation artistique s’ajoute à une charge de travail déjà considérable, en plus d’affecter la confiance professionnelle.

Cette réalité, l’auteur-compositeur-interprète acadien Joey Robin Haché, la connait très bien. Il travaille depuis 13 ans dans le milieu scolaire et a accompagné, en collaboration avec La ruchée, deux enseignantes au Nouveau-Brunswick l’année dernière.

«À l’ère des réseaux sociaux et face à des méthodes scolaires classiques et parfois rigides, on a essayé de créer un gabarit de cours en mariant art et pédagogie», rapporte l’artiste multidisciplinaire.

«Et ça fonctionne», estime-t-il. Bien qu’il s’agisse, selon lui, d’un processus en constante évolution, qui nécessite du temps pour convaincre et permettre d’innover dans la manière d’enseigner.

Mobiliser les décideurs

Marie-Ève Desormeaux le confirme : «On a des preuves que ça fonctionne. Nous avons beaucoup de demandes, mais malheureusement présentement la demande dépasse notre capacité de répondre».

L’un des objectifs des ateliers «Bâtir la confiance créative» est d’outiller le personnel enseignant pour intégrer plus d’arts dans l’enseignement. 

Photo : Dany Lepage

La FCCF recommande que les gouvernements provinciaux, territoriaux et fédéral augmentent les fonds et les investissements pour l’éducation artistique, afin de garantir sa qualité et sa durabilité dans les systèmes éducatifs francophones.

Elle propose aussi de créer une charte d’éducation artistique dans les communautés francophones en vue de «définir les principes directeurs et les valeurs guidant la place de l’éducation artistique dans l’école».

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Pour 2024, la présidence d’honneur du jury du Palmarès a été confiée à la directrice générale de la Société acadienne de Clare, Natalie Robichaud, qui est l’une des personnalités inscrites au Palmarès de 2023.

«Participer au jury de sélection et présider le comité a été un véritable privilège. Le processus rigoureux reflète non seulement le talent des personnes retenues, mais aussi l’engagement envers la vitalité de la francophonie canadienne. Ce Palmarès est une célébration de notre héritage culturel et de ceux et celles qui le portent avec passion», souligne la présidente d’honneur.

Le jury, composé de représentants de Francopresse et de personnalités des éditions antérieures du Palmarès, a étudié plus d’une trentaine de candidatures soumises par les journaux membres de Réseau.Presse à l’échelle du pays pour sélectionner les dix personnalités à se hisser au Palmarès de 2024.

Photo : Courtoisie

Marjorie Beaucage

L’«art-iviste» manitobaine Marjorie Beaucage a débuté l’année en devenant lauréate de l’un des Prix du Gouverneur général en arts visuels et en arts médiatiques. Depuis novembre, le Musée des beaux-arts du Canada projette trois de ses films. Après plusieurs années en éducation, Marjorie Beaucage s’est lancée dans la production vidéo, avec pour objectif de mettre en lumière des enjeux souvent ignorés des communautés métisses et autochtones. Il y a deux ans, elle a collaboré avec le Conseil culturel fransaskois pour produire La moisson, un outil de médiation culturel pour les écoles.

Photo : Courtoisie

Cyr Couturier

Chercheur en économie rurale, Cyr Couturier est un acteur clé de la promotion de la francophonie à Terre-Neuve-et-Labrador qui a commencé à aider les entreprises acadiennes dans les années 1980. Il en est à son cinquième mandat à la présidence d’Horizon TNL, un organisme à but non lucratif voué au développement économique des francophones de la province. Il continue de siéger au conseil d’administration du Réseau de développement économique et d’employabilité (RDÉE) Canada en plus d’agir comme président du Gaboteur, le journal francophone de Terre-Neuve-et-Labrador. Il a déjà siégé à la Fédération des francophones de Terre-Neuve et du Labrador.

Photo : Comité paralympique canadien

Kamylle Frenette

Originaire de Dieppe, au Nouveau-Brunswick, Kamylle Frenette a inspiré toute la communauté acadienne et au-delà en se classant 4e à la compétition de paratriathlon des Jeux paralympiques de Paris de 2024, après avoir terminé au même rang aux Jeux de Tokyo en 2021. En juin, elle avait remporté sa première épreuve de la Série mondiale de paratriathlon, à Montréal. Kamylle Frenette est l’Acadienne qui a connu le plus de succès dans le sport paralympique. Pendant l’entrainement qui l’a menée aux Olympiques, elle a aussi obtenu son diplôme en pharmacologie.

Photo : Courtoisie

Claudette Gleeson

En février, lorsque la localité de Greenstone a décidé de retirer le drapeau franco-ontarien qui flottait depuis 2015 devant l’hôtel de ville, Claudette Gleeson a multiplié les efforts pour renverser la vapeur : pétition, députation devant le conseil municipal, campagne pour couvrir la ville des couleurs de la francophonie ontarienne… En mars, elle a été nommée à l’Ordre de la Pléiade de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie. Elle est actuellement présidente de l’Association des francophones du Nord-Ouest de l’Ontario, du Conseil scolaire de district catholique des Aurores boréales, de l’Accueil francophone de Thunder Bay et du Centre francophone de Thunder Bay. Elle a aussi fondé le Franco-Festival.

Photo : Sacha Cohen

P’tit Belliveau 

Jonah Richard Guimond, alias P’tit Belliveau, de Baie-Sainte-Marie en Nouvelle-Écosse, fait rayonner l’Acadie. Par sa musique, il met à l’honneur la langue française, sa culture, son identité et sa fierté acadiennes. En 2024, sa carrière a véritablement atteint un nouveau sommet. Il a notamment lancé un nouvel album, participé au spectacle d’ouverture du Congrès mondial acadien et au festival Francos de Montréal, et a rempli la salle MTelus à Montréal. Il a également remporté des prix lors du Gala alternatif de musique indépendante du Québec et reçu le Prix Acadie-Québec 2024.

Photo : Courtoisie Université de Moncton

Louise Imbeault

En novembre 2024, Louise Imbeault a été nommée lieutenante-gouverneure du Nouveau-Brunswick. Elle est chancelière de l’Université de Moncton depuis 2018 et propriétaire-éditrice des Éditions Bouton d’or Acadie depuis 2012. Journaliste réputée, elle a été directrice de Radio-Canada Atlantique, où elle a aussi été la première femme chef des nouvelles et la première femme directrice de la radio, de la télévision et d’Internet. Au cours de sa longue carrière durant laquelle elle a toujours mis de l’avant la langue française, elle a reçu plusieurs distinctions, dont celle de membre de l’Ordre du Canada en 2023.

Photo : Courtoisie

Anne Leis

La médecin Anne Leis ne ménage pas ses efforts pour que la population fransaskoise ait accès à des services de santé de qualité en français. En 2024, elle a coordonné une nouvelle recherche sur les effets de la pandémie de COVID-19 sur les familles francophones dans les Prairies. Il s’agit de la deuxième apparition au Palmarès de Francopresse pour la directrice du Département de la santé communautaire et de l’épidémiologie de l’Université de la Saskatchewan et l’ancienne présidente de la Société Santé en français et du Réseau Santé en français de la Saskatchewan.

Photo : Courtoisie

Isabelle Salesse

Depuis plus de 25 ans, Isabelle Salesse s’investit largement – et souvent dans l’ombre – pour que les francophones de tous les horizons aient une place au Yukon. En 2024, la directrice générale de l’Association franco-yukonnaise a lancé une initiative d’inclusion et de solidarité à l’égard des communautés 2ELGBTQI+ francophones. Au cours de la même année, elle a aussi contribué à la révision de la Loi sur l’office de la santé du Yukon pour garantir la protection des droits linguistiques de la communauté francophone. Par ailleurs, depuis trois ans, elle participe au défi Great Cycle Challenge pour la Fondation SickKids.

Photo : Isak Vaillancourt

Alex Tétreault

L’année 2024 n’a rien eu d’ordinaire pour le Franco-Ontarien Alex Tétreault. Dès janvier, le jeune dramaturge a remporté deux prix pour sa pièce Nickel City Fifs : le prix Audace Réseau Ontario et le Prix Alliance Acadie. En juin, il est devenu poète officiel du Grand Sudbury, en Ontario. En septembre, les Éditions Prise de parole ont publié le texte de sa pièce, qui raconte une «épopée queer sudburoise». Il est aussi actuellement président de l’organisme ontarien Théâtre Action et n’hésite pas à donner généreusement à sa communauté, notamment en siégeant à de nombreux conseils d’administration.

Photo : Archives Francopresse

Hommage : Ethel Côté

Pionnière de l’innovation sociale, championne de l’économie solidaire et figure de proue de l’autonomisation économique des femmes, Ethel Côté s’est éteinte à l’âge de 66 ans en octobre. Elle a consacré sa vie à l’épanouissement de la francophonie et à l’action locale. Elle a fondé plusieurs organismes, dont mécènESS, et a dirigé l’entreprise sociale ImpactON. Elle a aussi été présidente fondatrice de La Nouvelle Scène à Ottawa. Elle a été reçue à l’Ordre des caisses populaires de l’Ontario, à l’Ordre de l’Ontario et à l’Ordre du Canada. En 2015, l’ONU l’a nommée championne de l’autonomisation économique des femmes.

Photo : Colin Peters

Mention spéciale : Elle Peters

Le jury du Palmarès accorde une mention spéciale à Elle Peters. Engagée dans la défense des intérêts des jeunes francophones, Elle Peters est présidente du Conseil jeunesse provincial de la Nouvelle-Écosse et lauréate de 2024 du Prix d’excellence du lieutenant-gouverneur pour l’Acadie et la Francophonie de la Nouvelle-Écosse. La lutte qu’elle mène contre le racisme et toute autre forme de discrimination lui ont valu le Prix du civisme et du respect du lieutenant-gouverneur de la Nouvelle-Écosse en 2022, alors qu’elle n’était qu’en 8e année. Continuons de suivre cette jeune francophone promise à un brillant avenir.

«Je suis l’elfe de maison! Je me retrouve chez moi avec un conjoint qui ne fait absolument rien en ce qui concerne notre fils encore bébé. Il s’occupe simplement de cuisiner», déplore Kristine Gallant, à Toronto.

Se lever la nuit, donner les biberons, changer les couches, faire les courses, le ménage, les machines, prendre les rendez-vous médicaux : la trentenaire fait tout, pense à tout. À la maison, les tâches domestiques et parentales sont le sujet numéro un de tensions.

«Si l’équité règne dans un couple, à l’arrivée du premier enfant, c’est souvent là où ça bascule», affirme la sociodémographe Laurence Charton. 

Photo : Courtoisie

«J’ai pourtant une belle carrière et je suis très à cheval sur les droits des femmes, l’égalité. Toutes les injustices m’énervent, poursuit l’ingénieure. Mais c’est comme si le modèle de vie familiale de mes parents est encore le même à mon époque.»

La francophone est loin d’être la seule Canadienne à souffrir de telles inégalités au sein de couples hétérosexuels. D’après de récentes données de Statistique Canada, en 2022, les mères ont consacré en moyenne 7,5 heures par jour aux soins de leurs enfants, contre 4,9 pour les pères.

Ce sont les activités de loisirs qui étaient les plus susceptibles d’être partagées à parts égales entre les deux parents.

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Charge mentale sur les épaules des femmes 

«La situation s’améliore, les hommes ont tendance à s’occuper plus des enfants, mais on n’est pas encore rendu à une égalité réelle, constate la professeure de psychologie sociale à l’Université de Moncton, Mylène Ross-Plourde. Les stéréotypes de genre sont très fortement ancrés dans la société et sont difficiles à défaire.»

Les données ne surprennent pas non plus la sociodémographe à l’Institut national de la recherche scientifique, Laurence Charton. Selon elle, les mères s’occupent plus des tâches qui demandent davantage de charge mentale, d’organisation et de gestion.

Elle prend notamment l’exemple des repas : «Les pères vont peut-être plus souvent faire la cuisine, mais ce sont toujours les mères qui vont planifier les menus, faire les courses.»

Perception biaisée

Les pères n’ont pas forcément conscience de ce partage inéquitable. Dans l’enquête de Statistique Canada, 64 % ont indiqué que les tâches étaient réparties également, contre 46 % des mères. «C’est un biais classique, les gens surestiment la part qu’ils accomplissent, on voit plus facilement ce qu’on fait», commente Mylène Ross-Plourde.

«C’est leur perception, j’imagine qu’ils ont l’impression d’en faire plus par comparaison avec leur propre père», ajoute Laurence Charton.

La Torontoise Kristine Gallant assure, elle, que l’injuste répartition des tâches est aggravée durant la période des Fêtes.

J’ai dû me soucier de tous les détails. Mon conjoint s’est détaché de ces sujets des Fêtes, des cadeaux, des repas à prévoir et à préparer, pour se reposer sur moi.

«La charge mentale est plus forte à cette période de l’année, les femmes prennent encore plus soin des autres et de leurs besoins», confirme Mylène Ross-Plourde.

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Des inégalités forgées «avant même la naissance»

De son côté, Laurence Charton observe «une perpétuation des stéréotypes de genre» encore plus visible à Noël. Elle évoque notamment le choix des cadeaux genrés sous le sapin. La partition classique entre poupées, dinettes et cuisinières pour les filles; camions, jeux de construction et pistolets pour les garçons.

«Ça contribue à donner aux enfants une image stéréotypée de leur sexe dès le plus jeune âge», appuie Mylène Ross-Plourde.

La psychologue Mylène Ross-Plourde explique que les enfants apprennent les stéréotypes de genre «très tôt, dès 2 ou 3 ans». 

Photo : Courtoisie

Le choix des cadeaux n’est pas le seul facteur. Il existe bien des façons de reproduire ou de réduire les inégalités entre filles et garçons, et plus tard entre femmes et hommes. 

«Ces inégalités se créent avant même la naissance. Rien que le choix du prénom est connoté, on veut quelque chose de fort et viril pour un garçon, de doux pour une fille, analyse Laurence Charton. La façon dont on parle aux enfants, dont on les habille, dont on réagit à leurs attitudes, ce sont des projections que l’on fait sur eux et tout ça joue.»

Selon une étude parue en 2022, c’est l’engagement temporelle importante et régulière des pères dans les tâches ménagères – à la fois en elle-même et dans une répartition équilibrée avec la mère – qui a le plus d’influence sur la perception des inégalités de genre chez les adolescents et les adolescentes.

Alors, comme le disent plusieurs sociologues dans un article paru en 2021 : «Allez, les pères!». À Toronto, Kristine Gallant ne se résigne pas, elle compte entamer une grève de «madame fait tout» en 2025.

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LANGUES OFFICIELLES

Le député libéral Francis Drouin avait provoqué une levée de boucliers au printemps, après avoir dit à des témoins en comité qu’ils étaient «plein de marde». 

Photo : Marianne Dépelteau – Francopresse

Lors d’une réunion du Comité permanent des langues officielles, Francis Drouin a traité deux témoins d’«extrémistes» et de «plein de marde» après une présentation où ils assuraient que les établissements d’enseignement postsecondaires anglophones du Québec contribuaient à l’anglicisation de la province.

Même si l’élu a retiré ses propos rapidement et s’est excusé le lendemain, les partis d’opposition ont demandé la démission du député franco-ontarien pendant des jours et ne l’ont pas obtenue. Mais il s’est retiré du Comité des langues officielles à la rentrée d’automne.

Lors de la tourmente, les députés libéraux ont toutefois défendu leur collègue bec et ongles.

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Dans un rapport publié le 9 octobre, Raymond Théberge met en lumière des défis persistants au niveau fédéral en matière de bilinguisme, notamment en éducation et en immigration francophone.

Raymond Théberge a pointé à plusieurs reprises les efforts à poursuivre pour le gouvernement en termes d’immigration francophone. 

Photo : Courtoisie

Le rapport du commissaire aux langues officielles dénonce des retards dans les versements de fonds et le manque de clauses linguistiques spécifiques dans les ententes intergouvernementales, indispensables selon lui pour garantir l’accès aux services en français.

Du côté de l’éducation, il rappelle à nouveau qu’il y a une pénurie de main-d’œuvre qualifiée et un sous-financement chronique, menaçant la vitalité des communautés francophones.

Il critique aussi les cibles en immigration francophone d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), insuffisantes d’après lui. Il plaide pour une hausse progressive jusqu’à 20 % d’ici 2036.

Raymond Théberge réclame en outre des mécanismes clairs de suivi, de transparence et de consultation pour soutenir les communautés en situation minoritaire.

À lire : Le commissaire aux langues officielles cible l’éducation et l’immigration

Lors d’un échange à la Chambre des communes fin octobre, le député conservateur Larry Brock a critiqué en anglais le fait que le ministre Jean-Yves Duclos avait répondu en français à sa question posée en anglais.

Ce dernier a dénoncé un manque de respect envers les députés francophones, rappelant leur droit de s’exprimer dans la langue de leur choix. Le président de la Chambre, Greg Fergus, a confirmé que els questions et les réponses peuvent se faire en anglais ou en français.

Quelques jours plus tard, une motion a été présentée au Comité des langues officielles par les libéraux sur les propos et le comportement de deux députés conservateurs, Larry Brock, de Brantford–Brant en Ontario, et Rachael Thomas, de Lethbridge, en Alberta.

L’ex-ministre des Langues officielles, Randy Boissonnault, a démissionné de son poste fin novembre, après plusieurs controverses.

Randy Boissonnault a dû quitter son poste de ministre de l’Emploi, du Développement de la main-d’œuvre et des Langues officielles après plusieurs controverses le concernant. 

Photo : Inès Lombardo – Francopresse

Il est accusé d’avoir utilisé de prétendues origines autochtones pour obtenir des contrats pour son entreprise, d’avoir poursuivi des activités commerciales en conflit avec ses fonctions ministérielles et d’être lié à une adresse partagée avec une femme impliquée dans des affaires de drogues.

Sous la pression du Nouveau Parti démocratique (NPD) et des conservateurs, Randy Boissonnault quitte ses responsabilités ministérielles. C’est Ginette Petitpas Taylor, ancienne ministre des Langues officielles, qui reprend temporairement ce portefeuille. Elle avait notamment fait adopter la loi modernisée en juin 2023.

À lire : Le ministre des Langues officielles quitte son poste après plusieurs controverses

Le 27 novembre, des parlementaires acadiens ont lancé l’Association acadienne des parlementaires du Canada (AAPC), qui sera officiellement créée en février 2025. L’objectif est de renforcer la représentation politique du peuple acadien, notamment en le reconnaissant comme une minorité nationale.

L’AAPC vise à combler un manque de concertation sur les enjeux acadiens, à mobiliser la société civile et à établir des priorités communes, surtout dans les provinces de l’Atlantique.

Non partisan, le groupe veut rassembler tous les élus acadiens, faire connaitre l’Acadie et tisser des liens au Canada et à l’international.

À lire aussi : Des parlementaires acadiens s’unissent pour mieux représenter leur peuple

L’Association acadienne des parlementaires du Canada est ouverte à tous les parlementaires qui ont la cause acadienne et francophone à cœur. 

Photo : Inès Lombardo – Francopresse

Le 16 décembre, Statistique Canada a dévoilé les premiers résultats de l’Enquête 2022 sur les minorités linguistiques officielles. Aucune n’avait été faite depuis 2006. Le rapport donne un portrait contrasté de la situation des francophones hors Québec.

En éducation, la fréquentation des écoles primaires francophones est passée de 54 % en 2006 à 64 % en 2022, mais celle des garderies francophones a baissé de 3 points de pourcentage. Par ailleurs, seulement 27 % des enfants admissibles envisagent de s’inscrire dans des programmes postsecondaires en français ou bilingues.

Quant à l’accès aux services en français, l’Enquête enregistre un net recul : l’utilisation du français auprès des administrations gouvernementales est passée de 60 % à 42 % au fédéral entre 2006 et 2022.

Les territoires et l’Ouest canadien ont le plus de mal à servir les personnes en français dans le domaine de la santé.

À lire : Recul du français hors Québec : un déclin nuancé selon Statistique Canada

IMMIGRATION FRANCOPHONE

L’objectif d’IRCC était, en janvier, de pouvoir atteindre la cible de 6 % d’immigration francophone en 2024.

Le ministre de l’Immigration, Marc Miller, a annoncé, à Caraquet au Nouveau-Brunswick, plusieurs mesures pour renforcer l’immigration francophone, notamment une nouvelle politique, un programme dédié et la nomination de dix nouvelles communautés francophones accueillantes.

Le Centre d’innovation en immigration francophone, basé à Dieppe, doit appuyer ces initiatives.

À lire aussi : Immigration francophone : Ottawa dépasse sa cible et annonce de nouvelles mesures

Marc Miller a également annoncé la création du Programme pilote pour les étudiants dans les communautés francophones en situation minoritaire, qui a débuté le 26 aout 2024.

Ce programme, établi en partenariat avec des établissements postsecondaires francophones et bilingues, assouplit les critères pour les étudiants étrangers, notamment en réduisant les exigences financières et en supprimant l’obligation de prouver leur départ après les études.

Les 2300 étudiants sélectionnés ont également eu accès à une voie directe vers la résidence permanente.

À lire aussi : Ottawa fait sauter son plafond pour des étudiants étrangers francophones

POLITIQUE FÉDÉRALE

L’ex-ministre des Finances et vice-première ministre de Justin Trudeau, Chrystia Freeland, a démissionné juste avant de présenter l’énoncé économique d’automne, le 16 décembre. Une démission surprise, sur fond de tensions avec le premier ministre. 

Photo : Julien Cayouette – Francopresse

Un déficit de 62 milliards de dollars pour l’année 2023-2024 – bien supérieur aux 40 milliards initialement prévus – place le gouvernement libéral dans une position particulièrement délicate.

Cette situation économique tendue a néanmoins été éclipsée parune situation politique qui l’est encore plus : le 16 décembre, la ministre des Finances et vice-première ministre, Chrystia Freeland, a remis sa démission.

Elle a pris de court le monde politique canadien, puisqu’elle est partie le matin du jour de la présentation de l’énoncé économique d’automne.

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En pleine tourmente politique, Justin Trudeau, qui a assermenté Dominique Leblanc aux Finances dans la foulée de la démission de Chrystia Freeland, le 16 décembre, a remanié son Cabinet.

Justin Trudeau a remanié son Cabinet juste avant la fin de la session parlementaire d’automne. 

Photo : Marianne Dépelteau – Francopresse

Le gouvernement Trudeau accueille 12 nouveaux ministres, dont deux Québécoises francophones : Rachel Bendayan et Élisabeth Brière.

C’est Rachel Bendayan, députée d’Outremont, qui est chargée des Langues officielles en remplacement d’Anita Anand, nommée après le départ contraint de Randy Boissonnault. Elisabeth Brière est chargée du Revenu national, à la place de Marie-Claude Bibeau.

Ginette Petitpas Taylor devient la première Acadienne à diriger le Conseil du Trésor, avec un rôle clé dans l’application de la Loi sur les langues officielles.

Six autres ministres ont fait leur entrée au Cabinet, dont deux bilingues : Nate Erskine-Smith et David McGuinty.

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La LPHF, lueur d’espoir pour le sport féminin canadien

Les hockeyeuses professionnelles ont, depuis le 1er janvier 2024, une nouvelle organisation : la Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF). 

Photo : John Mac (CC BY-SA 2.0 DEED) – Flickr

professionnelle de hockey féminin (LPHF). Une compétition qui a suscité un fort engouement auprès du public et dont le succès ne faiblit pas : les matchs d’ouverture de la nouvelle saison, début décembre, se sont joués à guichets fermés.

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La Chambre accepte de garantir le financement des garderies francophones

Le directeur général de la Commission nationale des parents francophones, Jean-Luc Racine, s’est réjoui du vote en faveur de l’amendement au projet de loi C-35. 

Photo : Chantallya Louis – Francopresse

Le 29 février, l’amendement au projet de loi C-35, qui garantit le financement à long terme des services de garde en français en situation minoritaire, a été adopté par la Chambre des communes. Les communautés francophones attendaient avec impatience cette nouvelle, après plusieurs rebondissements.

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Renouvèlement de l’IJL : une francophonie plus riche

Une partie de l’équipe de Boréal FM à Plamondon, en Alberta : Ariane Corneau, directrice des communications et animatrice, David Giammarioli, animateur bénévole, et Alyson Roussel, directrice générale et animatrice. 

Photo : Courtoisie

La ministre du Patrimoine canadien, Pascale St-Onge, a confirmé le 1er mars le renouvèlement de l’Initiative de journalisme local (IJL), avec un financement de 58,8 millions de dollars pour trois ans. Un soulagement pour beaucoup de médias francophones en milieu minoritaire. L’IJL permet de financer de la production journalistique pour des régions et des sujets qui sont peu couverts.

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Préserver le patrimoine oral francophone de l’oubli

Robert Richard devant la station audio de la salle de numérisation audiovisuelle à l’Université de Moncton. 

Photo : Centre d’études acadiennes Anselme-Chiasson

Différentes initiatives, comme l’enseignement en milieu scolaire ou des projets numériques comme Francoralité, offrent des pistes pour susciter l’engagement des jeunes générations envers le patrimoine oral et promouvoir la diversité francophone, notamment auprès des nouveaux arrivants.

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Écoanxiété : miser sur les énergies renouvelables pour calmer les angoisses climatiques

La Ville de Summerside a fait le choix des énergies renouvelables dès 2005, avec l’ambition d’être carboneutre et autonome en énergie. 

Photo : Marine Ernoult – Francopresse

Pour certains habitants de Summerside, à l’Île-du-Prince-Édouard, les efforts de la Ville pour produire davantage d’électricité verte contribuent à combattre leur écoanxiété. La municipalité produit environ 62 % de son énergie et vise l’autosuffisance énergétique d’ici cinq à dix ans.

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Les Québécois et les francophones en situation minoritaire se serrent les coudes

Après les initiatives annoncées ces dernières années, le rapprochement entre Québécois et francophones connait du succès. De gauche à droite : Le président du Centre de la francophonie des Amériques, Michel Robitaille, la présidente de la FCFA, Liane Roy, et le ministre Jean-François Roberge. 

Photo : Jean Rodier

La relation entre le Québec et les francophones en situation minoritaire a profité d’un élan grâce à la nouvelle Loi sur les langues officielles. Des évènements comme Mobilisation franco permettent non seulement d’échanger des idées et de créer des partenariats, mais aussi de mieux faire connaitre la réalité – souvent méconnue – des communautés francophones auprès des Québécois et Québécoises.

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Quel bilan pour les communautés francophones accueillantes?

La communauté francophone accueillante de Labrador City–Wabush, à Terre-Neuve-et-Labrador, organise des ateliers de cuisine multiculturels. 

Photo : AFL

L’initiative des communautés francophones accueillantes (CFA), qui vise à faciliter l’intégration des nouveaux arrivants d’expression française en situation minoritaire, a été renouvelée cette année. Si son modèle reste perfectible selon certains, le programme permet d’accompagner plus efficacement les immigrants dans leurs démarches d’installation, de recherche d’emploi ou encore de vie sociale.

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Le Congrès mondial acadien : «un phare» pour les Cadiens de Louisiane

Les Cadiens profitent du Congrès pour enseigner quelques pas de danse louisianaise. 

Photo : Nicole Deveau/CMA

Le Congrès mondial acadien (CMA), s’est tenu cette année dans le Sud-Ouest de la Nouvelle-Écosse, du 10 au 18 aout. L’occasion pour les Cadiens et Cadiennes de la Louisiane de se joindre à la fête et de transmettre leur culture à la nouvelle génération, tout en renforçant leur sentiment d’appartenance à une communauté acadienne mondiale.

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L’essor de la littérature autochtone en francophonie minoritaire

La petite robe rouge a été coécrit par Julie Gagnon, enseignante francophone, et la poétesse mi’kmaw Julie Pellissier-Lush, toutes deux résidant à l’Île-du-Prince-Édouard. 

Photo : Jacinthe Laforest – La Voix Acadienne

La littérature autochtone traduite en français occupe une place de plus en plus importante dans les catalogues des maisons d’édition francophones hors Québec. Le phénomène témoigne d’un intérêt grandissant pour ces œuvres, qui rapprochent des communautés à la fois différentes et solidaires.

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Sommet de la Francophonie : les organismes canadiens font entendre leur voix

La francophonie canadienne en milieu minoritaire a profité du 19e Sommet de la Francophonie pour faire connaitre sa réalité, méconnue à l’international. 

Photo : 정훈 김 – Pixabay

Lors du 19e Sommet de la Francophonie, en France, la Nouvelle-Écosse a obtenu le statut d’observateur à l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Les organismes francophones canadiens ont profité de l’évènement pour renforcer leurs liens diplomatiques avec leurs homologues de partout dans le monde.

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Des parlementaires acadiens s’unissent pour mieux représenter leur peuple

La fondation officielle de l’Association acadienne des parlementaires du Canada (AAPC) est fixée au 11 février 2025. 

Photo : Inès Lombardo – Francopresse

Un groupe de parlementaires acadiens a lancé, le 27 novembre, une nouvelle association transpartisane afin de renforcer le poids politique du peuple acadien à Ottawa : l’Association acadienne des parlementaires du Canada (AAPC). La formation ne souhaite exclure aucun parti et aspire aussi à faire connaitre l’Acadie aux élus anglophones.

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L’éducation aux médias pour lutter contre la désinformation dès l’école

Anne Gaignaire anime des ateliers d’éducation aux médias et à l’information au Québec, mais aussi dans des écoles francophones en situation minoritaire et au sein de programmes d’immersion en français. 

Photo : Courtoisie

Face à la montée des fausses nouvelles, l’éducation aux médias et à l’information dans les écoles aide les jeunes à développer leur esprit critique et à reconnaitre les sources fiables. Ces séances permettent également aux jeunes francophones de s’essayer à faire du journalisme et de faire vivre leurs médias locaux. Des outils gratuits sont aussi disponibles en ligne sur différentes plateformes.

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