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le Mardi 26 novembre 2024 15:00 Immigration

Départ des immigrants francophones : une réalité toujours d’actualité?

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Les immigrants francophones composent la population qui quittait le Canada le plus rapidement avant 2020. — Photo : Andre Furtado – Pexels
Les immigrants francophones composent la population qui quittait le Canada le plus rapidement avant 2020.
Photo : Andre Furtado – Pexels
FRANCOPRESSE – La plupart des immigrants francophones quittent le Canada deux ans après leur arrivée, note une étude publiée récemment. Toutefois, les données utilisées s’arrêtent en 2021. Depuis, l’immigration francophone a davantage retenu l’attention du gouvernement.
Départ des immigrants francophones : une réalité toujours d’actualité?
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Ce sont 35 % des immigrants francophones qui quittent le Canada dans les cinq ans suivant leur arrivée, fait valoir le rapport d’étude du Conference Board of Canada, publié par l’Institut pour la citoyenneté canadienne (ICC) le 15 novembre.

«Lorsque nous comparons les taux de migration subséquente des francophones, des anglophones et des allophones, nous constatons que les francophones et les anglophones sont les plus susceptibles de partir au bout de deux ans plutôt qu’au bout de cinq ans», souligne le document.

À lire : Ottawa réduit l’immigration permanente, mais augmente sa cible francophone

Taux de migration subséquente

Selon le rapport, le terme «migration subséquente» décrit le processus par lequel les immigrants quittent le Canada pour s’établir ailleurs.

Un décalage «beaucoup plus grand» pour les francophones

Le fait que les données se terminent en 2020 «limite le rapport», observe la professeure agrégée en géographie à l’Université d’Ottawa et spécialiste en immigration canadienne, Luisa Veronis.

La dernière cohorte d’immigrants prise en compte dans les données va en fait jusqu’à 2021, indique l’Institut : «Il s’agit des personnes immigrantes qui ont payé leurs derniers impôts en 2021.»

«Les immigrants investissent beaucoup plus en venant ici que ce que nous on investit en eux», estime Luisa Veronis. 

Photo : Courtoisie Université d’Ottawa

«Avant cela, le Canada n’avait pas tant investi [en immigration francophone, NDLR]», nuance Luisa Veronis.

Un fait qui, prévient-elle, la met «mal à l’aise pour tirer de grandes conclusions pour les francophones, qui ont reçu beaucoup plus d’argent depuis».

Les initiatives se sont effectivement multipliées depuis 2021 pour les francophones, avec la hausse des cibles d’immigration malgré une baisse des taux généraux de délivrance des résidences permanentes; le projet pilote pour les étudiants internationaux francophones; le projet pilote pour les communautés francophones accueillantes, etc.

Si le rapport conclut, avec ses données datant de 2021 tout au plus, que le Canada perd un tiers de sa population immigrante francophone après cinq ans, le phénomène aurait été particulièrement prononcé en Ontario et au Québec.

En Ontario, l’une des causes mentionnées dans le rapport serait une faible rétention des immigrants francophones.

Luisa Veronis a interrogé des immigrants francophones de partout au pays de 2015 à 2020 qui ont expliqué que ce que le gouvernement fédéral leur avait vendu n’était «pas ce qu’ils avaient trouvé».

«Il y a toujours un décalage, [immigrer] n’est pas exactement comme le rêve qu’on imaginait. Mais je crois que pour les francophones, il y avait un décalage qui était beaucoup plus grand.»

À lire : Quel bilan pour les communautés francophones accueillantes?

Selon une étude, les francophones quittent davantage le Canada que les anglophones et les allophones. 

Photo : Statistique Canada

Le sentiment d’appartenance : un facteur majeur de rétention

Le rapport de l’ICC rappelle que «des études révèlent que les immigrants qui s’établissent dans une communauté de langue officielle en situation minoritaire ont plus de chances de rester et les immigrants francophones citent la présence de communautés minoritaires francophones comme un facteur important les motivant à rester».

L’une des études à laquelle Luisa Veronis a participé pour le compte de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) appuie les dires du rapport : les immigrants francophones qui restent sont ceux qui ont trouvé une communauté.

L’un des immigrants participant aux discussions dans le cadre de l’étude de le FCFA rapporte : «J’ai trouvé une communauté qui vous donne une place à l’implication. Chaque fois, soit on est venu me chercher, soit j’ai frappé à une porte et elle m’a toujours été ouverte pour m’impliquer. Donc, comment se fait cette implication? C’est d’abord par le partage des savoirs. Chacun de nous a quelque chose en plus qu’il partage soit par la télévision, soit par la radio, soit par des conférences, soit par des tables rondes, ainsi de suite. Deuxième implication, c’est au niveau du développement communautaire.»

Toutefois, des expériences d’exclusion ont été mentionnées. «Certains participants ont expliqué que leur sentiment d’appartenance variait d’un espace à l’autre.»

Par exemple, des immigrants récemment arrivés et appartenant à une minorité racisée ont dit se sentir traités différemment, avec plus d’exigence que les autres, dans certains espaces, notamment professionnels.

«Ils nous disaient qu’ils étaient dupés, déplore Luisa Veronis. Et c’était très difficile pour eux de trouver de l’emploi. Beaucoup n’avaient pas l’anglais.»

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Effet de la conjoncture économique

Pour la chercheuse, la conjoncture économique reste aussi une cause des départs.

Malgré le fait que les immigrants francophones sont désormais mieux outillés à propos de l’utilisation du français au Canada à l’extérieur du Québec, «le souci reste le cout de la vie, le cout du loyer, trouver un emploi, tout ça est beaucoup plus difficile, donc ce sera à voir», analyse-t-elle.

Les immigrants africains sont particulièrement désavantagés. «Peut-être qu’ils partent après un an parce qu’ils n’ont pas le revenu qu’ils espéraient, ils ne trouvent pas l’emploi et ils ont brulé leurs économies. Ils croyaient au rêve nord-américain.»

Type: Actualités

Actualités: Contenu fondé sur des faits, soit observés et vérifiés de première main par le ou la journaliste, soit rapportés et vérifiés par des sources bien informées.

Ottawa

Inès Lombardo

Correspondante parlementaire

Adresse électronique: