le Mercredi 12 février 2025
le Mardi 17 Décembre 2024 6:30 Francophonie

Recul du français hors Québec : un déclin nuancé selon Statistique Canada

Pourquoi faire confiance à Francopresse.
Une nouvelle enquête de Statistique Canada brosse un portrait nuancé du français en situation minoritaire. À plusieurs égards, l’anglais au Québec se porte mieux que le français en contexte minoritaire.  — Photo : Leah Newhouse – Pexels
Une nouvelle enquête de Statistique Canada brosse un portrait nuancé du français en situation minoritaire. À plusieurs égards, l’anglais au Québec se porte mieux que le français en contexte minoritaire.
Photo : Leah Newhouse – Pexels
FRANCOPRESSE – Espaces publics, municipalités, services gouvernementaux : la dernière Enquête sur la population de langue officielle en situation minoritaire montre un recul du français dans plusieurs secteurs, particulièrement dans l’Ouest. Malgré cela, il y a eu des améliorations depuis 2006, notamment en éducation.
Recul du français hors Québec : un déclin nuancé selon Statistique Canada
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Statistique Canada a publié le 16 décembre un rapport sur les résultats de l’Enquête sur la population de langue officielle en situation minoritaire de 2022. Cette enquête est la première de son genre depuis 2006.

Dominique Pépin-Filion, l’un des auteurs du rapport, explique en entrevue avec Francopresse que la situation des minorités linguistiques officielles au pays «est nuancée. Ça dépend des différents domaines de la vie sociale auxquels on s’intéresse».

Ce rapport montre que la situation des francophones en contexte minoritaire n’est pas qu’une simple histoire de déclin. Des améliorations sont notables, en particulier dans le domaine de l’éducation.

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L’éducation en français : bon élève?

Hors du Québec, plus de la moitié des enfants francophones ont fréquenté une garderie anglophone; seulement 33 % ont fréquenté une garderie francophone et 12 % une garderie bilingue.

Selon Dominique Pepin-Filion, cette enquête permet d’accorder à la francophonie hors Québec des données à son propre sujet. 

Photo : Courtoisie

Depuis 2006, Dominique Pépin-Filion note une «baisse significative» de trois points de pourcentage dans les inscriptions aux garderies francophones.

Le rapport précise que «75 % des parents [francophones ayant des] enfants d’âge préscolaire en situation minoritaire avaient l’intention de les inscrire dans une école primaire de langue française». Une proportion de 66 % des parents justifie ce choix par la volonté que leur enfant «devienne bilingue».

Mais selon le chercheur, cela ne signifie pas forcément que les enfants de ces parents ne parlent pas déjà français. Plusieurs de ces parents souhaitent peut-être «assurer à leurs enfants une très bonne maitrise de la langue minoritaire», suggère-t-il.

«Parmi les enfants au Canada hors Québec qui avaient au moins un adulte de langue française dans leur famille, la fréquentation des écoles primaires de langue française a augmenté, passant de 54 % en 2006 à 64 % en 2022.»

La proportion des francophones en situation minoritaire ayant fréquenté une école secondaire de langue française est passée de 50 % en 2006 à 55 % en 2022. Parmi les parents dont les enfants sont déjà inscrits dans une école primaire francophone, 63 % avaient l’intention de les inscrire dans une école francophone. 

Seulement 27 % des enfants admissibles qui comptaient poursuivre des études postsecondaires avaient l’intention de s’inscrire à un programme d’études en français (12 %) ou bilingue (15 %).

Les gouvernements et le français : un «recul sur toute la ligne»

La possibilité d’utiliser le français en milieu minoritaire auprès des administrations gouvernementales a diminué entre 2006 et 2022, passant de 60 % à 42 % au fédéral, de 49 % à 34 % au provincial et territorial, et de 44 % à 36 % au municipal.

Les anglophones du Québec s’en sortent environ 20 % mieux pour chaque ordre de gouvernement, comparativement aux francophones en milieu minoritaire.

La proportion de francophones en situation minoritaire disant n’avoir jamais reçu de services en français de la part du gouvernement fédéral est passée de 14 % à 24 %.

«Sans surprise, l’anglais est la langue de prédilection des jeunes pour la consommation des médias sociaux, la lecture, ainsi que les activités de loisirs et de sport», note Liane Roy dans un communiqué de presse. 

Photo : Chantallya Louis - Francopresse

«La FCFA trouve aberrant le constat d’un recul sur toute la ligne en matière d’accès aux services en français», dénonce la présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada, Liane Roy, dans un communiqué de presse.

«Pour un pays avec deux langues officielles depuis plus de 50 ans, c’est tout simplement répréhensible. Ça justifie tout le travail qu’on a fait pour moderniser la Loi sur les langues officielles.»

À l’extérieur du Québec, 74 % des francophones ont été en mesure de communiquer en français avec le gouvernement fédéral pour obtenir des services ou des renseignements, dont 32 % qui ont pu le faire seulement «parfois ou rarement». Ce pourcentage est de 67 % pour l’administration publique provinciale ou territoriale et de 65 % pour les municipalités.

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Espace public et médias sociaux 

Selon le rapport, la moitié des francophones en situation minoritaire utilisent le français quotidiennement ou quelques fois par semaine «dans l’espace public à l’extérieur du travail, avec d’autres personnes que la famille ou les amis».

La situation est particulièrement préoccupante dans les provinces de l’Ouest et dans les capitales des territoires, où cette proportion tombe respectivement à seulement 21 % et 36 %. En comparaison, elle atteint 87 % au Nouveau-Brunswick.

Pour Liane Roy, la répartition géographique de ces données montre «l’ampleur du travail à faire pour créer des occasions de vivre la langue au quotidien».

Au Québec, 80 % des anglophones – soit 30 % de plus que les francophones en contexte minoritaire – utilisent l’anglais dans l’espace public quotidiennement ou quelques fois par semaine.

Dans le monde virtuel, le français semble disparaitre au fil des générations. Son utilisation dans les médias sociaux à l’extérieur du Québec – seul ou combiné à l’anglais –  se chiffre à 60 % pour les adultes francophones, mais à seulement 29 % pour les enfants.

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La santé, plus accessible pour une minorité que pour l’autre

Parmi les francophones en situation minoritaire qui estiment important de recevoir des services ou des soins de santé en français, 43 % des francophones ont toujours ou souvent reçu des soins de santé en français, 35 % en ont parfois ou rarement reçu et 22 % n’en ont jamais reçu.

À titre de comparaison, au Québec, 52 % des anglophones qui accordent cette même importance à l’anglais reçoivent toujours ou souvent des soins de santé en anglais, 41 % parfois ou rarement et 7 % jamais.

Parmi les francophones ayant toujours ou souvent reçu des soins de santé en français, le pourcentage le plus bas se trouve dans les capitales territoriales et dans l’Ouest canadien (à l’exception du Manitoba), où il atteint seulement 6 %.

Des données qui contrastent avec les régions du Nord (90 %) et du Sud-Est (76 %) du Nouveau-Brunswick, ainsi qu’avec le Sud-Est de l’Ontario (73 %).

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Type: Actualités

Actualités: Contenu fondé sur des faits, soit observés et vérifiés de première main par le ou la journaliste, soit rapportés et vérifiés par des sources bien informées.

Corrections:

le Mardi 17 Décembre 2024 9:43:

La version précédente du texte indiquait : À l’extérieur du Québec, 74 % des francophones ont été en mesure de communiquer en français avec le gouvernement fédéral pour obtenir des services ou des renseignements.

Le texte a été modifié comme suit : À l’extérieur du Québec, 74 % des francophones ont été en mesure de communiquer en français avec le gouvernement fédéral pour obtenir des services ou des renseignements, dont 32 % qui ont pu le faire seulement «parfois ou rarement». 

le Mercredi 8 janvier 2025 10:45:

La version précédente du texte indiquait :

En contexte minoritaire, 43 % des francophones ont toujours ou souvent reçu des soins de santé en français, 35 % en ont parfois ou rarement reçu et 22 % n’en ont jamais reçu.

À titre de comparaison, au Québec, 52 % des anglophones reçoivent toujours ou souvent des soins de santé en anglais, 41 % parfois ou rarement et 7 % jamais.

Le texte a été modifié comme suit :

Parmi les francophones en situation minoritaire qui estiment important de recevoir des services ou des soins de santé en français, 43 % des francophones ont toujours ou souvent reçu des soins de santé en français, 35 % en ont parfois ou rarement reçu et 22 % n’en ont jamais reçu.

À titre de comparaison, au Québec, 52 % des anglophones qui accordent cette même importance à l’anglais reçoivent toujours ou souvent des soins de santé en anglais, 41 % parfois ou rarement et 7 % jamais.

Ottawa

Marianne Dépelteau

Journaliste

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