«Le premier ministre et le député Randy Boissonnault ont convenu que M. Boissonnault se retirerait du Conseil des ministres à compter de maintenant. M. Boissonnault se concentrera à faire la lumière sur les allégations à son encontre», a déclaré le premier ministre Justin Trudeau, par écrit.
Le message du bureau du premier ministre est court et concis. Après trois jours d’attaques et de demandes de démissions provenant du Nouveau Parti démocratique (NPD) et des conservateurs, le député d’Edmonton–Centre a dû démissionner de son rôle de ministre.
La veille, le 19 novembre, une motion a été votée en Chambre pour contraindre Randy Boissonnault à témoigner sur les accusations portées contre lui au Comité permanent des affaires autochtones et du Nord.
C’est l’ancienne ministre des Langues officielles, Ginette Petitpas Taylor, actuellement ministre des Anciens Combattants et ministre associée de la Défense nationale, qui va reprendre temporairement les portefeuilles de son collègue, qui redevient simple député.
À lire aussi : Le rôle du ministre des Langues officielles dans l’immigration francophone
Trois controverses
La démission de Randy Boissonnault fait suite à plusieurs controverses. Celle qui fait le plus scandale concerne le fait qu’il se serait servi de ses prétendues racines autochtones lorsque son entreprise de fournitures médicales Global Health Imports, dont il était copropriétaire, a voulu obtenir des contrats gouvernementaux.
L’entreprise aurait ainsi pu avoir accès aux 5 % de fonds réservés pour des entreprises autochtones.
En 2018, lors d’un comité parlementaire, l’ex-ministre s’est décrit comme un «Cri adopté sans statut de l’Alberta». Cette dernière a toutefois été remise en question depuis.
La semaine avant sa démission, il avait également assuré en conférence de presse «qu’aucun contrat n’avait été accordé» à son entreprise sous cette condition. «J’ai été adopté par une famille autochtone. Je n’ai jamais revendiqué le statut d’Autochtone.»
Conflits d’intérêts
Autre controverse : l’ex-ministre est également englué dans une histoire de conflits d’intérêts et d’éthique. Il aurait poursuivi des activités commerciales avec la même entreprise alors qu’il était ministre, ce qui est interdit par la loi.
En comité cet été, son ancien partenaire d’affaires, Stephen Anderson, avait tenté d’expliquer au Comité permanent de l’accès à l’information, de la protection des renseignements personnels et de l’éthique que s’il y avait neuf références à un certain «Randy» dans des messages découverts sur ce sujet, c’était dû à son autocorrecteur.
Stephen Anderson avait aussi admis avoir menti quelques semaines plus tôt, quand il avait assuré qu’il y avait un autre «Randy» au sein de l’entreprise pour justifier la présence du prénom du ministre dans les messages.
Un troisième scandale a achevé le passage de Randy Boissonnault au Cabinet Trudeau : le National Post a révélé que son entreprise partageait la même boite postale qu’une femme arrêtée pour deux affaires de drogues.
C’est le député néodémocrate Blake Desjarlais, d’origine métisse, qui a commencé par demandé sa démission. Il a été suivi en Chambre par les conservateurs, qui ont jonglé avec ces trois affaires pour demander son départ.