Le 14 mars dernier, l’Université de Sudbury et l’Université d’Ottawa annonçaient la signature d’un protocole d’entente pour offrir de nouveaux programmes en français dans le Nord-Est de l’Ontario, dès septembre 2025.
Le 2 mai, le recteur de l’Université de l’Ontario français, Pierre Ouellette, annonçait sa démission.
Le 18 mars, l’Université de Hearst nommait Aurélie Lacassagne comme rectrice pour succéder à Luc Bussières.
Le 2 mai, on apprenait la démission surprise du recteur de l’Université de l’Ontario français, Pierre Ouellette, remplacé au pied levé par Normand Labrie. Soit un quatrième changement de rectorat en cinq ans pour l’établissement basé à Toronto.
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C’est dans ce courant de changements que la nouvelle rectrice de l’Université de Hearst – officiellement en poste depuis le 1er juillet – s’apprête à naviguer. Une navigation qui, d’après elle, requiert coopération et collaboration.
«Mais en même temps, dans un contexte où il n’y a pas plus d’argent, il y a une forme de compétition aussi, il faut le dire», lance Aurélie Lacassagne, lucide. Mais la compétition peut être saine, «si chacun respecte ses partenaires».
L’Ontario compte trois universités de langue française : l’Université de Hearst, l’Université de Sudbury et l’Université de l’Ontario français située à Toronto.
Les autres établissements universitaires qui offrent des programmes et des cours en français dans la province sont bilingues, comme l’Université d’Ottawa, l’Université Laurentienne à Sudbury, le Collège Glendon de l’Université York à Toronto et l’Université Saint-Paul fédérée avec l’Université d’Ottawa.
«La crise dans le postsecondaire franco-ontarien dans laquelle on vit depuis 2021 n’est certainement pas terminée», assène Stéphanie Chouinard, professeure agrégée de science politique au Collège militaire royal du Canada à Kingston, en Ontario.
«L’indépendance, c’est tout faire tout seul. L’autonomie, c’est la capacité d’exercer un pouvoir sur son avenir», statue Serge Miville.
«On demeure dans une situation précaire et, tant que le provincial ne décidera pas de faire les investissements dans le secteur postsecondaire francophone en particulier, c’est malheureusement une précarité qui va demeurer.»
En attendant, les partenariats entre établissements semblent avoir le vent en poupe.
Pour le recteur de l’Université de Sudbury, Serge Miville, l’entente entre son établissement et l’Université d’Ottawa offre «le meilleur des deux mondes». «Toute la rapidité qu’on peut avoir comme Université de Sudbury et la sécurité qui vient avec le grade et l’infrastructure de l’Université d’Ottawa.»
L’historien se veut aussi pragmatique. «Il y a 85 % des étudiantes et étudiants franco-ontariens qui vont à l’Université d’Ottawa, dont plusieurs qui viennent du nord de l’Ontario. Ce qu’on est en train d’offrir c’est une option de proximité, une alternative à l’exode rural.»
Selon lui, l’entente entre l’Université de Sudbury et l’Université d’Ottawa ne remet pas en cause le par et pour, bien au contraire. «La façon que le partenariat est structuré et organisé, ça doit avoir nos programmes, nos cours, nos profs, nos crédits qui vont mener à nos diplômes.»
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Le par et pour constitue précisément la limite à ne pas franchir, surtout quand il est question de créer un réseau.
Le 14 mars dernier, l’Université de Sudbury et l’Université d’Ottawa ont annoncé la signature d’un protocole d’entente.
Dans un rapport commandé par le gouvernement ontarien, un comité de spécialistes recommande la constitution d’un réseau pour le postsecondaire francophone. La suggestion qu’il soit sous l’égide de l’Université d’Ottawa ne plait cependant pas à tous.
«Ça pour nous, ce serait un recul, ce serait un danger parce qu’on viendrait toucher à l’autonomie des institutions et particulièrement celle des institutions francophones, qui sont plus petites», alerte le directeur général du Regroupement étudiant franco-ontarien, François Hastir.
En novembre 2023, le gouvernement de l’Ontario publiait un rapport intitulé «Assurer la viabilité financière du secteur de l’éducation postsecondaire de l’Ontario».
Le document proposait trois options pour les établissements francophones : fédérer l’Université de l’Ontario français et l’Université de Hearst à l’Université d’Ottawa, les fédérer au Collège Boréal et au collège La Cité, ou mettre en place un réseau intégré ou un consortium qui favoriserait la collaboration entre tous les établissements d’enseignement postsecondaire francophones et bilingues et qui serait «logiquement» chapeauté par l’Université d’Ottawa.
L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AOF) avait alors réagi au rapport en insistant sur le caractère «non négociable» du «par et pour» dans la gouvernance du système postsecondaire francophone.
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«Ça peut être une très bonne chose parce que ça répond aux besoins des étudiants, aux besoins du marché. À l’ère du cours de l’enseignement hybride, il y a des opportunités pour l’accès à l’éducation postsecondaire en français dans les régions plus rurales, plus éloignées. […] Mais il faut pouvoir offrir une vie étudiante et sociale aussi en français, [sinon] il y aura quand même de l’assimilation qui va [se] faire», nuance François Hastir.
Pour François Hastir, les institutions bilingues n’ont pas les mêmes «réflexes» que leurs homologues francophones.
Aurélie Lacassagne ne voit pas non plus d’un bon œil la recommandation du comité : «Formaliser ça avec l’Université d’Ottawa qui chapeaute [l’entité], j’avoue ne pas bien comprendre pourquoi. Et qu’est-ce qui ferait que l’Université d’Ottawa, mis à part sa grosseur, [ait cette] légitimité?»
«Oui, il y a l’Ontario français, bien sûr, mais il y a quand même des identités assez fortes et des réalités surtout complètement différentes, observe-t-elle. Si on était chapeautés par un organisme qui ne connait pas nos communautés, qui ne connait pas nos réalités, ça pourrait être inquiétant.»
«C’est évident qu’on veut être des bons joueurs, qu’on veut être des partenaires. On veut juste s’assurer que, si on fait ça, ce n’est pas pour être avalés», insiste la nouvelle rectrice.
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«Le modèle de relation de réseau, peu importe comment on veut l’appeler, n’existe probablement pas encore. Il va falloir le créer. À quoi ressemblera-t-il? Je ne peux pas prédire, admet Serge Miville. Mais ça va nécessiter quand même beaucoup de volonté institutionnelle pour s’y rendre.»
«On a une table de concertation des établissements postsecondaires bilingues et francophones qui se rencontrent régulièrement», assure Normand Labrie.
Néanmoins, «il y a un éléphant dans la pièce, c’est l’Université d’Ottawa», lâche Stéphanie Chouinard. Une institution «énorme», au «pouvoir démesuré par rapport aux autres».
«À l’intérieur de cette institution-là, il est possible de fonctionner un peu sous le mode du par et pour, mais ça demeure une bataille de tous les instants. Et effectivement, l’Université d’Ottawa ne fera jamais des décisions que pour les francophones et ça, ça peut avoir des impacts démesurés, notamment en situation de contrainte budgétaire», craint-elle.
Cependant, l’Université de l’Ontario français, comme l’Université de Sudbury, ne s’interdit pas de collaborer avec des institutions bilingues.
«Lorsqu’on développe des partenariats et des programmes, on doit passer par tous les processus de gouvernance internes […] Mais ça n’empêche pas des universités bilingues […] d’appuyer des projets qui aident au développement de leurs propres programmes en français et qui desservent des populations francophones», déclare Normand Labrie, recteur et vice-chancelier de l’Université de l’Ontario français.
«On perd énormément d’élèves au système de langue anglaise, au système d’immersion […] Tout ça crée un cycle vicieux», s’inquiète de son côté Serge Miville.
Selon sa rectrice, Aurélie Lacassagne, l’Université de Hearst est bien plus qu’une institution postsecondaire : c’est un moteur économique pour le Nord-Est de l’Ontario.
«Ultimement, [ça] va poser des enjeux d’ordre existentiel pour l’Ontario français et pour l’ensemble de la francophonie canadienne. Est-ce que l’indépendance vaut ça?», s’interroge-t-il.
«La question du financement dans le postsecondaire est beaucoup plus globale que seulement celle des institutions bilingues ou francophones», souligne Normand Labrie.
«On est à une croisée des chemins. C’est sûr qu’il y a des reconfigurations qui vont être faites ou en tout cas qui sont, je pense, souhaitées par tout le monde, mais le résultat n’est peut-être pas le même attendu par tout le monde», résume pour sa part Aurélie Lacassagne.
Et la nouvelle rectrice d’ajouter : «Ce qu’on voudrait, c’est un engagement fort et pérenne, et de la part du fédéral […] et de la part du gouvernement de l’Ontario, pour que nous ne puissions pas simplement survivre, mais nous épanouir.»
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Vous avez probablement croisé les expressions «summer body», «objectif bikini» ou «body goal» sur les réseaux sociaux ou dans vos magazines préférés à l’approche de l’été. Même si la société évolue, les injonctions persistent.
En 2015, une campagne publicitaire dans le métro londonien demandait : «Are you beach body ready?». Bien entendu, il n’était pas question de posséder un maillot de bain, ce que l’on pourrait penser la seule condition plus ou moins nécessaire pour se rendre à la plage, mais bien d’être suffisamment svelte.
Quand on parle de «summer body», il est évident que l’on parle de minceur. La grossophobie est omniprésente. Les personnes en surpoids se retrouvent stigmatisées, renvoyées à l’idée qu’elles manquent de volonté.
Mais ce n’est pas tout. Les normes estivales excluent aussi les personnes âgées et celles en situation de handicap, dont les corps sont considérés comme indésirables – tare ultime dans une société obsédée par la jeunesse et la performance.
Cette exclusion souligne l’âgisme et le capacitisme, des formes de discrimination qui jugent les individus uniquement sur leur apparence et leur conformité à des standards irréalistes.
En conséquence, ces personnes sont souvent marginalisées et invisibilisées, ce qui renforce leur sentiment d’inadéquation et de rejet dans des espaces censés être inclusifs et accessibles à tous et toutes.
Patriarcat et capitalisme
Les injonctions sur le «summer body» s’inscrivent dans une volonté plus large du patriarcat de maintenir les femmes dans une position d’objet. En imposant des standards de beauté inatteignables et en critiquant constamment leur apparence, la société perpétue un contrôle sur ces dernières.
Les normes esthétiques servent à détourner l’attention des femmes de leurs ambitions personnelles et professionnelles, les maintenant focalisées sur leur apparence physique.
La société préfère les femmes préoccupées par leur poids plutôt que par leurs droits
Mais il y a une autre force à l’œuvre : le capitalisme. Ce système économique encourage constamment à consommer plus, en exploitant nos insécurités. Les industries de la mode, des cosmétiques et de la nutrition prospèrent en vendant des produits et des régimes censés nous aider à atteindre ce «summer body» idéalisé.
L’objectif? Nous faire dépenser toujours plus, tout en maintenant une pression constante pour améliorer notre apparence. Cette pression de la consommation perpétue ainsi le cycle de l’insatisfaction et de l’achat compulsif.
Paradoxalement, les femmes ne sont pas seulement jugées pour montrer leur corps, mais aussi pour se couvrir. Les critiques s’abattent sur celles qui choisissent de porter des vêtements couvrants à la plage, souvent perçues comme déviant des normes de liberté corporelle attendue en été.
Une amie qui préfère porter des tenues modestes pour des raisons personnelles a souvent fait face à des remarques désobligeantes. Elle m’a dit un jour : «Je ne suis jamais assez. Si je montre trop, je suis jugée. Si je ne montre pas assez, je suis aussi jugée.»
Rejetons les normes imposées et les modèles irréalistes. Toutes les formes sont belles.
Une plage pour tout le monde
Le «summer body» est une construction sociale oppressive. Plutôt que de céder à cette tyrannie, acceptons la diversité des corps et rejetons les normes imposées. La plage est là pour tout le monde, que l’on porte des tailles petites ou X, que l’on ait des vergetures, de la cellulite, un fauteuil roulant ou des cicatrices.
Cet été, au lieu de préparer nos corps pour la plage, préparons nos cerveaux et nos cœurs pour la révolte, l’amour et la bienveillance. Et mettons quelques grains de sable dans les rouages du patriarcat!
Selon Matthieu Arseneau, une approche sectorielle permettrait d’être plus efficace dans l’immigration temporaire.
Le chef économiste adjoint à la Banque Nationale, Matthieu Arseneau, confirme que le manque d’employés pour certains secteurs de l’économie n’est plus une inquiétude.
«C’est une histoire du passé. Là, avec le taux de chômage à 6,4 %, on est peut-être désormais à un taux de chômage au-dessus d’une situation normale.»
Il fait référence aux nouveaux chiffres de Statistique Canada, publiés le 5 juillet, sur le taux de chômage en juin 2024 qui a augmenté de 1,3 point de pourcentage depuis avril 2023.
Depuis la pandémie de COVID-19, les besoins en main-d’œuvre ne sont plus les mêmes, dit l’économiste. Et en conséquence, la nécessité de recruter des travailleurs étrangers temporaires (TET) a diminué.
Pour évaluer la situation de la main-d’œuvre, la Banque Nationale regarde plusieurs critères, tels que le taux de chômage, l’évolution des salaires et les taux de postes vacants.
André Bernard rappelle que l’état du marché du travail évolue constamment.
Le directeur adjoint du Centre de l’information sur le marché du travail de Statistique Canada, André Bernard, explique qu’il n’existe pas de définition claire de «pénurie de main-d’œuvre» à Statistique Canada, mais que «le marché du travail a ralenti au cours des derniers mois, depuis environ un an».
Dans une réponse par courriel, Emploi et développement social Canada (EDSC) confirme que le nombre de postes vacants avoisinait les 600 000 en avril 2024, une diminution importante comparativement à environ 1 million en avril 2022.
Le gouvernement s’ajuste
Le Programme de travailleurs étrangers temporaires (PTET) a pour but de combler les besoins en main-d’œuvre. Quand un employeur ne peut pas trouver d’employés au Canada, il peut faire appel à ce programme pour recruter à l’étranger.
Comme annoncé en mars 2024 par voie de communiqué, le PTET a été ajusté en fonction des plus récents besoins du marché du travail. Par exemple, depuis le 1er mai :
Le ministre de l’Immigration, Marc Miller (de dos), et le ministre de l’Emploi, Randy Boissonnault, ont annoncé ensemble des ajustements au PTET.
«Nous avons annoncé notre intention de diminuer l’embauche de travailleurs étrangers temporaires au Canada et d’encourager les employeurs à trouver les talents dont ils ont besoin ici, dans notre pays», a déclaré le ministre de l’Emploi, du Développement de la main-d’œuvre et des Langues officielles, Randy Boissonnault, dans le communiqué.
«Les mesures limitées dans le temps qui ont été prises en 2022 étaient nécessaires étant donné que notre marché du travail était dans une situation sans précédent, mais, à présent, les temps ont changé et nous devons veiller à ce que notre Programme des travailleurs étrangers temporaires reflète nos besoins actuels.»
En d’autres mots, le gouvernement encourage les employeurs à recruter parmi les travailleurs qui se trouvent déjà sur le sol canadien.
Revenir à un certain contrôle
Selon Matthieu Arseneau, la réflexion sur le modèle d’immigration actuel ne doit pas s’arrêter là.
«Je pense que la politique d’immigration axée sur les résidents permanents, avant 2019, a montré son succès. Avec une intégration des gens basés sur leurs qualifications, dans l’intérêt qu’ils s’intègrent plus rapidement dans le marché du travail, ça a fonctionné. On voyait que ça se passait très bien.»
«C’est plus par la suite que les choses se sont complexifiées, notamment via ces programmes-là, qui étaient plus marginaux avant 2019. On n’en parlait pas vraiment de la portion non permanente, poursuit-il. Je pense qu’il faut quand même revenir à quelque chose qui a un certain contrôle et que ça soit marginalement utilisé pour des pénuries de main-d’œuvre très ciblées.»
Rappelant la position pro-immigration de la Banque Nationale, il avise que dans un contexte de crise du logement et avec un marché du travail «qui se détériore», ce n’est pas le meilleur moment pour faire venir des gens. «C’est ne pas leur servir du tout, dit-il. Plusieurs sont très désillusionnés et [partent], dans un tel contexte.»
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L’économiste fait remarquer que même pour les nouveaux arrivants, le marché du travail est serré. En juin, dit-il, le taux de chômage pour cette population s’élevait à 12,7 %.
Le secteur de la santé est le seul n’ayant pas connu de baisse du nombre de postes vacants.
Une approche sectorielle
Matthieu Arseneau confirme que, dans un contexte de forte augmentation de la population et de faible création d’emploi, plusieurs entreprises sont en gel d’embauche. Certains secteurs, comme ceux de la santé et de l’éducation, ont des besoins plus graves.
«Le nombre de postes vacants a suivi une tendance à la baisse, mais il y en a toujours [environ] 650 000 au Canada, chiffre André Bernard. On a, par exemple, 94 000 postes vacants dans le secteur de la santé, 186 000 dans le secteur de la vente et des services et aussi 130 000 dans les métiers, transports, machinerie et domaines apparentés.»
Il y a encore des besoins dans tous les secteurs, explique-t-il. Mais ils ont aussi tous connu une baisse du nombre de postes vacants. Tous sauf un : celui de la santé.
Selon Matthieu Arseneau, le Canada aurait intérêt à adopter une «approche sectorielle», tout en conservant une vision globale de l’immigration.
Avec des informations de Marianne Dépelteau
Le 5 juillet, le commissaire à l’éthique du Canada, Konrad von Finckenstein, a déclaré qu’il n’ouvrirait pas d’enquête concernant le ministre fédéral de l’Emploi, du Développement de la main-d’œuvre et des Langues officielles, Randy Boissonnault.
Ses relations d’affaires avaient soulevé les doutes du comité d’éthique. Des messages laissaient croire qu’il était encore engagé dans les activités d’une entreprise qu’il a cofondée et qui a vendu de l’équipement de protection médicale au Québec pendant la pandémie, alors qu’il avait été assermenté ministre. Or, la loi interdit aux ministres de participer à des activités commerciales.
Selon le commissaire à l’éthique, l’enquête préliminaire n’a pas apporté de preuves indiquant que le ministre a enfreint les règles.
Le Parti conservateur du Canada a indiqué qu’il continuerait toutefois d’enquêter sur la question.
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Francis Drouin a été président de l’Assemblée parlementaire de la francophonie pendant deux ans.
Le député libéral franco-ontarien Francis Drouin a laissé, mardi, son siège de président de l’Assemblée parlementaire de la francophonie (APF) à Hilarion Etong, premier vice-président de l’Assemblée nationale du Cameroun.
Le transfert de pouvoir a eu lieu lors de la clôture de la 49e session plénière de l’APF, qui s’est tenue à Montréal en début de semaine.
Francis Drouin retient de son mandat la découverte «de la culture francophone dans d’autres pays». «Pour moi, c’est une richesse que je vais retenir toute ma vie», a-t-il déclaré en entretien à Francopresse.
Occuper ce poste lui a permis d’apporter à Ottawa des enjeux qui touchent les francophones, notamment ceux en situation minoritaire, comme l’étude du continuum de l’éducation. Cette dernière sera amorcée par le Comité permanent des langues officielles lors de la prochaine session parlementaire de l’automne 2024.
Quant à Hilarion Etong, il assure que l’APF se penchera sur la jeunesse francophone au cours de son mandat.
Il s’est également dit ouvert à accueillir de nouveaux parlements qui souhaiteraient se joindre à l’Assemblée : «La francophonie va vraiment s’élargir», a-t-il prédit en conférence de presse à Montréal.
Nour Enayeh a assuré que recevoir le Prix du Réseau des femmes parlementaires constituait «une marque de reconnaissance de notre travail auprès de plus de 1,5 million de femmes francophones et acadiennes vivant en situation minoritaire».
L’Alliance des femmes de la francophonie canadienne (AFFC) a reçu lundi le prix du Réseau des femmes parlementaires, lors de la session plénière de l’APF.
Le prix est remis à un organisme qui œuvre à la promotion de l’égalité entre les genres au sein de la francophonie.
«Il s’agit d’une marque de reconnaissance de notre travail auprès de plus de 1,5 million de femmes francophones et acadiennes vivant en situation minoritaire», a déclaré la présidente de l’AFFC, Nour Enayeh.
Le gouvernement fédéral versera 47,8 milliards de dollars dans la réforme profonde du programme de protection des enfants des Premières Nations.
La cheffe nationale de l’Assemblée des Premières Nations (APN), Cindy Woodhouse Nepinak, a annoncé que l’Assemblée et le gouvernement fédéral avaient conclu une entente de 47,8 milliards de dollars sur 10 ans pour réformer le système de protection de la jeunesse autochtone en profondeur, notamment le soutien aux enfants des Premières Nations et à leurs familles.
Cette annonce a eu lieu dans le cadre de la 45e assemblée annuelle de l’APN, qui se déroulait à Montréal cette semaine.
Le montant a plus que doublé depuis la dernière annonce du gouvernement en la matière en 2022, soit 19,8 milliards de dollars sur cinq ans.
Cette annonce s’ajoute aux plus de 23 milliards d’indemnisation pour environ 300 000 enfants et leurs proches lésés par le système de protection de la jeunesse.
Le chef du Parti conservateur Pierre Poilievre du Canada a prononcé un discours à l’Assemblée des Premières Nations, avec certains chefs qui lui tournaient le dos pour marquer leur désapprobation.
Pendant l’assemblée, le chef du Parti conservateur du Canada (PCC), Pierre Poilievre, a fait une intervention pour tenter de séduire les leadeurs des Premières Nations. Il a mis l’accent sur ses engagements économiques pour les Premières Nations, comme une réduction des taxes ou l’accès à des logements abordables.
Plusieurs chefs lui ont délibérément tourné le dos pour protester contre certaines positions des conservateurs.
Pierre Poilievre n’a pas émis d’excuses, comme lui avait demandé le chef de Kahnawà:ke, Cody Diabo, pour l’usage de l’armée contre sa nation lors de la crise d’Oka il y a 34 ans.
Jagmeet Singh, chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), a pour sa part présenté ses excuses.
Justin Trudeau en a fait l’annonce ce jeudi au sommet de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) : le Canada atteindra la cible de 2 % de son PIB en dépenses militaires d’ici à 2032.
Le premier ministre prévoit notamment de renforcer la protection de l’Arctique aux côtés des États-Unis et de la Finlande, au sein du Pacte de collaboration sur les brise-glaces. La collaboration sur la construction de ces derniers entre les trois pays sera renforcée, pour contrer d’éventuelles ambitions russes dans les mers de l’Arctique.
Cet accord «vise à donner aux nations aux vues similaires les moyens de faire respecter les règles et les normes internationales afin de maintenir la paix et la stabilité dans les régions de l’Arctique et de l’Antarctique pour les générations à venir», ont conjointement affirmé les trois chefs d’État, dans une déclaration commune.
Le Canada devrait également acquérir 12 sous-marins.
Le soutien pour l’Ukraine se maintient également, avec une aide militaire de plus de 500 millions de dollars. Les chefs d’État ont en outre rappelé leur solidarité à l’Ukraine.
En réaction, le Parti conservateur du Canada a réagi par communiqué : «Les libéraux ont publié une mise à jour de la politique de défense il y a à peine trois mois, qui n’indiquaient aucune voie pour atteindre les 2 %. Si cet engagement à atteindre les 2 % était sérieux, il aurait été inclus dans ce plan.»
Jonathan Pedneault, qui codirigeait le Parti vert du Canada (PVC) aux côtés de la députée Elizabeth May, a quitté ses fonctions mardi.
Le dernier départ d’une personne à la tête du parti remonte à 2021, quand Annamie Paul avait quitté son siège sur fond de tensions.
Il en serait autrement cette fois-ci, puisque Jonathan Pedneault a évoqué des «raisons familiales» pour expliquer son départ. Elizabeth May a expliqué en conférence de presse en avoir «le cœur brisé».
Jonathan Pedneault avait échoué à se faire élire à la Chambre des Communes en 2023, lorsqu’il s’était présenté à l’élection complémentaire dans la circonscription montréalaise de Notre-Dame-de-Grâce–Westmount. La libérale Anna Gainey avait remporté plus de 50 % des suffrages.
Le 28 juin, Victor Boudreau a été nommé sénateur indépendant pour représenter le Nouveau-Brunswick.
Il a été député et ministre à l’Assemblée législative du Nouveau-Brunswick et chef intérimaire au Parti libéral du Nouveau-Brunswick. Il a ensuite été vice-président de l’entreprise d’affaires publiques et de markéting m5. Depuis mars 2023, il est directeur général de la Ville de Shediac.
Cette nomination vient combler tous les sièges du Sénat en Atlantique. Les neuf sièges au Sénat encore vacants à l’heure actuelle se trouvent en Colombie-Britannique, en Alberta, en Saskatchewan, au Manitoba, en Ontario, au Nunavut et au Québec.
Francopresse s’est entretenu avec Victor Boudreau au sujet de sa nomination et de ses aspirations.
Victor Boudreau : Étant un représentant du Nouveau-Brunswick – la seule province bilingue au Canada – et étant un sénateur francophone acadien, j’ai un devoir de porter une attention particulière à toutes les questions entourant les langues officielles, la francophonie, la culture acadienne et francophone à l’extérieur du Québec. C’est quelque chose que j’ai toujours fait durant ma carrière.
Les francophones sont minoritaires, alors on doit constamment être aux aguets pour être certains que nos droits et nos libertés sont protégés. Je vais certainement continuer à jouer ce rôle au Sénat, mais cette fois-ci pour l’ensemble de la province, en sachant aussi que ça peut avoir un impact sur les minorités francophones ailleurs au Canada également.
Je pense que ceux et celles qui me connaissent et qui ont suivi mon parcours politique savent que je ne suis pas un partisan aveugle. J’ai toujours travaillé avec les autres partis politiques lorsque j’étais député et lorsque j’étais ministre. J’ai toujours travaillé avec des personnes.
Je me considère un peu comme un rassembleur. Si la cause est bonne, on va se rallier, on va travailler ensemble pour la faire avancer.
J’ai probablement autant d’amis conservateurs et NPD et Parti vert qui m’ont félicité depuis ma nomination que d’anciens collègues libéraux. J’ai toujours eu cette réputation-là. Je pense que les gens qui me connaissent savent que je vais faire mon travail de façon juste et claire envers tout le monde, peu importe le parti politique.
À première vue, ce n’est certainement pas une mauvaise idée. Je ne suis pas au courant des détails, alors je ne vais pas me prononcer de façon très spécifique. Je vais quand même prendre le temps de m’orienter, de connaitre les dossiers et les enjeux. Ça fait quand même six ans que je ne suis plus politicien au Nouveau-Brunswick. Je suis l’actualité, mais j’avais quand même pris un certain recul.
L’idée derrière une stratégie comme celle-là, je pense que c’est certainement important. Il faut continuer à offrir l’enseignement postsecondaire aux francophones du Canada à l’extérieur du Québec, il n’y a aucun doute sur cette question.
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Je n’ai pas voulu, jusqu’à date, me prononcer sur des projets de loi ou des dossiers spécifiques, parce que je veux prendre le temps d’apprendre le rôle et le fonctionnement du Sénat.
Mais c’est certain que pour moi, dans ma carrière, les causes sociales ont toujours été importantes. Beaucoup de gens que j’ai représentés à l’Assemblée législative sont, par exemple, des employés saisonniers. Les questions sociales comme le logement abordable, les sans-abris et le cout de la vie sont tous des dossiers qui ont toujours été importants pour moi.
Les causes économiques sont aussi importantes, parce que ce sont elles qui payent pour les programmes sociaux. Alors il faut toujours essayer d’équilibrer les deux.
Aussi, étant Acadien, c’est certain que les questions culturelles et de langues officielles seront importantes pour moi.
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Depuis 2016, tous les nouveaux sénateurs font leur entrée en tant qu’indépendants, et des regroupements se sont faits à l’intérieur du Sénat au fil des années. Jusqu’à date, je n’ai pas choisi de quel regroupement j’allais faire partie. Je veux quand même prendre le temps de connaitre ces trois groupes-là, leurs représentants et leurs idéologies avant de décider.
À un moment donné, probablement que je déciderai de rejoindre un des trois groupes.
Dans une tentative de réduire la partisanerie à la Chambre haute, Justin Trudeau a annoncé que les sénateurs libéraux ne seraient plus affiliés au Parti libéral du Canada. Le Parti conservateur du Canada (PCC) n’a pas emboité le pas.
Au Sénat, outre les sénateurs affiliés au PCC, il y a des sénateurs non affiliés ainsi que des sénateurs affilés au Groupe des sénateurs indépendants, au Groupe des sénateurs canadiens ou au Groupe progressiste du Sénat.
Et si un groupe de parlementaires acadiens se forme, en ferez-vous partie?
Je ne savais pas qu’un groupe de parlementaires acadiens se formait, mais si oui, c’est certain que je vais y participer.
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Vous avez été membre de l’Association internationale des parlementaires de langue française. Qu’en avez-vous tiré?
Je n’ai jamais eu la chance de jouer un rôle très actif au sein de cette association, mais je pense que c’est quand même une bonne chose d’échanger entre partenaires à l’international et entre partenaires francophones, que ce soit d’apprendre les meilleures pratiques ou de continuer à faire la promotion des différentes cultures.
J’écoute beaucoup ces associations-là et j’ai justement vu qu’il en existe plusieurs différentes au Sénat, alors ça sera certainement quelque chose à regarder. […]
Ici, au Nouveau-Brunswick, nous avons quand même eu la chance d’accueillir le Sommet de la francophonie et le Congrès mondial acadien à quelques reprises. Ces échanges internationaux du côté francophone sont quand même très intéressants et très importants pour l’épanouissement de l’Acadie à l’international.
L’imaginaire du progrès nous aide à nous cacher les répercussions de nos modes de production et de consommation actuels. À tout problème existerait une solution technologique.
Mais même les voitures électriques et l’énergie solaire ou éolienne causent des problèmes environnementaux. Même si ces technologies sont plus durables et beaucoup moins destructrices que celles qui dépendent des énergies fossiles, leur durabilité demeure aussi limitée et leur impact environnemental n’est pas négligeable.
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Nous devons ainsi reconnaitre que les activités économiques humaines ont leurs limites, qu’elles dépendent de ce que la planète offre ou de la destruction qu’elle peut endurer.
Au-delà du dérèglement climatique, l’activité humaine amène de grands changements à l’équilibre des environnements où elle a lieu. Plusieurs de ces changements sont irréversibles. Évidemment, il s’agit de déséquilibres, et l’on peut s’attendre à ce qu’après un certain temps, nos environnements arrivent à de nouveaux équilibres.
Toutefois, ces nouveaux équilibres amèneront des environnements qui ne permettront plus les mêmes genres de vie humaine et qui, dans les cas de désertification ou de submersion des terres, pourraient ne plus permettre la vie humaine.
Et tandis que les personnes les mieux nanties dans le monde pourront se déplacer pour tenter de maintenir leur niveau de vie, il y a déjà de plus en plus de réfugiés climatiques qui ont tout perdu.
L’idée des limites planétaires nous aide à penser à de telles transformations à grande échelle des processus naturels qui ont rendu possible la vie ainsi que les existences humaines telles que nous les connaissons.
Le changement climatique n’est que l’une des neuf limites planétaires, selon le nombre établi par différentes sources. Les autres sont :
Or, la plupart des neuf limites planétaires ont été atteintes.
La température a déjà augmenté considérablement. La diversité de la flore et de la faune décroit chaque année. Les coupes de forêts affaiblissent la part que peut jouer la végétation dans tous les autres processus. Les microplastiques et les produits chimiques ont transformé les océans et donc les environnements des espèces marines, ainsi que tout ce qui peut servir de nourriture. Et nombre de sols ont été asséchés ou inondés.
Différents rapports avancent que six ou sept des limites ont été dépassées. Peu importe le nombre exact de limites, il règne toutefois un consensus : il existe des limites, et ces limites sont dépassées ou en voie de dépassement.
Cela signifie que la Terre, prise comme un système, est en déséquilibre et que les conditions pour toutes les formes de vie ne sont plus les mêmes. Autrement dit, la catastrophe a déjà lieu, et la vie dans toutes ses formes n’est plus la même.
Les mesures prises pour protéger la couche d’ozone montrent qu’une concertation internationale et un engagement citoyen peuvent avoir un effet positif sur certaines des conséquences de notre régime actuel de production et de consommation.
Même si le temps presse pour agir, il faut cependant noter qu’il est déjà trop tard pour deux des processus, qui ont maintenant atteint un stade irréversible.
Toutefois, ce n’est pas la présence humaine en elle-même qui pose problème, mais bien les activités polluantes et destructrices qui accompagnent nos manières actuelles de vivre et d’établir un rapport à ce que nous nommons les «ressources naturelles».
Le constat est le même si l’on parle en termes économiques plutôt qu’écologiques.
Parler des limites à la croissance, c’est se concentrer sur les activités humaines qui causent de telles transformations aux environnements : l’industrialisation (et la manière dont elle a lieu); la production alimentaire (et ses effets directs sur l’environnement); l’utilisation des ressources naturelles (et la perspective de leur épuisement); ainsi que la pollution (vue comme un choix délibéré).
Chacune de ces dynamiques a une influence sur les autres.
Ces idées proviennent du rapport du Club de Rome, qui a désormais plus de 50 ans, mais qui a récemment été mis à jour. Il existe de nombreuses critiques sur son approche, dont plusieurs sont fondées.
Toutefois, le constat demeure le même aujourd’hui : il faut arrêter la croissance. Même l’idée d’une croissance dite «verte» est à rejeter, étant donné l’impact des nouvelles technologies sur les mêmes processus.
Arrêter la croissance à l’échelle planétaire, cela n’implique pas d’arrêter l’amélioration de la qualité de la vie humaine. C’est plutôt rééquilibrer la production et la consommation pour arrêter les excès ici et permettre une amélioration ailleurs.
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Les personnes qui s’y connaissent auront remarqué que je n’ai pas inclus la croissance démographique parmi les limites à la croissance. Cette décision découle d’un problème central du Rapport du Club de Rome, qui, par son racisme, voit la croissance démographique comme un problème… en Afrique et en Asie.
La limite démographique suppose ainsi une perspective eugéniste et antidémocratique, où des chercheurs et politiciens des pays du Nord décideraient de la population du reste du monde.
Notons toutefois que d’autres aspects du rapport fonctionnent contre ce racisme en proposant un rééquilibre de la consommation et de la production, et en éliminant les inégalités.
Vivre avec des limites suppose de tenir compte de notre incidence immédiate sur ce qui nous permet de vivre, mais aussi sur la vie des autres. Pour cela, nous avons besoin de deux formes complémentaires de démocratie et plus largement de participation.
Il faut d’abord des mécanismes pour permettre aux populations du monde entier de participer aux décisions liées à la production et à la consommation.
Ces décisions sont pour l’instant la chasse gardée des entreprises privées dites multinationales, mais leurs profits reviennent à des classes situées dans les endroits les moins affectés par les changements climatiques.
Il faut ensuite une participation politique accrue des populations des pays où la plus grande partie des décisions sont prises. Le fait d’adopter un mode de vie plus sobre ne suffit plus à éviter les grandes transformations à l’échelle de la planète.
Les changements au style de vie quotidien ne pèsent pas beaucoup par rapport aux conséquences des projets d’extraction de ressources naturelles qui n’amèneront des profits qu’après des dizaines d’années.
Produire et consommer selon des limites ne sera possible qu’avec des luttes sociales et une imposition de limites là où le profit et les intérêts empêcheront tout ralentissement ou changement d’orientation.
Jérôme Melançon est professeur en études francophones et interculturelles ainsi qu’en philosophie à l’Université de Regina. Ses recherches portent notamment sur la réconciliation, l’autochtonisation des universités et les relations entre peuples autochtones et non autochtones, sur les communautés francophones en situation minoritaire et plus largement sur les problèmes liés à la coexistence. Il est l’auteur et le directeur de nombreux travaux sur le philosophe Maurice Merleau-Ponty, dont La politique dans l’adversité. Merleau-Ponty aux marges de la philosophie (MétisPresses, 2018).
La session plénière de l’Assemblée de la Francophonie (APF) se déroule à Montréal du 5 au 10 juillet 2024 à l’invitation du Parlement du Canada.
Le ministre Boissonnault souhaite que l’IA reflète la dualité linguistique du Canada.
«Ça va toucher toutes nos communautés, tous nos pays […] elle ne connait pas de frontières linguistiques ou culturelles», a lancé le ministre de l’Emploi, du Développement de la main-d’œuvre et des Langues officielles, Randy Boissonnault, lors de son discours d’ouverture lundi.
Il a ensuite parlé de la Stratégie pancanadienne en matière d’intelligence artificielle (IA), dont la deuxième phase a été annoncée en juin 2022.
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«Je veux être certain que l’on développe l’intelligence artificielle avec le français et la vie francophone en tête», explique le ministre en entrevue avec Francopresse.
Selon lui, il y a moyen de se servir de l’intelligence artificielle pour faire la promotion des cultures francophones. Sans détailler la manière d’atteindre ce but, le ministre a insisté sur la visibilité des francophones dans le domaine.
«Les Américains et les Chinois développent leurs systèmes d’intelligence artificielle, et le Canada est à la même hauteur, dit-il. Je veux que les francophones, les francophiles, les francocurieux et les francoqueers soient vus par l’intelligence artificielle.»
Des membres de l’APF sont venus des quatre coins du monde pour la 49e session plénière.
«Étant francophone en situation minoritaire, je veux avoir accès aux cultures francophones, ajoute le Franco-Albertain. Mais aussi la culture francophone de mon coin, pas seulement de France ou du Québec. C’est très important d’avoir le noyau au Québec, mais il faut aussi que nos communautés à l’extérieur du Québec rayonnent et s’épanouissent avec l’appui de l’IA.»
Néanmoins, le ministre fait une mise en garde : il faut se servir d’une IA responsable, et non d’une IA qui «veut accélérer l’assimilation ou augmenter la mésinformation et la désinformation». «Il faut s’en servir pour le bon et pas pour le mal», conclut-il.
Le député conservateur Joël Godin, président de la Commission des affaires parlementaires de l’APF, rappelle que la Section canadienne de l’Association a déposé des rapports liés à la désinformation ainsi qu’à la protection de lanceurs d’alerte.
On est face à des situations particulières comme tout groupe linguistique. Évidemment que l’intelligence artificielle est un élément très important à considérer et on va travailler là-dessus.
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Le Québec, par exemple, a déjà commencé à jouer avec l’IA. Mais il y a encore des problèmes à régler avant que la province devienne le noyau qu’espère voir Randy Boissonnault.
Joël Godin est ministre fantôme des Langues officielles.
«Le Québec est dans une bonne position, mais c’est drôle, sa technologie qui est inventée ici est vendue ailleurs. Et d’ailleurs, elle est pensée pour ailleurs. Donc le français dans le domaine de l’intelligence artificielle n’est pas présent», explique René Villemure, député bloquiste de Trois-Rivières et vice-président de la Section canadienne de l’APF.
Il a remarqué que l’on peut obtenir des logiciels traduits en français, mais que les versions originales dans cette langue sont plus rares.
La force du français dans le domaine de l’IA avait d’ailleurs fait partie des discussions de la Commission politique de l’APF en 2022.
À l’époque, René Villemure avait questionné la responsable de l’Observatoire OCDE des politiques de l’IA, Karine Perset, sur le français en IA. Celle-ci n’avait pas offert de constats clairs, mais ses réponses avaient tout de même encouragé l’ancien sénateur Dennis Dawson à conclure que la place du français dans les domaines scientifiques tels que l’IA méritait d’être renforcée.
«Ça m’inquiète, parce que le monde de l’intelligence artificielle, c’est un monde d’anglophones, laisse tomber René Villemure. Et ce n’est pas la langue le problème, c’est la pensée unique qu’elle amène.»
Également présent à l’évènement de l’APF, le sénateur acadien René Cormier confie à Francopresse que «l’intelligence artificielle n’est pas forcément uniquement un mal pour notre société». «Il y a des avantages.»
Selon René Cormier, une bonne maitrise de l’intelligence artificielle passe par l’éducation.
Il s’agit de bien savoir l’utiliser correctement et la clé, c’est l’éducation. «Au niveau universitaire par exemple, il faut qu’il y ait une éthique, une déontologie […] beaucoup de formation est nécessaire», prévient le sénateur.
«Il faut vraiment que l’intégration de l’intelligence artificielle dans notre société passe par l’éducation dans les écoles, dans les universités, autant chez les étudiants que chez les professeurs.»
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que l’on parle de découvrabilité et de promotion francophone à l’APF. René Cormier raconte que la Loi sur la diffusion continue en ligne a déjà été un sujet de discussion à la Commission de l’éducation, de la culture et de la communication de l’APF.
«On a abordé cette loi pour faire valoir comment le Canada avait travaillé pour s’assurer que, dans les grandes plateformes, le produit culturel francophone et les artistes de la francophonie puissent être visibles.»
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Randy Boissonnault devra, dans sa mission de faire découvrir la culture francophone à l’aide de l’IA, concilier ses deux portefeuilles ministériels : les emplois, que l’IA peut générer et les langues officielles.
Questionné sur ce défi, le ministre donne l’exemple d’un entrepreneur francophone qui cherche à obtenir un brevet pour protéger sa propriété intellectuelle.
René Villemure se dit «très soucieux» de la place du français dans le domaine de l’IA.
«On a déjà des brevets simples qui sont déjà vérifiés par des engins de l’intelligence artificielle au sein de notre gouvernement. [Dans le cas d’]un brevet plus complexe, c’est un être humain qui doit traiter ce dossier. Donc, pour moi, rendre le gouvernement plus efficace dans le traitement de dossiers qui touchent les francophones, c’est très important.»
Le ministre parle aussi de profiter des possibilités d’efficacité qu’offre l’IA. «Tout ce qui est en arrière, paperasse, dossiers, qui peut être traité par les machines d’intelligence sociale, pour moi, c’est très important. Et quand ça touche la culture ou la langue, moi, c’est très important qu’on ait des politiques en place pour protéger notre francophonie.»
D’après René Villemure, l’équilibre entre les emplois créés par l’IA et la protection de la francophonie est «périlleux». «Je sais que [Randy Boissonnault] a une grande affection pour les langues officielles, mais je crois que l’emploi, qui est actuellement un problème majeur à travers le pays, va requérir un peu plus son attention», suggère-t-il.
En 2023, 200 immigrants maitrisant le français ont obtenu leur résidence permanente dans la région métropolitaine de Saint-Jean. Ce chiffre, et d’autres, sont inclus dans le rapport Succeed and Stay : Immigration Patterns Report for Greater Saint John, commandé par la municipalité et rendu public en mai dernier.
Ces nouveaux arrivants représentaient 11 % du total de la population immigrante francophone au Nouveau-Brunswick en 2023, contre 5 % en 2019. Cette année-là, il n’y a eu que 55 nouveaux résidents permanents qui parlaient français et, en 2018, seulement 40. St-Jean veut accueillir 20 % des immigrants francophones au Nouveau-Brunswick d’ici 2030.
Michel Côté constate sur le terrain l’augmentation de l’immigration francophone à Saint-Jean. Mais il prévient : «Si on n’est pas capable de mieux s’équiper pour retenir les nouveaux arrivants, la hausse actuelle ne sera qu’un coup d’épée dans l’eau.»
Ces statistiques ne surprennent pas le directeur général de l’Association régionale de la communauté francophone de Saint-Jean (ARCf), Michel Côté : «On le voit concrètement sur le terrain, dans les centres de la petite enfance et les écoles, avec de plus en plus d’enfants, d’éducatrices et d’enseignants issus de l’immigration.»
Plus du tiers des élèves du centre scolaire francophone Samuel-de-Champlain sont issus de l’immigration. Dans les deux centres de la petite enfance de la région, la moitié du personnel a été recrutée à l’étranger.
Michel Côté considère que «les stratégies fédérales et provinciales ont aidé à accroitre le nombre d’immigrants francophones». Le responsable évoque notamment le programme fédéral de Mobilité Francophone, qui sert souvent de passerelle vers la résidence permanente.
Dans une réponse par courriel, la ville de Saint-Jean cite de son côté le Programme des candidats des provinces ou encore le Programme d’immigration au Canada atlantique.
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Recruter à l’international, une «grosse bébête qui fait peur»
Selon Réda Allouch, gestionnaire des bureaux satellites du Centre d’accueil et d’accompagnement francophone pour immigrants (CAFi) du Nouveau-Brunswick, «les investissements» de la municipalité pour s’ouvrir à la francophonie ainsi que le «dynamique tissu économique» de la région ont également joué un rôle.
Il parle de la même manière du bouche-à-oreille entre les immigrants, «qui partagent souvent leur succès d’installation avec leurs proches restés dans leur pays d’origine».
Réda Allouch estime néanmoins que les efforts déployés pour attirer les nouveaux arrivants restent insuffisants : «Il faut faire beaucoup plus de promotion de la région au sein de la francophonie internationale, la rendre plus visible.»
Selon Nicole Arseneau-Sluyter, le manque de place dans les écoles et les centres de la petite enfance de la région de Saint-Jean limite les possibilités d’accueillir plus d’immigrants francophones.
«C’est crucial si l’on veut rattraper notre retard en matière d’immigration et assurer le dynamisme économique et démographique de la communauté francophone de Saint-Jean», insiste Nicole Arseneau-Sluyter, présidente de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB) et résidente de Saint-Jean.
De leur côté, les organismes francophones accentuent leurs efforts pour recruter des salariés à l’international, que ce soit en France, en Belgique ou dans des pays du Maghreb.
«Ça nous donne un accès plus rapide à des ressources humaines, mais ça vient avec son lot de défis. Ces embauches demandent beaucoup d’énergie, de paperasses et de suivi», affirme Michel Côté.
Le président du Conseil d’éducation du District francophone Sud parle d’une «grosse bébête qui fait peur». «Certains organismes ne veulent pas s’embarquer là-dedans, car il manque de personnel en interne pour s’en occuper.»
À Saint-Jean, l’ARCf dispose d’ailleurs d’un employé à temps plein pour gérer ces épineux dossiers.
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Une «fausse perception que le français suffit»
Attirer les nouveaux arrivants est loin d’être évident, mais les encourager à rester constitue un défi encore plus grand. D’après le rapport, environ 55 % de ceux qui étaient arrivés à Saint-Jean en 2019 – toutes langues confondues – étaient encore là trois ans plus tard.
Au niveau des francophones, nous en retenons à peu près la moitié
Aux yeux de Réda Allouch, la pénurie de logements et d’opportunités économiques en français est à l’origine du départ de nombreux nouveaux arrivants.
Aux yeux de Réda Allouch, la pénurie de logements et d’opportunités économiques en français explique en grande partie les départs.
«Il y a de plus en plus de nouveaux arrivants qui ne parlent pas anglais. Ils arrivent avec la fausse perception que le français suffit et ça limite leur possibilité d’emploi», expose de son côté Michel Côté.
Selon lui, les postes au sein de l’ARCf constituent «une bouée de sauvetage» pour ces unilingues.
«Mais on ne peut pas embaucher tout le monde. Si un conjoint se retrouve sans travail à la maison, la réalité fait que la famille devra partir à Moncton ou au Québec pour avoir deux salaires», poursuit le responsable, qui pointe par ailleurs le manque de services en français, en particulier dans le domaine de la santé.
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Initiatives municipales
Pour améliorer la rétention des immigrants, Saint-Jean va lancer un nouveau site internet bilingue d’aide à l’établissement.
Le Partenariat local pour l’immigration de Saint-Jean va, lui, créer un groupe consultatif francophone pour répondre aux besoins urgents de la communauté.
«Nous voulons que tous les nouveaux arrivants aient un sentiment d’appartenance à la ville, quelle que soit la langue officielle de leur choix, assure la gestionnaire de la croissance de la municipalité, Tahlia Ferlatte. Pour qu’ils restent, il faut les aider à s’orienter dans leur langue à travers les nombreux services existants, améliorer leur accès aux informations sur le logement, les emplois, etc.»
Moncton préférée à Saint-Jean
En dépit des barrières, les organismes francophones multiplient les activités multiculturelles pour forger un sentiment d’appartenance à la communauté.
«C’est difficile d’aller chercher tout le monde, on essaie d’accueillir les nouveaux arrivants le mieux possible pour qu’ils se sentent chez eux chez nous», souligne Nicole Arseneau-Sluyter.
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Les organismes saint-jeannois ont également mis sur pied un guichet unique pour les immigrants. Tous les services dont ils pourraient avoir besoin à leur arrivée sont regroupés au même endroit.
À long terme, l’objectif est ambitieux : atteindre 20 % d’immigration francophone en 2030. Mais «si on n’est pas capable de mieux s’équiper pour retenir les nouveaux arrivants, la hausse actuelle ne sera qu’un coup d’épée dans l’eau», prévient Michel Côté.
La capacité des services limite aussi la croissance, notamment dans le secteur de la petite enfance. Le centre scolaire Samuel-de-Champlain est présentement à 110 % de sa capacité.
C’est triste, on pourrait accueillir beaucoup plus de monde si on avait plus de place
Quels que soient les chiffres, l’immigration francophone à Saint-Jean reste en deçà de celle des autres villes néobrunswickoises. Réda Allouch explique que les francophones préfèrent s’installer dans la région du grand Moncton, où ils ont plus de chance de trouver un emploi dans leur langue maternelle.
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L’ancien ministre et député provincial du Nouveau-Brunswick a été nommé par Justin Trudeau vendredi dernier.
Le nouveau sénateur Victor Boudreau est le quatrième francophone néobrunswickois.
Plusieurs fois ministre, Victor Boudreau a également assuré l’intérim de la chefferie libérale de la province de 2010 à 2012.
Il devient ainsi le quatrième sénateur francophone de la province maritime, aux côtés de René Cormier, Pierrette Ringuette et Rose-May Poirier. Au total, 10 sénateurs représentent le Nouveau-Brunswick, dont six anglophones.Au total, 10 sénateurs représentent le Nouveau-Brunswick, dont six anglophones.
Par ailleurs, le premier ministre n’a pas choisi un francophone du Nord de la province, comme le demandait René Cormier en 2023 et comme l’exige la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB) depuis 2021.
Victor Boudreau siègera parmi le groupe des sénateurs indépendants.
La pression monte au sein du caucus libéral. Certains de ses membres réclament une réunion sur l’échec des élections de Toronto, d’autres le départ du premier ministre.
Le désaveu de Justin Trudeau s’intensifie. Commencé dans les urnes le 24 juin, à la suite de la perte du bastion libéral de Toronto–St Paul’s, il se poursuit au sein de ses troupes.
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Neuf députés, dont l’Albertain George Chahal, ont demandé cette semaine une réunion d’urgence pour discuter des «résultats extrêmement préoccupants» de l’élection complémentaire, dans une lettre obtenue par Radio-Canada.
Questionné par les journalistes, le premier ministre a fermement réitéré son engagement de mener les prochaines élections.
L’ancienne ministre de l’Environnement, Catherine McKenna, s’est exprimée la première la semaine dernière sur la nécessité de son départ.
Le député néobrunswickois de Saint John–Rothesay, Wayne Long, avait suivi le mouvement, estimant dans un courriel envoyé au caucus qu’il valait mieux le départ du chef libéral «pour le bien de notre pays».
Mercredi, certaines têtes du Cabinet Trudeau ont évité de commenter le sujet, dans un contexte où le premier ministre ne souhaite pas réunir son caucus hors session parlementaire pour évoquer le sujet.
Le public peut commenter la demande d’exemption de Google à la Loi sur les nouvelles en ligne jusqu’à la fin du mois de juillet.
Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) a lancé la semaine dernière une consultation publique sur la demande de Google.
Pour éviter de négocier des accords d’indemnisation avec des dizaines d’entités, la société américaine demande une exemption à la Loi sur les nouvelles en ligne, entrée en vigueur l’été dernier.
En échange, l’entreprise distribuera 100 millions de dollars annuellement aux médias canadiens par le biais du Collectif canadien de journalisme (CCJ). Ce choix doit aussi être entériné par le CRTC.
Le Conseil accepte les commentaires par le biais de la consultation publique jusqu’au 29 juillet 2024.
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La lieutenante-générale Jennie Carignan est la première femme désignée cheffe de l’état-major, à la tête des Forces armées canadiennes.
La lieutenante-générale québécoise Jennie Carignan a été nommée mardi par Justin Trudeau pour prendre la direction des Forces armées canadiennes (FAC). Elle devient la cheffe d’état-major de la Défense et la première femme à occuper ce poste.
Elle remplace ainsi Wayne Eyre, connu pour avoir présenté des excuses publiques en 2021 aux côtés de la ministre de la Défense de l’époque, Anita Anand, pour les inconduites sexuelles au sein de l’armée.
Le député d’Avalon, Ken McDonald, a annoncé qu’il ne se représentera pas aux prochaines élections fédérales.
Élu depuis les débuts de Justin Trudeau comme premier ministre, en 2015, Ken McDonald avait appelé en janvier à une «révision du leadeurship» libéral.
Le député a également précisé aux médias qu’il avait informé le premier ministre de sa volonté avant la défaite des libéraux dans la circonscription de Toronto–St.Paul’s.