le Mardi 11 novembre 2025

«Le temps des Fêtes est une période très polluante, propice au gaspillage et à la surconsommation», regrette la spécialiste des communications et de l’engagement du public à la Fondation David Suzuki, Laurence Bolduc.

«Il n’y a rien de mauvais dans les Fêtes, c’est quelque chose de très beau de se rassembler en famille autour d’un bon repas, mais les aspects matérialistes ont tendance à éclipser les valeurs immatérielles», estime la chercheuse Ghina El Haffar. 

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«Nos vies rapides et matérialistes ne sont pas cohérentes avec les objectifs climatiques et, pendant les Fêtes, c’est encore pire. On oublie nos convictions et on augmente notre pression sur l’environnement», renchérit la chercheuse postdoctorale à la Faculté de gestion Desautels de l’Université McGill, Ghina El Haffar.

Malgré la prise de conscience amorcée durant la pandémie de COVID-19, les deux spécialistes estiment que les consommateurs abandonnent souvent leurs principes écologiques lors du passage à la caisse.

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Près de 40 % de la nourriture jetée

Selon Zero Waste Canada, jusqu’à 40 % de la nourriture est gaspillée et les déchets ménagers augmentent de plus de 25 % pendant les Fêtes de fin d’année.

Les viandes, volailles et fruits de mer ont également une empreinte environnementale non négligeable. Uniquement en prenant en considération la production, chaque kilogramme de bœuf génère environ 30 kg de gaz à effet de serre, d’après les différentes données disponibles.

Pour le porc, le compte s’élève à 12 kg pour chaque kilo produit, contre 10 kg pour la dinde et 7 kg pour le poulet. Quant aux crevettes d’élevage, leur empreinte avoisine les 27 kg par kilo.

Le bilan carbone de l’alcool est généralement moins élevé, avec une moyenne de 1,1 kg par bouteille de vin pour la France, mais c’est sans compter le transport jusqu’au Canada.

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«Pression sociale» pour dépenser  

«Le plaisir l’emporte souvent sur la durabilité. On privilégie le budget pour l’achat de petits produits pratiques et bon marché dont la fabrication n’est pas toujours respectueuse des exigences environnementales», observe le professeur agrégé au Département d’agroéconomie et des sciences de la consommation de l’Université Laval, à Québec, Bernard Korai.

Le spécialiste de la consommation, Bernard Korai, explique que les cadeaux «agissent comme une forme de compensation» auprès des proches que l’on n’a pas le temps de voir le reste de l’année. 

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«La grande majorité des gens vous diront qu’ils sont préoccupés par l’impact sur l’environnement, mais ils ne font pas nécessairement le lien avec leurs comportements», complète la professeure à l’École de gestion de l’Université de Sherbrooke, Caroline Boivin, qui note une hausse des dépenses liées aux Fêtes depuis la fin de la pandémie de COVID-19.

Aux yeux des chercheurs, il est très difficile d’échapper à la surconsommation qui caractérise la période des Fêtes de fin d’année. Bernard Korai parle d’une «pression sociale» associée à une célébration culturellement importante en Amérique du Nord.

«Noël est perçu comme une pause dans nos agendas chargés pour renouer le lien avec celles et ceux que nous n’avons pas le temps de voir régulièrement, analyse-t-il. Les cadeaux achetés agissent comme une forme de compensation, qui permet de conjurer le défaut de présence soutenue.»

Cette pression peut mener à une certaine surenchère dans la quantité et la valeur des cadeaux.

Ce que l’on offre à ses proches traduit la valeur sociale qu’on leur donne. C’est aussi un moyen d’affirmer son propre statut en tant qu’individu.

— Bernard Korai

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Idées plus écoresponsables

Toutefois, de nombreuses pistes existent pour alléger l’impact carbone de Noël et rendre sa manne de cadeaux plus sobres. «Il ne faut pas le voir comme quelque chose de complexe. La clé, c’est de tout planifier et de se poser systématiquement la question sur l’utilité de nos achats», assure Ghina El Haffar.

«Avec le Vendredi fou et le Cyberlundi, tout est fait pour acheter. C’est difficile de ne pas succomber à la pression consumériste», reconnait Laurence Bolduc de la Fondation David Suziki. 

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Elle évoque la fabrication d’un sapin en bois, l’utilisation de lumières DEL qui consomment moins d’énergie et durent plus longtemps, le recours à des décorations réutilisables, l’option du covoiturage ou des transports en commun lorsque cela est possible.

Pour les présents, Laurence Bolduc conseille d’éviter le magasinage en ligne, de privilégier les cadeaux de seconde main et d’offrir des expériences plutôt que des objets physiques. Elle suggère également de se servir d’emballages en tissu ou en papier recyclé.

En ce qui concerne la nourriture, elle recommande d’acheter des aliments locaux et d’essayer des options végétariennes, «on peut même se donner le défi d’organiser un souper végétarien».

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Concilier «bénéfices personnels» et environnement 

Convaincre la population canadienne de changer ses habitudes demande cependant du temps et beaucoup de diplomatie pour ne pas froisser les susceptibilités des plus réticents.

Pour la professeure Caroline Boivin, la pollution que génère Noël reste abstraite dans l’esprit de la plupart des gens. 

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Laurence Bolduc invite à «semer des petites graines» année après année sans forcer de changements radicaux : «C’est un sujet tellement polarisant, ça peut être délicat. Il y a tellement d’éléments intouchables dans la tradition de Noël.»

À cet égard, Caroline Boivin propose d’insister sur les «bénéfices personnels» que les consommateurs peuvent retirer en adoptant des comportements écologiquement plus responsables.

Limiter sa consommation de viande ou acheter des cadeaux de seconde main, c’est non seulement bon pour la planète, mais c’est aussi plus intéressant pour le portefeuille. «C’est une voie plus positive pour motiver au lieu de taper tout le temps sur le clou de la planète qui brule», souligne-t-elle.

De son côté, Ghina El Haffar appelle les entreprises et les pouvoirs publics à «changer les normes et les règlementations» pour donner un coup de pouce aux acheteurs et les aider à se «reconnecter aux valeurs immatérielles» des fêtes de fin d’année.

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Le renforcement du bilinguisme au sein de la fonction publique passerait par une modification de la Loi sur les langues officielles et des décrets pris par le gouverneur en conseil.

Pour les 12 députés du Comité permanent des langues officielles, il est clair que des profils linguistiques doivent être établis lors de la nomination ou du recrutement de personnel au sein de la fonction publique.

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Manque de volonté

Les propos de la professeure de science politique à l’Université d’Ottawa, Geneviève Tellier, aussi chroniqueuse pour Francopresse, ont été repris dans le rapport. Elle a illustré le manque de volonté existant.

Il faut arrêter de dire qu’une personne qui ne connait pas le français ou l’anglais a quand même les compétences requises. Non, cette personne n’a pas les compétences requises. Il faut changer la façon dont on regarde et analyse la situation. Il faut indiquer clairement quelles sont les compétences essentielles et, le cas échéant, établir que telle personne n’a pas les compétences demandées.

— Geneviève Tellier

La première recommandation du rapport précise d’ailleurs qu’il faut spécifier les niveaux linguistiques requis par le poste lors de la production des profils des candidats; en catégorisant la compréhension écrite, l’expression écrite et la compétence orale.

Ce rapport et les recommandations qu’il contient ne forcent pas la Chambre ou le gouvernement à agir.

Définition : le gouverneur en conseil

Le «gouverneur en conseil» est un terme officiel qui désigne une nomination effectuée par le premier ministre et le Cabinet ministériel.

La personne qui occupe le poste de gouverneur général du Canada annonce ces nominations sur l’avis du Cabinet.

Modifier la Loi sur les langues officielles

Les députés préconisent aussi de modifier le paragraphe de la Loi sur les langues officielles touchant à la langue de travail.

Ils enjoignent la présidente du Conseil du Trésor, Anita Anand, de déposer un projet de loi pour définir ce que signifie l’expression «capacité de parler et de comprendre clairement les deux langues officielles».

Les parlementaires veulent également qu’une formation linguistique soit offerte aux candidats et les postes de sous-ministres ou de sous-ministres délégués aux institutions assujetties à la Loi sur les langues officielles, pas seulement à une liste de ministères plus limitée.

Parmi les sept recommandations, l’augmentation de la prime au bilinguisme demanderait un consensus entre les parties, car le Nouveau Parti démocratique (NPD) a assuré qu’il souhaitait une hausse significative de 800 $ à 4000 $.

Mettre en place une prime de connaissances linguistiques pour les langues autochtones fait partie d’un autre avis du NPD non pris en compte dans le rapport.

Le comité suggère aussi établir des liens avec les établissements postsecondaires, afin que le bilinguisme soit davantage présenté comme un avantage pour les étudiants qui souhaitent entrer dans la fonction publique.

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FRANCOPHONIE

La présidente du Conseil du Trésor, Anita Anand, a affirmé devant le Comité sénatorial permanent des langues officielles, lundi, que les règlements tant attendus de la nouvelle loi seront déposés «avant mars 2025».

Elle assure aussi qu’elle veut mettre fin à «la culture unilingue» au sein de la fonction publique.

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Dans un rapport publié mardi, le Comité permanent des langues officielles de la Chambre des Communes propose sept recommandations pour améliorer le bilinguisme au sein de la fonction publique.

Ce qu’ils demandent : Les députés proposent d’établir par décret des exigences linguistiques pour les hauts fonctionnaires nommés par le gouverneur en conseil (c’est-à-dire le cabinet du premier ministre), avec des niveaux de compétence minimums à l’écrit et à l’oral, ainsi que des évaluations régulières.

Ils souhaitent aussi que la notion de «capacité de parler et de comprendre clairement les deux langues officielles», inscrite dans la loi, soit clarifiée, car elle peut, selon eux, être interprétée de différentes façons.

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CANADA

Le texte de la motion conservatrice de Pierre Poilievre utilisait les propos du chef du NPD, Jagmeet Singh. 

Photo : Inès Lombardo – Francopresse

Le gouvernement de Justin Trudeau a pu compter sur le soutien du Nouveau Parti démocratique (NPD), lundi, face à une nouvelle motion de censure conservatrice, appuyée par le Bloc québécois.

De son côté, le NPD n’a reçu le soutien que des deux députés du Parti vert pour sa motion qui proposait de rendre permanent le congé de la TPS pour les services qu’il considère comme «essentiels», comme les factures de chauffage, d’Internet et de téléphone cellulaire.

Ce qu’ils disent : Pierre Poilievre visait quant à lui dans sa motion le chef néodémocrate, Jagmeet Singh.

«Le chef du NPD a dit que “le gouvernement libéral cèdera toujours à la cupidité des grandes entreprises et interviendra toujours pour réduire le pouvoir des syndicats et des travailleurs” […] par conséquent, la Chambre est d’accord avec le chef du NPD, et la Chambre affirme qu’elle a perdu confiance dans le premier ministre et le gouvernement», peut-on lire dans la motion.

La ministre des Finances, Chrystia Freeland, présentera lundi la mise à jour économique de l’automne. Elle s’est engagée mardi à maintenir le ratio dette/PIB du Canada sur une trajectoire descendante, pour rassurer les marchés et les contribuables.

La ministre a toutefois évité de réitérer sa cible d’un déficit inférieur à 40 milliards de dollars, ce qui a suscité des critiques de l’opposition.

Ce qu’ils disent : Le Parti conservateur dénonce un déficit en hausse, tandis que la ministre insiste sur la viabilité des finances publiques et le faible endettement relatif du Canada par rapport aux autres pays du G7.

Début 2024, le directeur parlementaire du budget avait estimé que le gouvernement fédéral dépasserait les 46,8 milliards de dollars pour l’année fiscale 2023-2024.

Steven Guilbeault a annoncé que le Canada allait réduire de moitié ses émissions carbone d’ici 2035. 

Photo : Inès Lombardo – Francopresse

Le ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, a annoncé jeudi une nouvelle cible de réduction des émissions de 45 à 50 % par rapport aux niveaux de 2005, d’ici 2035.

Cette cible repose, selon le communiqué du ministère, sur des données scientifiques, le savoir autochtone, des engagements internationaux, des consultations régionales et des avis d’experts.

Révision à la hausse : En 2021, le Canada s’était déjà engagé à réduire ses émissions de 40 à 45 % d’ici 2030. Mais de 2005 à 2022, celles-ci n’ont diminué que de 7,1 %

Trop peu : Dans un rapport déposé début novembre au Parlement, le commissaire à l’environnement du Canada, Jerry DeMarco, soulignait que les mesures mises en œuvre par le gouvernement restaient insuffisantes pour permettre au Canada d’atteindre sa cible.

Le Canada demeure le membre du G7 le moins performant en matière de réduction des émissions de GES, affirmait le commissaire.

Le Sénat a adopté mercredi soir la loi de Tona, un projet de loi visant à abolir l’isolement cellulaire dans les prisons fédérales, une pratique dénoncée pour ses impacts dévastateurs sur la santé des détenus.

L’enjeu : Inspirée par Tona Mills, une survivante autochtone atteinte d’un cancer en phase terminale, cette loi symbolise son combat pour protéger les détenus. Malgré des promesses gouvernementales de 2019, l’isolement est encore utilisé dans les prisons canadiennes.

Le projet de loi, soutenu par le député néodémocrate Blake Desjarlais et la sénatrice indépendante Kim Pate, appelle la Chambre à agir pour défendre les droits de la personne.

Le budget supplémentaire des dépenses a été adopté mardi soir par la Chambre des Communes, après plusieurs semaines d’attente.

L’enjeu : Ce budget autorise des dépenses supplémentaires pour les ministères fédéraux. Celles-ci se chiffrent à 21,6 milliards de dollars et concernent principalement les programmes et les revendications liés aux Autochtones, l’approvisionnement et le soutien militaires, et le personnel.

Les parlementaires l’ont adopté au dernier jour du délai qui leur était imparti.

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La Banque du Canada a annoncé mercredi une réduction de 50 points du taux directeur. 

Photo : Banque du Canada – Creative Commons Attribution 2.0

La Banque du Canada a abaissé son taux directeur de 3,75 % à 3,25 % pour soutenir la croissance économique, en réponse à des perspectives de croissance plus faibles et une inflation stable autour de 2 %.

L’enjeu : Dans un communiqué, la banque centrale justifie cette baisse par le fait que l’économie mondiale évolue conformément aux prévisions, tandis qu’au Canada, la croissance du PIB et de l’emploi ralentit.

La Banque s’attend à ce que l’inflation reste proche de la cible de 2 %, malgré des effets temporaires à la hausse liés à des politiques publiques, comme la suspension de la TPS.

«Notre mission, c’est de développer le jugement critique des jeunes», témoigne Anne Gaignaire, fondatrice du Curieux, un journal d’actualité en ligne destiné aux 8 à 12 ans.

Elle et les membres de son équipe animent des ateliers d’éducation aux médias et à l’information (EMI) dans des écoles francophones en contexte minoritaire et des classes d’immersion, un peu partout au pays.

Ça leur permet, avec l’actualité, d’avoir des sujets qui les intéressent et ça les motive à parler français entre eux, d’avoir des débats, des discussions en classe ou même en récréation.

— Anne Gaignaire

Parmi les thèmes qui «viennent les chercher», elle cite le conflit au Proche-Orient, sur lequel ils n’ont pas toujours d’informations fiables.

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Qu’est-ce que l’éducation aux médias et à l’information?

L’éducation aux médias et à l’information (EMI) consiste à développer des compétences médiatiques au sein de la population afin qu’elle arrive à «comprendre de manière critique la nature, les techniques et les impacts des messages et des productions médiatiques», définit l’organisme pancanadien HabiloMédias.

Autrement dit, il s’agit d’appréhender le fonctionnement des médias – quelle est la différence entre une fausse nouvelle et une nouvelle digne de confiance, un article et une chronique par exemple –, mais aussi de prendre conscience du rôle de chaque personne en tant que consommateur et créateur de contenu dans un monde médiatique et numérique foisonnant.

Les fondements de l’EMI au Canada ont été établis à la fin des années 1980, rapporte la Commission canadienne pour l’UNESCO (CCUNESCO).

L’éducation aux médias a été rendue obligatoire en Ontario dès 1987. Elle a ensuite été incluse dans le programme scolaire de chaque province et territoire au pays, «dans le cadre des études en anglais, arts ou lettres, des études sociales, de cours en technologie des communications et, parfois, d’un cours indépendant», détaille la CCUNESCO.

Reconnaitre les fausses nouvelles

Avec les ateliers d’EMI, Le Curieux souhaite outiller les jeunes pour lutter contre la désinformation, afin qu’ils soient capables de vérifier une nouvelle, sans se faire piéger «par les opinions qui sont transmises par les influenceurs, dont certaines peuvent être toxiques», souligne Anne Gaignaire.

Maryne Dumaine espère qu’en grandissant, les jeunes vont continuer de s’intéresser à leur information locale. 

Photo : Christian Kuntz

Si les jeunes sont conscients de l’existence de fausses nouvelles sur Internet et les réseaux sociaux, ils restent parfois surpris devant certains exemples, remarque-t-elle.

«Les jeunes sont déjà très éduqués, à travers le système éducatif régulier, à la question de l’information fiable. Les fausses nouvelles, ce sont des choses qui sont au programme au primaire», confirme la directrice du journal l’Aurore boréale au Yukon, Maryne Dumaine.

L’équipe du journal collabore aussi depuis plusieurs années avec des écoles francophones pour enseigner de «saines habitudes de consommation d’information», explique la directrice, qui s’adapte aux besoins de chaque classe.

L’Aurore boréale a en outre établi, en partenariat avec le ministère de l’Éducation du Yukon, un guide pédagogique avec des activités clés en main.

Des ressources gratuites

HabiloMédias propose des ressources gratuites à destination du personnel enseignant, des communautés, mais aussi des parents et du grand public.

«L’éducation aux médias doit se faire en éducation continue, c’est-à-dire pour tous, pas juste à l’intérieur des cadres scolaires, mais aussi pour tous les âges, pour n’importe qui voulant participer à l’environnement numérique», soutient le spécialiste en éducation aux médias chez HabiloMédias, Marc Alexandre Ladouceur.

Néanmoins, il est conscient que les enseignants sont déjà très sollicités. «Ces ressources doivent s’intégrer dans ce qui est déjà enseigné, sans alourdir leur charge de travail.»

Les As de l’info, un média francophone dédié aux enfants de 8 à 12 ans, propose également des contenus pédagogiques.

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«Des citoyens éclairés»

«On a un bon retour des jeunes», se réjouit Anne Gaignaire. Elle estime que ces interventions renforcent leur confiance en eux, en les engageant activement dans la lutte contre la désinformation, les positionnant ainsi «comme une partie de la solution».

Les connaissances liées à l’EMI dépassent par ailleurs largement le cadre des ateliers. Vérifier ses sources reste une compétence que les élèves peuvent mettre en pratique dans leurs travaux de recherche et leurs exposés, illustre-t-elle.

Selon elle, l’EMI contribue à former des citoyens éclairés. «On ne diabolise pas les technologies, mais il faut connaitre leur fonctionnement pour les maitriser et que ce ne soient pas les technologies qui dominent.»

«C’est déjà bien que [l’éducation aux médias et à l’information] fasse partie des curriculums, mais on sait aussi que sans une formation spécifique, on ne peut pas nécessairement être certain de ce qui s’enseigne», relève Marc Alexandre Ladouceur. 

Photo : Courtoisie

«Nos informations passent par la technologie d’une manière ou d’une autre», commente Marc Alexandre Ladouceur, spécialiste en éducation aux médias chez HabiloMédias, un organisme canadien de littératie aux médias numériques.

Il rapporte d’ailleurs que les demandes sur la plateforme ne faiblissent pas, bien au contraire, et le blocage des médias sur certains réseaux sociaux confirme la tendance.

«Comment est-ce qu’on fait pour aller chercher des informations fiables, quand on sait que la majorité des gens vont consommer leurs informations et leurs médias sur les réseaux sociaux?», demande-t-il.

Anne Gaignaire rappelle aussi le rôle que peuvent jouer les parents. «On a besoin d’eux»

Si, à chaque fois que leurs enfants arrivent avec une information qu’ils ont trouvée sur les réseaux sociaux ou sur Internet, ils leur disent “Attends, cette info-là, d’où elle vient? C’est qui? Est-ce que c’est une opinion? Est-ce que c’est un fait? Est-ce que tu as vérifié?”, ils [feront] partie de la solution pour donner de bons réflexes aux gamins.

— Anne Gaignaire

Journalistes en herbe

À quoi sert un journaliste, quelle est sa démarche, comment fait-il pour produire de «vraies nouvelles»? Voilà autant de questions que le Curieux aborde dans les salles de classe.

Les élèves peuvent d’ailleurs s’improviser apprentis journalistes lors de jeux de rôle ou en écrivant leurs propres articles.

Au Yukon, ils s’impliquent même parfois dans la production de l’Aurore boréale. «Ils apprennent en classe à écrire un article et ils nous envoient leurs textes. On les coache un petit peu, on fait un peu de feedback, puis en bout de ligne on choisit quelques articles et on les publie dans le journal», décrit Maryne Dumaine.

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Au Yukon, l’équipe du journal l’Aurore boréale intervient dans les écoles francophones. 

Photo : l’Aurore boréale – Yukon

L’importance de la presse locale

Pour la directrice du journal l’Aurore boréale, Maryne Dumaine, les ateliers permettent aussi aux jeunes de s’approprier leur journal local et de s’intéresser à l’information par l’entremise de sujets qui les touchent directement.

«Quand on est jeune, entendre parler de la crise en Palestine, ce n’est peut-être pas nécessairement l’information qui va être la plus facile d’accès, mais par contre, de savoir que notre ami a gagné une compétition de volleyball, c’est quelque chose qui va nous porter à aller consulter de l’information.»

Mon cheval de bataille, c’est vraiment de développer la consommation de notre information locale à travers l’habitude de prendre le journal papier.

— Maryne Dumaine

Lors d’un panel récent à Whitehorse, la directrice a été émue de voir l’attachement des jeunes à la version imprimée du journal : «Tous ont vraiment mentionné que si le journal papier disparaissait, ils arrêteraient probablement d’y penser puis de le lire.»

«On insiste encore plus sur la vérification de l’information aujourd’hui […] parce que la pluralité des sources d’information a augmenté», observe Nicolas Pelletier, faisant notamment référence à la multiplication des réseaux sociaux. 

Photo : Courtoisie

Former les journalistes de demain

Mais l’EMI ne s’arrête pas aux bancs du primaire et du secondaire. Au collège La Cité, à Ottawa, le coordonnateur du programme de journalisme, Nicolas Pelletier, intègre ces thématiques dans ses cours.

Les personnes à qui il enseigne lui font part des difficultés qu’elles rencontrent quand quelqu’un remet en question leur travail de journaliste. «La crise de confiance envers les médias, les étudiants la vivent avant de la comprendre.»

«On insiste davantage sur comment répondre, avoir une discussion sur comment bien s’informer», indique le professeur, qui regrette que «la rétroaction avec le public soit souvent moins présente dans les formations journalistiques».

Il insiste également dans ses cours sur la transparence de la démarche journalistique, «comment le journaliste procède, comme ça il n’y a plus de zone d’ombre ou de questionnement de la part d’un lecteur ou d’un téléspectateur ou d’un éditeur».

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Certes, on n’a plus entendu le fameux «wacko» que Pierre Poilievre a lancé à Justin Trudeau au printemps dernier et qui lui avait valu son expulsion de la Chambre. Mais on ne sent pas non plus une volonté de baisser le ton.

Les partis d’opposition ont devant eux un gouvernement fragilisé qui manifestement sera battu aux prochaines élections. Du moins, c’est ce que nous disent systématiquement les sondages, mois après mois, depuis plus d’un an.

Mais les libéraux n’ont pas encore jeté l’éponge. Même s’il ne fait plus autant l’unanimité auprès de ses troupes qu’auparavant, Justin Trudeau compte bien être là lors de la prochaine campagne électorale. Mieux encore, son parti semble avoir maintenant accepté le fait que le premier ministre sollicitera un quatrième mandat.

La crise qui a secoué le Parti libéral cet automne n’aura donc été que passagère. Du moins en public, car en privé on sent que plusieurs se préparent à une future course au leadeurship.

Plusieurs ont interprété ainsi la publication la semaine dernière d’un article du New York Times consacré à la ministre Mélanie Joly. On y peignait le portrait d’une battante qui pourrait possiblement succéder à Justin Trudeau.

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L’année 2024, celle des conservateurs

Le chef conservateur, Pierre Poilievre, a réussi à assoir solidement – pour ne pas dire fermement – son autorité à la tête de son parti.

Il est aussi parvenu à se faire connaitre de la population. Les Canadiens savent maintenant très bien qu’il est contre les taxes – surtout la taxe carbone –, qu’il veut régler en priorité la crise du logement et qu’il veut combattre la criminalité, notamment celle en lien avec les drogues dures.

Il aura aussi réussi à faire oublier certaines bourdes, comme ses propos vantant les cryptomonnaies ou attaquant le gouverneur de la Banque du Canada. C’est le signe d’un chef maintenant en pleine maitrise de la situation.

Le message répété sans cesse par les conservateurs à propos de l’abolition de la taxe carbone («Axe the tax») donne des résultats. Les baisses d’impôts et de taxes séduisent l’électorat. Plus que jamais? Peut-être. Si c’est le cas, c’est le résultat d’une campagne de communication conservatrice extrêmement efficace.

Le Parti libéral comprend maintenant l’attrait des baisses d’impôts auprès de la population. Après avoir temporairement suspendu la taxe carbone sur le mazout dans les provinces de l’Atlantique l’automne dernier, voici qu’il suspend temporairement la TPS sur une grande qualité de produits durant deux mois.

Comme on le voit, le Parti conservateur est maintenant capable d’influencer les politiques du gouvernement libéral, sans être au pouvoir.

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Le Nouveau Parti démocratique, grand perdant de ce revirement de situation

Pendant plus de deux ans, le NPD a été le principal partenaire du gouvernement grâce à l’entente formelle signée avec les libéraux. Il pouvait ainsi imposer certaines de ses volontés.

Des projets de loi qui lui étaient chers ont ainsi été adoptés, comme l’assurance dentaire, l’aide au logement et plus récemment la loi anti-briseurs de grève et l’assurance médicaments.

En déchirant l’entente, le chef néodémocrate Jagmeet Singh a peut-être fait des gains à court terme, comme conserver la circonscription d’Elmwood–Transcona au Manitoba lors de l’élection partielle de septembre dernier.

Mais la hausse de popularité tant espérée avec la fin de cette entente ne s’est jamais concrétisée. Le principal problème, c’est que Jagmeet Singh n’a jamais expliqué pourquoi son parti serait plus efficace s’il mettait fin à l’entente. D’autant plus qu’il refuse de renverser le gouvernement.

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La patience du Bloc

Le Bloc québécois pourra dire que la patience a finalement porté ses fruits. Après avoir dû ronger son frein pendant plusieurs années, voilà qu’il peut maintenant marchander son appui auprès des autres partis. D’ailleurs, la rapidité avec laquelle il a présenté ses exigences au gouvernement illustrait bien qu’il a gagné en importance.

Par contre, cette influence est encore très théorique. Les libéraux refusent de collaborer avec ce parti indépendantiste, qui est leur grand adversaire au Québec.

Ils ne sont pas seuls. Les conservateurs, eux aussi, n’ont montré aucune ouverture à travailler avec les bloquistes pour défaire le gouvernement. Encore une fois, l’explication se trouve dans les intentions de vote au Québec.

Contrairement à ce qui se passe dans le reste du Canada, les conservateurs ne dominent pas au Québec. C’est le Bloc qui est et demeure bon premier dans les intentions de vote. La personnalité de Pierre Poilievre serait la principale raison des déboires conservateurs dans cette province. On n’aime pas son ton trop agressif, voire abrasif.

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Le principal défi de Pierre Poilievre

Le chef conservateur sera-t-il capable de changer de style au cours des prochains mois? La question se pose après qu’il a vécu l’une de ses pires semaines depuis qu’il est à la tête du Parti conservateur.

Beaucoup d’observateurs lui ont reproché de ne pas avoir eu à cœur les intérêts du pays depuis l’annonce fracassante du président désigné Donald Trump d’imposer des tarifs douaniers au Canada comme mesure de représailles face à l’immigration illégale.

Au lieu de se serrer les coudes avec le reste de la classe politique et aussi avec les milieux d’affaires, Pierre Poilievre a continué à attaquer les libéraux, soulignant la faiblesse du gouvernement Trudeau. Était-il nécessaire de donner des munitions supplémentaires au futur président américain?

Le rôle du chef de l’opposition officielle est double. D’une part, il a la responsabilité de surveiller le gouvernement et de lui demander de rendre compte de sa gestion. D’autre part, il doit se présenter comme une solution de rechange au gouvernement actuellement au pouvoir.

Au cours de la dernière année, Pierre Poilievre s’est très bien acquitté de son premier rôle, mais pas du deuxième. L’année 2025 sera celle où il devra montrer qu’il a l’étoffe d’un chef d’État. Qu’il a à cœur les intérêts de chaque personne au Canada, qu’elle ait voté pour lui ou non.

Geneviève Tellier est professeure à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa. Ses recherches portent sur les politiques budgétaires des gouvernements canadiens. Elle commente régulièrement l’actualité politique et les enjeux liés à la francophonie dans les médias de tout le pays.

«[La question], ce n’est pas juste de travailler en français, c’est d’apprendre le français», a lancé la présidente du Conseil du Trésor, Anita Anand, devant les sénateurs du Comité permanent des langues officielles, lundi.

«Il faut changer cette culture d’être unilingue. Je sais la réalité, c’est difficile d’apprendre le français dans les ruralités. C’est possible, je l’ai appris dans un domaine rural en Nouvelle-Écosse», a-t-elle ajouté, en réaction au commentaire du sénateur néoécossais Réjean Aucoin sur les limites des services en français à la population.

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Des règlements «avant mars 2025»

Le témoignage de la ministre portait sur le rapport annuel 2022-2023, qui dresse un portrait de la fonction publique canadienne avant la modernisation de la Loi sur les langues officielles.

Plusieurs sénateurs, à l’instar de l’Acadien du Nouveau-Brunswick René Cormier, ont partagé leurs inquiétudes à propos de l’attente des règlements de la nouvelle loi. Deux semaines plus tôt, le Commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge, avait lui aussi laissé entendre que le temps pressait.

Si la ministre Anand n’a pas voulu fournir d’échéancier précis devant le comité, elle a assuré que les règlements sortiraient «avant mars 2025».

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Les trois règlements attendus pour l’application de la nouvelle Loi sur les langues officielles

«On a eu beaucoup de consultations déjà, pas seulement avec les provinces et territoires, mais avec les autres parties prenantes», assure Anita Anand, rappelant au passage avoir passé du temps à Halifax l’été dernier pour entendre les avis sur les règlements.

En attendant l’application de la loi

Devant la préoccupation persistante des sénateurs, Anita Anand s’est évertuée à souligner les progrès réalisés par le gouvernement fédéral.

Quatre-vingt-quinze pour cent des employés des postes désignés bilingues satisfont aux exigences linguistiques. Et 25 % [d’entre eux] ont le français comme première langue officielle. On a fait beaucoup de travail, mais on [en] a beaucoup à faire dans l’avenir.

— Anita Anand

Anita Anand a tenté d’apaiser les sénateurs, indiquant que son ministère avait lancé le «tout premier cadre» sur la formation dans la deuxième langue officielle et augmenté le niveau de compréhension orale.

«Le [Secrétariat du Conseil du Trésor] a commencé à préparer le terrain», a renchéri Carsten Quell, directeur général du Centre d’excellence en langues officielles aux ressources humaines du Conseil du Trésor.

Des employés sont sous supervision dans la langue de leur choix dans les régions bilingues et le niveau de l’offre de formation a augmenté d’une case.

Toutefois, en juin 2025 – quand tout employé pourra être supervisé dans la langue de son choix dans une région désignée bilingue, que son poste soit désigné bilingue ou non – le niveau de bilinguisme requis pour les postes des employés qui sont en formation pour apprendre une langue seconde ne sera pas augmenté jusqu’à ce que le poste se libère.

Autrement dit, l’exigence du bilinguisme ne sera pas revue à la hausse avant qu’une autre personne n’occupe ce poste.

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Qui s’occupe d’appliquer la Loi sur les langues officielles?

Le commissaire aux langues officielles a pour rôle de faire respecter l’esprit et la lettre de la Loi sur les langues officielles, modernisée en juin 2023.

Le Secrétariat du Conseil du Trésor est chargé de la mise en œuvre et de la coordination de la Loi au sein des institutions fédérales. Il doit aussi déposer les règlements de la partie VII de la Loi, liée à l’épanouissement des minorités de langue officielle et à la promotion des langues officielles au Canada.

C’est toutefois le ministère du Patrimoine canadien qui est responsable de la partie VII de la Loi. 

Le ministre de la Justice conseille le gouvernement sur les questions juridiques et les litiges en matière de droits linguistiques.

Sanctions si discriminations?

En cas de non-respect de la loi, que ce soit dans les entreprises privées sous juridiction fédérale – comme Air Canada, dont le patron avait déclenché une polémique sur le français – ou au sein de la fonction publique fédérale, la ministre s’est montrée évasive quant aux sanctions possibles.

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«Nous savons que la nouvelle exigence va présenter des possibilités et aussi des défis», a affirmé la ministre Anand, en référence à la mesure qui laissera le choix à l’employé de parler ou d’être supervisé dans la langue officielle de son choix, dans la fonction publique.

Elle a été tout aussi évasive pour les entreprises sous juridiction fédérale. Les dirigeants devront être bilingues, assure la ministre, qui précise toutefois qu’il ne s’agit «pas d’une question de loi», mais d’une «question de culture dans l’organisation».

C’est un two-way street. Si je n’essaie pas de parler les deux langues officielles, personne ne va parler français. Si on vous parle anglais, continuez, parlez le français, et peut-être qu’ils voudront [le] parler.

«Je ne suis pas certaine que les entreprises privées sous compétence fédérale pensent comme vous», lui a répondu la sénatrice québécoise Marie-Françoise Mégie.

Langues autochtones

La ministre Anand a soutenu qu’en parallèle des consultations liées aux règlements sur les langues officielles, d’autres étaient en cours pour les langues autochtones.

«On évalue comment relever les défis des employés autochtones confrontés aux exigences des langues officielles. Mais [ces consultations] ne sont pas la raison pour laquelle nous allons arrêter notre travail.»

Elle a promis aux sénateurs de revenir une fois les règlements adoptés.

Le jeune réseau social Bluesky est passé d’environ 10 millions d’utilisateurs et utilisatrices en septembre à plus de 20 millions à la fin de novembre. Threads, créé par Meta, en aurait gagné plus de 35 millions en novembre.

Au même moment, mais dans une moindre mesure, un nombre record de personnes ont tiré une croix sur X.

Dans les trois cas, les plus grands bonds ont été observés après la réélection de Donald Trump à la présidence des États-Unis. Depuis, le nombre de personnes abonnées à Bluesky aux États-Unis a augmenté de 519 %, par exemple.

Un premier grand mouvement a eu lieu lorsque Elon Musk a acheté Twitter. Promettant d’en faire un haut lieu de la liberté d’expression, l’homme d’affaires a éliminé toute forme de modération sur la plateforme et, ironiquement, suspendu les comptes des personnes qui avaient des opinions différentes des siennes ou qui se moquaient de lui.

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Une bataille de perdue

Twitter n’a jamais été un réseau social représentant uniquement les valeurs progressistes, mais l’arrivée du milliardaire à sa tête a décomplexé davantage les trolls et les réactionnaires racistes, misogynes et homophobes, qui se sont mis, en plus grand nombre, à répondre violemment à tout propos ou point de vue contraire à leur vision du monde.

Le journal The Guardian a cessé de publier sur X le 13 novembre, indiquant que les bénéfices d’être sur X étaient maintenant moins importants que les désavantages.

Ce climat oppressant a incité de nombreuses personnes à faire la transition vers Bluesky. Certaines ont peut-être été encouragées par le quotidien The Guardian, qui a annoncé le 13 novembre qu’il ne publierait plus sur X, ajoutant que «la campagne électorale américaine n’a fait que mettre en évidence ce que nous sentions depuis longtemps : X est une plateforme toxique» [trad.].

Le Guardian et d’autres médias baissent donc les bras. Ils ont décidé de quitter ce champ de bataille contre la désinformation et de continuer leur combat ailleurs.

Difficile de trop leur en vouloir. Qui aime passer ses journées à se faire injurier et dénigrer? Ne vaut-il pas mieux dépenser son énergie ailleurs et de façon plus constructive?

D’un autre côté, les propagateurs de «faits alternatifs» ont maintenant le chemin libre sur X. Moins de personnes pour remettre en question cette autre version du monde.

La division existait sur X. Désormais, elle sera entre, d’une part, X et, d’autre part, Bluesky, Threads et…

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Un écho assourdissant

Il est facile sur les réseaux sociaux de s’enfermer dans ce qui s’appelle une chambre d’écho, c’est-à-dire un lieu où circulent seulement des opinions semblables aux siennes et des informations qui nous rassurent.

X avait au moins le mérite de confronter ses utilisateurs et utilisatrices plus fréquemment à des opinions différentes. Elles étaient cependant trop souvent exprimées sans décorum ou empathie.

Le réseau social produira donc encore plus d’écho entre ses murs, et Bluesky le fera tout autant pour d’autres lignes de pensée. Et peut-être pour longtemps, puisque cette plateforme permet un contrôle accru sur ce qu’on veut voir; l’algorithme est (pour l’instant peut-être) moins envahissant.

Cela n’aidera en rien le fossé qui se creuse au sein de l’électorat au sud de notre frontière ni celui qui s’élargit au Canada. Impossible de se comprendre si on ne se parle pas de façon civilisée.

Les médias d’information rigoureux sont une solution, même s’ils ont contribué au problème en ignorant les questions et les inquiétudes d’une partie de la population.

Ce sera long, mais les médias traditionnels devront créer des ponts, offrir une voix à plus de points de vue dans un esprit d’ouverture. Il faut tout de même trouver des intervenants et des intervenantes qui se fondent sur des faits démontrables, qui ne tombent pas dans la conspiration ou qui ne cherchent pas à nourrir des peurs irréfléchies.

Tout est un cycle. Une période s’est terminée et la suivante s’amorce; celle où les opinions comptent plus que les faits pour une tranche élargie de la population. Lorsque nous nous rendrons compte que la nouvelle solution n’est pas plus magique que la précédente pour régler tous nos problèmes, nous voudrons essayer autre chose.

Et pour répondre à votre question, oui, Francopresse publie encore sur X, mais aussi sur Bluesky.

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10e position : J’mettrai le feu, Messe

Je débute ce top 10 par une belle découverte un peu plus intense. Ils n’en sont qu’à un deuxième EP, mais les jeunes musiciens de la formation Messe offrent un son mature et très intéressant. Avec J’mettrai le feu, la formation de Bathurst se classe dans un univers particulier, où l’on retrouve des groupes acadiens comme Les Hôtesses d’Hilaire, la Patente ou encore Aubin pi la S.C.B.

J’mettrai le feu

9e position :  Vers la mer, GABIO

Dans un autre spectre musical, en 9e position, on a un tête-à-tête avec un membre de Radio Radio. Gabriel Malenfant, dit GABIO, auteur-compositeur, faiseur de beat, nous présente une facette plus personnelle avec son album Vers la mer. Un rendez-vous où les rythmes sont toujours aussi entrainants. Ses rythmes endiablés se font sentir aussi dans l’élocution du verbe.

Vers la mer

8e position : Souris Souvent, Girlz with Guitarz

La 8e position fait place à une autre belle découverte. Girlz with Guitarz est un trio féminin de la région de Plamondon, en Alberta. Composé des sœurs Tracy et Karen et de leur tante Michèle. Ces multi-instrumentistes aux voix harmonieuses nous captivent avec un univers folk dont la richesse se trouve dans les arrangements musicaux. Les harmonies vocales sont souvent la force maitresse des chansons proposées.

Langage de la poésie

7e position : Osons l’espérance, Les Sœurs Marleau

D’un trio féminin à un autre, la 7e place revient aux Sœurs Marleau qui œuvrent en chansons depuis 1979. Sous le nom Diadem à leurs débuts, elles nous reviennent sous le signe de l’espérance. Osons l’espérance nous interpelle avec une douzaine de textes sur des thèmes universels. Le tout est un bouquet de souhaits universels et de musiques contemporaines.

Place à la non-violence

6e position : Tableaux, RenzRossi

Pour terminer ce premier bloc de cinq albums, j’ai une proposition fort intéressante. Il s’agit d’un guitariste originaire d’Edmunston au Nouveau-Brunswick, RenzRossi (René Rossignol). Il offre le fruit d’une expérience de création entre lui et l’artiste visuel Luc A. Charrette. S’inspirant des tableaux de ce dernier, RenzRossi a lancé son tout dernier EP, Tableaux, un univers jazz des plus captivants. Chaque pièce est une émotion musicale inspirée d’une œuvre d’art visuel. Le tout devient un moment de grâce.

Aurevoir

5e position : Tout est relatif, Dayv Poulin

On débute le top 5 avec un retour sur disque d’un Franco-Ontarien qui a connu bien du succès à la radio. L’auteur-compositeur-interprète de Sudbury, Dayv Poulin, met au placard son alter ego du Paysagiste et nous offre un album avec des mélodies puissantes et très accrocheuses. Tout est relatif est un album qui tombe à point grâce à ses nombreux vers d’oreille captivants.

La vie est bonne

4e position :Yellow Mellow, Matt Boudreau

Dans le carré d’as du top 10 de 2024, on retrouve une voix des plus familières en Acadie, que ce soit en tant que membre de la formation Baie que comme musicien pour plusieurs artistes. L’auteur-compositeur-interprète, Matt Boudreau, natif de Petit-Rocher, est inévitable. Sur l’album Yellow Mellow, il a toujours ce son pop-rock qui le démarque, ce timbre de voix qui nous enveloppe texte après texte. Il nous invite à une rencontre exceptionnelle.

Supernova

3e position :  Malgré tout, Brian St-Pierre

Sur la 3e marche du podium, c’est un nom familier au sein de la famille des auteurs-compositeurs franco-ontariens : Brian St-Pierre. Il est une inspiration pour toute la communauté francophone de l’Ontario d’est en ouest. L’album Malgré tout se démarque du lot et nous offre de magnifiques mélodies qui accompagnent de superbes textes remplis de vérité.

Beaucoup d’amour

2e position :  Le diable dans le corps, Monette

En deuxième place, c’est l’un des grands de sa génération, c’est un coup de cœur à chaque album. Monette revient aux sources et nous offre un cinquième opus à saveur country-folk avec une voix solide comme du roc. Le diable dans le corps est une autre preuve de son grand talent. Monette nous séduit à nouveau avec des mélodies fortes et des textes puissants.

Je fais de mon mieux

1re position : Empreintes, Alexis Normand

Mon top de 2024 est une caresse pour l’âme. Depuis une quinzaine d’années, Alexis Normand nous invite dans un univers folk aux nuances de blues et de jazz, qui nous charme note après note. Avec Empreintes, elle nous livre toute la sensibilité de son art.

L’auteure-compositrice-interprète fransaskoise nous amène au plus profond de son âme avec des mélodies puissantes, qui révèlent toute la richesse de sa plume. La douceur de sa voix mielleuse nous livre toute la puissance de chaque mot. L’artiste a su se forger un parcours musical qui démontre toute la richesse de son talent.

Sing me home

Eh bien voilà, 10 albums à découvrir ou à redécouvrir. Encore une fois, une preuve tangible de la beauté et du dynamisme de la francophonie musicale canadienne. Tendez l’oreille et encouragez cette belle francophonie.

«On n’est pas contre les armes, on n’est pas contre les chasseurs, on n’est pas contre la chasse; on est pour notre sécurité», affirme Nathalie Provost. 

Photo : Marianne Dépelteau – Francopresse

Le 6 décembre 1989, l’École polytechnique de Montréal a été le théâtre d’un féminicide, un acte haineux dirigé contre des femmes qui rêvaient de devenir ingénieures. Un rêve qui, pour certaines, fut coupé court par les balles d’une Ruger mini-14.

Depuis, le groupe de citoyens bénévoles PolySeSouvient milite pour un plus grand contrôle des armes à feu. Sa porte-parole, Nathalie Provost, est une survivante du drame qui a fait 14 morts, 13 blessés et des milliers d’endeuillés.

Si la Ruger mini-14 est interdite depuis mai 2020, le travail de PolySeSouvient n’est pas achevé.

Francopresse : Où en est rendue la lutte pour le contrôle des armes à feu au Canada?

Nathalie Provost : En 1995, le Canada s’était doté de la Loi sur les armes à feu, qui n’était pas parfaite, mais qui incluait l’enregistrement total de tous les types d’armes. La destruction [du registre, sous Stephen Harper, NDRL] a été un recul majeur en matière de sécurité publique. On n’avait plus l’information de qui possédait quoi.

En arrêtant de les enregistrer, ça a donné l’impression qu’il y avait des armes moins dangereuses. Or, dans les armes non restreintes – comme dans certaines armes restreintes –, il y a des armes de style d’assaut. La Ruger mini-14 qui a été utilisée le 6 décembre était une arme non restreinte, mais de style d’assaut. Ça n’a pas pris une minute pour tirer 30 balles dans ma classe, et six personnes sont mortes.

Le gouvernement Trudeau a adopté la stratégie de l’interdiction, et c’est une course à obstacles incroyable depuis son élection en 2015. On va de promesses à réalisations mineures, à fausses bonnes idées, à se séparer de ses responsabilités pour les donner parfois aux municipalités, parfois aux provinces.

Personne ne se bat pour la sécurité publique. On la tient pour acquise. Donc on ne manifeste pas, on n’appelle pas nos députés.

Les propriétaires d’armes, et particulièrement ceux impliqués dans le gun lobby, voudraient que les armes soient reconnues comme un droit au Canada. Ils parlent fort, manifestent devant les bureaux de députés.

Plusieurs députés pensent alors que la pensée populaire est pour les armes. Donc il faut que ceux qui, comme nous, se battent pour la sécurité publique, manifestent.

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C’est vers cette entrée de l’université que se sont ruées des dizaines de témoins inquiets, d’ambulanciers et de journalistes, le 6 décembre 1989.

Photo : Marianne Dépelteau – Francopresse

La Loi modifiant certaines lois et d’autres textes en conséquence (armes à feu) a été adoptée il y a un an. Comment avance sa mise en œuvre?

La mise en œuvre est difficile. […] On se retrouve un an après la sanction royale et le programme de rachat n’est pas commencé.

En plus, il ne vise pas une liste complète d’armes de style d’assaut. Depuis 2020, de nouveaux modèles sont entrés sur le marché. Or, ces modèles ne sont pas inclus dans le programme de rachat. Il faut absolument qu’ils soient interdits rapidement.

Il y a des mesures importantes pour la sécurité des femmes qui doivent être mises en œuvre et qui ne le sont toujours pas. C’est urgent.

On est inquiets, parce que s’il y avait des élections tôt cet hiver… Pierre Poilievre a dit – pour faire plaisir aux extrémistes des armes – qu’il déferait le projet de loi C-21. S’il le défait… c’est un combat d’une vie. C’est 35 ans.

Contexte juridique

La Loi modifiant certaines lois et d’autres textes en conséquence (armes à feu) (anciennement projet de loi C-21) a reçu la sanction royale le 15 décembre 2023.

Cette loi vise, entre autres, à empêcher les armes à feu de tomber entre les mains d’individus responsables de violence conjugale. Mais certains de ses articles n’ont toujours pas été mis en œuvre.

Par exemple, la loi modifiée permettra d’éviter qu’un individu visé par une ordonnance de protection ou qui a été déclaré coupable de certaines infractions liées à la violence familiale ne soit pas admissible à un permis d’armes à feu.

En mai 2020, le gouvernement du Canada a annoncé l’interdiction de plusieurs modèles et de variantes d’armes à feu de style d’assaut. Il a élargi cette liste le 5 décembre 2024.

La tragédie de Polytechnique n’était pas juste une histoire d’armes à feu, c’était aussi une question de féminicide. Quelle analyse faites-vous de la place et du respect des femmes aujourd’hui?

C’est toujours fragile, la position des femmes.

Parlez-en aux femmes afghanes, ukrainiennes, libanaises, palestiniennes, israéliennes – je ne veux pas prendre un côté ou l’autre –, mais souvent dans des situations tendues et de guerre, les premiers qui perdent, ce sont les femmes et les enfants.

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Le monument de la tuerie de l’École Polytechnique, qui se trouve à quelques pas de l’entrée de l’établissement. 

Photo : Marianne Dépelteau – Francopresse 

Le nom des 14 femmes tuées. 

Photo : Marianne Dépelteau – Francopresse 

Juste à côté du monument se trouve une plaque commémorative pour Barbara Klucznik-Widajewicz. Elle venait d’arriver de Pologne et attendait son conjoint qui donnait un cours. Elle n’a pas survécu. 

Photo : Marianne Dépelteau – Francopresse

Des rubans blancs sont offerts à l’entrée d’un bâtiment de Polytechnique Montréal, afin de souligner la Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes, le 6 décembre.

Photo : Marianne Dépelteau – Francopresse 

Au Canada et au Québec, on est encore des femmes privilégiées, on vit encore dans une société où nos droits sont plutôt respectés. Mais quand on regarde les hausses de féminicides, et, par exemple, la montée du masculinisme, ben on peut être inquiet.

Les propos ont été réorganisés pour des raisons de longueur et de clarté.

Il y a des discours là-dedans qui n’ont aucun sens. Quand j’entends, en 2024, «la place des femmes est à la maison», je suis inquiète pour mes filles, mais pour mes petites-filles aussi.

Le plus grand danger, c’est de penser que parce que ça va bien pour soi, c’est acquis. Je n’y crois plus maintenant. Quand je suis rentrée à Polytechnique, j’avais 19 ans. Dans ma tête, il n’y avait rien pour m’arrêter. Toutes les portes s’ouvraient devant moi. […] Je ne réalisais pas tout ce qui se passait autour de moi.

Quand tu penses que ça va bien, tu ne veux pas voir… donc tu ne vois pas. C’est ça, être naïf, être un peu innocent. Les évènements de Poly, ça a brisé ça dans ma vie, à tout jamais.