le Mardi 11 novembre 2025

Dans son roman Le baiser de Nanabush, traduction de Motorcycles & Sweetgrass publiée chez Prise de parole, Drew Hayden Taylor promet d’emblée qu’il nous racontera toute une histoire. Et il tient merveilleusement parole.

Drew Hayden Taylor est un auteur prolifique avec des racines ojibwées; il a écrit autant de la fiction que des chroniques et des essais. Avec Le baiser de Nanabush, qui a d’ailleurs représenté la littérature autochtone au Combat des livres de Radio-Canada en 2023, il se hisse au niveau des grands conteurs.

Dans le premier chapitre, on découvre une jeune Anishinabe de la réserve de Lac-aux-Loutres qui nage avec un copain. On sent tout de suite une grande attirance entre les deux, mais on sent aussi que ce copain n’est pas un être ordinaire. Et il y a un problème. La jeune femme a décidé de poursuivre ses études dans un pensionnat autochtone.

Au pensionnat, on l’affublera d’un nouveau nom chrétien, Liliane, et pendant les deux ans qu’elle passera dans cet établissement, elle sera témoin des maltraitances subies par ses copensionnaires. Toute sa vie, elle restera cependant la dévote Liliane qui mêle ses croyances chrétiennes et autochtones.

L’intrigue commence vraiment 80 ans plus tard. Sur son lit de mort, Liliane convoque son ancien copain. Il réapparait sous les traits d’un beau jeune motocycliste qui sèmera la pagaille dans sa famille et dans la réserve. Surtout auprès des femmes.

La fille de Liliane, Maggie, est cheffe de la Nation de Lac-aux-Loutres. Elle tente de régler un différend territorial avec la communauté blanche avoisinante, a un fils qui aime faire l’école buissonnière, un frère ermite qui vit sur une ile et un conjoint décédé depuis quelques années.

Maggie est stressée. L’arrivée de John chamboulera sa vie et celle de sa famille.

Au fil de l’intrigue, on apprendra qui est vraiment celui qui se fait appeler John, mais dont le nom de famille change en fonction de chaque interlocuteur.

Dans ce livre, Drew Hayden Taylor réussit à faire se côtoyer la vie moderne dans une réserve autochtone et les traditions et la mythologie de ses habitants. Tout ça dans un roman haletant qui mêle surnaturel, séduction, amour, chicane territoriale, combat épique et même une bataille avec des ratons laveurs.

Du plaisir pour tous!

À lire : L’essor de la littérature autochtone en francophonie minoritaire

• • •

Les deux prochains livres sortent de la plume de Tomson Highway, un Cri du nord du Manitoba qui a connu une carrière internationale de pianiste ainsi que de dramaturge et de romancier renommé.

Le premier livre, Le baiser de la Reine blanche (trad. de Kiss of the Fur Queen), est un roman et le deuxième, Éternel émerveillement : Grandir au pays de la neige et du ciel infini (trad. de Permanent Astonishment: Growing Up Cree in the Land of Snow and Sky), une autobiographie.

Les deux ouvrages racontent la vie de deux jeunes garçons cris qui grandissent pendant cinq ans au sein de leur famille de chasseurs/pêcheurs avant d’être envoyés dans un pensionnat autochtone.

Dans Le baiser de la Reine blanche, l’auteur se permet plus de fantaisie. D’ailleurs, il écrit : «l’histoire […] au fil des années, devenait de plus en plus incroyable, exagérée, selon la manière des Cris de raconter des histoires, de fabriquer des mythes.»

Le roman commence par une scène emblématique du Grand Nord : une course de traineau à chiens. Après trois jours et 150 miles (240 km), Abraham Okimasis et ses chiens sont complètement épuisés. Un mile avant l’arrivée, il a la vision d’une Dame blanche qui le soutiendra et lui fera gagner la course.

Au fil d’arrivée, Abraham, complètement dans les vapes, verra même un fœtus surgir du diadème de la Dame blanche. La femme d’Abraham accouchera de son fils ce même jour.

L’auteur nous fait vivre la naissance de ce fils ainsi que de son jeune frère trois ans plus tard. Le roman décrit le parcours des deux petits garçons qui accompagnent leur famille à la chasse et la pêche dans le Grand Nord. Jusqu’à leur départ au pensionnat.

Ils reviendront au village pendant les vacances d’été, mais leur vie ne sera plus jamais pareille.

Dans cette école, on tente de leur interdire leur langue, on leur inculque la chrétienté à coups de règles sur les doigts et on les agresse sexuellement. Mais la Reine blanche veille sur eux, et ils s’en sortiront grâce à la musique. L’ainé des garçons deviendra pianiste et le cadet, danseur.

À lire aussi : L’Acadie en trois livres

• • •

En lisant Éternel émerveillement, ouvrage publié 15 ans après la version originale du Baiser de la Reine blanche, on comprend que tout ce que Tomson Highway avait décrit dans son roman était fondé sur sa réalité.

Dans cette autobiographie, il délaisse le surnaturel et nous raconte sa naissance dans un banc de neige, la vie familiale dans un village autochtone près de la frontière du Manitoba et des Territoires du Nord-Ouest (aujourd’hui le Nunavut) et, bien sûr, ses années dans un pensionnat autochtone.

À tous égards, la vie dans ce livre est difficile, mais ce qui en ressort, c’est justement l’éternel émerveillement de Tomson Highway devant la vie.

Il nous raconte la vie du village avec humour, il nous amène dans des parties de pêche et de chasse trépidantes, et il passe rapidement sur les exactions subies au pensionnat. Il nous fait plutôt vivre son amour de sa famille, sa fierté envers son peuple et, surtout, sa passion pour la musique.

Ces deux livres racontent en somme la même histoire, mais il est intéressant de les lire tous les deux pour comprendre la relation entre la réalité et le romanesque.

À lire : Trois polars pour voyager dans le temps

Réjean Grenier a travaillé dans les médias pendant 47 ans, comme journaliste, rédacteur principal à Radio-Canada/CBC, éditeur et propriétaire d’un journal et d’un magazine, et éditorialiste. Il a présenté une chronique littéraire sur les ondes de Radio-Canada pendant cinq saisons. Il est un avide lecteur depuis l’âge de 12 ans. Il a grandi dans un petit village du Nord de l’Ontario où il n’y avait pas de librairie, mais il a rapidement appris où commander des livres. Son type d’ouvrage préféré est le roman puisqu’«on ne trouve la vérité que dans l’imaginaire».

En comité parlementaire, le commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge, a également assuré que «toutes les communautés [de langue officielle] minoritaires» devaient être prises en compte par la loi sur les langues officielles modernisée. 

Photo : Courtoisie

FRANCOPHONIE

Le commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge, s’est exprimé devant le Comité permanent des Langues officielles du Sénat lundi, puis devant celui de la Chambre, mardi. Il a réitéré son impatience quant à l’application de trois décrets  de la nouvelle Loi sur les langues officielles, adoptée en juin 2023.

La source de l’impatience : Le commissaire fait notamment référence à la Partie VII de la loi, qui porte sur le rôle des institutions fédérales et l’épanouissement des communautés de langue officielle en situation minoritaire. Selon lui, les institutions doivent faire une étude d’impact à ce propos.

Le règlement, qui devrait préciser ces points, se fait toujours attendre. «Le temps n’est pas notre ami», a-t-il insisté.

À lire aussi : Langues officielles : des reculs inquiétants dans les institutions fédérales

CANADA

La semaine dernière, le Parti libéral et le Nouveau Parti démocratique (NPD) ont proposé conjointement un projet de loi pour suspendre temporairement la taxe sur les produits et services (TPS) sur certains biens afin de donner du répit aux Canadiens et aux Canadiennes pendant les Fêtes.

Adopté : Ce projet de loi a été adopté jeudi tard dans la soirée jeudi avec l’appui des deux parties. Les conservateurs et le Bloc québécois s’y sont opposés.

L’enjeu : La suspension de deux mois de la TPS prendra effet le 14 décembre. Les produits et services visés sont entre autres des vêtements pour bébés et enfants, des couches, des bancs d’auto, ainsi que des boissons alcoolisées et encore certains produits d’épicerie. Le cout de cette perte de revenus est estimé à 1,6 milliard de dollars.

La seconde partie du projet de loi initial – un chèque de 250 $ envoyés à toutes personnes qui gagnent moins de 150 000 $ par an – n’était pas incluse, puisque les trois partis d’opposition critiquent l’exclusion des ainés.

À lire aussi : L’impopularité des taxes (Chronique)

Marie-Philippe Bouchard a répondu qu’elle «étudiera» la question de la prime aux cadres de CBC/Radio-Canada. 

Photo : Courtoisie TV5

La future présidente-directrice générale de CBC/Radio-Canada, Marie-Philippe Bouchard, a tenu tête aux députés conservateurs à plusieurs reprises devant le Comité permanent du patrimoine canadien, mercredi. Ces derniers l’ont questionnée sur la prime accordée à sa prédécesseuse – Catherine Tait – ainsi qu’à plusieurs cadres de la société d’État.

Ce qu’ils disent : La future PDG a répondu qu’elle «évaluera avec son conseil d’administration» si ces primes seront applicables ou non.

«Je comprends que vous n’êtes pas fermée», lui a lancé le député conservateur québécois Joël Godin. «J’étudierai la question», a simplement répété Marie-Philippe Bouchard.

Depuis qu’il est chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre assure qu’il souhaite «définancer» la CBC. Il a toutefois soutenu que la tête francophone de la société sera épargnée.

Marie-Philippe Bouchard a cependant sous-entendu que les «conséquences sur les services» de Radio-Canada se feraient aussi ressentir.

À Lire : «Presque impossible» de sabrer le financement de CBC sans nuire à Radio-Canada en milieu minoritaire

Le directeur parlementaire du budget (DPB), Yves Giroux, a assuré devant le Comité sénatorial permanent des finances nationales que le budget supplémentaire des dépenses devrait être voté d’ici deux semaines par les parlementaires. La paralysie de la Chambre des Communes risque cependant de l’empêcher.

Ce qu’il a dit : «Les parlementaires ont deux semaines à compter d’aujourd’hui pour approuver le budget supplémentaire de dépenses (B), sinon les ministères devront financer à même leurs propres fonds», a déploré Yves Giroux.

«C’est un problème qu’on signale depuis plusieurs années, a-t-il souligné devant les sénateurs. On vous demande d’approuver des dizaines de milliards sans savoir comment le gouvernement parvient à ces résultats, combien il a dépensé pour une année qui a pris fin il y a huit mois.»

La semaine dernière, la présidente du Conseil du Trésor, la ministre Anita Anand, a déposé une demande de budget supplémentaire de 21,6 milliards de dollars pour financer des programmes liés au logement, aux soins dentaires et le programme national d’alimentation scolaire.

Le montant le plus important (970,8 millions) concerne les ajustements de rémunération des fonctionnaires résultant des conventions collectives.

À lire aussi : Un budget fédéral plus politique que d’habitude

Justin Trudeau se prépare à faire face à la prochaine administration Trump dès janvier 2025. 

Photo : Courtoisie Office of U.S. President Donald Trump

INTERNATIONAL

Donald Trump a menacé lundi d’imposer des tarifs douaniers de 25 % sur les produits canadiens et mexicains importés aux États-Unis. Le futur président américain a précisé qu’ils resteraient en vigueur jusqu’à ce que «les drogues, en particulier le fentanyl, et tous les immigrants illégaux arrêtent cette invasion de notre pays!», a-t-il déclaré sur Thruth Social.

L’unité entre les provinces et le gouvernement fédéral reste essentielle face à ce risque, a déclaré mardi la vice-première ministre canadienne, Chrystia Freeland, à l’issue d’une réunion d’urgence des premiers ministres.

Ce qu’ils disent : Néanmoins, des tensions subsistent, notamment avec le Québec, qui demande des actions concrètes pour sécuriser les frontières et limiter l’immigration illégale.

Les premiers ministres provinciaux ont globalement critiqué l’inaction du gouvernement fédéral et demandé des mesures urgentes pour sécuriser la frontière, lutter contre le trafic de drogues et d’armes, et protéger l’économie.

En Ontario, Doug Ford a appelé Ottawa à une approche proactive, tandis que Wab Kinew au Manitoba et Danielle Smith en Alberta ont insisté sur des investissements dans la sécurité et l’application de la loi.

Les partis d’opposition ont également réclamé un plan concret pour protéger les secteurs économiques stratégiques et diversifier les échanges commerciaux, afin de limiter l’impact des tarifs prévus.

L’émotion était palpable parmi les députés et sénateurs acadiens réunis au Parlement d’Ottawa, le 27 novembre, lors du lancement de l’Association acadienne des parlementaires du Canada (AAPC). Celle-ci verra officiellement le jour le 11 février 2025.

Dans un rapport, commandé par plusieurs parlementaires acadiens et présenté cet été dans le cadre du Congrès mondial acadien, deux chercheurs, Rémi Léger et Michelle Landry, ont conclu que le pouvoir politique acadien avait besoin d’une représentation accrue.

À lire aussi : Quoisse t’en penses : l’identité acadienne et la langue française sur la table (Le Courrier de la Nouvelle-Écosse)

Un statut particulier pour les Acadiens

L’AAPC a pour objectif principal de faire reconnaitre le peuple acadien «comme une minorité nationale, avec un statut particulier au sein de la Fédération canadienne», a déclaré le sénateur acadien néoécossais Réjean Aucoin, lors de l’annonce.

En entrevue avec Francopresse, ce dernier explique que l’AAPC a été créée pour répondre à un manque.

Le sénateur Réjean Aucoin est coprésident intérimaire de l’AAPC, avec Chris d’Entremont. 

Photo : Inès Lombardo – Francopresse

«On n’était pas nécessairement réunis en groupe. On ne se concertait pas toujours sur des dossiers touchant l’Acadie. Et ce n’est pas juste qu’on ne se consultait pas, c’est qu’il n’y avait pas de mécanisme pour se consulter sur des dossiers, des projets de loi qui auraient touché l’Acadie.»

«Le constat que nous avons fait, c’est qu’il y a peut-être un manque de concertation et de vision commune sur les priorités que nous devrons mettre de l’association. Un de ses objectifs de travail, c’est de prioriser, d’identifier là où on peut intervenir davantage pour renforcer le pouvoir politique du peuple acadien», appuie le sénateur acadien du Nouveau-Brunswick René Cormier.

Il assure que ce sont davantage les provinces de l’Atlantique qui sont la priorité. «Ce sont là que sont les institutions et les établissements qui permettent d’ancrer le pouvoir politique du peuple acadien.»

À lire aussi : Le potentiel inexploré de l’économie acadienne

«Solitude» des Acadiens en politique

Dans son discours, Darrell Samson, député acadien néoécossais, a exprimé la «solitude» d’être un élu acadien.

René Cormier évoque de son côté «une grande responsabilité mise sur les épaules».

«Comment assumer mes responsabilités, comment travailler avec la société civile? C’était des questions qui m’animaient dès mon arrivée au Sénat, il y a huit ans, puis en fait, c’était vraiment aussi ce qui me motivait à échanger avec mes collègues pour dire : “Est-ce qu’il ne faudrait pas qu’on crée une association?”»

Des ponts transpartisans au Canada et à l’international

L’association ne souhaite toutefois exclure aucun parlementaire, quel que soit son parti.

L’un des souhaits du sénateur néobrunswickois René Cormier est que l’association «fasse en sorte que la société civile acadienne soit davantage mobilisée et concertée autour de priorités communes». 

Photo : Inès Lombardo – Francopresse

«On s’est toujours dit qu’on travaillerait sur ce qui fait consensus au sein de l’association, puisqu’on ne veut pas que des barrières partisanes viennent entraver nos travaux. C’est absolument déterminant», affirme le sénateur Cormier.

Le député conservateur et vice-président de la Chambre des Communes, Chris d’Entremont, admet que la non-partisanerie pourrait être parfois «difficile», mais finit par nuancer : «On essaie d’avoir la discussion et de voir ce qu’on peut supporter, comment on va travailler ensemble.»

Au-delà des partis, l’AAPC tendra à rassembler tous les parlementaires canadiens, quelles que soient leurs origines.

«Il n’y a pas d’examen sanguin, vous n’êtes pas obligé d’être un Boudreau, Gallant, Cormier ou Thériault pour rejoindre cette association. Ce message-là est fondamental si nous voulons réussir à travailler ensemble et surtout à reconnaitre la contribution de tout le monde à ce grand projet», a assuré René Cormier, ému, lors de l’annonce.

«Je pense qu’il y a là matière, pas seulement pour l’avenir du peuple acadien, mais pour l’avenir de notre pays. Je pense qu’on est dans une époque où on doit reconnaitre toute la diversité du Canada», a-t-il ajouté en entrevue avec Francopresse.

«Même si je connaissais Darrell [Samson] du Parti libéral, ce n’était pas évident comment vraiment nous parler, de supporter des projets de loi fédéraux, comment parler à la société civile», affirme le député conservateur Chris d’Entremont, sur le sentiment de solitude d’être un élu acadien. 

Photo : Inès Lombardo – Francopresse

L’AAPC aspire également à faire connaitre l’Acadie aux parlementaires anglophones, «mais aussi aux nouveaux arrivants et à ceux et celles qui ont moins la chance de côtoyer des Acadiens et des Acadiennes», poursuit le sénateur. «Je pense que c’est une occasion de faire ces ponts avec eux.»

L’organisation cherche aussi à s’étendre au-delà des frontières canadiennes. Elle est notamment en contact avec des parlementaires français, souligne René Cormier.

Dès qu’un nouvel arrivant pose le pied sur le sol canadien, une réalité complexe l’attend : la nécessité de maitriser un système financier où les notions de crédit, de cote de crédit, d’épargne et de fraude bancaire peuvent rapidement devenir un casse-tête.

Dans son pays, Bintou Ahouéfa* confiait son argent à une structure de microfinance et s’appuyait sur la tontine. Des habitudes loin des pratiques de l’Occident.

Qu’est-ce qu’une tontine?

Il s’agit d’une association collective de petits épargnants qui mettent en commun des fonds pour une période librement déterminée.

Par exemple, cinq personnes créent une tontine où elles versent 300 $ chacune par mois. Chaque mois et à tour de rôle, une des membres reçoit la totalité du 1500 $. Ceci donne un accès ponctuel à une somme importante d’argent sans passer par une institution financière ou avoir accès au crédit.

Ce système d’épargne – très populaire dans de nombreuses cultures d’Afrique subsaharienne – repose sur la confiance entre les participants.

À lire aussi : Plus d’appui nécessaire pour l’intégration des enseignants d’Afrique subsaharienne

La tortueuse question du crédit

Installée en Ontario depuis quelques mois, Bintou Ahouéfa poursuit son processus d’intégration non sans difficulté.

Zineb Norry insiste sur l’importance d’une littératie financière solide pour aider les nouveaux arrivants à éviter les pièges de l’endettement et des fraudes bancaires. 

Photo : Courtoisie

«J’ai obtenu quelques renseignements sur la carte de crédit avant d’arriver au Canada. Malgré mes recherches dans les différents forums de discussion et sur des plateformes telles que YouTube, je n’ai toujours pas compris ce qu’était une cote de crédit», explique la trentenaire.

«J’ai été très surprise, dit-elle, lorsque je suis allée poser ces questions à un agent de ma banque qui a plutôt insisté sur les points» qui permettent, une fois accumulés, d’obtenir des récompenses pour les détenteurs de cartes de crédit de certaines banques.

Le crédit est l’un des besoins prioritaires des nouveaux arrivants au Canada. «Pour la location d’un logement, les propriétaires et les agences demandent souvent une vérification du crédit. Il en va de même pour la téléphonie et Internet», explique la vice-présidente régionale Mauricie et Centre-du-Québec de la Banque Nationale du Canada (BNC), Zineb Norry.

Fraude bancaire

Au quotidien, «la méconnaissance des subtilités du système bancaire canadien conduit à des erreurs qui peuvent s’avérer couteuses, ou exposer les immigrants à des fraudes», remarque Zineb Norry.

Certains immigrants apprennent à leurs dépens que la carte de crédit reste un outil à manier avec prudence. C’est le cas de Sébastien Fotsing à Gloucester, en Ontario.

Sa nouvelle carte de crédit a été livrée à son ancienne adresse. Sa banque l’a plus tard prévenu que celle-ci avait été utilisée chez un réparateur automobile.

«J’ai fait une déclaration à la police qui a mené des investigations à l’issue desquelles j’ai été blanchi de tout soupçon», se réjouit aujourd’hui Sebastian Fotsing. Il croit que la preuve de changement d’adresse demandée quelques semaines plus tôt auprès de Postes Canada l’a sauvé.

Si le père de famille a eu la chance de se voir attribuer une nouvelle carte, sans pénalités, Mariama Aboul Atchang a pour sa part vu ses comptes bancaires bloqués il y a quelques semaines à cause «d’une opération frauduleuse».

«En ouvrant l’application de ma banque, j’ai constaté avoir été débité à hauteur de 341 $ par une tierce personne au nom de “Parc Omega”. J’ai essayé de joindre le parc en question, sans succès», explique-t-elle.

Même si Mariama Aboul Atchang a désormais à nouveau accès à son compte, la banque poursuit l’enquête «afin de savoir s’ils vont me restituer les fonds, ou pas», conclut-elle.

Hameçonnage et fausses offres d’emploi

Un sondage réalisé par la société financière Interac indique que 70 % des nouveaux arrivants se sentent «plus susceptibles d’être victimes de fraudes financières que le reste de la population». De plus, 53 % des répondants déclarent qu’eux-mêmes ou un membre de leur famille ont été victimes de fraude.

L’hameçonnage, les fausses offres d’emploi et les individus se faisant passer pour des fonctionnaires sont les principales techniques employées pour tromper les immigrants.

À l’échelle de la population canadienne, les fraudes ont causé des pertes estimées à 530 millions de dollars en 2022 par le Centre antifraude du Canada (CAFC).

Éducation économique et à l’épargne

Pour l’experte-conseil en littératie et en éducation économique Carole Freynet-Gagné, l’éducation des immigrants aux questions de gestion du budget, d’épargne, d’impôts et d’assurances doit se faire rapidement.

Raya Avazova propose en Colombie-Britannique des conseils financiers essentiels pour une meilleure intégration des nouveaux arrivants. 

Photo : Le Relais francophone de la Colombie-Britannique avec autorisation

«La littératie financière est un facteur important d’intégration au sein de la communauté. À mon avis, la protection du patrimoine doit faire partie des priorités du nouvel arrivant. Il y a ensuite l’employabilité et même l’entrepreneuriat.»

À New Westminster, Le Relais francophone de la Colombie-Britannique, un organisme d’aide à l’intégration des immigrants, insiste sur plusieurs aspects de la littératie financière, surtout le paiement des impôts et l’épargne.

«Parmi les nouveaux arrivants dans la province, il y a des réfugiés, très souvent des personnes âgées, qui n’ont pas mis assez d’argent de côté pour leur retraite. Il est alors important pour eux de bien gérer leurs épargnes», explique l’agente d’établissement, Raya Avazova.

À l’en croire, les immigrants s’intéressent particulièrement à l’investissement dans l’éducation de leurs enfants.

À travers les ateliers que Raya Avazova anime, les nouveaux arrivants apprennent par exemple qu’ils peuvent bénéficier de réduction d’impôts en épargnant pour les études postsecondaires de leurs enfants. «Le gouvernement britannocolombien encourage une telle démarche», explique-t-elle.

Raya Avazova encourage les nouveaux arrivants à consulter des conseillers financiers, «qui proposent souvent gratuitement des conseils sur l’épargne-retraite, les types de comptes bancaires, le crédit, etc.».

Ces professionnels, souvent liés à des compagnies d’assurance, intègrent ces échanges dans une démarche visant à présenter leurs produits.

À lire aussi : Les employeurs francophones pourraient regretter le resserrement de l’immigration temporaire

Enseigner la littératie financière aux plus jeunes

Passionnée par l’éducation financière, Carole Freynet-Gagné aide les jeunes francophones du Manitoba à comprendre les bases de la finance pour favoriser leur intégration et leur autonomie économique. 

Photo : Apprentissage Illimité, avec autorisation

Carole Freynet-Gagné, PDG et directrice du développement Apprentissage Illimité, un éditeur de ressources éducatives et littéraires, à Winnipeg, a créé le programme «Bons comptes, bons amis» afin d’initier les jeunes élèves francophones au système financier du pays et à la gestion de leur patrimoine.

«Quand les jeunes arrivent à l’adolescence, ils ont déjà accès à l’argent, mais ils n’ont pas encore accès à la connaissance. Nous nous sommes dit qu’il fallait commencer très tôt, en lien avec la famille.»

Le programme est enseigné dans certaines écoles francophones de provinces canadiennes, «pour préparer les jeunes, y compris ceux issus de l’immigration, à une citoyenneté engagée et responsable», conclut-elle.

* Le nom a été modifié pour des raisons de sécurité et de confidentialité.

Depuis que ces initiatives ont été annoncées, les commentaires négatifs fusent de toutes parts. On dénonce une manœuvre électoraliste indécente, injuste et improvisée qui ne cible pas les bonnes personnes.

Les personnes qui n’ont pas travaillé en 2023, comme les personnes retraitées, et celles qui n’achèteront pas de produits visés par le congé de taxe ne bénéficieront pas de la «pause de la TPS» (taxe sur les produits et services), qui sera en vigueur du 14 décembre 2024 au 15 février 2025.

Par contre, les personnes qui gagnent un bon revenu profiteront de cette pause et recevront aussi, pour la plupart, le chèque promis.

Plusieurs se demandent s’il est pertinent d’envoyer un chèque à des personnes bien nanties. Le montant maximal de 150 000 $ – après impôts – fait sourciller bien des gens. Pourquoi n’est-il pas de 100 000 $ par exemple?

Environ 1,6 million de personnes ayant un emploi gagnent entre 100 000 et 150 000 $ par année au Canada. Le gouvernement économiserait ainsi un demi-milliard de dollars.

Enfin, cette décision est annoncée tardivement, alors que le temps des Fêtes est à nos portes. Les entreprises auront-elles le temps de s’ajuster d’ici l’entrée en vigueur du congé de TPS? Les personnes qui aiment les décorations de Noël pourront-elles attendre jusqu’au 14 décembre pour acheter leur sapin?

Des chèques attendus par nombre de ménages

Malgré tous ces reproches, on ne sent pas une révolte de fond au sein de la population.

Le temps des fêtes est toujours une des périodes de l’année difficile financièrement pour plusieurs personnes.

Si la question du cout de la vie est réellement préoccupante pour bien des gens, ce que les sondages semblent indiquer, l’annonce serait le coup de pouce financier tant attendu de la part de ce gouvernement.

Trudeau n’est pas le premier à manifester de la générosité

En octobre, le premier ministre conservateur de l’Ontario, Doug Ford, annonçait qu’il prolongeait la réduction de la taxe provinciale sur l’essence et qu’il enverrait un chèque de 200 $ à tous les Ontariens et Ontariennes, peu importe leur âge, leur situation d’emploi et leurs revenus.

Si vous voulez profiter du congé de TPS pour acheter votre sapin de Noël, il faudra attendre jusqu’au 14 décembre. 

Photo : Daeun Kim – Unsplash

Le premier ministre du Québec, François Legault, relativement centriste, a lui aussi remis des chèques de 200 $ (ou 275 $ pour les personnes seules), comme il l’avait promis en 2021. En Saskatchewan, le premier ministre Scott Moe a envoyé des chèques de 500 $ en 2022.  Les deux premiers ministres seront éventuellement réélus.  Notons aussi la réduction de la taxe sur les carburants en Alberta et au Manitoba.

Est-il surprenant de voir des gouvernements d’idéologie différente proposer des mesures fiscales similaires? À première vue, oui.

Les partis de droite préfèrent des États qui n’interviennent pas beaucoup dans la vie de tous les jours et, donc, qui taxent peu. En revanche, les partis plus à gauche mettent l’accent sur des services publics généreux, ce qui requiert de percevoir plus de revenus auprès des contribuables.

De voir des chefs conservateurs, comme Pierre Poilievre ou Doug Ford, vouloir réduire les taxes et impôts n’est donc pas surprenant. Ce qui l’est plus, c’est d’observer un comportement similaire de la part de Justin Trudeau et de Jagmeet Singh.

Effectivement, étant minoritaires à la Chambre des Communes, les libéraux ont besoin du soutien d’au moins un autre parti pour que leurs initiatives puissent être adoptées. Le Nouveau Parti démocratique semble plus qu’heureux d’appuyer les deux mesures fiscales que viennent d’annoncer les libéraux.

À lire : Un budget fédéral plus politique que d’habitude

Avons-nous atteint un seuil d’imposition trop élevé?

Si nous avions atteint un seuil d’imposition trop élevé, nous comprendrions pourquoi les partis politiques, peu importe leur idéologie, appuient l’idée de réduire la charge fiscale des contribuables canadiens.

Mais les données nous montrent que ce n’est pas le cas. La population canadienne n’est ni la plus taxée ni la moins taxée de la planète.

Si on compare le Canada à l’ensemble des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) par exemple, on constate que notre fardeau fiscal correspond à la moyenne de celui des contribuables des autres pays.

Par contre, il existe très certainement une méfiance envers les impôts et les taxes depuis très longtemps au pays. À un point tel que même le Parti libéral du Canada a refusé la plupart du temps d’augmenter les impôts lorsqu’il était au pouvoir. Même s’il créait de nouveaux programmes sociaux.

Toutefois, cette méfiance envers les impôts et les taxes a été remise en question par Justin Trudeau lui-même. Lors de la campagne électorale de 2015, il promettait de baisser les impôts de la classe moyenne, mais d’augmenter ceux des mieux nantis. Une promesse qu’il a rapidement concrétisée.

Cette décision a été importante, car elle a attiré l’attention sur la question de la redistribution du fardeau fiscal. En d’autres termes, il faut se demander qui doit financer les services publics. À l’époque, le premier ministre laissait entendre que si on veut s’offrir des programmes publics, il faut réfléchir à leur financement.

Malheureusement, ce message n’a été que de très courte durée. Par la suite, surtout depuis le départ de son ministre des Finances Bill Morneau, le gouvernement libéral s’est lancé dans la création de grands programmes (soins dentaires, assurance médicaments, construction de logements sociaux, etc.) sans aborder la question de leur financement.

Il y a bien eu quelques tentatives timides, comme l’augmentation du taux d’imposition sur le gain de capital, annoncée dans le dernier budget libéral, mais le gouvernement fédéral ne les présente jamais avec grandes convictions.

À lire : Budget 2024 : les riches paieront les nouvelles dépenses d’Ottawa

Pourquoi le gouvernement ne s’est-il pas aventuré dans cette réflexion?

L’annonce du congé de TPS et l’envoi de chèques offrent une réponse. C’est tout simplement parce que les gens préfèrent les baisses d’impôts et les congés de taxes plutôt que d’amorcer une véritable discussion collective sur le financement des services publics.

Je ne vois pas d’autres raisons qui expliqueraient l’unanimité des différents partis à applaudir les cadeaux fiscaux, même si cela met à mal la viabilité financière de nos services publics.

Ainsi, avant de reprocher aux gouvernements leurs comportements électoralistes, demandons-nous pourquoi ils pensent que cette stratégie est payante politiquement.

Geneviève Tellier est professeure à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa. Ses recherches portent sur les politiques budgétaires des gouvernements canadiens. Elle commente régulièrement l’actualité politique et les enjeux liés à la francophonie dans les médias de tout le pays.

Ce sont 35 % des immigrants francophones qui quittent le Canada dans les cinq ans suivant leur arrivée, fait valoir le rapport d’étude du Conference Board of Canada, publié par l’Institut pour la citoyenneté canadienne (ICC) le 15 novembre.

«Lorsque nous comparons les taux de migration subséquente des francophones, des anglophones et des allophones, nous constatons que les francophones et les anglophones sont les plus susceptibles de partir au bout de deux ans plutôt qu’au bout de cinq ans», souligne le document.

À lire : Ottawa réduit l’immigration permanente, mais augmente sa cible francophone

Taux de migration subséquente

Selon le rapport, le terme «migration subséquente» décrit le processus par lequel les immigrants quittent le Canada pour s’établir ailleurs.

Un décalage «beaucoup plus grand» pour les francophones

Le fait que les données se terminent en 2020 «limite le rapport», observe la professeure agrégée en géographie à l’Université d’Ottawa et spécialiste en immigration canadienne, Luisa Veronis.

La dernière cohorte d’immigrants prise en compte dans les données va en fait jusqu’à 2021, indique l’Institut : «Il s’agit des personnes immigrantes qui ont payé leurs derniers impôts en 2021.»

«Les immigrants investissent beaucoup plus en venant ici que ce que nous on investit en eux», estime Luisa Veronis. 

Photo : Courtoisie Université d’Ottawa

«Avant cela, le Canada n’avait pas tant investi [en immigration francophone, NDLR]», nuance Luisa Veronis.

Un fait qui, prévient-elle, la met «mal à l’aise pour tirer de grandes conclusions pour les francophones, qui ont reçu beaucoup plus d’argent depuis».

Les initiatives se sont effectivement multipliées depuis 2021 pour les francophones, avec la hausse des cibles d’immigration malgré une baisse des taux généraux de délivrance des résidences permanentes; le projet pilote pour les étudiants internationaux francophones; le projet pilote pour les communautés francophones accueillantes, etc.

Si le rapport conclut, avec ses données datant de 2021 tout au plus, que le Canada perd un tiers de sa population immigrante francophone après cinq ans, le phénomène aurait été particulièrement prononcé en Ontario et au Québec.

En Ontario, l’une des causes mentionnées dans le rapport serait une faible rétention des immigrants francophones.

Luisa Veronis a interrogé des immigrants francophones de partout au pays de 2015 à 2020 qui ont expliqué que ce que le gouvernement fédéral leur avait vendu n’était «pas ce qu’ils avaient trouvé».

«Il y a toujours un décalage, [immigrer] n’est pas exactement comme le rêve qu’on imaginait. Mais je crois que pour les francophones, il y avait un décalage qui était beaucoup plus grand.»

À lire : Quel bilan pour les communautés francophones accueillantes?

Selon une étude, les francophones quittent davantage le Canada que les anglophones et les allophones. 

Photo : Statistique Canada

Le sentiment d’appartenance : un facteur majeur de rétention

Le rapport de l’ICC rappelle que «des études révèlent que les immigrants qui s’établissent dans une communauté de langue officielle en situation minoritaire ont plus de chances de rester et les immigrants francophones citent la présence de communautés minoritaires francophones comme un facteur important les motivant à rester».

L’une des études à laquelle Luisa Veronis a participé pour le compte de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) appuie les dires du rapport : les immigrants francophones qui restent sont ceux qui ont trouvé une communauté.

L’un des immigrants participant aux discussions dans le cadre de l’étude de le FCFA rapporte : «J’ai trouvé une communauté qui vous donne une place à l’implication. Chaque fois, soit on est venu me chercher, soit j’ai frappé à une porte et elle m’a toujours été ouverte pour m’impliquer. Donc, comment se fait cette implication? C’est d’abord par le partage des savoirs. Chacun de nous a quelque chose en plus qu’il partage soit par la télévision, soit par la radio, soit par des conférences, soit par des tables rondes, ainsi de suite. Deuxième implication, c’est au niveau du développement communautaire.»

Toutefois, des expériences d’exclusion ont été mentionnées. «Certains participants ont expliqué que leur sentiment d’appartenance variait d’un espace à l’autre.»

Par exemple, des immigrants récemment arrivés et appartenant à une minorité racisée ont dit se sentir traités différemment, avec plus d’exigence que les autres, dans certains espaces, notamment professionnels.

«Ils nous disaient qu’ils étaient dupés, déplore Luisa Veronis. Et c’était très difficile pour eux de trouver de l’emploi. Beaucoup n’avaient pas l’anglais.»

À lire : Immigration francophone : bien s’outiller pour un meilleur accueil

Effet de la conjoncture économique

Pour la chercheuse, la conjoncture économique reste aussi une cause des départs.

Malgré le fait que les immigrants francophones sont désormais mieux outillés à propos de l’utilisation du français au Canada à l’extérieur du Québec, «le souci reste le cout de la vie, le cout du loyer, trouver un emploi, tout ça est beaucoup plus difficile, donc ce sera à voir», analyse-t-elle.

Les immigrants africains sont particulièrement désavantagés. «Peut-être qu’ils partent après un an parce qu’ils n’ont pas le revenu qu’ils espéraient, ils ne trouvent pas l’emploi et ils ont brulé leurs économies. Ils croyaient au rêve nord-américain.»

«Je n’ai aucune intention d’inviter le leadeur du [Parti conservateur du Canada] à faire campagne avec moi», a affirmé haut et fort le premier ministre néoécossais, Tim Houston, début novembre. Il ne considère pas avoir besoin de Pierre Poilievre en Nouvelle-Écosse pendant sa campagne électorale.

«Le Parti conservateur du Canada est un parti complètement différent, avec son propre leadeur, a-t-il assuré. Je ne suis pas membre de ce parti.»

Tim Houston a rappelé qu’il n’y avait pas d’équivalent fédéral du Parti progressiste-conservateur de la Nouvelle-Écosse. Il met l’accent sur la partie progressiste de son parti.

À lire aussi : Le Parti conservateur, 20 ans après la fusion

Le Parti conservateur «moins chaleureux» envers les immigrants

«Tim Houston sait qu’il y a un certain conservatisme ici, en Nouvelle-Écosse, qui ne reflète pas certains des messages fondamentaux que Pierre Poilievre discute au niveau fédéral», note le professeur agrégé au Département des études en développement international à l’Université Dalhousie, à Halifax, Robert Huish.

«Il y a eu énormément de travail ici pour améliorer l’accès à la santé, notamment, pour essayer d’augmenter le nombre de médecins qui viennent de l’étranger. Le gouvernement [provincial] tente d’améliorer la capacité de soins de santé à travers l’immigration.»

À lire aussi : Nouvelle initiative pour faciliter l’intégration des médecins formés à l’étranger en Nouvelle-Écosse (Le Courrier de la Nouvelle-Écosse)

Je crois savoir que M. Poilievre est bien moins chaleureux pour accueillir des immigrants.

— Robert Huish

Les plus récentes promesses de Pierre Poilievre parlent effectivement d’un calcul mathématique pour que la croissance de l’immigration suive celles des logements, des emplois et des soins de santé, par exemple.

Robert Huish souligne aussi que les progressistes-conservateurs de la province pourraient plutôt «être confondus avec des partis plus libéraux du pays».

Le gouvernement de Tim Houston a une bonne relation avec les entreprises davantage tournées vers «une marque plus libérale», affirme-t-il.

Une réalité provinciale peu comprise à Ottawa

Certains programmes fédéraux ont affecté le niveau de vie des Néoécossais, notamment la tarification carbone. La hausse annuelle pour 2024, qui se chiffre à 15 $ par tonne de carbone émise, est entrée en vigueur le 1er avril dernier.

Le professeur Robert Huish assure que la Nouvelle-Écosse «n’a jamais connu» une situation locative aussi compliquée. 

Photo : Courtoisie

«Il y a eu énormément de travail ici pour améliorer l’accès à la santé, notamment, pour essayer d’augmenter le nombre de médecins qui viennent de l’étranger. Le gouvernement [provincial] tente d’améliorer la capacité de soins de santé à travers l’immigration.»

À lire aussi : Nouvelle initiative pour faciliter l’intégration des médecins formés à l’étranger en Nouvelle-Écosse (Le Courrier de la Nouvelle-Écosse)

«Je crois savoir que M. Poilievre est bien moins chaleureux pour accueillir des immigrants», remarque le professeur Huish.

Les plus récentes promesses de Pierre Poilievre parlent effectivement d’un calcul mathématique pour que la croissance de l’immigration suive celles des logements, des emplois et des soins de santé, par exemple.

Robert Huish souligne aussi que les progressistes-conservateurs de la province pourraient plutôt «être confondus avec des partis plus libéraux du pays».

Le gouvernement de Tim Houston a une bonne relation avec les entreprises davantage tournées vers «une marque plus libérale», affirme-t-il.

Une réalité provinciale peu comprise à Ottawa

Certains programmes fédéraux ont affecté le niveau de vie des Néoécossais, notamment la tarification carbone. La hausse annuelle pour 2024, qui se chiffre à 15 $ par tonne de carbone émise, est entrée en vigueur le 1er avril dernier.

Quelques jours avant, le premier ministre de la province avait envoyé au gouvernement de Justin Trudeau un plan détaillé pour une alternative à la taxe carbone du fédéral.

Cette hausse du prix du carbone s’est superposée à une hausse des loyers jamais enregistrée en Nouvelle-Écosse. Le prix d’un appartement de deux chambres à Halifax a augmenté de 11 % en 2023.

Un rapport de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) de janvier 2024 affirmait également que la croissance du prix moyen des loyers atteignait un sommet record de 8 % dans tout le pays.

C’est quelque chose que la province n’a jamais vu avant, d’avoir tellement de gens sans logement dans la province au cours des dernières années. Sans aucune coopération provinciale fédérale sur des programmes qui aident à réguler cela, si c’est une sorte d’assistance vers le contrôle du loyer ou de la construction, il est probable que ces problèmes continuent en Nouvelle-Écosse.

— Robert Huish

À lire aussi : Face à la crise : réinvestir le logement social et abordable

Enjeux francophones

Côté francophonie, certains dossiers restent chauds en Nouvelle-Écosse, selon Guillaume Deschênes-Thériault, candidat au doctorat en science politique à l’Université d’Ottawa. En première ligne, l’immigration francophone.

Pour «retrouver le chemin de la croissance» après une baisse du poids démographique des francophones de 2,1 points de pourcentage entre 1971 et 2021, une cible au-dessus de 10 % serait indispensable, entrevoit-il.

«Ce n’est pas nécessairement pour permettre un rattrapage, nuance le chercheur. À moyen terme, il faudrait des cibles encore plus importantes, mais je pense que dans le cas de la Nouvelle-Écosse [il faudrait] au moins une échelle entre 10 et 20 % [d’immigration francophone].»

Redécoupage électoral

Par ailleurs, les francophones attendent aussi de voir quand la Commission de délimitation des circonscriptions de la province mettra en œuvre le jugement de la Cour suprême de la Nouvelle-Écosse, rendu mercredi dernier.

La Cour a donné raison à la Fédération acadienne de la Nouvelle-Écosse (FANE), qui demandait la redéfinition des frontières électorales sur l’ile du Cap-Breton, pour prendre en compte la communauté acadienne.

Pour Guillaume Deschênes-Thériault, le jugement de la Cour suprême de la Nouvelle-Écosse relatif à la circonscription protégée de Chéticamp est «positif». 

Photo : Courtoisie

Trois autres circonscriptions acadiennes ont un statut spécial dans la province : Argyle, Clare et Richmond.

«Si on regarde la participation électorale des Acadiens, ça a un impact parce que les Acadiens votent plus que la moyenne provinciale», souligne Guillaume Deschênes-Thériault.

«Dans les deux élections où les circonscriptions acadiennes étaient abolies [en 2013 et 2017, NDLR], le taux de participation chez les Acadiens avait diminué. Donc on peut faire un lien entre la présence de la circonscription acadienne protégée et la participation électorale des Acadiens de la Nouvelle-Écosse.»

La Commission de délimitation des circonscriptions de la province doit rendre son plan de redécoupage d’ici 20 mois. Les élections provinciales du 26 novembre ne sont pas concernées par ce redécoupage.

À lire aussi : La lutte pour une circonscription de la région de Chéticamp se poursuit (Le Courrier de la Nouvelle-Écosse)

Le présent texte fait suite à l’article : Le captage du carbone, comment ça fonctionne?

Le chercheur Martin Brouillette estime que les technologies de capture du CO2 font partie des solutions indispensables pour atteindre la neutralité carbone. 

Photo : Courtoisie

«Ce n’est pas un caprice technologique ou un prétexte pour ne pas réduire les émissions. On a besoin de retirer du CO2 de l’atmosphère, car on a déjà trop émis de carbone», amorce le professeur à la Faculté de génie de l’Université de Sherbrooke, Martin Brouillette.

«Même si tous les pays arrêtaient de bruler des combustibles fossiles et que tout le monde roulait en voiture électrique, ça resterait insuffisant pour limiter le réchauffement et atteindre les objectifs de l’Accord de Paris», ajoute le chercheur.

L’analyste de recherche principal sur le secteur de l’énergie pour l’Institut Pembina, Matt Dreis, partage cet avis : «Le captage est l’un des outils utiles parmi toutes les solutions dont on dispose, en particulier dans les industries lourdes, comme celle du ciment, où il n’y a pas d’autres options, car les possibilités d’électrification sont limitées.»

Les températures très élevées et la vapeur nécessaires à l’industrie lourde sont en effet difficiles à produire à l’aide de l’électricité.

Une technologie avancée pour atteindre la carboneutralité

Les grandes institutions intègrent désormais les technologies de captage et de stockage du dioxyde de carbone (CO2) dans leurs scénarios de neutralité carbone.

En avril 2018, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) jugeait que les technologies de captage et de stockage du CO2 étaient indispensables pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C – aux côtés de solutions naturelles, comme la plantation d’arbres et la préservation des sols ou des océans.

Dans un scénario de mai 2021, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) estimait que, pour atteindre la neutralité carbone, les solutions technologiques devaient arriver à capter 1,6 milliard de tonnes (Gt) de CO2 par an d’ici à 2030 et 7,6 Gt à partir de 2050.

Une avenue qui ne fait pas l’unanimité

Le recours au captage et au stockage du CO2 pour lutter contre le réchauffement reste pourtant contesté. Aux yeux des associations environnementales, ces technologies risquent de détourner les industriels de la décarbonation et de retarder la transition vers les énergies renouvelables.

Pour Julia Levin d’Environmental Defence, les technologies de capture du CO2 ne sont pas une solution à la crise climatique : «Ça prolonge au contraire la dépendance aux combustibles fossiles.» 

Photo : Courtoisie

«Ce n’est pas une solution à la crise climatique. Ça prolonge au contraire la dépendance aux combustibles fossiles et l’industrie utilise ces technologies pour continuer à augmenter la production de pétrole et de gaz», estime la directrice associée et responsable des dossiers climatiques de l’organisme Environmental Defence, Julia Levin.

Elle voit carrément dans la captation du CO2 une «tactique de retardement» de la part de l’industrie pétrolière et gazière canadienne pour ne pas agir sur le front climatique. «Les entreprises ne se soucient pas vraiment de savoir si la technologie va décoller. Certains projets n’ont jamais été conçus pour être fonctionnels. C’est juste du verdissement d’image.»

Dans un rapport publié en novembre 2023, l’AIE a elle-même reconnu que les sociétés pétrolières et gazières doivent commencer à «abandonner l’illusion» selon laquelle la capture de quantités «invraisemblables» de CO2 est la solution à la crise climatique mondiale.

Les opposants craignent par ailleurs d’éventuelles fuites de CO2 lors du transport ou du stockage. «Lorsque le carbone est emprisonné sous terre, il y a notamment un risque d’infiltration dans des aquifères destinés à l’eau potable», relève Julia Levin, qui regrette le manque de règlementation en la matière au Canada.

Dans son rapport sur l’éthique de la géo-ingénierie, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) appelle également à une évaluation approfondie des implications éthiques, sociales et culturelles de la capture et de la séquestration du CO2.

À lire aussi : L’eau au Canada : une ressource abondante, mais sous pression

Des défis qui subsistent

Pour espérer atteindre les objectifs de neutralité carbone, fixés par l’AIE, l’industrie de base devra connaitre un changement d’échelle gigantesque.

Matt Dreis de l’Institut Pembina explique que l’Alberta dispose déjà d’un réseau de pipelines étendu pour le transport du CO2. 

Photo : Courtoisie

«Si certaines technologies sont mures, d’autres n’en sont encore qu’au stade de la démonstration ou du prototype», rappelle Étienne Rainville, directeur des relations avec le gouvernement fédéral chez Clean Prosperity, un groupe de réflexion sur l’économie et les changements climatiques.

La question des infrastructures de transport du CO2 est également cruciale. Elle nécessite de véritables efforts de planification pour construire un réseau de pipelines.

«Au Canada, l’Alberta possède pour le moment le plus grand réseau de pipelines, rapporte Matt Dreis. Cette infrastructure existante est d’ailleurs sous-utilisée et pourrait transporter beaucoup plus de CO2

Même chose pour le stockage : repérer un site nécessite des années de travaux et des dizaines de millions de dollars d’investissement. Seules l’Alberta et la Saskatchewan ont pour l’instant réalisé des sondages géologiques complets afin de repérer les meilleurs emplacements sur leur territoire.

À quel prix?

L’évolution du prix du carbone à long terme constitue une autre inconnue, selon Étienne Rainville. L’expert parle d’«incertitude» pour les émetteurs industriels, qui bloque l’avancée des projets.

Aujourd’hui, le prix de la tonne de CO2 sur le marché canadien est «trop bas pour que les projets soient économiquement viables», explique-t-il.

Étienne Rainville, de Clean Prosperity, explique que «l’incertitude» sur le prix du carbone à long terme bloque l’avancée des projets. 

Photo : Courtoisie

Le gouvernement canadien a ainsi créé en 2022 le Fonds de croissance du Canada, doté d’un capital de 15 milliards de dollars. Ce Fonds propose des contrats sur différence qui garantissent aux industriels un prix plancher du carbone pour une décennie ou plus.

En d’autres mots, si la valeur marchande de la capture du carbone tombe en dessous d’un certain prix fixé dans le contrat, le Fonds de croissance paiera la différence.

D’après Environmental Defence, les nouvelles politiques et crédits d’impôt annoncés depuis 2020 par les gouvernements, tant au niveau provincial et territorial que fédéral, se chiffreraient à plus de 55 milliards de dollars en faveur des technologies de capture du CO2.

«C’est un usage incroyablement imprudent de l’argent public. Les compagnies devraient plutôt investir leurs propres bénéfices», considère Julia Levin.

Quoi qu’il en soit, le captage du CO2 n’est qu’une partie de la solution et ne doit pas faire oublier que l’humanité doit avant tout réduire ses émissions de gaz à effet de serre.

À lire aussi : Chacun son rôle pour le climat (Édito)

Le présent texte est le premier de deux articles. À lire aussi : Capter et stocker le carbone : une solution ou une illusion?

Les technologies de captage et de stockage du dioxyde de carbone (CO2) sont de plus en plus présentées comme l’une des solutions à mettre en œuvre pour faire face au changement climatique.

L’Agence internationale de l’énergie (AIE) considère ces procédés comme un outil important pour atteindre la neutralité carbone en 2050, tandis que le gouvernement canadien les soutient.

Ces technologies s’accompagnent cependant de beaucoup d’inconvénients : un cout élevé, une mise en œuvre complexe et une importante consommation d’énergie.

À lire aussi : Combats de chiffres superficiels sur la tarification du carbone (Chronique)

Pour Julia Levin d’Environmental Defence, «les rares projets qui démarrent ne captent qu’une fraction du taux de CO2 promis». 

Photo : Courtoisie

Qu’est-ce que le captage et le stockage du CO2?

Sur le papier, la technologie est simple : il s’agit de piéger ce gaz à effet de serre produit par la combustion de ressources fossiles avant qu’il ne soit émis dans l’atmosphère, puis de le stocker dans le sous-sol sur des temps très longs.

Cette technique peut servir à réduire les émissions des centrales à charbon et à gaz, des raffineries, de la sidérurgie et de la cimenterie, de la chimie et de la pétrochimie. Mais dans le détail, ses différentes étapes – le captage, le transport et le stockage – sont complexes.

Différents procédés permettent de récupérer le CO2. La méthode la plus utilisée consiste à laver les fumées émises par la combustion des ressources fossiles grâce à un solvant (généralement des dérivés de l’ammoniac) qui capte le gaz.

En moyenne, 90 % du CO2 des fumées sont récupérés. Mais cette procédure nécessite des installations qui «sont incroyablement couteuses et [qui] consomment des quantités importantes d’énergie», affirme la directrice associée et responsable des dossiers climatiques de l’organisme canadien Environmental Defence, Julia Levin.

Une technologie couteuse

D’après un rapport de 2023 de l’Université d’Oxford, une décarbonation basée sur le retrait et le stockage du CO2 couterait au moins 30 000 milliards de dollars américains de plus qu’un scénario fondé sur les énergies renouvelables.

Une fois le CO2 récupéré et comprimé, il est acheminé par canalisation, bateau, train ou camion, parfois sur plusieurs centaines de kilomètres, vers un lieu de stockage.

Le CO2 est alors injecté dans le sous-sol, généralement entre 1000 mètres et 2000 mètres de profondeur, dans des zones géologiques adaptées à un stockage à long terme : d’anciens réservoirs d’hydrocarbures, des aquifères salins ou des veines de charbon.

Le CO2 doit être stocké au moins plusieurs centaines d’années, et le site doit être sûr et hermétique, de manière à éviter toute remontée de gaz.

«Comme une éponge»

Une autre voie réside dans la capture directe dans l’air. Plusieurs entreprises développent cette technologie, comme le groupe canadien Carbon Engineering, situé en Colombie-Britannique, ou la jeune pousse québécoise Skyrenu.

Le professeur Martin Brouillette a développé une technique de capture du CO2 directement dans l’air. Il s’agit d’un dispositif modulaire qui peut être déployé n’importe où. 

Photo : Courtoisie

Cette dernière, fondée par une équipe de chercheurs de l’Université de Sherbrooke, a créé une installation ressemblant à cinq conteneurs empilés les uns sur les autres. Chacune de ces machines a une capacité de séquestration de 1000 tonnes de CO2 par an.

«C’est un peu comme une éponge dans laquelle on fait passer de grands volumes d’air avec des ventilateurs et cette éponge-là est spécialement conçue pour retenir le CO2», explique le professeur à la Faculté de génie de l’Université de Sherbrooke, partie prenante du projet, Martin Brouillette.

«Et quand l’éponge est saturée de CO2, on la chauffe avec de la vapeur pour relâcher le CO2, qu’on peut récupérer à haute pureté», poursuit-il. Ce projet de captation est désormais exploité par l’entreprise québécoise Deep Sky et sera installé en Alberta en début d’année prochaine.

Skyrenu a également inventé une technique qui permet de transformer le CO2 en une roche inerte pouvant être enfouie dans le sol.

«La difficulté, c’est de capter le gaz dans l’air, où il est 200 à 300 fois moins concentré que dans les fumées d’installations industrielles», relève Julia Levin. Capturer une tonne de CO2 exige ainsi de filtrer l’équivalent de 800 piscines olympiques.

À lire aussi : Climat : l’IA sous un ciel variable

Où en sont ces technologies au Canada?

Les premières installations de captage remontent aux années 1970 aux États-Unis. Depuis, la filière s’est développée, bien que très lentement.

Ces dernières années, il y a eu une vague de propositions de captage du CO2 au Canada. Mais peu d’entre elles ont obtenu des investissements définitifs. «Même après un feu vert financier, la quasi-totalité des propositions n’aboutit jamais», précise Julia Levin.

Une étude de 2021 a révélé que plus de 80 % des projets tentés aux États-Unis se sont soldés par un échec.

Au Canada, cinq installations – deux en Saskatchewan et trois en Alberta – sont en exploitation à l’échelle industrielle. Elles sont toutes liées aux hydrocarbures, soit à des centrales thermiques ou à gaz soit à des exploitations de sables bitumineux.

En Alberta, les entreprises du secteur des sables bitumineux se sont également regroupées pour proposer un projet de 16,5 milliards de dollars canadiens dans le nord de la province qui, selon elles, les aiderait à réduire à zéro les émissions liées à la production d’ici 2050.

La Colombie-Britannique, l’Ontario et le Québec accueillent par ailleurs des projets en démonstration. Au total, il y en a 23 au Canada.

En mai dernier, la compagnie d’électricité Capital Power a toutefois annoncé qu’elle mettait fin pour des raisons économiques à son projet de capture du CO2 adossé à sa centrale au charbon Genesee, en Alberta.

D’autres installations en activité ont du mal à atteindre les objectifs fixés. Depuis 2015, le projet Quest de Shell, toujours en Alberta, a stocké neuf-millions de tonnes de CO2, mais son taux de captage de 77 % reste inférieur aux 90 % annoncés initialement.

À lire aussi : Dérèglement climatique : les villes canadiennes se mobilisent