le Mardi 11 novembre 2025

FRANCOPHONIE

Raymond Théberge a produit un rapport de suivi pour expliquer que dix institutions fédérales et le Secrétariat du Conseil du Trésor, n’ont que partiellement appliqué ses recommandations de 2020 sur les exigences linguistiques des postes de ces institutions.

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Le premier ministre a étendu sa présence à l’APN, jeudi, pour écouter et répondre aux questions des membres de Premières Nations sur des sujets qui continuent de cristalliser les tensions entre elles et le gouvernement fédéral. 

Photo : Inès Lombardo – Francopresse

CANADA

Jeudi, le premier ministre a participé à une période de questions, avec quatre de ses ministres, lors de l’Assemblée des Premières Nations, qui abordait divers sujets. Mardi, cette dernière a adopté une résolution pour engager une enquête nationale sur le racisme systémique dans les corps policiers.

Interpelé sur la mort de jeunes tués par des policiers, dont neuf en un mois entre aout et septembre 2024, Justin Trudeau a réitéré qu’il souhaitait être là pour «créer un monde où aucune mère ne devra pleurer la mort de son enfant».

Ce qu’ils disent au sujet des violences policières : «Nous ne voulons pas que les erreurs du passé se répètent», a indiqué un chef autochtone.

Au sujet de l’eau potable : «Nous ne pouvons pas continuer de vous permettre de prendre nos ressources et de nous laisser vivre dans la pauvreté», a souligné un des membres de l’Association lors de la période de questions.

Le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, a voté lundi contre la motion de la leadeur du gouvernement à la Chambre des Communes, Karina Gould, qui proposait d’ajourner le débat sur la question de privilège des conservateurs qui paralyse les travaux parlementaires depuis plusieurs semaines.

Ces derniers demandent aux libéraux de leur fournir des documents sur un fonds vert, aboli aujourd’hui, qui aurait mal géré des millions de dollars.

Le NPD ne votera pas pour la motion de censure des conservateurs pour faire tomber le gouvernement Trudeau, lundi prochain. 

Photo : Inès Lombardo – Francopresse

Les finances en jeu : Le gouvernement devrait présenter une mise à jour économique – une tradition lors de la session d’automne, mais qui n’est pas obligatoire – et un budget supplémentaire des dépenses pour faire approuver des réajustements et des dépenses, faute de quoi les ministères devront se serrer la ceinture en 2025.

Avant de voter sur les questions financières, il était nécessaire d’attribuer les quatre journées d’opposition restantes. Le président de la Chambre, Greg Fergus, a attribué deux journées cette semaine et deux autres, lundi et mardi, la semaine prochaine. 

Jeudi a eu lieu le débat sur une motion de censure présentée par les conservateurs et le vote se tiendra lundi. 

Le NPD a déjà prévenu plus tôt cette semaine qu’il voterait contre la motion conservatrice visant à faire tomber le gouvernement.

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La Fédération des Métis du Manitoba (FMM) et le gouvernement canadien ont signé un traité historique reconnaissant l’autonomie gouvernementale des Métis de la rivière Rouge. 

Pourquoi c’est important : Ce traité, basé sur une entente de 2021, établit la FMM comme gouvernement officiel des Métis de la rivière Rouge, lui conférant des pouvoirs législatifs en matière de citoyenneté, d’élections et de gestion des affaires internes.

La prochaine étape est l’adoption d’un projet de loi fédéral pour constitutionnellement protéger ce traité et remplacer l’entente précédente.

 Il s’agit du premier traité d’autonomie gouvernementale signé avec un gouvernement et un groupe métis au Canada, marquant une avancée dans la mise en œuvre des droits à l’autodétermination des peuples autochtones, conformément à la Déclaration des Nations Unies.

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Le chef conservateur a lancé en mêlée de presse, sur la mise à jour économique prochaine du gouvernement : «Est-ce que [la ministre Freeland] cache le contrôle du déficit de l’argent cette année, comme chaque année?» 

Photo : Inès Lombardo – Francopresse

Mercredi, le chef conservateur Pierre Poilievre a proposé à la ministre des Finances, Chrystia Freeland, deux heures de leur journée d’opposition lundi prochain, pour qu’elle puisse présenter la mise à jour économique, généralement déposée à l’automne par le gouvernement fédéral.

Ce qu’ils disent : «Un beau cadeau de Noël pour elle. Mais j’espère que ça ne va pas être la misère pour les Canadiens», a lancé mercredi devant les journalistes M. Poilievre.

La leadeure du gouvernement, Karina Gould, a qualifié l’offre de «jeux politiques». «C’est n’importe quoi avec Monsieur Poilievre », a-t-elle critiqué en mêlée de presse, quelques minutes après la déclaration du chef conservateur. Elle a plutôt demandé de mettre fin au blocage en chambre.

Le Canada doit intensifier ses efforts pour répondre à la crise des 114 millions de personnes déplacées de force dans le monde, estime le Comité sénatorial des droits de la personne dans un rapport publié mardi.

Les conflits en Ukraine, au Moyen-Orient et au Soudan, ainsi que les changements climatiques, sont les principales causes de cette crise sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale.

Une crise internationale : Le fardeau d’accueil est inégalement réparti. Les pays comme l’Iran, la Turquie, l’Allemagne, la Colombie et le Pakistan, reçoivent chacun entre 2,1 et 3,4 millions de réfugiés. En raison de sa géographie, le Canada est moins exposé à ces mouvements massifs, mais peut jouer un rôle plus actif.

Le comité propose 15 recommandations, dont l’augmentation du financement pour les groupes humanitaires et les pays hôtes, ainsi que l’élaboration d’un plan international pour un partage équitable des responsabilités, avec des objectifs précis.

Une centaine de militants de différents organismes, dont Voix juives indépendantes s’est réunie mardi pour bloquer l’accès des députés fédéraux à leurs bureaux. Ils demandent un embargo sur le matériel militaire que le Canada continue de fournir à Israël.

Voix juives indépendantes dénonce le rôle des armes fournies par le Canada dans les crimes de guerre d’Israël, fait appel à la prise de conscience des personnes juives et réclame un embargo sur les armes.

Dans un rapport de 2020, le commissaire aux langues officielles soulignait que les onze institutions fédérales, ont la responsabilité de définir les exigences linguistiques des postes, avec le «même degré de rigueur et d’effort que s’il s’agissait de toute autre qualification essentielle requise pour le poste».

Dans un nouveau document publié le 5 décembre, Raymond Théberge constate que, malgré les efforts déployés par les institutions pour appliquer ses recommandations, ces dernières n’ont été que partiellement ou non mises en œuvre.

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Les 11 institutions concernées

Inégalités entre les institutions

Néanmoins, des disparités importantes subsistent entre les institutions gouvernementales. Certaines offrent des ressources complètes, incluant des politiques détaillées et des outils pratiques pour mettre en œuvre les exigences linguistiques, tandis que d’autres s’appuient uniquement sur des ressources externes, souvent mal comprises.

La consultation des spécialistes en langues officielles reste variable, parfois obligatoire, mais insuffisante dans plusieurs cas, souligne le commissaire.

J’ai […] constaté qu’une seule institution disposait d’un mécanisme pour résoudre les désaccords entre le personnel en langues officielles et les délégataires.

— Raymond Théberge

Dans les autres institutions, c’est le gestionnaire qui décide ultimement des exigences linguistiques d’un poste, même si sa décision est contraire à l’avis du personnel en langues officielles.

De plus, les critères linguistiques restent limités pour les postes de supervision, particulièrement dans les régions bilingues, ce qui est jugé inadapté pour garantir la qualité et l’équité dans les deux langues officielles.

Enfin, la moitié des institutions ne disposent pas des trois éléments clés (politique, procédure, outil) pour évaluer objectivement les exigences linguistiques. Certaines ressources sont obsolètes ou incomplètes, ce qui reflète une mise en œuvre insuffisante des recommandations formulées il y a deux ans.

Les institutions doivent intensifier leurs efforts pour assurer une fonction publique respectant pleinement les obligations linguistiques, conclut le commissaire.

«Nous avons la responsabilité, comme gouvernement et comme ministre, de faire les suivis responsables pour assurer qu’on respecte la Loi sur les langues officielles et qu’on doit implanter cela. Plus tôt que plus tard. Et si c’est un peu tard, on doit se regarder dans le miroir. Ce n’est pas compliqué», a souligné le député néoécossais libéral, Darrell Samson, en entrevue jeudi.

Pas d’évaluation et un manque de suivi des formations

Le commissaire aux langues officielles pointe aussi du doigt le manque périodique d’évaluation des exigences linguistiques des postes au sein des institutions fédérales visées.

Bien que certaines disent effectuer des audits, elles n’ont pas fourni de détails concrets, comme la fréquence des examens ou des documents confirmant ces pratiques.

À ma grande déception, le suivi a révélé que les institutions ont fait très peu pour mettre en œuvre cette recommandation, et ce, bien qu’elles aient eu deux ans pour prendre des mesures.

— Raymond Théberge

Aussi, si la plupart des institutions offrent une formation sur les exigences linguistiques, celle-ci est souvent recommandée et non obligatoire.

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Le Conseil du Trésor applique partiellement les exigences

Le Conseil du Trésor, un des ministères responsables de la mise en œuvre de la Loi sur les langues officielles, n’a pas respecté deux recommandations du commissaire, dont celle de se conformer aux exigences linguistiques auprès «d’intervenants clés», comme les champions aux langues officielles dans les institutions par exemple.

Le Conseil accuse plus de deux ans de retard, malgré l’élaboration d’un plan pour mettre pleinement en œuvre la recommandation d’ici 2025. «En effet, je souhaitais que les politiques et les outils soient révisés dans les deux ans de la publication de mon rapport de 2020, c’est-à-dire avant novembre 2022», rappelle Raymond Théberge.

Les incidences au non-respect de la Loi sont d’une portée considérable, estime-t-il. «Ne pas établir objectivement les exigences linguistiques entrave la capacité d’une institution à fournir des services au public dans les deux langues officielles.»

«Les organismes communautaires nous veulent, mais ils ne savent pas comment favoriser notre implication, comment nous attirer et nous retenir», témoigne le Fransaskois Louis-Pascal Guérette DeVink, scolarisé en 12e année à Saskatoon.

Serge Quinty assure que la FCFA fera un suivi auprès de ses organismes membres pour savoir quelles actions concrètes ils ont entreprises à la suite du Forum. 

Photo : Courtoisie

Pour faire le pont entre les jeunes d’expression française et le réseau associatif, la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA), en partenariat avec la Fédération de la jeunesse canadienne-française (FJCF), a organisé les 28 et 29 novembre un Forum des leaders consacré à l’engagement jeunesse.

Près de 40 organisations et 28 jeunes d’expression française de tout le pays y ont participé.

«On doit développer de nouvelles stratégies pour que les jeunes se reconnaissent et s’engagent dans nos réseaux», insiste le coordonnateur de l’évènement et directeur des communications de la FCFA, Serge Quinty.

À ses yeux, la définition des «enjeux francophones» doit évoluer : «Il ne s’agit pas juste de parler de la défense du français, mais aussi de justice sociale, de changement climatique en français.»

«On doit travailler à mieux cibler nos activités pour répondre plus adéquatement aux besoins des jeunes», abonde dans le même sens la directrice générale de Canadian Parents for French, Nicole Thibault.

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Simon Thériault de la FJCF fait part des inquiétudes économiques de la jeunesse franco-canadienne. 

Photo : Courtoisie

Des préoccupations économiques

Selon les premiers résultats du Baromètre jeunesse réalisé l’été dernier par la FJCF, la hausse du cout de la vie et l’accès à des services en santé mentale et au postsecondaire en français font partie des principales préoccupations des 18-25 ans.

«C’est vraiment accès sur l’économie, ce sont des inquiétudes semblables au reste de la population», observe le président de la FJCF, Simon Thériault.

Le leadeur appelle également les organismes communautaires à adapter leur fonctionnement afin de faciliter la participation de la nouvelle génération. Il évoque des réunions tôt le matin ou le soir, des rencontres en lignes, la mise en place de service de garde pour les parents, des possibilités de covoiturage pour celles et ceux qui n’ont pas de voiture.

«Nous devons optimiser nos façons de faire et notre gouvernance pour être plus attrayants», appuie Serge Quinty.

Les organisations souffrent par ailleurs d’un manque de visibilité au sein de la jeunesse. «Quand ils quittent leur regroupement jeunesse, beaucoup de jeunes se sentent perdus et ne savent pas où aller ni comment s’impliquer, car ils connaissent mal les autres structures de la francophonie», confirme le président de Jeunesse Acadienne et Francophone de l’Île-du-Prince-Édouard (JAFLIPE), Hayden Cotton.

Pour éviter de les perdre et assurer une meilleure transition, la FCFA et la FJCF travaillent sur un projet commun, dont l’objectif est de créer des passerelles plus structurées entre le réseau jeunesse et le reste des organismes porte-paroles de la francophonie. Des possibilités de jumelage et de tutorat sont notamment envisagées.

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Sortir de sa bulle et «aller vers d’autres communautés»

«On doit changer d’approche et se mettre sur le chemin des jeunes. Il ne faut plus attendre qu’ils viennent à nous, mais s’engager auprès d’eux, s’adapter à leur réalité», estime Serge Quinty.

Ahdithya Visweswaran, ancien élève en classe d’immersion, témoigne de son parcours semé d’embuches pour réussir à intégrer la francophonie canadienne. 

Photo : Courtoisie

L’ouverture des organismes doit également se faire à l’égard des élèves d’immersion, selon le directeur des affaires publiques et politiques de Canadian Parents for French, Ahdithya Visweswaran.

«Ils doivent sortir de leur bulle et prendre le réflexe d’aller vers d’autres communautés», insiste cet ancien élève en école d’immersion.

Durant sa scolarité entre le Manitoba et l’Alberta, la communauté francophone ne l’a pas toujours accueilli à bras ouverts. Il évoque des remarques acerbes, «toi t’as l’accent de l’immersion, tu dilues la francophonie», qui l’ont poussé à changer son accent et sa façon de parler.

«En tant que personne immigrante, racisée, riche de plusieurs identités, je ne me sentais pas à ma place dans la francophonie, je n’avais pas de sentiment d’appartenance», confie Ahdithya Visweswaran.

Il salue à cet égard la volonté d’intégration des responsables communautaires présents au Forum des leadeurs : «Je me suis senti validé dans mon identité comme jeune bilingue, une nouvelle ère semble s’ouvrir.»

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Sortir du clivage entre francophone et anglophone

Un avis que partage Jack Bailey, étudiant à l’Université du Nouveau-Brunswick : «Je suis encore quelqu’un qui a beaucoup d’anxiété à parler en français, mais là, j’ai senti une envie de s’appuyer sur notre leadeurship, de nous faire une place.»

Jack Bailey du Nouveau-Brunswick a senti une volonté des acteurs de la francophonie de faire plus de place aux élèves d’immersion lors du Forum des leadeurs. 

Photo : Courtoisie

Nicole Thibault appelle de son côté à briser la ligne de démarcation entre les systèmes scolaires francophone et anglophone, «qui ne définissent plus les jeunes d’aujourd’hui».

Face aux préoccupations économiques de la jeunesse, Nicole Thibault de Canadian Parents for French aimerait offrir plus de bourses d’études. 

Photo : Courtoisie

«Ils sont plus ouverts à passer d’un côté à l’autre, avec des parcours beaucoup plus mixtes, à cheval entre l’immersion et les écoles francophones», assure la directrice de Canadian Parents for French.

À ce titre, elle souhaite inciter davantage les élèves d’immersion à participer aux activités des groupes de jeunes francophones. À la suite du Forum, elle envisage même de parrainer et de soutenir financièrement ces groupes.

Le Fransaskois Louis-Pascal Guérette DeVink songe, lui, à organiser des tournées de promotion dans les écoles d’immersion pour faire connaitre son réseau jeunesse.

«Les jeunes d’immersion ne savent pas où sont les lieux de vie en français, il faut leur dire qu’il existe des façons de continuer dans la francophonie, en dehors de l’éducation», soutient Jack Bailey.

À Ottawa, Ahdithya Visweswaran espère que ce forum n’est qu’un début, «la première étape vers une plus grande inclusion des jeunes de tous les horizons et de toutes les diversités».

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La règlementation de la nouvelle mouture de la Loi sur les langues officielles se fait attendre.

Raymond Théberge craint les effets potentiels de prochaines élections fédérales sur la règlementation de la loi. 

Photo : Courtoisie CLO

«Je dirais qu’au début du processus, à mon avis, c’était clair. On voulait aller rapidement. Maintenant, on tombe dans une période de préconsultations et de consultations, et j’ai l’impression que ce n’était pas nécessairement prévu», a déploré le commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge, en comité sénatorial le 25 novembre.

Le projet de règlement doit être déposé au Parlement au début de l’année 2025, un délai critiqué par tous les partis d’opposition.

«Le temps n’est pas notre ami, étant donné le contexte dans lequel on se trouve présentement», a ajouté le commissaire, faisant allusion à d’éventuelles élections fédérales à venir, qui pourraient chambouler la composition du Parlement ainsi que celle du comité chargé d’étudier le règlement de la Loi.

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Lucie Moncion, sénatrice de l’Ontario, et René Cormier, sénateur du Nouveau-Brunswick, dénoncent les lourdeurs administratives qui compliquent la livraison de services fédéraux aux organismes francophones. 

Photo : Sénat du Canada

«Ça commence à être urgent»

«Lorsqu’il y a des changements de gouvernement, plusieurs travaux sont arrêtés en attendant que les nouvelles personnes soient nommées […] C’est là qu’on peut voir d’autres dossiers prendre priorité», confirme, en entrevue avec Francopresse, la sénatrice Lucie Moncion. La règlementation pourrait dès lors être «mise aux oubliettes».

D’autres sénateurs ont également souligné la nécessité d’agir rapidement. Lors du comité du 25 novembre, René Cormier a fait part d’un contexte actuel «où il y a des urgences évidemment pour les communautés de langue officielle [en situation minoritaire]».

«Ça commence à être urgent», a pour sa part insisté la sénatrice Bernadette Clément, toujours en comité.

En entrevue avec Francopresse, René Cormier élabore sa pensée : «Il faut se rappeler que la loi a été adoptée au mois de juin 2023. Certaines mesures doivent être mises en œuvre dans les deux ans de l’entrée en vigueur de la loi. Par exemple, la question du bilinguisme [des] gestionnaires et les superviseurs dans les régions bilingues et dans la capitale nationale.»

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Pourquoi la règlementation est importante?

Comme l’explique le professeur de droit François Larocque, la règlementation permettra de préciser comment la Loi sera mise en œuvre. Sans elle, les communautés ne peuvent pas en profiter pleinement.

«Ça peut être assez détaillé, dit-il. Par exemple, l’obligation de prendre des mesures positives pour assurer le dénombrement des ayants droit.»

Un autre exemple concerne les mesures positives pour soutenir l’éducation en français, de la petite enfance au postsecondaire, pour lesquelles des modalités d’exécution seront détaillées dans un règlement. 

Dans l’intervalle

Selon François Larocque, professeur de droit de l’Université d’Ottawa, le gouvernement peut déjà être proactif pour la francophonie, comme il l’a fait en augmentant les cibles d’immigration francophone hors Québec.

François Larocque rappelle que la nouvelle loi sur les langues officielles s’applique déjà, même sans règlementation. 

Photo : Valérie Charbonneau – Université d’Ottawa

Mais l’immigration francophone bat des ailes face à une lourdeur administrative, remarque René Cormier en entrevue.

«On aimerait que le gouvernement use de son pouvoir de dépenser, donc investir dans les programmes, signale Lucie Moncion. Il peut aussi réduire la lourdeur administrative qui est associée à l’accès aux différents programmes par les organismes.»

De son côté, le ministre fantôme des Langues officielles, Joël Godin, presse le gouvernement de déposer les décrets nécessaires, notamment celui qui octroie de nouveaux pouvoirs au CLO.

«De plus, nous devons garantir que les employés puissent travailler en français au Québec et dans les régions à forte présence francophone, qui seront définies par règlement», écrit-il dans une réponse par courriel.

Il ajoute qu’en attendant la règlementation, «les organismes qui œuvrent activement sur le terrain devraient bénéficier d’un financement prévisible, afin de faciliter leur planification et de leur permettre de se concentrer pleinement sur leur mission première».

«Immense lenteur»

Mais il existe des «retards dans la distribution du financement», rappelle René Cormier en entrevue. Selon lui, l’aide immédiate aux communautés passe par les fonds du Plan d’action pour les langues officielles, qui peinent à atteindre les organismes.

Il y a une immense lenteur. Ça pénalise les organismes et ça rend difficile leur fonctionnement et la libération de leur mandat.

— René Cormier

En comité, Raymond Théberge a affirmé avoir entendu des propos similaires lors de récentes consultations : «C’était l’enjeu qui était soulevé presque partout.»

«Ce n’est pas comme si les organismes ont des grosses lignes de crédit sur lesquelles ils peuvent fonctionner. On a besoin de ces argents-là pour travailler et pour livrer des programmes.» 

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«Les communautés de langue officielle en situation minoritaire ont suffisamment attendu», estime le député conservateur Joël Godin. 

Photo : Courtoisie

La partie VII, une priorité

Pour Joël Godin, la priorité demeure la règlementation de la partie VII, qu’il surnomme le «cœur de la Loi sur les langues officielles».

«On l’attend incessamment», a insisté Raymond Théberge en comité. «[Elle] touche les communautés tout de suite.» Cette partie porte surtout sur les obligations linguistiques des institutions fédérales.

«On est toujours inquiet par rapport au délai, parce que la partie VII va préciser comment les institutions fédérales vont s’acquitter de leurs obligations pour favoriser la progression vers l’égalité du statut d’usage du français et de l’anglais», appuie Lucie Moncion en entrevue.

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Quant au contenu du règlement de la partie VII, François Larocque s’attend notamment à voir des précisions sur les «fameuses clauses linguistiques».

«Il y a des transferts d’argent du fédéral vers les provinces et les territoires, explique-t-il. Les communautés ont toujours revendiqué que ces ententes-là contiennent des clauses qui engagent la province ou les territoires à tenir compte des langues officielles et des besoins des communautés de langue officielle en situation minoritaire.»

La partie VII de la nouvelle Loi leur accorde une semi-victoire : lors des négociations d’ententes, le gouvernement fédéral devra tenter de convaincre les provinces et territoires d’inclure des clauses linguistiques.

«Ce n’est pas une obligation de résultat, mais c’est au moins une obligation de processus», remarque le juriste, qui attend de voir comment un règlement va encadrer cette nouvelle obligation du fédéral.

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La situation est critique pour un grand nombre de Canadien·nes.

L’indice des prix à la consommation a augmenté de 3,4 % en 2021, 6,8 % en 2022 et 3,9 % en 2023, tandis que le prix des aliments a augmenté de 9,8 % en 2022 et 7,8 % en 2023.

Les taux d’inflation de 2022 ont d’ailleurs accru le pourcentage de personnes vivant sous le seuil officiel de la pauvreté au Canada de 7,4 % en 2021 à 9,9 %. Or, un revenu au seuil de la pauvreté demeure encore bien en deçà du revenu viable, qui permettrait de sortir de la pauvreté, par exemple en déménageant ou en faisant des études.

L’inflation, la pauvreté et le revenu viable

L’augmentation des couts touche davantage les personnes pauvres, puisqu’une plus grande part de leurs revenus est consacrée au logement et à l’alimentation. On voit ainsi une plus grande fréquentation des banques alimentaires ainsi qu’une baisse plus générale de la consommation.

N’oublions pas que les revenus des personnes pauvres augmentent beaucoup moins que ceux des mieux nantis, qu’elles ont moins accès au crédit et qu’elles ont moins accès aux avantages sociaux qui viennent avec les emplois de la classe moyenne.

Ce sont ces mêmes personnes qui bénéficient le moins des réductions de taxes ou d’impôt, puisqu’elles dépensent moins.

Pour bien comprendre à quel point la situation est critique, il faut faire attention aux données et aux tableaux. D’abord, bien que la croissance de l’inflation diminue, cela ne signifie rien d’autre qu’une hausse des prix un peu plus lente.

Ensuite, bien que les salaires moyens aient augmenté, ce qui aurait compensé l’augmentation du cout de la vie, ils ne sont pas une mesure indicative de la vie réelle des gens. D’autant plus que cette mesure inclut les augmentations importantes des salaires des mieux nantis.

Mentionnons également que le cout des loyers continue de monter, mais que le cout le plus pertinent est celui des logements disponibles, qui augmente beaucoup plus rapidement que celui des loyers que les locataires continuent d’occuper.

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Ce que cache l’expression «crise du cout de la vie»

Plusieurs des expressions dont nous nous servons pour aborder le problème sont trompeuses.

L’idée de crise nous envoie dans la mauvaise direction. Celle-ci n’existe que pour certains groupes socioéconomiques, mais en la généralisant, nous donnons la possibilité aux partis politiques de chercher à améliorer le sort d’autres segments de la population que celui des personnes pauvres.

Tandis qu’il est facile d’attribuer la situation actuelle à la pandémie et ses effets sur les chaines de distribution, nous devons nous rappeler que la vie n’était pas plus facile avant la pandémie pour la plupart des gens qui sont affectés par le cout actuel de la vie.

En fait, le seul moment où la pauvreté a véritablement reculé correspond aux prestations liées à la COVID-19.

Les causes structurelles de la situation

En nous éloignant des raisonnements liés à l’imaginaire de la crise, nous pourrons mieux faire face aux problèmes causés par les structures de notre économie et, au minimum, le manque de règlementation.

Pour la plus grande partie de la population, l’accès à la nourriture est contrôlé par quelques oligopoles. Les chaines d’épiceries et les fournisseurs rivalisent déjà pour maximiser leurs profits, tout en blâmant les initiatives des gouvernements ou les marchés mondiaux pour les prix à la caisse.

Il est difficile de ne pas sentir de préjudice lorsque nos dépenses augmentent et que la réduflation fait que nous arrivons à la maison avec de plus petites quantités des mêmes produits que nous achetions auparavant.

Ajoutons à cela le scandale de la fixation des prix du pain, les compressions dans les salaires du personnel des magasins d’alimentation, les négociations interminables autour d’un code de conduite des épiceries ou encore les mesures anticoncurrentielles incluses dans les contrats de location.

Mais au-delà de ces frustrations, nous devons bien comprendre que les profits des chaines d’épicerie ont doublé après la pandémie alors que la quantité de nourriture vendue a diminué.

L’accès à un logement stable et la dignité qui vient avec la possibilité de demeurer en un endroit et de décider de sa manière d’y vivre sont grandement limités par la financiarisation du logement.

Lorsque le logement devient avant tout une question de rentabilité et de profit, il devient beaucoup plus difficile au marché de répondre aux besoins des locataires, ce qui devrait pourtant être sa première raison d’être.

De manière plus générale, la hausse du PIB depuis la pandémie est surtout attribuable aux profits des entreprises; la proportion du PIB que représentent les salaires du personnel a en fait baissé légèrement en 2022.

Il est ainsi clair que les intérêts des grandes compagnies sont contraires à ceux de la population. Ce n’est pas seulement que les unes s’enrichissent pendant que davantage des autres s’appauvrissent; c’est que l’enrichissement dépend de l’appauvrissement, qu’il y a une relation directe entre les deux.

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Que faire contre la vie chère?

Des boycottages aux mobilisations contre la vie chère, quelques initiatives sont mises en pratique pour que l’inflation soit vécue comme un problème collectif et non seulement individuel.

Des solutions existent à plus long terme, allant d’un plus grand contrôle collectif du système alimentaire à une sortie du pétrole ou encore à un revenu minimum garanti.

Des remèdes collectifs à la situation critique actuelle exigent toutefois que l’on se défasse d’abord de nombreux mythes. C’est ainsi que les prestations d’aide contre l’inflation et l’augmentation du salaire minimum pourront être plus aisément acceptées, puisqu’elles n’entrainent ni chômage ni inflation.

Surtout pour l’instant, à l’inverse des baisses d’impôts actuelles, qui mènent à un affaiblissement des infrastructures sociales, il faut plutôt développer ces dernières afin d’assurer la dignité et l’égalité de tous et toutes.

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Jérôme Melançon est professeur titulaire en philosophie à l’Université de Regina. Ses recherches portent généralement sur les questions liées à la coexistence, et notamment sur les pensionnats pour enfants autochtones, le colonialisme au Canada et la réconciliation, ainsi que sur l’action et la participation politiques. Il est l’auteur et le directeur de nombreux travaux sur le philosophe Maurice Merleau-Ponty, dont La politique dans l’adversité. Merleau-Ponty aux marges de la philosophie (MétisPresses, 2018).

«Les salons du livre, c’est une question de survie de la langue : il s’agit de transmettre l’amour de la lecture à la prochaine génération», affirme la présidente du Salon du livre de l’Île-du-Prince-Édouard, Diane Ouellette.

À Dieppe, au Nouveau-Brunswick, Morgane Bonamy explique que la fréquentation du salon a retrouvé les niveaux d’avant la COVID-19. 

Photo : Miles Kinnee

Après trois ans de pause à cause de la pandémie, l’évènement bisannuel a rassemblé, en juin dernier, plus de 5000 lecteurs et accueilli 100 visites de classe. Deux librairies et vingt-trois maisons d’édition étaient présentes.

«Avec la COVID-19, nous avions un peu perdu le momentum, mais on l’a retrouvé, les gens sont revenus en nombre», assure la présidente.

Même son de cloche du côté du Salon du livre de Dieppe, au Nouveau-Brunswick qui a reçu 14 000 visiteurs, dont 2000 écoliers et tout-petits, en octobre. Ils ont pu découvrir une quarantaine d’exposants et une centaine d’auteurs qui avaient fait le déplacement.

«On est retourné à une fréquentation d’avant la COVID-19», observe la directrice générale, Morgane Bonamy, qui a tenu à ce que l’entrée soit gratuite, «pour rendre le livre accessible à tous».

«En situation minoritaire, nous sommes une porte d’entrée essentielle sur les livres. Les visiteurs peuvent feuilleter les ouvrages, rencontrer les auteurs», ajoute-t-elle.

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Séduire un «public fragile»

Du côté du Salon du livre de Sudbury, en Ontario, la directrice générale, Geneviève LeBlanc note, elle, une légère baisse de fréquentation. Lors de la plus récente édition en mai dernier, le salon a attiré environ 6700 visiteurs, contre un peu plus de 7700 deux ans plus tôt pour la 10e édition de l’évènement.

En mai dernier, le Salon du livre de Sudbury a attiré 6700 visiteurs. 

Photo : Courtoisie

«Nous restons un rendez-vous attendu, mais il y a un essoufflement de la part des écoles avec moins de visites scolaires et la fermeture de programmes francophones à l’Université Laurentienne a aussi eu un impact», détaille-t-elle.

Pour continuer à capter le grand public et contrer les achats sur Internet, les salons doivent se réinventer en permanence.

«Il faut imaginer une programmation qui sort de l’ordinaire, ajouter d’autres formes de culture, notamment pour attirer les jeunes adultes qui se mettent à lire en anglais», confirme Morgane Bonamy.

Le Salon du livre de Dieppe propose ainsi des ateliers de théâtre, de danse, des lunchs littéraires avec des auteurs, des soirées d’improvisation, ou encore des projections de films.

Diane Ouellette estime également qu’il faut redoubler d’efforts pour séduire un «public fragile». «On doit vraiment choisir avec soin des auteurs qui connaissent notre situation linguistique minoritaire, c’est la clé si l’on veut inciter les gens à lire.»

«Minisalon» ambulant

En Saskatchewan, la librairie Nation fransaskoise tente, elle aussi, «de maintenir coute que coute la proximité avec le livre en français», note son responsable, Alexandre Chartier. Depuis l’hiver 2024, la librairie se rend plusieurs fois par an dans des écoles francophones et d’immersion pour «développer le bonheur par le livre».

En Saskatchewan, Alexandre Chartier souhaiterait créer un salon du livre pour le grand public dans les années à venir, hors des écoles. 

Photo : Courtoisie 

Jusqu’à maintenant, environ 3000 élèves ont reçu la visite d’Alexandre Chartier et de sa camionnette de bouquins pleine à craquer. Le temps d’une journée, Nation fransaskoise s’installe dans une bibliothèque, un gymnase ou un couloir.

«Ça va au-delà de l’école, on touche les communautés dans leur ensemble, on contribue au développement identitaire», souligne le responsable.

Magasinage, présentation de livres, organisation de lectures, animation d’ateliers pour parler du métier de libraire et de la chaine du livre, «en termes d’expérience, c’est la même chose qu’un spectacle», appuie le libraire.

Afin de mieux retenir l’attention des jeunes, il a opté pour «une approche plus contemporaine de ces minisalons» et propose de nombreux jeux de société et mangas (bandes dessinées japonaises).

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Disparition dans le nord de l’Ontario

Faire vivre le livre en français se heurte néanmoins à d’importants défis financiers. Les équipes des salons littéraires sont souvent réduites au minimum. À l’Île-du-Prince-Édouard, ce sont seulement des bénévoles tandis qu’à Dieppe, une seule employée gère toute l’organisation.

Pour Diane Ouellette (à gauche), choisir des auteurs qui connaissent la situation linguistique minoritaire reste essentiel : «C’est la clé si l’on veut inciter les gens à continuer à lire.» 

Photo : Marine Ernoult - Francopresse

«Les fonds disponibles sont très rares et pas du tout adaptés», déplore Alexandre Chartier.

«Les couts de fonctionnement ont explosé et c’est un casse-tête d’aller chercher des subventions, c’est ce qui nous prend le plus de temps», renchérit Diane Ouellette.

Dans le nord de l’Ontario, la COVID-19 a «planté le dernier clou dans le cercueil» du Salon du livre de Hearst, selon les mots de son ancien coprésident, Jean-Pierre Boutin. Le salon bisannuel a disparu en 2023.

«On était déjà fragilisé, on avait du mal à trouver des bénévoles et c’était de plus en plus difficile d’attirer les maisons d’édition et distributeurs en région alors même qu’on leur offrait les kiosques», explique-t-il.

«C’était un fardeau financier impossible à tenir sur le long terme, nous n’avions pas assez de financements récurrents pour nous le permettre», poursuit l’ancien bénévole.

Pour combler le vide, le Salon du livre de Sudbury aura désormais lieu chaque année.

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«S’il n’y a pas de salon, les gens vont arrêter de lire»

Si les salons peuvent compter sur le soutien des 15 maisons d’édition francophones présentes hors Québec, tous évoquent la difficulté de faire venir les acteurs du livre québécois.

En Saskatchewan, Nation fransaskoise organise des minisalons du livre dans les écoles depuis l’hiver 2024. 

Photo : Courtoisie

«Ils ne se déplacent plus hors du Québec et loin des métropoles depuis une dizaine d’années», regrette Geneviève LeBlanc.

«Depuis la pandémie, les couts de transport et d’hébergement ont flambé et ils sont encore moins portés à se rendre dans les petits salons. On doit redoubler d’efforts pour les convaincre», abonde dans le même sens Diane Ouellette, qui a décidé avec son conseil d’administration de payer le transport des livres aux libraires.

En dépit du manque de ressources financières, le Fransaskois Alexandre Chartier aimerait créer un salon du livre ouvert au grand public, hors des écoles. Il parle de monter à cet effet un collectif composé d’éditeurs et d’auteurs.

Dans les premières années, il ne s’attend pas à des miracles au niveau de la fréquentation, «mais s’il n’y a pas de salon, le besoin va se perdre et les gens vont arrêter de lire».

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Le Bureau de la traduction (BT) attend 9 607 583 $, inclus dans le Budget supplémentaire des dépenses. Ce dernier doit d’abord être adopté par les députés.

Les travaux de la Chambre des communes sont cependant bloqués depuis la fin septembre en raison d’un bras de fer entre le gouvernement libéral et les partis d’opposition.

«De manière générale, au Canada, le Parlement a à la fois le pouvoir et la responsabilité d’approuver les dépenses du gouvernement», rappelle le Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada (SCT) dans une réponse écrite.

Le 21 novembre, la présidente du Conseil du Trésor, la ministre Anita Anand, a déposé le Budget supplémentaire des dépenses (B) 2024-2025 qui, conformément à la procédure parlementaire, a été renvoyé aux comités permanents pour un examen plus approfondi.

Ce budget comprend 21,6 milliards de dollars en crédits proposés pour divers programmes et services.

Ces crédits proposés ne seront pas accordés tant qu’un projet de loi n’aura pas été déposé et adopté, explique le SCT.

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Pourquoi les travaux sont-ils bloqués?

Un scandale entourant Technologies du développement durable Canada (TDDC) est à l’origine de la paralysie du Parlement. Ce fonds vert fédéral public a été rebaptisé «Green Slush Fund» par les conservateurs.

Depuis juin dernier, les partis d’opposition demandent la publication des documents liés à la mauvaise utilisation du fonds. Selon les libéraux, ce serait une ingérence dans le travail des policiers qui enquêtent sur le fonds.

Mais une motion obligeant la remise de documents a tout de même été adoptée. Les libéraux étaient les seuls à la rejeter. Puis en septembre, le président de la Chambre des communes, Greg Fergus, a annoncé que les documents remis étaient incomplets.

À la suite de cette annonce, les conservateurs ont présenté une motion de privilège, qui a préséance sur le reste des travaux, afin de demander la remise de tous les documents au Parlement.

Assurer le français au Parlement

Les dépenses supplémentaires pour le BT «appuient les interprètes qui fournissent un service essentiel pour que les parlementaires canadiens puissent travailler dans la langue officielle de leur choix», rapporte un porte-parole du ministre de Services publics et Approvisionnement Canada (SPAC), Guillaume Bertrand, dans une réponse par courriel.

Le ministre de Services publics et Approvisionnement Canada, Jean-Yves Duclos. 

Photo : Marianne Dépelteau – Francopresse

Celui-ci accuse les conservateurs de Pierre Poilievre d’être responsables du blocage des travaux, et ainsi du blocage des sommes destinées au BT. «Le bilan des conservateurs de Pierre Poilievre parle pour lui-même quand vient le temps de défendre les langues officielles sur la colline parlementaire», écrit-il.

Guillaume Bertrand assure que «des solutions d’atténuation des impacts sont présentement à l’étude».

Le BT tombe sous le portefeuille de SPAC. Par courriel, ce ministère confirme qu’il évalue «ses options d’atténuation, y compris une stratégie de saine gestion de la trésorerie».

Le BT, créé en 1934, regroupe les traducteurs, interprètes et terminologues qui œuvrent au sein du gouvernement fédéral. Au sein de l’administration publique centrale. Il répond à environ 75 % de la demande de services de traduction, selon une réponse écrite de SPAC.

Toujours selon SPAC, les demandes de traduction des ministères et des organismes sont de l’anglais vers le français environ 90 % du temps. Au Parlement, la demande de traduction est d’environ 80 % de l’anglais vers le français.

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Un besoin non identifié

Le Budget supplémentaire sert à couvrir de nouvelles dépenses, non anticipées dans le Budget principal adopté en mars dernier, explique la professeure d’études politiques à l’Université d’Ottawa et chroniqueuse pour Francopresse, Geneviève Tellier.

Geneviève Tellier est curieuse de savoir pourquoi le Bureau de la traduction a besoin de 9,6 millions de dollars supplémentaires. 

Photo : Martin Roy – Le Droits Affaires

«Dans le cas de la traduction, la question que j’aurais pour le Bureau de la traduction, c’est : qu’est-ce qui est arrivé de particulier?»

Au moment de publier, Francopresse n’a pas pu savoir pour quelle raison le BT a besoin de cette somme supplémentaire de 9,6 millions de dollars.

En attendant la somme, explique la politologue, le BT peut tenter d’économiser l’argent dont il dispose déjà. «J’ose espérer que ce qu’on ne peut pas payer en ce moment, c’est ce qui est peut-être considéré moins important», dit-elle.

Reprise des travaux d’ici janvier?

Mme Tellier estime que les travaux parlementaires reprendront d’ici janvier ou février 2025. «L’obstruction de la part des conservateurs» ne va pas s’éterniser, car elle est limitée par un nombre d’heures précises.

SPAC est loin d’être le seul ministère affecté par la paralysie des travaux.

«Les ministères demandant ce financement devront prendre des décisions au cas par cas sur la manière de gérer entretemps, explique le SCT dans sa réponse écrite. Ils pourraient notamment retarder la mise en œuvre de nouveaux programmes, utiliser les fonds existants ou demander au Conseil du Trésor des fonds pour éventualités, qui servent à fournir des ressources urgentes lorsque d’autres fonds ne sont pas disponibles.»

D’autres exemples de fonds bloqués incluent 2,9 milliards de dollars de dépenses en personnel, 1,2 milliard d’aide militaire et financière à l’Ukraine et 1,8 milliard en approvisionnement et en dépenses militaires.

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«Le portrait de la francophonie canadienne a beaucoup évolué en 20 ans et les besoins ont changé», souligne Ajà Besler du Réseau dialogue. 

Photo : Courtoisie

«On doit engager un dialogue entre toutes les diversités des communautés canadiennes, qui ne sont plus aussi homogènes qu’avant», estime la directrice générale de Réseau dialogue, Ajà Besler. 

Pour la responsable, la fondation doit «s’outiller et évoluer» pour répondre à de nouveaux besoins : «De plus en plus de gens ont des identités multiples et ne savent pas où se situer, il faut changer nos mentalités sur ce qu’est être francophone.» 

L’organisation a voulu marquer cette évolution avec un changement de nom. La Fondation dialogue est devenue Réseau dialogue à la fin novembre.

Ajà Besler prend notamment l’exemple des élèves en classe d’immersion, à cheval entre «l’anglophonie et la francophonie». Le Réseau dialogue mène actuellement une recherche avec l’Université d’Ottawa afin d’identifier les barrières qui empêchent ces jeunes de faire partie de la communauté francophone. 

«Il ne s’agit pas de forcer le français dans la gorge des anglophones, le but est que les francophones et les anglophones puissent s’épanouir et être servis partout dans leur langue maternelle», considère Guy Matte. 

Photo : Courtoisie

«Par les francophones, mais pour un plus grand public»

L’organisme a également lancé cette année un forum jeunesse en leadeurship intersectionnel, «afin de créer des communautés plus inclusives et de permettre aux jeunes d’être des acteurs du changement», détaille Ajà Besler. 

Aux yeux du premier directeur général de la Fondation dialogue, Guy Matte, cette nouvelle diversité est une «opportunité unique» pour renforcer les liens entre les différentes composantes de la société canadienne. 

«Le but premier de la fondation n’était pas de se regarder entre nous, mais de s’ouvrir aux autres, de faire le pont avec les anglophones et les Premières Nations et d’en faire des alliés», rappelle-t-il.

C’est vraiment une particularité, nous sommes une organisation par les francophones, mais pour un plus grand public. Nous faisons beaucoup de travail de sensibilisation à destination des anglophones

— Ajà Besler

En 2004, la Fondation a commencé «sans personnel, sans bureau et sans financement», se souvient Guy Matte : «Tout était à faire, il n’y avait que l’envie de promouvoir la dualité linguistique, cette idée fondamentale qui sous-tend le Canada.»

Dès 2005, l’organisme reprend en main l’organisation des Rendez-Vous de la Francophonie (RVF). L’analyste politique de l’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF), Marc Masson, salue à cet égard les efforts entrepris pour faire connaitre la francophonie, «pas mal invisible autrement».

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En Saskatchewan, Marc Masson souligne les retombées positives des RVF pour la francophonie en situation minoritaire. 

Photo : Courtoisie

Renforcer les liens avec le Québec

«On est sur la place publique pendant un mois chaque année. C’est très bénéfique, ça nous rapproche des francophiles», souligne le Fransaskois. 

Réseau dialogue a également créé avec Canadian Parents for French et le Français pour l’Avenir le Réseau de la dualité linguistique.

«Une grande partie de la population canadienne veut s’assurer que cette dualité linguistique soit respectée, comme en témoigne l’engouement extraordinaire pour les écoles d’immersion», assure Guy Matte. 

Le rapprochement avec le Québec constitue désormais un autre cheval de bataille du Réseau dialogue. Ajà Besler constate à ce propos l’«ignorance» d’une partie de la population québécoise : «Il y a encore du cheminement à faire. Ce n’est pas de la mauvaise volonté, mais ils ne savent pas que le français existe ailleurs, ils ne l’ont pas appris à l’école, les médias n’en parlent pas.»

Elle note néanmoins une volonté politique de consolider les liens, avec l’adoption récente du Plan d’action gouvernemental en francophonie canadienne 2022-2025 au Québec.

«Il y a un éveil des Québécois à la francophonie, une ouverture pour travailler ensemble à défendre le français, confirme le directeur général du Centre de la francophonie des Amériques, Sylvain Lavoie. Si la langue est vivante à l’extérieur du Québec, elle sera aussi vivante en son sein.»

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Pour Sylvain Lavoie, «il y a un éveil des Québécois à la francophonie, une ouverture pour travailler ensemble». 

Photo : Jean Rodier

L’art pour tisser des liens

Le Centre, création du gouvernement du Québec, collabore régulièrement avec le Réseau dialogue.  

«Nos expertises et nos offres de programmation sont complémentaires pour faire rayonner la francophonie», considère Sylvain Lavoie. 

«On a des objectifs communs et la tâche est tellement énorme, qu’on n’est jamais assez à créer du dialogue», poursuit Ajà Besler.

Lors de l’édition 2022 des RVF, la Fransaskoise Alexis Normand a pu ainsi présenter son documentaire Assez French au Québec, grâce à un partenariat entre le Réseau dialogue et le Centre de la francophonie des Amériques. Son court-métrage sur l’amour du français d’une famille exogame a notamment été projeté à Québec et Montréal. 

À l’inverse, de nombreux artistes québécois se rendent dans des communautés francophones en situation minoritaire à l’occasion des RVF. 

«Il y a un effet de sensibilisation, ils ramènent dans leurs bagages ce qu’ils ont vu et entendu. L’art est l’une des meilleures façons d’en apprendre plus sur les différentes réalités à travers le pays», appuie Ajà Besler.

En Saskatchewan, Marc Masson juge le travail du Réseau dialogue «encore plus nécessaire» à l’heure où l’immigration atteint des sommets. Selon lui, les nouveaux arrivants anglophones n’ont pas nécessairement conscience de la francophonie en situation minoritaire.

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La célèbre flèche de la cathédrale en flammes, peu avant son effondrement, en 2019. Elle a été reconstruite et couronne à nouveau l’édifice. 

Photo : Guillaume Levrier, Wikimedia Commons, partage dans les mêmes conditions, 4,0 international

Au lendemain du terrible incendie du 15 avril 2019, Emmanuel Macron prenait un engagement solennel : «Nous rebâtirons la cathédrale Notre-Dame, plus belle encore. Et je veux que cela soit achevé d’ici cinq années. Nous le pouvons.»

Et la France a pu. Pari tenu. Le défi pouvait sembler impensable, compte tenu des énormes dommages subis par l’édifice.

Le brasier a fait tomber la flèche construite au milieu du XIXe siècle, constituée d’une charpente de 500 tonnes de bois et de 250 tonnes de plomb, que le feu a réussi à faire fondre.

L’autre grande section dévastée a été, en majeure partie, la toiture. Sa charpente en bois de chêne datait du XIIIe siècle. Une partie des voutes a aussi été réduite en cendres.

Les deux tours carrées emblématiques sont restées intactes, ainsi que les précieux vitraux des XIIe et XIIIe siècles. D’autres vitraux plus récents ont cependant subi des dommages importants.

Tous ces dégâts ont laissé des plaies béantes à un vestige d’une autre époque.

De Lutèce à l’ile de la Cité

Si on connait assez bien les détails de la construction de la cathédrale Notre-Dame, ses antécédents demeurent un peu imprécis. Certains croient qu’à l’origine, un temple païen dédié à Jupiter avait été érigé sur le site à l’époque gallo-romaine de Paris, qui s’appelait alors Lutèce.

Du temps de l’empereur Auguste, la ville romaine de Lutèce prend forme sur l’ile de la Cité (où s’érigera la cathédrale) et sur la rive gauche de la Seine. Elle succède à la Lutèce gauloise fondée par la tribu des Parisii et qui aurait été située où se trouve aujourd’hui Nanterre, en banlieue de Paris.

Gravure du XVIe siècle. 

Photo : Graveur anonyme, XVIe siècle, Wikimedia Commons, attribution 4,0 international

Plusieurs édifices religieux seront construits sur le site de la cathédrale actuelle ou dans les environs, notamment la cathédrale «primitive» Notre-Dame de Paris et la basilique Saint-Étienne.

Au XIIe siècle, à l’instigation de l’évêque de Paris, Maurice de Sully, la basilique Saint-Étienne est détruite afin d’entreprendre, sous le règne de Louis VII, l’ambitieux projet de construction de Notre-Dame, motivé en partie par la forte augmentation de la population de la ville.

La construction se fait en plusieurs étapes pendant deux grandes périodes échelonnées sur près de 200 ans. L’évêque Sully mourra bien avant la fin des travaux, en 1345.

C’est à cette époque qu’apparait l’art gothique, qui succède à l’art roman et précède la Renaissance. La cathédrale Notre-Dame de Paris sera l’une des premières manifestations grandioses de ce style nouveau.

Plusieurs évènements importants s’y dérouleront : dépôt de la (présumée) Sainte Couronne (celle d’épine qui aurait ceint la tête de Jésus au moment de sa crucifixion), procès de réhabilitation de Jeanne d’Arc, mariage de Marie Stuart d’Écosse – future victime d’Elizabeth 1re – et de François II, et mariage d’Henri de Navarre – futur Henri IV – et de Marguerite de Valois (la reine Margot).

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Malmenée par la Révolution, elle frôle la disparition

Tombée en désuétude, la cathédrale subit plusieurs modifications et rénovations à partir du règne de Louis XIII jusqu’à celui de Louis XVI (mais surtout sous Louis XIV).

Première page du manuscrit du roman Notre-Dame de Paris, de Victor Hugo. L’ouvrage a sauvé la cathédrale d’un délabrement total. 

Photo : Wikimedia Commons, domaine public

Tout bascule avec la Révolution française et ses attaques à l’endroit de ce qui entoure la religion, son organisation et ses édifices. Pendant ces années troubles, Notre-Dame de Paris est victime de vandalisme. Nombreuses de ces statues sont détruites ou décapitées et une partie de son trésor disparait.

Avec l’arrivée de Bonaparte au pouvoir, la France et l’Église catholique se réconcilient. Napoléon est sacré empereur dans la cathédrale en présence du pape Pie VII. Mais Notre-Dame n’est plus l’ombre d’elle-même.

Un homme la sauvera avec sa plume : Victor Hugo. Grâce à son chef-d’œuvre Notre-Dame de Paris, publié en 1831, l’auteur suscite un intérêt nouveau pour le vieux monument. La trame se déroule à la fin du XVe siècle et gravite autour de personnages tels que la gitane Esmeralda, le sonneur de cloches Quasimodo, le prêtre Frollo et le poète Gringoire.

L’histoire sera réinventée à la fin des années 1990 dans la comédie musicale Notre-Dame de Paris, signée Luc Plamondon et Richard Cocciante.

Trois ans après la sortie du roman de Victor Hugo, la restauration de la cathédrale est décidée.

Notre-Dame, pendant la grande restauration du milieu du XIXe siècle. 

Photo : Émile Harrouart, Wikimedia Commons, attribution 3,0 non transposé

C’est un chantier colossal qui intègrera des éléments nouveaux, qui deviendront indissociables de Notre-Dame, tels que les 54 chimères – statues fantastiques à l’allure diabolique – installées au sommet de la façade, ainsi que la nouvelle flèche remplaçant l’originale, qui avait dû être démontée en raison de son piètre état vers 1792.

Après la restauration menée entre 1845 et 1864 sous la direction d’Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc, le monument vit des années paisibles. Il reste intact lors des deux guerres mondiales, sauf lors d’un raid mené par des avions allemands en 1914 qui ne laisse que très peu de dégâts.

D’importants travaux d’entretien sont effectués à l’occasion du 850e anniversaire de l’édifice, en 2013. Mais rien d’une ampleur comparable à celle qui suivra l’incendie de 2019.

Une restauration monumentale

Plus de 175 scientifiques sont réunis pour appuyer les architectes dans le chantier de reconstruction. Les travaux permettent de parfaire les connaissances sur les cathédrales médiévales et redonnent au monument son caractère unique et grandiose.

Lors de fouilles préventives, effectuées en vue de placer les échafaudages, un jubé est découvert, un mur du XIIIe siècle qui séparait le chœur et la nef. Des sculptures sont également mises au jour pendant les travaux.

L’incendie de la cathédrale Notre-Dame a ravagé ce joyau d’architecture médiévale. 

Photo : LeLaisserPasserA38,  Wikimedia Commons, partage dans les mêmes conditions 4,0 international

L’incendie était visible depuis le pont d’Austerlitz, à Paris, où des passants se sont arrêtés pour observer le sinistre. 

Photo : Camille Langlade

Pour faire revivre Notre-Dame, il a fallu restaurer la pierre, le mortier, les vitraux les plus récents, des murs, des voutes, des colonnes et l’imposante charpente qui surplombait la nef. Tout un «écosystème numérique» a été créé pour assister les experts.

Avec la tenue des Jeux olympiques d’été, l’année 2024 aura été pour Paris, et pour la France, l’année des grands exploits, mais aussi de dépenses vertigineuses, alors que, comme ailleurs, le pays fait face à de grands défis.

Il est revenu le temps… de Notre-Dame.