le Jeudi 23 janvier 2025
le Vendredi 3 mai 2024 11:00 Actualité

La santé des interprètes de la Colline un peu mieux protégée

Pourquoi faire confiance à Francopresse.
Le Programme du travail a déposé une ordonnance pour protéger la santé auditive des interprètes du Parlement.  — Photo : Kelly Sikkema – Unsplash
Le Programme du travail a déposé une ordonnance pour protéger la santé auditive des interprètes du Parlement.
Photo : Kelly Sikkema – Unsplash
FRANCOPRESSE – Le Programme du travail a ordonné au Bureau de la traduction de protéger les interprètes du Parlement contre l’exposition répétée à l’effet Larsen. Une victoire, selon leur syndicat.
La santé des interprètes de la Colline un peu mieux protégée
00:00 00:00

«Nous sommes très satisfaits de l’enquête menée par le Programme du travail», déclare Nathan Prier, président de l’Association canadienne des employés professionnels (ACEP) en entrevue avec Francopresse.

Le 25 avril, l’agente de santé et sécurité du ministère des Travaux publics et des Services gouvernementaux, Marie-Ève Bergeron Denis, a conclu que des dangers persistaient pour les employés du Bureau de la traduction lors des heures de travail.

À lire aussi : La santé des interprètes toujours en jeu sur la Colline

L’effet Larsen, une menace sérieuse

«Le fait d’être exposé à un effet Larsen lors de l’utilisation d’un casque d’écoute constitue un danger pouvant causer des blessures graves, écrit Marie-Ève Bergeron Denis dans une instruction envoyée à l’employeur. L’exposition répétée à l’effet Larsen peut créer des atteintes permanentes sur la santé auditive des interprètes.»

Pour Nathan Prier, l’ordonnance de l’agente de santé et sécurité est une victoire. 

Photo : Courtoisie

Depuis le début de la pandémie de COVID-19, Nathan Prier affirme que ce sont plusieurs centaines d’accidents de travail que les interprètes ont rapportés en lien avec l’effet Larsen. «Ils ont enfin été entendus : c’est une menace sérieuse sur le lieu de travail.»

Néanmoins, il aura fallu attendre plus de quatre ans avant «de croire les interprètes», déplore le président.

Déclarer que l’effet Larsen est un danger offre aux membres et aux interprètes pigistes une protection additionnelle, ajoute-t-il.

Rappel des pratiques et de nouvelles mesures

Suite à la décision de l’agente de santé et sécurité, le président de la Chambre des communes, Greg Fergus, a partagé aux parlementaires par courriel lundi les pratiques à mettre en place pour protéger les participants lors des réunions.

Il est notamment question de garder les oreillettes en tout temps loin du microphone et de «rester à une distance constante du microphone lorsqu’on parle».

Ces pratiques exemplaires servent à prévenir l’effet Larsen, qui se produit principalement lorsqu’un microphone activé est à proximité d’une oreillette dont le volume est élevé.

— Greg Fergus dans un courriel

Par ailleurs, le président de la Chambre des communes a annoncé dans ce courriel des changements techniques qui ont été apportés pour protéger les interprètes.

Par exemple, les oreillettes dans les salles de comité ont été remplacées par un modèle d’oreillette approuvé et des modifications ont été apportées à l’espace et l’équipement dans les salles de comité pour réduire les risques d’effet Larsen, en fonction des propriétés de la pièce.

Éviter de suspendre les travaux parlementaires

Ce courriel a été favorablement accueilli par les membres de l’ACEP, qui représente 886 traducteurs, interprètes et terminologues. «Les interprètes ont besoin de ce genre d’allié», admet Nathan Prier, ajoutant que l’association a l’intention d’imposer ces règlements à chaque fois que les interprètes sont présents.

Le président de la Chambre des Communes, Greg Fergus, a envoyé un courriel aux députés pour rappeler les mesures à prendre lorsqu’on utilise le matériel d’interprétation. 

Photo : Courtoisie

Les pratiques imposées par le Programme du travail depuis le 29 avril semblent porter leurs fruits. «Tout le monde s’est conformé aux mesures […] Donc c’est très rassurant», annonce M. Prier.

Ces mesures permettront de non seulement protéger les interprètes, mais aussi d’éviter une suspension des travaux parlementaires.

Comme le rappelle Nathan Prier, la Loi sur les langues officielles oblige un échange simultané en français et en anglais. «C’est un grand problème s’il n’y a pas d’interprétation, on contrevient à la loi.»

À lire aussi : Interprètes au Parlement fédéral : «C’est la tempête parfaite»

Combler la pénurie de main-d’œuvre

Pour Nathan Prier, c’est aussi un pas dans la bonne direction pour combler la pénurie de main-d’œuvre. «Une décision comme celle-là améliore les conditions pour tous les travailleurs à travers le pays et ailleurs. […] Comme nos membres sont capables de lutter pour leur propre santé et sécurité, je pense que ça va avoir des impacts sur le lieu de travail de tous les interprètes mondialement, mais surtout au Canada.»

Par ailleurs, dans un communiqué publié mardi, le Bureau de la traduction admet qu’elle reste préoccupée par les incidents qui continuent de se produire.

Dans cette optique, l’institution fédérale s’est dotée d’un plan d’amélioration continue pour protéger ses employés.

Ce plan inclut en 2024 une étude de l’Université Western sur la qualité perçue du son à la Chambre des communes, une étude de l’Université Laval sur la quantité de son (dosimétrie) reçue par les interprètes et une évaluation par l’Université d’Ottawa de l’évolution de la santé auditive des interprètes sur deux ans.

Type: Actualités

Actualités: Contenu fondé sur des faits, soit observés et vérifiés de première main par le ou la journaliste, soit rapportés et vérifiés par des sources bien informées.

Ottawa

Chantallya Louis

Correspondante parlementaire

Adresse électronique: