«Notre mission, c’est de développer le jugement critique des jeunes», témoigne Anne Gaignaire, fondatrice du Curieux, un journal d’actualité en ligne destiné aux 8 à 12 ans.
Elle et les membres de son équipe animent des ateliers d’éducation aux médias et à l’information (EMI) dans des écoles francophones en contexte minoritaire et des classes d’immersion, un peu partout au pays.
Ça leur permet, avec l’actualité, d’avoir des sujets qui les intéressent et ça les motive à parler français entre eux, d’avoir des débats, des discussions en classe ou même en récréation.
Parmi les thèmes qui «viennent les chercher», elle cite le conflit au Proche-Orient, sur lequel ils n’ont pas toujours d’informations fiables.
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L’éducation aux médias et à l’information (EMI) consiste à développer des compétences médiatiques au sein de la population afin qu’elle arrive à «comprendre de manière critique la nature, les techniques et les impacts des messages et des productions médiatiques», définit l’organisme pancanadien HabiloMédias.
Autrement dit, il s’agit d’appréhender le fonctionnement des médias – quelle est la différence entre une fausse nouvelle et une nouvelle digne de confiance, un article et une chronique par exemple –, mais aussi de prendre conscience du rôle de chaque personne en tant que consommateur et créateur de contenu dans un monde médiatique et numérique foisonnant.
Les fondements de l’EMI au Canada ont été établis à la fin des années 1980, rapporte la Commission canadienne pour l’UNESCO (CCUNESCO).
L’éducation aux médias a été rendue obligatoire en Ontario dès 1987. Elle a ensuite été incluse dans le programme scolaire de chaque province et territoire au pays, «dans le cadre des études en anglais, arts ou lettres, des études sociales, de cours en technologie des communications et, parfois, d’un cours indépendant», détaille la CCUNESCO.
Avec les ateliers d’EMI, Le Curieux souhaite outiller les jeunes pour lutter contre la désinformation, afin qu’ils soient capables de vérifier une nouvelle, sans se faire piéger «par les opinions qui sont transmises par les influenceurs, dont certaines peuvent être toxiques», souligne Anne Gaignaire.
Maryne Dumaine espère qu’en grandissant, les jeunes vont continuer de s’intéresser à leur information locale.
Si les jeunes sont conscients de l’existence de fausses nouvelles sur Internet et les réseaux sociaux, ils restent parfois surpris devant certains exemples, remarque-t-elle.
«Les jeunes sont déjà très éduqués, à travers le système éducatif régulier, à la question de l’information fiable. Les fausses nouvelles, ce sont des choses qui sont au programme au primaire», confirme la directrice du journal l’Aurore boréale au Yukon, Maryne Dumaine.
L’équipe du journal collabore aussi depuis plusieurs années avec des écoles francophones pour enseigner de «saines habitudes de consommation d’information», explique la directrice, qui s’adapte aux besoins de chaque classe.
L’Aurore boréale a en outre établi, en partenariat avec le ministère de l’Éducation du Yukon, un guide pédagogique avec des activités clés en main.
HabiloMédias propose des ressources gratuites à destination du personnel enseignant, des communautés, mais aussi des parents et du grand public.
«L’éducation aux médias doit se faire en éducation continue, c’est-à-dire pour tous, pas juste à l’intérieur des cadres scolaires, mais aussi pour tous les âges, pour n’importe qui voulant participer à l’environnement numérique», soutient le spécialiste en éducation aux médias chez HabiloMédias, Marc Alexandre Ladouceur.
Néanmoins, il est conscient que les enseignants sont déjà très sollicités. «Ces ressources doivent s’intégrer dans ce qui est déjà enseigné, sans alourdir leur charge de travail.»
Les As de l’info, un média francophone dédié aux enfants de 8 à 12 ans, propose également des contenus pédagogiques.
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«On a un bon retour des jeunes», se réjouit Anne Gaignaire. Elle estime que ces interventions renforcent leur confiance en eux, en les engageant activement dans la lutte contre la désinformation, les positionnant ainsi «comme une partie de la solution».
Les connaissances liées à l’EMI dépassent par ailleurs largement le cadre des ateliers. Vérifier ses sources reste une compétence que les élèves peuvent mettre en pratique dans leurs travaux de recherche et leurs exposés, illustre-t-elle.
Selon elle, l’EMI contribue à former des citoyens éclairés. «On ne diabolise pas les technologies, mais il faut connaitre leur fonctionnement pour les maitriser et que ce ne soient pas les technologies qui dominent.»
«C’est déjà bien que [l’éducation aux médias et à l’information] fasse partie des curriculums, mais on sait aussi que sans une formation spécifique, on ne peut pas nécessairement être certain de ce qui s’enseigne», relève Marc Alexandre Ladouceur.
«Nos informations passent par la technologie d’une manière ou d’une autre», commente Marc Alexandre Ladouceur, spécialiste en éducation aux médias chez HabiloMédias, un organisme canadien de littératie aux médias numériques.
Il rapporte d’ailleurs que les demandes sur la plateforme ne faiblissent pas, bien au contraire, et le blocage des médias sur certains réseaux sociaux confirme la tendance.
«Comment est-ce qu’on fait pour aller chercher des informations fiables, quand on sait que la majorité des gens vont consommer leurs informations et leurs médias sur les réseaux sociaux?», demande-t-il.
Anne Gaignaire rappelle aussi le rôle que peuvent jouer les parents. «On a besoin d’eux»
Si, à chaque fois que leurs enfants arrivent avec une information qu’ils ont trouvée sur les réseaux sociaux ou sur Internet, ils leur disent “Attends, cette info-là, d’où elle vient? C’est qui? Est-ce que c’est une opinion? Est-ce que c’est un fait? Est-ce que tu as vérifié?”, ils [feront] partie de la solution pour donner de bons réflexes aux gamins.
À quoi sert un journaliste, quelle est sa démarche, comment fait-il pour produire de «vraies nouvelles»? Voilà autant de questions que le Curieux aborde dans les salles de classe.
Les élèves peuvent d’ailleurs s’improviser apprentis journalistes lors de jeux de rôle ou en écrivant leurs propres articles.
Au Yukon, ils s’impliquent même parfois dans la production de l’Aurore boréale. «Ils apprennent en classe à écrire un article et ils nous envoient leurs textes. On les coache un petit peu, on fait un peu de feedback, puis en bout de ligne on choisit quelques articles et on les publie dans le journal», décrit Maryne Dumaine.
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Au Yukon, l’équipe du journal l’Aurore boréale intervient dans les écoles francophones.
Pour la directrice du journal l’Aurore boréale, Maryne Dumaine, les ateliers permettent aussi aux jeunes de s’approprier leur journal local et de s’intéresser à l’information par l’entremise de sujets qui les touchent directement.
«Quand on est jeune, entendre parler de la crise en Palestine, ce n’est peut-être pas nécessairement l’information qui va être la plus facile d’accès, mais par contre, de savoir que notre ami a gagné une compétition de volleyball, c’est quelque chose qui va nous porter à aller consulter de l’information.»
Mon cheval de bataille, c’est vraiment de développer la consommation de notre information locale à travers l’habitude de prendre le journal papier.
Lors d’un panel récent à Whitehorse, la directrice a été émue de voir l’attachement des jeunes à la version imprimée du journal : «Tous ont vraiment mentionné que si le journal papier disparaissait, ils arrêteraient probablement d’y penser puis de le lire.»
«On insiste encore plus sur la vérification de l’information aujourd’hui […] parce que la pluralité des sources d’information a augmenté», observe Nicolas Pelletier, faisant notamment référence à la multiplication des réseaux sociaux.
Mais l’EMI ne s’arrête pas aux bancs du primaire et du secondaire. Au collège La Cité, à Ottawa, le coordonnateur du programme de journalisme, Nicolas Pelletier, intègre ces thématiques dans ses cours.
Les personnes à qui il enseigne lui font part des difficultés qu’elles rencontrent quand quelqu’un remet en question leur travail de journaliste. «La crise de confiance envers les médias, les étudiants la vivent avant de la comprendre.»
«On insiste davantage sur comment répondre, avoir une discussion sur comment bien s’informer», indique le professeur, qui regrette que «la rétroaction avec le public soit souvent moins présente dans les formations journalistiques».
Il insiste également dans ses cours sur la transparence de la démarche journalistique, «comment le journaliste procède, comme ça il n’y a plus de zone d’ombre ou de questionnement de la part d’un lecteur ou d’un téléspectateur ou d’un éditeur».
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Certes, on n’a plus entendu le fameux «wacko» que Pierre Poilievre a lancé à Justin Trudeau au printemps dernier et qui lui avait valu son expulsion de la Chambre. Mais on ne sent pas non plus une volonté de baisser le ton.
Les partis d’opposition ont devant eux un gouvernement fragilisé qui manifestement sera battu aux prochaines élections. Du moins, c’est ce que nous disent systématiquement les sondages, mois après mois, depuis plus d’un an.
Mais les libéraux n’ont pas encore jeté l’éponge. Même s’il ne fait plus autant l’unanimité auprès de ses troupes qu’auparavant, Justin Trudeau compte bien être là lors de la prochaine campagne électorale. Mieux encore, son parti semble avoir maintenant accepté le fait que le premier ministre sollicitera un quatrième mandat.
La crise qui a secoué le Parti libéral cet automne n’aura donc été que passagère. Du moins en public, car en privé on sent que plusieurs se préparent à une future course au leadeurship.
Plusieurs ont interprété ainsi la publication la semaine dernière d’un article du New York Times consacré à la ministre Mélanie Joly. On y peignait le portrait d’une battante qui pourrait possiblement succéder à Justin Trudeau.
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Le chef conservateur, Pierre Poilievre, a réussi à assoir solidement – pour ne pas dire fermement – son autorité à la tête de son parti.
Il est aussi parvenu à se faire connaitre de la population. Les Canadiens savent maintenant très bien qu’il est contre les taxes – surtout la taxe carbone –, qu’il veut régler en priorité la crise du logement et qu’il veut combattre la criminalité, notamment celle en lien avec les drogues dures.
Il aura aussi réussi à faire oublier certaines bourdes, comme ses propos vantant les cryptomonnaies ou attaquant le gouverneur de la Banque du Canada. C’est le signe d’un chef maintenant en pleine maitrise de la situation.
Le message répété sans cesse par les conservateurs à propos de l’abolition de la taxe carbone («Axe the tax») donne des résultats. Les baisses d’impôts et de taxes séduisent l’électorat. Plus que jamais? Peut-être. Si c’est le cas, c’est le résultat d’une campagne de communication conservatrice extrêmement efficace.
Le Parti libéral comprend maintenant l’attrait des baisses d’impôts auprès de la population. Après avoir temporairement suspendu la taxe carbone sur le mazout dans les provinces de l’Atlantique l’automne dernier, voici qu’il suspend temporairement la TPS sur une grande qualité de produits durant deux mois.
Comme on le voit, le Parti conservateur est maintenant capable d’influencer les politiques du gouvernement libéral, sans être au pouvoir.
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Pendant plus de deux ans, le NPD a été le principal partenaire du gouvernement grâce à l’entente formelle signée avec les libéraux. Il pouvait ainsi imposer certaines de ses volontés.
Des projets de loi qui lui étaient chers ont ainsi été adoptés, comme l’assurance dentaire, l’aide au logement et plus récemment la loi anti-briseurs de grève et l’assurance médicaments.
En déchirant l’entente, le chef néodémocrate Jagmeet Singh a peut-être fait des gains à court terme, comme conserver la circonscription d’Elmwood–Transcona au Manitoba lors de l’élection partielle de septembre dernier.
Mais la hausse de popularité tant espérée avec la fin de cette entente ne s’est jamais concrétisée. Le principal problème, c’est que Jagmeet Singh n’a jamais expliqué pourquoi son parti serait plus efficace s’il mettait fin à l’entente. D’autant plus qu’il refuse de renverser le gouvernement.
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Le Bloc québécois pourra dire que la patience a finalement porté ses fruits. Après avoir dû ronger son frein pendant plusieurs années, voilà qu’il peut maintenant marchander son appui auprès des autres partis. D’ailleurs, la rapidité avec laquelle il a présenté ses exigences au gouvernement illustrait bien qu’il a gagné en importance.
Par contre, cette influence est encore très théorique. Les libéraux refusent de collaborer avec ce parti indépendantiste, qui est leur grand adversaire au Québec.
Ils ne sont pas seuls. Les conservateurs, eux aussi, n’ont montré aucune ouverture à travailler avec les bloquistes pour défaire le gouvernement. Encore une fois, l’explication se trouve dans les intentions de vote au Québec.
Contrairement à ce qui se passe dans le reste du Canada, les conservateurs ne dominent pas au Québec. C’est le Bloc qui est et demeure bon premier dans les intentions de vote. La personnalité de Pierre Poilievre serait la principale raison des déboires conservateurs dans cette province. On n’aime pas son ton trop agressif, voire abrasif.
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Le chef conservateur sera-t-il capable de changer de style au cours des prochains mois? La question se pose après qu’il a vécu l’une de ses pires semaines depuis qu’il est à la tête du Parti conservateur.
Beaucoup d’observateurs lui ont reproché de ne pas avoir eu à cœur les intérêts du pays depuis l’annonce fracassante du président désigné Donald Trump d’imposer des tarifs douaniers au Canada comme mesure de représailles face à l’immigration illégale.
Au lieu de se serrer les coudes avec le reste de la classe politique et aussi avec les milieux d’affaires, Pierre Poilievre a continué à attaquer les libéraux, soulignant la faiblesse du gouvernement Trudeau. Était-il nécessaire de donner des munitions supplémentaires au futur président américain?
Le rôle du chef de l’opposition officielle est double. D’une part, il a la responsabilité de surveiller le gouvernement et de lui demander de rendre compte de sa gestion. D’autre part, il doit se présenter comme une solution de rechange au gouvernement actuellement au pouvoir.
Au cours de la dernière année, Pierre Poilievre s’est très bien acquitté de son premier rôle, mais pas du deuxième. L’année 2025 sera celle où il devra montrer qu’il a l’étoffe d’un chef d’État. Qu’il a à cœur les intérêts de chaque personne au Canada, qu’elle ait voté pour lui ou non.
Geneviève Tellier est professeure à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa. Ses recherches portent sur les politiques budgétaires des gouvernements canadiens. Elle commente régulièrement l’actualité politique et les enjeux liés à la francophonie dans les médias de tout le pays.
«[La question], ce n’est pas juste de travailler en français, c’est d’apprendre le français», a lancé la présidente du Conseil du Trésor, Anita Anand, devant les sénateurs du Comité permanent des langues officielles, lundi.
«Il faut changer cette culture d’être unilingue. Je sais la réalité, c’est difficile d’apprendre le français dans les ruralités. C’est possible, je l’ai appris dans un domaine rural en Nouvelle-Écosse», a-t-elle ajouté, en réaction au commentaire du sénateur néoécossais Réjean Aucoin sur les limites des services en français à la population.
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Le témoignage de la ministre portait sur le rapport annuel 2022-2023, qui dresse un portrait de la fonction publique canadienne avant la modernisation de la Loi sur les langues officielles.
Plusieurs sénateurs, à l’instar de l’Acadien du Nouveau-Brunswick René Cormier, ont partagé leurs inquiétudes à propos de l’attente des règlements de la nouvelle loi. Deux semaines plus tôt, le Commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge, avait lui aussi laissé entendre que le temps pressait.
Si la ministre Anand n’a pas voulu fournir d’échéancier précis devant le comité, elle a assuré que les règlements sortiraient «avant mars 2025».
«On a eu beaucoup de consultations déjà, pas seulement avec les provinces et territoires, mais avec les autres parties prenantes», assure Anita Anand, rappelant au passage avoir passé du temps à Halifax l’été dernier pour entendre les avis sur les règlements.
Devant la préoccupation persistante des sénateurs, Anita Anand s’est évertuée à souligner les progrès réalisés par le gouvernement fédéral.
Quatre-vingt-quinze pour cent des employés des postes désignés bilingues satisfont aux exigences linguistiques. Et 25 % [d’entre eux] ont le français comme première langue officielle. On a fait beaucoup de travail, mais on [en] a beaucoup à faire dans l’avenir.
Anita Anand a tenté d’apaiser les sénateurs, indiquant que son ministère avait lancé le «tout premier cadre» sur la formation dans la deuxième langue officielle et augmenté le niveau de compréhension orale.
«Le [Secrétariat du Conseil du Trésor] a commencé à préparer le terrain», a renchéri Carsten Quell, directeur général du Centre d’excellence en langues officielles aux ressources humaines du Conseil du Trésor.
Des employés sont sous supervision dans la langue de leur choix dans les régions bilingues et le niveau de l’offre de formation a augmenté d’une case.
Toutefois, en juin 2025 – quand tout employé pourra être supervisé dans la langue de son choix dans une région désignée bilingue, que son poste soit désigné bilingue ou non – le niveau de bilinguisme requis pour les postes des employés qui sont en formation pour apprendre une langue seconde ne sera pas augmenté jusqu’à ce que le poste se libère.
Autrement dit, l’exigence du bilinguisme ne sera pas revue à la hausse avant qu’une autre personne n’occupe ce poste.
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Le commissaire aux langues officielles a pour rôle de faire respecter l’esprit et la lettre de la Loi sur les langues officielles, modernisée en juin 2023.
Le Secrétariat du Conseil du Trésor est chargé de la mise en œuvre et de la coordination de la Loi au sein des institutions fédérales. Il doit aussi déposer les règlements de la partie VII de la Loi, liée à l’épanouissement des minorités de langue officielle et à la promotion des langues officielles au Canada.
C’est toutefois le ministère du Patrimoine canadien qui est responsable de la partie VII de la Loi.
Le ministre de la Justice conseille le gouvernement sur les questions juridiques et les litiges en matière de droits linguistiques.
En cas de non-respect de la loi, que ce soit dans les entreprises privées sous juridiction fédérale – comme Air Canada, dont le patron avait déclenché une polémique sur le français – ou au sein de la fonction publique fédérale, la ministre s’est montrée évasive quant aux sanctions possibles.
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«Nous savons que la nouvelle exigence va présenter des possibilités et aussi des défis», a affirmé la ministre Anand, en référence à la mesure qui laissera le choix à l’employé de parler ou d’être supervisé dans la langue officielle de son choix, dans la fonction publique.
Elle a été tout aussi évasive pour les entreprises sous juridiction fédérale. Les dirigeants devront être bilingues, assure la ministre, qui précise toutefois qu’il ne s’agit «pas d’une question de loi», mais d’une «question de culture dans l’organisation».
C’est un two-way street. Si je n’essaie pas de parler les deux langues officielles, personne ne va parler français. Si on vous parle anglais, continuez, parlez le français, et peut-être qu’ils voudront [le] parler.
«Je ne suis pas certaine que les entreprises privées sous compétence fédérale pensent comme vous», lui a répondu la sénatrice québécoise Marie-Françoise Mégie.
La ministre Anand a soutenu qu’en parallèle des consultations liées aux règlements sur les langues officielles, d’autres étaient en cours pour les langues autochtones.
«On évalue comment relever les défis des employés autochtones confrontés aux exigences des langues officielles. Mais [ces consultations] ne sont pas la raison pour laquelle nous allons arrêter notre travail.»
Elle a promis aux sénateurs de revenir une fois les règlements adoptés.
Le jeune réseau social Bluesky est passé d’environ 10 millions d’utilisateurs et utilisatrices en septembre à plus de 20 millions à la fin de novembre. Threads, créé par Meta, en aurait gagné plus de 35 millions en novembre.
Au même moment, mais dans une moindre mesure, un nombre record de personnes ont tiré une croix sur X.
Dans les trois cas, les plus grands bonds ont été observés après la réélection de Donald Trump à la présidence des États-Unis. Depuis, le nombre de personnes abonnées à Bluesky aux États-Unis a augmenté de 519 %, par exemple.
Un premier grand mouvement a eu lieu lorsque Elon Musk a acheté Twitter. Promettant d’en faire un haut lieu de la liberté d’expression, l’homme d’affaires a éliminé toute forme de modération sur la plateforme et, ironiquement, suspendu les comptes des personnes qui avaient des opinions différentes des siennes ou qui se moquaient de lui.
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Twitter n’a jamais été un réseau social représentant uniquement les valeurs progressistes, mais l’arrivée du milliardaire à sa tête a décomplexé davantage les trolls et les réactionnaires racistes, misogynes et homophobes, qui se sont mis, en plus grand nombre, à répondre violemment à tout propos ou point de vue contraire à leur vision du monde.
Le journal The Guardian a cessé de publier sur X le 13 novembre, indiquant que les bénéfices d’être sur X étaient maintenant moins importants que les désavantages.
Ce climat oppressant a incité de nombreuses personnes à faire la transition vers Bluesky. Certaines ont peut-être été encouragées par le quotidien The Guardian, qui a annoncé le 13 novembre qu’il ne publierait plus sur X, ajoutant que «la campagne électorale américaine n’a fait que mettre en évidence ce que nous sentions depuis longtemps : X est une plateforme toxique» [trad.].
Le Guardian et d’autres médias baissent donc les bras. Ils ont décidé de quitter ce champ de bataille contre la désinformation et de continuer leur combat ailleurs.
Difficile de trop leur en vouloir. Qui aime passer ses journées à se faire injurier et dénigrer? Ne vaut-il pas mieux dépenser son énergie ailleurs et de façon plus constructive?
D’un autre côté, les propagateurs de «faits alternatifs» ont maintenant le chemin libre sur X. Moins de personnes pour remettre en question cette autre version du monde.
La division existait sur X. Désormais, elle sera entre, d’une part, X et, d’autre part, Bluesky, Threads et…
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Il est facile sur les réseaux sociaux de s’enfermer dans ce qui s’appelle une chambre d’écho, c’est-à-dire un lieu où circulent seulement des opinions semblables aux siennes et des informations qui nous rassurent.
X avait au moins le mérite de confronter ses utilisateurs et utilisatrices plus fréquemment à des opinions différentes. Elles étaient cependant trop souvent exprimées sans décorum ou empathie.
Le réseau social produira donc encore plus d’écho entre ses murs, et Bluesky le fera tout autant pour d’autres lignes de pensée. Et peut-être pour longtemps, puisque cette plateforme permet un contrôle accru sur ce qu’on veut voir; l’algorithme est (pour l’instant peut-être) moins envahissant.
Cela n’aidera en rien le fossé qui se creuse au sein de l’électorat au sud de notre frontière ni celui qui s’élargit au Canada. Impossible de se comprendre si on ne se parle pas de façon civilisée.
Les médias d’information rigoureux sont une solution, même s’ils ont contribué au problème en ignorant les questions et les inquiétudes d’une partie de la population.
Ce sera long, mais les médias traditionnels devront créer des ponts, offrir une voix à plus de points de vue dans un esprit d’ouverture. Il faut tout de même trouver des intervenants et des intervenantes qui se fondent sur des faits démontrables, qui ne tombent pas dans la conspiration ou qui ne cherchent pas à nourrir des peurs irréfléchies.
Tout est un cycle. Une période s’est terminée et la suivante s’amorce; celle où les opinions comptent plus que les faits pour une tranche élargie de la population. Lorsque nous nous rendrons compte que la nouvelle solution n’est pas plus magique que la précédente pour régler tous nos problèmes, nous voudrons essayer autre chose.
Et pour répondre à votre question, oui, Francopresse publie encore sur X, mais aussi sur Bluesky.
Je débute ce top 10 par une belle découverte un peu plus intense. Ils n’en sont qu’à un deuxième EP, mais les jeunes musiciens de la formation Messe offrent un son mature et très intéressant. Avec J’mettrai le feu, la formation de Bathurst se classe dans un univers particulier, où l’on retrouve des groupes acadiens comme Les Hôtesses d’Hilaire, la Patente ou encore Aubin pi la S.C.B.
Dans un autre spectre musical, en 9e position, on a un tête-à-tête avec un membre de Radio Radio. Gabriel Malenfant, dit GABIO, auteur-compositeur, faiseur de beat, nous présente une facette plus personnelle avec son album Vers la mer. Un rendez-vous où les rythmes sont toujours aussi entrainants. Ses rythmes endiablés se font sentir aussi dans l’élocution du verbe.
La 8e position fait place à une autre belle découverte. Girlz with Guitarz est un trio féminin de la région de Plamondon, en Alberta. Composé des sœurs Tracy et Karen et de leur tante Michèle. Ces multi-instrumentistes aux voix harmonieuses nous captivent avec un univers folk dont la richesse se trouve dans les arrangements musicaux. Les harmonies vocales sont souvent la force maitresse des chansons proposées.
D’un trio féminin à un autre, la 7e place revient aux Sœurs Marleau qui œuvrent en chansons depuis 1979. Sous le nom Diadem à leurs débuts, elles nous reviennent sous le signe de l’espérance. Osons l’espérance nous interpelle avec une douzaine de textes sur des thèmes universels. Le tout est un bouquet de souhaits universels et de musiques contemporaines.
Pour terminer ce premier bloc de cinq albums, j’ai une proposition fort intéressante. Il s’agit d’un guitariste originaire d’Edmunston au Nouveau-Brunswick, RenzRossi (René Rossignol). Il offre le fruit d’une expérience de création entre lui et l’artiste visuel Luc A. Charrette. S’inspirant des tableaux de ce dernier, RenzRossi a lancé son tout dernier EP, Tableaux, un univers jazz des plus captivants. Chaque pièce est une émotion musicale inspirée d’une œuvre d’art visuel. Le tout devient un moment de grâce.
On débute le top 5 avec un retour sur disque d’un Franco-Ontarien qui a connu bien du succès à la radio. L’auteur-compositeur-interprète de Sudbury, Dayv Poulin, met au placard son alter ego du Paysagiste et nous offre un album avec des mélodies puissantes et très accrocheuses. Tout est relatif est un album qui tombe à point grâce à ses nombreux vers d’oreille captivants.
Dans le carré d’as du top 10 de 2024, on retrouve une voix des plus familières en Acadie, que ce soit en tant que membre de la formation Baie que comme musicien pour plusieurs artistes. L’auteur-compositeur-interprète, Matt Boudreau, natif de Petit-Rocher, est inévitable. Sur l’album Yellow Mellow, il a toujours ce son pop-rock qui le démarque, ce timbre de voix qui nous enveloppe texte après texte. Il nous invite à une rencontre exceptionnelle.
Sur la 3e marche du podium, c’est un nom familier au sein de la famille des auteurs-compositeurs franco-ontariens : Brian St-Pierre. Il est une inspiration pour toute la communauté francophone de l’Ontario d’est en ouest. L’album Malgré tout se démarque du lot et nous offre de magnifiques mélodies qui accompagnent de superbes textes remplis de vérité.
En deuxième place, c’est l’un des grands de sa génération, c’est un coup de cœur à chaque album. Monette revient aux sources et nous offre un cinquième opus à saveur country-folk avec une voix solide comme du roc. Le diable dans le corps est une autre preuve de son grand talent. Monette nous séduit à nouveau avec des mélodies fortes et des textes puissants.
Mon top de 2024 est une caresse pour l’âme. Depuis une quinzaine d’années, Alexis Normand nous invite dans un univers folk aux nuances de blues et de jazz, qui nous charme note après note. Avec Empreintes, elle nous livre toute la sensibilité de son art.
L’auteure-compositrice-interprète fransaskoise nous amène au plus profond de son âme avec des mélodies puissantes, qui révèlent toute la richesse de sa plume. La douceur de sa voix mielleuse nous livre toute la puissance de chaque mot. L’artiste a su se forger un parcours musical qui démontre toute la richesse de son talent.
Eh bien voilà, 10 albums à découvrir ou à redécouvrir. Encore une fois, une preuve tangible de la beauté et du dynamisme de la francophonie musicale canadienne. Tendez l’oreille et encouragez cette belle francophonie.
«On n’est pas contre les armes, on n’est pas contre les chasseurs, on n’est pas contre la chasse; on est pour notre sécurité», affirme Nathalie Provost.
Le 6 décembre 1989, l’École polytechnique de Montréal a été le théâtre d’un féminicide, un acte haineux dirigé contre des femmes qui rêvaient de devenir ingénieures. Un rêve qui, pour certaines, fut coupé court par les balles d’une Ruger mini-14.
Depuis, le groupe de citoyens bénévoles PolySeSouvient milite pour un plus grand contrôle des armes à feu. Sa porte-parole, Nathalie Provost, est une survivante du drame qui a fait 14 morts, 13 blessés et des milliers d’endeuillés.
Si la Ruger mini-14 est interdite depuis mai 2020, le travail de PolySeSouvient n’est pas achevé.
Nathalie Provost : En 1995, le Canada s’était doté de la Loi sur les armes à feu, qui n’était pas parfaite, mais qui incluait l’enregistrement total de tous les types d’armes. La destruction [du registre, sous Stephen Harper, NDRL] a été un recul majeur en matière de sécurité publique. On n’avait plus l’information de qui possédait quoi.
En arrêtant de les enregistrer, ça a donné l’impression qu’il y avait des armes moins dangereuses. Or, dans les armes non restreintes – comme dans certaines armes restreintes –, il y a des armes de style d’assaut. La Ruger mini-14 qui a été utilisée le 6 décembre était une arme non restreinte, mais de style d’assaut. Ça n’a pas pris une minute pour tirer 30 balles dans ma classe, et six personnes sont mortes.
Le gouvernement Trudeau a adopté la stratégie de l’interdiction, et c’est une course à obstacles incroyable depuis son élection en 2015. On va de promesses à réalisations mineures, à fausses bonnes idées, à se séparer de ses responsabilités pour les donner parfois aux municipalités, parfois aux provinces.
Personne ne se bat pour la sécurité publique. On la tient pour acquise. Donc on ne manifeste pas, on n’appelle pas nos députés.
Les propriétaires d’armes, et particulièrement ceux impliqués dans le gun lobby, voudraient que les armes soient reconnues comme un droit au Canada. Ils parlent fort, manifestent devant les bureaux de députés.
Plusieurs députés pensent alors que la pensée populaire est pour les armes. Donc il faut que ceux qui, comme nous, se battent pour la sécurité publique, manifestent.
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C’est vers cette entrée de l’université que se sont ruées des dizaines de témoins inquiets, d’ambulanciers et de journalistes, le 6 décembre 1989.
La mise en œuvre est difficile. […] On se retrouve un an après la sanction royale et le programme de rachat n’est pas commencé.
En plus, il ne vise pas une liste complète d’armes de style d’assaut. Depuis 2020, de nouveaux modèles sont entrés sur le marché. Or, ces modèles ne sont pas inclus dans le programme de rachat. Il faut absolument qu’ils soient interdits rapidement.
Il y a des mesures importantes pour la sécurité des femmes qui doivent être mises en œuvre et qui ne le sont toujours pas. C’est urgent.
On est inquiets, parce que s’il y avait des élections tôt cet hiver… Pierre Poilievre a dit – pour faire plaisir aux extrémistes des armes – qu’il déferait le projet de loi C-21. S’il le défait… c’est un combat d’une vie. C’est 35 ans.
La Loi modifiant certaines lois et d’autres textes en conséquence (armes à feu) (anciennement projet de loi C-21) a reçu la sanction royale le 15 décembre 2023.
Cette loi vise, entre autres, à empêcher les armes à feu de tomber entre les mains d’individus responsables de violence conjugale. Mais certains de ses articles n’ont toujours pas été mis en œuvre.
Par exemple, la loi modifiée permettra d’éviter qu’un individu visé par une ordonnance de protection ou qui a été déclaré coupable de certaines infractions liées à la violence familiale ne soit pas admissible à un permis d’armes à feu.
En mai 2020, le gouvernement du Canada a annoncé l’interdiction de plusieurs modèles et de variantes d’armes à feu de style d’assaut. Il a élargi cette liste le 5 décembre 2024.
C’est toujours fragile, la position des femmes.
Parlez-en aux femmes afghanes, ukrainiennes, libanaises, palestiniennes, israéliennes – je ne veux pas prendre un côté ou l’autre –, mais souvent dans des situations tendues et de guerre, les premiers qui perdent, ce sont les femmes et les enfants.
Au Canada et au Québec, on est encore des femmes privilégiées, on vit encore dans une société où nos droits sont plutôt respectés. Mais quand on regarde les hausses de féminicides, et, par exemple, la montée du masculinisme, ben on peut être inquiet.
Les propos ont été réorganisés pour des raisons de longueur et de clarté.
Il y a des discours là-dedans qui n’ont aucun sens. Quand j’entends, en 2024, «la place des femmes est à la maison», je suis inquiète pour mes filles, mais pour mes petites-filles aussi.
Le plus grand danger, c’est de penser que parce que ça va bien pour soi, c’est acquis. Je n’y crois plus maintenant. Quand je suis rentrée à Polytechnique, j’avais 19 ans. Dans ma tête, il n’y avait rien pour m’arrêter. Toutes les portes s’ouvraient devant moi. […] Je ne réalisais pas tout ce qui se passait autour de moi.
Quand tu penses que ça va bien, tu ne veux pas voir… donc tu ne vois pas. C’est ça, être naïf, être un peu innocent. Les évènements de Poly, ça a brisé ça dans ma vie, à tout jamais.
Raymond Théberge a produit un rapport de suivi pour expliquer que dix institutions fédérales et le Secrétariat du Conseil du Trésor, n’ont que partiellement appliqué ses recommandations de 2020 sur les exigences linguistiques des postes de ces institutions.
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Le premier ministre a étendu sa présence à l’APN, jeudi, pour écouter et répondre aux questions des membres de Premières Nations sur des sujets qui continuent de cristalliser les tensions entre elles et le gouvernement fédéral.
Jeudi, le premier ministre a participé à une période de questions, avec quatre de ses ministres, lors de l’Assemblée des Premières Nations, qui abordait divers sujets. Mardi, cette dernière a adopté une résolution pour engager une enquête nationale sur le racisme systémique dans les corps policiers.
Interpelé sur la mort de jeunes tués par des policiers, dont neuf en un mois entre aout et septembre 2024, Justin Trudeau a réitéré qu’il souhaitait être là pour «créer un monde où aucune mère ne devra pleurer la mort de son enfant».
Ce qu’ils disent au sujet des violences policières : «Nous ne voulons pas que les erreurs du passé se répètent», a indiqué un chef autochtone.
Au sujet de l’eau potable : «Nous ne pouvons pas continuer de vous permettre de prendre nos ressources et de nous laisser vivre dans la pauvreté», a souligné un des membres de l’Association lors de la période de questions.
Le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, a voté lundi contre la motion de la leadeur du gouvernement à la Chambre des Communes, Karina Gould, qui proposait d’ajourner le débat sur la question de privilège des conservateurs qui paralyse les travaux parlementaires depuis plusieurs semaines.
Ces derniers demandent aux libéraux de leur fournir des documents sur un fonds vert, aboli aujourd’hui, qui aurait mal géré des millions de dollars.
Le NPD ne votera pas pour la motion de censure des conservateurs pour faire tomber le gouvernement Trudeau, lundi prochain.
Les finances en jeu : Le gouvernement devrait présenter une mise à jour économique – une tradition lors de la session d’automne, mais qui n’est pas obligatoire – et un budget supplémentaire des dépenses pour faire approuver des réajustements et des dépenses, faute de quoi les ministères devront se serrer la ceinture en 2025.
Avant de voter sur les questions financières, il était nécessaire d’attribuer les quatre journées d’opposition restantes. Le président de la Chambre, Greg Fergus, a attribué deux journées cette semaine et deux autres, lundi et mardi, la semaine prochaine.
Jeudi a eu lieu le débat sur une motion de censure présentée par les conservateurs et le vote se tiendra lundi.
Le NPD a déjà prévenu plus tôt cette semaine qu’il voterait contre la motion conservatrice visant à faire tomber le gouvernement.
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La Fédération des Métis du Manitoba (FMM) et le gouvernement canadien ont signé un traité historique reconnaissant l’autonomie gouvernementale des Métis de la rivière Rouge.
Pourquoi c’est important : Ce traité, basé sur une entente de 2021, établit la FMM comme gouvernement officiel des Métis de la rivière Rouge, lui conférant des pouvoirs législatifs en matière de citoyenneté, d’élections et de gestion des affaires internes.
La prochaine étape est l’adoption d’un projet de loi fédéral pour constitutionnellement protéger ce traité et remplacer l’entente précédente.
Il s’agit du premier traité d’autonomie gouvernementale signé avec un gouvernement et un groupe métis au Canada, marquant une avancée dans la mise en œuvre des droits à l’autodétermination des peuples autochtones, conformément à la Déclaration des Nations Unies.
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Le chef conservateur a lancé en mêlée de presse, sur la mise à jour économique prochaine du gouvernement : «Est-ce que [la ministre Freeland] cache le contrôle du déficit de l’argent cette année, comme chaque année?»
Mercredi, le chef conservateur Pierre Poilievre a proposé à la ministre des Finances, Chrystia Freeland, deux heures de leur journée d’opposition lundi prochain, pour qu’elle puisse présenter la mise à jour économique, généralement déposée à l’automne par le gouvernement fédéral.
Ce qu’ils disent : «Un beau cadeau de Noël pour elle. Mais j’espère que ça ne va pas être la misère pour les Canadiens», a lancé mercredi devant les journalistes M. Poilievre.
La leadeure du gouvernement, Karina Gould, a qualifié l’offre de «jeux politiques». «C’est n’importe quoi avec Monsieur Poilievre », a-t-elle critiqué en mêlée de presse, quelques minutes après la déclaration du chef conservateur. Elle a plutôt demandé de mettre fin au blocage en chambre.
Le Canada doit intensifier ses efforts pour répondre à la crise des 114 millions de personnes déplacées de force dans le monde, estime le Comité sénatorial des droits de la personne dans un rapport publié mardi.
Les conflits en Ukraine, au Moyen-Orient et au Soudan, ainsi que les changements climatiques, sont les principales causes de cette crise sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale.
Une crise internationale : Le fardeau d’accueil est inégalement réparti. Les pays comme l’Iran, la Turquie, l’Allemagne, la Colombie et le Pakistan, reçoivent chacun entre 2,1 et 3,4 millions de réfugiés. En raison de sa géographie, le Canada est moins exposé à ces mouvements massifs, mais peut jouer un rôle plus actif.
Le comité propose 15 recommandations, dont l’augmentation du financement pour les groupes humanitaires et les pays hôtes, ainsi que l’élaboration d’un plan international pour un partage équitable des responsabilités, avec des objectifs précis.
Une centaine de militants de différents organismes, dont Voix juives indépendantes s’est réunie mardi pour bloquer l’accès des députés fédéraux à leurs bureaux. Ils demandent un embargo sur le matériel militaire que le Canada continue de fournir à Israël.
Voix juives indépendantes dénonce le rôle des armes fournies par le Canada dans les crimes de guerre d’Israël, fait appel à la prise de conscience des personnes juives et réclame un embargo sur les armes.
Dans un rapport de 2020, le commissaire aux langues officielles soulignait que les onze institutions fédérales, ont la responsabilité de définir les exigences linguistiques des postes, avec le «même degré de rigueur et d’effort que s’il s’agissait de toute autre qualification essentielle requise pour le poste».
Dans un nouveau document publié le 5 décembre, Raymond Théberge constate que, malgré les efforts déployés par les institutions pour appliquer ses recommandations, ces dernières n’ont été que partiellement ou non mises en œuvre.
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Néanmoins, des disparités importantes subsistent entre les institutions gouvernementales. Certaines offrent des ressources complètes, incluant des politiques détaillées et des outils pratiques pour mettre en œuvre les exigences linguistiques, tandis que d’autres s’appuient uniquement sur des ressources externes, souvent mal comprises.
La consultation des spécialistes en langues officielles reste variable, parfois obligatoire, mais insuffisante dans plusieurs cas, souligne le commissaire.
J’ai […] constaté qu’une seule institution disposait d’un mécanisme pour résoudre les désaccords entre le personnel en langues officielles et les délégataires.
Dans les autres institutions, c’est le gestionnaire qui décide ultimement des exigences linguistiques d’un poste, même si sa décision est contraire à l’avis du personnel en langues officielles.
De plus, les critères linguistiques restent limités pour les postes de supervision, particulièrement dans les régions bilingues, ce qui est jugé inadapté pour garantir la qualité et l’équité dans les deux langues officielles.
Enfin, la moitié des institutions ne disposent pas des trois éléments clés (politique, procédure, outil) pour évaluer objectivement les exigences linguistiques. Certaines ressources sont obsolètes ou incomplètes, ce qui reflète une mise en œuvre insuffisante des recommandations formulées il y a deux ans.
Les institutions doivent intensifier leurs efforts pour assurer une fonction publique respectant pleinement les obligations linguistiques, conclut le commissaire.
«Nous avons la responsabilité, comme gouvernement et comme ministre, de faire les suivis responsables pour assurer qu’on respecte la Loi sur les langues officielles et qu’on doit implanter cela. Plus tôt que plus tard. Et si c’est un peu tard, on doit se regarder dans le miroir. Ce n’est pas compliqué», a souligné le député néoécossais libéral, Darrell Samson, en entrevue jeudi.
Le commissaire aux langues officielles pointe aussi du doigt le manque périodique d’évaluation des exigences linguistiques des postes au sein des institutions fédérales visées.
Bien que certaines disent effectuer des audits, elles n’ont pas fourni de détails concrets, comme la fréquence des examens ou des documents confirmant ces pratiques.
À ma grande déception, le suivi a révélé que les institutions ont fait très peu pour mettre en œuvre cette recommandation, et ce, bien qu’elles aient eu deux ans pour prendre des mesures.
Aussi, si la plupart des institutions offrent une formation sur les exigences linguistiques, celle-ci est souvent recommandée et non obligatoire.
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Le Conseil du Trésor, un des ministères responsables de la mise en œuvre de la Loi sur les langues officielles, n’a pas respecté deux recommandations du commissaire, dont celle de se conformer aux exigences linguistiques auprès «d’intervenants clés», comme les champions aux langues officielles dans les institutions par exemple.
Le Conseil accuse plus de deux ans de retard, malgré l’élaboration d’un plan pour mettre pleinement en œuvre la recommandation d’ici 2025. «En effet, je souhaitais que les politiques et les outils soient révisés dans les deux ans de la publication de mon rapport de 2020, c’est-à-dire avant novembre 2022», rappelle Raymond Théberge.
Les incidences au non-respect de la Loi sont d’une portée considérable, estime-t-il. «Ne pas établir objectivement les exigences linguistiques entrave la capacité d’une institution à fournir des services au public dans les deux langues officielles.»
«Les organismes communautaires nous veulent, mais ils ne savent pas comment favoriser notre implication, comment nous attirer et nous retenir», témoigne le Fransaskois Louis-Pascal Guérette DeVink, scolarisé en 12e année à Saskatoon.
Serge Quinty assure que la FCFA fera un suivi auprès de ses organismes membres pour savoir quelles actions concrètes ils ont entreprises à la suite du Forum.
Pour faire le pont entre les jeunes d’expression française et le réseau associatif, la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA), en partenariat avec la Fédération de la jeunesse canadienne-française (FJCF), a organisé les 28 et 29 novembre un Forum des leaders consacré à l’engagement jeunesse.
Près de 40 organisations et 28 jeunes d’expression française de tout le pays y ont participé.
«On doit développer de nouvelles stratégies pour que les jeunes se reconnaissent et s’engagent dans nos réseaux», insiste le coordonnateur de l’évènement et directeur des communications de la FCFA, Serge Quinty.
À ses yeux, la définition des «enjeux francophones» doit évoluer : «Il ne s’agit pas juste de parler de la défense du français, mais aussi de justice sociale, de changement climatique en français.»
«On doit travailler à mieux cibler nos activités pour répondre plus adéquatement aux besoins des jeunes», abonde dans le même sens la directrice générale de Canadian Parents for French, Nicole Thibault.
Simon Thériault de la FJCF fait part des inquiétudes économiques de la jeunesse franco-canadienne.
Selon les premiers résultats du Baromètre jeunesse réalisé l’été dernier par la FJCF, la hausse du cout de la vie et l’accès à des services en santé mentale et au postsecondaire en français font partie des principales préoccupations des 18-25 ans.
«C’est vraiment accès sur l’économie, ce sont des inquiétudes semblables au reste de la population», observe le président de la FJCF, Simon Thériault.
Le leadeur appelle également les organismes communautaires à adapter leur fonctionnement afin de faciliter la participation de la nouvelle génération. Il évoque des réunions tôt le matin ou le soir, des rencontres en lignes, la mise en place de service de garde pour les parents, des possibilités de covoiturage pour celles et ceux qui n’ont pas de voiture.
«Nous devons optimiser nos façons de faire et notre gouvernance pour être plus attrayants», appuie Serge Quinty.
Les organisations souffrent par ailleurs d’un manque de visibilité au sein de la jeunesse. «Quand ils quittent leur regroupement jeunesse, beaucoup de jeunes se sentent perdus et ne savent pas où aller ni comment s’impliquer, car ils connaissent mal les autres structures de la francophonie», confirme le président de Jeunesse Acadienne et Francophone de l’Île-du-Prince-Édouard (JAFLIPE), Hayden Cotton.
Pour éviter de les perdre et assurer une meilleure transition, la FCFA et la FJCF travaillent sur un projet commun, dont l’objectif est de créer des passerelles plus structurées entre le réseau jeunesse et le reste des organismes porte-paroles de la francophonie. Des possibilités de jumelage et de tutorat sont notamment envisagées.
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«On doit changer d’approche et se mettre sur le chemin des jeunes. Il ne faut plus attendre qu’ils viennent à nous, mais s’engager auprès d’eux, s’adapter à leur réalité», estime Serge Quinty.
Ahdithya Visweswaran, ancien élève en classe d’immersion, témoigne de son parcours semé d’embuches pour réussir à intégrer la francophonie canadienne.
L’ouverture des organismes doit également se faire à l’égard des élèves d’immersion, selon le directeur des affaires publiques et politiques de Canadian Parents for French, Ahdithya Visweswaran.
«Ils doivent sortir de leur bulle et prendre le réflexe d’aller vers d’autres communautés», insiste cet ancien élève en école d’immersion.
Durant sa scolarité entre le Manitoba et l’Alberta, la communauté francophone ne l’a pas toujours accueilli à bras ouverts. Il évoque des remarques acerbes, «toi t’as l’accent de l’immersion, tu dilues la francophonie», qui l’ont poussé à changer son accent et sa façon de parler.
«En tant que personne immigrante, racisée, riche de plusieurs identités, je ne me sentais pas à ma place dans la francophonie, je n’avais pas de sentiment d’appartenance», confie Ahdithya Visweswaran.
Il salue à cet égard la volonté d’intégration des responsables communautaires présents au Forum des leadeurs : «Je me suis senti validé dans mon identité comme jeune bilingue, une nouvelle ère semble s’ouvrir.»
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les mercredis et samedis
Un avis que partage Jack Bailey, étudiant à l’Université du Nouveau-Brunswick : «Je suis encore quelqu’un qui a beaucoup d’anxiété à parler en français, mais là, j’ai senti une envie de s’appuyer sur notre leadeurship, de nous faire une place.»
Jack Bailey du Nouveau-Brunswick a senti une volonté des acteurs de la francophonie de faire plus de place aux élèves d’immersion lors du Forum des leadeurs.
Nicole Thibault appelle de son côté à briser la ligne de démarcation entre les systèmes scolaires francophone et anglophone, «qui ne définissent plus les jeunes d’aujourd’hui».
Face aux préoccupations économiques de la jeunesse, Nicole Thibault de Canadian Parents for French aimerait offrir plus de bourses d’études.
«Ils sont plus ouverts à passer d’un côté à l’autre, avec des parcours beaucoup plus mixtes, à cheval entre l’immersion et les écoles francophones», assure la directrice de Canadian Parents for French.
À ce titre, elle souhaite inciter davantage les élèves d’immersion à participer aux activités des groupes de jeunes francophones. À la suite du Forum, elle envisage même de parrainer et de soutenir financièrement ces groupes.
Le Fransaskois Louis-Pascal Guérette DeVink songe, lui, à organiser des tournées de promotion dans les écoles d’immersion pour faire connaitre son réseau jeunesse.
«Les jeunes d’immersion ne savent pas où sont les lieux de vie en français, il faut leur dire qu’il existe des façons de continuer dans la francophonie, en dehors de l’éducation», soutient Jack Bailey.
À Ottawa, Ahdithya Visweswaran espère que ce forum n’est qu’un début, «la première étape vers une plus grande inclusion des jeunes de tous les horizons et de toutes les diversités».
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