Le fédéral, les provinces et les territoires sont tous «alignés pour faire tomber les obstacles qui freinent le commerce entre nos provinces et territoires et rendre ça plus facile pour les consommateurs de choisir les produits de chez nous», a assuré le premier ministre, Justin Trudeau, lors d’une conférence de presse le 1er février.
Il annonçait alors la riposte canadienne aux tarifs douaniers des États-Unis, qui ont finalement été suspendus pendant au moins 30 jours à compter du 3 février.
Mais ce revirement de situation n’arrête pas le travail entamé par Ottawa et les provinces pour faciliter le commerce interprovincial, assure la ministre des Transports et du Commerce intérieur, Anita Anand, à Francopresse.
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«Il y a une volonté autour de la table», dit Anita Anand.
«C’est le moment»
Le Comité sur le commerce intérieur (CCI) s’est réuni le 31 janvier pour discuter, notamment, de l’amélioration de l’Accord de libre-échange canadien (ALEC).
Ainsi, trois recommandations ont été formulées à l’unanimité et seront présentées aux premiers ministres provinciaux, territoriaux et fédéral :
Tel qu’annoncé par voie de communiqué le 5 février, tous les premiers ministres ont appuyé ces recommandations du Comité.
«On doit avoir un système où les provinces et territoires reconnaissent les exigences règlementaires des autres», explique Anita Anand. Celle-ci affirme que ces initiatives iront de l’avant, «peu importe ce qui se passe aux États-Unis».
«C’est le moment de parler, de faire le progrès réel, et on va continuer sur ces recommandations-là parce que c’est nécessaire de bâtir notre économie domestique pour notre population, sans considérer ce qui se passe aux États-Unis», ajoute-t-elle.
Un accord limité
Entré en vigueur le 1er juillet 2017, l’Accord de libre-échange canadien (ALEC) est un accord commercial intergouvernemental signé par le gouvernement fédéral et les 13 provinces et territoires.
Dans ce document d’environ 350 pages, plus de 130 sont dédiées aux exceptions au libre-échange posées par les différents gouvernements.
Un exemple classique concerne les boissons alcoolisées, qui font l’objet d’exceptions dans la grande majorité des provinces et qui rendent difficile l’exportation de l’alcool vers d’autres provinces et territoires.
Les barrières règlementaires, elles, ne sont pas codifiées dans l’Accord. Par exemple, les juridictions ont des règles différentes quant à la taille des contenants pour les emballages alimentaires.
Les provinces embarquent
Avant que Donald Trump ne suspende les tarifs douaniers visant le Canada, les premiers ministres de toutes les provinces et tous les territoires s’étaient engagés à faciliter le commerce interne. Le plan : s’attaquer aux barrières qui limitent l’ALEC.
La première ministre du Nouveau-Brunswick, Susan Holt, a par exemple déclaré lors d’une conférence de presse, quelques heures avant l’annonce de la suspension, le 3 février, que sa province «participe à une révision agressive des barrières au commerce interne pour renforcer l’économie canadienne».
«On évalue activement la possibilité que la Saskatchewan retire ses propres exceptions, en totalité ou en majorité», a pour sa part déclaré le premier ministre Scott Moe, en conférence de presse le même jour.
Questionné sur la poursuite de ces objectifs commerciaux dans un contexte sans tarifs, Scott Moe répond à Francopresse dans un courriel que malgré le report des mesures, «le travail n’est pas terminé». Il ne donne pas plus de détails sur le commerce interprovincial depuis la suspension des tarifs.
«Je pense qu’une exception linguistique est totalement adéquate et même nécessaire» dans le cas du Québec, estime Christopher Skeete.
Dans un courriel à Francopresse, le ministre albertain du Travail, de l’Économie et du Commerce, Matt Jones, assure que l’Alberta continuera le travail «indépendamment des relations commerciales extérieures».
«L’Alberta continue de promouvoir des avancées en plaidant pour l’harmonisation règlementaire et la suppression des barrières dans des secteurs tels que le marché des boissons alcoolisées et le transport», écrit-il.
En entrevue avec Francopresse, le ministre québécois délégué à l’Économie, Christopher Skeete, confirme que peu importe ce qui se passe du côté des États-Unis, le Québec continuera de travailler sur la facilitation du commerce interprovincial.
«On est en train de regarder pour envoyer des gens dans d’autres provinces pour nous aider à ouvrir des réseaux de marchés, de distribution», a pour sa part déclaré le premier ministre québécois François Legault, en conférence de presse le 3 février.
En entrevue, Christopher Skeete confirme que cette réflexion se poursuit, peu importe la suspension des tarifs.
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Un potentiel de 200 milliards de dollars
Dans un communiqué de presse, la ministre Anita Anand confirme que «l’élimination des obstacles règlementaires fera baisser les prix, augmentera la productivité et ajoutera potentiellement jusqu’à 200 milliards de dollars à l’économie canadienne».
C’est aussi le chiffre qu’évoque l’analyste sénior en politiques publiques à l’Institut économique de Montréal, Gabriel Giguère, en entrevue avec Francopresse. Ce think tank a développé un index pour suivre l’évolution des barrières codifiées dans l’ALEC.
«Ce qu’on a constaté, c’est que certaines provinces, notamment l’Alberta ou le Manitoba, ont réduit leurs barrières au commerce interprovincial, dit-il. Mais il y en a d’autres qui ont fait du surplace. On peut penser au Nouveau-Brunswick, mais surtout le Québec.»
Le Québec a posé le plus grand nombre d’exceptions, 36, et n’en a éliminé aucune depuis 2017. «Je pense que toutes les provinces devraient s’attaquer aux barrières qui restent de leur côté, mais le Québec a très certainement beaucoup de travail à faire», poursuit l’expert.
«Le Québec se tient debout»
Au Québec, nos exceptions sont assez normales. On va reconnaitre les diplômes et les professions à l’extérieur du Québec, mais on exige le français.
«Est-ce que ça freine vraiment le commerce? Peut-être. Mais est-ce qu’en termes de dollars ça a un impact réel considérant le cout sociétal? Je pense qu’on est à la bonne place. […] Le Québec se tient debout pour défendre le français.»
L’élu évoque une «perception persistante» selon laquelle le commerce interprovincial va mal, en particulier à cause des exceptions. «C’est sûr qu’il y a des irritants, des enjeux à régler, mais la bonne nouvelle c’est que l’on constate déjà qu’il y a une belle augmentation du commerce interprovincial depuis un bon nombre d’années.»
Statistique Canada chiffre la croissance de la valeur du commerce interprovincial à 16,5 % entre 2021 et 2022.
Selon Christopher Skeete, il faudrait dorénavant surtout travailler sur les barrières règlementaires. Le CCI s’est entendu pour identifier cinq à dix secteurs prioritaires pour l’harmonisation de certaines règles et pour une reconnaissance mutuelle.
Depuis la montée de ce que l’on appelait la «droite alternative» dans les années 2010 jusqu’aux paniques engendrées plus récemment par les discours «anti-woke», une droite radicale et sans respect pour les institutions en place a maintenant pris le dessus sur la droite institutionnelle et démocratique.
De nombreux décrets signés par Donald Trump visent l’affaiblissement des mécanismes de régulation.
Ce mouvement politique a su utiliser la désinformation, le mensonge et l’intimidation pour prendre les commandes du Parti républicain aux États-Unis, mais aussi s’installer au sein du Parti conservateur au Canada. C’est en son sein qu’est né le convoi dit «de la liberté» à Ottawa.
Cette droite a notamment donné naissance au Parti populaire du Canada et est liée à des fréquentations de Pierre Poilievre, de Scott Moe et de Danielle Smith ainsi qu’aux politiques mises de l’avant par leurs partis et gouvernements.
Il importe de nommer ce mouvement afin de savoir le reconnaitre autour de nous. Des saluts nazis d’Elon Musk à ceux de personnes opposées à l’immigration à Saint-Albert en Alberta, il existe un lien direct où la mise en valeur de ces symboles et idées mène à une plus grande légitimité sociale.
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Le concept du fascisme est de plus en plus utilisé pour rendre compte d’une famille d’idées et de politiques, y compris au Canada. Certains grands traits devraient déjà nous indiquer la présence d’une menace.
C’est une volonté d’expansion territoriale qui a mené à la menace de tarifs lancée par le président américain. Ce dernier a en effet fait référence à l’annexion du Canada ainsi qu’à celle du Groenland et du canal de Panama, des lieux perçus comme appartenant à une zone d’influence qui reviendraient de droit aux États-Unis, selon Donald Trump.
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Prenant pour cible les personnes transgenres et non binaires, ce mouvement crée également la figure d’un ennemi intérieur. Les décrets signés par Trump criminalisent la transition sociale pour les personnes mineures ainsi que les rares soins d’affirmation de genre qui leur sont accessibles. Même les personnes qui les soutiennent dans leur transition à l’école sont visées.
Au-delà de ces cibles, on voit une montée de l’emprise sur les corps au nom d’une homogénéité et d’une pureté du corps social, que ce soit par la lutte contre l’avortement ou par la purge des différences vues comme dangereuses et indésirables.
C’est le rôle notamment du démantèlement des mesures d’équité et de toute référence au genre et à la race, dans les programmes d’étude jusqu’aux sites Web.
Ce mouvement s’appuie par ailleurs sur une vaste propagande et une tentative d’écarter les médias non ralliés au régime en place. Les Fox News et Breibart reçoivent ainsi un «accès» aux centres de pouvoir qui est refusé aux médias qui suivent des règles d’éthique journalistique plus strictes.
Viennent s’y greffer les têtes dirigeantes des médias sociaux les plus populaires, comme Elon Musk et Mark Zuckerberg, qui se rapprochent du pouvoir ou s’y immiscent carrément et reprennent des discours d’extrême droite.
Au-delà des médias, la liste des grandes entreprises qui se sont empressées de soutenir la cérémonie d’inauguration de Trump montre par ailleurs comment sa présidence tend à transformer l’économie pour créer une oligarchie capable de la soutenir, plutôt qu’un capitalisme néolibéral qui s’autorégulerait.
La montée d’un mouvement et d’un régime fascistes ne signifie pas que l’ensemble des caractéristiques des fascismes du passé seront présentes : le mouvement doit s’adapter aux structures économiques et politiques du moment et innover.
Il n’en demeure pas moins que le régime politique américain semble sombrer dans la dictature. Cette avancée n’est pas nouvelle : l’accès au vote demeure limité pour de grandes parties de l’électorat américain et le système politique noie ou détourne les voix par le biais de charcuterie électorale et par le Collège électoral.
Umberto Eco a écrit : «Le fascisme éternel parle la novlangue. La novlangue, inventée par Orwell dans 1984, […] se caractérise par un vocabulaire pauvre et une syntaxe rudimentaire de façon à limiter les instruments d’une raison critique et d’une pensée complexe.»
Nous voyons toutefois une présidence qui cherche à se soustraire aux mécanismes de contrôle et qui agit sans se soucier de la constitution (ou qui l’interprète de manière abusive). Elle compte par ailleurs sur une version extrême de la discipline de parti dans les institutions où les républicains sont majoritaires.
Le gouvernement par décret cohabite ainsi avec des politiciens et politiciennes qui créent des lois limitant les perspectives et les protections pour les groupes minorisés.
Les purges dans la bureaucratie étatique vont d’ailleurs de pair avec une construction de structures alternatives. Ces transformations rappellent les régimes totalitaires, où la discipline et les ordres passent par le parti et d’autres réseaux parallèles et où les forces de l’ordre et l’armée sont contrôlées par les figures politiques.
Avec la menace de tarifs importants, le Canada ressent déjà les effets de l’arrivée au pouvoir de ce mouvement qui a ses adeptes de ce côté-ci de la frontière.
Les transformations rapides depuis l’inauguration de Trump doivent nous rappeler que les institutions démocratiques sont fragiles et dépendent d’un accord de la part des parlementaires, de l’électorat, mais aussi des centres de pouvoir économique.
Dans le contexte actuel, tout appui aux politiciens et politiciennes qui ne s’opposent pas fermement à ce mouvement fasciste nous en rapproche.
Il en va de même des politiques visant le démantèlement des capacités d’action de l’État : sans ses leviers et mécanismes, nous risquons de perdre les moyens de nous défendre… mais aussi de perdre les programmes et les initiatives qui nous donnent des raisons de le faire.
Jérôme Melançon est professeur titulaire en philosophie à l’Université de Regina. Ses recherches portent généralement sur les questions liées à la coexistence, et notamment sur les pensionnats pour enfants autochtones, le colonialisme au Canada et la réconciliation, ainsi que sur l’action et la participation politiques. Il est l’auteur et le directeur de nombreux travaux sur le philosophe Maurice Merleau-Ponty, dont La politique dans l’adversité. Merleau-Ponty aux marges de la philosophie (MétisPresses, 2018).
En plus d’un plan qui place «Le Canada d’abord» dans la guerre commerciale qui oppose le pays avec les États-Unis, le chef de l’opposition officielle, Pierre Poilievre, martèle depuis plusieurs semaines qu’il faut rappeler le Parlement à Ottawa, prorogé jusqu’au 24 mars.
Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, exhorte lui aussi le gouvernement libéral à réunir les parlementaires afin de mettre en place un plan pour soutenir les travailleurs et les entreprises.
Les tarifs de 25 % sur les produits canadiens importés aux États-Unis et de 10 % sur le secteur de l’énergie, qui devaient entrer en vigueur le 4 février, ont été suspendus après que Justin Trudeau et Donald Trump se sont entretenus le 3 février.
Le Canada s’apprêtait à riposter en taxant également à 25 % une liste de produits américains.
D’après la procédure de la Chambre des communes, ce ne sont pas les chefs de parti, mais bien le gouvernement qui décide de rappeler le Parlement. Néanmoins, le Canada a-t-il besoin de débats en chambre à un moment crucial de son histoire avec les États-Unis? Pas forcément, répond Frédéric Boily, professeur en science politique au Campus Saint-Jean, à Edmonton, en Alberta.
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Pour le politologue, le gouvernement dispose d’outils de riposte assez forts pour se passer de l’intervention du Parlement.
Le chef de l’opposition, Pierre Poilievre, a présenté son plan «Le Canada d’abord» pour montrer aux États-Unis qu’il veut lui aussi plus de contrôle à la frontière, tout en ripostant «dollar pour dollar».
«Il faut bien comprendre que la demande des partis d’opposition de le rappeler [le Parlement, NDLR], c’est aussi pour avoir une tribune. Là, présentement, ils n’en ont pas. C’est très difficile pour M. Poilievre et encore plus pour M. Singh», analyse-t-il.
Selon le professeur, sans Parlement, «le gouvernement n’est pas obligé de parler avec Pierre Poilievre ni avec Jagmeet Singh. Donc, dans ce contexte, les partis d’opposition se trouvent marginalisés».
Il souligne que la demande du chef conservateur d’abandonner la Loi d’évaluation d’impact (anciennement projet de loi C-69), qui a reçu la sanction royale en 2019, n’est pour l’instant pas pertinente.
Avec cette loi, le gouvernement libéral est accusé par les conservateurs d’avoir voulu freiner tous les nouveaux projets de développements énergétiques, liés notamment au pétrole, au gaz et à l’électricité.
«En principe, Pierre Poilievre aurait pu en discuter au Parlement. Il sait très bien que cette demande ne sera pas acceptée [mais] il devait montrer qu’il était capable de se mettre au-dessus de la mêlée.»
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Si le Canada propose une réponse forte, ce ne seront pas les «plans provinciaux» qui feront reculer Donald Trump, si les tarifs douaniers s’appliquent au bout d’un mois, estime Frédéric Boily.
Frédéric Boily pense que le gouvernement a déjà «présentement certains outils» pour riposter contre les États-Unis, sans avoir besoin de rappeler le Parlement.
La première – et presque la seule – action de plusieurs provinces a été d’interdire la vente d’alcool provenant des États-Unis. Une mesure mise de l’avant par la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick, le Québec, l’Ontario, le Manitoba et la Colombie-Britannique.
La Nouvelle-Écosse avait aussi proposé de limiter l’accès des entreprises américaines aux marchés publics provinciaux.
De son côté, l’Alberta, qui en janvier ne s’est pas affichée aux côtés de ses homologues lors de la réunion des premiers ministres à Ottawa en prévision d’une éventuelle riposte à ces tarifs, est «en mode attente», relève Frédéric Boily.
La première ministre albertaine, Danielle Smith, a bien affirmé sa «déception» face à l’application des tarifs.
Rejoignant certaines paroles de ministres fédéraux, elle a affirmé sur X, en anglais, que cette décision «portera préjudice aux Canadiens comme aux Américains, et mettra à mal les relations et l’alliance importantes entre nos deux nations».
(1/2) I am disappointed with U.S. President Donald Trump’s @realDonaldTrump decision to place tariffs on all Canadian goods. This decision will harm Canadians and Americans alike, and strain the important relationship and alliance between our two nations.
— Danielle Smith (@ABDanielleSmith) February 1, 2025
Alberta will do… pic.twitter.com/2oUT0tO4kd
Pour le professeur Boily, Danielle Smith – qui a tenté de négocier directement avec les États-Unis pour protéger les exportation de pétrole canadien, se dit surement que les tarifs douaniers pour cette ressource étaient seulement de 10 %, qu’ils n’étaient prévus que pour le 18 février et qu’il ne faut «peut-être pas réagir trop fortement pour éviter d’empirer la situation».
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Avec les informations de Marianne Dépelteau.
«Le Canada met en œuvre notre plan frontalier de 1,3 milliard de dollars – on renforce la frontière avec de nouveaux hélicoptères, de nouvelles technologies, plus de personnel, une coordination accrue avec nos partenaires américains et plus de ressources pour lutter contre le trafic de fentanyl. Près de 10 000 agents sont et seront sur le terrain pour protéger notre frontière», indique Justin Trudeau sur X.
Le Canada avait répondu à la menace d’imposition de tarifs douaniers américains en annonçant des contre-tarifs de 25 % sur 155 milliards de dollars de produits exportés au Canada par les États-Unis. Les provinces ont aussi annoncé des mesures ciblées.
Des produits américains d’une valeur totalisant 30 milliards de dollars seraient taxés si les tarifs américains entraient en vigueur dans un mois. Une deuxième vague de tarifs douaniers était aussi prévue sur 125 milliards de dollars.
Ces contre-tarifs étaient une réponse à l’annonce du samedi 1er février du président des États-Unis, Donald Trump, qui a dit vouloir imposer des tarifs douaniers de 25 % sur les importations du Canada, sauf le pétrole, le gaz et l’électricité, qui seront taxés à 10 % à partir du 18 février.
«Cette décision met en péril une relation économique historique», a commenté Justin Trudeau, lors d’une conférence de presse en soirée le 1er février.
Le Mexique a aussi été visé par des tarifs de 25 % et a obtenu un sursis d’un mois avec une promesse similaire. La Chine devra composer avec des tarifs de 10 %, qui s’ajoutent à des taxes à l’importation déjà existante.
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Contre-tarifs ciblés
Une grande partie de la liste des 1200 produits visés par les représailles canadiennes inclut des produits alimentaires : produits laitiers transformés, viande, fruits, jus de fruits, légumes et des boissons alcoolisées en font partie. On y retrouve également des parfums, des articles textiles, des chaussures, des appareils électroménagers ainsi que des matériaux de construction, tels que du bois de charpente et des plastiques.
Le premier ministre canadien a expliqué que, dans le cadre de la réponse canadienne aux tarifs douaniers imposés par les États-Unis, il envisage avec les provinces et territoires d’autres mesures non tarifaires. Certaines pourraient concerner les minéraux critiques, l’approvisionnement en énergie et «autres partenariats», a-t-il indiqué.
La première réponse des provinces canadiennes a été d’annoncer qu’elles cesseraient de vendre des boissons alcoolisées et des vins américains.
Terre-Neuve-et-Labrador, la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick, le Québec, l’Ontario, le Manitoba et la Colombie-Britannique ont toutes annoncé le retrait de produits américains de leurs tablettes à partir du 4 février.
Justin Trudeau a également assuré que les provinces et territoires «ont tous appuyé» l’approche du gouvernement fédéral. «On est unis et solidaires, a-t-il dit. On est aussi alignés pour faire tomber les obstacles qui freinent le commerce entre nos provinces et territoires et rendre ça plus facile pour les consommateurs de choisir les produits de chez nous.»
L’une de ses préoccupations principales pour les tarifs douaniers sera de ne pas affecter disproportionnellement certaines régions ou industries du Canada.
Cela fait quelques années que des organismes francophones hors Québec, tels que la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA), demandent des données économiques fréquentes sur les communautés francophones.
En 2024, le Comité permanent des langues officielles a recommandé au gouvernement fédéral de demander à Statistique Canada de recueillir ces informations dans le cadre de son Enquête mensuelle sur la population active (EPA).
Recueillir des données économiques sur les francophones permettrait entre autres de connaitre les besoins de main-d’œuvre dans les communautés en situation minoritaire, le taux de chômage et le taux d’emploi.
L’idée est de brosser un portrait mensuel sur, par exemple, le taux de chômage des francophones en situation minoritaire, afin de mieux cibler les subventions et programmes gouvernementaux qui leur sont destinés.
Francopresse rendait compte de cette situation le 27 janvier. Depuis, Statistique Canada a affirmé par courriel qu’il était «au courant» de la recommandation formulée, mais qu’il attendait la réponse du gouvernement fédéral. «Nous ne sommes pas encore en mesure de discuter de changements potentiels au niveau de l’Enquête sur la population active», écrit un porte-parole.
Le gouvernement fédéral doit effectivement répondre au rapport du Comité, mais il ne pourra pas le faire avant le début de la prochaine session parlementaire en raison de la prorogation du Parlement.
«Notre organisation reste tout de même engagée à fournir des données de qualité sur les différents enjeux qui touchent les communautés de langues officielles en situation minoritaire», poursuit le porte-parole de Statistique Canada.
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L’autonomie de Statistique Canada
Si Statistique Canada attend la réponse du gouvernement avant d’agir, l’organisme rappelle dans un autre courriel à Francopresse que «Statistique Canada détermine le contenu de ses enquêtes afin de répondre aux besoins de ses utilisateurs de données (y compris les besoins liés aux exigences législatives, aux politiques et aux programmes) et fournir des renseignements fiables et pertinents».
Selon Darrell Samson, il serait «idéal» que Statistique Canada prenne l’initiative.
Techniquement, Statistique Canada n’a pas besoin d’un feu vert d’Ottawa pour ajouter des questions à l’EPA permettant de recenser des données linguistiques.
La FCFA indique qu’il existe une ouverture de la part de Statistique Canada pour trouver des solutions.
Le député libéral et membre du Comité permanent des langues officielles, Darrell Samson, espère tout de même que son gouvernement en fera la demande. «Toute l’évidence depuis quelques années signale l’intérêt de notre gouvernement de répondre à nos communautés linguistiques des langues officielles à travers le Canada», dit-il en entrevue avec Francopresse.
«Par contre, poursuit-il, j’aimerais mieux voir Statistique Canada dire à notre gouvernement : “Regardez ce que nous allons faire.” […] Dans un monde idéal, Statistique Canada sauterait sur [l’occasion] pour dire : “Je suis ici pour faire ma job de façon à assurer que nos communautés auront les outils, l’information, les données pour répondre à la marchandise”.»
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L’argent, «pas une considération première»
Questionné sur le cout que représenterait l’ajout de questions linguistiques dans l’EPA, Statistique Canada écrit que «bien que les aspects financiers soient aussi pris en compte lors de cette évaluation, il ne s’agit pas d’une considération première».
L’organisme explique qu’une évaluation de faisabilité est menée avant d’ajouter des questions à une enquête existante, afin d’éviter «d’ajouter au fardeau de réponse» supplémentaire aux 65 000 ménages questionnés mensuellement.
Le cas échéant, «Statistique Canada pourrait par exemple examiner la possibilité de retirer certaines autres questions afin d’éviter d’augmenter ce fardeau», lit-on dans le courriel.
Une possibilité serait d’intégrer les renseignements déjà recueillis dans le cadre du Recensement de la population – lequel comprend des questions sociodémographiques détaillées –, avec celles de l’EPA, rapporte l’agence fédérale.
Une sensation de déjà-vu
Selon Darrell Samson, l’accès aux données économiques sur les francophones en situation minoritaire est «un droit, pas un privilège». Questionné sur la raison pour laquelle ces données n’existent toujours pas, il évoque une possible «question de leadeurship».
Ce n’est pas la première fois que l’élu demande ce type de renseignements. La modernisation de la Loi sur les langues officielles (LLO), en 2023, avait laissé place au sein du Comité à tout un débat sur le dénombrement des ayants droit.
Joël Godin est porte-parole du Parti conservateur du Canada en matière de langues officielles.
«Ça a été une bataille énorme pour convaincre Statistique Canada d’ajouter les deux questions pertinentes à l’article 23 [sur les ayants droit], se souvient M. Samson. Il faut des données pointues, complètes, pour pouvoir assurer que nous répondons à nos responsabilités, qui sont d’offrir une éducation de la langue de la minorité aux ayants droit.»
Finalement, la LLO modernisée engage le gouvernement fédéral à estimer périodiquement le nombre d’ayants droit, et non de les dénombrer.
Comme pour les données économiques, la question des données sur les ayants droit était sur la table depuis des années. En 2017, la FCFA évoquait dans un rapport un sous-dénombrement des potentiels élèves francophones.
«Aussitôt qu’une école est construite, elle se remplit. Même quand des estimations sont faites, l’intérêt des gens est sous-estimé. Comme on le dit en anglais : “If you build it, they will come”. Dans nos communautés, c’est tout à fait évident, tant à propos des services fédéraux que des écoles», peut-on lire.
Le député conservateur Joël Godin, aussi membre du Comité, fait également un lien entre les données économiques et les ayants droit. À l’époque de la modernisation de la LLO, il avait milité pour que le dénombrement soit fait.
Dans une entrevue accordée à Francopresse le 17 janvier, il explique que les données linguistiques précises sont «un outil important pour permettre aux communautés linguistiques en situation minoritaire d’avoir un portrait réel».
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Mis à part la très répandue, mais discutable histoire de la présence d’un interprète noir nommé Mathieu Da Costa au sein des expéditions de Samuel de Champlain en Acadie et au Canada, les attestations de personnes noires en Nouvelle-France sont arrivées plus tard, au XVIIe siècle.
Leonard Braithwaite a été le premier député noir de l’Ontario. Son premier discours en Chambre a entrainé la fermeture de la dernière école ségréguée de la province en 1965.
À la demande des autorités coloniales, le roi Louis XIV autorise, en 1689, l’importation d’esclaves noirs dans ce qui est maintenant le Québec, quoique la présence d’esclaves africains en Nouvelle-France remontait à bien avant cette date.
À l’époque, les esclaves de la population blanche étaient surtout des Autochtones, en particulier de Panis (nom donné par les Européens aux Premières Nations vivant dans le bassin du Missouri).
Mais c’est l’arrivée massive de loyalistes dans le Canada actuel, après la guerre d’indépendance des États-Unis, qui entrainera la migration d’un large groupe de personnes noires vers les colonies britanniques au nord. Pour ces personnes, le nord représentait une oasis de liberté.
Mais cette liberté nouvellement acquise ne signifiera pas l’égalité avec les Blancs et encore moins l’intégration dans la société blanche.
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Après la guerre d’indépendance, la Grande-Bretagne a promis des terres aux personnes noires qui se sont battues pour elle dans les colonies américaines. Dans ce qui allait devenir l’Ontario et la colonie de la Nouvelle-Écosse (qui comprend alors le Nouveau-Brunswick d’aujourd’hui), la plupart des Noirs libres n’obtiennent cependant pas les terres promises. Et ceux qui en reçoivent se retrouvent avec des terres de piètre qualité.
D’autres vagues d’immigration noire suivront dans les décennies subséquentes. On estime qu’entre 1800 et 1865, environ 30 000 personnes noires s’installent au Canada.
La ségrégation territoriale commence rapidement à se pratiquer. On dirige les nouveaux arrivés noirs dans des lieux isolés des communautés blanches, comme à North Preston, près d’Halifax, et Elm Hill, près de Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, deux localités qui existent toujours.
Une autre communauté noire vivait au sein même de la ville d’Halifax, dans un quartier séparé du reste de la municipalité. Fondé au milieu du XIXe siècle, Africville ne recevait pas les mêmes services municipaux, malgré le fait que les résidents – des personnes noires – payaient des impôts. Dans les années 1960, la Ville d’Halifax a forcé la relocalisation des résidents et a rasé le quartier Africville.
Ceux et celles qui décident de tenter leur chance dans les villes et les villages des Blancs feront face à la discrimination, au racisme et à la ségrégation sociale des autorités et de la majorité blanche.
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Dès le début du XIXe siècle, l’Ontario et la Nouvelle-Écosse mettent en place des écoles légalement ségréguées. Le sud-ouest de l’Ontario est d’ailleurs l’endroit qui comptait la plus forte population noire au nord des États-Unis.
La pratique des écoles séparées en Ontario est formellement légalisée en 1850 par l’adoption d’un amendement à la Common Schools Act. Il prévoit l’établissement d’écoles séparées pour les protestants, les catholiques et les Noirs.
Dans certaines municipalités, les écoles sont physiquement séparées. Ailleurs, les élèves noirs fréquentent la même école que les élèves blancs, mais à des heures différentes, ou encore ils se voient désigner des bancs différents en classe.
Une législation semblable entre en vigueur en Nouvelle-Écosse en 1865. Certaines autorités scolaires interdisent carrément aux élèves noirs l’accès à l’école.
Dans cette province, à Inglewood et à Weymouth Falls, les écoles ne sont pas ségréguées, mais le résultat est le même, car les familles noires vivent dans des quartiers séparés qui leur sont réservés. Les enfants se retrouvent donc dans des écoles uniquement fréquentées par des Noirs.
En Ontario, la ségrégation dans les écoles perdurera jusqu’en 1965, dans la communauté de Colchester. Il faudra l’intervention en Chambre du premier député provincial noir, Leonard Braithwaite, pour alerter l’opinion publique à cette situation honteuse.
En Nouvelle-Écosse, la dernière école ségréguée, située à Guysborough, ne fermera ses portes qu’en 1983, il y a à peine 40 ans…
La ségrégation sociale des personnes noires aura cours dans la plupart des sphères de la vie, et ce, pendant des décennies. D’autres communautés non blanches subiront d’ailleurs cet opprobre, notamment les Asiatiques, surtout sur la côte ouest du pays et les Autochtones partout au pays.
En Ontario, Leamington et Kingsville étaient des communautés «sundown», c’est-à-dire des endroits où les Noirs étaient menacés d’être brutalisés s’ils ne quittaient pas la ville avant le coucher du soleil. À Harrow, il y avait des restaurants et des cinémas réservés aux Blancs.
À Vancouver, la discrimination existait également. Des clauses étaient incluses dans les transactions immobilières, jusqu’en 1965, pour empêcher la vente de propriété à des personnes d’origine chinoise, japonaise – ou autre provenance asiatique –, indiennes ou noires.
Ici et là au pays, les personnes noires se voient refuser l’accès à des restaurants, des barbiers, des théâtres, des cinémas, etc. Quand on les accepte, on les confine à l’étage ou dans des endroits séparés.
À Montréal, en 1936, Fred Christie se voit refuser une bière qu’il commande à la taverne York du Forum, en raison de la couleur de sa peau. Sa poursuite contre le débit de boissons du célèbre aréna de la Ligue nationale de hockey se rendra jusqu’en Cour suprême du Canada.
Le plus haut tribunal du pays donnera cependant raison à la taverne, statuant que les entreprises ont le droit de faire preuve de discrimination et de refuser de servir des clients.
L’histoire de Viola Desmond est emblématique. Femme d’affaires noire d’Halifax, elle décide de défier la discrimination raciale alors qu’elle doit s’arrêter pour la nuit à New Glasgow, en route vers Sydney.
Décret du gouvernement canadien de 1911, signé par le premier ministre Wilfrid Laurier, interdisant pour un an l’immigration de personnes noires.
Elle décide d’aller au cinéma Roseland et de s’assoir dans un siège réservé aux Blancs, tout devant dans la salle. Elle est expulsée de l’établissement, arrêtée et mise en prison pour la nuit. Elle reçoit en plus une amende.
Elle porte alors sa cause jusqu’à la Cour suprême de la Nouvelle-Écosse. Ce tribunal rejettera l’affaire, qui suscitera cependant l’indignation et constituera un moment marquant dans la lutte pour le respect et l’égalité de la communauté noire.
Viola Desmond est en quelque sorte la Rosa Parks du Canada. En 1955, cette femme noire de l’Alabama avait refusé de céder sa place à des Blancs dans un autobus. Elle avait, elle aussi, été arrêtée et condamnée à payer une amende. Son acte de défiance avait déclenché un mouvement de résistance contre la ségrégation aux États-Unis.
En 2010, le gouvernement de la Nouvelle-Écosse a présenté des excuses formelles et un pardon posthume à Viola Desmond, une femme qui a eu le courage de ses convictions. En 2018, elle est devenue la première femme – autre que la reine – à figurer sur un billet de banque au Canada.
Il faudra attendre l’adoption de la Charte des droits et libertés lors du rapatriement de la Constitution, en 1982, afin que les descendants d’esclaves africains obtiennent une égalité sur papier. Malheureusement, même si la ségrégation est disparue, la discrimination et le racisme perdurent.
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Les Hay Babies avaient toutes les raisons de fêter en 2024. Pour leurs 12 ans d’existence, le trio d’autrices-compositrices-interprètes féminin a lancé fin octobre Tintamarre, un 4e album à l’image de leurs talents. Le nouvel opus de dix chansons met en évidence la richesse de la voix et de la musicalité des trois Acadiennes.
Pochette de l’album Tintamarre.
Les thèmes de prédilection de ce 4e disque sont la fierté, le besoin de prendre sa place et l’authenticité. Les prestations vocales rendent les textes extrêmement puissants. Sous des trames country, rocks et folks semblent couler une fluidité aux allures de Creedence Clearwater Revival (CCR), ce qui est fort agréable.
Comme pour les albums précédents, il y a des pièces phares sur ce disque. Avec Pas façon de tomber, Katrine Noël offre l’un des extraits les plus puissants de l’album. Julie Aubé poursuit avec Dernière mais non la moindre, un autre texte remarquable sur le besoin de prendre sa place.
Finalement, Vivianne Roy nous chavire avec Miroir, un folk puissant aux harmonies vocales irrésistibles, qui nous reste dans la tête longtemps. On peut en dire tout autant de la chanson Gars de l’île aux Vaches, pièce maitresse encore une fois grâce aux harmonies vocales. Autre mention spéciale à l’unique pièce en anglais de l’album, Some People, un excellent ver d’oreille livré de main de maitre par Vivianne Roy.
Accompagnées de musiciens exceptionnels, Les Hay Babies nous livrent des airs de guitares grinçants, accompagnées d’harmonies vocales accrocheuses. Nous sommes transportés dans une fluidité aux couleurs des années 1970. Un univers un peu à la CCR, mais avec un son moderne et captivant.
Dirigeons-nous au sud-ouest de la Saskatchewan pour notre prochain rendez-vous. L’auteur-compositeur-interprète fransaskois, Mario Lepage, propose son 2e projet musical avec Ponteix. Fidèle à sa réputation, il offre un univers riche à propos de l’origine du Canadien errant.
Pochette de l’album Forteresse.
Dès la première chanson, Le Canadien errant, on reconnait la signature de Ponteix. Un univers Indie pop où se marient à merveille les séquences de clavier et de guitare. Cet opus est rempli de richesses sonores qui captent l’attention de l’auditeur. Cette toile de fond musicale des plus captivantes accompagne une plume reconnaissante, contemplative et exploratrice.
Parmi les textes magnifiques de l’album, on trouve trois introductions, Depuis le continent européen, L’air caniculaire et Poursuivre l’étoile.
L’opus compte également plusieurs tableaux : The Way It Is sur la perception de la foi, La ville sur le besoin de se mélanger à la masse et St. Denis, en duo avec Louis-Jean Cormier, sur la distance entre les grandes villes et son chez-soi. Tout au long du disque, on retrouve d’autres excellentes pièces comme Le feeling, Partir pour revenir et Ici-bas.
Avec ce 2e disque, Ponteix nous interpelle sur nos origines et notre besoin d’explorer l’au-delà. Cet effort nous dévoile encore une fois toute la richesse de la plume de Mario Lepage.
En terminant, je n’arrive pas à croire qu’il y a à peine deux ans, l’un des meilleurs artistes du Grand Sudbury nous offrait un 6e opus. Edouard Landry tentait de séduire à nouveau les amateurs de musique franco-ontarienne avec son nouvel album Forteresse.
Mario Lepage alias Ponteix.
Dès les premières notes de la pièce Quarantaine, une certaine énergie engage l’auditeur dans une écoute profonde. Des musiques solides aux tendances rocks, folks, country et parfois progressives guident l’écoute.
Edouard Landry nous interpelle sur la quarantaine, la croisée des chemins, la méfiance, le rejet. Il y a de bonnes petites pièces assez accrocheuses, que l’on pense à Rappel, Minuterie ou encore Fossé.
Les pièces maitresses sont entre autres la pièce-titre Forteresse, déposée sur une trame de piano extrêmement puissante. Il y a aussi un appel à l’essentiel avec le country Vers la fin des terres, mais pour moi c’est la pièce instrumentale Oubliette qui est au top.
Avec son sixième opus, Forteresse, Edouard Landry dévoile encore plus la profondeur de son talent. Le dernier disque de l’artiste sudburois démontre une richesse unique au niveau des instrumentations.
Depuis le 31 janvier 2025, six communautés francophones font désormais partie du Programme pilote d’immigration dans les communautés francophones (PPICF) : la péninsule acadienne (Nouveau-Brunswick); Sudbury (Ontario); Timmins (Ontario); la région Supérieure Est (Ontario); Saint-Pierre-Jolys (Manitoba) et Kelowna (Colombie-Britannique).
Le programme, qui donne accès à la résidence permanente, vise les travailleurs qualifiés francophones.
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Les personnes admissibles doivent réunir plusieurs conditions. Il faut être un travailleur qualifié et avoir reçu une offre d’emploi admissible d’un employeur désigné dans l’une des six communautés.
Il est également nécessaire de justifier d’une expérience de travail similaire dans le domaine visé d’au moins un an sur les trois dernières années, avec un certain niveau de compétence, sauf pour les étudiants étrangers détenteurs d’un permis de travail postdiplôme qui réunissent certains critères.
Un test linguistique, un diplôme canadien ou étranger équivalent et une preuve de fonds variable selon le nombre de personnes dans la famille sont également exigés.
Ce programme devrait, selon le gouvernement, favoriser le développement économique de ces communautés, tout en contribuant à renforcer et accroitre leur poids démographique, un objectif fixé dans la Loi sur les langues officielles.
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L’autre initiative, le Programme pilote d’immigration dans les communautés rurales (PPICR), également lancé le 31 janvier, réunit des conditions d’admissibilité similaires.
La différence majeure consiste dans le fait que les 14 collectivités concernées sont rurales et ne sont pas nécessairement francophones.
Il s’agit du Comté de Pictou (Nouvelle-Écosse); de North Bay (Ontario); de Sudbury (Ontario); de Timmins (Ontario); de Sault Ste. Marie (Ontario); de Thunder Bay (Ontario); de Steinbach (Manitoba); d’Altona/Rhineland (Manitoba); de Brandon (Manitoba); de Moose Jaw (Saskatchewan); de Claresholm (Alberta); de West Kootenay (Colombie-Britannique); de North Okanagan-Shuswap (Colombie-Britannique) et de Peace Liard (Colombie-Britannique).
Le ministre fédéral de l’Immigration, Marc Miller, avait annoncé le lancement des deux projets pilotes le 6 mars 2024.
Celles-ci ont été sélectionnées par le gouvernement pour combler les pénuries de main-d’œuvre et soutenir les entreprises locales dans leur recherche de travailleurs qualifiés.
Les deux programmes, annoncés en mars 2024 par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), font partie de la Politique d’immigration francophone et visent à attirer de nouveaux arrivants francophones.
Il est toutefois possible de présenter une demande de permis de travail temporaire en attendant que la demande de résidence permanente soit traitée.
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Le ministère d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) a annoncé, jeudi, le lancement de deux programmes pilotes visant à attirer et retenir des travailleurs qualifiés – francophones pour l’un – dans 18 collectivités canadiennes.
Les objectifs : Le Programme pilote d’immigration dans les communautés francophones (PPICF) favorise l’établissement de nouveaux arrivants francophones à l’extérieur du Québec pour renforcer le poids démographique et économique des francophones.
Quant au Programme pilote d’immigration dans les communautés rurales (PPICR), il vise à répondre aux pénuries de main-d’œuvre et à soutenir les entreprises locales.
Chaque collectivité, représentée par un organisme de développement économique, collaborera avec IRCC pour identifier ses besoins en personnel, recommander des employeurs et sélectionner des candidats à la résidence permanente.
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Le candidat du président américain Donald Trump au poste de secrétaire au Commerce, Howard Lutnick, a fait valoir, mercredi, que l’administration Trump envisage d’imposer des tarifs sur les importations en provenance du Canada en deux temps : dès le 1er février puis en avril.
La première série de tarifs vise à inciter le Canada et le Mexique à mettre en place des mesures concrètes pour sécuriser la frontière, en s’attaquant à l’immigration clandestine et au trafic de drogue.
Si le Canada veut éviter ces tarifs, le gouvernement de Justin Trudeau doit mettre fin au trafic de fentanyl vers les États-Unis, a déclaré M. Lutnick.
Ce qu’ils ont dit : Lundi, la ministre des Affaires étrangères du Canada, Mélanie Joly, et le ministre de la Sécurité publique, David McGuinty, ont assuré lors d’un point de presse que le Canada travaillait à prévenir l’imposition de tarifs américains sur les produits canadiens, ainsi qu’à préparer une réponse si ces tarifs venaient à être appliqués.
La ministre Joly a rencontré Marco Rubio, le secrétaire d’État américain, pour tenter de le convaincre de ne pas imposer les tarifs douaniers.
Selon Radio-Canada et CBC, des fonctionnaires fédéraux canadiens auraient produit une vidéo pour montrer au président Donald Trump que le Canada déploie tous les moyens pour renforcer la sécurité à la frontière canado-américaine.
Mercredi, le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, a fait état de son plan pour «produire et acheter» au Canada, afin de «protéger les travailleurs pendant la guerre commerciale».
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La juge Marie-Josée Hogue a rendu son rapport final sur l’ingérence étrangère mardi.
La juge Marie-Josée Hogue, présidente de la Commission d’enquête publique sur l’ingérence étrangère, a rendu son rapport mardi, établissant qu’il n’y avait «pas de traitres» parmi les parlementaires, en ce qui concerne des échanges d’informations ou des tentatives d’influences exercées par d’autres pays.
Les enjeux : Certains États étrangers tentent de s’ingérer dans les processus électoraux et les institutions démocratiques d’autres pays, cela n’est «pas nouveau», a assuré la juge Hogue. La nouveauté, ce sont les «moyens que déploient ces États», a-t-elle précisé en point de presse, faisant référence à des outils technologiques sophistiqués.
Si les institutions canadiennes ont instauré des mécanismes de prévention et sont «demeurées robustes» face aux tentatives d’ingérence étrangère, Marie-Josée Hogue souligne que le gouvernement a été un «mauvais communicateur».
Les Canadiens et les Canadiennes ont appris les risques dans les médias, «ce n’aurait pas dû être le cas», a-t-elle déploré.
Pierre Poilievre refuse toujours d’obtenir sa cote de sécurité, nécessaire pour savoir qui, au sein de son parti, aurait pu être lié à des activités d’ingérence étrangère.
En réaction à l’une des recommandations du rapport, le Bloc québécois et le NPD ont pressé Pierre Poilievre de demander sa cote de sécurité, nécessaire pour accéder à des informations confidentielles sur la sécurité nationale.
Néanmoins, le chef du Parti conservateur a de nouveau refusé, argumentant qu’il ne pourrait plus critiquer le gouvernement sur ces questions.
Car une fois en possession d’une cote de sécurité, il serait soumis à des règles strictes concernant ce qu’il pourrait dire en public. Plus précisément, cela l’empêcherait de critiquer librement le gouvernement sur des questions de sécurité nationale, car il aurait accès à des informations classifiées.
La cote de sécurité est une vérification de sécurité faite par le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) et la Gendarmerie royale du Canada (GRC), des personnes dont l’emploi nécessite un accès à des renseignements classifiés ou des sites sensibles.
Dans le cas de l’ingérence étrangère, la personne qui obtient sa cote de sécurité a accès à des documents incluant notamment les noms de parlementaires impliqués dans des activités d’ingérence étrangère.
Dans un communiqué de presse, le Parti conservateur du Canada (PCC) a repris les mots du rapport, indiquant que l’ingérence étrangère «a pu avoir un certain impact sur le résultat d’une course à l’investiture [libérale] ou sur le résultat d’une élection dans une circonscription donnée».
Toutefois, il omet la suite de la phrase : «[…] rien ne démontre que nos institutions aient été gravement affectées par une telle ingérence ou que des parlementaires soient redevables de leur élection à des entités étrangères».
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Sous réserve de ratification des membres du Parti vert du Canada, Jonathan Pedneault redeviendra cochef, aux côtés d’Elizabeth May.
Six mois après avoir démissionné pour des raisons de santé, Jonathan Pedneault revient au Parti vert du Canada comme cochef, aux côtés d’Elizabeth May.
Le Parti vert l’a approché pour qu’il revienne, sous réserve d’une approbation des membres d’ici la semaine prochaine.
Ancien travailleur humanitaire en zone de conflit, il a expliqué mardi en point presse que la réélection de Donald Trump l’a motivé à reprendre un rôle politique. Il a qualifié le retour de ce dernier de «menace» pour le Canada.
Il se dit prêt pour d’éventuelles élections fédérales ce printemps.
La Banque du Canada abaisse son taux directeur de 25 points de base, à 3 %, une sixième baisse consécutive. Cette décision réduit les paiements d’intérêts des prêts hypothécaires à taux variable et des lignes de crédit.
Après un pic à 5 %, le taux recule depuis avril 2024. En octobre et décembre, des baisses plus marquées de 50 points avaient été instaurées. La mesure est justifiée par une inflation maitrisée, avec une hausse annuelle de l’indice des prix à la consommation de 1,8 % en décembre, selon Statistique Canada.