Parce qu’il n’y a pas que le Bye Bye québécois, les francophones de partout au pays ont le choix en matière de spéciaux de fin d’année.
Les trublions acadiens des Newbies présentent Le grand ménage des Fêtes, sur Unis TV, pour une cinquième année consécutive, le 21 décembre.
Tandis que la troupe franco-ontarienne d’Improtéine repart en quête des meilleures pépites journalistiques dans Improtéine expose 2024, sur ICI TÉLÉ, le 31 décembre.
Que ce soit dans l’intimité d’un salon ou au fil d’un roadtrip documenté, l’humour se mêle à la réflexion pour revisiter les évènements qui ont fait les manchettes en 2024. Deux approches différentes pour un dénominateur commun : le rire.
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Les Newbies (de g. à d.) : Luc LeBlanc, Christian Essiambre et André Roy.
Les Newbies remettent le couvert, chez eux. Christian Essiambre, Luc LeBlanc et André Roy nous invitent cette fois dans leur salon, à Moncton, au Nouveau-Brunswick.
«On voulait avoir une ambiance encore plus chaleureuse. Ça donne vraiment l’impression d’une fête plus intime […] On joue à des jeux, on boit, on va aux toilettes, on raconte des histoires, on fait des contes», décrit André Roy, animateur et scénariste de l’émission.
Un party tout en rire, mais aussi en musique et en sketchs avec une grande brochette d’artistes, comme Robin-Joël Cool (lauréat d’un prix Gémeaux), Julie Ringuette, Les Hay Babies, Yao, Catherine Souffront et Tammy Verge.
«Des émissions telles que le Bye Bye, ils vont travailler beaucoup avec les mêmes invités. Nous, on se mouille, on risque, on essaie avec quelqu’un de nouveau. Ça va nous mettre toujours en danger, et ce danger-là nous plait énormément», assure André Roy.
À la barre de l’autre revue francophone, les cinq complices d’Improtéine mènent l’enquête dans un faux documentaire décapant, «qui explique les fausses raisons derrière la vraie actualité», précise l’un des membres, Vincent Poirier.
Ingérence étrangère, vol de voitures, sous-financement de l’éducation en français, identité de genre, services bilingues, élections : leur mission est de dévoiler les scandales cachés de 2024, vedettes éclairs à l’appui. Tout un programme.
Improtéine (de g. à d.) : Olivier Nadon, Martin Laporte, Vincent Poirier, Nadia Campbell et Stéphane Guertin. Photo : Phil Larivière
Pour cette édition, l’émission passe de 30 à 60 minutes et couvre désormais l’ensemble des provinces et territoires (ou presque), et non plus seulement l’Ontario. De quoi donner le vertige. «On est fébriles, on espère que ça va fonctionner et que les nouveaux publics vont nous apprécier», confie la comédienne du groupe Nadia Campbell.
«C’est deux fois la durée, mais c’était comme quatre fois le travail et douze fois le contenu», révèle la troupe.
Fausses entrevues, enquêtes farfelues, révélations inédites : avec Improtéine, difficile de distinguer le vrai du faux, et c’est bien le but. «On va peut-être faire partir des rumeurs et des théories du complot», ironise l’improvisateur Stéphane Guertin. Ou comment semer le doute, mais aussi le trouble.
«Le concept du faux documentaire, ça provoque un rire de réflexion, observe Nadia Campbell. C’est pas un rire comme “Ah, la drôle de perruque” et on passe au prochain sketch. Il y a des moments comiques et ridicules, mais il y a aussi des moments ludiques et cérébraux.»
«On est des saltimbanques intellectuels», résume dans un sourire son acolyte, Martin Laporte.
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«On a toujours mis de côté les caricatures. On ne fait pas d’imitation, rappelle de son côté André Roy. On a voulu trouver des sujets qui parlent à toute la population», y compris aux jeunes, afin de favoriser le co-viewing, ou l’écoute de l’émission en famille.
Le retour de Céline, l’éclipse solaire, les 60 ans de Tim Hortons, la hausse de la consigne sur les bouteilles de bière : Le grand ménage des Fêtes revient sur les nouvelles marquantes de l’année.
Les Newbies se sont aussi attachés à varier les tons, tant sur le plan visuel – en s’aventurant même du côté du film muet – que du genre : «Des fois on est plus dans la caricature, dans le grotesque de la farce; des fois on est très simples et minimalistes. Comme ça, ça surprend tout le temps.»
Car surprendre reste le maitre mot. Il ne faudrait pas ennuyer le public, rodé à l’exercice. Aussitôt sorties, les nouvelles sont reprises par les internautes sur les réseaux sociaux, à coup de mèmes et de microvidéos. Pour se démarquer, «il faut vraiment creuser et trouver de nouvelles approches», souligne André Roy.
L’autre défi, de taille, est de s’adresser à tous les francophones du pays. Le trio des Newbies a essayé de «ratisser assez large» : «On a parlé de nouvelles en Colombie-Britannique et au Nunavut […] Dans la façon de faire notre cueillette, on a vraiment essayé de toucher chacune des régions», assure André Roy.
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«C’est sûr qu’un Franco-Yukonais, peut-être qu’il n’a pas réalisé que le Congrès mondial acadien était une grande actualité. On a un beau pays, mais on a un gros pays. C’est parfois difficile de trouver des points en commun», concède Nadia Campbell.
Pour garder un œil sur l’actualité d’un océan à l’autre, Improtéine a fait appel à des «espions», des amis et collègues rencontrés au fil du temps.
Improtéine expose 2024 réserve quelques surprises, dont plusieurs passages éclairs de personnalités du monde politique, du sport ou de l’humour, comme ici Patrick Groulx.
«Pendant deux ans on parlait de l’Ontario aux Ontariens […] Mais de parler aux gens des Maritimes sur ce qui s’est passé en Alberta, les chances sont énormes qu’ils ne soient pas au courant», poursuit l’animatrice, rappelant l’importance de bien mettre en contexte chaque séquence.
«On veut vraiment s’intéresser aux choses qui touchent les francophones hors Québec. On s’est dit que l’international, ça allait être couvert par les autres, donc on s’est vraiment concentrés sur des éléments locaux», complète Martin Laporte.
«On ne parlera pas du troisième lien à Québec», prévient-il, taquin, en faisant allusion au dossier de la construction d’une voie routière qui a beaucoup retenu l’attention au Québec.
«J’ai bien hâte de voir ce qu’Improtéine va faire cette année», déclare André Roy, ajoutant qu’il n’y a aucune compétition entre les deux formations. Celles-ci se connaissent bien et se sont même déjà affrontées en match d’improvisation.
«S’il n’y avait pas leur équipe d’impro, il n’y aurait personne avec qui jouer», philosophe pour sa part Nadia Campbell.
«Citation d’Improtéine : “On est très fiers du travail accompli par le Grand ménage des Fêtes, on est contents de leur édition qui permet de faire rayonner Improtéine expose 2024 encore plus”», plaisante Martin Laporte. À vos télécommandes!
Le grand ménage des Fêtes sur Unis TV
L’émission sera diffusée le samedi 21 décembre à 20 h (HE) sur Unis TV et sera disponible sur TV5Unis.
Improtéine expose 2024
L’émission sera diffusée sur ICI TÉLÉ le 31 décembre à 18 h 05 (HE) en Ontario et à Gatineau (au Québec), puis sur l’ensemble du réseau national ICI TÉLÉ le 1er janvier à 1 h 30 et le 2 janvier à 21 h, et le 5 janvier à 19 h 30 (HA) en Atlantique. Elle sera également disponible en rattrapage sur ICI TOU.TV
Qui dit 2024, dit année olympique. Impossible, donc, de passer sous silence l’évènement qui a éclipsé tous les autres.
Paris aura offert des lieux de compétition hyper-télégéniques pour les Olympiques, mais pas seulement.
J’avais, comme beaucoup de Français, des craintes quant au succès des Jeux olympiques. Pour une fois, je suis bien content de m’être trompé. L’évènement a été un succès populaire indéniable, se fondant à merveille dans le décor de la Ville lumière.
La cérémonie d’ouverture, la première de l’histoire hors d’un stade, a donné le ton. Le reste a suivi une trajectoire similaire.
Des lieux de compétition hypertélégéniques, une ambiance folle dans les tribunes, des vedettes au rendez-vous (Summer McIntosh, Teddy Riner, Léon Marchand, Simone Biles, Armand Duplantis, Novak Djokovic…) et aucun pépin majeur. La mayonnaise a pris. Un de mes collègues présent sur place me l’a confirmé : «Ça va être difficile pour Los Angeles de faire mieux.»
Même le bilan financier et environnemental est plutôt positif. L’organisation présente un excédent budgétaire de 27 millions d’euros, et les émissions de gaz à effet de serre ont été divisées par deux par rapport à Tokyo en 2021.
Si les Jeux resteront un bon souvenir pour la grande majorité des athlètes, il y a fort à parier que Soccer Canada souhaite les oublier au plus vite.
Rembobinons. Le 22 juillet, un membre du personnel entourant l’équipe féminine canadienne de soccer, Joey Lombardi, est interpelé par la police française pour avoir filmé avec un drone l’entrainement de l’équipe la Nouvelle-Zélande.
L’équipe canadienne a été pénalisée de 6 points de classement. L’entraineuse-chef de l’équipe canadienne, Beverly Priestman, a été sans trop tarder suspendue de ses fonctions.
Mais l’affaire ne s’est pas arrêtée là. Soccer Canada a rapidement laissé entendre que ces pratiques d’espionnage n’étaient pas nouvelles. Une enquête de Radio-Canada a, depuis, mis en lumière l’existence d’un système bien huilé, connu de (presque) tous. Voici quelques extraits édifiants de ce qui a été relevé :
Le scandale de l’équipe de soccer canadienne aura été l’une des rares déceptions canadiennes aux Olympiques de Paris.
Cette triste affaire d’espionnage en rappelle une autre. En seconde division anglaise, l’ancien entraineur de l’équipe de soccer de la ville anglaise de Leeds, Marcelo Bielsa, avait envoyé des membres de son encadrement scruter les entrainements de ses adversaires.
Le célèbre technicien argentin avait fini par se confesser au cours d’une conférence de presse en 2019, aussi lunaire qu’interminable.
Avec une présentation visuelle à l’appui, il avait justifié ses actes : «Je me sens coupable si nous ne travaillons pas assez. Espionner nous permet d’être moins anxieux et, dans mon cas, je suis assez stupide pour autoriser ce genre de comportements.»
Ainsi donc, sous le couvert du «professionnalisme» pour la préparation d’un match de soccer, tous les moyens semblent bons pour gagner, même les plus litigieux. À méditer…
Un chapitre important de l’affaire Soccer Canada s’est, lui, refermé le 12 novembre, avec le limogeage de Beverly Priestman.
Si la France a vibré au rythme des exploits de Léon Marchand cet été, le Canada a, lui, été ébloui par le talent de Summer McIntosh.
La France et le Canada auront eu des héros en natation lors des Olympiques.
La nageuse ontarienne a remporté, à seulement 17 ans, trois titres olympiques (200 m papillon, 200 m quatre nages et 400 m quatre nages) et une médaille d’argent (400 m nage libre). Une performance historique, puisqu’aucun athlète de l’unifolié n’avait jamais remporté trois médailles d’or au cours d’une seule édition des Jeux.
Loin d’être rassasiée, Summer McIntosh, désormais majeure, a fait une véritable razzia lors des Mondiaux de natation en petit bassin, qui se sont déroulés à Budapest du 10 au 15 décembre dernier. Trois premières places, une deuxième place, exactement comme à Paris, avec cette fois trois records du monde.
Discrète et bosseuse, la Torontoise fait preuve d’un professionnalisme remarquable pour son jeune âge. Peut-elle devenir la Michael Phelps canadienne? Difficile à dire tant la natation est un sport ingrat qui use les athlètes, soumis à une charge d’entrainement colossale. Mais elle en a assurément le talent.
Pour conclure cette riche année 2024, je voulais terminer par un coup de cœur. En janvier, j’avais dédié une chronique à la toute nouvelle Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF), faisant part de mon optimisme quant à son développement.
Depuis, plus de 21 000 partisans et partisanes se sont massés dans les tribunes du Centre Bell, à Montréal, pour assister à la rencontre entre Montréal et Toronto, établissant un nouveau record d’audience pour un match de hockey féminin.
Le succès de la Ligue professionnelle de hockey féminin donne envie de célébrer.
Depuis, les six équipes de la Ligue se sont dotées d’une identité visuelle, avec un nom et un logo.
Depuis, l’organisation a dit évaluer les candidatures de plus de 25 villes souhaitant les rejoindre. Deux d’entre elles sont attendues pour la saison 2025-2026.
Bref, en un an, l’expansion de la LPHF a été fulgurante, et la ligue semble déjà solidement installée dans le paysage du sport professionnel.
J’ai moi-même été témoin de ce franc succès. J’étais présent le 30 novembre dernier pour le premier match de la saison de la Victoire de Montréal face à la Charge d’Ottawa. Avec plus de 10 000 spectateurs, la Place Bell de Laval, au Québec, était pleine à craquer.
Les partisans – ou plutôt les partisanes, tant les femmes étaient nombreuses dans les gradins – en ont eu pour leur argent : une présentation émouvante, une ambiance de folie – la meilleure que j’ai vue lors d’un évènement sportif en Amérique du Nord – et un match plein de rebondissements.
L’émotion des joueuses était palpable. On sentait leur reconnaissance pour ce public qui les a poussées jusqu’au bout. J’ai retrouvé là ce que j’aime dans le sport : la communion entre le public et son équipe. Orphelin de mon équipe française de soccer, je suis désormais un partisan de la Victoire.
Vivement 2025!
Timothée Loubière est journaliste pupitreur au quotidien Le Devoir. Avant de poser ses valises au Québec en 2022, il était journaliste sportif en France, notamment au journal L’Équipe.
Statistique Canada a publié le 16 décembre un rapport sur les résultats de l’Enquête sur la population de langue officielle en situation minoritaire de 2022. Cette enquête est la première de son genre depuis 2006.
Dominique Pépin-Filion, l’un des auteurs du rapport, explique en entrevue avec Francopresse que la situation des minorités linguistiques officielles au pays «est nuancée. Ça dépend des différents domaines de la vie sociale auxquels on s’intéresse».
Ce rapport montre que la situation des francophones en contexte minoritaire n’est pas qu’une simple histoire de déclin. Des améliorations sont notables, en particulier dans le domaine de l’éducation.
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Hors du Québec, plus de la moitié des enfants francophones ont fréquenté une garderie anglophone; seulement 33 % ont fréquenté une garderie francophone et 12 % une garderie bilingue.
Selon Dominique Pepin-Filion, cette enquête permet d’accorder à la francophonie hors Québec des données à son propre sujet.
Depuis 2006, Dominique Pépin-Filion note une «baisse significative» de trois points de pourcentage dans les inscriptions aux garderies francophones.
Le rapport précise que «75 % des parents [francophones ayant des] enfants d’âge préscolaire en situation minoritaire avaient l’intention de les inscrire dans une école primaire de langue française». Une proportion de 66 % des parents justifie ce choix par la volonté que leur enfant «devienne bilingue».
Mais selon le chercheur, cela ne signifie pas forcément que les enfants de ces parents ne parlent pas déjà français. Plusieurs de ces parents souhaitent peut-être «assurer à leurs enfants une très bonne maitrise de la langue minoritaire», suggère-t-il.
«Parmi les enfants au Canada hors Québec qui avaient au moins un adulte de langue française dans leur famille, la fréquentation des écoles primaires de langue française a augmenté, passant de 54 % en 2006 à 64 % en 2022.»
La proportion des francophones en situation minoritaire ayant fréquenté une école secondaire de langue française est passée de 50 % en 2006 à 55 % en 2022. Parmi les parents dont les enfants sont déjà inscrits dans une école primaire francophone, 63 % avaient l’intention de les inscrire dans une école francophone.
Seulement 27 % des enfants admissibles qui comptaient poursuivre des études postsecondaires avaient l’intention de s’inscrire à un programme d’études en français (12 %) ou bilingue (15 %).
La possibilité d’utiliser le français en milieu minoritaire auprès des administrations gouvernementales a diminué entre 2006 et 2022, passant de 60 % à 42 % au fédéral, de 49 % à 34 % au provincial et territorial, et de 44 % à 36 % au municipal.
Les anglophones du Québec s’en sortent environ 20 % mieux pour chaque ordre de gouvernement, comparativement aux francophones en milieu minoritaire.
La proportion de francophones en situation minoritaire disant n’avoir jamais reçu de services en français de la part du gouvernement fédéral est passée de 14 % à 24 %.
«Sans surprise, l’anglais est la langue de prédilection des jeunes pour la consommation des médias sociaux, la lecture, ainsi que les activités de loisirs et de sport», note Liane Roy dans un communiqué de presse.
«La FCFA trouve aberrant le constat d’un recul sur toute la ligne en matière d’accès aux services en français», dénonce la présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada, Liane Roy, dans un communiqué de presse.
«Pour un pays avec deux langues officielles depuis plus de 50 ans, c’est tout simplement répréhensible. Ça justifie tout le travail qu’on a fait pour moderniser la Loi sur les langues officielles.»
À l’extérieur du Québec, 74 % des francophones ont été en mesure de communiquer en français avec le gouvernement fédéral pour obtenir des services ou des renseignements, dont 32 % qui ont pu le faire seulement «parfois ou rarement». Ce pourcentage est de 67 % pour l’administration publique provinciale ou territoriale et de 65 % pour les municipalités.
Selon le rapport, la moitié des francophones en situation minoritaire utilisent le français quotidiennement ou quelques fois par semaine «dans l’espace public à l’extérieur du travail, avec d’autres personnes que la famille ou les amis».
La situation est particulièrement préoccupante dans les provinces de l’Ouest et dans les capitales des territoires, où cette proportion tombe respectivement à seulement 21 % et 36 %. En comparaison, elle atteint 87 % au Nouveau-Brunswick.
Pour Liane Roy, la répartition géographique de ces données montre «l’ampleur du travail à faire pour créer des occasions de vivre la langue au quotidien».
Au Québec, 80 % des anglophones – soit 30 % de plus que les francophones en contexte minoritaire – utilisent l’anglais dans l’espace public quotidiennement ou quelques fois par semaine.
Dans le monde virtuel, le français semble disparaitre au fil des générations. Son utilisation dans les médias sociaux à l’extérieur du Québec – seul ou combiné à l’anglais – se chiffre à 60 % pour les adultes francophones, mais à seulement 29 % pour les enfants.
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Parmi les francophones en situation minoritaire qui estiment important de recevoir des services ou des soins de santé en français, 43 % des francophones ont toujours ou souvent reçu des soins de santé en français, 35 % en ont parfois ou rarement reçu et 22 % n’en ont jamais reçu.
À titre de comparaison, au Québec, 52 % des anglophones qui accordent cette même importance à l’anglais reçoivent toujours ou souvent des soins de santé en anglais, 41 % parfois ou rarement et 7 % jamais.
Parmi les francophones ayant toujours ou souvent reçu des soins de santé en français, le pourcentage le plus bas se trouve dans les capitales territoriales et dans l’Ouest canadien (à l’exception du Manitoba), où il atteint seulement 6 %.
Des données qui contrastent avec les régions du Nord (90 %) et du Sud-Est (76 %) du Nouveau-Brunswick, ainsi qu’avec le Sud-Est de l’Ontario (73 %).
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Avec les informations de Julien Cayouette
La ministre des Finances et vice-première ministre du Canada, Chrystia Freeland, a annoncé sa démission quelques heures avant le dépôt de l’Énoncé économique de l’automne de 2024.
Chrystia Freeland a démissionné avec fracas lundi matin, jour du dépôt de la mise à jour économique.
Le document, qui fait office de mise à jour et de minibudget pour des dépenses non incluses dans le budget du printemps, a été remis aux journalistes et experts avec plus de quatre heures de retard lors du huis clos.
La semaine précédant le dépôt de l’énoncé économique, la désormais ex-ministre des Finances avait évité de se prononcer sur le montant du déficit, qu’elle avait dit au printemps vouloir maintenir en dessous de 40,8 milliards de dollars.
Mais des mesures sont venues creuser le déficit, le faisant basculer à 61,9 milliards de dollars pour l’année fiscale 2023-2024.
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Le gouvernement justifie ce dépassement du déficit par des «provisions plus élevées que prévu» concernant les revendications des peuples autochtones «qui font l’objet de négociations avec d’autres partis ou dont les tribunaux sont saisis» et au soutien de la population et des entreprises durant la pandémie de COVID-19.
Ce sont donc 16,4 milliards qui vont au passif des réclamations autochtones et 4,7 milliards aux «rajustements pour le soutien liés à la COVID-19».
Plus tôt cette année, le directeur parlementaire du budget, Yves Giroux, avait établi que le déficit allait se chiffrer à 46,8 milliards de dollars.
Le déficit n’inclut pas les chèques de 250 $ que les libéraux avaient dit vouloir envoyer aux Canadiennes et Canadiens gagnant moins de 150 000 $, faute de consensus entre les partis aux communes. Le Bloc québécois et le Nouveau Parti démocratique souhaitent notamment inclure les ainés dans les bénéficiaires.
Le congé de TPS de deux mois, qui est entré en vigueur le 14 décembre, coutera 1,6 milliard de dollars et se répercutera sur l’année fiscale 2024-2025.
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«Il est inévitable que notre mandat au gouvernement prenne fin», a écrit Chrystia Freeland dans sa lettre de démission destinée à Justin Trudeau et publiée sur le réseau social X, lundi.
«Vendredi dernier, vous m’avez dit que vous ne vouliez plus que je sois votre ministre des Finances et vous m’avez proposé un autre poste au sein du Cabinet […] Au cours des dernières semaines, nous nous trouvions en désaccord sur la meilleure voie à suivre pour les Canadiens», a-t-elle fait valoir.
La semaine précédant sa démission, des tensions avaient été rapportées entre son bureau et celui du premier ministre, notamment sur la mesure du chèque de 250 $.
Un autre point de tension porterait sur la riposte canadienne à la menace du président élu des États-Unis, Donald Trump, sur l’imposition de tarifs douaniers de 25 % sur les produits canadiens et mexicains. «Il faut prendre cette menace au sérieux», peut-on lire dans sa lettre.
Dominic Leblanc, actuel ministre de la Sécurité publique, des Institutions démocratiques et des Affaires intergouvernementales, prendra la tête du ministère des Finances.
En conférence de presse lundi, le chef de l’opposition, Pierre Poilievre, a commenté : «On est témoins aujourd’hui du pire chaos au sein du gouvernement du Canada dans l’histoire moderne de notre pays.»
Il a appelé à un vote de la mise à jour économique, pour faire office de vote de confiance le soir même.
De son côté, le chef du NPD, Jagmeet Singh, a réclamé dans la foulée la démission du premier ministre Trudeau.
«Chrystia Freeland vient de déclencher la course au leadeurship, à mon avis», commente la professeure de science politique à l’Université d’Ottawa, Geneviève Tellier.
«M. Trudeau disait depuis des mois que, oui, les sondages n’étaient pas très bons, mais qu’il avait une bonne équipe et que le caucus était derrière lui. Visiblement, le caucus n’est plus derrière lui.»
L’énoncé économique comprend une section sur la Stratégie sur la capacité de calcul souveraine pour l’intelligence artificielle (IA).
La section qui décrit comment l’IA s’intègre dans les opérations de la fonction publique est le seul endroit où il est question des langues officielles. «Les grands modèles de langage en IA et la traduction automatique changeront en profondeur les façons de travailler», peut-on lire.
L’objectif est cependant de développer une expertise basée sur du contenu canadien en faisant appel à la vaste banque de textes bilingues du Bureau de la traduction. Il serait déjà au travail pour développer des outils plus efficaces.
«En perspective, les pratiques efficaces établies seront mises à profit pour utiliser l’IA au-delà des langues officielles, par exemple pour traduire des documents en langues autochtones», indique-t-on.
Du côté de la francophonie et des communautés de langues officielles minoritaires, le minibudget du gouvernement fédéral ne présente aucune mise à jour. Il manque toujours 1,6 million de dollars pour les médias de ces communautés.
Rien non plus sur l’application et la mise en œuvre de la Loi sur les langues officielles, dont les règlements doivent être déposés «avant mars», selon la présidente du Conseil du Trésor, Anita Anand.
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Face à la menace d’imposition de tarifs sur les produits canadiens pour l’importation aux États-Unis, l’énoncé économique contient quelques mesures visant à stimuler l’économie intérieure du pays.
Il annonce, entre autres, son intention de déposer un projet de loi qui obligerait les ministères et organismes fédéraux à acheter au moins 20 % des produits et services auprès de petites et moyennes entreprises (PME) canadiennes. Il désire également augmenter la collaboration avec les PME.
Le gouvernement envisage de lier les principaux transferts de fonds fédéraux aux provinces et territoires à des conditions de réduction des obstacles au commerce intérieur et à la mobilité de la main-d’œuvre.
Un montant de 4,3 millions de dollars sera versé sur trois ans à l’Agence canadienne d’inspection des aliments dans un effort d’harmonisation des reconnaissances et des certifications en agriculture et en agroalimentaire.
Les premiers ministres provinciaux et territoriaux du Canada étaient réunis à Toronto lundi pour plaider «l’unité» face à la menace des tarifs douaniers américains sur les produits canadiens, a fait valoir le président du Conseil de la fédération, le premier ministre de l’Ontario Doug Ford. L’économie canadienne doit être plus dynamique pour attirer les investissements.
Toutefois, alors que Doug Ford a émis l’idée de suspendre l’exportation d’énergie vers les États-Unis en réaction en réponse à la déclaration de Donald Trump, le premier ministre québécois François Legault souhaite signaler au président américain qu’il y aura davantage de contrôle concernant l’immigration à la frontière canado-américaine.
«Je fête Noël à cheval entre le français et l’anglais, témoigne Hayden Cotton à l’Île-du-Prince-Édouard. Depuis que je suis en âge de me souvenir, c’est comme ça et je suis très attaché à cette tradition, ça fait partie de mon identité.»
À l’Île-du-Prince-Édouard, Hayden Cotton célèbre le 24 décembre avec sa famille anglophone et le 25 avec ses proches francophones.
Le jeune Acadien fête le réveillon avec la famille anglophone de son père, tandis qu’il célèbre le jour de Noël avec le côté maternel et francophone de sa parenté.
Le soir du 24 décembre, une dizaine de convives discutent dans la langue de Shakespeare chez sa tante. «Mais je parle toujours français avec ma mère et mon frère», tient-il à préciser.
Le 25 à midi, une vingtaine d’invités se réunissent «en français» chez ses grands-parents maternels. Seul le père d’Hayden ne maitrise pas la langue d’Antonine Maillet : «Il nous demande parfois ce qu’on raconte, il est très curieux, il veut connaitre les histoires.»
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En Ontario, dans la banlieue de Toronto, Geneviève Stacey célèbre le temps des Fêtes en petit comité avec ses parents. Lumières et décorations dans la maison, cadeaux au pied du sapin, dinde et patates râpées au four; chaque année, la tradition reste immuable. Et autour de la table, l’anglais domine les conversations.
«Je suis plus contente de m’exprimer en français, mais ça ne me dérange pas, je suis habituée. La langue de la famille, ça reste l’anglais», relate la Franco-Ontarienne de 20 ans dont le père est anglophone et la mère francophone.
Le français, c’est ma culture, c’est qui je suis, mais ce qui compte à ce moment-ci de l’année, c’est de profiter du temps en famille. Le reste de l’année, on est trop occupés, on n’a pas le temps.
La Franco-Manitobaine Nadia Bédard partage cette même envie de ralentir son rythme de vie effréné. La jeune femme voit Noël comme une échappée belle pour reprendre son souffle. «C’est mon moment préféré de l’année, ça me réchauffe le cœur. On peut se reconnecter à nos proches, oublier tous nos soucis», confie l’étudiante de 21 ans qui habite à Winnipeg.
Elle et ses deux frères célèbrent le 24 et le 25 en anglais avec la famille de leur mère d’origine ukrainienne, avant de partager le 26 en français avec le côté de leur père franco-manitobain. Grands-parents, cousins, oncles, tantes : tout le monde se réunit pour «faire un récap de sa vie et parler de ses projets d’avenir», rapporte Nadia Bédard.
«Au départ, ma mère ne parlait pas le français, mais elle a suivi des cours à l’université, car elle en avait marre d’aller à des réunions de famille et de ne rien comprendre», poursuit-elle.
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En Nouvelle-Écosse, Thomas Smith passe lui aussi Noël avec ses parents. Chaudrée de fruits de mer le 24 au soir, dinde et échanges de cadeaux le 25 à midi. Sa mère est Québécoise, son père, néobrunswickois, alors à table, les discussions oscillent entre le français et l’anglais.
À Vancouver, Nigel Barbour est obligé de parler en anglais pour Noël : «C’est très agaçant, j’ai envie de dire “zut, zut, zut”.»
«C’est l’occasion de passer du bon temps en famille, de regarder des films ensemble, de jouer à des jeux de société», raconte l’étudiant de 19 ans à l’Université Saint Mary’s, à Halifax.
À l’autre bout du pays, en Colombie-Britannique, Nigel Barbour n’éprouve pas le même enthousiasme. Il fêtera Noël à Vancouver avec deux amis, dont l’un ne parle que l’anglais.
«C’est très agaçant, j’ai envie de dire “zut, zut, zut”, j’aurais voulu parler français, on est quand même un pays officiellement bilingue […], mais je suis bien obligé, c’est de la politesse», observe l’octogénaire, qui maitrise cinq langues.
Tous les pays engagés dans ce terrible conflit avaient une conviction commune : le conflit serait de courte durée. Certains évoquaient même une fin des hostilités avant Noël. Mais en décembre 1914, il devient évident que ce ne serait pas le cas. On ne pouvait pas encore se douter des horreurs et des carnages qui allaient venir.
Rapidement, en Europe de l’Ouest, les camps ennemis font pratiquement du surplace. De la Suisse à la Manche, des centaines de kilomètres de tranchées sont creusées. Des fragments de terrain acquis au prix d’énormes pertes humaines se perdent en peu de temps.
C’est une guerre de tranchées implacable qui durera pendant presque tout le conflit.
Des soldats qui s’affrontaient par les armes la veille fraternisent entre leurs tranchées le 25 décembre 1914.
En décembre 1914, les soldats canadiens n’ont pas encore pris pied en France; le premier contingent du Corps expéditionnaire canadien (nom donné aux troupes du Canada) arrivera en janvier 1915. Quant aux États-Unis, ils n’y seront pas avant l’été 1917.
Différents corps armés – français, britanniques et belges – font face aux divisions allemandes. La fraternisation spontanée du 25 décembre prend place à deux endroits sur cette longue ligne de front : dans la région d’Artois, dans le nord-est de la France, et près d’Ypres, en Belgique.
Même si l’épisode a fait l’objet de multitudes écrits, pièces de théâtre et films, il était largement méconnu jusque dans les années 1960. Après une guerre qui avait fait plus de 20 millions de morts du côté militaire et civil et un nombre tout aussi grand de blessés, le temps n’était peut-être pas propice pour rappeler cet instant de camaraderie entre ennemis.
Il y a une dizaine d’années, une lettre d’un soldat britannique écrite à sa mère depuis les tranchées relatant les évènements a été rendue publique. «Je crois que j’ai vu aujourd’hui [le jour de Noël] l’un des spectacles les plus extraordinaires que quiconque ait jamais vus», témoigne le lieutenant Alfred Dougan Chater.
En regardant par-delà un muret, vers 10 h, Chater raconte avoir vu un soldat allemand agiter ses bras. Deux autres combattants sortent de leur tranchée et marchent vers le camp britannique.
«On allait tirer sur eux quand on a vu qu’ils n’avaient pas d’armes. L’un de nos hommes est allé les rencontrer et, en deux minutes, la zone entre nos deux lignes de tranchées s’est remplie de soldats et d’officiers des deux côtés, se serrant les mains et se souhaitant Joyeux Noël», peut-on lire dans la lettre.
Rencontre surréaliste entre soldats allemands et britanniques le jour de Noël 1914.
«On a échangé des cigarettes. On a pris des photos. D’autres en ont profité pour simplement s’étirer sans avoir peur des tirs de mitraillettes pour la première fois depuis des mois. C’était le miracle de Noël, en pleine horreur.»
Chater ajoute qu’il est lui-même sorti de sa tranchée et qu’il a serré la main de plusieurs officiers allemands. Les deux côtés ont profité du répit pour récupérer les cadavres de leurs camarades et les enterrer. Puis, surgit un ballon de soccer.
Un autre soldat britannique qui était sur place, Ernie William, a raconté que le ballon est venu de nulle part, mais il est convaincu qu’il provenait du camp allemand. «Des buts de fortune ont été installés. Un des gars s’est placé devant le but et tout le monde s’est mis à frapper le ballon. Je crois qu’il devait y en avoir environ 200 qui ont participé.»
Ernie William précise que ce n’était pas un vrai match, mais plutôt une mêlée. Il n’y avait pas d’arbitre et on ne comptait pas les points.
D’autres soldats britanniques ont raconté une histoire un peu différente, certains précisant qu’après une heure de jeu, le commandant du bataillon britannique s’est rendu compte de ce qui se passait et a ordonné à ses hommes de revenir dans les tranchées.
Les Allemands auraient gagné la partie, 3 à 2. Le même score a été rapporté par un soldat allemand, Kurt Zehmisch, dans ses carnets.
L’histoire est devenue légendaire et a frappé l’imaginaire de bien des gens. Cent ans plus tard, en 2014, une reconstitution du match a eu lieu à Ploegsteert, en Belgique, où le tout se serait déroulé.
Il faut utiliser le conditionnel, car malgré les témoignages parvenus jusqu’à nous, le doute subsiste dans l’esprit de certains historiens. L’un de ceux-ci va jusqu’à dire qu’il n’y a «absolument aucune preuve ferme et vérifiable d’un match [de soccer]». Alors que des photos ont témoigné de la fraternisation, aucun cliché de la partie n’est parvenu jusqu’à nous. .
Les spécialistes soulèvent le fait, par exemple, que le sol de ce no man’s land était jonché de cadavres et trop abimé par les obus pour qu’un tel match puisse avoir lieu. Au mieux, selon l’un des historiens, des soldats auraient botté un ballon ici et là, mais sans qu’un vrai match se soit déroulé.
Reconstitution, parue le 9 janvier 1915 dans The Illustrated London News, de la rencontre des officiers britanniques et allemands se faisant face sur le front, le 25 décembre 1914.
Pour ces historiens, l’idée d’une partie de soccer ce jour de Noël entre soldats de pays ennemis a été largement exagérée et idéalisée. L’important, souligne un autre historien, c’est le moment de fraternité, et non de savoir s’il y a eu quelques bottés ou un réel match de soccer.
Comme il a été mentionné, cette brève pause dans les hostilités n’est survenue qu’à deux endroits. Ailleurs sur le front, les combats se sont poursuivis le 25 décembre, et 80 soldats britanniques sont morts ce jour-là.
Aucune trêve similaire n’a eu lieu là où les troupes françaises et belges affrontaient les forces allemandes. Leur contexte était bien différent de celui des troupes britanniques.
En effet, l’Allemagne occupait des parties de la France et de la Belgique, et les soldats de ces deux derniers pays entretenaient une grande méfiance, sinon de la haine, envers l’ennemi.
Dès le lendemain de Noël, la guerre a repris son cours. Les commandants militaires étaient complètement en désaccord avec ce qui s’était passé. Au cours des trois autres Noëls pendant la guerre, on interdira formellement aux troupes de répéter ce comportement.
Mais le simple fait de penser que des soldats avec mission de tuer l’ennemi aient pu faire taire les fusils pendant quelques heures donne espoir au genre humain.
«Le temps des Fêtes est une période très polluante, propice au gaspillage et à la surconsommation», regrette la spécialiste des communications et de l’engagement du public à la Fondation David Suzuki, Laurence Bolduc.
«Il n’y a rien de mauvais dans les Fêtes, c’est quelque chose de très beau de se rassembler en famille autour d’un bon repas, mais les aspects matérialistes ont tendance à éclipser les valeurs immatérielles», estime la chercheuse Ghina El Haffar.
«Nos vies rapides et matérialistes ne sont pas cohérentes avec les objectifs climatiques et, pendant les Fêtes, c’est encore pire. On oublie nos convictions et on augmente notre pression sur l’environnement», renchérit la chercheuse postdoctorale à la Faculté de gestion Desautels de l’Université McGill, Ghina El Haffar.
Malgré la prise de conscience amorcée durant la pandémie de COVID-19, les deux spécialistes estiment que les consommateurs abandonnent souvent leurs principes écologiques lors du passage à la caisse.
Selon Zero Waste Canada, jusqu’à 40 % de la nourriture est gaspillée et les déchets ménagers augmentent de plus de 25 % pendant les Fêtes de fin d’année.
Les viandes, volailles et fruits de mer ont également une empreinte environnementale non négligeable. Uniquement en prenant en considération la production, chaque kilogramme de bœuf génère environ 30 kg de gaz à effet de serre, d’après les différentes données disponibles.
Pour le porc, le compte s’élève à 12 kg pour chaque kilo produit, contre 10 kg pour la dinde et 7 kg pour le poulet. Quant aux crevettes d’élevage, leur empreinte avoisine les 27 kg par kilo.
Le bilan carbone de l’alcool est généralement moins élevé, avec une moyenne de 1,1 kg par bouteille de vin pour la France, mais c’est sans compter le transport jusqu’au Canada.
«Le plaisir l’emporte souvent sur la durabilité. On privilégie le budget pour l’achat de petits produits pratiques et bon marché dont la fabrication n’est pas toujours respectueuse des exigences environnementales», observe le professeur agrégé au Département d’agroéconomie et des sciences de la consommation de l’Université Laval, à Québec, Bernard Korai.
Le spécialiste de la consommation, Bernard Korai, explique que les cadeaux «agissent comme une forme de compensation» auprès des proches que l’on n’a pas le temps de voir le reste de l’année.
«La grande majorité des gens vous diront qu’ils sont préoccupés par l’impact sur l’environnement, mais ils ne font pas nécessairement le lien avec leurs comportements», complète la professeure à l’École de gestion de l’Université de Sherbrooke, Caroline Boivin, qui note une hausse des dépenses liées aux Fêtes depuis la fin de la pandémie de COVID-19.
Aux yeux des chercheurs, il est très difficile d’échapper à la surconsommation qui caractérise la période des Fêtes de fin d’année. Bernard Korai parle d’une «pression sociale» associée à une célébration culturellement importante en Amérique du Nord.
«Noël est perçu comme une pause dans nos agendas chargés pour renouer le lien avec celles et ceux que nous n’avons pas le temps de voir régulièrement, analyse-t-il. Les cadeaux achetés agissent comme une forme de compensation, qui permet de conjurer le défaut de présence soutenue.»
Cette pression peut mener à une certaine surenchère dans la quantité et la valeur des cadeaux.
Ce que l’on offre à ses proches traduit la valeur sociale qu’on leur donne. C’est aussi un moyen d’affirmer son propre statut en tant qu’individu.
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Toutefois, de nombreuses pistes existent pour alléger l’impact carbone de Noël et rendre sa manne de cadeaux plus sobres. «Il ne faut pas le voir comme quelque chose de complexe. La clé, c’est de tout planifier et de se poser systématiquement la question sur l’utilité de nos achats», assure Ghina El Haffar.
«Avec le Vendredi fou et le Cyberlundi, tout est fait pour acheter. C’est difficile de ne pas succomber à la pression consumériste», reconnait Laurence Bolduc de la Fondation David Suziki.
Elle évoque la fabrication d’un sapin en bois, l’utilisation de lumières DEL qui consomment moins d’énergie et durent plus longtemps, le recours à des décorations réutilisables, l’option du covoiturage ou des transports en commun lorsque cela est possible.
Pour les présents, Laurence Bolduc conseille d’éviter le magasinage en ligne, de privilégier les cadeaux de seconde main et d’offrir des expériences plutôt que des objets physiques. Elle suggère également de se servir d’emballages en tissu ou en papier recyclé.
En ce qui concerne la nourriture, elle recommande d’acheter des aliments locaux et d’essayer des options végétariennes, «on peut même se donner le défi d’organiser un souper végétarien».
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Convaincre la population canadienne de changer ses habitudes demande cependant du temps et beaucoup de diplomatie pour ne pas froisser les susceptibilités des plus réticents.
Pour la professeure Caroline Boivin, la pollution que génère Noël reste abstraite dans l’esprit de la plupart des gens.
Laurence Bolduc invite à «semer des petites graines» année après année sans forcer de changements radicaux : «C’est un sujet tellement polarisant, ça peut être délicat. Il y a tellement d’éléments intouchables dans la tradition de Noël.»
À cet égard, Caroline Boivin propose d’insister sur les «bénéfices personnels» que les consommateurs peuvent retirer en adoptant des comportements écologiquement plus responsables.
Limiter sa consommation de viande ou acheter des cadeaux de seconde main, c’est non seulement bon pour la planète, mais c’est aussi plus intéressant pour le portefeuille. «C’est une voie plus positive pour motiver au lieu de taper tout le temps sur le clou de la planète qui brule», souligne-t-elle.
De son côté, Ghina El Haffar appelle les entreprises et les pouvoirs publics à «changer les normes et les règlementations» pour donner un coup de pouce aux acheteurs et les aider à se «reconnecter aux valeurs immatérielles» des fêtes de fin d’année.
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Le renforcement du bilinguisme au sein de la fonction publique passerait par une modification de la Loi sur les langues officielles et des décrets pris par le gouverneur en conseil.
Pour les 12 députés du Comité permanent des langues officielles, il est clair que des profils linguistiques doivent être établis lors de la nomination ou du recrutement de personnel au sein de la fonction publique.
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Les propos de la professeure de science politique à l’Université d’Ottawa, Geneviève Tellier, aussi chroniqueuse pour Francopresse, ont été repris dans le rapport. Elle a illustré le manque de volonté existant.
Il faut arrêter de dire qu’une personne qui ne connait pas le français ou l’anglais a quand même les compétences requises. Non, cette personne n’a pas les compétences requises. Il faut changer la façon dont on regarde et analyse la situation. Il faut indiquer clairement quelles sont les compétences essentielles et, le cas échéant, établir que telle personne n’a pas les compétences demandées.
La première recommandation du rapport précise d’ailleurs qu’il faut spécifier les niveaux linguistiques requis par le poste lors de la production des profils des candidats; en catégorisant la compréhension écrite, l’expression écrite et la compétence orale.
Ce rapport et les recommandations qu’il contient ne forcent pas la Chambre ou le gouvernement à agir.
Le «gouverneur en conseil» est un terme officiel qui désigne une nomination effectuée par le premier ministre et le Cabinet ministériel.
La personne qui occupe le poste de gouverneur général du Canada annonce ces nominations sur l’avis du Cabinet.
Les députés préconisent aussi de modifier le paragraphe de la Loi sur les langues officielles touchant à la langue de travail.
Ils enjoignent la présidente du Conseil du Trésor, Anita Anand, de déposer un projet de loi pour définir ce que signifie l’expression «capacité de parler et de comprendre clairement les deux langues officielles».
Les parlementaires veulent également qu’une formation linguistique soit offerte aux candidats et les postes de sous-ministres ou de sous-ministres délégués aux institutions assujetties à la Loi sur les langues officielles, pas seulement à une liste de ministères plus limitée.
Parmi les sept recommandations, l’augmentation de la prime au bilinguisme demanderait un consensus entre les parties, car le Nouveau Parti démocratique (NPD) a assuré qu’il souhaitait une hausse significative de 800 $ à 4000 $.
Mettre en place une prime de connaissances linguistiques pour les langues autochtones fait partie d’un autre avis du NPD non pris en compte dans le rapport.
Le comité suggère aussi établir des liens avec les établissements postsecondaires, afin que le bilinguisme soit davantage présenté comme un avantage pour les étudiants qui souhaitent entrer dans la fonction publique.
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La présidente du Conseil du Trésor, Anita Anand, a affirmé devant le Comité sénatorial permanent des langues officielles, lundi, que les règlements tant attendus de la nouvelle loi seront déposés «avant mars 2025».
Elle assure aussi qu’elle veut mettre fin à «la culture unilingue» au sein de la fonction publique.
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Dans un rapport publié mardi, le Comité permanent des langues officielles de la Chambre des Communes propose sept recommandations pour améliorer le bilinguisme au sein de la fonction publique.
Ce qu’ils demandent : Les députés proposent d’établir par décret des exigences linguistiques pour les hauts fonctionnaires nommés par le gouverneur en conseil (c’est-à-dire le cabinet du premier ministre), avec des niveaux de compétence minimums à l’écrit et à l’oral, ainsi que des évaluations régulières.
Ils souhaitent aussi que la notion de «capacité de parler et de comprendre clairement les deux langues officielles», inscrite dans la loi, soit clarifiée, car elle peut, selon eux, être interprétée de différentes façons.
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Le texte de la motion conservatrice de Pierre Poilievre utilisait les propos du chef du NPD, Jagmeet Singh.
Le gouvernement de Justin Trudeau a pu compter sur le soutien du Nouveau Parti démocratique (NPD), lundi, face à une nouvelle motion de censure conservatrice, appuyée par le Bloc québécois.
De son côté, le NPD n’a reçu le soutien que des deux députés du Parti vert pour sa motion qui proposait de rendre permanent le congé de la TPS pour les services qu’il considère comme «essentiels», comme les factures de chauffage, d’Internet et de téléphone cellulaire.
Ce qu’ils disent : Pierre Poilievre visait quant à lui dans sa motion le chef néodémocrate, Jagmeet Singh.
«Le chef du NPD a dit que “le gouvernement libéral cèdera toujours à la cupidité des grandes entreprises et interviendra toujours pour réduire le pouvoir des syndicats et des travailleurs” […] par conséquent, la Chambre est d’accord avec le chef du NPD, et la Chambre affirme qu’elle a perdu confiance dans le premier ministre et le gouvernement», peut-on lire dans la motion.
La ministre des Finances, Chrystia Freeland, présentera lundi la mise à jour économique de l’automne. Elle s’est engagée mardi à maintenir le ratio dette/PIB du Canada sur une trajectoire descendante, pour rassurer les marchés et les contribuables.
La ministre a toutefois évité de réitérer sa cible d’un déficit inférieur à 40 milliards de dollars, ce qui a suscité des critiques de l’opposition.
Ce qu’ils disent : Le Parti conservateur dénonce un déficit en hausse, tandis que la ministre insiste sur la viabilité des finances publiques et le faible endettement relatif du Canada par rapport aux autres pays du G7.
Début 2024, le directeur parlementaire du budget avait estimé que le gouvernement fédéral dépasserait les 46,8 milliards de dollars pour l’année fiscale 2023-2024.
Steven Guilbeault a annoncé que le Canada allait réduire de moitié ses émissions carbone d’ici 2035.
Le ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, a annoncé jeudi une nouvelle cible de réduction des émissions de 45 à 50 % par rapport aux niveaux de 2005, d’ici 2035.
Cette cible repose, selon le communiqué du ministère, sur des données scientifiques, le savoir autochtone, des engagements internationaux, des consultations régionales et des avis d’experts.
Révision à la hausse : En 2021, le Canada s’était déjà engagé à réduire ses émissions de 40 à 45 % d’ici 2030. Mais de 2005 à 2022, celles-ci n’ont diminué que de 7,1 %.
Trop peu : Dans un rapport déposé début novembre au Parlement, le commissaire à l’environnement du Canada, Jerry DeMarco, soulignait que les mesures mises en œuvre par le gouvernement restaient insuffisantes pour permettre au Canada d’atteindre sa cible.
Le Canada demeure le membre du G7 le moins performant en matière de réduction des émissions de GES, affirmait le commissaire.
Le Sénat a adopté mercredi soir la loi de Tona, un projet de loi visant à abolir l’isolement cellulaire dans les prisons fédérales, une pratique dénoncée pour ses impacts dévastateurs sur la santé des détenus.
L’enjeu : Inspirée par Tona Mills, une survivante autochtone atteinte d’un cancer en phase terminale, cette loi symbolise son combat pour protéger les détenus. Malgré des promesses gouvernementales de 2019, l’isolement est encore utilisé dans les prisons canadiennes.
Le projet de loi, soutenu par le député néodémocrate Blake Desjarlais et la sénatrice indépendante Kim Pate, appelle la Chambre à agir pour défendre les droits de la personne.
Le budget supplémentaire des dépenses a été adopté mardi soir par la Chambre des Communes, après plusieurs semaines d’attente.
L’enjeu : Ce budget autorise des dépenses supplémentaires pour les ministères fédéraux. Celles-ci se chiffrent à 21,6 milliards de dollars et concernent principalement les programmes et les revendications liés aux Autochtones, l’approvisionnement et le soutien militaires, et le personnel.
Les parlementaires l’ont adopté au dernier jour du délai qui leur était imparti.
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La Banque du Canada a annoncé mercredi une réduction de 50 points du taux directeur.
La Banque du Canada a abaissé son taux directeur de 3,75 % à 3,25 % pour soutenir la croissance économique, en réponse à des perspectives de croissance plus faibles et une inflation stable autour de 2 %.
L’enjeu : Dans un communiqué, la banque centrale justifie cette baisse par le fait que l’économie mondiale évolue conformément aux prévisions, tandis qu’au Canada, la croissance du PIB et de l’emploi ralentit.
La Banque s’attend à ce que l’inflation reste proche de la cible de 2 %, malgré des effets temporaires à la hausse liés à des politiques publiques, comme la suspension de la TPS.