le Dimanche 14 septembre 2025

Cette nouvelle enveloppe, qui s’inscrit dans le cadre du Plan d’action pour les langues officielles 2023-2028, permettra à La ruchée de déployer ses services et outils pour favoriser l’intégration des arts dans les pratiques éducatives.

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«Les arts à l’école sont essentiels au développement global des individus et des sociétés. L’art est un vecteur puissant pour promouvoir la culture et la langue des communautés francophones canadiennes et acadienne», a déclaré la directrice générale de la FCCF, Marie-Christine Morin, par communiqué.

«Ce financement permettra d’accroitre l’impact de l’offre de La ruchée sur les compétences et le bienêtre du personnel scolaire. Le laboratoire est appelé à devenir une référence en matière d’éducation artistique en français au Canada.»

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Lancé en 2020, le projet La ruchée a pour objectif de développer des solutions innovantes pour améliorer l’enseignement et la place des arts dans le système éducatif francophone canadien.

Le laboratoire a réalisé des expérimentations et des études de terrain pour, entre autres, accompagner les enseignants, élaborer de nouvelles méthodes pédagogiques et sensibiliser le personnel sur l’importance de l’enseignement des arts.

Des résultats prometteurs

Au cours des deux dernières années, le laboratoire de la FCCF a testé ses méthodes par le biais de projets pilotes pour répondre aux besoins du milieu de l’éducation artistique en français.

La ruchée a présenté le 20 juin le bilan de ses réalisations 2022-2024. Les résultats démontrent que les initiatives ont permis d’améliorer la rétention du personnel enseignant et l’intégration des arts dans l’enseignement, entrainant un changement rapide des pratiques.

Selon le rapport, 87 % des personnes ayant participé au projet pilote de mentorat estiment par exemple que le programme a renforcé leur bienêtre au travail et leur désir de continuer à exercer leur profession.

Grâce au programme de mentorat, j’ai appris qu’il était possible d’inclure l’art dramatique dans toutes les autres matières. J’ai vu mes pratiques pédagogiques s’améliorer et surtout le niveau de participation des élèves augmenter considérablement.

— Annick Megue Talla, enseignante mentorée en Alberta

Au total, La ruchée a collaboré avec 19 conseils scolaires, 4 universités et un ministère, pour desservir 375 bénéficiaires dans 12 provinces et territoires, rejoignant indirectement plus de 8000 élèves.

S’adapter et innover

Des chiffres encourageants pour le laboratoire, qui ne compte pas s’arrêter là, bien au contraire.

La ruchée compte maintenant déployer son offre de services complète d’un océan à l’autre. «Pour que l’art ait sa juste place à l’école», a partagé Marie-Ève Desormeaux, directrice des contenus du laboratoire d’éducation artistique, lors de la présentation du bilan.

Selon elle, la force de cette initiative réside notamment dans sa capacité à garder une démarche innovante et à s’adapter à des besoins en constante évolution, pour ne «jamais être dans une tour d’ivoire».

La directrice a aussi souligné l’importance d’établir des partenariats et de faire connaitre l’éducation artistique à une grande échelle.

Une démarche pancanadienne

Les services proposés par La ruchée sont désormais disponibles sur la toute première plateforme numérique francophone pancanadienne dédiée à l’éducation artistique : laruchee.ca.

Celle-ci propose des formations, des services d’accompagnement, des ressources pédagogiques et didactiques, ainsi qu’une communauté de pratique sur les arts à l’école, réunissant des membres du personnel scolaire, des artistes, des experts et toutes les personnes intéressées par l’éducation artistique.

Les conseils et districts scolaires, les facultés d’éducation francophones ainsi que les ministères provinciaux de l’éducation peuvent contacter le laboratoire pour s’informer des services disponibles pour le personnel enseignant et les communautés étudiantes dans les programmes d’enseignement.

Anita Anand dit qu’elle déposera un projet de règlement de la nouvelle Loi sur les langues officielles au début de l’année 2025. 

Photo : Francopresse

Plus sur la francophonie

Dans son rapport annuel sur les langues officielles 2022-2023, le Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada (SCT) dresse un bilan plutôt négatif du respect des obligations linguistiques des institutions fédérales.

Des reculs en la matière ont été observés par rapport aux années précédentes, et les améliorations qui apparaissent sont généralement timides.

En mêlée de presse mardi, la présidente du SCT, Anita Anand, a soutenu que «ce n’est pas une situation qu’on peut améliorer aujourd’hui». 

Dans le rapport, on demande notamment aux cadres supérieurs des institutions fédérales de faire preuve de «leadeurship».

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Jean-Yves Duclos rappelle les obligations linguistiques de Postes Canada. 

Photo : Marianne Dépelteau – Francopresse

Le Journal de Montréal a rapporté mardi que Postes Canada n’exige pas la connaissance du français dans des offres d’emplois au Québec.

Des employés se sont confiés au Journal, sous couvert d’anonymat. Ils ont déploré le fait que le français «n’est plus obligatoire» et que «c’est bourré d’unilingues anglais».

Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que Postes Canada, félicitée à deux reprises cette semaine dans le rapport du SCT pour «pratiques exemplaires», se fait critiquer pour ses manquements linguistiques.

Entre 2006 et 2013, c’était la troisième institution fédérale ayant accumulé le plus de plaintes concernant des écarts à la Loi sur les langues officielles, selon un rapport du Commissaire aux langues officielles.

«Postes Canada a deux obligations. La première est de respecter la Loi sur les langues officielles du gouvernement. La deuxième est de s’assurer qu’au Québec, la langue de travail est le français», a déclaré le ministre des Services publics et de l’Approvisionnement, Jean-Yves Duclos, en mêlée de presse mercredi.

Le ministre a assuré qu’il tiendra une réunion avec le PDG de l’institution prochainement pour lui rappeler ses obligations linguistiques partout au pays.

Accompagné des députés Alain Therrien et Claude DeBellefeuille, Yves-François Blanchet dénonce l’«hostilité» de certains députés libéraux à l’endroit du français. 

Photo : Marianne Dépelteau – Francopresse

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a fait son bilan de fin de session mercredi.

Questionné sur l’état de la relation entre les élus québécois et les élus francophones de l’extérieur du Québec après une session d’échanges tumultueux sur la défense du français, propulsés par l’affaire des témoins «pleins de marde» impliquant le député libéral franco-ontarien Francis Drouin, il a accusé les libéraux de nuire au français.

Ces derniers ont soutenu Francis Drouin, malgré le fait que celui-ci ait insulté des témoins lors d’une réunion de comité, a rappelé M. Blanchet.

Selon lui, cette situation est révélatrice de «qui sont les libéraux en matière de langue française». 

«On va dire ce qui va protéger nos appuis électoraux. Dans la vraie vie, on fait partie de cette mouvance qui existe depuis la Conquête : tranquillement pas vite, les francophones devraient cesser de l’être et devraient devenir cette espèce supérieure qui, bien sûr, parle d’abord et exclusivement anglais.»

À lire aussi : Période de questions animée sur la francophonie canadienne

Selon Bill Blair, le navire amarré à La Havane fait partie de la «présence» et de la «capacité» navale du Canada dans les Amériques. 

Photo : Marianne Dépelteau – Francopresse

Des navires, des caribous, un au revoir 

La présence du navire canadien Margaret Brooke dans un port de Cuba a fait réagir en début de semaine.

Le bateau était accosté à La Havane le 14 juin en même temps que des navires russes. Cuba soutenant la Russie de Vladimir Poutine, la controverse n’a pas tardé à démarrer.

Sur X, le chef conservateur Pierre Poilievre a accusé le premier ministre d’être «imprudent, radical et dangereux», à la suite d’une entrevue à la télé de la CBC lors de laquelle la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a répondu ne pas être au courant de l’affaire.

«Alors que nos troupes sont privées de ressources, M. Trudeau dépense le budget de la défense pour envoyer un navire de la marine canadienne à Cuba, aux côtés de la marine russe, afin d’honorer le gouvernement communiste brutal de Cuba, prouvant ainsi qu’il ne plaisantait pas lorsqu’il a déclaré admirer les dictatures communistes», a-t-il écrit.

Lundi, en conférence de presse, le ministre de la Défense, Bill Blair, a déclaré que le déploiement du navire était planifié et que le gouvernement était conscient de la présence d’une flottille russe.

«Le déploiement de ces navires et avions envoie un message très clair : le Canada dispose d’une armée compétente et prête à être déployée, et nous n’hésiterons pas à faire ce qui est nécessaire pour protéger nos intérêts nationaux», a-t-il expliqué.

Steven Guilbeault s’inquiète pour la protection du caribou au Québec. 

Photo : Marianne Dépelteau – Francopresse

Les caribous du Québec ont beaucoup fait parler d’eux sur la Colline après que le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, a annoncé de potentielles mesures de protection imposées par son gouvernement.

Sur sa recommandation, Ottawa entamera les démarches pour mettre en place un décret d’urgence. «Le Québec ne nous a pas donné un choix, mais il n’est pas trop tard», a déclaré le ministre en mêlée de presse mercredi.

Trois hardes de caribous forestiers le préoccupent particulièrement, soit celles de Val-d’Or, de Charlevoix et du Pipmuacan. 

Dans une déclaration, Environnement et Changement climatique Canada pointe entre autres du doigt l’exploitation forestière qui menace l’habitat du caribou.

Le ministre québécois de l’Environnement, Benoit Charrette, a de son côté déploré «l’acharnement du gouvernement fédéral à l’égard du Québec dans ce dossier». Il a également mis en garde que des emplois sont en jeu.

À lire aussi : Chasser le loup pour protéger le caribou (IJL – Réseau.Presse – Le Nunavoix)

Le député libéral Andy Fillmore a annoncé lundi sa démission. Le représentant fédéral de Halifax ne reviendra pas en Chambre des communes à l’automne. 

Le politicien se lance dans une nouvelle aventure. Selon Radio-Canada, il devrait se présenter à la mairie d’Halifax lors des prochaines élections municipales, prévues en octobre prochain. 

«Il y a encore du travail à faire à Halifax, et j’ai l’intention d’y veiller», a-t-il déclaré, debout pour sa dernière allocution en Chambre, lundi.

Élu pour la première fois en 2015, il a été secrétaire parlementaire des ministres des Institutions démocratiques, du Patrimoine canadien, de l’Infrastructure et de l’Industrie.

À lire aussi : La tragique collision du port d’Halifax

Google a négocié une exemption de cinq ans à la Loi sur les nouvelles en ligne (anciennement projet de loi C-18), en échange de laquelle le géant du numérique remettra 100 millions de dollars par année aux médias canadiens. 

Pour distribuer l’argent, l’entreprise a choisi un collectif composé de médias indépendants et de plus petite taille.

Si d’autres petits médias – incluant ceux de langues officielles en situation minoritaire – se réjouissent de ce choix, ils ne considèrent pas la bataille gagnée.

À lire aussi : Entente Google : les médias de langues minoritaires sur leurs gardes

Le média créé par Lela Savic recevra moins d’argent de Google sous le règne de la Loi sur les nouvelles en ligne. 

Photo : Courtoisie

Un échec pour certains

«Plusieurs se vantaient de C-18 en disant que c’est extraordinaire et que c’est une bonne chose, mais en fait, je ne vois pas en quoi c’est vraiment une bonne chose», s’inquiète la rédactrice en chef et fondatrice de La Converse, Lela Savic.

Pour ce média indépendant, l’entente conclue avec Google risque d’engendrer une perte de revenus, car le géant a indiqué qu’il cessera toutes ses autres activités de financement des médias canadiens.

«Initiatives Google Actualités (ING), puis avant on avait le Facebook Journalism Project, qui venaient avec des contributions financières pour les médias», donne-t-elle en exemple.

Sur son blogue, Google confirme que les «le programme Google News Showcase (expérience de l’information en ligne et notre programme de licence pour les organismes de presse) cessera de fonctionner au Canada plus tard dans l’année.»

«Nous maintiendrons certains programmes d’Initiatives Google Actualités au Canada. […] Cependant, notre contribution monétaire au Canada étant désormais rationalisée dans le nouveau modèle collectif unique, ces investissements seront de nature non monétaire.»

En d’autres termes, finie l’époque des projets spéciaux de Google pour les médias du Canada. Les seules sommes de Google dont pourront profiter des médias comme La Converse seront celles provenant des 100 millions.

Et même là, rien n’est garanti. Selon la Loi sur les nouvelles en ligne, pour être admissible à une part du gâteau, il faut employer au moins deux journalistes à temps plein. Un luxe que plusieurs petits médias ne peuvent pas se payer, rappelle Lela Savic. «Certains fonctionnent juste avec des pigistes.»

Des médias inadmissibles

Parmi les 98 médias communautaires de langue officielle en situation minoritaire, 96 % ne répondent pas aux critères d’admissibilité, estime le Consortium des médias communautaires de langues officielles.

Ariane Joazard-Bélizaire, porte-parole du Cabinet de la ministre du Patrimoine canadien, indique dans un courriel que les employés embauchés dans le cadre de l’Initiative de journalisme local (IJL) peuvent être pris en compte.

Avec l’IJL, la proportion de médias communautaires inadmissibles passe de 96 % à 85 %.

Selon un responsable du ministère du Patrimoine canadien, les petits médias imprimés et numériques peuvent s’attendre à recevoir environ 17 000 dollars par journaliste employé.

«Ça ne paie pas un salaire», fait remarquer Lela Savic. Sans prétendre que les projets tels que l’ING finançaient toujours des salaires entiers, elle rapporte que c’étaient souvent «des montants assez substantiels» : «Des 20 000, 50 000, 60 000, 150 000 dollars américains; ça fait quand même 200 000 dollars canadiens.»

«Si Google ne finance plus ça, c’est vrai que techniquement, on perd un bailleur de fonds au Canada. Il n’y a pas d’autre moyen de le dire. […] Ma question, c’est maintenant que cette loi a été créée et adoptée, qui va pallier cette perte?», s’interroge-t-elle.

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Les limites de l’argent

Le rédacteur en chef du Courrier de la Nouvelle-Écosse, Jean-Philippe Giroux, est heureux de constater que Google versera des fonds, mais rappelle que l’argent ne règle pas tous les problèmes. 

On peut financer davantage les petits médias, leur donner des dizaines ou des centaines de milliers de dollars [pour embaucher] des journalistes. Mais il y a toujours la question de l’engagement communautaire

— Jean-Philippe Giroux

La présence du Courrier de la Nouvelle-Écosse sur Facebook et Instagram était «très bénéfique», rappelle Jean-Philippe Giroux. 

Photo : Nicolas Jean

Propositions du public par courriel, engagement des lecteurs; ce sont parmi les principaux défis auxquels fait face son journal.

L’éditeur-directeur général de l’Acadie Nouvelle, Francis Sonier, ajoute le recrutement de journalistes et la distribution du papier aux défis qui sont oubliés par la nouvelle Loi sur les nouvelles en ligne. Il doute que le gouvernement puisse aider la distribution, mais demande plus de souplesse à l’égard de l’emploi.

«C’est [une question] d’immigration d’une part, dit-il. [Avec] Jeunesse Canada au travail ou les emplois d’été, on a de bonnes candidatures, mais on ne peut pas les récupérer ou les retenir parce qu’ils n’ont pas la citoyenneté canadienne.»

En attendant des résultats, «on fait autrement», dit-il.

Le Bloc reviendra sur une mesure d’urgence au besoin

À l’époque des débats en Chambre sur C-18, le Bloc québécois avait proposé la création d’un fonds de redevances spécial pour les hebdomadaires locaux.

Le porte-parole du parti en matière de Patrimoine canadien, Martin Champoux, n’exclut pas de revenir sur ce genre de mesure au besoin.

«On va revenir au Bloc si jamais ça ne fonctionne pas», avait-il assuré avant que Google n’annonce son choix.

Si jamais les médias continuent de fermer, si jamais on continue de voir que la crise perdure, c’est une de nos priorités, l’un de nos fondements. On ne va certainement pas abandonner les médias d’information.

— Martin Champoux

«Je pense encore que c’est la formule qui aurait été idéale, d’avoir accès à un financement de soutien. Pas un financement de fonctionnement, mais un financement d’appoint», disait-il en entrevue avec Francopresse.

Le député souhaite donner à la loi ses chances de démontrer qu’elle peut soutenir le secteur médiatique. Sinon, «[ç]a voudrait dire que la formule qu’on a mise en place ne fonctionne pas. Et avant de dire que cette formule-là ne fonctionne pas, je pense qu’on doit lui donner toutes les chances».

Meta ne bronche pas

Si Google coopère, Meta bloque toujours les nouvelles sur ses plateformes. Meta a aussi arrêté ses activités commerciales avec les médias canadiens.

Pour La Converse, c’est un frein à l’engagement avec les lecteurs. «On doit doublement investir dans, par exemple, un responsable markéting pour se faire voir ailleurs. Mais [ça], ça coute de l’argent», explique Lela Savic.

«Au Courrier de la Nouvelle-Écosse, on avait mis beaucoup d’efforts, de temps et de travail dans la création de contenus pour les plateformes Instagram et Facebook, raconte Jean-Philippe Giroux. […] Maintenant c’est un peu plus difficile de savoir l’impact qu’on a dans la communauté.»

Francis Sonier reconnait que «C-18 n’a pas fait l’affaire de tout le monde», mais que les redevances sont un résultat concret qui «rassure». 

Photo : Karine Wade

L’Acadie Nouvelle, de son côté, a vu une réduction du trafic sur son site. «Ça a duré environ huit mois. Là, on est dans les mêmes chiffres de visites qu’on avait il y a un an à peu près», assure Francis Sonier.

«On a rétabli le contact avec les lecteurs autrement, avec une application mobile, davantage d’infolettres et des abonnements.»

Selon le sénateur conservateur Leo Housakos, le gouvernement avait été avisé de ce possible impact : «On a toujours dit que tu ne peux pas forcer une entreprise comme Meta de continuer d’aider l’industrie médiatique […]. On vit dans une société libre, puis les gens peuvent décider quoi faire avec leur propre entreprise.»

«Ça fait mal à l’industrie médiatique, ça fait mal aux journalistes, particulièrement les médias écrits [qui ont désormais] perdu une capacité de promouvoir puis d’avoir une cote d’écoute [maximale]», poursuit-il.

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Dans son rapport annuel sur les langues officielles 2022-2023, le Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada (SCT) reconnait que les institutions fédérales présentent «encore des lacunes quant à la pleine conformité à la Loi sur les langues officielles (LLO)».

D’après les conclusions du rapport, certaines institutions ont visiblement du mal à intégrer le concept de bilinguisme.

Parfois pire qu’avant

L’objectif n’est atteint pour aucune des obligations prévues par la LLO en matière de langue de travail. «On note des reculs pour la majorité des énoncés par rapport au cycle précédent», lit-on dans le rapport.

Les institutions fédérales en région désignée bilingues doivent offrir aux fonctionnaires la formation ou les services de perfectionnement professionnel dans la langue de leur choix, une obligation respectée par 76 % des institutions en 2020-2023, contre 79 % en 2017-2020.

D’ailleurs, seulement la moitié des institutions indique «presque toujours» s’assurer d’offrir des cours en français ou en anglais aux employés pour la progression de leur carrière.  

Quant à l’offre de conditions et d’outils de travail qui favorisent le maintien d’acquis linguistiques, le SCT observe un recul de 14 points de pourcentage par rapport au cycle précédent.

Comme noté dans le document, moins d’institutions fédérales surveillent et évaluent la disponibilité et la qualité des services offerts dans les deux langues officielles au public qu’auparavant. Elles sont aussi moins nombreuses à évaluer l’impact de leurs décisions sur les langues officielles.

«Les hauts fonctionnaires doivent, par leurs actions, donner l’exemple», dit le commissaire aux langues officielles. 

Photo : Marianne Dépelteau – Francopresse

À l’énoncé «la haute direction communique de façon régulière dans les deux langues officielles avec les employés», un recul de 10 points de pourcentage est enregistré par rapport à 2017-2020. Pour les communications des cadres supérieurs, c’est un recul de 4 points.

Dans une réponse écrite à Francopresse, le Commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge, se dit «particulièrement préoccupé» par la baisse de communication dans les deux langues.

Selon lui, les conclusions du rapport concordent avec les siennes, émises dans son propre rapport annuel en mai.

À lire aussi : La fonction publique réticente au bilinguisme, selon le rapport du commissaire

Anita Anand prévoit déposer un projet de règlement au Parlement au début de l’année 2025. 

Photo : Marianne Dépelteau - Francopresse

Une question de leadeurship

«Ce n’est pas une situation qu’on peut améliorer aujourd’hui», a statué la présidente du Conseil du Trésor, Anita Anand, en mêlée de presse le 18 juin. 

«On doit continuer de bâtir le service public et un environnement de travail dans lequel tout le monde peut travailler dans les deux langues officielles.»

Pour elle, les cadres supérieurs doivent faire preuve de «leadeurship». La section du rapport consacrée à cette question contient pourtant certains des meilleurs résultats. 

En termes de respect des obligations linguistiques en gestion de crise ou dans le cadre d’une urgence, par exemple, un bond de 16 points de pourcentage par rapport à 2020-2021 a été observé.

La haute direction doit exercer pleinement son leadeurship pour s’assurer que les droits et les obligations linguistiques soient respectés et que l’usage effectif des deux langues officielles demeure au cœur des priorités de la fonction publique

— Raymond Théberge

Cet appel au leadeurship est écrit noir sur blanc dans le rapport du SCT, qui estime que «trop peu d’employés estiment pouvoir exercer leur droit de préparer des documents, de participer à des réunions ou de recevoir de la formation dans la langue officielle de leur choix».

Plus précisément, seulement 49 % des institutions affirment que les réunions en région bilingue se déroulent «presque toujours» dans les deux langues officielles. C’est d’ailleurs le même pourcentage qu’en 2017-2020.

Joël Godin dit s’inquiéter de l’avenir du français au Canada avec le gouvernement libéral actuel. 

Photo : Courtoisie

Le porte-parole conservateur en matière de langues officielles, Joël Godin, croit que le leadeurship devrait partir de plus haut. «Lorsque la tête, c’est-à-dire le premier ministre, le conseil privé, les ministres et le gouvernement en soi ne prêchent pas par l’exemple, comment pouvons-nous influencer le reste de notre société?», confie-t-il à Francopresse.

Il se dit aussi déçu des délais liés à la règlementation de la nouvelle Loi sur les langues officielles et à l’adoption de décrets, car sans eux, la nouvelle Loi ne peut pas complètement entrer en vigueur.

La ministre Anand a indiqué dans un communiqué qu’elle prévoit de déposer un projet de règlement pour la mise en application de la nouvelle Loi au Parlement au début de l’année prochaine.

À lire aussi : Loi sur les langues officielles : Les institutions fédérales doivent incarner le bilinguisme (Le Droit)

De nouveaux cadres

Le Secrétariat du Conseil du Trésor a déposé le Cadre de responsabilisation et de reddition de comptes en langues officielles et a lancé une nouvelle version de l’outil en ligne Burolis

Il a aussi lancé le tout premier cadre sur la formation en seconde langue officielle, accompagné de lignes directrices.

Selon Niki Ashton, la règlementation de la nouvelle Loi presse «pour mettre fin au déclin» du français. 

Photo : Courtoisie

La grenouille dans le chaudron

Selon Joël Godin, le gouvernement est lent face à «l’urgence d’agir contre le déclin du français». 

«S’ils avaient eu la volonté de procéder rapidement pour arrêter le déclin du français, ne croyez-vous pas que le Conseil du Trésor aurait mis une équipe désignée pour rédiger des règlements le plus vite possible? […] Moi je pense que oui.»

À lire aussi : La ministre du Patrimoine accusée d’esquiver ses obligations par l’opposition

Selon Yves-François Blanchet, le gouvernement tente de faire croire aux francophones que tout va bien pour le français. 

Photo : Marianne Dépelteau – Francopresse

La porte-parole néodémocrate en matière de langues officielles, Niki Ashton, presse aussi le gouvernement de développer la règlementation. Selon elle, il «traine des pieds».

«Les libéraux nous disent que les institutions fédérales respectent “presque toujours” leurs obligations linguistiques envers la loi, mais “presque toujours” au sein de nos institutions publiques n’est pas suffisant», partage-t-elle dans une réponse écrite à Francopresse. 

En mêlée de presse le 18 juin, le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a illustré la situation de la façon suivante : «Un petit morceau à la fois, un emploi à la fois, un fonctionnaire à la fois, un facteur à la fois, un financement de la minorité anglophone de Montréal à la fois. Un “mais non, ce n’est pas grave” à la fois, “vous paniquez pour rien” à la fois, mais le français recule.»

Parlant d’une «grenouille dans le chaudron dont la température monte», il propose que celle-ci saute du chaudron, une référence imagée à l’indépendance du Québec.

L’image de l’homme en maitre du gril, bière à la main, est solidement ancrée dans l’imaginaire collectif. Une représentation renforcée par les médias, les publicités et les pratiques familiales et sociales, qui perpétuent l’idée que la cuisine en plein air est un domaine masculin par excellence, tout en assignant aux femmes des rôles de soutien en périphérie de cette activité.

Les hommes sont considérés comme les «maitres» du barbecue et de la cuisson extérieure depuis très longtemps. 

Photo : Annie Spratt - Unsplash

Cette association entre la viande et la masculinité trouve son origine dans des temps anciens où les hommes chassaient pour nourrir la tribu, une tâche exigeant force et courage.

De nos jours, même si la chasse a été remplacée par l’élevage et la commercialisation de la viande, ces symboles persistent. Une enquête récente de l’Ifop révèle ainsi que 78 % des hommes en couple s’occupent plus souvent du barbecue que leur conjointe, dont 41 % de façon exclusive, soulignant ce quasi-monopole masculin.

Dans de nombreuses cultures, la consommation de viande, surtout de viande rouge, est considérée comme un signe de puissance et de masculinité. Cette idée est renforcée par des publicités et des médias qui dépeignent souvent des hommes forts consommant des steaks saignants.

En revanche, les femmes sont souvent associées à des régimes alimentaires plus «légers» ou «sains», comme les salades ou les plats à base de légumes, perpétuant ainsi l’idée que les femmes doivent surveiller leur alimentation et leur silhouette.

Le sexisme passe à table

Plus généralement, les stéréotypes de genre influencent la consommation de viande. Plusieurs études montrent que les hommes ont tendance à consommer plus de viande que les femmes, souvent pour affirmer leur masculinité.

Cette surconsommation peut entrainer des conséquences néfastes sur leur santé, augmentant les risques de maladies cardiovasculaires, de cancer colorectal et d’autres problèmes de santé liés à un régime alimentaire trop riche en viande rouge et transformée.

En outre, le régime alimentaire des hommes émet 41 % plus de gaz à effet de serre que celui des femmes, principalement en raison de leur consommation importante de viande. La réduction de la consommation de viande est donc également cruciale pour limiter les dérèglements climatiques.

Les femmes, quant à elles, subissent une pression constante pour maintenir une alimentation équilibrée et contrôler leur poids. Cette pression est exacerbée par des standards de beauté irréalistes qui valorisent la minceur.

Ainsi, lorsqu’une femme choisit de consommer de la viande, surtout en grande quantité, elle peut être perçue comme transgressant des normes sociales. Cette transgression peut entrainer des jugements et des commentaires, soulignant une fois de plus la manière dont les choix alimentaires sont genrés.

Quoiqu’il est souhaitable d’enseigner toutes sortes d’habiletés à ses enfants, il ne faut pas hésiter à penser aux valeurs que nos actions transmettent au même moment. 

Photo : RDNE Stock project

Dans son livre «Faiminisme, quand le sexisme passe à table», la journaliste française Nora Bouazzouni explore comment l’alimentation et les comportements alimentaires sont traversés par des rapports de pouvoir et des stéréotypes sexistes.

Elle montre comment la table devient un lieu où se rejouent les inégalités de genre. Bouazzouni explique que la société impose aux femmes un contrôle de leur alimentation non seulement pour correspondre à des idéaux de beauté, mais aussi pour perpétuer des dynamiques de domination masculine.

Pour briser ces stéréotypes, il est essentiel de promouvoir une vision égalitaire de l’alimentation.

Cela passe par l’éducation et la sensibilisation aux rôles genrés et à leurs incidences. Encourager les hommes à s’investir dans la préparation de repas variés, et non seulement au barbecue, et soutenir les femmes dans leurs choix alimentaires sans jugement sont des étapes cruciales.

De plus, valoriser les régimes alimentaires variés et équilibrés pour tous, indépendamment du genre, peut aider à déconstruire ces stéréotypes.

Cet été, réinventons le barbecue. Faisons de cet espace un lieu de partage et d’égalité, où chacun, sans égard à son genre, peut s’exprimer et participer librement.

En remettant en question les stéréotypes de genre liés à la consommation de viande, nous pouvons créer des dynamiques plus équilibrées et inclusives, non seulement autour du gril, mais dans tous les aspects de notre vie quotidienne.

Originaire de Belgique, Julie Gillet est titulaire d’une maitrise en journalisme. Militante éprise de justice sociale, voici près de quinze ans qu’elle travaille dans le secteur communautaire francophone et s’intéresse aux questions d’égalité entre les genres. Elle tire la force de son engagement dans la convergence des luttes féministes, environnementales et antiracistes. Elle vit aujourd’hui à Moncton, au Nouveau-Brunswick.

Google voulait un seul interlocuteur et il l’a trouvé. Le Collectif Canadien de Journalisme (CCJ) distribuera les 100 millions de dollars versés par le géant aux médias en vertu de l’exemption obtenue face à la Loi sur les nouvelles en ligne (anciennement projet de loi C-18).

Le collectif est formé de représentants de 12 médias indépendants qui couvrent, entre autres, l’actualité québécoise (francophone et anglophone), communautaire, autochtone et des communautés noires.

On y retrouve le média indépendant québécois Pivot, la Fédération des télévisions communautaires autonomes du Québec et l’Association canadienne des usagers et stations de la télévision communautaire (CACTUS). 

Avant que Google prenne cette décision, les plus petits médias du pays étaient tout sauf rassurés. Le géant numérique a évalué quelques propositions de collectifs, dont une qui, du point de vue de ces médias, leur faisait peu de place.

«La structure proposée risquait de favoriser davantage les grandes organisations, au détriment des plus petites organisations comme la nôtre», disait René Chiasson, coprésident de Réseau.Presse dans un courriel

Certains acteurs s’inquiétaient aussi de la place du privé dans cette proposition.

À lire aussi : Entente Google : les médias communautaires rejettent le modèle proposé

René Chiasson espère faire entendre les enjeux spécifiques aux médias de langue officielle en situation minoritaire. 

Photo : Courtoisie

Celle choisie par Google, en revanche, réjouit Réseau.Presse. «Nous sommes particulièrement heureux de constater que [le collectif] est constitué d’organisations qui représentent des médias locaux, tout comme les journaux membres de Réseau.Presse, et que nous partageons plusieurs des mêmes défis et enjeux au sein de l’espace médiatique canadien», déclare René Chiasson dans une nouvelle réponse écrite à Francopresse (Réseau.Presse est l’éditeur de Francopresse, NDLR).

«Nous sommes impatients de collaborer avec le nouveau collectif et de discuter des enjeux spécifiques auxquels sont confrontés les médias en situation minoritaire linguistique.»

L’importance de consulter les minorités linguistiques

Pour Ilka de Laat, le risque d’oublier les médias de langue officielle en situation minoritaire est toujours présent. 

Photo : Courtoisie

«Notre principal souci est que le collectif ne consulte pas les médias de langue officielle en situation minoritaire», exprime de son côté la directrice générale de l’Association des journaux régionaux du Québec (AJRQ), Ilka de Laat, qui représente les journaux anglophones.

Même si elle se dit heureuse de voir un groupe formé de petits médias et de médias indépendants, la directrice remarque qu’il ne compte aucun représentant officiel des médias de langue officielle en situation minoritaire.

«Nous sentons souvent que ces médias ne sont pas à la table de plusieurs discussions qui ont lieu à l’échelle nationale», souligne-t-elle.

Persuadée que le CCJ sera juste à l’égard des membres de l’AJRQ, elle rappelle que ce processus avec Google reste nouveau et qu’il faut se rappeler d’inclure les médias de langues minoritaires dans les discussions.

«Il n’y a pas vraiment de définition claire de comment ils vont représenter les minorités linguistiques officielles. Je pense que c’est notre seule inquiétude en ce moment», conclut-elle.

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Un collectif éphémère

«Nous sommes convaincus que leur approche est la plus conforme [aux] principes [de sélection] et qu’elle favorisera la diversité de l’écosystème canadien de l’information», a écrit Google dans un communiqué, au sujet du collectif choisi.

Les principes en question sont les suivants : une diversité de la représentation, une structure de gouvernance rigoureuse, un niveau élevé de transparence et l’assurance que le plus de financement possible ira aux entreprises de nouvelles.

Le choix du CCJ est seulement valide pour la période d’exemption à la Loi sur les nouvelles en ligne négociée par Google avec le gouvernement fédéral, c’est-à-dire cinq ans. 

Après cela, Google pourra demander un renouvèlement de l’exemption et possiblement choisir un nouveau collectif pour distribuer les 100 millions de dollars.

Jean LaRose considère le collectif choisi comme étant inclusif et imputable. 

Photo : APTN

Un collectif inclusif

Le président de l’entreprise médiatique autochtone Dadan Sivunivut, Jean LaRose, est administrateur par intérim au CCJ. «Nous avons travaillé très fort pour présenter une approche qui, à notre avis, était inclusive, transparente, et qui [avait] un niveau d’imputabilité très élevé», assure-t-il.

D’après lui, c’est d’ailleurs ce qui distinguait la proposition du CCJ des autres groupes qui sont passés sous les yeux de Google. «Le niveau d’imputabilité, mais aussi l’inclusion de tous les médias.»

«Notre but ultime est de s’assurer qu’une fois qu’on va être au courant de tous ceux qui se sont joints à l’initiative de Google, qu’on fasse des représentations et qu’on incorpore les groupes francophones hors Québec en même temps aussi.»

Lorsque la structure de gouvernance avancée par le collectif sera acceptée, elle pourra être rendue publique et «tout le monde va voir qu’elle […] donne à tous, du plus petit au plus gros, une voix égale», dit-il.

Pour nous, c’est important que les nouveaux joueurs, les petits joueurs et les médias plus établis aient tous une voix équivalente.

— Jean LaRose

Ceci devrait rassurer les plus petits médias qui craignaient que Google choisisse un modèle de gouvernance qui ne garantirait pas d’équité à leur égard.

Médias d’Info Canada s’était proposé de recevoir et distribuer le chèque de Google. L’organisation avait même conclu une entente avec l’Association canadienne des radiodiffuseurs et CBC/Radio-Canada, qui soutenaient alors sa candidature.

Francopresse a contacté News Media Canada pour ses commentaires, mais n’a pas reçu de réponse avant l’heure de tombée.

Des critères inchangés

Néanmoins, Ilka de Laat rappelle que les critères d’admissibilité aux fonds régis par la loi demeurent les mêmes. Certains «disqualifient nos plus petits journaux», alerte-t-elle.

Pour être admissibles à une indemnisation, les médias doivent notamment employer l’équivalent d’au moins deux journalistes à temps plein. Cette exigence désavantage particulièrement les plus petites structures.

«Avec l’érosion de la publicité [notamment], plusieurs médias communautaires ont dû modifier leurs modèles d’affaires et, dans certains cas, éliminer des postes de journalistes à temps plein», souligne René Chiasson. «Plusieurs d’entre eux n’ont plus deux journalistes.»

Parmi les 98 médias communautaires de langue officielle en situation minoritaire, 96 % ne répondent pas aux critères d’admissibilité, estime le Consortium des médias communautaires.

Ariane Joazard-Bélizaire, porte-parole du Cabinet de la ministre du Patrimoine canadien, indique dans un courriel que les employés embauchés dans le cadre de l’Initiative de journalisme local (IJL) peuvent être pris en compte.

Avec l’IJL, la proportion de médias communautaires inadmissibles passe de 96 % à 85 %.

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Pendant longtemps, les droits linguistiques des francophones en contexte minoritaire et ceux des anglophones du Québec ont été traités de manière symétrique, provoquant une réaction de défense de la seule province, qui craignait de voir le français menacé par l’avancée des droits pour les Anglo-Québécois.

«Je ne suis pas sûr que ce soit enseigné dans les écoles du Québec de façon très détaillée cette histoire-là et cette richesse, cette résilience de cette francophonie canadienne», dit Alain Dupuis. 

Photo : Courtoisie FCFA

Le directeur général de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA), Alain Dupuis, rappelle que le Québec est déjà intervenu en Cour suprême dans des causes linguistiques pour défendre la protection de ses compétences provinciales, et ce, même au détriment des francophones du reste du pays.

«Je pense que la nouvelle loi nous aide et devrait changer le discours politique autour du français», déclare-t-il. Le responsable se réjouit de voir le principe d’asymétrie incorporé dans la nouvelle Loi sur les langues officielles, modernisée en juin 2023.

Le ministre responsable des Relations canadiennes et de la Francophonie canadienne du Québec, Jean-François Roberge, partage cet enthousiasme : «Le fédéral et certains groupes mal intentionnés ne peuvent plus nous jouer les uns contre les autres. Ça, ça va être durablement gagnant.»

Il rappelle qu’avant la modernisation de la loi, l’approche symétrique «amenait de l’incompréhension et des prises de position malheureuses».

«Mais maintenant que le fédéral, sous l’impulsion de la FCFA, mais aussi du Québec, a changé sa perspective, qu’il reconnait que bien que majoritaire, le français est vulnérable au Québec, je pense que ça améliore nos solidarités», estime le ministre.

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Un combat similaire

«Il ne faut pas segmenter la francophonie, avertit Alain Dupuis. Il faut aussi réfléchir comme francophones qui habitent sur le territoire canadien comme un tout […]. Les identités sont [multiples] […], mais cette solidarité-là et une connaissance accrue ne peuvent que nous bénéficier collectivement.»

Au Québec comme dans le reste du Canada, le français perd de la vitesse. Même si le nombre de francophones augmente, leur poids démographique ne suit pas celui des anglophones et des allophones.

Un rapprochement permettra «aux partenaires de discuter des moyens, des outils, qui vont nous permettre […] essentiellement de réduire, du moins, le déclin, [et éventuellement] changer la tendance», estime le président-directeur général du Centre de la francophonie des Amériques, Sylvain  Lavoie.

Alain Dupuis considère que «le Québec se réveille à la question du déclin», et que la francophonie en situation minoritaire a de l’expertise à lui offrir, et vice-versa.

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Une présence au Québec

La FCFA tient un bureau à Québec depuis 1988. «Dans les premières années, raconte Alain Dupuis, on voulait être dans la capitale québécoise pour régulièrement parler avec les ministères du Québec pour qu’on pense à nous et à l’importance de développer des initiatives pour la promotion de la langue française qui dépasse [les frontières].»

Dans les trois dernières années, «on a renforcé notre approche», dit-il.

L’équipe compte deux personnes de plus et une nouvelle dynamique a vu le jour. Alain Dupuis l’attribue surtout au Sommet sur le rapprochement des francophonies canadiennes, qui a permis de réfléchir aux «outils pour travailler davantage ensemble, pour être solidaires sur la question de la promotion de la francophonie». 

Le rapprochement ne date pas d’hier, fait remarquer Jean-François Roberge : «On est très proactif au gouvernement du Québec. Ça a vraiment commencé avec ma prédécesseuse, Sonia Lebel.»

Cette dernière a fait adopter la Politique du Québec en matière de francophonie canadienne, de laquelle ont découlé la Journée québécoise de la francophonie canadienne et Mobilisation franco.

En mai 2024, des représentants d’une centaine d’organisations francophones hors Québec ont rejoint autant de vis-à-vis québécois à Montréal, pour la troisième édition de l’évènement Mobilisation franco. L’occasion d’échanger des idées et de créer des partenariats. 

Ces rencontres permettent aussi à la francophonie en situation minoritaire de se faire connaitre, car selon Alain Dupuis, il existe une méconnaissance de ses réalités au Québec.

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«Réapprendre à se connaitre»

«Est-ce que la majorité des Québécois connaissent la francophonie canadienne, ont une connaissance fine de qui nous sommes? La réponse est non», affirme Alain Dupuis. Selon lui, il faut surmonter ce défi structurel par des initiatives grand public.

Les partenariats entre organismes sont un départ, mais il faut aussi réfléchir à des initiatives dans le domaine de l’éducation afin de mieux enseigner l’histoire et la «résilience» de la francophonie canadienne, dit-il.

Des curriculums à revoir?

Dans une analyse de curriculums, Jennifer Wallner et Stéphanie Chouinard relèvent des différences entre ceux de l’Ontario et celui du Québec.

Ce dernier présenterait un récit «expressément dédié à la promotion d’un récit national particulier sur l’histoire de la province et du pays, les Québécois en tant que nation, et une orientation générale vers l’intérieur du sujet».

L’information passe aussi par les médias, ajoute le directeur. «Souvent, dans les médias québécois lorsqu’on parle de la francophonie canadienne, on parle du déclin du français, on parle des défis de l’assimilation.»

Centre de la francophonie des Amériques a reçu le prix Boréal rapprochement 2024 de la FCFA lors de l’Assemblée générale annuelle du 8 juin. 

Photo : Jean Rodier

«Oui, l’assimilation existe. Oui, il faut toujours se battre pour vivre en français, mais il y a aussi énormément de belles choses, de résilience, de bonnes pratiques et d’expertise qui se sont développées en francophonie canadienne et qui pourraient être utiles», souligne-t-il.

Jean-François Roberge reconnait le défi que peut poser cette méconnaissance. «C’est pour ça qu’on a créé la Journée québécoise de la francophonie canadienne, rappelle-t-il. On a voulu interpeler les Québécois sur l’existence et la vitalité de la francophonie canadienne.»

Cette journée permet aux gens de «prendre conscience qu’ils ne sont pas seuls», ajoute-t-il. «Autant aux Québécois qu’ils ne sont pas les seuls francophones au Canada, mais aussi que toutes les communautés comprennent qu’ils ont un allié important au Québec.»

«Au départ, on devait réapprendre à se connaitre», reconnait Sylvain Lavoie. «Avec la troisième Mobilisation franco, on a vu un grand engouement, tant du côté québécois que de la francophonie canadienne, de vouloir échanger.»

«Je suis originaire du Nouveau-Brunswick [et quand] je suis arrivé au Québec, j’ai découvert des gens passionnés, très intéressés d’en connaitre davantage sur ce qui se passe en francophonie canadienne. Et je sens de plus en plus les gens de la francophonie canadienne qui souhaitent en apprendre plus sur ce qui se passe au Québec.»

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Avec des informations de Julien Cayouette et de Marianne Dépelteau

Au cours de l’assemblée générale annuelle de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, le 8 juin, les membres ont exprimé «leur vive inquiétude concernant la fragilité du réseau des organismes francophones au pays», rapporte l’organisme dans un communiqué.

Malgré le Plan d’action pour les langues officielles 2023-2028 présenté l’an dernier, les sommes investies dans le financement de base de ces organismes ne suffisent pas à assurer leur viabilité à moyen terme ni à répondre aux besoins criants sur le terrain, alerte la FCFA.

Pour Liane Roy, il est urgent que le gouvernement respecte les objectifs de la nouvelle Loi sur les langues officielles en termes de mesures réparatrices pour les torts causés aux communautés francophones. 

Photo : Chantallya Louis – Francopresse

Un examen indépendant

«Quinze mois après l’annonce du Plan, plusieurs de nos organismes sont encore en situation de précarité. Moins de 5 % des nouvelles sommes dans le Plan sont allés à la stabilisation des organismes ou au financement de base», déplore la présidente de la FCFA, Liane Roy, en entrevue avec Francopresse.

La somme annoncée dans le Plan – 62,5 millions de dollars sur cinq ans – reste loin des 300 millions demandés par la FCFA dans une étude publiée à l’automne 2022.

Mais plus que le financement, la FCFA pointe du doigt sa distribution. «On n’est pas en train de dire qu’il n’y a pas assez d’argent. On est en train de dire qu’il faut mieux examiner la manière que les fonds se rendent dans nos communautés», nuance Liane Roy.

C’est pourquoi la FCFA et ses membres exhortent le gouvernement à entreprendre un examen indépendant de l’allocation des fonds fédéraux pour les langues officielles, afin de mieux répondre aux défis structurels des communautés.

Il y a des retards de paiement. Et il y a toute cette idée-là que plusieurs organismes survivent presque par projet et non pas par financement de base.

— Liane Roy

Un examen indépendant permettrait de déterminer «où [sont] les obstacles et les blocages et comment on pourrait ajuster et assouplir les programmes», et d’avoir un regard neuf, «un regard holistique sur l’ensemble de l’appareil», détaille-t-elle.

«Il y a plusieurs ministères qui donnent des fonds au niveau des langues officielles. On voudrait s’assurer qu’on va chercher l’ensemble des fonds qui nous sont destinés et que ça sera à la bonne place.»

Selon Nicole Arseneau Sluyter, les organismes francophones doivent travailler ensemble pour répondre à leurs besoins. 

Photo : Courtoisie

«À bout de souffle»

«Notre gouvernement est à l’écoute des organismes en langues officielles. C’est pourquoi nous sommes en train de déployer un Plan d’action de plus de 4,1 milliards de dollars pour les appuyer et pour mettre de l’avant le bilinguisme d’un océan à l’autre», affirme de son côté le ministère des Langues officielles dans un courriel envoyé à Francopresse.

Le cabinet rappelle qu’en mars dernier, le ministre Randy Boissonnault a annoncé une bonification de 12,5 % du financement de base de plus de 300 organismes, avec la possibilité de recevoir jusqu’à 25 % d’augmentation.

Or, cette augmentation reste insuffisante, insiste la présidente de la Société des Acadiens du Nouveau-Brunswick, Nicole Arseneau Sluyter.

On est tous à bout de souffle

— Nicole Arseneau Sluyter

«La machine du gouvernement, c’est trop lent, c’est trop complexe, trop difficile. On a besoin de quelque chose de plus simple, qui va répondre à nos besoins et qui va injecter l’argent qu’on a besoin pour faire notre travail.»

«Ce qui est encore plus inquiétant, c’est les changements de gouvernement qui s’en viennent», ajoute-t-elle.

«L’ensemble du réseau sent vraiment qu’on est à un point tournant», confirme Liane Roy.

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D’après Fabien Hébert, les organismes franco-ontariens sont les moins bien financés au pays. 

Photo : Courtoisie

Déséquilibre financier

Dans un rapport d’analyse mis à jour à la fin mai, l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) demande explicitement au gouvernement fédéral d’augmenter l’appui financier pour les organismes francophones de sa province.

«L’organisme franco-ontarien moyen reçoit présentement environ 57 % de son besoin financier réel de la part de Patrimoine canadien. Ce chiffre baisse à 47 % chez les ACFO [Associations canadiennes-françaises de l’Ontario], à 40 % au niveau des centres culturels et à 35 % au niveau des organismes racialisés», souligne le rapport.

Selon le président de l’AFO, Fabien Hébert, un organisme aurait besoin de 128 000 dollars pour être capable d’embaucher une direction générale ainsi que de payer un loyer et des frais de bureau.

«On sait présentement que le financement en Ontario c’est 72 000 dollars par organisation en moyenne, et il y a des organisations qui reçoivent 35 000 dollars», déplore-t-il.

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Disparités entre l’Ontario et les autres provinces?

L’AFO avance que la francophonie provinciale reçoit 18 % de l’enveloppe de financement, mais qu’elle compte 50 % de la population francophone hors Québec. 

Elle demande donc que l’Ontario reçoive 30 % du financement, sans rien enlever à celui de la francophonie des autres provinces.

Selon le rapport de l’AFO, le financement moyen par organisme en 2023-2024 en Ontario est d’environ 72 000 dollars, contre un peu plus de 120 000 dollars en Nouvelle-Écosse et près de 200 000 dollars au Manitoba.

«Il faut quand même que le gouvernement analyse les besoins de chacun. S’il y a un rattrapage à faire en Ontario, qu’on le fasse, mais pas au détriment des autres», convient Nicole Arseneau Sluyter.

Pour Nathalie Lachance, les financements devraient prendre en compte les fluctuations démographiques et s’adapter à la réalité de chaque province. 

Photo : Courtoisie

Un financement adapté

Dans l’Ouest du Canada, l’Association canadienne-française de l’Alberta partage les mêmes inquiétudes que l’AFO. «Nous ne croyons pas que nous sommes financés au niveau qui sera adéquat pour nous», indique Nathalie Lachance, sa présidente.

Elle souligne le fait que la population franco-albertaine est en pleine croissance. Et qui dit croissance, dit besoin croissant de ressources.

«Je pense qu’il faut à un moment donné avoir une belle conversation, à savoir qu’est-ce qui est un montant de base qui peut fonctionner et, à partir de là, comment on se sert des données démographiques pour s’assurer que les formules de financement s’ajustent avec le temps.»

Autrement dit, Nathalie Lachance avance qu’il faudrait se demander quelle formule de financement pourrait être équitable.

Selon elle, il faut aussi prendre en compte les tailles des communautés et s’assurer «que les provinces qui sont en croissance rapide puissent accéder à plus de fonds, sinon on se ramasse avec une francophonie qui s’essouffle ou qui doit se fier sur les fonds provinciaux pour pouvoir survivre».

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Manque de volonté politique?

«D’un côté, on a le gouvernement fédéral qui nous dit “on veut augmenter l’immigration francophone, on met de nouvelles cibles, on veut rétablir le poids démographique de la francophonie au Canada au niveau de 1976”, mais de l’autre côté, on ne veut pas financer des organisations qui vont permettre l’intégration de ces francophones-là», dénonce Fabien Hébert particulièrement inquiet de la situation difficile des organismes de sa province.

Contacté par Francopresse, Mathis Denis, l’attaché de presse du ministre des Langues officielles assure par courriel que des discussions sont actuellement en cours, «dont avec les organismes ontariens, afin d’adapter l’octroi des fonds de la deuxième tranche de bonification aux besoins régionaux».

Néanmoins, Fabien Hébert invite les fonctionnaires de Patrimoine canadien à se rendre sur le terrain pour prendre conscience de la réalité. «Allez voir comment les organisations que vous financez survivent […] On ne peut pas évaluer cette réalité-là du terrain lorsqu’on est assis dans notre bureau dans une des tours à Ottawa.»

«Ça prend une volonté politique de reconnaitre la situation très claire dans laquelle la communauté ontarienne est», lance-t-il.

Mauvaise nouvelle après mauvaise nouvelle, on peut parfois avoir l’impression que les médias contribuent à nourrir le sentiment d’écoanxiété omniprésent.

Pourtant, leur rôle reste plus que jamais essentiel, insiste le journaliste américain Mark Hertsgaard, cofondateur et directeur exécutif de Covering Climate Now, une initiative mondiale qui vise à améliorer et intensifier la couverture médiatique de la crise climatique.

Selon lui, les médias doivent non seulement informer à propos de l’urgence climatique, mais aussi mettre en lumière les solutions possibles et inspirer l’action politique.

Et à ses yeux, ils sont encore loin du compte.

Francopresse : Quel rôle jouent les médias vis-à-vis de l’écoanxiété et de la crise climatique?

Mark Hertsgaard : Il est très important, quand on parle de la crise climatique et de l’anxiété compréhensible des gens à ce sujet, de comprendre qui est le véritable coupable.

Selon Mark Hertsgaard, les médias devraient traiter le climat de la même manière qu’ils ont couvert la pandémie de COVID-19 : comme une urgence. 

Photo : Kathi O’Leary

Ce sont les entreprises de combustibles fossiles qui sont à l’origine de cette crise. La responsabilité première incombe à ces entreprises, qui sont maintenant accusées par les tribunaux d’avoir commis des actes criminels. Elles savaient qu’elles allaient déstabiliser le climat, mais ont décidé de le faire quand même, et elles continuent à le faire.

Lorsque nous parlons de tout cela, replaçons-nous dans ce cadre, un cadre où je pense que les personnes ont tout à fait raison d’être anxieuses.

En ce qui concerne le rôle des médias, j’adopte un point de vue contraire à ce qui a été dit par rapport à l’anxiété climatique.

En fait, historiquement, aux États-Unis surtout, mais aussi au Canada, en Europe et dans la plupart des pays, les médias n’ont jamais été aussi francs qu’ils auraient dû l’être au sujet du changement climatique et de ses dangers. Ils sont restés essentiellement silencieux.

Quand nous avons commencé à couvrir le climat il y a cinq ans, en 2019, notre objectif explicite était de briser ce que nous appelons «le silence climatique». Parce que lorsque les médias sont silencieux à propos de quelque chose, le public ne sait pas. Et c’est ainsi que les grandes compagnies pétrolières et le gouvernement ont pu s’en tirer sans rien faire face à la crise.

Je pense donc que si les médias ont une responsabilité dans cette affaire, c’est celle-ci : ils n’ont pas parlé quand il le fallait et, aujourd’hui encore, ils ne parlent pas assez fort.

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Mais quand on est abonné à l’infolettre d’un média sur l’environnement par exemple, on a parfois l’impression que les mauvaises nouvelles s’accumulent. N’y a-t-il pas un risque que les gens se lassent et désespèrent?

Chez Covering Climate Now, nous avons, au cours des deux dernières années, insisté de plus en plus sur le fait que le journalisme climatique doit faire davantage de journalisme de solutions.

Nous ne prônons pas l’encouragement, l’activisme, l’édulcoration de la vérité ou quoi que ce soit de ce genre. Nous suggérons plutôt qu’un bon journalisme climatique devrait raconter toute l’histoire; les problèmes, mais aussi comment les résoudre.

Et encore une fois, il ne s’agit pas d’applaudir ces solutions, mais plutôt de faire ce que nous sommes censés faire en tant que journalistes : les interroger. Lesquelles sont réelles, lesquelles sont peut-être de fausses solutions?

En examinant les moyens potentiels de résoudre le problème, on informe le public et, par conséquent, les décideurs politiques, sur les solutions qui fonctionnent réellement.

Nous disposons de toutes les solutions dont nous avons besoin pour résoudre ce problème. Les scientifiques sont très clairs à ce sujet. […] La seule chose qui manque vraiment, c’est la volonté politique de la part des gouvernements de mettre de côté les intérêts particuliers et de poursuivre les politiques qui marchent.

Un bon reportage sur le climat devrait donc faire comprendre cela aux gens. Cela contribuerait grandement à lutter contre l’écoanxiété, car vous diriez au public : «Nous pouvons résoudre ce problème et devinez quoi, vous pouvez le faire.»

Si vous mettez tout cela ensemble, je pense que c’est là que les médias peuvent vraiment jouer un rôle positif.

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Pour Mark Hertsgaard, les différentes élections qui auront lieu cette année aux quatre coins de la planète «décideront de l’avenir de notre climat». 

Photo : Markus Spiske – Pexels

Élections cruciales

«Cette année, près de la moitié des habitants de la planète sont appelés à voter», souligne Mark Hertsgaard. Des élections qui, d’après lui, seront déterminantes pour l’avenir du climat.

«Ces élections décideront qui dirigera les gouvernements du monde au cours des cinq prochaines années et c’est au cours de ces années que nous devrons commencer à réduire les émissions [de gaz à effet de serre], faute de quoi il sera trop tard pour sauver une planète vivable.»

Il cite notamment le scrutin présidentiel américain de cet automne.

Selon vous, que pourraient faire les médias de plus? Pourquoi y a-t-il encore des lacunes dans la couverture climatique?

Je citerais un de mes collègues de l’Université Yale […] Sur une échelle de 0 à 10 – sous laquelle les médias ne parleraient pas du tout du changement climatique –, nous sommes maintenant à 1 ou 2, mais nous devrions être à 11.

La chose la plus importante que les médias peuvent faire pour le climat est de le traiter comme s’il s’agissait d’une urgence.

Le parallèle que nous faisons souvent est celui de la pandémie de COVID-19 […] Que vous soyez journaliste ou non, nous tous, dans les médias, avons traité la situation comme une urgence. Nous faisions trois ou quatre articles par jour.

Pourquoi avons-nous fait cela? Parce qu’il y avait urgence et que des gens mouraient.

Aujourd’hui, les gens meurent aussi du changement climatique. C’est juste que pour la plupart d’entre eux, le changement climatique n’est pas inscrit sur l’acte de décès et que la plupart ne sont pas des Blancs prospères.

Les victimes sont des personnes de couleur, des pauvres, et elles vivent la plupart du temps dans des pays en développement. C’est pourquoi nous n’y prêtons pas autant d’attention.

Pensez-vous que les médias ont un rôle plus important à jouer que les politiques?

Je pense que si la couverture médiatique atteignait un niveau de 11 sur 10, le système politique réagirait.

Il existe une relation très étroite entre la façon dont les médias présentent la réalité et celle dont les gouvernements et les hommes politiques réagissent, en particulier dans les démocraties. C’est malheureusement moins vrai dans les dictatures, où il y a très peu de médias indépendants.

Les dirigeants politiques doivent se préoccuper de l’état d’esprit de l’opinion publique, car cette dernière peut soit voter pour vous démettre de vos fonctions, soit, même sous un gouvernement autoritaire, protester, se rebeller, se révolter.

Ce que le public pense et croit est donc très important pour l’action d’un gouvernement et cela est profondément influencé par ce que font les médias.

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Les propos ont été réorganisés pour des raisons de longueur et de clarté.

Sur la francophonie

La présidente de la FCFA, Liane Roy, demande un examen indépendant des fonds  alloués pour les langues officielles. 

Photo : Courtoisie FCFA

Dans un communiqué diffusé lundi, la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA) demande au gouvernement d’entreprendre un examen indépendant à propos de l’allocation des fonds fédéraux pour les langues officielles afin d’«évaluer l’efficacité des programmes et déterminer comment ils pourraient mieux répondre aux défis structurels de nos communautés».

L’organisme déplore le sous-financement et la fragilité des organismes francophones. Dans une étude publiée en 2022, la FCFA chiffrait leurs besoins à 300 millions de dollars. Mais la bonification annoncée dans le Plan d’action pour les langues officielles 2023-2028 n’en prévoit que 62,5 millions sur 5 ans.

Le cabinet du ministre des Langues officielles, Randy Boissonnault, n’a pas confirmé l’éventuelle tenue d’un tel examen, mais a rappelé dans une réponse écrite à Francopresse que le gouvernement déploie le Plan d’action qui contient plus de 4,1 milliards de dollars.

«En mars dernier, le ministre Boissonnault a annoncé une bonification de 12,5 % du financement de base de plus de 300 organismes, avec la possibilité de recevoir jusqu’à 25 % d’augmentation.»

Selon la FCFA, moins de 5 % des nouvelles sommes du Plan sont allées vers la stabilisation des organismes, sans compter que certains d’entre eux n’ont toujours rien reçu.

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Ingérence étrangère

L’enquête publique sur l’ingérence étrangère se penchera sur la collaboration de parlementaires avec des agents d’États étrangers dévoilée dans un rapport publié la semaine dernière par le Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement (CPSNR).

«Nous voulions passer à l’action et demander que soient posés les gestes nécessaires pour que la confiance des citoyens en la démocratie puisse être rétablie», a déclaré le député René Villemure, faisant référence à la motion du Bloc québécois. 

Photo : Marianne Dépelteau – Francopresse

L’élargissement du mandat de l’enquête, présidée par la juge Marie-Josée Hogue, est consenti grâce à une motion du Bloc québécois adoptée à la quasi-unanimité mardi. Seuls les deux membres du Parti vert s’y sont opposés.

«La GRC et le SCRS devront bien évidemment agir rapidement si nécessaire, mais il y a également une responsabilité politique que ce gouvernement doit assumer en prenant les dispositions qui s’imposent», a affirmé le député bloquiste René Villemure, dans un communiqué de presse.

«C’est une façon responsable d’examiner la question potentielle de parlementaires qui ont peut-être été impliqués dans cette ingérence étrangère», a appuyé le ministre des Institutions démocratiques, Dominic LeBlanc, lundi en mêlée de presse. 

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La cheffe du Parti vert, Elizabeth May, a obtenu l’autorisation nécessaire – et disponible pour les chefs de parti – pour lire la version non caviardée du rapport du CPSNR.

En conférence de presse, mardi, elle s’est dite soulagée. Selon elle, «il n’y a pas de liste de députés qui ont démontré leur déloyauté au Canada».

À part un ancien élu qui aurait «proactivement partagé de l’information à un agent étranger», les quelques parlementaires actuels nommés dans le rapport ne peuvent pas être accusés d’avoir sciemment trahi le Canada en faveur d’un gouvernement étranger, croit-elle.

David McGuinty a confirmé la présence d’ingérence étrangère dans des médias canadiens et a nié la présence d’une «liste de traitres au Parlement». 

Photo : Marianne Dépelteau – Francopresse

Le chef néodémocrate, Jagmeet Singh, a tiré des conclusions très différentes qui concordent avec celles du rapport et confirment que «des députés» ont, en toute connaissance de cause, contribué aux efforts d’ingérence d’États étrangers.

«Je ne suis pas du tout soulagé. En fait, je suis plus inquiet aujourd’hui qu’hier. […] Je suis plus convaincu que jamais des conclusions du rapport», a-t-il déclaré en point de presse jeudi.

Questionné sur la mention de son propre nom dans le document, il a simplement répondu «j’ai été ciblé», sans donner plus de détails.

Le président du CPSNR, David McGuinty, a rappelé aux journalistes mercredi la haute sensibilité des informations contenues dans le rapport : «Ce n’est pas un jeu […] On ne peut pas jouer avec la sécurité nationale et l’intelligence. Il y a des vies, des carrières et des réputations à risque.»

Le chef conservateur, Pierre Poilievre, n’a pas demandé l’autorisation pour lire le rapport, et le chef bloquiste Yves-François Blanchet attend l’autorisation.

Gains en capital et Code criminel

Une motion sur la mesure du budget 2024 visant à augmenter l’impôt sur les gains en capital de plus de 250 000 dollars a été soumise au vote par les libéraux, mardi.

Selon le parti, cette mesure permettrait de taxer les plus riches et rapporterait des milliards de dollars au gouvernement. Tous les élus, à l’exception des conservateurs, ont voté en sa faveur.

La ministre des Finances défend le nouveau taux d’imposition sur les gains en capital qui, selon elle, suit une logique d’équité fiscale. 

Photo : Julien Cayouette – Francopresse 

«Prêtez attention à ceux qui défendent un régime fiscal qui favorise les mieux nantis, à ceux qui s’opposent à une plus grande équité fiscale pour tout le monde, à ceux qui veulent que les millionnaires qui ont réalisé de gros gains sur les investissements paient moins d’impôts qu’une enseignante ou une infirmière, qu’un charpentier ou un plombier», a lancé la ministre des Finances, Chrystia Freeland, en conférence de presse lundi.

Selon les conservateurs, la mesure va effrayer les investisseurs et affecter les agriculteurs, les petites entreprises et les médecins. Mercredi, par communiqué, le parti a demandé la tenue d’«audiences d’urgence sur la taxe de Trudeau qui tue des emplois».

Yves-François Blanchet a voté pour la motion, mais demeure inconfortable avec les dispositions actuelles de la taxe.

«Nous allons essayer de convaincre le comité de l’amender pour ménager les plus petits épargnants», a-t-il dit en mêlée de presse mardi, ajoutant que certains Canadiens visés par la taxe «ne méritent pas d’être punis».

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Le ministre fédéral de la Justice, Arif Virani, a confié à Radio-Canada qu’il est ouvert à apporter des changements au Code criminel sur la question des discours haineux selon les avis des experts.

Selon un article, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) observe une hausse des discours incitant à la haine, mais doute de sa capacité juridique à contrer la tendance.

Le ministre de la Justice, Arif Virani, est ouvert à apporter des changements dans le Code criminel. 

Photo : Marianne Dépelteau – Francopresse

La question trouve ses racines dans les propos tenus par l’imam Adil Charkaoui lors d’une manifestation propalestinienne, le 28 octobre 2023 à Montréal : «Allah, charge-toi de ces agresseurs sionistes. Allah, charge-toi des ennemis du peuple de Gaza. Allah, recense-les tous, puis extermine-les. Et n’épargne aucun d’entre eux.»

Le premier ministre Justin Trudeau avait qualifié ce discours d’inacceptable et d’antisémite.

Toujours selon l’article, une enquête a été menée pour répondre à des préoccupations liées à la sécurité nationale et à la Loi antiterroriste du Canada. Les procureurs provinciaux chargés de l’affaire ont déterminé que l’imam n’avait pas violé de loi en tenant ce discours.

En entrevue avec Radio-Canada, sans commenter ce cas spécifique, la GRC a lancé le débat : les lois canadiennes en matière de discours haineux ont-elles besoin d’être modernisées afin de refléter la nouvelle réalité politique et médiatique?

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