J’ai dévoré les trois romans ci-dessous en moins d’une semaine, c’est dire combien ils sont captivants. J’ai ensuite eu le plaisir d’en discuter avec les trois auteurs lors du Salon du livre du grand Sudbury, en Ontario. Que du plaisir!
Il s’agit d’abord du roman Le prince africain, le traducteur et le nazi de Didier Leclair, nom de plume de Didier Kabagema, paru aux éditions David et retenu pour le Combat national des livres de Radio-Canada de 2024.
Deux heures avant la fin de l’été de Sébastien Pierroz. Roman paru aux éditions David et finaliste au Prix du livre de la Ville d’Ottawa de 2024.
Finalement Welsford, de Claude Guilmain, un roman publié chez Prise de parole.
• • •
Le prince africain, le traducteur et le nazi est le dixième roman de Didier Leclair. C’est dire qu’en 23 ans comme auteur, il a appris à manier la plume avec dextérité. Il possède un style coulant qui rappelle les grands écrivains de feuilletons parisiens du XVIIIe siècle.
L’histoire se passe en 1941, dans un Paris occupé par les Allemands pendant la Deuxième Guerre mondiale.
Dès les deux premiers chapitres, Didier Leclair met en scène ses trois principaux personnages. Le prince, Son Altesse Antonio Jose Henrique Dos Santos Mbwafu, est l’héritier d’un petit royaume angolais, le Kongo, autrefois colonie portugaise. Il étudie à Paris, mais en fait, c’est son traducteur, Jean de Dieu N’kuba, qui se présente aux cours en son nom.
Jean de Dieu est le fils d’un tirailleur sénégalais, venu combattre en Europe lors du premier conflit mondial, et d’une mère allemande. C’est d’ailleurs lui qui, le premier, rencontre le nazi, un certain major F. Baumeister.
Baumeister est convaincu que le prince est en réalité un contrebandier qui, avec la complicité de son père, le roi du Kongo, écoule clandestinement des diamants angolais sur le marché européen.
Au fil des pages, nous apprendrons que, là-dessus, il a tout à fait raison. Le problème, c’est que Baumeister veut récupérer les diamants pour son propre compte et au diable le Reich. Il veut cette fortune pour se sauver en Amérique du Sud avec sa nouvelle maitresse.
Un bel imbroglio qui se décline en un chassé-croisé dans Paris et au Portugal. Sans dévoiler la fin, je me contenterai de dire que le héros, c’est Jean de Dieu.
• • •
Deuxième roman de Sébastien Pierroz, journaliste et producteur au réseau de télévision ONFR+, Deux heures avant la fin de l’été est paru aux Éditions David et a été finaliste au Prix du livre d’Ottawa de 2024. Même s’il n’a pas l’expérience d’un Didier Leclair, Sébastien Pierroz a, comme lui, une plume coulante, journalisme oblige.
Ce roman est un peu plus compliqué que celui de Didier Leclair du fait que l’action s’y déroule en trois temps : 1976, 2001, 2020. Cela ne veut pas dire que la trame est difficile à suivre; Sébastien Pierroz réussit à nous entrainer dans ces trois périodes avec brio.
L’histoire débute en 2020 à Londres où Damien, fils d’une famille de Mongy, village près d’Annecy dans le sud-est de la France, s’est réfugié après la mort «accidentelle» de sa sœur Nadia en 2001.
Dès le deuxième chapitre, on apprend qu’une autre mort, celle de Claudia en 1976, était le résultat d’un viol. Un immigrant algérien, Arezki Hamani, sera trouvé coupable et passera 20 ans en prison.
En 2020, Damien revient à Mongy pour les funérailles de son grand-père. On rencontre sa famille – le frère Adrien, le père, la mère, l’oncle et la tante – qui tient une petite auberge. Dans ces rencontres, on sent bien les non-dits dans cette famille. En fait, dans toute cette petite localité.
Sébastien Pierroz insère même dans l’histoire une jeune Franco-Ontarienne, la journaliste Cristina Tremblay, qui a obtenu un stage au journal local de Mongy. On pourrait penser que l’apparition de ce personnage franco-ontarien est un peu factice, mais Cristina joue un rôle important dans le dénouement.
• • •
Publié aux Éditions Prise de parole, le roman Welsford, de Claude Guilmain, porte le nom d’un quartier du nord de Toronto qui a été aménagé dans les années 1960.
Ici encore, l’action se déroule en deux temps : 1969 et 2019. Le personnage principal, François, alias Frank pour les Anglais, est un ancien inspecteur-chef de la police locale. Il est parti en préretraite il y a quelques années, mais est encore consultant pour la police.
En 2019, les nouveaux propriétaires d’une maison de la rue Cassandra du quartier Welsford, qui s’embourgeoise, font démolir la vieille piscine derrière leur maison. Les travailleurs y découvrent un cadavre enseveli sous le ciment.
Or, dans les années 1960, Frank a grandi dans une maison juste en face de celle avec la piscine. Il s’y est baigné avec ses camarades à l’adolescence. Et surtout avec la fille des propriétaires de l’époque, la famille Martella.
Claude Guilmain nous trimbale dans le temps, entremêlant la quête de Frank pour identifier le cadavre et pour trouver le coupable avec des scènes de jeunesse dans ce quartier en plein essor.
Les pages du roman nous font revivre (ou, pour les plus jeunes, dépeignent) la musique et les films des années 1970, le premier alunissage, les soirées au resto de burgers, les premiers émois sexuels, les premiers joints fumés. C’est très bien ficelé.
• • •
La grandeur d’un roman se mesure peut-être par le sentiment qu’il laisse chez le lecteur quelque temps après sa lecture. Le mot qui me vient après Le prince africain, le traducteur et le nazi, c’est «libération». Libération dans le sens de libération de Paris, bien sûr, mais aussi la libération d’un jeune immigrant qui déjoue les nazis.
Pour Deux heures avant la fin de l’été, c’est plutôt l’expression «le temps fait son œuvre» qui décrit bien que, tôt ou tard, le bien finit par triompher sur le mal.
Et pour Welsford, c’est «nostalgie». Pour un babyboumeur comme moi, qui a vécu les années 1970, ce roman raconte parfaitement le décor de notre jeunesse.
Trois romans à lire.
Réjean Grenier a travaillé dans les médias pendant 47 ans, comme journaliste, rédacteur principal à Radio-Canada/CBC, éditeur et propriétaire d’un journal et d’un magazine, et éditorialiste. Il a présenté une chronique littéraire sur les ondes de Radio-Canada pendant cinq saisons. Il est un avide lecteur depuis l’âge de 12 ans. Il a grandi dans un petit village du Nord de l’Ontario où il n’y avait pas de librairie, mais il a rapidement appris où commander des livres. Son type d’ouvrage préféré est le roman puisqu’«on ne trouve la vérité que dans l’imaginaire».
Le président de la France, Emmanuel Macron, a été reçu par Justin Trudeau à Ottawa mercredi et jeudi, puis à Montréal, en marge de la 79e session de l’Assemblée générale des Nations unies, qui s’est tenu cette semaine à New York.
Au menu des discussions entre les deux chefs d’État : un appel conjoint à un cessez-le-feu immédiat de 21 jours à la frontière israélo-libanaise et à un cessez-le-feu à Gaza.
Ils se sont également engagés à conclure un Protocole d’entente Canada-France sur la Cité internationale de la langue française, en vue du prochain Sommet de la Francophonie les 4 et 5 octobre, en France.
Les deux dirigeants ont aussi évoqué l’Accord économique et commercial global (AECG), plus connu sous son acronyme anglais, le CETA. Ce traité de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne a été conclu en 2013.
Il vise notamment à réduire les droits de douane sur plusieurs services et produits et instaure un tribunal commercial européen sur les entreprises qui souhaitent investir au Canada. Mais cet accord est loin de faire l’unanimité, notamment en France, où les sénateurs ont voté contre sa ratification il y a quelques mois.
L’intelligence artificielle était également à l’ordre du jour.
Le Commissariat aux langues officielles (CLO) recommande à la Commission sur l’ingérence étrangère de traduire et publier ses documents dans les deux langues officielles, en français et en anglais. Sinon, elle enfreint la Loi sur les langues officielles.
Les documents déjà publiés sur le site doivent également être vérifiés pour que la Commission respecte la Loi.
Le rapport du CLO est le fruit d’une enquête réalisée après avoir reçu une plainte du sénateur conservateur Claude Carignan.
L’étude sur les soins dans la langue de la minorité menée par les sénateurs du Comité des langues officielles a fait ressurgir cette semaine des témoignages de professionnels de la santé. Ces derniers rappellent que les provinces ne sont pas toutes en mesure d’accueillir des professionnels qui ne sont pas certifiés dans leur province.
En outre, les témoins, essentiellement des psychologues et des physiothérapeutes, ont assuré qu’il y a un manque de cursus en français dans plusieurs provinces pour former les membres de ces corps de métiers.
Par ailleurs, les examens ne sont pas offerts en français, à l’exception du Québec.
«Des malentendus du fait de la langue peuvent conduire à des diagnostics erronés, des échecs empathiques et des relations thérapeutiques insuffisantes», a commenté la présidente de la Société canadienne de psychologie, Anita Gutpa, devant les sénateurs lundi.
À lire aussi : Santé en français au Canada : «Deux poids, deux mesures»?
L’incapacité de la gouverneure générale inuite Mary Simon de soutenir une conversation en français a de nouveau fait réagir cette semaine.
En visite mardi au Québec, elle a seulement fait ses salutations en français, déclenchant le malaise chez les francophones, alors qu’elle avait promis d’apprendre la langue lors de sa nomination par le premier ministre Justin Trudeau, en 2021.
Le français de la gouverneure générale du Canada, Mary Simon, a fait de nouveau parler, trois ans après sa nomination par Justin Trudeau.
Les libéraux l’ont soutenue en mêlée de presse, même si certains, comme le député francophone néoécossais Darrell Samson, souhaiteraient voir «plus de progrès».
À lire aussi : Mary Simon entre en poste et s’engage à apprendre le français
Suze Youance est une Canadienne d’origine haïtienne qui siègera au Sénat dans le groupe d’indépendants.
Arrivée au Canada en 2006, elle a œuvré dans le domaine de l’ingénierie et enseigne depuis à l’École de technologie supérieure de Montréal.
Avec des élections fédérales dans l’air, Justin Trudeau a rempli le dernier siège vacant du Québec au Sénat. Il en reste désormais quatre : deux pour la Colombie-Britannique, un pour le Nunavut et un pour l’Ontario.
La motion de censure déposée mardi matin par le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, n’a pas entrainé la chute du gouvernement de Justin Trudeau.
Les Parti libéral, le Nouveau Parti démocratique (NPD) et le Bloc québécois l’ont tous rejetée : 211 députés ont voté contre et 120 ont voté pour.
Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a donné au gouvernement fédéral jusqu’au 29 octobre pour que la sanction royale soit apposée sur deux de ses projets de loi.
Le Parti conservateur a déposé une deuxième motion de censure jeudi, dont le texte est cette fois plus partisan. Le vote est prévu pour la semaine prochaine.
Justin Trudeau n’a pas répondu directement à l’ultimatum lancé par le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, à son attention, mercredi à la Chambre des Communes.
Ce dernier a donné au gouvernement fédéral jusqu’au 29 octobre pour que la sanction royale soit apposée sur deux projets de loi du Bloc : la hausse de pension des Canadiens de 64 à 75 ans (C-319) et le retrait de la gestion de l’offre de toutes négociations commerciales internationales (C-282).
Sans cela, le Bloc québécois n’hésiterait pas à appuyer une motion de censure à son encontre du gouvernement.
À lire aussi : Peu de francophonie et beaucoup d’élections au menu des partis fédéraux
Le député libéral d’origine libanaise Fayçal El-Khoury a fait une sortie mercredi devant la presse pour demander l’arrêt de la guerre au Liban et en Palestine.
Le ministère Affaires mondiales Canada a confirmé mercredi la mort de deux Canadiens d’origine libanaise lors de bombardements israéliens au Liban. Hussein Tabaja et sa femme, Dwad Tabaja, étaient deux retraités qui ont vécu à Ottawa.
Explosions de téléavertisseurs et de talkiewalkies, éliminations de chef militaire, frappes aériennes : ces derniers jours, Israël a multiplié les opérations visant des membres du Hezbollah, mouvement islamiste chiite, au Liban.
Mercredi, le député libéral d’origine libanaise Fayçal El-Khoury a fait une sortie devant les journalistes pour demander l’arrêt «la mort de victimes innocentes» de la guerre entre Israël et le Hezbollah.
Il a également demandé son gouvernement et aux Nations Unies d’agir pour une solution a deux États entre Israël et la Palestine.
Pour l’instant, aucun plan concret d’évacuation des Canadiens au Liban n’est prévu. La ministre fédérale des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a demandé aux ressortissants sur place de «revenir par voie commerciale», car «le Canada ne contrôle pas ce qui se passe sur le terrain».
«Je suis constamment confronté au manque de données sur les francophones en situation minoritaire», regrette le titulaire de la Chaire de recherche sur la francophonie canadienne en droits et enjeux linguistiques de l’Université d’Ottawa, François Larocque.
Il y a quelques années, le professeur de droit a tenté d’obtenir, en vain, des renseignements sur le nombre de juges fédéraux bilingues exerçant au Canada. «Ce sont des informations d’intérêt public, liées à l’obligation fédérale de fournir une justice dans les deux langues officielles, et, pourtant, ça s’est révélé impossible à obtenir», déplore-t-il.
«À cause du manque de ressources financières et de personnel dans nos universités, c’est difficile de faire de la recherche pour produire des données sur la francophonie», dénonce l’historienne Valérie Lapointe-Gagnon, en Alberta.
Le juriste considère qu’il ne s’agit pas d’un «désintérêt intentionnel» : «Les autorités ne comprennent simplement pas le plein intérêt de ces données.»
À Edmonton, la professeure d’histoire à la Faculté Saint-Jean de l’Université de l’Alberta, Valérie Lapointe-Gagnon, est aux prises avec les mêmes difficultés.
«Nous sommes obligés de produire les données, car elles n’existent pas. Dans l’Ouest, le récit historique est très anglodominant, les voix minoritaires comme celles des francophones sont effacées et on doit les ramener à la surface», explique l’historienne.
Le peu de ressources humaines et financières allouées aux établissements postsecondaires francophones complique encore plus son travail.
Valérie Lapointe-Gagnon prend en exemple les archives de la Faculté Saint-Jean, transférées dans les locaux de l’Université de l’Alberta, sans qu’aucun archiviste maitrisant le français n’y soit affecté.
À lire aussi : La recherche scientifique en français, «un défi»
En 2015, l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a proclamé le 28 septembre Journée internationale de l’accès universel à l’information. En 2019, c’est au tour de l’Assemblée générale des Nations Unies de reconnaitre officiellement cette journée.
L’objectif est de sensibiliser les citoyens à leur droit d’accéder à l’information détenue par les institutions gouvernementales. Elle vise aussi à promouvoir la liberté d’information comme fondement de la démocratie et de la bonne gouvernance.
Aux yeux du directeur général de l’Institut canadien de recherche sur les minorités linguistiques (ICRML), Éric Forgues, ce manque de données publiques peut compromettre «l’épanouissement» des communautés. «On doit connaitre leurs besoins pour élaborer des politiques pertinentes en immigration, en santé, en éducation, et tout ça suppose des données.»
Pour le juriste François Larocque, la responsabilité de recueillir des données incombe à l’ensemble de la fonction publique fédérale et pas seulement à Statistique Canada.
Ottawa semble avoir pris conscience de cette problématique, comme en témoignent certaines dispositions de la toute nouvelle Loi sur les langues officielles. Le texte engage le gouvernement fédéral à produire et à diffuser plus d’informations sur la francophonie en situation minoritaire.
En vertu de la loi, Statistique Canada doit également bonifier les informations sur les communautés francophones hors Québec recueillies lors du recensement. Pour la première fois en 2021, l’agence fédérale a intégré de nouvelles questions liées à la langue dans le dénombrement de la population.
«Ce sont des signaux très encourageants, ça permet de mieux identifier les nouvelles tranches de personnes potentiellement ayants droit, le nombre d’enfants admissibles dans les écoles», salue Éric Forgues.
«C’est important, car les provinces calculent leurs budgets en fonction de ces données», précise François Larocque.
Statistique Canada réalise aussi ponctuellement des enquêtes sur la population de langue officielle en situation minoritaire. Les résultats de celle effectuée en 2022 devraient être accessibles d’ici le début de l’année prochaine.
À lire aussi : Un plus pour les francophones dans le Recensement 2021
L’organisme mène enfin de nombreuses recherches sur des enjeux sociétaux, économiques ou encore liés à la santé. Cependant, malgré de récents efforts pour inclure des variables linguistiques, ces enquêtes négligent les questions sur la langue, estime Éric Forgues.
«Les francophones en situation minoritaire vivent souvent dans de petites communautés, qui se retrouvent sous-représentées dans les échantillons, c’est difficile de faire des analyses», ajoute-t-il.
L’autre défi reste celui de la découvrabilité, autrement dit, réussir à trouver les bonnes données quand elles existent. Le public et les chercheurs doivent naviguer à travers les méandres du site Internet de Statistique Canada et réussir à dénicher et comprendre les informations, qui ne sont pas toujours présentées de façon intelligible.
Il y a un potentiel énorme, mais c’est comme repérer une aiguille dans une botte de foin, c’est très facile de se perdre dans la masse de données.
Surtout, les informations publiées ne sont pas nécessairement pertinentes. Éric Forgues n’hésite pas à parler de «fossé» : «Ça donne souvent des tendances générales, mais ça ne répond pas aux besoins spécifiques des communautés, ce n’est pas à la bonne échelle géographique.»
L’ICRML est régulièrement obligé de payer Statistique Canada pour accéder à des données plus appropriées.
«Ça représente un cout non négligeable. Idéalement, ça devrait être gratuit, en particulier pour des données essentielles comme le portrait des enfants admissibles dans un district scolaire», plaide Éric Forgues.
À lire aussi : Une enquête pour cerner les besoins des communautés linguistiques minoritaires
Pour les chercheurs interrogés, la collecte de données ne doit pas seulement reposer sur les épaules de Statistique Canada.
Le chercheur Éric Forgues critique un double problème de découvrabilité et de manque de pertinence des données publiées sur le site Internet de Statistique Canada.
«C’est une obligation transversale qui pèse sur l’entièreté de la fonction publique fédérale, sur tous les ministères», insiste François Larocque, qui évoque également «la mine d’or d’informations» que représente le travail d’archivage de la Bibliothèque du Parlement du Canada.
En revanche, au niveau des provinces, la situation est plus critique. À part au Québec, il n’existe pas d’équivalents provinciaux de Statistique Canada.
«On ignore souvent ce qui existe comme données dans les provinces, elles ne sont pas nécessairement publiques ou alors réservées à des initiés», observe Éric Forgues.
En Ontario, François Larocque a par exemple dû déposer plusieurs demandes d’accès à l’information auprès du gouvernement provincial. Découragé face à un véritable parcours du combattant, il lui est arrivé d’abandonner plusieurs requêtes.
Selon l’universitaire, le manque de personnes bilingues dans la fonction publique ontarienne capables de traiter correctement la demande et de mener la recherche en français constitue le nœud du problème.
À lire aussi : Incapables de travailler dans leur langue, des fonctionnaires quittent
L’environnement a toujours été dans la liste des priorités de Francopresse. Ce qui a mené à la rédaction d’articles et de dossiers autour de ce thème.
Pour notre récent dossier sur l’écoanxiété, nous avons réfléchi à notre propre rôle dans la diffusion de l’information sur les changements climatiques. Notre couverture était-elle trop négative? Contribuait-elle à l’écoanxiété? Avait-elle des angles morts?
Nos questions nous ont menés à Covering Climate Now (CCNow), un collectif international de journalistes créé aux États-Unis en 2019 pour améliorer la couverture de la crise climatique.
Cet été, Francopresse est devenue l’un de leurs partenaires canadiens, rejoignant nos collègues de L’Aurore boréale comme seuls médias francophones de l’extérieur du Québec membres du collectif.
À lire : Écoanxiété : le rôle crucial des médias face à la crise
Prédire l’avenir avec précision est une tâche impossible. Mais les premières prédictions des scientifiques par rapport à l’accumulation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère – faites il y a déjà quelques décennies – se réalisent devant nos yeux, et ce, de plus en plus souvent. Impossible de les ignorer.
Selon le cofondateur et directeur exécutif de CCNow, Mark Hertsgaard, les médias doivent parler du climat de la même manière qu’ils ont couvert la pandémie de COVID-19 : comme une urgence mondiale.
La francophonie canadienne restera, bien entendu, la raison d’être de Francopresse. Mais cette francophonie est, elle aussi, touchée par l’augmentation de l’intensité des incendies de forêt, les tempêtes, les inondations et la montée du niveau des océans.
Sans oublier que ces catastrophes ont des conséquences sur le territoire, l’économie, la santé mentale et physique des francophones comme des autres.
CCNow encourage aussi à mettre de l’avant les bonnes nouvelles. L’augmentation de la production électrique avec des énergies renouvelables est justement une de ces bonnes nouvelles qui donne un peu d’espoir.
Covering Climate Now offre des ressources pour que les journalistes qui s’intéressent aux questions climatiques aient un point de départ à leurs réflexions et leurs recherches.
C’est aussi un réseau d’échanges. Tous les journalistes membres peuvent participer au groupe de discussion où des idées de sujets et des sources sont mises en commun. Où il est possible de poser des questions et d’échanger avec d’autres journalistes, entre autres.
Ne parlait-on pas de «réchauffement climatique» il y a quelques années? Comment en est-on venus à parler de «changements climatiques»?
Les climatosceptiques avancent que ce changement dans le lexique est une preuve que le réchauffement des températures n’existe pas. Qu’il y a encore des jours très froids en hiver!
Ils (toujours difficile d’identifier qui se cache derrière ce «ils» utilisé par les conspirationnistes) ont donc changé le nom pour essayer de nous convaincre sans preuve, clament ces personnes qui mettent en doute ou même réfutent l’existence de la crise climatique.
Pourtant, le changement vient d’un stratège républicain. Dans une note de service secrète de 2002, Frank Luntz soulignait que le président George W. Bush et les républicains étaient vulnérables sur la question climatique. Il a proposé d’utiliser «changements climatiques» au lieu de «réchauffement climatique», parce que c’était «moins effrayant».
Les analyses des discours du président avant et après 2002 révèlent d’ailleurs que le vocabulaire sur la question a effectivement changé.
Dans la communauté scientifique, l’expression «changement climatique» est tout de même plus souvent utilisée, parce qu’elle décrit mieux les effets d’augmentation des extrêmes causés par les gaz à effet de serre.
La notion qu’ils sont «causés par l’humain» y est de plus en plus souvent attachée tandis que «réchauffement climatique» est davantage utilisé pour parler plus spécifiquement de la hausse des températures à la surface de la planète.
Il y a d’autres points de comparaison entre la pandémie de COVID-19 et le réchauffement climatique.
Selon les sondages américains de mars 2020, date qui marque l’arrivée de la pandémie sur le continent nord-américain, peu de gens étaient inquiets d’être infectés par la maladie au cours des premières semaines. Mais à mesure que des personnes de leur entourage contractaient le virus, le niveau d’inquiétude grimpait.
Notre anxiété face aux changements climatiques suit la même logique. Tant que notre ville, nos proches ou nous-mêmes ne semblons pas être directement touchés, nous avons l’impression que nous serons à l’abri du pire. Que c’est pour les autres.
Pourtant, le Canada se réchauffe deux fois plus vite que le reste de la planète. Les incendies de forêt des dernières années sont un bon indice que nous sommes tous plus près des effets que nous voulons l’admettre.
Il y a plus d’une route devant nous pour éviter le pire – ou non – et nous adapter. Ces routes mènent parfois à de mauvaises nouvelles, mais de plus en plus souvent à de bonnes nouvelles. Ce sont toutes ces voies que Francopresse explorera.
À lire : Incendie de Jasper : les braises sont encore chaudes
«Je dirais que le consensus sur le multiculturalisme est encore là. Il est moins fort qu’auparavant et il y a peut-être des craques, des fissures, dans l’édifice […]. Mais je ne pense pas qu’on soit dans une situation critique», estime le professeur de science politique du Campus Saint-Jean, Frédéric Boily.
Frédéric Boily ne note pas de rupture dans la conception du multiculturalisme chez Justin Trudeau, qui aurait toutefois mis un accent particulier sur la diversité comme «force intrinsèque du Canada» au fil des années.
«On voit monter une anxiété identitaire plus présente qu’avant, ajoute-t-il. Mais je ne pense pas qu’on peut parler encore d’un effondrement ou d’un véritable backlash.»
Selon un sondage de la firme Research Co. mené en 2024, le pourcentage de Canadiens et Canadiennes pour qui le multiculturalisme est un élément de fierté a chuté à 65 %, par rapport à 74 % en 2023.
Pour parler d’un backlash (ou d’un contrecoup) politique, il faudrait notamment que des partis (qui ont une véritable chance d’accéder au pouvoir) exploitent ce sentiment d’anxiété, notamment lorsque vient le temps de parler d’immigration.
Pour l’instant, le politologue remarque plutôt que l’immigration est critiquée par le biais des enjeux économiques, tels que le logement, l’emploi et le cout de la vie.
Marc Gagnon* se positionne plutôt contre le modèle multiculturaliste. Résident de Hamilton, en Ontario, depuis plus de dix ans, il dit observer des tendances inquiétantes dans sa ville.
«À Hamilton, il y a vraiment une population diversifiée. Il y a des sikhs, des musulmans, des hindous, beaucoup de chrétiens aussi […]. Ce beau mélange date d’il y a longtemps.»
Mais, plus la situation de l’immigration évolue, plus il doute que ce mélange demeure paisible. Il remarque notamment plus de signes religieux dans l’espace public, plus de langues et de coutumes étrangères en vase clos, et moins de dialogue.
[Dans 10 ou 20 ans], je ne sais pas ce que ça va être pour le vivre-ensemble tant souhaité. La société multiculturelle va peut-être devenir plus multiconflictuelle, ce qui n’est pas souhaitable.
À lire aussi : Cinquante ans plus tard, le multiculturalisme canadien a toujours ses limites
«Je pense qu’il y a des cultures incompatibles, qui ne veulent pas, qui refusent systématiquement de s’intégrer à la société d’accueil», estime Marc Gagnon.
Il est inquiet pour le tissu social, mais aussi pour la possibilité de discuter de certains enjeux : «J’aimerais être capable de nommer des choses sans que ce soit perçu comme étant de la discrimination ou du racisme, ou n’importe quel terme qui est utilisé pour empêcher une discussion ouverte sur le sujet.»
Pour le sociologue François Boudreau, qui a longtemps enseigné à l’Université Laurentienne de Sudbury, en Ontario, «le multiculturalisme, c’est la promesse de ne pas faire société».
François Boudreau préfère l’interculturalisme, qui «consiste à dire voici ce qu’est la culture au Canada. On va faire l’inventaire de nos valeurs fondamentales et puis l’enrichir de la part des autres cultures».
Lui aussi est inquiet pour l’avenir des relations. «J’ai habité à Toronto pendant près de cinq ans. J’ai vécu le multiculturalisme, j’étais en mesure de le voir, de l’apprécier, de le comprendre, et je suis arrivé à la conclusion que même si ça fonctionne bien jusqu’ici, […] ce n’est pas la façon de construire un pays.»
Pour construire un pays, il faut une culture commune. Ce qui s’établit plus facilement à travers l’interculturalisme, explique-t-il. Selon lui, «il s’agirait de trouver un noyau de valeurs, qui seraient bien sûr celles qui ont présidé à l’élaboration des politiques d’immigration massives, c’est-à-dire la culture au Canada telle qu’elle l’était dans les années 1960 avec ses valeurs fondamentales, et l’enrichir des nouvelles contributions des autres cultures».
Il donne l’exemple de «petites Chines, petites Indes, petits Pakistans, petites Corées» qui se créent dans les grandes villes comme Toronto et Vancouver. Il craint qu’il s’y maintiennent de «petits groupes culturels distincts» qui ne partagent pas d’identité collective.
À lire aussi : Immigration : comment faire communauté?
«La culture, c’est le mode d’emploi de l’identité [collective]. Le multiculturalisme, par définition, implique qu’il y ait différents modes d’emploi qui coexistent. Donc on ne forme pas un tout. On ne forme pas une nouvelle totalité culturelle enrichie des expériences qui viennent de partout dans le monde», insiste François Boudreau.
Selon Jorge Frozzini, «ce n’est pas vrai que les gens arrivent et [tentent] d’imposer leur façon de faire. C’est vraiment mal comprendre ou ne pas du tout comprendre les dynamiques sociales qu’on observe sur le terrain».
Il explique que le multiculturalisme n’a pas été développé par des sociologues ou des anthropologues, mais par des politiciens, pour deux raisons : valoriser la différence dans un contexte d’immigration importante et diluer les nationalismes émergents, en particulier autochtones et québécois.
«On a tenté de noyer ces deux poissons-là», lance-t-il.
À l’heure actuelle, il n’y a pas de réalité unique, dit-il. Plusieurs nouveaux arrivants veulent devenir Canadiens et «s’insérer» dans la société, et plusieurs veulent reproduire ici le modèle de leur pays d’origine. «Le multiculturalisme appuie ceux qui veulent construire ici ce qu’ils avaient là-bas, et c’est ça qui est problématique.»
Selon le titulaire de la Chaire de recherche du Canada en communication interculturelle et technologies de gestion en contexte pluraliste, Jorge Frozzini, «c’est très rare» que quelqu’un arrive ici ne voulant rien savoir de son pays d’accueil. «Habituellement, les gens qui arrivent vont faire beaucoup d’efforts pour pouvoir s’adapter», assure-t-il.
Plutôt que d’intégration, le chercheur préfère parler d’inclusion : «C’est comment on s’adapte, comment on va pouvoir travailler et avancer ensemble en apprenant certains codes, comment on procède ici, comment on fait certaines choses, mais en gardant certains traits qui leur appartiennent [aux nouveaux arrivants], en enrichissant notre communauté.»
Mais l’inclusion se joue à deux. La société d’accueil a la responsabilité de «mettre en place des mécanismes ou des services» qui facilitent l’adaptation. «Il y a des gens qui vont bien s’adapter […] Pour certains, ça peut prendre du temps. Certaines personnes n’y arriveront jamais.»
À lire aussi : L’éducation en français à l’épreuve du pouvoir et du multiculturalisme
«L’État a un programme antidiscrimination, antiracisme, etc., depuis quasi 50 ans. Ça ne veut pas dire qu’il réussit. […] Cela n’empêche pas des courants antiimmigration et antiminorités […] Présentement, ces courants se multiplient», observe Denise Helly.
La chercheuse Denise Helly, qui travaille sur les questions d’immigration et d’intégration à l’Institut national de la recherche scientifique du Québec, explique que le Canada est, en raison de son histoire, culturellement pluriel.
Pour cette raison, selon elle, le gouvernement canadien peut difficilement tenir un discours sur l’unité, ce qui explique qu’il ait mis l’accent sur la cohésion sociale plutôt que sur l’unité sociétale.
«Cohésion sociale, ce fut un mot magique inventé par des fonctionnaires canadiens, soutient-elle. C’est l’idée normative qu’en dépit de divisions de classe, de langue [et autres], des liens doivent exister entre les individus pour faire société.»
«La question ensuite est de savoir comment créer ces liens, les maintenir, et est-ce que c’est le rôle de l’État de le faire?», s’interroge Denise Helly.
«Pour l’heure, la croyance demeure que ce qui lie les Canadiens, c’est la Charte des droits et libertés. Ce n’est pas l’histoire, ni la nation, mais la Charte», assure-t-elle. Ce qui veut dire respect des libertés individuelles, mais aussi respect et valorisation de la pluralité culturelle de la population, selon la chercheuse.
*Le nom a été modifié afin de protéger l’identité de l’interlocuteur qui craint les représailles.
Le 21 septembre 2020, l’Assemblée législative de l’Ontario adopte la loi 182 faisant du drapeau franco-ontarien un emblème officiel de l’Ontario. C’est la consécration pour ce symbole qui s’apprêtait alors à souffler ses 45 bougies.
Pendant une bonne partie du XXe siècle, les drapeaux utilisés par la communauté franco-ontarienne lors de manifestations religieuses ou civiles étaient les mêmes que ceux du Québec, soit le Carillon-Sacré-Cœur et le fleurdelisé. C’était l’époque du «Canada français».
À lire aussi : À qui appartient la francophonie canadienne?
Dans les années 1960, avec la montée du mouvement indépendantiste au Québec, les élites franco-ontariennes souhaitent se doter d’un symbole propre à la communauté.
Ainsi, la Fédération des Sociétés Saint-Jean-Baptiste de l’Ontario présente en 1964 un drapeau très similaire à l’ancêtre du drapeau québécois, le Carillon-Sacré-Cœur, mais avec au centre de la croix blanche un trille, symbole floral de l’Ontario, au lieu du Sacré-Cœur.
Mais la proposition trouve peu d’écho dans la communauté francophone et le drapeau tombe dans l’oubli.
Moment historique en 1975 : Michel Dupuis hisse le nouveau drapeau franco-ontarien à l’Université de Sudbury.
Le début des années 1970 marque l’arrivée d’un nouveau mouvement d’affirmation identitaire en Ontario français. C’est dans ce contexte d’effervescence culturelle et identitaire qu’un petit groupe de l’Université Laurentienne, à Sudbury, œuvre très discrètement – pour ne pas dire en secret – à la conception d’un nouveau drapeau.
On attribue la paternité de ce drapeau à Gaétan Gervais, historien et professeur d’histoire, et à Michel Dupuis, étudiant en sciences politiques. D’autres personnes ont également contribué à cette démarche.
Le drapeau qui sera hissé pour la première fois le 25 septembre 1975 est cependant très différent de celui qui avait été proposé par les élites plus de 10 ans auparavant. Il est composé de deux carrés : à gauche se trouve une fleur de lis blanc sur un fond vert qui représente les étés; à droite, un trille vert, symbole floral de l’Ontario, sur un fond blanc qui représente les hivers.
Les Franco-Ontariens et Franco-Ontariennes deviennent ainsi la deuxième communauté francophone de l’extérieur du Québec à se doter d’un drapeau. L’Acadie l’avait déjà fait 91 ans plus tôt lors de la seconde Convention nationale acadienne, en 1884, en choisissant le tricolore français orné d’une étoile jaune, symbole de la Vierge Marie.
Les premiers pas du nouveau drapeau dans la société franco-ontarienne sont timides. Un drapeau «concurrent» concocté par un groupe d’animateurs culturels d’Ottawa est même présenté aux chefs de file de la communauté francophone, mais cet effort en reste là.
Levée du drapeau franco-ontarien en 2015, à l’occasion de son 40e anniversaire. Deux artisans du drapeau : Donald O’Bonsawin (à gauche) et Michel Dupuis.
En 1977, l’Association canadienne-française de l’Ontario (devenue l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario) adopte officiellement le drapeau. L’année suivante, en 1978, ce dernier est hissé à un premier établissement scolaire francophone, soit l’école secondaire de Hearst.
Le drapeau prend des allures de symbole politique en 1979 alors qu’il flotte sur l’école secondaire francophone de Penetanguishene, au cœur de l’Ontario. Le geste est éminemment emblématique, car l’école de la Huronie qui ouvre ses portes cette année-là n’est pas reconnue par le gouvernement provincial.
L’école «de la résistance», comme on l’a appelée, se voulait une réponse au refus du conseil scolaire de la région de mettre sur pied une école secondaire francophone. Il faudra trois ans pour que la communauté obtienne gain de cause.
Au fil des ans, le drapeau est présent lors d’évènements militants et de manifestations pour l’éducation postsecondaire en français. Il devient par exemple un véritable outil de ralliement lors de la lutte SOS Montfort pour sauver l’hôpital francophone d’Ottawa.
À son 25e anniversaire, en 2000, le drapeau franco-ontarien est indéniablement devenu un important symbole identitaire de la communauté, qui célèbre ici et là ce quart de siècle de vie. On le voit de plus en plus dans les évènements culturels et militants.
Le vert du drapeau franco-ontarien symbolise l’été et le blanc, l’hiver.
Après l’adoption par la communauté vient la reconnaissance du gouvernement ontarien, qui confère officiellement au drapeau le statut d’emblème officiel des Franco-Ontariens et Franco-Ontariennes le 21 juin 2001. La province reconnait ainsi la place et la contribution de l’ensemble de la communauté franco-ontarienne.
Malgré cet «imprimatur» gouvernemental, certaines municipalités à forte concentration francophone hésitent à hisser le drapeau franco-ontarien devant leur édifice principal. En 2003, les conseillers municipaux de Sudbury rejettent une proposition en ce sens. Le maire John Rodriguez, à son premier jour en poste le 1er décembre 2006, prendra seul la décision de l’installer en permanence.
Le drapeau vert et blanc est tellement imprégné dans la psyché de la communauté francophone que son jour de création, le 25 septembre, devient en 2010 le Jour des Franco-Ontariens et Franco-Ontariennes, reconnu officiellement par une loi de l’Assemblée législative de la province.
La communauté fête cinq ans plus tard, en 2015, le 400e anniversaire de la présence française en Ontario. Son drapeau est partout. Même de grands symboles de la province, comme les chutes Niagara et la Tour CN de Toronto, affichent les couleurs symboliques des Franco-Ontariens et des Franco-Ontariennes.
En 2015, la Ville de Greenstone installe le drapeau franco-ontarien à son mât, mais elle décide de le retirer en mars 2024.
Et ce n’est pas fini! Le drapeau franco-ontarien continue de prendre une place toujours plus grande dans l’espace provincial. Des versions immenses de la bannière vert et blanc flotte devant les 18 «Monuments de la francophonie», érigée dans la province depuis 2006, un projet maintenant chapeauté par l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario.
Après avoir reconnu le drapeau comme emblème officiel de l’Ontario en 2020, les députés de Queen’s Park votent à l’unanimité pour exposer le drapeau en permanence dans la Chambre législative et sur les terrains de l’édifice de l’Assemblée législative.
Ce succès n’empêche pas les reculs. En 2024, la municipalité de Greenstone, dans le nord ontarien, a décidé de ne plus faire flotter en permanence ce symbole franco-ontarien devant l’hôtel de ville. Il était fixé au mât depuis près de 10 ans.
Le conseil municipal modifiait ainsi sa politique concernant les drapeaux afin, a-t-elle fait valoir, de mieux représenter les autres groupes communautaires, notamment les Autochtones.
La communauté francophone, formant environ 20 % de la population de Greenstone, s’est fortement opposée au geste, proposant même de financer la construction de deux mâts supplémentaires.
Le conseil municipal a alors consenti à commander un rapport sur la question, mais en juin 2024, il a maintenu sa décision.
C’est là où le mât blesse…
Le premier constat préoccupant est la baisse des inscriptions en immersion française dans certains districts scolaires, une tendance observée depuis la pandémie. Jason Howe explique que «même si le nombre d’élèves dans les écoles francophones a augmenté, les programmes d’immersion française font face à une diminution des inscriptions».
Il attribue cette situation à deux facteurs principaux : une pénurie d’enseignants qualifiés en français et un manque de salles de classe dans certaines écoles, notamment à Vancouver et Surrey.
Cette pénurie a des répercussions directes sur l’expansion des programmes et sur la qualité de l’enseignement. «Sans enseignants qualifiés et sans infrastructures adéquates, les districts scolaires peinent à répondre à la demande des familles désireuses d’inscrire leurs enfants en immersion», précise Jason Howe. En outre, il déplore le manque de promotion de ces programmes auprès des jeunes et des familles.
Malgré ces défis, CPF BC & Yukon reste optimiste quant à l’avenir des programmes d’immersion française.
Jason Howe
Le directeur général de l’organisme mentionne plusieurs initiatives visant à inverser cette tendance, notamment la création d’activités en français pour renforcer l’engagement des jeunes. «Nous voulons offrir aux élèves des occasions d’apprendre non seulement la langue, mais aussi de s’immerger dans la culture francophone», explique-t-il.
Cependant, Jason Howe souligne que CPF BC & Yukon ne joue pas un rôle direct dans la gestion des écoles. Il appelle donc à une plus grande collaboration avec les autorités éducatives pour mettre en place des comités dans chaque district scolaire, chargés de se concentrer sur les défis spécifiques à l’immersion française. «Certains districts ont déjà créé de tels comités, mais ce n’est pas le cas partout, notamment à Surrey», note-t-il.
Du côté de la FFCB, la présidente Marie-Nicole Dubois rappelle que les élections provinciales représentent une occasion cruciale pour faire avancer les enjeux liés au français en Colombie-Britannique. «Par le passé, nos efforts pour attirer l’attention des candidats ont été vains», déplore-t-elle.
Cependant, cette année, la FFCB adopte une approche plus stratégique en mettant en avant des questions prioritaires qui concernent aussi bien la communauté francophone que la majorité anglophone. «En abordant des sujets tels que la pénurie d’enseignants et d’infrastructures scolaires, nous espérons capter l’attention des candidats et les encourager à intégrer ces enjeux dans leur plateforme électorale», explique-t-elle.
L’un des principaux messages de la FFCB et de CPF BC & Yukon aux décideurs politiques concerne l’importance du bilinguisme et de l’immersion française pour l’avenir de la province.
Jason Howe insiste sur le fait que l’apprentissage du français ouvre des portes aux jeunes et leur offre des ouvertures professionnelles futures.
Nous encourageons les jeunes à devenir bilingues, car cela leur permettra d’accéder à un plus large éventail de carrières, que ce soit au niveau local ou national.
Pour renforcer ces programmes, le directeur général du CPF BC & Yukon recommande que les districts scolaires les plus touchés, comme Vancouver et Surrey, bénéficient de ressources supplémentaires et d’une meilleure planification à long terme.
Il plaide pour une approche collaborative avec les autorités éducatives et demande aux élus de s’engager activement pour soutenir ces initiatives. «Nous aimerions voir les candidats aux élections provinciales faire du développement des programmes d’immersion française une priorité dans leurs plans éducatifs», ajoute-t-il.
Bien que des progrès aient été réalisés ces dernières années, notamment avec des discussions initiées par certains candidats, les deux organisations estiment que le soutien gouvernemental reste insuffisant.
Marie Nicole
La présidente de la FFCB, Marie-Nicole Dubois, reconnaît que la popularité des programmes d’immersion est en hausse, mais que le financement ne suit pas toujours. «Le gouvernement devrait allouer des fonds suffisants pour répondre adéquatement à la demande croissante», affirme-t-elle.
Elle se réjouit toutefois des conversations en cours avec trois candidats aux prochaines élections provinciales d’octobre et espère que ces discussions se poursuivront tout au long de la campagne électorale. «Nous comptons sur les médias pour interpeller les candidats sur leur réponse à notre lettre ouverte», ajoute-t-elle.
Malgré les obstacles, Jason Howe et Marie-Nicole Dubois restent optimistes quant à l’avenir des programmes d’immersion française en Colombie-Britannique. Ils espèrent que les discussions en cours aboutiront à des engagements concrets de la part des élus, permettant ainsi d’assurer la pérennité et l’expansion de ces programmes dans toute la province.
En conclusion, la rentrée scolaire 2024 et les élections provinciales représentent un moment charnière pour la communauté francophone en Colombie-Britannique.
Par leur lettre ouverte, la FFCB et CPF BC & Yukon ont lancé un appel clair aux candidats : l’avenir du bilinguisme et des programmes d’immersion dépend de leur engagement à soutenir et à renforcer ces initiatives. Il appartient désormais aux élus de répondre à cet appel et de prendre des mesures pour assurer un avenir prometteur à l’éducation en français dans la province.
L’auteur et poète acadien du Nouveau-Brunswick, Paul Bossé, considère que l’intelligence artificielle «risque d’appauvrir notre propre intelligence». Celui-ci craint que les individus demandent à cette technologie d’écrire à leur place.
«Déjà que les gens ont de la difficulté à écrire, surtout en français […] et puis l’écriture c’est pas juste le fait d’écrire, c’est le fait de réfléchir, c’est de penser, c’est de construire.»
Pour la présidente de l’Association des auteures et auteurs de l’Ontario français (AAOF), Marie-Josée Martin, les modèles de langage restent un enjeu très important pour les créateurs et les créatrices. «Il faut le regarder froidement. Il ne s’agit pas de diaboliser l’intelligence artificielle ni de l’idéaliser, les deux attitudes se [rencontrent].»
À lire aussi : L’IA ou la prochaine «merdification» (Éditorial)
Selon Marie-Josée Martin, la créativité demeure une qualité humaine.
Manque de transparence et d’éthique
En dehors de son métier d’écrivaine, Marie-Josée Martin est traductrice et elle voit d’ores et déjà l’intelligence artificielle comme une concurrente dans ce domaine. Elle encourage la sensibilisation et la règlementation de cette technologie.
Selon elle, le manque de transparence et d’éthique des textes produits par l’IA, entre autres, est problématique. «L’intelligence artificielle a été entrainée avec des textes qui ont été créés par des auteurs et des autrices sans qu’on le sache et qu’on soit dument rémunéré pour ce travail-là.»
L’autrice franco-ontarienne n’est pas la seule à critiquer cet aspect, Paul Bossé souhaite aussi voir plus de structure et de morale dans ce domaine qui ressemble «un peu au Far West».
En tant qu’écrivain, poète et cinéaste, Paul Bossé travaille quotidiennement avec des archives. Aujourd’hui, des personnes sont capables de créer de fausses images avec l’intelligence artificielle générative. «J’ai très peur du moment où les archives ne seront plus fiables du tout», s’attriste-t-il.
Paul Bossé s’inquiète de la rapidité à laquelle se développe l’intelligence artificielle générative et du manque de règlementions qui existent sur le sujet.
Les limites de l’intelligence artificielle
Pour Marie-Josée Martin, même si l’intelligence artificielle est capable d’écrire, «il ne faut pas s’attendre à ce que les machines fassent de la littérature. La créativité demeure pour l’instant vraiment une qualité humaine».
L’écrivaine rappelle que le développement de la créativité n’arrive pas du jour au lendemain.
L’autre bémol avec l’intelligence artificielle revient à son caractère parfois «sexiste, hétéronormatif, raciste», remarque-t-elle.
De plus, elle souligne que cette «machine technologique» n’est pas apparue toute seule : elle a été créée par des humains. Elle est donc remplie de préjugés et de réponses qui dépendent de ces programmeurs et des données utilisées pour l’entrainer, affirme Marie-Josée Martin.
Dans ce cas, la littérature humaine est capable non seulement d’être créative, mais aussi de proposer des ouvrages inclusifs et plus sensibles, ajoute-t-elle.
Cela dit, à la vitesse à laquelle l’intelligence artificielle se développe, Paul Bossé s’inquiète.
C’est sûr que les humains ont l’avantage [aujourd’hui], mais pose-moi la même question en 2029, on verra.
Face aux menaces engendrées par cette technologie, Marie-Josée Martin espère «qu’on aura la sagesse de l’utiliser à bon escient plutôt que de nous réduire, nous les êtres humains».
À lire aussi : Intégrer l’IA à l’université est une responsabilité partagée
Utiliser avec modération
Néanmoins, l’intelligence artificielle peut aussi aider les nouveaux écrivains qui ne savent pas comment aborder la construction d’un texte, illustre Marie-Josée Martin.
Le bulletin Participe Présent numéro 89 de l’AAOF, dirigé par Marie-Josée Martin, évoque «les atouts de l’IA dans les arts littéraires», dont la capacité de détecter les incohérences des personnages et trouver différents mots pour éviter les répétitions.
Pour Paul Bossé, même si certaines personnes utilisent cette technologie pour s’appuyer, la rapidité d’exécution d’un tel appareil peut rapidement le transformer en un outil pratique pour un usage très récurrent, même pour les tâches les plus simples.
De plus, cette «aide-là peut rapidement se transformer en plagiat, puis juste recopier et refaire ce qui a été déjà fait avec quelques différences», s’inquiète l’auteur.
À lire aussi : L’intelligence artificielle, une odyssée vers l’inconnu
La décision du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) sur la demande d’exemption à la Loi sur les nouvelles en ligne pour Google se fait attendre. Les consultations publiques sont terminées, depuis le 26 aout.
À lire aussi : Entente Google : les médias de langues minoritaires sur leurs gardes
Google a négocié une exemption de 5 ans à la Loi sur les nouvelles en ligne adoptée en juin 2023. Le Collectif de journalisme canadien (CJC) a été choisi au début de l’été par Google afin de recevoir et distribuer les 100 millions de dollars par an aux médias canadiens. Le CRTC évalue présentement si cette entente répond aux demandes de la Loi.
Contacté par Francopresse, le CRTC a répondu par courriel qu’il «travaille rapidement». «Mais comme il s’agit d’une question faisant l’objet d’une instance ouverte, nous ne pouvons accorder une entrevue ou commenter davantage.»
L’agenda du Collectif canadien de journalisme (CJC) rappelle que le 7 octobre est la date limite pour recevoir une réponse, sans quoi il ne pourra pas distribuer les fonds avant la fin de l’année 2024.
Le député franco-ontarien Francis Drouin a pris la décision de quitter le Comité permanent des langues officielles mardi.
À lire aussi : Francis Drouin quitte le comité des langues officielles
Pablo Rodriguez a remis sa démission en tant que ministre des Transports fédéral et lieutenant du Québec. Il sera candidat à la chefferie du Parti libéral québécois.
L’autre départ, cette fois du caucus libéral, est celui du ministre des Transports et lieutenant politique de Justin Trudeau au Québec, Pablo Rodriguez. Il a été remplacé jeudi par Jean-Yves Duclos comme lieutenant du Québec, tandis qu’Anita Anand prendra le portefeuille des Transports.
Pablo Rodriguez se lance dans la course à la chefferie du Parti libéral du Québec. Plusieurs de ses collègues du caucus fédéral ont assuré en mêlée de presse mercredi que sa décision n’était pas liée à l’échec des libéraux aux élections partielles de lundi à Montréal (détails ci-dessous).
Il continuera de siéger à Ottawa comme député indépendant, «pour éviter une élection partielle couteuse à quelques semaines, peut-être quelques mois, d’une élection fédérale», a-t-il assuré en conférence de presse, jeudi.
Les libéraux ont essuyé mardi un revers électoral dans la circonscription montréalaise de LaSalle–Émard–Verdun, un des bastions du parti.
Le Bloc québécois l’a remporté avec 28 % des voix, à peine plus de 200 voix devant les libéraux (27,2 %). Le Nouveau Parti démocratique (NPD) est arrivé troisième avec 26,1 % des voix.
Le Parti libéral a de plus terminé troisième à l’élection partielle de la circonscription manitobaine d’Elmwood–Transcona. Son candidat, Ian MacIntyre, a obtenu seulement 4,8 % des voix, soit 10 % de moins que lors de l’élection de 2021.
Leila Dance du NPD l’a emporté avec 48,1 % des voix tandis que le Parti conservateur a obtenu 44 % du vote.
La nouvelle députée du NPD pour la circonscription manitobaine d’Elmwood– Transcona, Leila Dance, lors du caucus hebdomadaire du parti mercredi.
Juste avant la réunion de son Cabinet, mardi, le premier ministre a analysé qu’il y avait là «plusieurs sortes de réflexions à mener à ce sujet».
«C’est sûr qu’on a du travail à faire puis on va le faire, et moi, aujourd’hui, je me concentre sur ce qu’on doit livrer pour les Canadiens», a-t-il dit en mêlée de presse.
«La Chambre n’a pas confiance dans le Premier ministre et le gouvernement.» Tels sont les mots inscrits dans la motion de censure que le Parti conservateur de Pierre Poilievre déposera mardi au Parlement et qui sera votée le jour suivant.
Le Bloc québécois a assuré à plusieurs reprises qu’il votera contre. Non pas par allégeance au gouvernement, mais parce qu’il souhaite notamment faire passer le projet de loi sur l’augmentation de la pension pour les ainés.
«On a de très bonnes chances d’obtenir ce que l’on veut», a affirmé Yves François Blanchet en mêlée de presse, jeudi.
Il a été suivi par le chef du NPD, qui a affirmé en conférence de presse le même jour que son parti ne votera pas non plus en faveur de la motion de la semaine prochaine.
Mercredi, Ottawa a de nouveau serré la vis à la venue de travailleurs temporaires.
Les principaux changements touchent les travailleurs à bas salaires faisant partie du Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET). La limite ne sera plus de 20 %, mais de 10 % de TET par entreprise.
Des exceptions concernent les secteurs des soins de santé, de la construction et de la fabrication d’aliments, où le plafond de 20 % est maintenu.
De plus, les études d’impact sur le marché (EIMT) ne s’appliqueront que dans les régions métropolitaines où le taux de chômage dépasse les 6 %, sauf dans les secteurs protégés.
Le gouvernement fédéral va aussi réduire de 10 % le nombre de permis d’études octroyés aux étudiants étrangers, avec un nouvel objectif de 437 000 permis délivrés en 2025 et 2026. «Une baisse d’environ 36 % par rapport à 2023», a précisé le ministre de l’Immigration, Marc Miller, en conférence de presse mercredi.
Les critères d’admissibilité au permis de travail postdiplôme devraient également changer dès le 1er novembre prochain, avec de nouvelles exigences linguistiques.
Ottawa priorise les étudiants étrangers qui ont fait des études supérieures. La filière d’études choisie devra aussi s’aligner sur les secteurs en pénurie de travailleurs.
En aout dernier, le gouvernement avait déjà annoncé des restrictions concernant les travailleurs temporaires.
Dans un communiqué de presse, Collèges et instituts Canada déplore que les mesures feront «un tort considérable», notamment dans «les collectivités locales».
La vice-première ministre Chrystia Freeland a dévoilé le détail des changements aux prêts hypothécaires, inscrits au budget 2024.
La ministre des Finances, Chrysta Freeland, a annoncé lundi que tous les acheteurs d’une première maison pourront amortir leur prêt sur 30 ans à partir du 15 décembre.
Depuis le 1er aout, seules les propriétés nouvellement construites étaient admissibles.
De plus, le plafond pour les prêts hypothécaires assurés passe de 1 million à 1,5 million de dollars. Un prêt assuré touche les acheteurs qui font une mise de fonds de 5 à 20 % seulement.
L’indice des prix à la consommation a dégringolé à 2 % au mois d’aout, a indiqué Statistique Canada mardi, soit 0,5 point de pourcentage de moins qu’en juillet. Il s’agit de la plus faible hausse enregistrée depuis février 2021.
Selon l’agence, cette baisse est liée au prix de l’essence, sans quoi l’indice des prix à la consommation (IPC) serait à 2,2 % en aout.
C’est le cout de l’intérêt hypothécaire et les prix des loyers qui «ont contribué le plus à l’augmentation de l’IPC en aout», ajoute Statistique Canada.