le Vendredi 14 novembre 2025

J’ai longtemps perçu la course à pied comme le sport le plus ingrat qui soit. Je ne voyais pas l’intérêt de courir sans but. Je pensais qu’il me fallait un ballon, une raquette ou un vélo pour m’amuser. Et puis le confinement est arrivé.

La seule pratique sportive extérieure autorisée en France, où j’habitais à l’époque, était la course à pied. Alors, comme beaucoup de monde, j’ai pris mes baskets pour vagabonder dans les rues désertes.

Au début, je courais lentement, ce qui ne m’empêchait pas de souffrir. Courir 30 minutes sans m’arrêter était un calvaire ; plusieurs muscles jusqu’alors délaissés me rappelaient douloureusement qu’ils existaient.

Et puis j’y ai pris gout. J’ai aimé courir par -20 °C cet hiver. J’ai aimé faire des répétitions intenses, à devoir finir par marcher en fin de séance.

Anthropologie

Plus que tout, j’ai aimé mes longues séances du samedi matin, où j’ai couru parfois plus de deux heures trente, un balado dans les oreilles. À tel point que, lors des belles journées d’été, j’avais envie de courir deux fois par jour (sans forcément le faire, il faut savoir ménager sa monture).

Pendant mes longues heures à fouler le goudron, j’ai eu le temps de me poser cette question : comment suis-je passé d’une phase de détestation d’un sport – qui est d’ailleurs parfois vu comme une punition dans les cours d’éducation physique à l’école – à une phase d’amour fou en si peu de temps?

— Timothée Loubière

Il y a des raisons personnelles évidemment (gout de la performance, pratique extérieure), mais pas seulement. Je me suis beaucoup informé sur les secrets de cette discipline.

Un bon point de départ est sans doute l’approche anthropologique du livre Born to Run de Christopher McDougall qui rappelle, avec l’exemple du peuple mexicain des Tarahumara, que l’Homme est fait pour courir.

Nous sommes des bipèdes, plus lents que beaucoup d’autres animaux, mais beaucoup plus endurants. Pour capturer nos proies, on se devait de les épuiser en les chassant longtemps.

Dans nos sociétés modernes, où la nourriture nous est livrée sur le pas de la porte, cette endurance remarquable tend à être profondément enfouie. Mais l’évolution est lente et nos capacités biomécaniques sont toujours bien présentes, et la pratique régulière permet de la faire ressurgir.

Endorphines

D’un point de vue biologique, une donnée explique beaucoup de choses dans l’amour de la course à pied : la sensation de bienêtre à la fin de sa sortie. L’explication est simple. Quand on court, le système nerveux central libère des endorphines, les hormones du plaisir. C’est pour cette raison que le coureur a envie de retourner courir, pour sa propre satisfaction.

Un sentiment de satisfaction qui est renforcé par notre progression.

Avec un entrainement un minimum régulier et bien équilibré, quand on est débutant, on progresse vite. On court plus rapidement, plus longtemps, en se fatiguant moins.

Aujourd’hui, on peut partager nos exploits sur le réseau social Strava, où nos amis nous encouragent en envoyant des «kudos» et où l’on peut se comparer aux autres – ce qui s’accompagne nécessairement d’inconvénients.

Espérance de vie

Et que dire des bienfaits sur notre santé, pas toujours visibles au premier abord, mais bien réels? La liste est longue : renforcement du cœur, perte de poids, prévention des risques de diabète, de cholestérol ou encore d’hypertension…

C’est bien simple, une étude montre que courir, même de façon modérée, augmente de façon conséquente notre espérance de vie.

De plus, contrairement à la croyance très répandue qui veut que courir s’avère néfaste pour les genoux, la pratique de la course serait plutôt bénéfique en cas d’arthrose du genou, comme l’explique Blaise Dubois, physiothérapeute et fondateur de la Clinique du coureur.

Il y a aussi des répercussions bénéfiques indirectes. Quand on se fixe un objectif ambitieux, que l’on passe de nombreuses heures hebdomadaires à s’entrainer, on ne veut pas voir tous ses efforts gâchés par une hygiène de vie douteuse.

Ainsi, en me préparant pour le marathon, j’ai appris à mieux manger et à dormir davantage, deux piliers indispensables pour progresser. Car pour que le corps se renforce, s’entrainer c’est bien, mais bien récupérer l’est tout autant.

C’est simple, depuis que je me suis mis sérieusement à courir, je me sens beaucoup mieux, et ce, je tiens à le préciser, sans avoir la sensation de me priver de quoi que ce soit.

Reste le cas des personnes qui, pour une raison X ou Y, souvent liée à une pathologie, ne peuvent pas courir. Et bien la bonne nouvelle c’est que tous les bénéfices énoncés plus haut ne sont pas exclusifs à la course à pied. D’autres sports d’endurance, comme le vélo ou la natation par exemple, sont excellents pour la santé. Qu’attendez-vous pour vous y mettre?

Timothée Loubière est journaliste pupitreur au quotidien Le Devoir. Avant de poser ses valises au Québec en 2022, il était journaliste sportif en France, notamment au journal L’Équipe.

Faux pas à la Chambre

Lors de la visite du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, le 22 septembre à Ottawa, des députés se sont trouvés dans l’embarras après avoir applaudi Yaroslav Hunka, un vétéran ukrainien ayant combattu avec une unité nazie lors de la Seconde Guerre mondiale.

L’ancien président de la Chambre des communes, Anthony Rota.

Photo : Archives Le Voyageur

Le président de la Chambre des communes, Anthony Rota, avait invité le vétéran, qui habite dans sa circonscription de Nipissing-Temiskaming, à recevoir une reconnaissance du Parlement.

Dans une déclaration en chambre lundi, Anthony rota a présenté ses excuses et a pris l’entière responsabilité de cet acte. Il a assuré qu’il ne connaissait pas le passé de Yaroslav Hunka au moment de faire son éloge. «Je ne pense pas avoir vécu une période aussi difficile en chambre depuis mon arrivée en 2004», a-t-il confié.

Mardi matin avant la réunion de cabinet, la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, et la leadeure du gouvernement à la Chambre, Karina Gould, ont invité le président à remettre sa démission. Quelques heures plus tard, Anthony Rota a perdu l’appui de tous les partis et a tiré sa révérence.

Mercredi, le premier ministre a présenté «les plus sincères excuses du Parlement». Anthony Rota était «l’unique responsable de l’invitation lancée à cet homme et de l’hommage qui lui a été rendu», a déclaré Justin Trudeau.

Le député bloquiste Louis Plamondon agit à titre de président intérimaire de la Chambre des communes depuis mercredi soir. L’élection d’un nouveau président aura lieu le mardi 3 octobre.

Lundi, le NPD et le Bloc québécois ont réclamé la démission du président de la Chambre.

Le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, a accusé le bureau du premier ministre, «chargé d’organiser et d’approuver tous les invités et programme des visites d’État de ce type», a-t-il écrit sur X.

Le président russe Vladimir Poutine a souvent défendu son invasion de l’Ukraine en prétendant procéder à une dénazification du pays. Sur la plateforme X, l’ambassade russe a accusé le Canada d’«ouvertement et sans aucune hésitation, glorifier les bouchers nazis».

Nouveaux fonds pour le logement et démolitions au chemin Roxham

Le ministère des Finances a annoncé mardi que la limite annuelle du programme d’Obligations hypothécaires du Canada passerait de 40 milliards à 60 milliards.

Selon le ministre du Logement, Sean Fraser, le programme d’Obligations hypothécaires du Canada permet de construire plus de logements. 

Photo : Marianne Dépelteau – Francopresse

Ce nouveau financement devrait permettre la construction de 30 000 logements locatifs.

Le programme, géré par la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), offre une assurance prêt hypothécaire et une titrisation pour la construction.

«Nous éliminons le risque de l’équation pour les prêteurs, a expliqué le ministre du Logement, Sean Fraser, en conférence de presse mardi. En intensifiant notre titrisation, nous pouvons fournir une assurance de sorte que les institutions financières qui prêtent l’argent ne courent pas autant de risques, ce qui leur permet de prêter à un taux plus bas.»

«Lorsque les taux sont plus bas pour les constructeurs, ces derniers construisent davantage de logements», a-t-il ajouté.

La ministre des Finances, Chrystia Freeland, a assuré que cette mesure n’impliquait «aucun impact fiscal pour le gouvernement du Canada».

La Gendarmerie royale du Canada (GRC), présente pendant six ans sur ce passage entre le Québec et les États-Unis, a démoli sa dernière installation lundi.

Le chemin Roxham a été fermé le 25 mars dernier suite à un accord conclu entre Ottawa et Washington, dans le cadre de la modernisation de l’Entente sur les tiers pays sûrs. C’était auparavant un point de passage irrégulier par lequel passaient des migrants souhaitant présenter une demande d’asile au Canada.

À lire aussi : Visite officielle de Joe Biden : la frontière fermée à l’immigration irrégulière dès le 25 mars

Élections au Manitoba et nouvelles données sur l’immigration

Les élections provinciales du 3 octobre au Manitoba donnent lieu à une lutte serrée entre le Nouveau Parti démocratique (NPD) et le Parti progressiste-conservateur actuellement au pouvoir.

Le NPD, parti de l’opposition officielle dirigé par le député Wab Kinew, mène présentement dans les sondages. S’il remporte l’élection, il deviendra le premier premier ministre provincial issu des Premières Nations.

Wab Kinew centre sa campagne sur la santé et l’équilibre budgétaire. En entrevue avec Radio-Canada, il a affirmé que le français faisait partie du patrimoine et de l’avenir de la province.

Il s’est notamment engagé à rétablir un poste de sous-ministre adjoint au Bureau de l’éducation française (BEF) et d’embaucher plus de personnel dans le département.

Le candidat a en outre confirmé son intention de rétablir une cible d’immigration francophone.

Selon Statistique Canada, la population d’immigrants temporaires (2,2 millions) a dépassé celle des Autochtones au Canada (1,8 million). Soit une hausse de 46 % de résidents non permanents par rapport à l’année dernière.

Cette augmentation est la plus importante observée depuis que des données comparables sont accessibles (1971-1972), rapporte l’agence fédérale.

Les résidents non permanents comprennent, entre autres, les travailleurs étrangers temporaires, les étudiants étrangers et les demandeurs d’asile.

De juillet 2022 à juillet 2023, près de 98 % de la croissance de la population au Canada était due au solde migratoire international. Seulement 2 % provenaient de la différence entre les naissances et les décès.

En 2010, un rapport de l’UNESCO identifiait 86 langues autochtones au Canada, selon les données du recensement de 2001. Ces langues se trouvaient soit en situation «vulnérable», «en danger certain», «sérieusement en danger» ou en «situation critique».

À l’époque, les langues en danger n’étaient parlées que par 10 % des locuteurs, l’autre 90 % ayant comme première langue parlée une langue autochtone viable.

Aujourd’hui, le Canada enregistre un déclin continu du nombre de locuteurs.

Selon le recensement de 2021, environ 237 420 Autochtones déclaraient «pouvoir parler une langue autochtone assez bien pour pouvoir tenir une conversation». Une baisse de 4,3 % comparativement à 2016.

Le nombre d’Autochtones ayant déclaré une langue autochtone comme la première langue apprise à la maison durant l’enfance a baissé de 7,1 % par rapport à 2016, et une hausse de 6,7 % a été enregistrée pour les langues autochtones comme langue seconde.

Une réappropriation des langues autochtones

Belinda kakiyosēw Daniels fait de la recherche en lien avec les langues autochtones.

Photo : Quin Bay

Selon Belinda kakiyosēw Daniels, professeure nēhiyaw en éducation autochtone à l’Université de Victoria, en Colombie-Britannique, cette augmentation vient de locuteurs et d’apprenants qui se réapproprient la langue et qui la rapportent à la maison.

Elle constate un développement lent, mais certain, de programmes de langue seconde, d’immersion et de cours de langues autochtones : «Il y a un intérêt grandissant.»

«Il y a aussi la récente Loi sur les langues autochtones, ça va aider, assure-t-elle. On a aussi un commissaire aux langues autochtones et trois directeurs. Toutefois, on a besoin de politiques à travers le pays ou par province.»

Elle rappelle qu’en 2022, le mi’kmaw est officiellement devenu langue d’origine en Nouvelle-Écosse. Selon la professeure, il faut «plus d’occasions et d’expériences de ce genre dans chaque province».

«Je ne sais pas pourquoi le gouvernement canadien pense que c’est si compliqué. Si tu vas en Europe, c’est très multilingue. Le Canada peut être de cette façon aussi.»

La Loi sur les langues autochtones a reçu la sanction royale en juin 2019 et découle d’appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation.

Maintenant, «il faut de nouvelles politiques, des provinces, des conseils scolaires, des lois sur l’éducation qui aident à implanter la Loi sur les langues autochtones», détaille Belinda kakiyosēw Daniels.

La professeure indique également un besoin d’occasions et d’incitations liées à l’emploi où ces langues peuvent être employées.

Manque de formateurs

Aujourd’hui candidat aux élections provinciales manitobaines, Robert-Falcon Ouellette est professeur agrégé en éducation autochtone à l’Université d’Ottawa et membre de la nation crie Red Pheasant en Saskatchewan. Il explique que la perte d’une langue engendre une perte de fierté.

Le monde se questionne s’ils sont de vrais autochtones : “Ça fait trois générations, nous ne vivons plus sur des réserves, je suis autochtone mais je ne participe pas, je ne suis pas pratiquant dans les cérémonies traditionnelles” […] Ils ont le sentiment de ne pas être de vrais participants dans leur propre culture.

— Robert-Falcon Ouellette

L’ancien député fédéral libéral est heureux de constater une initiative de conseils scolaires qui invitent des Ainés autochtones et des conseillers pédagogiques spécialisés sur les questions autochtones dans les écoles.

«[Les Ainés] vont dans des classes d’école et font des présentations, parlent avec les jeunes, organisent des activités, parfois enseignent la langue, l’histoire, les enseignements traditionnels autochtones, la connaissance traditionnelle.»

Mais il s’interroge : qui forme ces intervenants?

Robert-Falcon Ouellette est professeur agrégé en éducation autochtone à l’Université d’Ottawa.

Photo : Courtoisie

«Il n’y a pas d’université ou de collège qui octroie un diplôme à un Ainé pour dire qu’il est qualifié et qu’il sait de quoi il parle, rappelle le professeur. C’est la même chose avec les conseillers pédagogiques. Ils ont peut-être beaucoup lu sur les Autochtones dans des cours universitaires, peut-être qu’ils ont suivi un microprogramme. […] Ils peuvent démontrer dans les livres ce que sont les Autochtones, mais est-ce qu’ils connaissent vraiment la vie ou les vraies traditions, les anciennes traditions des peuples autochtones?»

D’après lui, dans le cadre de la réconciliation, ça peut être très encourageant pour un jeune Autochtone de constater qu’un non-Autochtone a appris «au moins quelques mots».

«Ça devient un moment important pour le jeune de dire que sa langue est importante et que lui aussi devrait la connaitre.»

Mais la même question lui revient à l’esprit : qui sont les enseignants qualifiés?

Le pouvoir de la langue

«Si tout le monde parlait sa langue autochtone, nous aurions un sens d’identité et de connexion à la terre, et nous serions capables de nous exercer avec souveraineté», affirme Belinda kakiyosēw Daniels.

Selon elle, «ça ne serait pas l’intérêt de la Couronne britannique», qui a longtemps tenté d’assimiler les peuples autochtones.

Il y a une raison pour laquelle nos langues ont été attaquées, pour laquelle nos enfants ont été pris, volés, kidnappés et trafiqués. Ça nous a pris un moment pour nous relever et nous réapproprier qui nous sommes, et la langue est la chose la plus importante pour la Nation.

— Belinda kakiyosēw Daniels

La chercheuse appelle le gouvernement fédéral, les provinces et les municipalités à davantage mettre en œuvre la Loi sur les langues autochtones afin de les revitaliser, mais doute du travail effectué actuellement.

«La question que je me pose, c’est qui s’en occupe? Qui fait le travail? Parce que de mon expérience et de ce que je vois, de l’endroit où je suis, c’est principalement les Premières Nations qui font le gros du travail quand il s’agit de revitaliser nos langues.»

Michèle Audette a prêté serment lors de sa nomination au Sénat en français et en innu-aimun.

Photo : Courtoisie

Le statut des langues autochtones

Les débats entourant le projet de modernisation de la Loi sur les Langues officielles (LLO), adoptée en juin dernier, ont laissé place à une discussion sur la place des langues autochtones dans le préambule de cette loi.

La sénatrice innue-québécoise, Michèle Audette, a proposé des amendements de reconnaissance des langues autochtones dans la nouvelle Loi sur les langues officielles. Ses propositions d’amendements ont été rejetées, n’ouvrant pas la porte vers un statut plus officiel pour les langues autochtones.

À lire aussi : Refonte des langues officielles : «pas le véhicule» pour les langues autochtones

«La langue est ce qui nous donne notre identité, notre culture, notre relation à un territoire, nos responsabilités, une histoire, une vie contemporaine et nos aspirations pour demain», avait déclaré la sénatrice lors de la troisième lecture du projet de loi C-13 au Sénat, le 15 juin 2023.

«Je suis convaincue que dans 10 ans, les langues autochtones seront ajoutées comme langues officielles, avait-elle dit. Le fait qu’il y ait la Loi sur les langues autochtones est encourageant, cependant les droits et pouvoirs ne seront pas égaux à ceux que possèdent les langues officielles.»

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L’esprit de la langue

Pour Belinda kakiyosēw Daniels, la langue n’est pas juste un moyen de communiquer, mais aussi un moyen de comprendre le monde dont nous faisons partie.

Elle explique que plusieurs termes de langues cries font référence à des éléments de la nature, comme «miskîk» pour les yeux et kîsik pour le ciel.

La langue reflète alors le rapport à la nature : «Nous faisons partie de la nature. Les colons croient posséder la nature.»

«Apprends une langue autochtone et tu apprendras une autre vision du monde quand tu vois l’environnement. Tu comprendras que cet arbre, cette montagne, sont des esprits vivants, dit-elle. Apprendre une langue autochtone aide à découvrir cette manière de voir le monde, et d’être connecté à lui.»

* Les segments de ce texte produits avec l’assistance d’un robot conversationnel sont clairement identifiés.

Fonction d’autocorrection de notre téléphone cellulaire, application de traduction automatique d’un texte en ligne, assistant virtuel personnel comme Alexa prêt à nous faire jouer notre chanson préférée. Nous utilisons tous l’intelligence artificielle (IA) dans notre quotidien, parfois même sans le savoir.

L’IA est utile, elle améliore notre efficacité. Elle semble aussi nous rendre plus «intelligents» en nous permettant d’accéder à des connaissances et des méthodes de travail qui étaient réservées jusqu’alors à des experts. Il suffit d’une recherche rapide pour comprendre que le métier de journaliste est l’un des plus menacés par l’arrivée de l’IA, plus précisément, l’IA générative.

L’IA dite «traditionnelle» permet d’automatiser des tâches ou d’exécuter des opérations comme la traduction ou des calculs complexes. L’IA générative, comme son nom l’indique, génère des contenus à partir de gigantesques bases de données. Elle a la capacité de créer notamment de l’audio, des images, des vidéos et des textes de toutes sortes, dont des articles journalistiques. Ses capacités sont immenses.

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Distinguer le vrai du faux

Heureusement, les médias dignes de confiance sont plutôt prudents dans l’intégration de l’IA générative dans leur salle de rédaction.

À titre d’exemple, le Los Angeles Times utilise depuis quelques années le robot Quakebot pour rédiger des articles dans les minutes suivant un tremblement de terre. Le texte est ensuite soumis à un secrétaire de rédaction – en chair et en os –, qui jugera si l’article mérite d’être publié. Dans l’affirmative, par souci de transparence, le journal y ajoutera une mention précisant qu’il a été généré par une intelligence artificielle.

Malheureusement, de «prétendus médias» utilisent l’IA générative pour produire des articles d’apparence journalistique. Ces textes comportent une fausse signature et sont publiés sans vérification des faits.

Certains médias ont même l’audace de publier un «guide de déontologie» et une «politique d’information» sans déclarer qu’aucun être humain n’assure la validité des données derrière la machine. L’audience n’y voit que du feu.

Et pourquoi des médias agissent-ils ainsi? Simplement pour empocher des revenus publicitaires.

Ces producteurs malveillants de contenus réussissent à se faufiler dans les moteurs de recherche, sur les réseaux sociaux et participent activement à la mésinformation et à la désinformation.

En plus du contenu écrit, il ne faut pas oublier que des systèmes d’IA générative réussissent à produire de l’hypertrucage [deepfake], c’est-à-dire une création ou une altération numérique de contenu visuel, audio ou vidéo usurpant l’identité d’une personne.

En février dernier, le premier ministre du Canada a d’ailleurs fait l’objet d’un hypertrucage dans une fausse entrevue avec l’animateur américain Joe Rogan.

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Occasion à saisir avec prudence

L’intelligence artificielle offre une tonne d’outils qui facilitent la vie des journalistes. Que ce soit des outils de transcription d’entrevues, de traduction de documents, de compilation de statistiques et j’en passe. Somme toute, des outils qui permettent de gagner du temps et d’automatiser les tâches peu stimulantes.

Mais l’IA ne peut pas remplacer, du moins encore, la sensibilité du journaliste. Elle ne permet pas d’interpréter un silence dans une entrevue ou encore d’aller chercher l’émotion chez un interlocuteur. Elle ne parvient pas non plus à s’adapter à une audience cible et ne tient pas compte du contexte culturel comme le font nos journaux locaux par exemple.

Par curiosité, j’ai demandé au robot conversationnel Chat GPT (consultez la conversation complète) de déterminer les risques de l’utilisation de l’IA générative en journalisme. Il est arrivé à la liste suivante :

  1. Diffusion de fausses informations
  2. Perte de confiance [envers les médias]
  3. Biais algorithmique (reproduction de préjugés)
  4. Remplacement des journalistes
  5. Perte de créativité et de perspectives humaines
  6. Utilisation abusive par les gouvernements ou les acteurs malveillants (propagande)
  7. Protection de la vie privée

Une liste plutôt juste.

En fait, le robot conversationnel a repris essentiellement les mêmes points soulevés dans les divers documents publiés sur la question qui se trouvent assurément dans sa base de données.

Chat GPT y va aussi d’une sage mise en garde puisée dans ses multiples sources : «Il est important de noter que les risques associés à l’IA générative dépendent de la manière dont elle est utilisée et règlementée.» Entendons-nous que nous y avions pensé nous aussi.

Le temps est venu pour les médias de mettre la guerre des clics de côté et de travailler avec les élus et les citoyens pour baliser l’utilisation de l’IA en information. Une action qui s’inscrit dans la lutte à la désinformation, qui met à risque plus que jamais nos démocraties.

En aout dernier, des associations et des grands médias de partout dans le monde, ont signé une lettre ouverte réclamant une intervention des États afin de règlementer l’usage de l’IA. Même si les signataires se déclarent en faveur de l’utilisation de l’IA, ils réclament de «protéger le contenu qui alimente les applications d’IA et maintenir la confiance du public dans les médias qui promeuvent les faits et alimentent nos démocraties».

Se sensibiliser pour mieux s’informer

Que nous le voulions ou non, nous sommes tous ensembles dans cette aventure devant l’intelligence artificielle. D’une part, les gouvernements ont la responsabilité de légiférer, pour assurer une utilisation à bon escient de l’IA, notamment en information.

D’autre part, les médias professionnels, déjà confrontés à cette réalité, doivent s’imposer des balises d’utilisation des nouvelles technologies et mettre à jour leur politique d’information et leurs lignes directrices en matière de transparence, d’éthique et de déontologie pour maintenir le lien de confiance avec leur audience. Un média se doit d’être transparent dans tous les aspects de son travail.

En tant que consommateurs d’information, votre jugement importe.

Dans un monde où l’information nous parvient par algorithmes, par processus de référencement et par popularité de l’émetteur, vous êtes l’ultime rempart contre la désinformation.

Pour ce faire, il faut se sensibiliser au travail journalistique et il faut faire de la sensibilisation. Une bonne compréhension citoyenne du journalisme et des médias solidifiera nos démocraties.

Selon un sondage d’Abacus Data publié le 14 septembre, 37 % des répondants âgés de 18 à 29 ans voteraient pour le Parti conservateur contre 22 % pour le Parti libéral, si des élections devaient avoir lieu.

Pour les 30-44 ans, l’écart est similaire : 40 % voteraient pour le Parti conservateur, 22 % pour les libéraux.

Le sondage démontre aussi que les électeurs, tous âges confondus, dans l’hypothèse que des élections auraient lieu aujourd’hui, 41 % des électeurs engagés voteraient pour les conservateurs, contre 26 % pour les libéraux.

Pourtant selon certains politologues, les jeunes électeurs sont traditionnellement tournés plus vers la gauche que la droite politique.

Selon le professeur en sciences politiques Frédéric Boily, en raison de la situation économique actuelle, les jeunes sont moins captifs face aux discours du Parti libéral et du Nouveau parti démocratique.

Photo : Courtoisie

Inflation et crise du logement

Pour Frédéric Boily, professeur en sciences politiques au Campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta, plusieurs facteurs expliquent l’érosion du vote libéral chez les jeunes, à commencer par la situation économique actuelle.

«La rareté du logement fait en sorte qu’il y a une préoccupation ici qui touche particulièrement les jeunes», observe le chercheur.

«Les jeunes sont touchés comme tout le monde, mais plus de plein fouet par la question du chômage, la question de l’inflation, la question de l’accès à un logement… Même louer un appartement ça devient difficile, ça devient très cher», renchérit Roger Ouellette, professeur en sciences politiques à l’École des hautes études publiques de l’Université de Moncton.

Le bassin d’électeurs dans la trentaine a de la difficulté à s’acheter des propriétés en raison des taux d’intérêt élevés, ajoute le politologue.

«Les gens de ma génération, on est plus âgé, on est en fin de carrière, la maison est payée, on n’a pas de dettes, le jeune lui commence dans la vie.»

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Le vote francophone

Selon Roger Ouellette, la majorité des francophones canadiens vote traditionnellement pour le parti libéral. Que ce soit au Québec ou au sein des minorités, le Parti conservateur n’arrive pas à connecter de manière significative le vote francophone.

Frédéric Boily abonde dans le même sens. «Il y a eu [dans le passé] une mobilisation francophone en milieu minoritaire très forte contre les conservateurs», constate-t-il. Le parti conservateur «était pratiquement un adversaire des communautés francophones».

Cependant, le professeur franco-albertain n’exclut pas la possibilité qu’il y ait des francophones qui songent à changer de parti pour les mêmes raisons socioéconomiques discutées plus haut.

Le message des conservateurs

Même si les conservateurs concentrent leur message sur les enjeux du logement et de l’économie, ils évitent de parler des valeurs qui touchent principalement les jeunes, tels que le conservatisme social et religieux ou la question de l’avortement, remarque Frédéric Boily.

Bien que les jeunes canadiens gardent les mêmes valeurs qu’auparavant, comme l’environnement, «ils sont préoccupés par des questions de nature économique, plus terre-à-terre», souligne le politologue.

Pour lui, le message porté par le chef conservateur, Pierre Poilievre, peut incarner, «jusqu’à un certain point, une sorte de renouveau ou incarner la jeunesse, par rapport à Justin Trudeau qui commence à être là depuis longtemps dans le paysage politique».

Le politologue Roger Ouellette soutient que le jeune électorat canadien subit les conséquences de l’inflation et du taux d’intérêt élevé.

Photo : Courtoisie

«L’usure du pouvoir»

Le Parti libéral est frappé par ce que les experts appellent «l’usure du pouvoir». 

Roger Ouellette rappelle que le premier ministre actuel, Justin Trudeau, avait défait le gouvernement conservateur de Stephen Harper en 2015, alors qu’il entamait sa dixième année au pouvoir.

Après presque 10 ans de gouvernement libéral, «on dirait que les Canadiens ont envie de changer d’équipe ou de changer de premier ministre», lance-t-il.

Le professeur soutient par ailleurs que dans la «nature de notre système politique», quel que soit le parti au pouvoir, ce dernier sera toujours pointé du doigt lorsque les choses ne vont pas bien.

D’ailleurs, le Parti conservateur blâme dans ses communications le gouvernement de Justin Trudeau, soulèvent les politologues.

«Les conservateurs disent “bien voilà, les libéraux ont dépensé sans compter, ils ont jeté de l’argent par les fenêtres et puis la résultante de cela, ça a entrainé ou ça a alimenté l’inflation”», commente Roger Ouellette.

«À la Chambre des communes, Pierre Poilievre utilisait beaucoup l’expression “Trudeauflation”», indique-t-il.

«Les conservateurs marquent constamment que c’est là le problème principal, insiste à son tour Frédéric Boily. Le Parti conservateur répète constamment ce même message-là, et il le répète sur toutes les plateformes.»

Pour lui, le gouvernement libéral est «à court de solutions» et les jeunes électeurs, tout comme la population canadienne, s’interrogent donc sur sa capacité à gouverner.

De plus, les ministres ne sont pas sortis de leur retraite à la fin du mois d’aout «avec nécessairement des solutions», déplore-t-il.

C’est sous une sécurité renforcée que le président ukrainien et sa femme Olena Zelenska ont été accueillis sur la Colline, vendredi. Plusieurs dizaines de personnes s’étaient tout de même réunies devant le Parlement brandissant fièrement les couleurs de l’Ukraine. Certains entonnaient des chants ukrainiens et d’autres criaient «Slava Ukraini», soit : gloire à l’Ukraine en français.

Il s’agit de la première visite officielle de Volodymyr Zelensky au Canada depuis le début de la guerre. Il s’était adressé au Parlement canadien une première fois en mars 2022, par visioconférence.

«Aujourd’hui, vous êtes en mesure d’être ici en personne, pour parler du combat pour votre démocratie et votre liberté», a affirmé le premier ministre du Canada en Chambre.

L’émotion était palpable devant le parlement canadien lors de la visite de Volodymyr Zelensky. 

Photo : Cr. Chantallya Louis – Francopresse

Plus de 9 milliards canadiens depuis le début de la guerre

Les 650 millions supplémentaires en aide militaire s’ajoutent aux 500 millions annoncés en juin dernier alors que Justin Trudeau était en visite à Kiyv.

Plusieurs dizaines de personnes attendaient avec fébrilité l’arrivée du président ukrainien. 

Photo : Cr. Chantallya Louis – Francopresse

Lors de son allocution dans la Chambre des communes, le premier ministre canadien a annoncé que l’argent servira à fournir à l’Ukraine 50 voitures blindées, dont des véhicules d’évacuation médicale, qui seront fabriquées par des Canadiens à London, en Ontario.

Par la même occasion, Justin Trudeau a soutenu que les 500 millions annoncés plus tôt cette année serviront entre autres à du matériel de guerre, tels que les caméras sur drone, l’entretien des chars et des munitions pour armes.

Au total, le Canada a octroyé plus de 9,5 milliards de dollars à l’Ukraine depuis le début de la guerre en février 2022.

Justin Trudeau a aussi déclaré l’imposition de nouvelles sanctions contre une soixantaine d’individus et d’entités russes en lien avec des allégations d’enlèvements d’enfants et le partage de la désinformation.

Il a aussi promis que le Canada offrira une aide macroéconomique importante pour l’année 2024 et fournira un soutien financier pour appuyer des initiatives en faveur de la santé mentale en Ukraine.

La ministre des Anciens Combattants et ministre associée de la Défense nationale, Ginette Petitpas Taylor, a d’ailleurs annoncé sur X son partenariat avec la première dame de l’Ukraine, Olena Zelenska, pour soutenir les combattants et les vétérans ukrainiens et canadiens.

«La santé mentale et le bienêtre des vétérans sont au cœur du travail de l’Institut Atlas», peut-on lire sur la publication.

Lors de sa visite dans la capitale nationale, le commandant en chef de l’Ukraine a signé une version modernisée de l’accord de libre-échange avec le Canada. L’entente permettra ainsi de favoriser le développement économique de l’Ukraine et la création d’emplois dans les deux pays.

«Monsieur le président Zelensky, j’ai indiqué clairement que notre gouvernement va se tenir à vos côtés aussi longtemps qu’il le faudra», a déclaré Justin Trudeau.

Le Parlement canadien a accueilli le président ukrainien sous des vagues d’applaudissements. 

Photo : Chantallya Louis – Francopresse

L’Ukraine remercie le Canada

Devant le Parlement, le président ukrainien a été reçu sous une vague d’applaudissements et a commencé son discours en lançant en ukrainien «gloire aux héros».

Pendant près de vingt minutes, en anglais, il a rappelé la relation étroite entre son pays et le Canada depuis plus d’une quarantaine d’années. Il a pris le temps de mentionner le monument dressé, en 1983, dans la Ville d’Edmonton pour commémorer les victimes de l’Holodomor.

«Le premier monument en l’honneur des victimes de l’Holodomor, le premier dans le monde», a-t-il lancé devant les parlementaires dont certains portaient des habits traditionnels ukrainiens.

Il a poursuivi son discours en dénonçant l’invasion de l’Ukraine par Vladimir Poutine qui dure depuis plus de 18 mois.

«Moscou essaie de contrôler l’Ukraine et il est prêt à tout même à commettre du génocide, c’est du génocide ce que les occupants font en Ukraine».

À maintes reprises pendant son allocution, il a remercié le Canada qui a ouvert ses portes à plus de 175 000 réfugiés ukrainiens qui ont fui la guerre et pour l’aide que son pays reçoit. «Merci pour votre soutien politique envers l’Ukraine».

Il a même terminé son discours en disant «Je te remercie Canada» en français.

Après son passage à Ottawa, le président Volodymyr Zelensky et le premier ministre se sont envolés vers Toronto pour prendre part à une table ronde avec des chefs d’entreprise canadiens et rencontrer la communauté canado-ukrainienne.

Yannick Proulx marche d’un océan à l’autre à la recherche d’un équilibre. Loin des impératifs de vitesse et de performance, le Montréalais veut prendre son temps. Le 15 avril dernier, il est parti en solitaire du cap Spear, à Terre-Neuve, à l’assaut du Sentier transcanadien qui traverse le Canada d’est en ouest.

Yannick Proulx est passé par Ottawa pendant son voyage sur le Sentier transcanadien. 

Photo : Courtoisie

À raison de 30 à 40 kilomètres par jour, le quadragénaire mettra environ deux ans pour parcourir les quelque 16 000 kilomètres du sentier à travers les dix provinces canadiennes. Il devrait voir se dessiner l’horizon des côtes de la Colombie-Britannique en 2025.

L’idée de cette échappée belle a germé dans la tête de Yannick Proulx à la lecture d’un livre sur l’ikigaï. Cette philosophie de vie japonaise permet de trouver sa raison d’être. Il s’agit de l’équilibre entre ce pour quoi une personne est douée, ce qu’elle aime et ce dont le monde a besoin.

«C’était il y a des années, mais j’ai compris à ce moment-là que mon aspiration profonde en accord avec mes valeurs, c’était de traverser le Canada à pied», raconte l’aventurier au bout du fil.

Deux ans de préparation

À l’époque, Yannick Proulx inscrit son ikigaï dans un carnet qu’il met précieusement de côté. Rattrapé par son rythme de vie effréné, celui qui est propriétaire d’une entreprise d’évènementiel finit par perdre la trace de son rêve. Le fameux carnet ne resurgit qu’en 2021 à la faveur d’un déménagement en pleine pandémie de COVID-19.

Yannick Proulx marche actuellement le long des Grands Lacs en Ontario. 

Photo : Courtoisie

«Avec la pandémie, ma vie a été chamboulée. J’ai pris conscience que j’étais libre de réaliser mon rêve, j’avais l’argent de côté et pas d’engagement professionnel», raconte-t-il.

Sa décision prise, Yannick Proulx met deux ans à tout organiser. Il crée une page Facebook, cherche des commanditaires, lance un appel aux Canadiens et Canadiennes qui seraient prêts à l’héberger chez eux pendant sa grande traversée. Rapidement, une centaine de personnes des quatre coins du pays se disent prêtes à l’accueillir.

Surtout, il prépare son corps à endurer des mois de randonnée avec un sac de treize kilos sur le dos. Il s’entraine inlassablement et marche encore et toujours, des plus ou moins grandes distances chaque jour.

Aujourd’hui, le marcheur laisse son esprit vagabonder le long des Grands Lacs, en Ontario. Il a d’ores et déjà traversé les provinces de l’Atlantique ainsi que le Québec.

Au-delà des paysages à couper le souffle, Yannick Proulx reste profondément marqué par les rencontres qui ont émaillé son voyage. Au bout du fil, il n’a de cesse d’évoquer la générosité et l’ouverture des gens dont il a croisé la route.

J’ai vécu des histoires à tomber de ma chaise. Il a toujours suffi que je cogne à une porte pour que les gens m’invitent chez eux. Ils me nourrissent, m’hébergent et parfois me donnent même de l’argent.

— Yannick Proulx

Une nonagénaire «allumée» et un camionneur providentiel

À Barachois, à Terre-Neuve, il passe une soirée fascinante avec une nonagénaire «allumée» aux boucles blanches, Betty. «Je n’ai pas eu le temps de me présenter qu’elle m’a invité à rentrer chez elle pour boire un café chaud. On a jasé pendant des heures de la vie, de la nature, de rien», se souvient-il dans un sourire.

À Ingonish, en Nouvelle-Écosse, un couple le soigne et l’héberge pendant deux jours alors qu’il s’est blessé le pied. Au Nouveau-Brunswick, un appel providentiel de son ancien beau-frère camionneur le sauve d’un temps glacial et d’une pluie cinglante.

«Il était là en moins de 30 minutes. Avec son camion, il a pu m’avancer jusqu’à chez moi au Québec», se remémore-t-il.

«Brulé et sans énergie», Yannick Proulx retrouve alors sa femme avec laquelle il passe une semaine et demie.

J’ai failli abandonner, mais j’ai pris du recul et je me suis dit que je me sentirais incomplet si je n’allais pas au bout.

Encouragé par son épouse, il reprend la route depuis Baie-Saint-Paul dans la région québécoise de Charlevoix, avant de redescendre vers l’Ontario.

«Faire une pause au bord de son existence»

En six mois, le voyageur a connu de nombreux moments de doute : «Le plus dur, c’est le mental. Il faut réussir à être résilient pour passer à travers la solitude. Quand je ne vois personne pendant plusieurs jours, la méditation m’aide beaucoup.»

Yannick Proulx dort parfois sous sa tente, mais il est très souvent hébergé par des gens qu’ils croisent sur la route. 

Photo : Courtoisie

Au fil des kilomètres, il a appris à se déconnecter pour s’abandonner aux sollicitations du chemin, s’ouvrir aux silences et au temps qui s’écoule. 

«La marche est une manière de respirer, de faire une pause au bord de son existence. Il n’y a aucun engagement autre que l’instant présent, estime-t-il. Quand je me prépare le matin, je ne sais pas où la vie va m’emmener. Je vis au jour le jour sans pression. J’y vais à l’intuition.»

Yannick Proulx poursuivra son cheminement jusqu’en novembre. Durant les mois d’hiver les plus froids, il retournera vivre chez lui au Québec, avant de repartir vers les Prairies en avril – «ou peut-être en mars, si je me décide à faire un mois en ski de fond».

Pour étirer le temps du voyage, l’aventurier songe déjà à revenir de Colombie-Britannique en vélo. «Chaque coup de pédale m’aidera à me préparer mentalement à revenir à la maison, je sais que le retour à la routine du quotidien peut être déprimant», précise-t-il.

Yannick Proulx ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Il parle d’un livre, mais aussi de conférences et d’ateliers dans les écoles : «Je veux inciter les gens à marcher. C’est un outil de choix pour reprendre confiance en soi et se dépasser.»

L’Inde montrée du doigt, manifestations sur l’identité de genre et convocation des grands épiciers canadiens

Crise diplomatique entre l’Inde et le Canada

Justin Trudeau a fait part de ses préoccupations aux hauts responsables du renseignement et de la sécurité du gouvernement de l’Inde.

Photo : Marianne Dépelteau - Francopresse

En chambre lundi, le premier ministre Justin Trudeau a annoncé que les organismes canadiens de sécurité avaient identifié un possible lien entre des agents du gouvernement indien et l’assassinat par balle d’un Canadien sikh en Colombie-Britannique en juin dernier.

Hardeep Singh Nijjar était une figure influente du mouvement pour l’indépendance de la région du Pendjab, en Inde, appelée Khalistan par ses militants. Selon la police, l’attaque était ciblée.

Justin Trudeau, qui était en Inde la semaine dernière, a assuré avoir «personnellement abordé la question de manière très claire avec le premier ministre [Narendra] Modi» qui a notamment demandé une coopération avec le Canada pour éclaircir l’affaire.

Dans la foulée, le Canada a expulsé un diplomate indien. L’Inde en a fait de même deux jours plus tard. Jeudi, le gouvernement canadien annonçait la réduction temporaire de son personnel consulaire et diplomatique en Inde.

Le même jour, l’organisme officiel émetteur de visas indiens au Canada, BLS International, confirmait la suspension de traitement des demandes de visas indiens.

Des manifestations et des contremanifestations sur la question de l’identité de genre ont eu lieu dans plusieurs villes canadiennes mercredi.

Photo : Chantallya Louis - Francopresse

Des opposants à l’enseignement de l’identité de genre à l’école et des défenseurs des droits des personnes LGBTQ+ se sont affrontés verbalement mercredi dans plusieurs villes du pays, notamment à Ottawa, Toronto et dans une dizaine de villes en Atlantique.

Une manifestation organisée par le groupe «1 Million March 4 Children» a rassemblé les personnes qui dénoncent une «idéologie du genre» dans les écoles canadiennes et qui, dans certains cas, revendiquent la nécessité d’informer les parents des changements d’identité de genre de leurs enfants.

Manifestants et contremanifestants ont défendu la protection des enfants.

Selon la police d’Ottawa, deux personnes ont été arrêtées dans la capitale pour affichage de matériel à caractère haineux et pour trouble d’ordre public.

La Presse Canadienne a obtenu une copie d’un message envoyé aux députés conservateurs fédéraux les avertissant de ne pas commenter publiquement les évènements.

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Justin Trudeau a quant à lui publié sur X son avis sur le mouvement : «Nous condamnons fermement cette haine et ses manifestations, et nous sommes solidaires des Canadiens et Canadiennes 2ELGBTQI+ à travers le pays — vous êtes valables et appréciés.»

Les dirigeants des cinq principales chaines d’épicerie au Canada ont été convoqués lundi pour une réunion avec le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, et la ministre des Finances, Chrystia Freeland.

Jagmeet Singh avait rencontré les PDG des grandes épiceries au pays en mars dernier. 

Photo : Marianne Dépelteau — Francopresse 

La rencontre d’environ deux heures avec les PDG de Loblaws, Metro, Costco, Walmart Canada et Empire Company Limited (la société mère de Sobeys et IGA) avait pour but de créer un plan de stabilisation des prix au Canada d’ici l’Action de grâce.

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Lundi, en mêlée de presse, François-Philippe Champagne a refusé de dévoiler les détails de ce plan.

«Ils se sont engagés formellement à appuyer le gouvernement du Canada dans nos efforts pour stabiliser les prix. C’est la première réunion avec l’ensemble des chaines d’alimentation», a-t-il indiqué, tout en refusant d’expliquer pourquoi cela n’a pas été fait plus tôt.

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Nouvelles démissions dans le dossier de la ceinture de verdure à Toronto et réduction des émissions de méthane au Canada

Le premier ministre ontarien, Doug Ford, a confirmé vendredi l’annulation des changements aux règles de zonage de la ceinture de verdure pour permettre la construction d’habitations.

Le premier ministre ontarien, Doug Ford.

Photo : Simon Séguin-Bertrand - Le Droit

L’autorisation par Doug Ford de modifier le zonage de la ceinture de verdure, une zone sous protection environnementale du Grand Toronto, a provoqué une crise politique à Queen’s Park.

Jeudi, Kaleed Rasheed, ministre des Services au public et aux entreprises est devenu le deuxième ministre ontarien à remettre sa démission en raison d’un possible conflit d’intérêts possible dans le dossier.

«J’ai hâte de prendre les mesures nécessaires pour blanchir mon nom Bureau du commissaire à l’intégrité afin de pouvoir réintégrer l’équipe du Parti progressiste-conservateur de l’Ontario dès que possible», a partagé le député de Mississauga-Est-Cooksville sur la plateforme X.

Au début septembre, le ministre des Affaires municipales et du Logement avait aussi remis sa démission à la suite d’un rapport accablant du Commissaire à l’intégrité.

Mercredi à New York, dans le cadre de l’Assemblée générale des Nations unies, Justin Trudeau a déclaré que le Canada était sur la bonne voie pour atteindre et même dépasser ses cibles pour réduire les émissions de méthane provenant des champs pétroliers.

Le ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, a quant à lui profité de l’évènement pour défendre sa politique sur la tarification du carbone : «Nous sommes fiers d’inviter les autres nations à nous […] pas seulement pour protéger notre planète, mais aussi pour soutenir nos premiers répondants qui sont sur la ligne de front des catastrophes causées par les changements climatiques.»

Le premier ministre progressiste-conservateur du Nouveau-Brunswick, Blaine Higgs, a fait réviser la politique 713 sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre. Désormais, les parents d’élèves de moins de 16 ans doivent être informés des choix de prénoms de leurs enfants.

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Le 22 aout, le gouvernement de la Saskatchewan a annoncé la même initiative, en plus de rendre obligatoire le consentement des parents pour les cours d’éducation à la sexualité, dont le contenu devra leur être rapporté au préalable.

Le premier ministre, Scott Moe, serait prêt à utiliser la clause nonobstant, qui permet de contourner temporairement certains droits de la Charte canadienne des droits et des libertés.

Consentement des parents

Six jours plus tard, c’était au tour de l’Ontario d’emboiter le pas aux deux autres provinces. Le gouvernement progressiste-conservateur de Doug Ford n’a toutefois pas précisé s’il y aurait un projet de loi ou une révision des politiques.

D’après la chercheuse Alexa DeGagne, le poids de l’identité de genre des enfants aux prochaines élections fédérales dépendra de l’évolution des débats et des stratégies des partis. 

Photo : Courtoisie

La première ministre progressiste-conservatrice du Manitoba, Heather Stefanson, a elle aussi promis d’étudier l’élargissement des droits des parents dans les écoles si elle était réélue.

Au fédéral, les membres du Parti conservateur du Canada (PCC), réunis pour un congrès il y a deux semaines à Québec, ont voté à 69,2 % en faveur d’une résolution destinée à interdire les transitions de genre des mineurs.

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Le premier ministre, Justin Trudeau, s’est prononcé contre cette résolution. À ses yeux, les débats clivants sur les personnes trans n’ont pas leur place au Canada.

Pour Pierre Poilievre, qui n’a pas encore explicitement dévoilé son opinion sur cette résolution, l’enjeu est de compétence provinciale. «Laissez les provinces gérer les écoles et laissez les parents élever les enfants», avait déclaré le chef du PCC lors d’un évènement à Moncton, en juin dernier.

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«Une grande distraction»

Selon Alexa DeGagne, professeure agrégée en études sur les femmes et le genre à l’Université d’Athabasca en Alberta, la question de l’identité de genre des enfants sert les politiciens à plusieurs égards.

Ça donne aux gens un ennemi commun. Si vous avez peur que quelque chose de mauvais arrive à des gens, peu importe à quel point c’est fondé, cette peur peut être manipulée pour unir les gens les uns contre les autres.

— Alexa DeGagne

Elle explique que l’émotion suscitée par l’orientation sexuelle et l’identité de genre facilite la manipulation : «Ce sont des sujets incroyablement intimes, personnels et émotionnels.»

Sur un sujet tabou qui «les effraie», les gens auront moins tendance à vérifier l’information, rendant la propagation de fausses informations plus facile. «C’est un sujet très frais que vous pouvez infuser avec tout ce que vous voulez.»

L’opinion des Canadiens

Selon un sondage d’Angus Reid publié en aout, 78 % des Canadiens estiment que les parents devraient être informés si leur enfant souhaite changer d’identité de genre ou de pronoms et 43 % pensent que les parents devraient consentir à ce changement.

La chercheuse considère aussi le débat comme étant «une grande distraction».

«Ce genre de tactique politique a une longue histoire. On l’a vu dans des temps d’échecs politiques, économiques, de la guerre, de l’inflation, il y a une tendance où certains gouvernements ou politiciens vont utiliser des populations marginalisées comme des boucs émissaires.»

Elle donne l’exemple de la crise du sida dans les années 1980 qui a conduit à une diabolisation des homosexuels plutôt qu’à une réflexion sur le fonctionnement des systèmes de santé.

Francesco MacAllister-Caruso fait un lien entre les débats actuels et ceux qui ont entouré le mariage homosexuel et le droit à l’avortement au Canada.

Photo : Courtoisie

Consultez le dossier : L’enseignement de l’identité de genre en Nouvelle-Écosse

L’histoire se répète

Aux yeux de Francesco MacAllister-Caruso, doctorant en science politique à l’Université Concordia à Montréal, le débat autour de l’identité de genre des enfants reste lié à l’avancée des droits 2ELGBTQIA+ et à la visibilité de la communauté. Francesco MacAllister-Caruso fait un lien entre les débats actuels et ceux qui ont entouré le mariage homosexuel et le droit à l’avortement au Canada.

Selon lui, «une peur de perdre un peu le contrôle social sur les enjeux queers et trans» s’est développée. «C’est là que vraiment les mouvements d’opposition ont commencé.»

D’après lui, cette querelle politique mijote depuis quelques années seulement, mais de vieux arguments refont surface.

«Il y a, dans ce discours-là, ce qu’on appelle la politique de la contagion. C’est la peur que le fait d’exposer les enfants aux personnes queers et trans aille en quelque sorte les convertir à notre idéologie. […] Aujourd’hui, on veut utiliser le même genre de discours, la protection des droits des enfants, sans aller jusqu’à dire que les personnes trans sont des abominations qui vont mener à la [destruction de la] société.»

Une «corde sensible»

De son côté, Alex Tétreault, activiste queer originaire de Sudbury en Ontario, considère que les politiciens parlent des enfants, «parce que c’est une corde sensible».

«En misant sur l’angle des enfants, la protection des enfants, en exploitant aussi en quelque sorte le manque de sensibilisation et de connaissance de la population générale face à ces enjeux-là […] je pense qu’il y a quand même un gain électoral», explique-t-il.

Alex Tétreault est un artiste pigiste, communicateur et activiste communautaire queer originaire de Sudbury, en Ontario. 

Photo : Bennett Malcomsom

«Si vous parlez d’enfants, soudain, les gens sont très intéressés et très réactifs et c’est quelque chose sur lequel vous pouvez miser pour les faire voter», confirme Alexa DeGagne.

Alex Tétreault rappelle que la politisation de ce genre de question n’a rien de nouveau. «Pour les personnes queers et les communautés marginalisées de façon générale, on est politisé, notre existence, nos identités, nos expériences sont politisées malgré nous.»

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L’activiste regrette la façon dont les politiques abordent cette question. «Je pense qu’il y a des acteurs qui font de la politicaille de mauvaise foi. Ce n’est pas une vraie conversation politique, c’est de la rhétorique extrémiste, c’est de la démagogie, ce n’est pas de la politique comme j’aimerais que ce soit.»

Acheter oui, mais pas n’importe où. Dans Quartier recherché, Evelyne Charuest et Corey se livrent une compétition amicale pour dénicher des résidences qui répondent aux critères et au budget des participants à l’émission.

Après avoir cerné les besoins des futurs propriétaires, chaque animateur leur présente un logement dans un quartier différent d’une même ville. «On cherche à comprendre quelle est la vie autour du bien immobilier», explique Evelyne Charuest. Aux participants ensuite de choisir entre les deux propositions et de faire une offre.

Les 16 épisodes de 24 minutes de la saison 2 de Quartier recherché seront diffusés tous les mercredis à 21 h HAE sur Unis TV.

Le premier épisode, tourné autour d’Halifax, est déjà disponible sur la plateforme TV5Unis.

Pour cette deuxième saison, le duo s’est rendu à Halifax, Moncton, Vancouver, Whistler, Squamish, Saskatoon, Winnipeg, Toronto et Montréal.

L’occasion pour les téléspectateurs de voyager d’un océan à l’autre, en français.

Sortir des grandes villes

«On voulait sortir un peu de Vancouver, de Toronto, de Montréal, des villes qu’on a revisitées bien sûr parce qu’elles sont incontournables, mais c’est bon d’aller à la rencontre des francophones de partout, pas seulement dans les grands centres», expose Evelyne Charuest.

«On voulait aller voir comment se vit Saskatoon, Winnipeg, Squamish, des villes qui bougent beaucoup, poursuit-elle. À Squamish par exemple, il y a un bassin de francophones hallucinant.»

Parmi les nouveautés de cette saison : «une plus grande variété» chez les candidats et candidates, promet l’animatrice. Des familles, des personnes seules, des premiers acheteurs, mais aussi de futurs colocataires.

«On a entre autres, à Halifax, un homme qui souhaite acheter une maison pour devenir colocataire, raconte-t-elle. Parce qu’avec la crise du logement, il se disait “moi, j’ai les moyens d’avoir accès à une propriété donc j’aimerais avoir un coup de pouce pour payer le loyer, mais aussi permettre à des gens de se loger”.»

Evelyne Charuest et Corey Loranger aident des francophones partout au pays à dénicher des biens immobiliers qui répondent à leurs besoins et à leur budget. 

Photo : Unis TV

Des prix en hausse

Au début de chaque épisode, le duo d’animateurs présente un portrait succinct du marché immobilier dans la ville où ils se trouvent : le prix moyen d’une maison ou d’un condo, l’évolution des couts d’une année à l’autre ou encore la durée de vie d’un bien sur le marché.

«On veut donner le portrait, mais ça change tellement vite, observe Evelyne Charuest. Les taux d’intérêt ont augmenté de façon spectaculaire dans la dernière année.»

Certains épisodes ont été tournés il y a plus d’un an, la situation n’est donc plus la même aujourd’hui.

Quartier recherché n’est pas une émission d’actualité, tiennent à préciser les animateurs. «Mais à travers notre émission, on ressent la pression des marchés parce qu’évidemment on va souvent mentionner le fait qu’il faut y aller rapidement avec notre offre, il faut faire un choix rapide», reconnait Corey Loranger.

«On a vu qu’il manquait beaucoup de biens dans plusieurs marchés, même des marchés inattendus, comme Winnipeg par exemple», indique Evelyne Charuest.

«Le prix a également fortement augmenté, les gens devaient constamment hausser leur budget, ajoute-t-elle. C’est une réalité qui est partagée partout au pays, pas que dans les grandes villes. On savait déjà pour Vancouver et Toronto, mais maintenant même dans les plus petites villes, même à Moncton, les prix des maisons sont maintenant beaucoup plus élevés que ce qu’ils étaient il y a deux ans ou trois ans quand on a commencé à tourner [la première saison de Quartier recherché].»

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Demande croissante dans les Maritimes

Les animateurs se sont aussi heurtés aux réalités d’un marché toujours plus tendu. «Des fois, c’était compliqué de trouver des biens qui correspondaient aux besoins des participants», commente Corey Loranger.

«On a eu des gens qui nous ont donné un budget et on n’était vraiment pas capable de cocher toutes les cases. Il fallait faire des compromis ou des concessions», détaille le Franco-Albertain.

L’animateur a notamment été surpris par le marché immobilier d’Halifax. «Halifax est en immense crise de logements. […] Elle est devenue inabordable pour les gens qui sont là-bas. C’est une ville qui est en mode d’explosion. Il y avait de la construction partout quand on était là.»

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Les Prairies sous pression

«Il y a des marchés comme celui de Saskatoon où les maisons se vendent très très rapidement, note Corey Loranger. Depuis que les villes comme Toronto et Vancouver sont rendues absolument inabordables, les gens déménagent de ces villes-là et on ressent une pression sur le marché immobilier dans les Prairies.» Notamment dans les villes de Saskatoon, Regina, Calgary et Edmonton.

«Quand nos intervenants choisissent la maison de leur choix entre les deux propriétés, ils doivent tout de suite faire une offre, même que des fois la maison se vend à notre insu», confie-t-il. Une pression de plus pour les acheteurs, pas forcément recherchée.

Marché francophone

Dans Quartier recherché, Evelyne Charuest et Corey Loranger sont accompagnés dans leur quête par un courtier immobilier francophone local. Si certains sont habitués à travailler en français, d’autres non.

«Il y a des agents par exemple qui disaient “je ne travaille pas tellement avec la communauté francophone, je devrais [le faire] plus”, témoigne Evelyne Charuest. […] Les gens ne sont pas forcément au courant du marché francophone.»

«Pour nous, c’était une fierté, mais pour eux aussi, de voir que c’était possible non seulement de vivre, mais aussi de parler, de faire des affaires en français», se réjouit l’animatrice.

«On est tellement habitués d’embaucher des services en anglais que parfois on n’y pense même pas en fait», remarque Corey Loranger.

Pour le Franco-Albertain, cet échange entre courtiers et acheteurs francophones crée de nouveaux liens au sein de la communauté. «Ça fait une différence quand on comprend d’où on vient, notre culture, notre identité, ces choses-là. Ça crée une relation de travail client-service particulière.»