le Jeudi 13 novembre 2025

Commençons avec un son lourd et grunge qui nous vient du nord du Nouveau-Brunswick. Ce son percutant, originaire de Bathurst, est le fruit d’un deuxième EP J’mettrai le feu du trio MESSE, qui figurait parmi les finalistes du dernier Gala de la chanson de Caraquet.

Le groupe MESSE. 

Photo : Annie France Noël

Dès les premiers accords de Révolution, nous pouvons facilement percevoir des influences de Led Zeppelin ou encore Rush. La formation acadienne nous propose un univers blues rock psychédélique qui accompagne des textes rappelant certaines chansons de groupes francophones québécois des années 1990 comme Notre-Dame ou encore Possession simple.  

Quelques pièces se démarquent, notamment Automne pour sa couleur un peu plus progressive. Le morceau instrumental T.O.M.I. est à couper le souffle. Il met en évidence le talent des musiciens. L’intensité de la plage Gaz est un autre exemple de la puissance du trio MESSE.

Le groupe de Bathurst se classe dans une catégorie à part au niveau de la musique acadienne. Dans cet univers se retrouvent des groupes comme Les Hôtesses d’Hilaire, La Patente ou encore Aubin pi la S.C.B. (Band).

MESSE propose aux amateurs de musique rock une trame solide grâce à des jeux de guitares intéressants et une section rythmique des plus remarquables. Les trois jeunes musiciens ont tous ce qu’il faut pour attirer l’attention des amateurs de hard rock.

T.O.M.I.
Album : J’mettrai le feu

Ballade jazz

À l’autre bout du spectre musical se retrouve l’univers manouche de Christine Tassan et les Imposteures. Après six ans d’absence, le groupe propose le nouvel album Sur la route, un retour toujours aussi généreux et savoureux avec une quinzaine de pièces; autant des chansons que des morceaux instrumentaux.

Pochette de l’album Sur la route

Photo : christinetassan.com

La formation nous offre un univers jazz manouche parsemé de quelques notes de blues et ballades, qui nous captivent dès les premiers accords.

Sur la route nous rappelle la richesse des voyages que Christine Tassan et les Imposteures ont faits au cours des dernières années. Christine Tassan et ses acolytes nous bercent, nous décrochent un sourire et nous font rêver tout au long des différentes prestations proposées.

Il y a de beaux moments sur cet opus. L’instrumental À vélo dans Stanley Park débute avec une intro à la Harmonium pour se poursuivre avec un jazz manouche ultra moderne. Louisville Blues réussit à nous faire ressentir les chaleurs humides du Kentucky grâce à une performance remarquable.

Le quatuor manouche y va même d’une relecture d’un classique de Willie Nelson. On the road again passe aisément du manouche au celtique avec une partition de podorythmie. Parlant de relecture, Je reviendrai à Montréal est à couper le souffle, un beau mélange de ballades et de manouches.

Terminons avec Balade à Vernon, parole et musique signées Christine Tassan. L’auteure-compositrice-interprète montréalaise nous offre un moment de tendresse où nous pouvons entendre sa belle voix de velours.

Sur la route
Album : Sur la route

Poète cowboy

Daniel Léger, l’un des meilleurs auteurs-compositeurs-interprètes de sa génération, nous proposait en avril 2019 son quatrième opus Groundé, le fruit d’une plume près du cœur et des émotions.

Le plus storyteller des artistes acadiens puise ses inspirations chez Bob Dylan, The Band et John Mellencamp. La toile de fond de cet album est celle de la contradiction entre l’Amérique rurale et les grands centres urbains.

Pochette de l’album Groundé

Photo : danielleger.com

Côté mélodie, Daniel Léger donne dans le country auquel il y ajoute des tons de folk, rock et blues. Buche, buche illustre bien l’univers de l’album. Jean Baptiste décrit bien une situation de plus en plus présente que nous voudrions cacher, celle du peuple contre l’exploitation des multinationales.

Rusty évoque les vraies valeurs, tout comme Semer comme on s’aime. Cette dernière est une super belle ballade country avec un texte puissant sur la richesse de l’essentiel. 

Porté par ce besoin de décrire le quotidien des vraies gens, du peuple qui l’entoure, Daniel Léger nous interpelle avec un opus solide rempli de franchise et d’images loin d’être préfabriquées.

Sur une toile de fond country aux multiples nuances, l’artiste livre des textes puissants, qui décrivent l’Amérique rurale. Proche de la complainte et du parler, il réussit vraiment à nous captiver et à nous faire réfléchir sur une Amérique que nous connaissons tous, mais que nous aimerions cacher.

Groundé
Album : Jean Baptiste

Marc Lalonde, dit Lalonde des ondes, est chroniqueur musical depuis plus de 25 ans au sein de la francophonie musicale canadienne et animateur de l’émission radiophonique Can-Rock. Il se fait un malin plaisir de partager cette richesse dans 16 stations de radio à travers le pays chaque semaine.

«Il y a urgence», lance Denis Desgagné, directeur général du RESDAC. Pour lui, ce sommet résonne comme un appel à l’aide, mais surtout un appel à l’action face à une urgence éducative croissante. Selon lui, les chiffres sont sans appel.

Le RESDAC rapporte qu’en moyenne, 52 % des francophones en situation minoritaire ont des compétences en littéracie en dessous du niveau 3, considéré comme le seuil minimum pour s’épanouir dans la société actuelle. Un chiffre qui frôle les 70 % dans certaines communautés.

«Au niveau 3, on est capable de lire des documents, les comprendre, etc. Niveau 2, on peut les lire, mais des fois on ne comprend pas ce que ça veut vraiment dire. Niveau 1, on ne peut pas lire. Cela donne une idée», commente Denis Desgagné.

Pour lui, ces statistiques permettent de comprendre, entre autres, l’assimilation et l’insécurité linguistique au sein des communautés francophones.

À lire aussi : Le discours sur le déclin du français nourrit l’insécurité linguistique

Pour Denis Desgagné, les compétences spécifiques des francophones en contexte minoritaire doivent être reconnues

Photo : Communication RESDAC

«Situation critique»

Néanmoins, le directeur général rappelle que ces chiffres sont issus d’une étude faite par le Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes (PEICA) en 2012. «On pense qu’après la COVID, les données vont être encore plus graves.»

«On est dans une pénurie de main-d’œuvre, les gens sont inquiets, les compétences n’ont jamais été aussi importantes, remarque Denis Desgagné. Les employeurs cherchent des gens avec des compétences socioémotionnelles : la créativité, l’adaptabilité, la collaboration.»

Il cite aussi comme «éléments d’urgence» actuels les questions liées à la crise climatique et à l’intelligence artificielle.

On voit la situation critique et on a besoin d’intervenir. On sait que seul, on n’y arrivera pas, la tâche est trop grande. Donc, le sommet, c’est un appel à l’aide à toutes les organisations, pour qu’elles puissent jouer leur rôle. Si on n’en fait rien, si on fait comme on faisait avant, c’est clair que les données vont augmenter.

— Denis Desgagné

«On a beau aller chercher de nouveaux francophones ailleurs, on est dans une situation où même les nouveaux arrivants ont besoin aussi de compétences.»

De nouveaux cadres de compétences

Pour faire face à ces défis, de nouveaux cadres de compétences sont nécessaires, spécifiques aux francophones qui vivent en contexte minoritaire, soutient Denis Desgagné.

Des cadres qui incluent l’affirmation identitaire, l’engagement citoyen, le vivre ensemble et le bilinguisme additif, détaille-t-il.

Il rappelle que le RESDAC et d’autres organismes se sont battus pour faire adopter un amendement à l’article 41 (3) de la nouvelle Loi sur les langues officielles.

«Le gouvernement fédéral s’engage à renforcer les possibilités pour les minorités francophones et anglophones de faire des apprentissages de qualité, en contexte formel, non formel ou informel, dans leur propre langue tout au long de leur vie, notamment depuis la petite enfance jusqu’aux études postsecondaires», précise le texte de loi.

«C’est ça qui nous permet de rêver d’un nouveau paradigme, d’un nouveau chapitre de l’éducation en français au Canada», souligne Denis Desgagné. À l’intérieur, mais aussi en dehors du cadre scolaire.

Du formel à l’informel

«La francophonie canadienne a travaillé pour avoir des écoles, des garderies, des universités, des collèges, mais il y a aussi autour de nous des associations jeunesse, des familles. C’est tout cet écosystème qui est là et encore une fois, en francophonie canadienne, on ne peut pas juste improviser comme dans les majorités», poursuit-il.

L’apprentissage peut prendre différentes formes, qu’il soit formel, non formel ou informel, insiste Denis Desgagné. Au-delà des diplômes scolaires, il cite les formations apprises dans le cadre professionnel, mais aussi chez soi, en regardant par exemple un tutoriel sur YouTube, ou encore les activités culturelles et sportives. Sans oublier les interactions sociales avec son entourage.

Avec ce premier sommet, le RESDAC espère susciter un mouvement d’engagement collectif. Environ 300 personnes de partout au pays sont attendues.

«Le sommet est un tremplin. […] On souhaite que les gens s’engagent à travailler ensemble pour faire que nos organismes, nos institutions, nos familles soient apprenantes, que le formel, le non formel et l’informel soient en synergie, qu’il y ait des parcours d’apprentissage qui se dessinent pour tous les francophones du Canada», déclare le directeur général.

Badges numériques

Le RESDAC prévoit notamment de lancer une plateforme de badges numériques pour reconnaitre les compétences acquises tout au long de la vie, y compris dans les cadres non formels et informels.

Une initiative qui existe déjà dans plusieurs pays, «mais pas dans la francophonie canadienne», assure Denis Desgagné.

Des investissements sont également prévus pour aider les organisations francophones à développer des programmes de formation adaptés à leurs besoins.

La ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social, Jenna Sudds a proposé l’amendement qui garantit le financement des garderies francophones en contexte minoritaire. 

Photo : Chantallya Louis Francopresse

En décembre 2023, le Sénat avait ajouté une motion pour inclure les mots «communautés de langue officielle en situation minoritaire» à l’article 8 du projet de loi sur l’apprentissage et la garde des jeunes enfants au Canada.

À cet effet, l’amendement garantit le financement des garderies de langues officielles en contexte minoritaire.

Après plus de 2 mois d’attente, cette motion a été acceptée à l’unanimité à la Chambre des communes.

À lire aussi : Garderie : les libéraux acceptent la motion qui garantit le financement des francophones

Une nouvelle attendue avec impatience

Les communautés francophones à travers le pays attendaient avec impatience cette nouvelle.

La présidente de la FCFA, Liane Roy, attend impatiemment la sanction royale sur le projet de loi C-35. 

Photo : Chantallya Louis – Francopresse

«La nouvelle loi fédérale sur les services de garde, qui recevra maintenant la sanction royale, confirme officiellement l’engagement du gouvernement du Canada à financer ces garderies de langue française», se réjouissent la Commission nationale des parents francophones (CNPF) et la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada dans un communiqué.

«Trop souvent, le financement des garderies de langue française échappe au radar des provinces et des territoires», ajoutent-ils.

Selon la CNPF et la FCFA, l’adoption de ce projet de loi permettra à des milliers d’enfants de fréquenter les services de garde francophones, ce qui leur garantira par la suite une scolarité en français.

Acceptée par le Sénat, mais pas sans difficultés

Cette motion à l’article 8 du projet de loi sur l’apprentissage et les services de garde avait tout d’abord été rejetée par le Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie le 9 novembre dernier.

Le directeur général de la Commission nationale des parents francophones, Jean-Luc Racine, se réjouit du vote en faveur de l’amendement au projet de loi C-35. 

Photo : Chantallya Louis – Francopresse

Pour plusieurs des sénateurs siégeant à ce comité, l’amendement proposé par le sénateur René Cormier du Nouveau-Brunswick, n’était pas un ajout nécessaire.

À lire aussi : Garde d’enfant : les demandes des minorités linguistiques écartées

La sénatrice Rosemary Moodie avait quant à elle soutenu que le projet de loi contenait déjà des dispositions qui protègent les communautés de langue officielle en situation minoritaire (CLOSM) dans l’article 7 portant sur les principes directeurs.

Un avis qu’avait réfuté François Larocque, avocat et professeur de droit à l’Université d’Ottawa. Ce dernier avait recommandé cet ajout en octobre, jugeant que l’article 7 ne garantissait pas une protection totale des minorités linguistiques devant les tribunaux.

Contre toute attente, l’amendement avait été adopté au début du mois de décembre, en troisième lecture auprès du Sénat, avec 58 en faveur contre 20 et 3 abstentions.

Le projet de loi C-35 sera renvoyé au Sénat en attendant la sanction royale.

Dépenses gouvernementales, assurance médicaments et resserrement de visas

La présidente du Conseil du trésor, Anita Anand, a déposé le 29 février les plans de dépenses du gouvernement pour l’année 2024-2025.

Anita Anand dépose le budget principal des dépenses du gouvernement. 

Photo : Chantallya Louis – Francopresse

Le budget principal s’élève à 449,2 milliards de dollars en dépenses budgétaires prévues pour 129 organisations.

«Ce budget des dépenses présente également la première étape de l’initiative visant à recentrer les dépenses gouvernementales annoncées dans le budget de 2023», détaille le Conseil du Trésor dans un communiqué.

«Environ 10,5 milliards de dollars des budgets ministériels seront réaffectés aux grandes priorités des Canadiens et des Canadiennes au cours des trois prochaines années.»

Par ailleurs, CBC/Radio-Canada recevra 1,38 milliard de dollars pour 2024-2025, une augmentation de près de 100 millions de dollars par rapport aux budgets précédents. Le radiodiffuseur public ne figure plus sur la liste des entités fédérales qui devront réduire leurs dépenses de 3,3 %.

«C’est difficile pour [CBC/Radio-Canada]», précise Anita Anand, faisant référence aux coupures annoncées au sein de la société d’État en décembre dernier. «Nous voulons maintenir l’accès aux nouvelles pour les Canadiens et les Canadiennes.»

Le Commissariat aux langues officielles verra son budget augmenter, passant de 22,5 millions à 25,3 millions de dollars.

À lire : Les compressions à CBC/Radio-Canada devraient tenir compte des francophones

Jeudi, le ministre de la Santé, Mark Holland, a déposé le projet de loi C-64, soit la Loi concernant l’assurance médicaments.

Selon le gouvernement, le projet de loi comprendra un accès universel à la contraception et aux médicaments contre le diabète.

«Le gouvernement du Canada entamera des discussions avec les [provinces et les territoires] sur la mise en place d’une couverture universelle à payeur unique», annonce Santé Canada.

Grâce à cette annonce, le Nouveau Parti démocratique (NPD) continuera d’appuyer le Parti libéral à la Chambre des communes, selon l’entente conclue il y a plus de deux ans.

«[Jagmeet] Singh et le NPD ont fait pression sur le gouvernement, grâce à l’entente de soutien et de confiance, pour qu’il mette en place un cadre pour l’assurance-médicaments», affirme le NPD dans son communiqué.

À lire aussi : Les défis des néodémocrates en 2024

Le gouvernement de Justin Trudeau va de l’avant avec le projet de loi sur l’assurance-médicaments. 

Photos : Twitter Jagmeet Signh et Marianne Dépelteau

À compter du 29 février 2024 à 23 h 30, les ressortissants du Mexique auront besoin d’un visa pour entrer au Canada. L’annonce a été faite par le ministre de l’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, Marc Miller.

Selon lui, c’est une mesure nécessaire pour créer «un équilibre dans la circulation des personnes entre nos deux grands pays et les demandes adressées au système d’immigration et aux ressources publiques du Canada».

«En 2023, les demandes d’asile émanant de citoyens mexicains représentaient 17 % de l’ensemble des demandes présentées cette année-là par toutes les nationalités du monde», ajoute Marc Miller.

Lundi, le ministre de la Justice, Arif Virani, a déposé le projet de loi C-63, qui pourrait devenir la Loi sur les préjudices en ligne.

«Ce projet de loi vise à renforcer la protection des enfants en ligne et à mieux protéger tout le monde au Canada contre la propagande haineuse et d’autres types de contenu préjudiciable en ligne», explique Patrimoine canadien dans un communiqué.

En plus d’obliger les plateformes à rendre certains contenus inaccessibles, le gouvernement prévoit de renforcer le Code criminel et d’améliorer la loi relative à la pornographie juvénile sur Internet.

Il envisage aussi de créer une commission de la sécurité numérique.

Décès de Brian Mulroney, les fonctionnaires noirs demandent plus de transparence, un élu franco-manitobain démissionne

Brian Mulroney a conclu l’historique accord de libre-échange avec les États-Unis et le Mexique (ALENA).

Photo : Wikimedia Commons

Le 18e premier ministre du Canada, Brian Mulroney, est décédé le 29 février à l’âge de 84 ans. 

«Au nom de ma mère et de notre famille, c’est avec une grande tristesse que nous annonçons le décès de mon père», a annoncé sa fille, Caroline Mulroney, sur la plateforme X. «Il est mort paisiblement, entouré de sa famille.»

En 1984, Brian Mulroney, sous la bannière du Parti progressiste-conservateur, obtient le plus grand nombre de sièges de l’histoire aux élections fédérales avec 211. Il restera au pouvoir jusqu’en 1993. Il a travaillé à créer un lien entre le Canada français et le Canada anglais et s’est opposé fermement à l’apartheid en Afrique du Sud. 

Les réactions sont nombreuses sur les réseaux sociaux. «C’est avec une grande tristesse que j’ai appris aujourd’hui le décès du très honorable Brian Mulroney, ancien premier ministre du Canada», a déclaré le premier ministre Justin Trudeau. 

«Je lui serai toujours reconnaissant pour ses conseils francs et son généreux mentorat à mon égard, a écrit pour sa part Pierre Poilievre. Tous les Canadiens lui sont reconnaissants de son immense sacrifice et de l’héritage durable qu’il nous laisse.»

Une coalition de plusieurs organismes défenseurs des droits des communautés noires a déposé une plainte contre la Commission canadienne des droits de la personne pour discrimination (CCDP).

«La requête, articulée autour du manquement de la CCDP aux Principes de Paris ainsi qu’à ses infractions au droit international relatif aux droits humains, peut-on lire dans le communiqué, constitue un jalon essentiel dans la démarche de tenir la Commission responsable de ses actions discriminatoires.»

Cette initiative vise à combattre le racisme et la discrimination systémiques au sein de la fonction publique.

La coalition appelle, entre autres, le gouvernement du Canada à prendre des mesures législatives et à modifier la Loi canadienne sur les droits de la personne, pour permettre l’accès direct au Tribunal canadien des droits de la personne.

Les organismes demandent aussi une révision de la Loi sur l’équité en matière d’emploi, pour refléter l’intersectionnalité.

À lire aussi : Racisme dans la fonction publique : un Plan d’action insatisfaisant

Le député fédéral néodémocrate Daniel Blaikie quittera son siège le 31 mars. Après plus d’une décennie en politique fédérale, il rejoint le premier ministre du Manitoba, Wab Kinew, comme conseiller principal aux affaires intergouvernementales.

Il a été élu comme député dans la circonscription d’Elmwood—Transcona au Manitoba une première fois en 2015, avant d’être réélu en 2019 et en 2021.

«Daniel Blaikie a défendu les travailleuses et travailleurs, s’est battu pour des droits de négociation collective forts et pour des pensions de retraite justes et stables», peut-on lire dans le communiqué du NPD.

«On voit que l’histoire et la contribution des Afro-Canadiens peuvent être minimisées parfois et [qu’elles] ne sont pas bien représentées dans les programmes éducatifs», admet Ronald Ajavon, directeur général au Conseil des écoles fransaskoises (CEF).

Le rôle des communautés noires dans l’édification du Canada a été puissant et il ne faut pas le négliger dans les programmes scolaires, renchérit Aïcha Benimmas, professeure titulaire à la Faculté des sciences de l’éducation à l’Université de Moncton.

«Il est nécessaire qu’il soit reconnu comme les autres composantes de toute la société canadienne», insiste-t-elle.

Pour ces deux experts, cette lacune de plusieurs programmes d’études au pays a de nombreuses conséquences, d’abord et avant tout dans les salles de classe, mais aussi par la suite dans la société.

À lire aussi : Le rôle méconnu des Afro-Canadiens dans l’histoire du Canada

L’estime de soi, la réussite scolaire et le sentiment d’appartenance

«Il faut comprendre de façon primordiale [que] le manque de représentativité a un impact sur les élèves noirs, allant à des répercussions sur la confiance en soi à l’influence sur la réussite scolaire et le sentiment d’appartenance», soutient pour sa part Ronald Ajavon.

Aïcha Benimmas croit que le manque de représentativité des Canadiennes et Canadiens noirs dans le système scolaire peut avoir des conséquences néfastes sur l’estime de soi des enfants issus des communautés noires. 

Photo : Courtoisie

Selon Aïcha Benimmas, lorsque la «catégorie sociale» de l’élève n’est pas représentée dans les activités d’apprentissage, que ce soit dans le domaine des sciences humaines, de la technologie ou autres, l’enfant verra son estime de soi en souffrir puisqu’il n’aura pas d’occasions de s’affilier à un groupe.

Il va de soi que le sentiment d’appartenance se manifeste dès le plus jeune âge, estiment les experts.

«On a un sentiment d’appartenance aussi à l’école dans laquelle on apprend, et on tisse des liens sociaux avec les camarades, explique Aïcha Benimmas. Savoir qu’il y a un silence ou une invisibilité au niveau de [sa] catégorie sociale a un effet sur comment on valorise la personne noire canadienne en tant qu’individu.»

Discrimination et intimidation

Non seulement le manque de représentativité des communautés noires dans les programmes d’études «pourrait avoir des effets néfastes sur l’estime de soi, mais ça peut aussi donner lieu à des comportements qui ne sont pas adéquats à l’égard des enfants de couleur noire», ajoute-t-elle.

Les recherches de la professeure ont montré que l’enfant ressent un malaise lors de ses interactions avec des camarades de classe issus d’autres communautés, comme les communautés blanches.

«Une mère m’a dit que son enfant change toujours d’amis [car il se fait dire] “toi tu connais rien de ce qui se passe au Canada”» ou encore se fait appeler par le mot en N, se rappelle Aïcha Benimmas.

À cet effet, les enfants issus des communautés afrodescendantes subissent à la fois de la discrimination et de l’intimidation par leurs pairs.

À lire aussi : Décoloniser l’histoire de l’Afrique

L’école, le reflet de la société

Aïcha Benimmas est d’avis que l’école a une place importante dans le développement du citoyen plus tard. «C’est là qu’on apprend à accepter l’autre, à collaborer avec l’autre», assure-t-elle.

«Alors si on s’habitue à cette absence ou bien à toujours valoriser l’histoire de l’homme blanc et à ignorer l’apport du Canadien noir, c’est sûr que cela va donner lieu à des comportements qui vont toujours valoriser l’homme blanc par rapport aux personnes noires ou de couleur.»

Malgré les progrès des programmes d’études, Ronald Ajavon croit qu’il y a encore beaucoup de travail à faire pour améliorer la représentativité des Canadiens et des Canadiennes noirs dans l’éducation canadienne. 

Photo : Courtoisie

Même son de cloche chez Ronald Ajavon. «Quand on examine les biais inconscients [on revient] à la question de représentativité dans le système scolaire», résume-t-il.

Les préjugés et le favoritisme que l’on retrouve dans les décisions et les jugements plus tard, par exemple dans les décisions d’embauche, sont influencés grandement par ce «qu’on vit dans le système scolaire».

«Il y a du travail à faire pour commencer à inculquer ces dimensions-là à nos jeunes. C’est de parler de la contribution des Afro-Canadiens [dans l’histoire du pays].»

Par ailleurs, l’élève qui s’est habitué à voir sa communauté ignorée en salle de classe pourrait, par la suite, se questionner sur l’importance de la place de sa communauté dans la société.

«Le rôle crucial de la représentativité [est important] pour le développement positif du jeune», renchérit Ronald Ajavon.

L’importance de la représentativité au sein du personnel scolaire 

La présence de figures d’autorité noires dans la sphère scolaire joue aussi un rôle important dans le développement des enfants noirs et pourrait contribuer au bienêtre de ces élèves.

«[Ces adultes] peuvent être des modèles pour ces enfants, lance Aïcha Benimmas. Le fait de voir un enseignant de couleur noire dans la classe, à l’école, ça va juste lancer un message aux élèves que [leur] école est inclusive.»

Pour le directeur général de la CEF, la diversité au sein du personnel scolaire prépare tous les jeunes à la société de demain. «C’est vraiment [pour] le développement positif du jeune.»

Des avancées dans certaines provinces

Les deux experts en éducation canadienne s’accordent à dire que la conscientisation entourant les lacunes du système scolaire prend de l’ampleur.

Le 8 février, à l’occasion du Mois de l’histoire des Noirs, l’Ontario a annoncé un programme scolaire revu pour inclure l’histoire des Canadiennes et des Canadiens noirs qui ont contribué à bâtir le pays.

«À compter de septembre 2025, en 7e, 8e et 10e année en histoire, le ministère ajoutera pour la première fois un apprentissage obligatoire centré sur l’histoire des Noirs en tant que partie intégrante de l’histoire du Canada», indique le communiqué de presse.

Depuis 2002, les élèves du secondaire de la Nouvelle-Écosse peuvent suivre des cours en études afro-canadiennes.

Selon un rapport d’aout 2023 de la Commission canadienne pour l’UNESCO, «en 2018, le Conseil de l’éducation afro-canadienne de la province a recommandé l’élaboration d’un cadre pédagogique pour soutenir la réussite et le bienêtre des élèves noirs de la Nouvelle-Écosse».

De son côté, Ronald Ajavon est fier de dire que son conseil scolaire en Saskatchewan a mis en place des partenariats afin d’accueillir du personnel provenant de différents pays, par exemple de l’Afrique francophone ou d’ailleurs, et d’ouvrir ainsi les horizons des élèves.

Selon Aïcha Bennimas, au Nouveau-Brunswick, il existe des formations en interculturalité pour les enseignants et la province élabore actuellement des ressources pédagogiques qui portent uniquement sur les Canadiennes et Canadiens noirs, leur rapport à l’histoire et leur place dans la société canadienne.

«Donc, ce sont des choses quand même encourageantes, parce qu’il y a un souci quant à la question de la cohésion sociale», raisonne-t-elle.

La professeure émérite de l’Université de Moncton était à l’Université d’Ottawa le 22 février pour une causerie autour de son dernier livre, Insécurité linguistique dans la francophonie.

Le court ouvrage de 76 pages vulgarise la notion d’insécurité linguistique en l’illustrant avec des exemples personnels et professionnels. Annette Boudreau veut amener les francophones à réfléchir et comprendre à quel point les commentaires moqueurs sur la langue «peuvent blesser les gens [et] que la langue n’est pas séparée de l’individu».

L’insécurité linguistique n’est pas un phénomène aléatoire, au contraire, «on se rend compte que c’est une réalité qui est très présente dans les minorités francophones au pays», informe Sébastien Savard, professeur titulaire en travail social à l’Université d’Ottawa, présent au lancement du livre.

Cette réalité a des conséquences sur l’épanouissement et l’identité d’un francophone, précise l’autrice.

À lire aussi : Le discours sur le déclin du français nourrit l’insécurité linguistique

Annette Boudreau, professeure émérite de l’Université de Moncton, considère que la glottophobie provoque le sentiment d’insécurité linguistique. 

Photo : Eya Ben Nejm – Francopresse

Cacher son identité francophone

Craindre de parler sa langue ou de faire entendre son accent en public est causée par la présence d’une norme, explique Annette Boudreau.

Par exemple, il y a des années, la sociolinguiste travaillait sur une nouvelle recherche et elle est allée observer les interactions entre les travailleurs d’un centre d’appel et les clients qui souhaitent réserver une chambre dans un hôtel de luxe au Nouveau-Brunswick.

Face à la pression de la journée, une employée se trompe et tutoie l’individu, «puis la personne au bout du fil, elle dit passe-moi une vraie francophone».

«Puis elle nous a dit : “Ça m’a tellement blessée que j’ai décidé de changer mon identité”. Elle a décidé de devenir anglophone. Elle disait, “Hi my name is […] can I help you? I am learning French, if you want, you can help me”», raconte l’autrice.

À partir de ce moment, les clients complimentaient son français, ce qui lui a permis de se protéger et d’éviter les commentaires négatifs, rapporte Mme Boudreau.

Cependant, de façon générale, les personnes qui ressentent de l’insécurité linguistique se contentent d’user de la carte du silence pour éviter de prendre la parole et de faire entendre leur voix dans l’espace public, informe Annette Boudreau.

Se dévaloriser

Dans son livre, elle aborde aussi le sentiment de honte et d’embarras qui se manifestent lorsqu’une personne ressent de l’insécurité.

Dans une recherche menée au début des années 1990, Annette Boudreau et sa collègue Lise Dubois, aujourd’hui professeure à la retraite du département de traduction et de langues à l’Université de Moncton, ont voulu découvrir s’il y avait des différences entre les adolescents francophones qui vivent dans un milieu où leur langue est majoritaire et d’autres où le français est minoritaire.

Les jeunes qui baignaient dans un milieu très francophone «avaient vraiment une meilleure opinion de leur langue» tandis que le second groupe avait l’impression de mal parler français, comparativement aux autres francophones.

Pourtant, ils parlent bien français, il y a uniquement des accents qui diffèrent d’un lieu à un autre, nuance Annette Boudreau.

D’ailleurs, d’autres chercheurs ont décidé de reproduire cette recherche pour observer s’il y a eu une évolution des perceptions des jeunes en contexte minoritaire au sujet de leur français, remarque la sociolinguiste.

Critiquer les francophones, d’où ça vient?

L’insécurité linguistique est une conséquence de la glottophobie, soit la discrimination linguistique. Se moquer ou mépriser une personne pour sa langue ou son accent entraine un sentiment d’humiliation et de gêne.

Selon Sébastien Savard, expert en travail social à l’Université d’Ottawa, l’irritabilité de certains professionnels en santé à parler en français peut favoriser le sentiment de l’insécurité linguistique. 

Photo : Courtoisie

Par exemple, lorsque l’autrice acadienne était étudiante en France, elle a demandé à un autre étudiant : «Est-ce que vous avez du change?». Il lui a répondu : «J’ai pas de change, j’ai de la monnaie.»

Face à cette réponse, «je m’étais sentie humiliée, il avait une attitude hyper condescendante», confie-t-elle.

Un autre exemple : dans le milieu de la santé, lorsque des francophones souhaitent recevoir des services dans leur langue, ils ressentent une «certaine irritation de la part des professionnels du milieu», explique Sébastien Savard. Ils ont l’impression que demander un service dans sa langue dérange.

Ce qui peut mener à ne pas vouloir demander des services en français pour éviter de faire face à un professionnel de santé moins joyeux, ajoute-t-il.

L’impact des journaux

Pour comprendre les racines de l’insécurité linguistique chez les populations francophones en situation minoritaire, Annette Boudreau a produit une recherche sur la glottophobie dans les médias entre 1867 et 1970. Elle a sélectionné les archives et les éditoriaux du Moniteur acadien et L’Évangéline.

Les discours étaient très négatifs, surtout dans les années 1940 et 1950, parce que l’on comparait beaucoup le français parlé au Canada au français parlé en France.

— Annette Boudreau

Ces idées lues dans les journaux par les grands-parents et les arrière-grands-parents ont été transmises aux parents qui eux les ont transmises à leur tour à leurs enfants de manière inconsciente, favorisant le sentiment d’insécurité linguistique.

Lire aussi : Dire le silence : enquête aux origines de l’insécurité linguistique

Besoin de modèles

Il faut attendre la fin des années 1970 pour commencer à voir des francophones assumer fièrement leur accent.

«Il y a des artistes qui sont arrivées sur scène comme Michel Tremblay avec Les Belles-sœurs, Robert Charlebois, le groupe 1755 en Acadie, tout le monde chantait dans leur vernaculaire», dit Annette Boudreau.

En écoutant ces nouveaux artistes, des francophones ont réalisé qu’ils pouvaient s’exprimer avec leur accent, informe l’autrice.

Au fil du temps, les personnes ont assumé davantage leur accent, mais selon elle, il faut continuer à encourager les francophones à ne pas avoir honte de leur accent, de ne pas essayer de le camoufler.

Ce programme d’assurance médicaments faisait partie des principales exigences formulées par le Nouveau Parti démocratique (NPD) pour maintenir son alliance avec le Parti libéral.

Mais ce programme coute cher.

Le directeur parlementaire du budget avait estimé l’automne passé qu’un régime universel d’assurance médicaments couterait plus de 11 milliards de dollars dès la première année.

Par ailleurs, la plupart des provinces n’en veulent pas, jugeant plus important d’augmenter les budgets consacrés aux services de santé actuels que d’en financer de nouveaux.

On est cependant parvenu à un accord. La perspective d’un déclenchement d’élections fédérales anticipées semble être évitée pour le moment.

Mais c’est en théorie seulement, car rien n’empêche l’un des deux partis de mettre fin à l’entente de façon unilatérale quand bon lui semble. C’est d’ailleurs la menace qu’avait brandie le chef néodémocrate, Jagmeet Singh, il y a quelques semaines à peine devant la lenteur des négociations au sujet de l’assurance médicaments.

Mais maintenant que le dossier de l’assurance médicaments est en voie d’être réglé, quelles seront les prochaines étapes pour le NPD?

Une entente peut-être vaine

Le gouvernement libéral a répondu à la plupart des demandes des néodémocrates.

Il a adopté une loi antibriseurs de grève, a fourni de l’aide financière pour aider la population canadienne à faire face à l’inflation, a créé un programme national de garderies à 10 dollars par jour ainsi qu’un programme national de soins dentaires, s’est engagé à atteindre la carboneutralité d’ici 2050, a annoncé la fin des subventions au secteur des combustibles fossiles, a imposé une surtaxe aux banques et aux compagnies d’assurance, et finance actuellement la construction accélérée de logements, notamment des logements sociaux.

Il reste donc maintenant bien peu d’éléments de l’entente à mettre en œuvre.

On devrait sans doute voir le NPD revenir à la charge pour faire pression sur le gouvernement pour qu’une loi sur les soins de longue durée soit adoptée.

Mais les libéraux ont déjà annoncé qu’ils appuyaient une telle initiative. Le NPD pourrait aussi se montrer impatient envers la lenteur des progrès obtenus en matière de réconciliation et d’aide aux communautés autochtones. Par contre, ils n’ont pas vraiment de solutions à offrir pour régler ce problème.

Il sera donc difficile pour les néodémocrates de mettre de la pression sur les libéraux pendant les quelque 18 mois restants avant la prochaine élection, puisque la plupart de leurs demandes ont maintenant été satisfaites.

Il y aura ainsi peu d’occasions pour faire la démonstration aux électeurs que le NPD parvient à accomplir de nombreuses choses.

Une situation problématique?

Mais en même temps, on peut se demander si cette situation ne pourrait pas être avantageuse pour les néodémocrates.

Ceux-ci pourraient se démarquer davantage des libéraux et présenter leurs propres initiatives. Ils pourraient aussi être plus critiques vis-à-vis des actions du gouvernement, ce qui est difficile à faire quand celui-ci répond à nos demandes.

On l’oublie souvent, mais le rôle des partis d’opposition est non seulement d’exiger que le gouvernement rende des comptes sur ses actions, mais aussi d’offrir à l’électorat une solution de rechange au parti politique actuellement au pouvoir.

À en croire les récents sondages, la population canadienne serait justement à la recherche d’une autre voie que celle des libéraux de Justin Trudeau.

Cependant, la plupart des électeurs canadiens ne perçoivent pas le NPD comme étant cette solution de rechange.

Les sondages les plus récents montrent que le NPD demeure toujours au troisième rang des intentions de vote, recevant près de 20 % des appuis, derrière les libéraux qui, eux, en obtiennent autour de 25 % et les conservateurs plus de 40 %.

Rappelons qu’aux dernières élections fédérales, les néodémocrates avaient obtenu 18 % des votes, les libéraux 33 % et les conservateurs 34 %.

Que faire en 2024?

Cependant, il reste encore passablement de temps avant les prochaines élections. L’année 2024 pourrait donc être l’occasion pour le NPD de se redéfinir.

La tâche ne sera pas facile, car il lui faudra à la fois se démarquer des libéraux, qui ont pris l’habitude ces dernières années de s’inspirer des idées proposées par les néodémocrates, et convaincre les électeurs de ne pas appuyer le Parti conservateur.

Plusieurs électeurs qui ont voté pour les libéraux en 2019 et en 2021 semblent maintenant prêts à soutenir les conservateurs de Pierre Poilievre. Ce dernier cependant espère aussi attirer les travailleurs, notamment ceux des milieux manufacturiers.

Il faut dire que plusieurs syndicats, mais pas tous, ont appuyé le conservateur Doug Ford lors des élections provinciales ontariennes de 2022. Cet appui n’a certainement pas échappé à Pierre Poilievre. Le NPD devra aussi y prêter attention.

Comment le NPD peut-il donc se distinguer à la fois des libéraux et des conservateurs? La réponse se trouve sans doute dans le dossier de l’environnement.

Les changements climatiques sont réels et bien des Canadiens en sont maintenant conscients. Pourtant, peu de propositions intéressantes ont été avancées par les libéraux et par les conservateurs jusqu’à présent. Avec un Parti vert qui ne parvient pas à séduire l’électorat canadien, le NPD pourrait devenir le parti de la cause environnementale.

En somme, l’année 2024 pourrait bien profiter au NPD. Au lieu de devoir défendre constamment l’entente qu’il a conclue avec les libéraux, le NPD pourra se concentrer sur ses propres idées et monter sa propre stratégie pour la prochaine élection. En commençant avec l’enjeu des changements climatiques.

Geneviève Tellier est professeure à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa. Ses recherches portent sur les politiques budgétaires des gouvernements canadiens. Elle commente régulièrement l’actualité politique et les enjeux liés à la francophonie dans les médias de tout le pays.

Le 21 février, Anita Anand a dévoilé les premières mesures que prendra le gouvernement fédéral afin de contrer le racisme antinoir dans la fonction publique.

La présidente du Conseil du Trésor, Anita Anand, a dévoilé les premières mesures du Plan d’action pour soutenir le personnel noir de la fonction publique, le 21 février. 

Photo : Chantallya Louis – Francopresse

«Le plan vise à accroitre les possibilités de mobilité professionnelle et à améliorer la santé et la sécurité psychologiques du personnel noir», rapporte le Conseil du Trésor dans un communiqué.

Dans les budgets de 2022 et 2023, Ottawa s’était engagé à investir 49,6 millions de dollars pour créer des programmes de perfectionnement professionnel et un fonds pour la santé mentale du personnel noir de la fonction publique.

Le programme d’aide aux employés (PAE), offert dans plus de 90 ministères et organismes fédéraux, recevra près de 6 millions de dollars de cette enveloppe, afin d’améliorer ses services auprès des personnes noires de la fonction publique.

Un peu plus de 8 millions de dollars sont réservés à l’avancement professionnel des fonctionnaires des communautés noires et au programme de leadeurship.

«C’est de la poudre aux yeux»

Une employée noire qui a plus de 15 ans d’expérience dans la fonction publique s’est dite déçue de l’annonce d’Anita Anand. Elle préfère rester anonyme afin d’éviter des répercussions sur son emploi.

«C’est problématique sur plusieurs niveaux, dit-elle en entrevue avec Francopresse. Dans la fonction publique. Il y a plusieurs rangées, c’est comme une pyramide, et plus tu montes, plus c’est des hommes blancs», dit-elle en se basant sur une publication de la Commission de la fonction publique du Canada (CFP) datant de janvier 2021.

La vérification faite par la CFP stipule en effet que «les candidats noirs ont connu la plus grande diminution de représentation entre l’étape de la demande d’emploi et celle de la nomination (de 10,3 % à 6,6 %)».

À la lumière de ces données, la fonctionnaire croit que le programme de leadeurship pour les cadres des communautés noires, présenté par Anita Anand, ne s’attaque pas à la source du problème. 

Selon elle, il ne s’attaque pas directement à la discrimination, présente dès l’embauche, ni au souci de rétention et de promotion des employés noirs qualifiés de la fonction publique.

Kethlande Pierre est optimiste face au plan d’action annoncé par le Conseil du Trésor. 

Photo : Courtoisie

Souvent, dans la fonction publique, les cadres sont nommés à un poste selon différents critères, sans passer à travers un processus de sélection formel, avance-t-elle. «Ça arrive très souvent et c’est rare que les Noirs en bénéficient.»

«C’est de la poudre aux yeux. C’est rearranging the chairs on the Titanic. Et on n’a aucune confiance ni aux propositions faites par [la présidente du Conseil du Trésor, Anita] Anand ni au gouvernement Trudeau», se désole-t-elle.

Une confiance à rebâtir et un changement de culture nécessaire 

Si Kethlande Pierre, directrice adjointe de l’Office de la propriété intellectuelle du Canada, Innovation, sciences et développement économique Canada, reste optimiste à la suite de l’annonce de la ministre Anita Anand, elle estime cependant qu’il y a des lacunes culturelles au sein des organismes gouvernementaux.

Selon l’ancienne représentante pour le Québec et la section francophone du recours collectif sur la discrimination systémique dans les embauches et les promotions au gouvernement fédéral, le peu de personnes noires qui sont promues au sein de l’appareil gouvernemental se retrouve souvent dans des environnements de travail toxiques où les gestes racistes ou discriminatoires et les microagressions restent impunis.

Déposé à la Cour fédérale en décembre 2020, le recours collectif noir vise à réclamer une indemnisation pour le personnel noir qui aurait été victime de discrimination au sein des institutions fédérales depuis les années 1970.

«La poursuite cherche des solutions à long terme pour lutter de façon permanente contre le racisme systémique et la discrimination au sein du Service public du Canada», peut-on lire sur leur site Internet.

La présidente du Conseil du Trésor, Anita Anand, n’a pour sa part pas voulu commenter directement ce dossier lors de sa conférence de presse, le 21 février.

Soulignons que la demande de recours collectif n’a pas encore été certifiée par un juge.

À lire : Discrimination systémique au gouvernement fédéral : environ 600 personnes inscrites au recours collectif (Le Droit)

«Une personne vient dans ton bureau, te dessine un singe et te dit que tu ne devrais pas être dans l’équipe de gestion, tu devrais être en train de nettoyer les toilettes avec l’équipe d’entretien ménager», témoigne Kethlande Pierre.

«Tu es confronté à des personnes qui ont encore beaucoup de biais inconscients et parfois conscients, mais qui le font avec une plus grande intelligence émotionnelle», ajoute-t-elle.

Elle s’est souvent sentie incomprise et même délaissée lorsqu’elle est allée chercher de l’aide auprès du PAE. «J’ai été consulter et on m’a demandé si c’était dans ma tête que ça se passait», se remémore-t-elle, encore choquée. Elle n’y est plus jamais retournée.

Les deux femmes fonctionnaires sont du même avis : la confiance est belle et bien brisée entre les employés noirs et les institutions. Les employés noirs évitent à tout prix de se confier à leur ombudsman, le PAE, leurs gestionnaires et encore moins leur syndicat.

«On n’a pas confiance dans le service d’aide aux employés, mets y 35 millions [de dollars], les gens ne vont pas y aller», lance fermement Kethlande Pierre.

Alain Babineau est déçu de savoir que plusieurs groupes n’ont pas été consultés avant l’annonce des mesures du Plan d’action, mais reste optimiste. 

Photo : Julien Cayouette – Francopresse

«Il manque encore des investissements qui visent à changer la culture ou à donner des outils clés sur comment agir ou quoi faire lorsqu’on est victime de racisme systémique ou encore comment gérer une plainte qui touche le racisme systémique.»

«On demeure optimiste»

Bien que le Secrétariat du recours collectif noir (SRCN) reproche à la présidente du Conseil du Trésor un manque de consultation avec les organismes défenseurs des communautés noires dans la fonction publique pour élaborer son Plan d’action, il reconnait que c’est «une avancée» dans le but d’éradiquer le racisme systémique au sein de la fonction publique.

«On demeure optimiste, a lancé Alain Babineau, le représentant francophone du SRCN, lors d’une conférence du SRCN. Mais on va surveiller les avancements qui ont été faits la semaine passée.»

Anita Anand assure que «les initiatives annoncées la semaine dernière s’appuient sur les suggestions formulées par les fonctionnaires noires au cours des dernières années». Elle assure d’ailleurs que ces mesures sont sujettes à évoluer.

Le SRCN, en collaboration avec plusieurs organismes, dont Coalition rouge, a annoncé le 26 février qu’il déposait une plainte contre la Commission canadienne des droits de la personne (CCDP) pour ses pratiques discriminatoires.

Une coalition de groupes de défenseurs des droits des communautés noires a porté plainte, le 26 février, contre la Commission canadienne des droits de la personne (CCDP) pour ses pratiques discriminatoires. 

Photo : Julien Cayouette - Francopresse

Des mesures réparatrices nécessaires

En plus de sévir contre les actes racistes et discriminatoires, les fonctionnaires sont d’avis de mettre en place des mesures de réparations et de réconciliation pour les anciens et les actuels employés qui ont subi du racisme. 

«J’ai envie de vous dire, ajoute Kethlande Pierre, que si on lit le plan [d’action] qui est sorti et qu’on vit du racisme systémique, ça ne nous parle même pas […] la personne qui en vit encore les conséquences, n’est pas touché du tout.»

Au-delà des mesures réparatrices financières, il y a une guérison à entreprendre avec la communauté noire

— Kethlande Pierre, directrice adjointe de l’Office de la propriété intellectuelle du Canada, Innovation, sciences et développement économique Canada

Depuis 2021, l’Association canadienne des journalistes publie un rapport sur la diversité des salles de nouvelles au Canada. En 2021 et en 2022, 3 % des membres des salles de nouvelles étaient noirs. Même avec une légère augmentation de 0,9 point de pourcentage, la communauté noire reste l’une des moins représentées dans le milieu médiatique canadien.

Pourtant, «nous sommes présents au Canada, nous sommes présents dans toutes les provinces, et nous le sommes depuis des siècles à ce stade. Et ce n’est tout simplement pas proportionnel, le nombre de noirs présents dans les salles de nouvelle, par rapport à la population», déplore Angelyn Francis, journaliste et rédactrice en chef de l’équipe vidéo du Toronto Star.

Selon le recensement de 2021 de Statistique Canada, 1,5 million de personnes déclarent être noires au Canada. Dans ce nombre, il existe des communautés, des cultures et des histoires distinctes.

Face à ce manque de représentativité, la plupart des personnes noires se méfient des médias, affirme Brian Daly, professeur adjoint de journalisme à l’Université King’s College à Halifax, en Nouvelle-Écosse, et spécialiste en éthique et en déontologie journalistique.

À lire aussi : Audiovisuel : une télévision en français trop homogène

Un traitement incomplet de la nouvelle

Cette méfiance envers les médias provient du portrait incomplet qu’ils transmettent sur la communauté noire, explique le professeur, qui a été journaliste pendant près de 30 ans.

Cette narration incomplète réduit parfois la personne à sa couleur de peau ou à son identité culturelle, dit-il. Pour ne pas tomber dans ce piège, il faut selon lui élargir les horizons de l’identité et inclure d’autres attributs.

Selon Brian Daly, les médias qui manquent de diversité ne présentent pas un portrait complet de la communauté noire. 

Photo : Mylène Remy

Par exemple, Brian Daly confie vouloir être aussi vu comme un homme, Canadien, père de famille et professeur de journalisme.

«C’est vrai que je suis noir et mon identité culturelle fait partie de moi, absolument, c’est très important. Mais de me voir juste comme une personne issue de la communauté noire, c’est de ne pas vraiment me voir complètement comme une personne à 360 degrés.»

Le cadrage inégal et le manque de représentation ont donné naissance à un nouveau genre de média : les médias ethniques indépendants qui se consacrent à dévoiler une autre image des communautés, indiquent Angelyn Francis et Brian Daly.

Des nuances qui passent inaperçues

Pour être capable de brosser un portrait complet d’une communauté, de ses membres et de ses enjeux, il faut commencer par avoir une salle de nouvelle diversifiée, car les sensibilités d’un ou d’une journaliste noir.e sont différentes, évoque Angelyn Francis.

En plus, «ça rend l’expérience totalement différente pour quelqu’un qui vient de la communauté noire et qui se fait interviewer par un journaliste noir», ajoute-t-elle.

Selon Brian Daly, intégrer des journalistes issus de la communauté noire permet de voir les subtilités et les nuances qui existent pour éviter de faire des raccourcis erronés dans la démarche journalistique.

La communauté noire est large et diversifiée, elle n’est pas homogène, souligne-t-il. «On a des gens comme moi qui sont issus de la communauté des Antilles, mais on a des communautés africaines qui sont très différentes et qui sont très francophones. Et on a aussi les Canadiens comme ici, la communauté [afro-]néoécossaise, qui est très différente», précise le professeur.

Pour apporter des connaissances dans la salle de rédaction, Brian Daly encourage l’embauche de personnes originaires de diverses régions du monde, comme l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Asie, car ces journalistes ont à la fois «une connaissance de notre réalité canadienne et puis en plus une connaissance de la réalité de l’étranger, ils ont une mentalité globale».

À lire aussi : Le rôle méconnu des Afro-Canadiens dans l’histoire du Canada

Angelyn Francis, rédactrice en chef du Toronto Star, croit qu’il faut recommander des noms et créer des opportunités pour les aspirants journalistes issus des communautés les moins représentées dans le secteur. 

Photo : Arthur White-Crummey Francis

Recruter et donner une chance à la diversité

Cela dit, il est aujourd’hui difficile de recruter des étudiants en journalisme, car «ils choisissent d’autres carrières, comme une carrière en droit ou dans le domaine de communication», déclare le professeur Daly.

Face à ce problème, il invite les salles de nouvelles à chercher et recruter de futurs journalistes de diverses communautés afin de leur donner l’envie de rester.

Pour y arriver, Angelyn Francis dit qu’il faut «encadrer, recommander des noms, créer des opportunités et aider tous ces aspirants journalistes à trouver une voie dans l’industrie».

«En particulier lorsqu’ils sont noirs et issus d’une communauté qui n’est pas bien représentée dans le secteur», ajoute-t-elle.

Brian Daly reste tout de même optimiste. Il a espoir en la nouvelle génération qu’il considère plus sensible, plus désireuse de parler des enjeux et des réalités de diverses communautés.

L’Association canadienne des journalistes a envoyé les invitations pour la quatrième édition de son sondage sur la diversité dans les salles de nouvelles à la fin février 2024.

«C’est plus qu’un travail à temps plein, ça peut être éprouvant. On n’a jamais vraiment de vie privée», confie Clarence Wood, actuel maire et ancien conseiller municipal d’Inuvik dans les Territoires du Nord-Ouest.

«On est mobilisé 365 jours par an, 24 heures sur 24», affirme Ray Orb, président de l’Association des municipalités rurales de la Saskatchewan. 

Photo : Courtoisie

L’élu, engagé en politique depuis 23 ans, évoque une fonction de plus en plus chronophage : les semaines de 50, 70 heures, les sollicitations constantes de ses administrés, les voyages fréquents à l’extérieur de la ville pour des rencontres avec les autorités territoriales ou fédérales, etc.

«Le quotidien d’un maire, c’est d’être en réunion toute la journée. Il n’y a pas un jour sans que je travaille pour la mairie, dimanche compris», affirme le politicien ténois.

«Entre tous les comités, la gestion des ressources humaines, les gens de la communauté qu’il faut aller voir, c’est un travail qui ne s’arrête jamais», renchérit Ray Orb, président de l’Association des municipalités rurales de la Saskatchewan.

Description de tâche sans fin

Défendre les intérêts de sa commune, voter le budget, superviser les dépenses, décider de la taxe foncière, gérer l’eau et les égouts, l’accessibilité, les transports publics, l’entretien des routes, l’urbanisme ou encore l’attribution des permis de construction… la description de tâche des élus locaux est sans fin.

Le professeur de sciences politiques David Siegel s’inquiète de la hausse des violences à l’encontre des maires et conseillers municipaux. 

Photo : Courtoisie

Au contact direct des administrés comme des administrations, ils se retrouvent confrontés à une multitude d’injonctions contradictoires. Ils doivent porter une vision à long terme et répondre aux urgences, maitriser la technicité des sujets tout en étant à l’écoute des citoyens, améliorer la qualité des services publics tout en contrôlant les dépenses.

«On leur demande d’être des élus de proximité, mais ils se retrouvent responsables de problèmes qui dépassent leur territoire municipal, à commencer par les questions de mobilité, d’emploi ou de transition écologique», analyse David Siegel, professeur émérite de sciences politiques à l’Université Brock, en Ontario.

Les élus sont aussi confrontés à un manque d’argent récurrent ainsi qu’à un millefeuille administratif et législatif parfois illisible.

«C’est frustrant, on doit constamment jongler avec des ressources financières réduites, trouver de nouvelles sources de revenus, confirme Clarence Wood. Pour le moindre projet, il nous faut une éternité pour passer à travers les couches de règlementations, de paperasseries et d’obstacles administratifs.»

Et le maire ajoute : «Je ne comprendrai jamais toutes les législations municipales, provinciales et fédérales, mais je fais de mon mieux. Je me concentre sur certaines lois clés pour notre territoire.»

Grand écart entre deux vies

Le salaire est un autre aspect sensible. En dehors des grands centres urbains, la plupart des élus municipaux ne sont pas rémunérés ou perçoivent une indemnité très faible.

Pour Kassim Photo, maire de Shippagan, au Nouveau-Brunswick, certains candidats ont des idées préconçues de la fonction d’élu municipal. 

Photo : Courtoisie

«Beaucoup de gens ne réalisent pas qu’être conseiller, c’est un peu comme un poste bénévole que l’on occupe pendant son temps libre», appuie Amy Coady, qui siège au conseil municipal de Grand Falls-Windsor, à Terre-Neuve-et-Labrador, depuis 2009.

Cette mère de trois enfants a dû garder un travail salarié et dédié toutes ses soirées et ses fins de semaine aux réunions du conseil municipal.

«Concilier ma vie professionnelle avec ma vie familiale n’a pas été de tout repos, mais avec l’aide de mes parents, nous avons fait en sorte que ça marche, partage la Terre-Neuvienne. Et encore, je n’ai pas pu m’impliquer aussi fortement que je l’aurais voulu.»

Au Nouveau-Brunswick, le maire de Shippagan, Kassim Doumbia, exerce également une activité à plein temps en parallèle. Il doit prendre des vacances ou carrément acheter du temps auprès de son employeur pour se consacrer à son mandat d’élu local.

«Ça demande beaucoup de logistique. Il faut être discipliné dans la gestion de son agenda pour préserver du temps avec sa famille tout en répondant aux besoins de ses concitoyens», témoigne celui qui a été élu pour la première fois conseiller municipal en 2012.

Désintérêt pour «la chose publique»

David Siegel s’inquiète, lui, de la hausse des comportements agressifs à l’encontre des élus locaux. Il énumère les insultes, les menaces, les dégradations, voire les agressions physiques que maires et conseillers subissent de plus en plus souvent.

Le chercheur pointe du doigt les réseaux sociaux : «Il y a une brutalisation des relations humaines, une hystérisation des propos qui débordent dans le monde réel et peuvent justifier, pour certains, le passage à l’acte physique.»

Face à ces conditions de travail qui peuvent être éprouvantes, la crise de vocation des élus se fait ressentir un peu partout au pays. Dans les Territoires du Nord-Ouest, Clarence Wood a été élu maire par acclamation, en l’absence d’autres candidats.

Nous avons aussi eu du mal à pourvoir nos postes de conseillers. Tout le monde hésite à se présenter à une fonction publique, surtout depuis la COVID-19. Il y a une espèce d’apathie généralisée, les gens se désintéressent de la chose publique.

— Clarence Wood

En Saskatchewan, Ray Orb fait également état de difficultés pour recruter de nouveaux candidats : «L’âge moyen des conseillers est assez élevé, les jeunes ne sont pas attirés. Ils pensent qu’ils n’auront pas le temps de siéger, ils trouvent les conditions de travail et de rémunération mauvaises.»

À lire aussi : Élus municipaux et médias sociaux : pour le meilleur et pour le pire

Manque de formations et d’informations

Pour répondre à cette crise, politiciens et chercheurs appellent à une meilleure valorisation de l’engagement au service de la démocratie locale. Ils conseillent d’augmenter les indemnités des élus, mais aussi de sensibiliser davantage le grand public.

Concilier vie professionnelle et personnelle n’a pas toujours été simple pour Amy Coady, engagée en politique municipale depuis 2009 à Terre-Neuve-et-Labrador, également mère de trois enfants. 

Photo : Courtoisie

«Si les gens comprenaient mieux ce que font les gouvernements locaux, leur rôle, l’importance de leur travail, ils se présenteraient plus facilement aux élections», souligne David Siegel.

Amy Coady insiste également sur le besoin de garde-fous, comme des codes de bonne conduite, pour garantir l’exemplarité des élus et regagner la confiance de la population. «Le public a parfois l’impression que les gens se présentent pour leurs gains personnels, qu’il y a beaucoup de conflits d’intérêts», regrette-t-elle.

Clarence Wood pointe de son côté le manque de formation des élus : «Les gens accèdent à des postes sans avoir la moindre idée de ce que cela implique. Ils doivent souvent aller chercher les informations par eux-mêmes.»

«Certains candidats ont des idées préconçues. Une fois en fonction, la réalité n’est pas conforme à leurs attentes et ils finissent par démissionner», ajoute Kassim Doumbia.

Plusieurs gouvernements provinciaux et associations de municipalités offrent pourtant des formations sur la gouvernance, la gestion, le budget ou encore les demandes d’accès à l’information. Seulement, dans la plupart des cas, elles ne sont pas obligatoires. Les conseillers municipaux sont simplement encouragés à y participer.

Le Canada en villes

La série Le Canada en villes propose un regard sur les succès et les défis des municipalités canadiennes.