le Samedi 27 Décembre 2025

«Je vois tellement de différences entre ma génération quand j’étais plus jeune, en élémentaire, secondaire, et les générations qui s’en viennent après. C’est vraiment une jeunesse forte et fière», remarque Connor Lafortune, étudiant de la Première Nation de Dokis à la maitrise en relations autochtones à l’Université Laurentienne de Sudbury, en Ontario.

«Les gens sont beaucoup plus éduqués qu’il y a 10 ans», estime Connor Lafortune. 

Photo : Sam Barry

Chez ses cadets, il observe une fierté sans scrupule : «Le seul mot auquel je peux penser, c’est unapologetically. C’est d’être fier sans avoir honte de ce qu’ils sont, de partager, de poser des questions.»

Pour expliquer cette évolution, il cite une éducation «accessible au grand public», qui passe notamment par l’Internet, des balados, des livres, des bandes dessinées et des films «plus ouverts» sur les questions autochtones qu’avant.

À la maison, poursuit-il, «l’éducation et la guérison intergénérationnelle continuent» : «Il y a vraiment des grosses conversations ouvertes entre familles pour parler de l’histoire, pour parler du futur de nos communautés. C’est vraiment ça qui cause une jeunesse aussi forte.»

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«Repenser et redéfinir»

Paru en novembre dernier, le livre Les jeunesses autochtones au Québec : décolonisation, fierté et engagement propose de «repenser les jeunesses dans leur dynamisme et leur diversité», plutôt que de les penser uniquement en termes de défis.

Natasha Blanchet-Cohen suggère de voir le verre à moitié plein et non à moitié vide lorsque l’on parle des jeunes Autochtones.

Photo : Rachel Crisp

«Guérir, être connectés, fiers et soutenus, trouver l’équilibre, prendre leur place et faire entendre leurs voix sont au centre des revendications et des multiples engagements des jeunes Autochtones», lit-on dans l’introduction.

«Il y a plusieurs exemples où les jeunes se réapproprient, redéfinissent la façon qu’ils sont représentés, qu’ils s’expriment, qu’ils veulent communiquer et voient leur vision de l’avenir», note une des directrices de l’ouvrage, Natasha Blanchet-Cohen, en entrevue avec Francopresse.

Selon elle, on parle souvent des problèmes et pas assez des «initiatives incroyables» que mènent de jeunes Autochtones. «Si on mettait plus la lumière où il y a un leadeurship, une autonomisation, ça aurait un impact sur la société», estime la titulaire du volet autochtone de la Chaire-réseau de recherche sur la jeunesse du Québec et professeure à l’Université Concordia, à Montréal.

Écoutés au Sénat

Le Comité sénatorial permanent des peuples autochtones a justement souhaité entendre de jeunes leadeurs autochtones. En octobre dernier, huit jeunes ont témoigné pour raconter les barrières qui se dressent devant eux et le racisme persistant auquel ils font face. Ils ont aussi montré de quoi ils sont capables.

Parmi eux se trouvait Reanna Merasty, une artiste, écrivaine et militante Nihithaw de la Première Nation de Barren Lands, au Manitoba. À 30 ans, elle fait partie du conseil d’administration de l’Institut royal d’architecture du Canada et de celui de l’Université du Manitoba. Elle a aussi écrit un livre et défend l’inclusion des Autochtones en architecture.

Faithe McGuire est quant à elle documentariste à l’établissement métis de Paddle Prairie. Elle produit des films sur la signification d’être Métis.

Breane Mahlitz, de l’Alberta, est conseillère politique en matière de santé au Ralliement national des Métis.

Le lancement du livre Les jeunesses autochtones au Québec : décolonisation, fierté et engagement a eu lieu en novembre dernier. 

Photo : Ashley Merveille Lovinsky

«Repenser et redéfinir» sont des termes qui reviennent souvent dans le livre qu’a dirigé Natasha Blanchet-Cohen.

Tu peux avoir une approche déficitaire, où tu mets de l’avant tous les problèmes, ou une approche qui est basée sur les forces. Ce n’est pas dire que tout est beau, tout est rose et tout est parfait.

— Natasha Blanchet-Cohen

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Un racisme persistant

«La transmission de nos histoires se fait plutôt bien, estime Paskwamostosis Lightning, un étudiant universitaire de la Première Nation de Maskwacis, en entrevue avec Francopresse. L’éducation culturelle des personnes non-autochtones commence à mieux passer. Ils connaissent de plus en plus nos histoires et légendes.»

Les réseaux sociaux sont devenus un outil précieux pour éduquer à large échelle, selon Paskwamostosis Lightning. «On voit de jeunes autochtones sur TikTok ou Instagram qui partagent des connaissances autochtones, et ça reçoit tellement de likes et de partages des choses comme ça.» 

Photo : Anna Uliana

Selon lui, de façon générale, les Autochtones et les non-Autochtones commencent à mieux s’entendre. «Je pense que les non-Autochtones ont appris à ne pas faire de commentaires racistes et à aller trop loin.»

Mais certaines choses restent pareilles. «Il y a encore beaucoup de racisme envers les jeunes autochtones, regrette-t-il. Les gens pensent que t’es stupide. […] Pas beaucoup de gens croient en la jeunesse autochtone, aux étudiants autochtones.»

Les gens ne font pas toujours confiance aux jeunes autochtones, notamment par peur que ceux-ci abandonnent l’école ou ne remboursent pas leurs prêts, rapporte l’étudiant. «[Encore aujourd’hui], les gens nous perçoivent comme des pique-assiettes [freeloaders]. C’est bizarre.»

D’après lui, des effets à long terme des pensionnats autochtones ont cristallisé l’idée selon laquelle les Autochtones ne sont pas «équivalents».

«Il y a un changement, récemment, reconnait l’étudiant. Plus de gens veulent de jeunes autochtones, de jeunes personnes racisées dans leurs évènements. Mais c’était difficile, dans mon enfance.»

Accéder au pouvoir pour changer les choses

Dans le processus de réconciliation, il faut «des actions concrètes», revendique de son côté Connor Lafortune. «C’est de réaliser que chaque communauté devrait avoir de l’eau potable, réaliser [l’importance de] l’accès aux services sociaux, et réaliser que nos communautés devraient se faire entendre.»

Paskwamostosis Lightning croit qu’il y aura davantage de leadeurs politiques autochtones dans les générations à venir, notamment grâce à l’élargissement de l’accès au postsecondaire.

Selon Statistique Canada, en 2021, 5 % des étudiants nouvellement inscrits à un programme d’études postsecondaires donné étaient autochtones. Ce chiffre est proportionnel au poids démographique des Autochtones dans la population canadienne pour la même année.

Malgré cela, la proportion de jeunes Autochtones qui accèdent aux études supérieures demeure nettement plus faible que celle des non-Autochtones.

Il y a un «désir des jeunes d’avoir une plus grande place, d’être à la table, d’être dans une posture plus décisionnelle», confirme Natasha Blanchet-Cohen. «On ne sait pas comment sera l’avenir, mais les jeunes [veulent] faire partie de la création de cet avenir.»

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Ce que nous nommons «intelligence artificielle» (ou IA) est en fait une nébuleuse de technologies informatiques. Les grands modèles de langage (GML, ou LLM en anglais), dont ChatGPT est sans doute le plus connu, semblent permettre à une espèce de robot de répondre à nos questions à partir de connaissances trouvées un peu partout sur Internet.

On parle ainsi à tort et à travers d’«apprentissage», de «génération de connaissances», d’«intelligence» et d’«hallucination» ainsi que de création originale. Tout est mis en œuvre pour donner des apparences de processus cognitifs à ces logiciels.

Toutefois, les algorithmes qui sous-tendent cette production assistée par machine ne ressemblent à ces phénomènes humains que par analogie.

La réalité est tout autre.

Les GML sont «entrainés» à partir d’énormes banques de textes, comme leur nom le suggère. Ils divisent les requêtes selon les mots et les signes de ponctuation, puis ils compilent la réponse la plus probable en trouvant, un à un, les mots qui sont le plus souvent utilisés ensemble – sans égard à la signification.

Les GML n’ont donc aucun critère de vérité et ne peuvent qu’agencer d’une nouvelle manière ce qui a déjà été écrit. Ils ne peuvent pas chercher de sources, trouver de l’information selon sa pertinence, ni l’interpréter. Ils alignent des mots qui tendent à aller ensemble, c’est tout.

Cela signifie également que le racisme, le sexisme, la transphobie, le capacitisme et toutes les formes de suprémacisme qui règnent dans la plus grande partie des créations textuelles humaines se trouvent répétés et souvent amplifiés par l’IA.

Cette production de texte par probabilité statistique explique les résultats souvent décevants de l’IA : des bibliographies où le nom d’un auteur·rice renvoie à des articles et des livres qui n’existent pas, mais dont les titres sont plausibles; du texte truffé de formulations vagues et dépourvu quasi complètement de contenu concret.

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À qui profite l’IA?

Dans nos ordinateurs, nos logiciels de traitement de texte, nos outils de recherche en ligne et nos téléphones, l’IA nous est constamment imposée. Puisque le nombre de personnes qui l’adoptent fréquemment demeure limité et ne répond pas aux attentes du marché, les entreprises comme Meta, Microsoft, ou OpenAI tentent de la rendre inévitable.

La bulle de l’IA pourrait être sur le point d’éclater : les divers modèles exigent des investissements énormes, mais n’amènent pas encore de profits. Les revenus augmentent certes, mais plus lentement que les dépenses pour le développement et l’offre de service.

Et les dangers financiers de l’adoption de l’IA dans un contexte entrepreneurial, universitaire ou gouvernemental sont par ailleurs importants.

Pour toutes ces raisons, l’IA nous est imposée de plus en plus souvent, même à notre insu. Elle crée ses propres besoins, mais n’arrive pas à répondre aux véritables besoins actuels de l’humanité. La logique économique demande de recouvrer à tout prix les investissements.

Nous recevons ainsi une avalanche de messages et de discours qui nous détournent de la réalité et cherchent à nous rassurer sur les incidences de l’IA, à nous la faire voir comme une forme d’intelligence, mais aussi à nous faire croire que son adoption est inévitable, une étape de la marche libératrice du progrès. La répétition l’emporte sur les raisons.

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Les entreprises technologiques sont de plus en plus nombreuses à imposer des outils inspirés des IA génératives dans leurs produits, ne donnant pas toujours de choix quant à leur utilisation. 

Photo : Mikael Blomkvist – Pexels

L’apprentissage nécessaire… et impossible

Nous entendons sans cesse que l’IA est là pour rester et que nous y opposer serait futile. Une tendance importante consiste dès lors à croire (ou à se faire croire) qu’il suffit d’apprendre à nous en servir.

Dès que les discussions tournent autour de cette question, nous supposons que nous pouvons nous servir de l’IA pour atteindre nos buts sans les transformer.

Nous supposons que nous pouvons même en faire un usage éthique, alors que les corpus des GML sont bâtis sur la violation du droit d’auteur et que leur utilisation des ressources en énergie et en eau pour leur fonctionnement n’est pas écoresponsable.

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Or, le problème essentiel du recours à l’IA est qu’avant d’être en mesure d’évaluer les résultats qu’elle produit, nous devons d’abord être capables de les comprendre et de les produire nous-mêmes.

L’utilisation de l’IA pour remplacer l’écoute, l’enseignement, la lecture, la discussion et les autres méthodes classiques d’apprentissage nous empêche de développer les compétences essentielles à la pensée critique et aux multiples formes de la littératie, qui permettent ensuite d’évaluer l’exactitude de l’IA.

Il en va de même pour l’écriture : les logiciels de révision – comme Antidote, Grammarly ou ceux inclus dans Microsoft Word et Google Docs – ne fonctionnent que si la personne qui s’en sert est en mesure d’accepter ou non les suggestions, puisque ces outils ne font que ramener l’écriture à une norme abstraite. Ils aplanissent l’écriture et enlèvent tout ce qui relève du style… qui n’est pas commun statistiquement.

Il faut donc apprendre à écrire avant de les utiliser; apprendre à traduire avant d’utiliser la traduction automatisée. Sans cet apprentissage, nous écrivons comme des machines, nous répétons par cœur ce que nous mémorisons sans comprendre. Nous répétons donc les mots et les formulations des autres.

Aller directement à l’IA, sans le processus d’essai et d’erreur central à l’apprentissage, c’est se voir comme une courroie pour l’information et non comme une personne ayant besoin d’apprendre pour atteindre ses buts et améliorer sa situation.

Tandis que certains types d’IA peuvent être fort utiles dans certains contextes, les technologies génératives demeurent pour l’instant des investissements en quête d’usagers et de nouveaux investissements.

Ne pas les utiliser, c’est refuser la destruction environnementale qu’ils amènent et ce qu’ils font de nous.

Jérôme Melançon est professeur titulaire en philosophie à l’Université de Regina. Ses recherches portent généralement sur les questions liées à la coexistence, et notamment sur les pensionnats pour enfants autochtones, le colonialisme au Canada et la réconciliation, ainsi que sur l’action et la participation politiques. Il est l’auteur et le directeur de nombreux travaux sur le philosophe Maurice Merleau-Ponty, dont La politique dans l’adversité. Merleau-Ponty aux marges de la philosophie (MétisPresses, 2018).

Au Sénat, il se joint à l’Acadien néoécossais Réjean Aucoin. La Fédération acadienne de la Nouvelle-Écosse se réjouit de la nomination d’Allister Surette, annoncée le 19 décembre.

«Originaire de la région d’Argyle, M. Surette est une figure bien connue de l’Acadie, grâce à son engagement dans la politique, l’éducation et la communauté», a-t-elle indiqué par communiqué.

Allister Surette a été député et ministre libéral provincial de la Nouvelle-Écosse de 1993 à 1998. Ensuite, jusqu’en 2003, il a été président-directeur général du Collège de l’Acadie. De 2011 à juin 2024, il a été recteur et vice-chancelier de l’Université Sainte-Anne, l’unique université francophone en Nouvelle-Écosse.

Par ailleurs, Allister Surette a été président du Congrès mondial acadien qui a eu lieu dans cette province en aout 2024.

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Francopresse a discuté avec le nouveau sénateur de sa nomination et de ses aspirations.

Francopresse : Comment vous sentez-vous depuis le 19 décembre?

Allister Surette : Je suis très honoré. Je vois ça un peu comme une continuation de tout mon travail et de mes efforts des 25-30 dernières années, non seulement comme recteur, comme député et ministre, mais aussi tout le bénévolat que j’ai fait au niveau de la province, des provinces atlantiques et du Canada, que ce soit présider le conseil d’administration de l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne ou de la Fondation canadienne pour le dialogue des cultures.

J’étais beaucoup aussi dans le domaine du développement économique, à part du domaine postsecondaire. J’ai, par exemple, été au conseil d’administration et président du Conseil de développement économique de la Nouvelle-Écosse. Dans le domaine de la pêche, qui est très important en Nouvelle-Écosse, j’ai agi comme médiateur à différentes reprises.

Quelles seront vos priorités en tant que sénateur?

C’est difficile à dire. Pour le moment, ce qui m’intéresse, c’est surtout les communautés acadiennes et francophones du Canada et de mettre à profit mon expérience, que ce soit dans le développement économique, le développement de nos communautés ou le domaine de la pêche.

C’est toujours un défi, la prospérité de nos régions. Donc c’est sûr que le développement économique, ça ne s’arrêtera jamais parce que les choses changent assez rapidement et l’économie de nos jours nous crée des défis, surtout dans les régions acadiennes rurales.

Le postsecondaire est lié à ça. On peut faire de la recherche, appuyer le secteur de la pêche, le secteur agricole. Avec la recherche, on peut s’assurer qu’on fait du progrès dans le domaine économique.

L’Association acadienne des parlementaires du Canada, multipartite, a été lancée officiellement en novembre 2024. 

Photo : Inès Lombardo – Francopresse

Vous connaissez bien le milieu du postsecondaire francophone en situation minoritaire. Comment traduirez-vous cette expérience dans votre nouveau rôle de sénateur?

Je pense que ça joue aussi dans le développement des communautés acadiennes et francophones, comme le secteur de l’éducation en général. Le secteur du postsecondaire francophone a des rôles clés dans le développement culturel, social, économique, éducationnel de nos régions en situation minoritaire. Je connais très bien le dossier et j’espère que je peux profiter de ça pour apporter de bonnes discussions au Sénat.

La sénatrice Lucie Moncion a demandé une stratégie nationale sur le postsecondaire francophone. Faites-vous la même demande?

Absolument, oui. Je connais bien la sénatrice; on a travaillé de près pendant les dernières années dans des dossiers similaires. Peu importe le domaine, on peut toujours améliorer les choses. Dans ce cas-ci, si on attire l’attention sur le dossier postsecondaire francophone, ça peut juste être un appui à nos communautés.

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Votre passé comme député et ministre libéral en Nouvelle-Écosse pourrait susciter les critiques de la part de ceux et celles qui accusent Justin Trudeau de nommer d’anciens libéraux afin de l’appuyer au Sénat. Comment comptez-vous vous assurer de faire un travail indépendant? 

J’apprécie beaucoup d’être nommé comme indépendant. Ça fait quand même depuis 1998 que je ne suis plus directement engagé dans la politique partisane. Dans mes rôles de président du Collège communautaire, vice-recteur et recteur de l’Université pendant 25 ans, je m’assurais de travailler pour le mieux de nos communautés et au postsecondaire.

J’ai travaillé avec des gouvernements néodémocrates, [progressistes-]conservateurs et libéraux. Je n’ai pas été très partisan par rapport à ça. Ça se peut que je m’aligne un peu plus [aux libéraux] par rapport à mes valeurs. Mais du côté partisan, ça fait des années que je n’ai pas travaillé à ce niveau-là.

Comptez-vous joindre un groupe de sénateurs?

Ça, ce n’est pas certain. Je vais prendre mon temps comme non-affilié, regarder ce qu’il se passe, regarder les différents groupes et, après ça, je prendrai une décision.

Allez-vous vous joindre à l’Association acadienne des parlementaires du Canada?

Fort probable! C’est sûr que ça m’intéresse. Si j’ai l’occasion, c’est sûr que je vais m’engager.

Je suis très content, je crois que c’est la première fois dans l’histoire du Sénat qu’on a deux Acadiens de la province de la Nouvelle-Écosse. Réjean Aucoin, avec qui j’ai étroitement travaillé et collaboré depuis plusieurs années, vient d’un bout de la province, du côté du Cap-Breton.

Moi, je viens du côté opposé de la province, dans le sud-ouest. On aura des intérêts similaires, mais on apporte quand même différentes perspectives.

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Vous arrivez au Sénat au moment où on attend la règlementation de la nouvelle Loi sur les langues officielles. Comment voyez-vous les choses? Certains de vos collègues au Sénat ont exprimé de l’impatience. La partagez-vous?

C’est sûr qu’on a toujours des défis par rapport à cela, et connaitre exactement le timing est difficile. C’est un autre dossier sur lequel j’ai travaillé de près durant les consultations pour la nouvelle Loi.

Avec mes différents chapeaux, surtout à la Fédération canadienne pour le dialogue des cultures, on a travaillé avec des communautés acadiennes et francophones. J’ai suivi ça de près. Le plus rapidement qu’on peut avancer les règlements, le mieux ça serait pour tout le monde.

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Les propos ont été réorganisés pour des raisons de longueur et de clarté.

Avec des informations de Julien Cayouette

C’est dans un froid glacial, devant sa résidence de fonction de Rideau Cottage, à Ottawa, que le premier ministre a rendu les armes avec émotion, le lundi 6 janvier. 

«Hier soir, j’ai demandé au président du parti de commencer les étapes nécessaires. Le pays mérite un choix clair et réel», a lancé Justin Trudeau.

«Je ne suis pas quelqu’un qui recule facilement devant un combat, surtout un combat si important pour le parti et pour le pays, a-t-il déclaré d’emblée. Je fais ce job parce que l’intérêt des Canadiens et le bienêtre de notre pays, de notre démocratie me tient à cœur. Et c’est devenu clair que je ne peux pas être le chef aux prochaines élections, à cause des batailles internes [du Parti libéral].»

Cette démission n’entraine pas d’une élection générale, seulement une course à la chefferie du Parti libéral.

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Qu’est-ce que la prorogation du Parlement?

Généralement demandé par le premier ministre à la gouverneure générale, ce processus marque l’arrêt des travaux du Parlement.

Tous les projets de loi qui n’ont pas reçu la sanction royale sont annulés et «meurent au Feuilleton». Ils devraient être représentés lors de la prochaine législature et leur étude recommencerait du début.

Les comités parlementaires mettent également fin à leurs travaux. Certains peuvent poursuivre leurs travaux en adoptant une motion et seulement sous certaines conditions.

Le professeur Boily pense que des élections suivront rapidement la prorogation du Parlement, après le 24 mars. 

Photo : Courtoisie

Les prochaines étapes

Après le 24 mars, le Parlement reprendra ses activités, avec une nouvelle personne à la tête du parti libéral. «Il devrait y avoir la présentation d’un discours du trône pour initier une nouvelle législature et la présentation d’un budget», commente en entrevue avec Francopresse Frédéric Boily, professeur de science politique au Campus St-Jean de l’Université de l’Alberta.

«Reste à voir comment les choses vont tomber. C’est au moment du discours du trône et du budget que les choses vont se décider», entrevoit le politologue.

Les voix des députés libéraux demandant la démission de leur chef se sont faites de plus en plus nombreuses depuis la sortie de Ken McDonald, député d’Avalon à Terre-Neuve-et-Labrador, il y a environ un an. Plusieurs s’y sont ajoutées pendant la pause de la période des Fêtes.

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«Le Parlement a besoin d’un reset» 

En conférence de presse, Justin Trudeau a défendu sa décision en affirmant qu’elle ne donnait pas au Parlement l’occasion de voter une motion de censure, ce qui pourrait être perçu comme antidémocratique.

On est pogné dans une question de privilège. Il y a des motions d’obstruction constantes et on a pu très peu accomplir pendant les derniers mois au Parlement. Le Parlement a besoin d’un reset. Il a besoin de se calmer un peu les pompons pour se remettre au travail pour les Canadiens et ne pas faire de la petite politique constante qu’on est en train de voir des conservateurs.

— Justin Trudeau

Interrogé sur ses regrets, le premier ministre est revenu sur sa décision de ne pas adopter le vote préférentiel pour les élections : «Les partis auraient passé plus de temps à regarder les points qu’ils avaient en commun pour être les deuxième ou troisième choix des voteurs [sic] plutôt que de voir la polarisation que nous avions. Mais je ne pouvais pas, de façon unilatérale, changer notre mode de scrutin dans ce pays.»

Face aux inquiétudes concernant les menaces tarifaires de Donald Trump, il a affirmé que la course au leadeurship du Parti libéral n’empêcherait pas le gouvernement toujours au pouvoir de «protéger les Canadiens et leurs intérêts dans un monde très complexe».

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Les médias se sont massés devant la résidence du premier ministre, le 6 janvier 2025. 

Photo : Inès Lombardo – Francopresse

«Ça ne change rien»

Le chef du Parti conservateur du Canada (PCC), Pierre Poilievre, a ouvert la période préélectorale par la voie d’un communiqué intitulé «Ça ne change rien».

Ce dernier présente un choix entre des libéraux «souvent appuyés par le Bloc», ou «les conservateurs de gros bon sens, pour baisser les taxes et les impôts, bâtir des logements, réparer le budget et stopper les crimes».

Même exercice du côté du Nouveau Parti démocratique (NPD). Son chef, Jagmeet Singh, a appelé les Canadiens et les Canadiennes à voter pour lui.

«Les libéraux ne méritent pas une autre chance, quel que soit leur chef. […] Je demande à tous celles et ceux qui partagent ces valeurs de se joindre à nous. Ensemble, nous stopperons les conservateurs et bâtirons le tout premier gouvernement canadien pour les travailleuses et travailleurs», déclare-t-il dans un communiqué.

Période préélectorale

En conférence de presse, quelques minutes après l’annonce de Justin Trudeau, le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a reconnu qu’il n’avait d’autre choix que de laisser au Parti libéral le temps de mener sa course à la chefferie.

«Mais son ou sa successeure devra déclencher des élections dès son arrivée en poste», a-t-il ajouté.

Le chef bloquiste souhaite qu’une élection soit déclenchée à très court terme après le 24 mars. Il traitera les deux prochains mois comme une période préélectorale.

Yves-François Blanchet s’est aussi montré inquiet face aux menaces du président américain élu, Donald Trump. «Il y a le danger que le gouvernement canadien soit passif et très peu efficace au cours des prochaines semaines.»

«Ce que l’on peut lui reprocher à Justin Trudeau, c’est de ne pas avoir prévu le coup et d’avoir cru jusque dans les derniers moments de décembre qu’il pouvait relancer son gouvernement. C’est là qu’il faut être critique de M. Trudeau», affirme de son côté Frédéric Boily.

«Un chef véritablement soucieux de son parti aurait quitté dès le mois de juin», conclut-il.

Dans l’ouvrage commémoratif, 50 ans de conscientisation et de collaboration : La Fédération de la jeunesse canadienne-française 1974-2024, l’historien Serge Dupuis documente l’évolution d’un organisme dont les activités, parfois limitées par les aléas politiques, restent pertinentes.

«L’histoire de la FJCF démontre que la mission de conscientisation et d’habilitation des jeunes est aussi nécessaire aujourd’hui qu’il y a 50 ans. […] Le réseau de jeunesse peut être une bouée de sauvetage pour sortir les jeunes francophones de l’isolement et leur donner une voix», affirme-t-il en entrevue avec Francopresse.

Selon l’auteur, à travers son histoire, la FJCF a défendu des enjeux et des débats qui étaient négligés par les organismes des adultes, comme le vote à 16 ans et l’insécurité linguistique. Et côté réalisations sur le terrain, deux projets ont laissé leur marque jusqu’à aujourd’hui.

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«Nos accents» sur les ondes

La FJCF est à l’origine de l’instauration de dizaines de stations de radios communautaires entre 1985 et 1991. Un fait d’armes qui se distingue par son efficacité.

Alors que ces projets sont couteux en temps et en ressources, l’organisme parvient à obtenir le financement et encadre la création de stations d’un bout à l’autre du pays. De ces efforts naitrons par exemple Radio Péninsule (aujourd’hui CKRO-FM), à Pokemouche au Nouveau-Brunswick, Radio Clare (CIFA) en Nouvelle-Écosse, ou encore la Radio de l’Épinette noire (CINN FM), à Hearst dans le Nord ontarien.

«À l’époque, les radios sont encore très écoutées, et là […] on diffuse des émissions là où il n’y avait pas de radio francophone et c’est gagnant tout de suite parce que là les gens s’entendent! C’est pas Radio-Canada Montréal qui leur donne un bulletin de nouvelles, c’est les nouvelles locales, c’est les accents [locaux]», relate le professeur Gino Leblanc, ancien président de la FJCF de 1991 à 1992, dans le balado Voix de la jeunesse : 50 ans de la FJCF.

En 1991, l’Alliance des radios communautaires du Canada est créée pour prendre le relai et la FJCF se retire du dossier.

Une bulle de français : les Jeux de la francophonie canadienne

La lutte contre l’assimilation est une mission à laquelle la Fédération s’attèle depuis ses débuts et qu’elle a abordée de différentes façons au fil des ans. L’instauration de la Commission nationale sur l’assimilation en 1990, ou l’enquête plus récente pour la mise en place de la Stratégie nationale pour la sécurité linguistique en 2019, en sont des exemples.

Mais c’est une initiative plus tangible qui a eu des effets concrets sur le sujet : les Jeux de la francophonie canadienne (JeuxFC). Organisé tous les trois ans depuis 1999, cet évènement reste une rare occasion pour de nombreux jeunes de pouvoir vivre et s’amuser entièrement en français, sans jugement, pendant quelques jours et de créer des liens avec d’autres jeunes d’un bout à l’autre du pays.

«C’est un gros choc de voir autant de francophones», racontait au Droit Stéphanie Delisle, une participante néoécossaise aux Jeux de 2014. «Ça me fait prendre conscience que je ne suis pas la seule au Canada.»

Les résultats le confirment. Un sondage réalisé à la sortie des Jeux de 2017 révélait que 62 % des participants et participantes se disaient motivés par l’évènement à s’engager davantage dans la promotion du français au sein de leurs communautés.

Par ailleurs, 93 % affirmaient que les JeuxFC leur avaient permis de développer une fierté et un sentiment d’appartenance à la francophonie canadienne. Un effet qui a duré, d’après les réponses aux questions posées  aux mêmes jeunes six mois plus tard.

À lire : La FJCF dévoile un plan d’action détaillé pour la sécurité linguistique

Le défi du financement

«Lorsqu’on est financé à 85 à 90 % par un seul bailleur de fonds qui est aussi la cible politique […] cela peut poser un vrai dilemme sur la manière d’opérer », explique Serge Dupuis en entrevue. Selon l’auteur, cette situation peut complexifier les relations lorsque les fédérations deviennent également mandataires de service pour le gouvernement, comme l’a fait la FJCF dans les années 1990 en acceptant d’administrer le programme Jeunesse Canada au Travail lors d’une période d’intenses coupes budgétaires affectant leurs fonds de fonctionnement, sous le gouvernement de Jean Chrétien. Un programme que l’organisme administre toujours aujourd’hui.

«C’est la première histoire d’une fédération nationale. Notre compréhension [des mécanismes de fonctionnement de la politique franco-canadienne] va se raffiner quand on pourra faire des comparaisons avec d’autres», dit Serge Dupuis. 

Photo : Courtoisie – Archives Francopresse

«Dans une version antérieure du titre [du livre], on avait aussi le mot “contestation”, mais on s’est rendu compte que cela était beaucoup plus présent dans les années 1970 à 1990. […] Durant les années 1990, cela s’est perdu. Avec le retour des fonds de fonctionnement dans les années 2000-2010 à nos jours, les revendications sont également revenues… avec un peu plus de retenue.»

Si la politisation et la responsabilisation des jeunes sont au cœur de la mission de la FJCF depuis ses débuts, elle est aujourd’hui peu encline au militantisme, comme les manifestations ou autres coups d’éclat. Ses dirigeants ont plutôt perfectionné l’art des demandes de projets en harmonie relative avec les objectifs fédéraux en matière de langues officielles.

La pandémie a été une période difficile pour la FJCF, qui a vu ses évènements rassembleurs, ses formations et ses activités annulés dans leur quasi-totalité. Les jeunes francophones à travers le pays se sont tournés vers Internet pour leur divertissement, où les contenus francophones sont rarement disponibles, et l’omniprésence de l’anglais facilite l’assimilation.

Mais les jeunes du réseau restent optimistes, comme en témoigne le président actuel, Simon Thériault, lors du gala qui a lancé les célébrations du 50e au début novembre : «Ce 50e anniversaire est une occasion unique de nous tourner vers l’avenir, tout en célébrant le parcours remarquable qui a façonné la FJCF. Ensemble, nous avons construit un réseau solide et inspirant, prêt à relever les défis de demain.»

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Robert Joseph Antoine Campeau est né le 3 aout 1923 à Chelmsford, une petite localité aujourd’hui annexée au Grand Sudbury, dans le Nord de l’Ontario. Alors qu’il a 14 ans, il quitte l’école pour ne plus y revenir. Il n’a pas terminé sa 8e année.

Il travaille dans les mines de l’International Nickel Company (couramment appelée l’INCO). Le jeune Campeau se lasse rapidement de ce travail éreintant et part pour Ottawa, où il occupe différents boulots.

En 1949, il construit sa première maison, qu’il vend à profit. Il ne regardera plus jamais en arrière.

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«La maison de vos rêves»

Dès l’année suivante, il en aura construit et vendu une centaine d’autres avec le slogan «la maison de vos rêves».

En 1953, il incorpore sa compagnie sous le nom de Campeau Construction. Dès le début des années 1960, il fonde et acquiert d’autres entreprises, encore dans le domaine de la construction, mais aussi de la finance. Le journal Le Droit, en 1965, le qualifie de «Napoléon de l’industrie de la construction».

Fort de ses succès, Robert Campeau bâtit plus grand et, surtout, plus haut.

Après de premières expériences dans la construction de tours de logements et de bureaux, à Ottawa, il flaire la belle affaire avec la forte croissance de la fonction publique fédérale. Les nouveaux fonctionnaires ont besoin d’espaces à bureau.

Le premier grand projet de Robert Campeau : les trois édifices de Place de Ville, à Ottawa. 

Photo : Wikimedia Commons, partage dans les mêmes conditions 3,0 non transposé

Au milieu des années 1960, l’homme d’affaires prend les choses en main et construit Place de Ville, un vaste complexe de trois édifices, dont le troisième demeurera le plus haut immeuble d’Ottawa jusqu’en 2019.

On fait appel à Robert Campeau pour construire – sans appel d’offres – des immeubles de bureaux pour y installer des fonctionnaires à Hull, maintenant Gatineau, sur la rive québécoise de la capitale fédérale.

Rien ne semble pouvoir arrêter l’ascension fulgurante du Franco-Ontarien. C’est alors qu’il se heurte à son premier mur.

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L’interlude Power Corporation

À la suite d’un projet immobilier qui tourne mal, Robert Campeau doit se résigner à céder le contrôle de sa compagnie à une autre société, en l’occurrence Power Corporation, dirigée par un autre important homme d’affaires franco-ontarien, Paul Desmarais.

Campeau encaisse très mal le coup. Il sombre dans une dépression pendant plusieurs mois et ne se présente pas au bureau. Abattu, mais pas battu.

Au début des années 1980, par un coup de maitre dont seul il a le secret, Robert Campeau convainc la Banco di Santo Spirito, soit la banque du Vatican, de lui verser suffisamment de fonds pour racheter la participation de Power Corporation – plus de 27 millions de dollars canadiens. Il est de nouveau seul en selle.

Devenu l’un des principaux acteurs du secteur immobilier à Ottawa, Campeau veut étendre ses ailes à Toronto. Il réalise quelques projets dans la Ville Reine, dont un hôtel et quelques constructions domiciliaires.

En 1980, il tente un coup d’éclat en déposant une offre d’achat pour la plus grande société financière au pays, la Royal Trust, qui a un actif de sept-milliards de dollars. Mais la métropole ontarienne résiste.

L’establishment financier anglophone de Toronto fera tout pour l’empêcher de mettre la main sur ce joyau de la finance canadienne.

Malgré cet échec, le Canadien français persiste à vouloir s’implanter dans la capitale ontarienne. Pour s’y faire accepter, il y déménage même son siège social et emménage dans une vaste demeure comptant 10 chambres, 13 salles de bain, une piscine olympique et une salle de bal pouvant accueillir 300 personnes.

Mais l’homme d’affaires en veut toujours plus.

Robert Campeau heureux de l’acquisition de l’entreprise Federated Department Stores, qui comprend les magasins Bloomingdale’s, en 1988. 

Photo : Pierre Roussel - Images Distribution

Avec ses visées de grandeur, la prochaine étape était pour lui tout naturellement les États-Unis.

Cap sur le pays de l’Oncle Sam

Dans un premier temps, Campeau y achète des centres commerciaux. Mais au lieu de tenter de convaincre de grandes marques de s’installer dans ses locaux pour attirer les foules et d’autres plus petits magasins, il décide de les acquérir.

Et il vise haut : rien de moins que Macy’s, la célèbre chaine dont le magasin phare a pignon sur Manhattan depuis le début du XXe siècle.

Macy’s dit non. Mais peu de temps après, Campeau réussit à mettre la main, en 1986, sur le groupe Allied Stores et ses 750 magasins de différentes enseignes. La facture est de 4,4 milliards de dollars US.

Encore une fois, Campeau n’est pas satisfait. Sa prochaine convoitise est la Federated Department Stores, le deuxième plus grand groupe de magasins aux États-Unis après Sears, et dont la marque emblématique est Bloomingdale’s. Cout d’acquisition : près de 7 milliards de dollars américains.

Grâce à cette transaction, Robert Campeau trône sur un empire de près de 12 milliards de dollars américains. Il mène un train de vie extravagant à New York et organise, par l’entremise de sa chaine Bloomingdale’s, des évènements spectaculaires avec des vedettes du cinéma et de la télévision.

Si Toronto a boudé le Franco-Ontarien, New York accepte et célèbre celui, parti de rien, qui a réussi. Le rêve américain incarné.

Robert Campeau a laissé aussi sa marque à Toronto, notamment avec la Scotia Plaza. 

Photo : Wikimedia Commons, partage dans les mêmes conditions 3,0 non transposé

Le début de la fin

Mais l’inexpérience de Campeau dans l’industrie de la vente au détail se fait ressentir. Bientôt, les finances tournent au mal… puis au désastre. Il se départit de certaines enseignes pour augmenter ses liquidités. Ce n’est pas suffisant. Ses cotes de crédit plongent. Une spirale vers le bas s’enclenche. À la fin des années 1980, rien de va plus.

En janvier 1990, ses deux joyaux, Federated Department Stores et Allied Stores, déclarent faillite. À hauteur de près de 8,8 milliards de dollars américains, il s’agit de la deuxième faillite en importance aux États-Unis à l’époque.

Démoli, Campeau cherche à se faire oublier. Un journaliste de Radio-Canada, Alain Gravel, le retrouvera plusieurs années plus tard en Autriche où, malgré sa déchéance financière, il habite une demeure palatiale valant 12 millions de dollars. Il a près de 75 ans et a toujours des projets, comme un complexe résidentiel en banlieue de Berlin.

Mais il n’y aura pas de renouveau. Le divorce d’avec sa seconde épouse, Ilse Luebbert, au nom de qui il avait placé environ 18 millions de dollars canadiens pour visiblement se protéger de ses créanciers, met le point final sur sa débâcle.

En 2001, il revient au Canada, s’installe incognito à Ottawa où il vit grâce à une pension de 70 000 $ par année que lui verse son ex-femme. Des miettes pour celui qui nageait dans les milliards à peine dix ans auparavant.

Il meurt en 2017 dans la capitale fédérale, dans un quasi-anonymat, à l’âge de 93 ans.

Un univers doux

Adrian House, auteur-compositeur-interprète originaire de Saint-Jean à Terre-Neuve, nous séduit avec son dernier opus, Pêcheur de rêves.

Pochette de l’album Pêcheur de rêves. 

Photo : adrianhouse.com

L’album débute par un univers jazz, avec de petits bijoux comme Don Quichotte, Gisèle et C’est comme ça, qui captent toute notre attention. Adrian House a un timbre de voix qui laisse à peine paraitre son accent anglophone.

Dans la deuxième partie du disque, il exploite des univers plus pop rock et folk. Les muses accompagne l’un des plus beaux textes du disque. C’est un ver d’oreille aussi puissant que Nulle part. Ce dernier morceau nous jase d’échec et d’espoir sur des sonorités rocks.

Le parapluie d’Élise et Existence sont deux autres superbes textes accrocheurs sur l’espoir et l’intégrité. Adrian House termine son album avec le bel univers folk de Pêcheur de rêves.

Le francophile nous lance un rendez-vous doux et vient nous séduire avec tout l’amour qu’il a pour l’autre langue officielle de son pays. De son bord de mer terre-neuvien, il lance une ligne à l’eau avec cet album. Une belle invitation aux rêveurs de ce monde.

Nulle Part
Album : Pêcheur de rêves

Mémoire de la musique franco-manitobaine

Les années 1970 furent une période faste pour la musique francophone d’un bout à l’autre du pays. L’Acadie a eu le groupe 1755, le Québec, Harmonium et Beau Dommage, l’Ontario, CANO et 33 Barrette, le Manitoba, Gerry et Ziz.

Le 100 NONS, un organisme qui œuvre à l’épanouissement de l’industrie et de la culture musicale francophone au Manitoba, s’est fait un devoir de mémoire, en supportant un projet d’archive du catalogue de Gerry et Ziz. À l’automne 2024, l’association a lancé le coffret Ce coin de pays.

Le premier disque est le matériel du duo Gerry et Ziz, issu de démos et de leur album paru en 1976. On y retrouve cette richesse sonore propre à l’univers folk, pop et rock de cette période.

Pochette de l’album Ce coin de pays. 

Photo : 100nons.com

Des petits velours agréables comme Histoire d’antan, Verbe infinitif ou Au revoir nous ramènent dans les souvenirs d’un temps où rien n’était si pressant. Ce premier disque du coffret de Gerry et Ziz se termine par l’un des classiques du groupe, Manifesto, toujours aussi puissant aujourd’hui.

Le deuxième disque transporte quelques autres extraits de Gerry et Ziz dans un monde plus moderne, grâce à de superbes arrangements et des voix d’artistes de la nouvelle génération comme Nicole Brémault, Kelly Bado et Soulbear.

Ziz (Gérard Jean) nous offre une nouvelle version de Change de chapeau et Gerry (Gérald Paquin) y va du puissant texte Qu’appelle Riel. Jocelyne Baribeau nous enchante avec sa version de C’est à cause du son d’un lointain violon. Mention spéciale à Daniel Lavoie, qui a débuté sa carrière avec Gerry et Ziz, pour sa version piano voix de Tout est prêt.

Il est important de se rappeler d’où nous venons, de nous remémorer celles et ceux qui ont pavé les voix de la francophonie qui nous habite. Le 100 NONS offre aux Franco-Manitobains et Franco-Manitobaines une preuve tangible de leur passé.

Frere-Roc-Stereo
Album : Gerry et Ziz

Pochette de l’album Bruits Blancs. 

Photo : carolinesavoie.com

Une question d’héritage

Je vous invite enfin à redécouvrir l’album Bruits blancs de l’autrice-compositrice-interprète acadienne Caroline Savoie. En attendant son 4e opus, Rom-Com, laissez-vous charmer par une plume profonde, déposée sur une toile de fond folk aux multiples nuances modernes et intéressantes.

Caroline Savoie nous interpelle sur le legs laissé par nos ancêtres et nous questionne sur nos engagements envers les enfants de demain. Sans être moralisatrice, elle nous invite à la discussion avec tendresse et respect.

Avec maturité, autant musicalement que textuellement, l’Acadienne nous interpelle sur notre respect de ceux avant nous, mais aussi l’héritage que nous laissons à ceux de demain.

Corail
Album : Bruits Blancs

Marc Lalonde, dit Lalonde des ondes, est chroniqueur musical depuis plus de 25 ans au sein de la francophonie musicale canadienne et animateur de l’émission radiophonique Can-Rock. Il se fait un malin plaisir de partager cette richesse dans 16 stations de radio à travers le pays chaque semaine.

En entrevue avec Francopresse, le commissaire sortant se dit heureux de son bilan, dans une période occupée pour les langues officielles. Il note que même si le gouvernement fédéral a permis de faire des avancés importantes, il faut constamment rester vigilant.

Francopresse : Quel bilan tirez-vous de vos sept années passées à analyser les langues officielles et l’immigration francophone sous le gouvernement libéral de Justin Trudeau?

Raymond Théberge : Je dirais que ce gouvernement a quand même fait le travail nécessaire pour arriver à la modernisation de la Loi sur les langues officielles, qui donne un nouveau régime linguistique.

Là où il aurait pu mieux faire la mise en œuvre rapide de la nouvelle loi, c’est au niveau des règlements par exemple, et de la gouvernance des langues officielles. On peut avoir la meilleure loi possible, si on n’a pas une mise en œuvre solide, c’est difficile de mesurer son impact.

Le Plan d’action est le deuxième levier que le gouvernement peut utiliser pour assurer le développement de nos communautés. C’était un bon Plan, mais il y avait des défis sur le fait que l’argent n’allait pas assez rapidement aux intervenants.

C’était quand même une période où il y avait beaucoup d’enjeux, mais aussi d’effervescence dans le monde des langues officielles jusqu’à cette dernière année, que ce soit au niveau du fédéral ou même des provinces et des territoires.

Durant les sept dernières années, les langues officielles étaient très présentes sur le plan national et je pense que c’est extrêmement important dans la civilisation canadienne qu’elles soient visibles, qu’elles soient entendues.

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Récemment, la présidente du Conseil du Trésor, Anita Anand, a annoncé que les règlements de la nouvelle loi seraient déposés «avant mars 2025». Cependant, des élections pourraient avoir lieu d’ici là. Quelles seraient les conséquences s’ils ne sont pas adoptés avant?

Et bien, si les règlements ne sont pas passés dans les prochains mois par exemple, ça veut dire qu’on ne peut pas utiliser des sanctions administratives pécuniaires.

Ça veut aussi dire qu’il va y avoir beaucoup d’ambigüité autour de la mise en œuvre de la partie VII de la Loi sur les langues officielles [qui porte sur la promotion des deux langues officielles et l’épanouissement des communautés, NDLR].

Les règlements, ce sont le «comment» de la Loi, donc c’est extrêmement important. Le travail va se poursuivre, qu’il y ait des élections ou non, mais ce qui est important en fin de compte, c’est de savoir si on a suffisamment de temps pour que ça soit effectivement passé.

Je sais que la présidente du Conseil du Trésor l’a précisé, mais nous, on est en attente.

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Un autre de vos mandats consiste à surveiller l’immigration francophone. Un rapport récent a révélé que les immigrants francophones étaient plus susceptibles de quitter le pays après deux ans, comparativement aux anglophones et aux allophones. Qu’est-ce que ça illustre de l’immigration francophone au Canada?

Ça indique qu’au niveau de l’accueil et de l’intégration des nouveaux arrivants, on a certainement des défis.

Est-ce qu’on a en place les structures nécessaires pour bien accueillir ces nouveaux arrivants dans nos communautés? Est-ce qu’on a les outils pour bien les intégrer? Est-ce qu’ils ont accès au logement, à la formation linguistique si nécessaire, à l’emploi?

On doit se pencher là-dessus. C’est pour cela que je parle souvent de développer une voie d’immigration francophone, c’est-à-dire que du début à la fin, l’immigrant francophone est accompagné tout au long de son séjour.

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Lors d’une séance en comité le 10 décembre, un représentant de la Fédération nationale des conseils scolaires francophones a rappelé que certains élèves francophones assistent toujours à des cours dans des roulottes. Pourquoi ces conditions perdurent, alors qu’une décision de la Cour suprême a donné raison aux francophones en 2020?

Dans toutes nos communautés francophones en milieu minoritaire, nous n’avons pas suffisamment d’infrastructures éducatives pour répondre à la demande. Ça persiste depuis des années, ça persistait quand mes enfants étaient à l’école et encore aujourd’hui on n’est pas en mesure de construire suffisamment d’écoles ou de centres communautaires scolaires pour répondre à cette demande.

Il y a toujours un décalage entre la demande et la construction des infrastructures et l’éducation, il faut le dire. C’est la façon d’assurer la pérennité de nos communautés et sans des infrastructures de qualité, on va manquer plusieurs générations d’élèves et d’étudiants.

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Revenons-en à votre fin de mandat. Le 28 janvier ce sera votre dernier jour en tant que commissaire des langues officielles. Quel regard portez-vous sur les sept dernières années?

Premièrement, je ressens une certaine tristesse parce que c’est un travail assez passionnant, avec une équipe réellement dévouée aux langues officielles. Cependant, c’est sans doute le moment pour passer le flambeau à quelqu’un.

Ces sept dernières années, on a accompli beaucoup de travail au Commissariat, qui a eu un impact sur les ordres officiels au Canada, que ce soit par le biais de la modernisation de la Loi sur les langues officielles, la vigie du Plan d’action sur les langues officielles, les divers projets de recherche et d’études qu’on a effectués, qui ont un impact par exemple sur la sécurité publique, sur l’immigration et sur plusieurs éléments de la société canadienne.

Aussi, on est intervenu à plusieurs reprises devant les tribunaux, on a fait avancer par exemple les droits pour les voyageurs, d’éducation, d’accès à la justice, d’épanouissement des communautés.

C’était un privilège et un honneur d’occuper ce poste pendant sept ans.

Nomination du commissaire aux langues officielles

Le commissaire est nommé par le gouverneur en conseil, après la consultation du chef de chacun des partis reconnus au Sénat et à la Chambre des communes, suivie d’une approbation par résolution des deux chambres du Parlement.

Le gouvernement n’a pour l’instant pas laissé donner d’indices sur les candidats qui pourraient remplacer Raymond Théberge.

Qu’est-ce que vous aimeriez transmettre à votre successeur ou successeure?

Le message est le suivant : on doit être toujours vigilant en ce qui a trait à la mise en œuvre de la Loi sur les langues officielles.

Il faut être conscient qu’on est ici pour défendre les droits linguistiques de tous les Canadiens et Canadiennes, et des anglophones au Québec aussi.

Les propos ont été réorganisés pour des raisons de longueur et de clarté.

En s’appuyant sur des données scientifiques et administratives, ainsi que sur celles recueillies dans le cadre d’enquêtes, d’entrevues et de séances de consultation, le rapport de la FCCF soutient que l’art présente des solutions aux divers défis que rencontrent les écoles de langue française en milieu minoritaire au Canada. À commencer par l’intégration des nouveaux arrivants.

L’évolution de la démographie de la francophonie canadienne figure parmi les enjeux soulevés par les auteurs du mémoire. Les enfants issus de l’immigration représentaient 38,5 % de l’ensemble de la population admissible à une éducation en français en contexte minoritaire en 2021, rapporte le mémoire, se référant aux données de Statistique Canada.

Selon la FCCF, les arts jouent un rôle important dans l’intégration des élèves immigrants : «L’éducation artistique crée des ponts entre les cultures, elle renforce les liens interculturels entre les membres du personnel ainsi qu’entre le personnel enseignant et les élèves», peut-on lire dans le rapport.

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Joey Robin Haché et la classe de Josée Deschênes Caron à l’École régionale Saint-Basile d’Edmundston, au Nouveau-Brunswick, dans le cadre du programme de conception d’activités pédagogiques artistiques. 

Photo : Courtoisie

Pénurie de main-d’œuvre et santé mentale

La pénurie de personnel enseignant qualifié à laquelle font face les 34 conseils scolaires francophones en contexte minoritaire est aussi pointée du doigt.

Marie-Ève Desormeaux, directrice des contenus de La ruchée, le laboratoire d’éducation artistique qui relève de la FCCF, soutient que les bienfaits de l’éducation artistique se font ressentir chez les enseignants.

Pour Marie-Ève Desormeaux, il existe plein de témoignages de jeunes qui disent que «l’art à l’école m’a sauvé la vie». 

Photo : Marianne Duval

«Quand on sait que le décrochage est parmi les causes notables de la pénurie de main-d’œuvre en enseignement, outiller le personnel enseignant en éducation artistique et encourager l’enseignement interdisciplinaire par les arts sont des approches prometteuses qui ont des effets positifs sur le climat de la salle de classe et le perfectionnement professionnel des membres du personnel enseignant.»

La ruchée a accompagné près de 370 bénéficiaires, en majorité du personnel enseignant, durant la période 2022-2024, pour intégrer l’art dans leur curriculum.

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Le rapport de la FCCF assure en outre que l’éducation artistique a un effet positif sur le bienêtre des élèves, à l’heure où environ 20 % des jeunes Canadiennes et Canadiens sont affectés par un trouble de santé mentale. Le Canada se classe au troisième rang pour le taux de suicide le plus élevé chez les jeunes parmi les pays industrialisés.

Grâce à l’expression artistique, les jeunes se sentent «vus, entendus et compris dans leur identité», affirme-t-elle.

La directrice se réfère à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) qui a conclu, «à la suite d’une revue de plus de 3000 études, que l’art a des effets non négligeables sur la santé physique et mentale des personnes autant sur le plan de la prévention que du traitement».

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Les bienfaits de l’éducation artistique

Le rapport Une place de choix pour l’art à l’école de la Fédération culturelle canadienne-française (FCCF) identifie plusieurs bienfaits de l’éducation artistique en milieu scolaire :

Ressources et appuis aux enseignants

Clément Moudiongui, animateur culturel dans une école francophone de Toronto en Ontario, fait partie des bénéficiaires de l’un des programmes déployés par La ruchée. «Bien que nos élèves aient tendance à consommer les arts dans la langue dominante, nous faisons plus que notre mieux pour donner des alternatives francophones», témoigne-t-il. Les outils de La ruchée permettent de simplifier la tâche du personnel enseignant pour y arriver.

Clément Moudiongui constate qu’il est important d’offrir des activités qui s’ajustent au niveau de progression des élèves.

Photo : Lina Brouillard

Pour sa part, l’enseignante de maternelle et première année à Campbell River en Colombie-Britannique, Andréanne Nammour, estime que «les enseignants peuvent avoir une certaine crainte à intégrer l’art dans leur classe».

Participer au projet de Conception d’activités pédagogiques artistiques (CAPA) de La ruchée a été pour elle une expérience enrichissante. Grâce à ce programme de développement professionnel, elle a été jumelée à une artiste pour l’aider à intégrer les arts comme outil pédagogique.

 «C’était vraiment bon d’avoir une artiste qui préparait les sessions puis, moi, je m’occupais de trouver les objets de curriculum. C’était vraiment un travail d’équipe», se réjouit-elle.

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Un pont entre l’école et les artistes

Justement, les 12 recommandations formulées par la FCCF dans son mémoire appellent à garantir une présence continue, valorisée et structurante des artistes et de leurs œuvres au sein des programmes éducatifs, «pour alimenter la mise en œuvre de l’éducation artistique dans les écoles».

Selon Joey Robin Haché, l’intégration de l’art à l’école favorise l’attention des élèves et leur engagement durant l’apprentissage. 

Photo : Lara Herbinia

Une telle présence serait, d’après l’organisme, d’une grande utilité pour une enseignante ou un enseignant généraliste n’ayant pas reçu de formation suffisante en didactique des arts. L’élaboration de curriculums d’éducation artistique s’ajoute à une charge de travail déjà considérable, en plus d’affecter la confiance professionnelle.

Cette réalité, l’auteur-compositeur-interprète acadien Joey Robin Haché, la connait très bien. Il travaille depuis 13 ans dans le milieu scolaire et a accompagné, en collaboration avec La ruchée, deux enseignantes au Nouveau-Brunswick l’année dernière.

«À l’ère des réseaux sociaux et face à des méthodes scolaires classiques et parfois rigides, on a essayé de créer un gabarit de cours en mariant art et pédagogie», rapporte l’artiste multidisciplinaire.

«Et ça fonctionne», estime-t-il. Bien qu’il s’agisse, selon lui, d’un processus en constante évolution, qui nécessite du temps pour convaincre et permettre d’innover dans la manière d’enseigner.

Mobiliser les décideurs

Marie-Ève Desormeaux le confirme : «On a des preuves que ça fonctionne. Nous avons beaucoup de demandes, mais malheureusement présentement la demande dépasse notre capacité de répondre».

L’un des objectifs des ateliers «Bâtir la confiance créative» est d’outiller le personnel enseignant pour intégrer plus d’arts dans l’enseignement. 

Photo : Dany Lepage

La FCCF recommande que les gouvernements provinciaux, territoriaux et fédéral augmentent les fonds et les investissements pour l’éducation artistique, afin de garantir sa qualité et sa durabilité dans les systèmes éducatifs francophones.

Elle propose aussi de créer une charte d’éducation artistique dans les communautés francophones en vue de «définir les principes directeurs et les valeurs guidant la place de l’éducation artistique dans l’école».

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