Les provinces et territoires ont jusqu’au 31 mars pour signer les ententes avec le fédéral issues du Protocole d’entente relatif à l’enseignement dans la langue de la minorité et à l’enseignement de la langue seconde, qui distribuera 1,4 milliard de dollars cette année, réparti entre les provinces.
L’argent destiné à la langue seconde s’élève à près de 678 millions de dollars, quand l’éducation postsecondaire dans la langue de la minorité obtient 104 millions de dollars et l’enseignement dans la langue de la minorité (écoles élémentaires et secondaires), plus de 700 millions de dollars.
La répartition du milliard entre les provinces et territoires est précisée dans le Protocole.
Provenance des sommes
Ce financement de 1,4 milliard est un mélange de fonds de base distribués annuellement et de fonds additionnels. Ce n’est pas de l’argent nouveau, car il est prévu dans le Plan d’action pour les langues officielles 2023–2028.
Cet argent est divisé entre quatre éléments :
En fonction de la nature de l’établissement et son emplacement (au Québec ou hors Québec), l’enseignement de la langue seconde ou de la langue de la minorité disposent de fonds fédéraux bien distincts.
Condition
Comment cet argent sera ensuite utilisé par les provinces, et pour quels établissements? Ce sera à elles de le déterminer.
Ce qui est toutefois déjà très clair, «ce sont les critères», affirme d’emblée une porte-parole de Patrimoine canadien, en entrevue avec Francopresse.
Cette dernière certifie que les établissements anglophones en dehors du Québec sont bel et bien admissibles à recevoir cet argent, «tout comme les établissements francophones au Québec», précise-t-elle.
À une condition toutefois : que l’argent serve à financer des programmes ou des cours enseignés dans la langue seconde.
Langue première ou langue seconde?
La langue seconde est définie comme «toute langue apprise suite à l’acquisition de la langue première», rapporte l’Encyclopédie canadienne. Dans le cas d’anglophones en dehors du Québec, ce serait le français, explique Patrimoine canadien.
L’enseignement dans langue de la minorité est destiné aux étudiants dont la langue maternelle est le français ou l’anglais, mais qui vivent dans une province où leur langue est minoritaire.
Par exemple, les francophones en dehors du Québec qui ont le français comme langue maternelle bénéficient des fonds fédéraux de la langue de la minorité.
Ainsi, les établissements choisis pour recevoir des fonds ont toute leur importance pour les communautés francophones en situation minoritaire, qui sont très souvent en manque d’écoles, d’université et de programmes de qualité dans leur langue.
Pour rappel en 2021, 292 000 enfants admissibles à une éducation en français sur 452 0000 ont fréquenté ou fréquentent une école de langue française minoritaire.
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Les provinces s’apprêtent à choisir les établissements qui recevront de l’argent pour les enseignements dans la langue de la minorité ou dans la langue seconde.
Une entente à signer avant le 31 mars
Un système de reddition de comptes existe pour que le fédéral – sans s’ingérer dans les compétences des provinces – ait accès à la répartition des fonds des provinces entre les établissements et programmes de langues officielles.
Pour le moment, Patrimoine canadien n’a pas accès à la répartition de l’argent entre les établissements et programmes, puisque les discussions entourant les ententes avec les provinces et territoires sont en cours. Ces dernières ont jusqu’au 31 mars pour les signer et absorber, puis distribuer l’argent selon leur choix, insiste le ministère.
À ce jour, seule la Colombie-Britannique a signé l’entente, mais les détails n’ont pas été dévoilés.
Dans un monde qui nous a longtemps dressées les unes contre les autres, s’aimer, se soutenir et se choisir n’est pas seulement un acte de bienveillance. C’est un acte politique.
Depuis des siècles, la société patriarcale a entretenu la rivalité entre les femmes. Nous avons grandi avec l’idée qu’il fallait être «la plus belle», «la plus désirée», «la plus vertueuse».
On nous a appris que nous devions nous méfier des autres femmes, qu’elles étaient des rivales, des menaces.
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Dans les contes de notre enfance, la belle princesse est souvent opposée à la méchante sorcière. Dans les films, la «garce» et la «sainte» se disputent les faveurs d’un homme.
Et que dire du «Tu n’es pas comme les autres filles», cette phrase qu’on nous a vendue comme un compliment?
Rien de plus efficace pour nous diviser.
Pendant que nous nous comparons, que nous nous épuisons à être «mieux» que les autres, nous restons distraites. Distraites des véritables rapports de pouvoir, des systèmes qui nous oppressent, des inégalités bien réelles qui nous maintiennent sous contrôle. Car cette rivalité entre femmes n’est pas qu’un dommage collatéral du patriarcat : c’est une stratégie.
Et comme toute bonne stratégie, elle a un complice de taille : le capitalisme. Un marché florissant s’est bâti sur nos insécurités savamment entretenues.
Le capitalisme nous pousse à voir les autres femmes non pas comme des alliées, mais comme des concurrentes pour une place dans un monde qui nous en laisse si peu. Il prospère sur notre isolement. Il nous veut dociles, convaincues que notre valeur dépend de notre apparence, de notre performance ou de notre capacité à nous conformer.
Mais soyons honnêtes : cette guerre entre femmes est un mensonge. Une illusion fabriquée pour nous maintenir à notre place.
La vérité, c’est que quand nous nous choisissons, quand nous nous soutenons, quand nous refusons de jouer le jeu, tout change. L’histoire l’a montré : les avancées féministes ne sont jamais venues de la compétition, mais toujours de la sororité.
L’histoire nous prouve que les femmes ont toujours su se réunir et s’organiser ensemble. Les suffragettes se battaient côte à côte pour obtenir le droit de vote. Les ouvrières du textile créaient des réseaux de soutien face à l’exploitation. Les féministes des années 1970 s’éduquaient mutuellement sur leurs droits et brisaient le silence sur les violences conjugales.
Aujourd’hui encore, l’entraide entre femmes est partout. Dans les groupes de discussion où l’on partage nos histoires et nos conseils. Dans les collectifs qui recueillent la parole des victimes de violence. Dans ces réseaux de mères qui s’organisent pour alléger la charge invisible qui leur pèse. Dans ces amies qui s’assurent qu’on est bien rentrée après une soirée, qui nous écoutent quand tout va mal, qui nous encouragent quand nous doutons de nous-mêmes.
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L’amitié féminine ne se contente pas de résister : elle transforme.
Elle permet de déconstruire ensemble le sexisme, le racisme, le validisme. Elle crée des espaces où l’on s’écoute, où l’on se soutient, loin des injonctions patriarcales et des rôles assignés. Des ilots de résistance et d’indépendance. Comme l’écrivait l’activiste et poétesse queer noire Audre Lorde : «Sans communauté, il n’y a pas de libération.»
En ce 8 mars, au-delà des slogans et des revendications, prenons un instant pour penser à celles qui nous ont portées, soutenues, aimées. Envoyons un message à une amie pour la remercier, organisons un cercle de discussion, soutenons des initiatives féministes locales.
Car au fond, le féminisme n’est pas qu’un combat. C’est aussi un refuge. Et nos amitiés en sont les remparts les plus précieux.
Originaire de Belgique, Julie Gillet est titulaire d’une maitrise en journalisme. Militante éprise de justice sociale, voici près de quinze ans qu’elle travaille dans le secteur communautaire francophone et s’intéresse aux questions d’égalité entre les genres. Elle tire la force de son engagement dans la convergence des luttes féministes, environnementales et antiracistes. Elle vit aujourd’hui à Moncton, au Nouveau-Brunswick.
Sur les Spotify et Apple Music de ce monde, il n’est pas toujours facile de tomber sur des morceaux en français. Pour y remédier, la Société professionnelle des auteurs, des compositeurs du Québec et des artistes entrepreneurs (SPACQ-AE) a lancé MUSIQC, une nouvelle plateforme accessible via le site Internet du même nom.
Celle-ci propose un vaste répertoire de listes de lecture conçues par des artisans du milieu musical, et non des algorithmes ou l’intelligence artificielle. Des listes qui peuvent ensuite être écoutées sur les principales plateformes d’écoute en ligne.
L’espace regroupe aussi une multitude de fiches d’artistes francophones, accompagnées de leurs titres les plus populaires et de liens vers leurs réseaux sociaux respectifs.
Selon l’Observatoire de la culture et des communications du Québec (OCCQ), en 2023, sur les 10 000 chansons les plus écoutées sur les services de diffusion en ligne, 8,5 % étaient interprétées en français, dont 3,5 % par des artistes de l’extérieur du Québec.
Au-delà de faire rayonner l’industrie musicale francophone, l’objectif de MUSIQC est aussi de «ralentir et d’inverser» le déclin du français, partage la directrice générale de la SPACQ-AE, Ariane Charbonneau.
«On parle aussi de défendre notre souveraineté culturelle et linguistique […] Je sais très bien comment, en une génération, le français peut se perdre», ajoute celle qui a grandi dans une famille d’origine franco-ontarienne.
Certaines listes de lecture de MUSIQC tendent le micro à des artistes francophones en situation minoritaire, comme «D’Est en Ouest» ou «Francophonie d’un océan à l’autre», concoctée par l’Alliance nationale de l’industrie musicale (ANIM).
Selon David Robquin, il reste encore un «gros travail d’éducation» à faire, notamment dans les écoles, auprès des jeunes francophones en situation minoritaire.
La directrice générale de la SPACQ-AE, Ariane Charbonneau, indique que toutes les francophonies ont voix au chapitre. «Sur les 2000 artistes, à peu près 15 % sont hors Québec. C’est une initiative qui touche toute la francophonie dans le monde […] On va aussi avoir des artistes francophones de l’Europe et de l’Afrique.»
«L’idée, c’est d’ouvrir les portes, de créer des opportunités d’affaires pour les artistes et les équipes qui les entourent pour pouvoir s’importer et s’exporter», renchérit la responsable.
«C’est sûr que ce qui manque quand on est un artiste francophone, c’est justement des listes de lecture faites par ce qu’on appellerait des influenceurs de la musique francophone», remarque David Robquin, chargé d’accompagnement et de la mise en marché numérique à Association des professionnel.le.s de la chanson et de la musique (APCM).
Les listes de chansons en français sont la plupart du temps faites par des utilisateurs de la francophonie européenne, indique-t-il. «Donc, souvent ils vont avoir un regard moins porté sur ce qui se fait de l’autre côté de l’océan.»
Il voit l’arrivée de MUSIQC d’un bon œil : «Ça vient renforcer une offre qu’il n’y a pas forcément, en espérant que ça profite à des artistes de la francophonie canadienne et qu’ils puissent avoir ce regard au Québec, de regarder ce qui se fait plus à l’ouest, plus à l’est aussi avec l’Acadie.»
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MUSICQ devrait dans un premier temps comprendre entre 150 et 200 listes de lecture. «Évidemment, on va bonifier l’offre», assure Ariane Charbonneau.
Les listes sont composées par trois types de programmateurs et programmatrices : des spécialistes des genres musicaux, des artistes reconnus – comme Corneille, porte-parole de la plateforme – et des partenaires (évènements, associations, festivals, etc.).
«L’idée c’est vraiment de créer des ponts, on ne veut pas juste rester cloitré dans notre industrie de la musique. On va vouloir avoir des athlètes, des personnalités publiques, des gens du monde culinaire, de la mode», énumère la responsable.
Pas question néanmoins de faire concurrence aux plateformes déjà existantes, comme Spotify ou Apple Music. «L’idée, ce n’est pas de changer comment les gens consomment la musique, mais bien ce qu’ils écoutent», nuance Ariane Charbonneau.
MUSIQC entend «bousculer les algorithmes, pour s’assurer que les gens écoutent de la musique d’ici».
«Avant, on comptait sur la radio, les journaux, la télévision, mais on a de moins en moins de place de nos musiques dans l’audiovisuel, à la radio, etc. Puis en streaming, c’est catastrophique», complète la directrice générale.
«L’idée c’est de créer un magasin de mise en vitrine de nos musiques. Vous allez dans un magasin pour aller chercher un chandail jaune, par exemple. Mais il n’est pas sur la vitrine, il n’est pas sur les étalages, il est dans le backstore. Tu ne vas jamais acheter ce chandail jaune si tu ne le vois pas. C’est le même principe avec la musique en ligne», illustre-t-elle.
«En termes d’accès, la musique francophone, elle est là, elle est bien vivante, souligne David Robquin. Les artistes sont tous distribués, sont tous disponibles.» Reste à se faire remarquer par les plateformes, mais aussi par le public.
«Il y a plusieurs instances qui vont financer la création de nos musiques, mais il faut que nos gouvernements puissent aussi contribuer à la promotion de notre musique», insiste Ariane Charbonneau.
Pour lui, il y a aussi un «gros travail d’éducation» à faire, notamment auprès de la jeunesse, grande consommatrice de contenu en ligne. «Nous, souvent, quand on va dans les écoles et qu’on demande “Qu’est-ce que vous écoutez en francophone?”, on nous sort des chansons de la France vieilles de 10-15 ans.»
«Cette plateforme et ses listes de lecture peuvent être vraiment un outil extraordinaire pour justement aller toucher des jeunes, aller toucher un public qui n’est pas forcément habitué à aller fouiller dans la marée des Spotify et des Apple Music», estime-t-il.
«Il y a aussi un travail de développement de terrain local, de rencontrer sa communauté, faire des spectacles, développer ses médias sociaux, etc. Et en fait, aujourd’hui, c’est ça qui est difficile pour les artistes, c’est qu’il faut être partout. Et ça peut être vertigineux.»
De son côté, l’artiste-compositeur-interprète Paul Cournoyer, directeur général du Centre de développement musical (CDM), en Alberta, avoue ne pas consacrer autant de temps qu’il le devrait à assurer sa présence sur les plateformes d’écoute en ligne. «Je n’ai juste pas le temps entre travailler un emploi à temps plein et puis avoir une famille.»
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Car sur les grosses plateformes, les acteurs de la musique indépendante doivent jouer des coudes. «C’est un défi d’être ajouté sur les listes de lecture», confirme Paul Cournoyer.
Pour Paul Cournoyer, MUSIQC reste une «belle initiative» : «C’est presque entièrement des artistes québécois, mais il y a une couple de listes qui ont des artistes de la francophonie canadienne. C’est certain que de ce côté-là, ça va être intéressant de voir comment ils réussissent à grandir ça.»
Il est difficile pour les artistes francophones en situation de minorité d’élargir leur audience et de se faire connaitre d’un nouveau public, poursuit-il.
«Les artistes majors dominent les listes de lecture. C’est un peu le problème qu’on voit à travers l’industrie : peu importe si on est indépendant, anglophone ou francophone, on voit une homogénéisation des listes de lecture par les maisons de disques.»
«Quand tu lances un album, tu peux seulement proposer une chanson pour les listes de lecture. Donc, si la chanson parait bien dans les algorithmes, ils viennent éventuellement la porter vers la personne éditoriale, sinon, t’as essentiellement raté ton seul coup pour te faire placer sur une liste.»
Il salue aussi l’initiative de MUSIQC de proposer des répertoires conçus par des artistes, des personnalités publiques ou des spécialistes. «Ça donne une perspective.»
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La Fédération des municipalités du Nord de l’Ontario (FMNO) organisait ce premier débat de la campagne électorale ontarienne à North Bay, le 14 février.
Les défis financiers des municipalités, l’accès aux soins de santé, la sécurité sur les routes et le développement économique de la région ont été au cœur des questions. Des thèmes choisis à partir de consultations auprès de nombreuses organisations du Nord.
Dès les discours d’ouverture, la cheffe libérale Bonnie Crombie, la cheffe du Nouveau Parti démocratique (NPD), Marit Stiles et le chef du Parti vert, Mike Schreiner, ont attaqué le bilan du premier ministre conservateur Doug Ford. Il et elles l’accusent d’avoir abandonné les résidents et les villes du Nord dans tous les domaines névralgiques.
De son côté, Doug Ford s’est présenté comme le seul qui peut répondre aux attaques de Donald Trump, insistant sur l’importance des minéraux critiques enfouis dans les sols du Cercle de feu pour bonifier l’économie et résister à la menace que représente le président américain.
Les Ontariens et Ontariennes iront aux urnes le 27 février. L’idée de Doug Ford de lancer des élections en plein cœur des menaces de tarifs douaniers venant des États-Unis a été critiquée à quelques reprises, surtout par Bonnie Crombie.
La cheffe du Parti libéral de l’Ontario, Bonnie Crombie, dit vouloir augmenter la densification des villes et le transport public.
Entre villes et province
Doug Ford a encore été la cible des autres chefs sur les questions du financement des municipalités, des services et de la construction de logements.
Bonnie Crombie et Marit Stiles ont toutes deux mentionné à plusieurs reprises que le gouvernement provincial s’est débarrassé de plusieurs de ses responsabilités en les remettant aux municipalités, augmentant leur fardeau financier.
Le NPD et le Parti vert promettent quant à eux de rapatrier au niveau provincial des services que les gouvernements précédents ont transférés aux municipalités, comme la construction de logements sociaux.
Mark Schreiner a de son côté souligné le déséquilibre des investissements entre le nord et le sud de la province, promettant d’en faire plus pour le Nord.
Chaque candidate et candidat s’est présenté comme la personne la mieux placée pour construire davantage de logements.
Tandis que Doug Ford promet de diminuer les barrières à la construction et remettre de l’argent dans les poches des résidents comme moyen pour y arriver, les autres partis promettent plus d’aide financière à la construction, ainsi que de réduire les obstacles administratifs, soit le proverbial «red tape».
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Protéger le secteur forestier
Le secteur forestier du Nord de l’Ontario souffre depuis plusieurs années. La diversification des marchés a été présentée comme solution pour favoriser sa croissance et faire face à la possible hausse des tarifs douaniers américains.
Doug Ford a défendu son bilan, rappelant que son parti a fourni de l’argent pour que des entreprises se procurent de nouvelles technologies.
Marit Stiles a expliqué que chaque fermeture d’entreprise a des effets importants sur les municipalités et leurs résidents. Sous Doug Ford, de nombreux emplois «sont allés vers le Sud», dit-elle.
«La solution au sans-abrisme est la construction de logements», a insisté la cheffe du Nouveau Parti démocratique de l’Ontario, Marit Stiles.
Drogues et santé mentale
Bonnie Crombie a clairement assuré qu’elle reconnaitrait la consommation de drogue comme un problème de santé publique. La cheffe libérale veut voir plus de centres de traitement des dépendances et «une stratégie coordonnée, pas des projets par-ci par-là».
Marit Stiles a pour sa part garanti plus d’investissements et de travailleurs en santé publique, y compris dans les écoles. «Les libéraux ont créé la crise dans les hôpitaux et les conservateurs l’ont aspergée avec de l’essence», a-t-elle lâché.
Mark Schreiner désire, lui, voir «moins de consommateurs de drogues dans les prisons» : «Ce n’est pas la société dans laquelle je veux vivre.»
Doug Ford s’est défendu d’avoir fermé des centres d’injections supervisés qui étaient trop près d’écoles et de garderies.
Pendant que le premier ministre rappelait ses investissements en santé et la construction d’hôpitaux, les autres chefs ont rétorqué qu’ils étaient vides, puisqu’il n’y a pas assez d’infirmières et de médecins.
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les mercredis et samedis
Dans son discours de clôture, le chef du Parti vert ontarien, Mike Schreiner, a été le seul à parler des effets de la crise climatique et de son plan pour appuyer l’adaptation aux changements environnementaux dans la province.
Sécurité routière
La sécurité de la route 11 fait régulièrement les manchettes en hiver. Les accidents de transport routier peuvent fermer pendant des heures cette artère qui traverse tout le Nord. Tous les chefs promettent d’améliorer la sécurité sur les routes de la province.
Marit Stiles accuse Doug Ford d’avoir pris des fonds pour les routes du Nord et les avoir utilisés dans le Sud. Elle veut rapatrier la gestion de l’entretien routier dans le giron du gouvernement.
Doug Ford a rappelé que son gouvernement travaille sur le retour du Northlander, le train entre Toronto et Cochrane, et a investi pour élargir les routes et ajouter des aires de repos. En débat et en mêlée de presse, Marit Stiles et Bonnie Crombie ont souligné que malgré l’annonce, les Nord-Ontariens attendent toujours.
Mêlé de presse sans premier ministre
Doug Ford n’est pas resté après le débat pour répondre aux questions des journalistes.
Faisant référence à certaines de ses déclarations, Bonnie Crombie et Marit Stiles ont toutes les deux souligné en mêlée de presse que le chef conservateur changeait son discours selon le public.
Marit Stiles a également rappelé sa promesse de ne pas augmenter les taxes et les impôts, en plus d’offrir un «remboursement d’épicerie».
L’éducation postsecondaire n’a pas été abordée lors du débat, mais la cheffe libérale Bonnie Crombie s’est dite très intéressée par les démarches de l’Université de Sudbury pour offrir des cours.
Un débat en français
Les quatre chefs s’affronteront à nouveau le 17 février à 18 h 30. Un débat en français organisé par Radio-Canada et TFO et regroupant des candidats francophones des quatre principaux partis sera présenté le 19 février. Francopresse diffusera la vidéo de ce débat.
Entre les années 1950 et 1990, sur fond de Guerre froide, le gouvernement du Canada a mené des enquêtes, harcelé et licencié des membres de la communauté 2ELGBTQI+ au sein des Forces armées canadiennes, de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et de la fonction publique fédérale.
Plus de 9000 personnes ont été exclues et au moins 30 000 ont été fichées en raison de leur orientation sexuelle.
Désignée aujourd’hui sous le nom de «purge LGBT», cette politique a mis fin à des milliers de carrières et brisé de nombreuses vies. L’ouverture d’une exposition sur ces évènements au Musée canadien pour les droits de la personne à Winnipeg, au Manitoba, est l’occasion pour l’équipe derrière le documentaire La purge LGBT : la sombre histoire, sorti en 2023, de remettre cette histoire de l’avant.
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Avec ce documentaire, Orlando Arriagada espère éveiller les consciences.
Interrogatoires humiliants, confessions forcées, chantage : le gouvernement a mené une véritable «chasse aux sorcières» pour débusquer ces hommes et ces femmes jugés «immoraux» et représentant un «danger pour la sécurité nationale».
Pour les services secrets, «tous les gais sont des espions et tous les espions sont des gais», rapporte l’avocat Douglas Elliott dans le documentaire La purge LGBT : la sombre histoire.
En 2016, des survivants et survivantes intentent un recours collectif contre le gouvernement fédéral qui mène, en 2018, à une entente historique prévoyant des indemnités totalisant 145 millions de dollars.
En novembre 2017, le premier ministre, Justin Trudeau, présente des excuses officielles à la Chambre des communes, au nom du gouvernement canadien, pour ces actions et politiques discriminatoires systémiques.
«Je pense que c’est important que ces histoires-là soient vues», souligne le réalisateur du documentaire, Orlando Arriagada, qui espère que le film trouvera un écho au sein de la population.
À ses yeux, le propos du documentaire est d’autant plus important aujourd’hui, «quand on entend ce qui arrive chez nos voisins, les États-Unis, qui ont un recul dans les droits qu’on a acquis, et surtout pour les nouvelles générations.»
«Ça me fait peur, parce que je pense que la société a avancé et maintenant on est à la porte peut-être de reculer.»
Steven Deschamps est directeur des Vétérans arc-en-ciel du Canada, un organisme à but non lucratif qui soutient les vétérans touchés par la purge LGBT.
Et le réalisateur de poursuivre : «On a une obligation de garder la mémoire des évènements comme ça. Il faut qu’ils ne soient pas oubliés, qu’ils ne soient pas mis de côté et qu’on soit conscient des répercussions qu’ils ont dans la société et chez les individus qui ont été cassés, qui ont été mis de côté, dont la carrière a été finie, dont la vie était finie. C’est important d’en parler pour ne pas que l’histoire se répète.»
Car, précisément, l’épisode de la purge LGBT reste largement méconnu au Canada. «Quand on rencontrait des gens à qui on racontait l’histoire, ils étaient surpris parce que c’est le Canada, un des pays les plus démocratiques au monde», y compris au sein de l’équipe de tournage, confie-t-il.
Le film donne notamment la parole à d’anciens et anciennes membres des Forces armées canadiennes : Lucie Laperle, Martine Roy et Steven Deschamps. «En parlant de nos histoires, nous devenons plus forts», déclare ce dernier devant la caméra.
Congédié au début des années 1980, dévasté, le francophone pense d’abord à s’enlever la vie en se jetant d’un pont surplombant le canal Rideau, à Ottawa. Il se battra ensuite pour réintégrer l’Aviation royale canadienne, en 1992. Le lieutenant-colonel à la retraite vit actuellement à Victoria, en Colombie-Britannique.
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Lorsque, en novembre 2017, le premier ministre, Justin Trudeau, a présenté des excuses pour les discriminations perpétrées ou tolérées par le gouvernement fédéral à l’encontre des personnes 2ELGBTQI+, «c’était comme une épiphanie», raconte Steven Deschamps.
Douglas Elliott est l’avocat principal qui a mené le recours collectif des survivants et survivantes de la purge LGBT contre le gouvernement du Canada.
«Nous autres qui avons été impliqués dans cette purge qui était sous l’ordre de la loi, des secrets officiels, on ne pouvait parler à personne de ce qui nous était arrivé. Pour des décennies, une quarantaine d’années, on était silencieux. Alors quand le premier ministre a fait ses excuses et que le recours collectif a été fait, on était libéré de finalement pouvoir parler de notre histoire.»
Il se donne alors comme mission de parler de son histoire «tant qu’il pouvait». «Pour beaucoup d’entre nous, ce n’est pas facile parce que ce sont des dizaines d’années de trauma qui nous a été affecté», témoigne-t-il.
Le vétéran a également publié un livre en juillet 2024, My Purge Story : A First Hand Account from a Gay Purge Survivor [en anglais seulement], pour s’assurer que les évènements de la purge soient «inscrits dans l’histoire pour le futur».
«L’histoire commence maintenant à sortir et le peuple canadien veut savoir qu’est-ce que c’était cette époque de la purge», commente Steven Deschamps.
«C’est important d’avoir la chance d’interroger nos politiciens et de comprendre que les politiques que nos gouvernements et les personnes qui sont censées nous représenter ne sont pas nécessairement dans les intérêts des Canadiens et Canadiennes.»
«Les politiciens dans les plus hautes positions dans notre gouvernement, durant cet épisode de la purge, cachaient aux citoyens ce qui arrivait. […] Quand nos gouvernements commencent à faire une politique qu’ils ne veulent pas que les citoyens connaissent, on a des problèmes dans une démocratie», alerte le retraité.
La purge LGBT : la sombre histoire, est disponible sur la plateforme ICI TOU.TV.
L’exposition Amours cachés : La purge LGBT au Canada, au Musée Canadien pour les droits de la personne à Winnipeg, documente aussi cet épisode et rend hommage aux personnes qui en ont été victimes. «L’exposition va être donnée à d’autres musées à travers le Canada», indique Steven Deschamps, lieutenant-colonel à la retraite.
Une exposition mobile, actuellement installée dans une bibliothèque de Victoria, en Colombie-Britannique, devrait également sillonner les routes canadiennes.
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Les similitudes entre la relation du Canada et des États-Unis d’aujourd’hui et celle du XXIe siècle sont frappantes. Sauf que l’instigateur des tarifs à l’époque était… le Canada. Des tarifs qui allaient perdurer à divers niveaux jusqu’à la fin de la Deuxième Guerre mondiale. C’était l’époque de la «Politique nationale» de John A. Macdonald.
Les similitudes entre le Canada d’aujourd’hui et celui du XXIe siècle sont frappantes. Sauf que l’instigateur des tarifs à l’époque était… le Canada. Des tarifs qui allaient perdurer à divers niveaux jusqu’à la fin de la Deuxième Guerre mondiale. C’était l’époque de la «Politique nationale» de John A. Macdonald.
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L’histoire des relations commerciales entre le Canada et les États-Unis est complexe. L’idée d’instaurer une certaine «réciprocité», ou un libre-échange, entre les deux pays, gagne du terrain dans les années 1840 et 1850, particulièrement dans le Canada-Ouest (aujourd’hui l’Ontario) et les colonies britanniques des Maritimes, surtout celle du Nouveau-Brunswick.
Affiche de la campagne électorale de 1891. Elle fait l’éloge du «vieux drapeau», de la «vieille politique» et du «vieux chef».
À l’époque, le Canada était encore une colonie britannique, et la décision du Royaume-Uni d’éliminer plusieurs mesures économiques qui favorisaient ses colonies change la donne. L’abandon des lois britanniques sur les céréales (Corn Laws), qui accordaient un prix avantageux à ces denrées canadiennes, fait particulièrement mal.
D’importants gens d’affaires du Québec réagissent en formant un mouvement pour l’union du Canada et des États-Unis. Cet effort prend fin lorsque les deux pays signent, en 1854, un Traité de réciprocité.
Le nouvel accord favorisera les colonies britanniques d’Amérique du Nord. Les matières premières et les produits agricoles ne sont pas taxés, ce qui permet au Canada-Uni d’exporter de grandes quantités de bois, de blé et de charbon à son voisin du sud.
Au fil du temps, les deux côtés de la frontière remettent en question le bienfondé de l’entente. Du côté nord, on craint que les colonies britanniques, peu peuplées, se fassent englober par les États-Unis et leur puissante économie. Une idée qui a aujourd’hui un air de déjà-vu…
Mais en 1866, ce sont les États-Unis qui, après douze ans de libre-échange, reprennent leurs billes et refusent de renouveler le traité. L’économie canadienne s’en trouve menacée, et des tarifs de 15 % sur certains produits tels que le charbon, le sel, l’avoine et le houblon sont adoptés.
À ce moment, le Canada est en pleine période de bouleversements politiques. Les discussions entre le Canada-Uni et les colonies britanniques des Maritimes s’accélèrent pour aboutir, en 1867, à la création du Dominion du Canada, avec John A. Macdonald comme premier ministre.
Macdonald n’est pas un nouveau venu. Élu pour la première fois député à l’Assemblée législative du Canada-Uni en 1844, il devient ministre trois ans plus tard et, en 1856, il est chef de la section du Canada-Ouest du gouvernement. Il a joué un rôle majeur dans la naissance de la Confédération canadienne.
Au cours de ses premières années au pouvoir, John A. Macdonald tente de renouveler le traité de réciprocité avec les États-Unis, mais en vain. Il fait adopter une première version de la Politique nationale, mais celle-ci comporte peu de mesures comparées à ce qui suivra.
John A. Macdonald a été le grand architecte de l’imposition de tarifs sur les produits en provenance des États-Unis avec sa Politique nationale. Photo : Wikimedia Commons, domaine public
Cette première mouture est même abandonnée en 1871; Macdonald est plus occupé à consolider le nouveau pays, notamment en acquérant de la Compagnie de la Baie d’Hudson les larges territoires que sont la Terre de Rupert et les Territoires du Nord-Ouest, et à assurer l’adhésion au Canada de la Colombie-Britannique, convoitée par les États-Unis.
Le principal argument du gouvernement fédéral pour convaincre la Colombie-Britannique est la promesse de construire un chemin de fer reliant le Canada central à l’océan Pacifique. Ce sera là l’un des plus grands projets de Macdonald.
Mais par la suite, le premier ministre et des membres de son cabinet sont accusés d’avoir sollicité de l’argent au magnat des transports Hugh Allan pour financer leur campagne électorale, en échange de contrats pour la construction du chemin de fer du Canadien Pacifique.
Le «scandale du Pacifique» entraine la démission de John A. Macdonald en 1873 et l’arrivée au pouvoir du libéral Alexander Mackenzie. Ce dernier poursuit le projet de chemin de fer transcontinental et impose certains tarifs sur les produits américains.
Mais, dans la première année du mandat du nouveau premier ministre, une grande crise économique frappe l’Europe et l’Amérique du Nord, notamment en raison de la faillite de certaines banques. Mackenzie tente alors de conclure un nouvel accord de libre-échange avec les États-Unis. Il n’aura pas plus de succès que son prédécesseur.
Au cours des années qui suivent, l’économie du Canada continue à stagner, suscitant la grogne dans la population. John A. Macdonald, toujours chef du Parti conservateur malgré sa défaite, en profite pour élaborer un programme économique qui sera aux antipodes de celui des libéraux.
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En septembre 1878, Macdonald et le Parti conservateur remportent une victoire décisive, faisant élire plus que le double de députés que les libéraux en pleine déroute.
Macdonald a donc les coudées franches pour faire adopter sa Politique nationale qui s’articule autour de trois axes : tarifs douaniers, poursuite de la construction du chemin de fer de l’Ouest et augmentation de l’immigration dans cette même région, qui a grand besoin de travailleurs.
Le Canada impose alors des tarifs d’entre 20 et 35 % sur les produits manufacturés importés des États-Unis. La mesure ciblait davantage les produits manufacturés que les produits de base, ce qui évitait à l’industrie canadienne de payer un cout trop élevé pour fabriquer leurs produits.
Le deuxième mandat de John A. Macdonald portera les conservateurs au pouvoir pendant 18 ans. L’opposition libérale militera contre la politique des tarifs pendant une grande partie de cette période.
Grand adversaire de Macdonald, Alexander Mackenzie faisait la promotion de la réciprocité économique avec les États-Unis.
Toutefois, une fois arrivé au pouvoir en 1896, le libéral Wilfrid Laurier maintiendra la Politique nationale. Elle restera complètement en vigueur jusqu’à ce que le gouvernement libéral de William Lyon Mackenzie King, élu une première fois en 1926, entamera son abandon.
Quant au libre-échange avec les États-Unis, il faudra attendre 1988 et la venue du premier ministre conservateur Brian Mulroney pour qu’il devienne réalité. Le libre-échange s’est étendu au Mexique en 1994, un accord renouvelé en 2020.
Mais avec le contexte politique actuel aux États-Unis et la menace d’imposants tarifs américains sur les produits canadiens, l’entente est de plus en plus remise en question.
Un millier de Canadiens et de Canadiennes se sont rassemblés à Ottawa, malgré une tempête de neige, pour écouter le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, étaler ses idées sur les enjeux américains, la sécurité à la frontière et la production faite au Canada pour être «autosuffisants», a-t-il déclaré.
Entre propositions et menaces envers les États-Unis
Dans un discours majoritairement en anglais, sauf pour répéter les lignes phares de ses politiques, Pierre Poilievre a mis de l’avant sa volonté de créer un partenariat en plusieurs points avec les États-Unis, comme la sécurité à la frontière ou stopper le trafic de fentanyl.
Mais il a aussi accompagné ses propositions d’ombres de menaces. «Ne confondez pas notre gentillesse pour de la faiblesse», a-t-il lancé, avec force, à l’adresse des dirigeants des États-Unis.
Il a ajouté à l’intention de son public : «Ils paieront le prix de leurs décisions», en ciblant «des jobs que le Canada crée» aux États-Unis.
Dans la ligne de mire de ces menaces : les différents tarifs douaniers que compte appliquer le président Donald Trump sur les exportations du Canada.
Possibles tarifs à venir
En à peine deux semaines, le président américain a annoncé l’imposition de plusieurs tarifs douaniers sur des produits étrangers. Un grand nombre visent le Canada, mais leur entrée en vigueur reste incertaine.
Début mars : le sursis de 30 jours sur toutes les importations canadiennes prendra fin, une nouvelle menace de tarifs pourrait survenir.
12 mars : 25 % sur l’acier et l’aluminium de partout; ils pourraient s’ajouter à d’autres tarifs mis en place au début du mois.
2 avril : dépôt attendu d’un rapport demandé par le président sur les échanges économiques des États-Unis. Une série de tarifs réciproques, en réponse aux tarifs douaniers et autres leviers économiques imposés aux États-Unis, pourraient suivre.
Les menaces tarifaires de Donald Trump ont davantage «uni le pays», a affirmé Pierre Poilievre dans son discours.
Un sentiment que partage Adel, un montréalais qui a fait la route jusqu’à Ottawa pour l’occasion.
«[Son discours] donne gout aux Canadiens, aux Québécois, de se mettre tous ensemble pour travailler avec acharnement, pour être sûr que les États-Unis, Donald Trump, ne viennent pas nous prendre nos travails, notre argent et notre liberté.»
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Tarifs et politiques sociales libérales au cœur des inquiétudes
Pour Adel, les tarifs sont bel et bien la plus grande menace actuelle pour les Canadiens.
C’est un fléau pour les deux pays. Personne n’est gagnant là-dedans.
Pierre Poilievre a critiqué plusieurs fois des politiques menées par Justin Trudeau, avec au premier plan la taxe carbone et son bilan sur la sécurité du pays.
Il précise qu’il est le premier de sa famille à vouloir voter conservateur. «Mes parents sont immigrés, ce serait inconcevable de changer de camp». Adel n’ose pas leur dire qu’il votera conservateur.
Une mère de famille originaire de la rive sud de Montréal et qui a requis l’anonymat assure que ce sont les tarifs, mais aussi le fait qu’il n’y a «pas d’équipe» pour y faire face, qui la motive.
«Comme mère qui fait mon budget, je sais que si j’ai un besoin quelque part, il faut que j’aille chercher l’argent ailleurs. Fait qu’à un moment donné, la marge de crédit, ça va quelques mois, mais il faut en sortir. Je pense que M. Poilievre est vraiment le seul qui, fiscalement, a cette solidité-là et la vraie rigueur. Parce que M. Carney a beau dire ce qu’il veut, il fait la même politique que M. Trudeau».
Elle cite aussi «certaines politiques sociales» des libéraux qui la poussent à s’engager pour les conservateurs, comme le fait que des «toilettes non -genrées» uniquement voient le jour dans plusieurs établissements, notamment l’université de sa fille.
La mère de famille affirme être «mal à l’aise» du fait qu’il n’y a pas de toilettes pour femmes, notamment dans les établissements scolaires, où elle travaille.
«Une femme qui a été abusée et qui doit aller dans la même toilette qu’un homme… Et je connais beaucoup de gens qui ont ce même malaise, mais, malheureusement, on n’avait plus de place pour le dire», fait-elle valoir.
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La Québécoise affirme également que le couple Poilievre lui inspire confiance, car ils véhiculent des valeurs qui placent la famille au centre de leurs priorités.
En effet, c’est Anaida Poilievre qui a présenté son mari, comme lorsque son mari a remporté la course à la direction du Parti conservateur, en septembre 2022. L’un de leurs deux enfants était également sur scène.
Anaida Poilievre était d’ailleurs récemment au cœur d’une publicité, publiée il y a quelques jours par le parti, qui met la famille au cœur du message conservateur.
Ressources canadiennes
Parmi les quelques sympathisants conservateurs interrogés sur place par Francopresse, aucun n’a évoqué la taxe carbone, l’un des points d’attaque de Pierre Poilievre envers Justin Trudeau et celui qu’il voit comme son successeur, Mark Carney.
Ils veulent maintenant instrumentaliser les tarifs pour faire oublier leurs échecs économiques, mais si les politiques libérales de Trudeau et Carney ont causé autant de dommages économiques, avant les tarifs, imaginez les ravages qu’ils vont causer après!
La production canadienne d’énergie est à l’avant-plan des politiques de Pierre Poilievre. Il souhaite amorcer la construction d’un pipeline pour acheminer le pétrole et le gaz vers l’est du pays dans les 60 jours suivant son élection.
«Je soutiens un pipeline national d’ouest en est, des Prairies jusqu’au Nouveau-Brunswick!», a-t-il répété, avant de demander à ses partisans de faire preuve de «courage» face aux «écofanatiques».
Ce projet se ferait avec l’aval des chefs des Premières Nations, assure-t-il, qui laisseraient les «entreprises leur payer leur part» en taxes.
«Ça permettrait aux Premières Nations de dépenser cet argent dans de l’eau potable», a-t-il affirmé, sourire aux lèvres, attaquant le mauvais bilan des libéraux pour que plusieurs réserves autochtones aient enfin de l’eau potable facilement accessible.
«On a besoin de vous!», lui crie une sympathisante pendant le discours. «Moi aussi j’ai besoin de vous, êtes-vous avec moi?» a rétorqué le chef conservateur, avant de déclencher un tonnerre d’applaudissements.
Après avoir rappelé que «l’aide arrive» pour les familles touchées par les morts dues au fentanyl et que la sécurité serait renforcée à la frontière, notamment pour les immigrants sans papiers, il a affirmé qu’il fallait «cesser la cancel culture», avec la restauration des statues de John A. Macdonald et de Terry Fox.
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Plutôt que de lire trois livres, nous allons cette fois explorer les carrières littéraires remarquables de ces trois autrices du Canada-Français et en sortir avec plus de recommandations de lectures que d’habitude.
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Commençons par la seule Canadienne à avoir reçu le prix Goncourt, Antonine Maillet. Ce prix littéraire le plus prestigieux de la Francophonie lui a été décerné en 1979 pour son roman Pélagie-la-Charrette.
Antonine Maillet est décédée le 17 février 2025 à l’âge de 95 ans. Francopresse offre ses condoléances à toute sa famille et à l’Acadie, qui perd l’autrice qui a permis de faire connaitre l’histoire et la culture acadiennes partout dans le monde.
Pelagie-la-charrette-Antonine Maillet
Cette œuvre raconte l’histoire d’une Acadienne déportée par les Anglais lors du Grand Dérangement qui décide de revenir en Acadie. C’est un roman d’une grande force, merveilleusement bien écrit et qui vibre de fierté acadienne.
Deux ans plus tard, Antonine Maillet publiait en quelque sorte une suite, intitulée Cent ans dans les bois. Cette fois, elle y livre le récit d’Acadiens revenus de la déportation qui reconstruisent leur vie tout en essayant de passer inaperçus auprès des autorités anglaises.
Ces deux romans représentent une espèce de genèse du peuple acadien, mais ce ne sont pas là les seules œuvres d’Antonine Maillet qui ont fait grand bruit. Elle est aussi l’autrice de la célèbre pièce La Sagouine, incarnée par la comédienne Viola Léger.
En fait, le corpus littéraire d’Antonine Maillet compte une quarantaine d’œuvres. Toutes à lire.
Son travail littéraire lui a d’ailleurs valu de nombreuses distinctions, comme le Prix du Gouverneur général (Canada) et des titres d’Officier de l’Ordre du Canada, d’Officier de l’Ordre de la Pléiade (Assemblée des parlementaires de la Francophonie) et de Commandeur de l’Ordre national de la Légion d’honneur (France) entre autres.
Antonine Maillet a élevé la littérature du Canada français au plus haut niveau mondial.
Avant Antonine Maillet, notre littérature a connu Gabrielle Roy. Née en 1909 à Saint-Boniface, au Manitoba, cette institutrice franco-manitobaine se consacre éventuellement au journalisme à Montréal. Autrice prolifique, elle a notamment publié sept romans et plusieurs recueils de nouvelles et essais.
Bonheur d’occasion-Gabrielle Roy
Elle connait un succès immédiat lors de la parution de son premier roman, Bonheur d’occasion, en 1945. L’histoire se passe pendant la Deuxième Guerre mondiale dans le quartier défavorisé de Saint-Henri, à Montréal. Le livre a reçu un Prix du Gouverneur général, mais c’est la France qui consacrera ce roman avec le prestigieux Prix Femina.
Plusieurs œuvres de Gabrielle Roy sont campées au Manitoba. On pense notamment à La petite poule d’eau, Rue Deschambault et Ces enfants de ma vie. Ces deux derniers romans mériteront d’ailleurs deux de ses trois Prix du Gouverneur général.
Ils sont aussi parfois qualifiés de recueils de nouvelles puisque chaque chapitre présente une histoire différente ou met en scène un nouveau personnage.
Dans Rue Deschambault, Gabrielle Roy raconte son enfance à Saint-Boniface, un quartier francophone de Winnipeg. Dans Ces enfants de ma vie, elle revient sur son parcours d’enseignante dans un village manitobain en nous présentant des enfants qui l’ont marquée.
Comme Bonheur d’occasion est inclus au programme de français de plusieurs écoles secondaires, Gabrielle Roy est probablement l’une des autrices canadiennes-françaises les plus lues.
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Marguerite Andersen est née en Allemagne en 1924 et a effectué un impressionnant parcours d’immigration qui l’a conduite à travers l’Europe et l’Afrique avant de la mener au Canada, d’abord au Québec, puis en Ontario.
Le plus grand succès de Marguerite Andersen, La mauvaise mère, a été son dernier roman.
Son aventure littéraire n’est pas aussi fournie ni aussi connue que celle d’Antonine Maillet et de Gabrielle Roy, mais peut-être est-ce parce que Marguerite Andersen a commencé à écrire dans la cinquantaine.
Elle a publié presque tous ses livres aux Éditions Prise de parole de Sudbury, en Ontario. Plusieurs ont reçu d’importantes accolades. La mauvaise mère et Le figuier sur le toit ont tous deux remporté le Prix Trillium décerné par le Conseil des arts de l’Ontario.
Le figuier sur le toit a aussi reçu le Prix des lecteurs de Radio-Canada et La mauvaise mère a été en lice pour le Combat des livres de Radio-Canada en 2020.
Marguerite Andersen a reçu un doctorat honorifique de l’Université Mount Saint Vincent de Nouvelle-Écosse et de l’Université Laurentienne en Ontario.
C’est La mauvaise mère qui a catapulté l’autrice au sein du panthéon littéraire hors Québec. Dans cet ouvrage, elle retrace sa vie tumultueuse, à partir de l’Allemagne nazie, sa fuite avec son amant français en Tunisie et sa vie mouvementée qui, au fil de ses amours, la conduira au Canada en 1958.
Elle y décrit une mère qui élève trois enfants tout en jonglant avec les défis d’immigration, un engagement pacifiste et une carrière universitaire. On ressent son interrogation au sujet de son rôle de mère dans une vie aussi aventureuse.
Réjean Grenier a travaillé dans les médias pendant 47 ans, comme journaliste, rédacteur principal à Radio-Canada/CBC, éditeur et propriétaire d’un journal et d’un magazine, et éditorialiste. Il a présenté une chronique littéraire sur les ondes de Radio-Canada pendant cinq saisons. Il est un avide lecteur depuis l’âge de 12 ans. Il a grandi dans un petit village du Nord de l’Ontario où il n’y avait pas de librairie, mais il a rapidement appris où commander des livres. Son type d’ouvrage préféré est le roman puisqu’«on ne trouve la vérité que dans l’imaginaire».