le Lundi 28 avril 2025

«Le sport, une affaire d’État(s)?» Fin juin 2012, c’était la question posée à tous les candidats et candidates au concours d’entrée d’une prestigieuse école de sciences politiques en France.

Je faisais partie de ces personnes et je me triturais les méninges pour mettre à profit, de la façon la plus pertinente possible, mes connaissances sportives. Dans mes souvenirs, je m’en étais sorti honorablement.

Treize ans plus tard, me revoilà devant ma copie, avec un nouvel exemple pertinent en tête. J’étais devant ma télé pour les deux matchs de hockey entre le Canada et les États-Unis qui se sont déroulés en février à l’occasion de la Confrontation des 4 nations.

Ce minitournoi, organisé par la Ligue nationale de hockey (LNH) pour la première fois cette année pour remplacer le Match des étoiles, s’annonçait plutôt anecdotique. C’était sans compter sur la réélection de Donald Trump et sa nouvelle politique commerciale, qui a mis le feu aux poudres.

D’un seul coup, ces deux rencontres sont devenues une affaire d’États.

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«C’est plus qu’un sport : c’t’une métaphore de notre sort», chante le groupe de rap québécois Loco Locass dans sa chanson Le but, un hymne à l’équipe des Canadiens de Montréal. La métaphore de la guerre était toute trouvée.

Sur les réseaux sociaux, les deux généraux, Donald Trump et Justin Trudeau, haranguent leurs troupes. Les patinoires sont, elles, transformées en champ de bataille.

Hymne national américain hué et trois échanges de coups de poing en quelques minutes lors de la première rencontre, au Centre Bell, à Montréal, le 16 février. Victoire américaine.

Quatre jours plus tard, pour la finale à Boston, c’était au tour de l’hymne canadien d’être conspué. Le TD Garden a été le théâtre d’une des rencontres les plus intenses de l’histoire. En prolongation, le Canada l’emporte, grâce au joueur de centre Connor McDavid.

Cerise sur le sundae : le micromessage rageur de Justin Trudeau, que l’on imagine préparé avant le match : «Vous ne pouvez pas prendre notre pays – et vous ne pouvez pas prendre notre sport.»

La victoire sportive s’efface devant une autre victoire, symbolique. À nos yeux, ce ne sont pas les joueurs des États-Unis qui ont perdu. C’est Donald Trump et sa politique agressive à notre égard. Ceux que le président nargue en disant qu’ils seraient un bon «51e État» ont battu les 50 autres.

Au lendemain de la victoire, les grands titres des médias étaient très éloquents : «Une victoire du Canada sous le signe de la résistance» (Radio-Canada), «Une victoire pour 40 millions de Canadiens» (Le Journal de Montréal), «Connor McDavid et Jordan Binnington, héros canadiens en prolongation» (RDS).

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Les Jeux, épicentre des liens entre sport et diplomatie

L’incursion de la géopolitique sur le terrain du sport ne date pas d’aujourd’hui. Ni même d’hier. Dès leur origine, au VIIIe siècle avant Jésus-Christ, les Jeux olympiques étaient une compétition entre États grecs et offraient déjà la fameuse trêve olympique, qui permettait aux participants de traverser sans être inquiétés les zones de conflit.

Depuis le création par les Grecques, les Jeux olympiques sont plus qu’une compétition sportive. 

Photo : Michele Petino – Wikimedia Commons

Dans notre ère moderne, les Jeux olympiques constituent l’épicentre des liens entre sport et diplomatie. De l’opération séduction menée par Adolf Hitler aux Jeux de Berlin en 1936, à la marginalisation des athlètes russes aujourd’hui, les exemples pullulent.

Le plus marquant est sans doute celui de la guerre froide. Le sport a servi de terrain de confrontation directe entre deux superpuissances militaires, idéologiques et sportives.

Aux Jeux de Munich en 1972, l’URSS a battu les États-Unis lors de la finale du tournoi de basketball après une fin de match hautement controversée. Les Américains ont refusé leur médaille d’argent. Huit ans plus tard, les États-Unis ont boycotté les Jeux de Moscou. En 1984, c’est au tour de l’URSS de snober ceux de Los Angeles.

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Mais pourquoi diable le sport, plus que tout autre divertissement, titille-t-il autant notre fierté nationale et fait-il autant ressurgir nos pulsions les plus guerrières?

L’historien Patrick Clastres, que j’avais interrogé à l’occasion du rapprochement diplomatique entre les deux Corées lors des Jeux olympiques d’hiver de Pyeongchang, en 2018, propose un élément de réponse :

Le sport est à l’image des autres formes de culture. Il peut être au service des plus nobles causes ou des pires régimes. Il déchaine des passions plus vives parce que ses expressions sont nationales. Quand on a des compétitions de cinéma ou de littérature, les artistes ne viennent pas avec un maillot aux couleurs du pays. Les créateurs se sont, depuis très longtemps, dégagés de l’impératif national, sauf dans le cas des dictatures. Le monde du sport n’y arrive pas.

— Patrick Clastres

Mais le sport doit-il vraiment s’affranchir de cet impératif? Finalement, laisser nos frustrations et notre nationalisme s’exprimer dans un cadre règlementé et sécuritaire n’est-il pas un moindre mal?

Vous avez quatre heures pour y répondre.

Timothée Loubière est journaliste pupitreur au quotidien Le Devoir. Avant de poser ses valises au Québec en 2022, il était journaliste sportif en France, notamment au journal L’Équipe.

Logement, transport, végétation, animaux, nourriture : les participants et participantes vont devoir plancher sur la cité écologique de leur rêve pour un futur vert. Avec, pourquoi pas, des bus équipés de panneaux solaires ou encore des vélos électriques volants avec des éoliennes.

Lors du lancement du premier concours, en 2023, EcoNova avait reçu environ 300 bandes dessinées. Après une deuxième année en demi-teinte, cette nouvelle édition s’annonce sous de meilleurs auspices, assurent en entrevue avec Francopresse la directrice exécutive de l’organisme, Caroline Malczuk, et la coordinatrice d’évènements éducatifs et écologiques, Sophie Robert.

Le projet est notamment soutenu par la Société de développement économique de la Colombie-Britannique, le ministère de l’Éducation de la province et Interforum Canada.

«Il y a beaucoup de travail à faire pour rendre les villes plus écologiques et ce serait génial que les idées viennent des jeunes générations et pas de nous», dit Caroline Malczuk. 

Photo : Courtoisie

Sophie Robert est coordinatrice d’évènements éducatifs et écologiques à ÉcoNova. 

Photo : Courtoisie

«On a un contact privilégié avec les écoles, mais le but, c’est que ça touche le maximum de jeunes possibles», rappelle Caroline Malczuk. Les organisatrices comptent sur le bouche-à-oreille, les librairies, les centres communautaires ou encore les réseaux sociaux.

Pour cette édition, EcoNova s’est entouré de deux ambassadrices : l’artiste franco-colombienne Andrea Roncancio et l’illustratrice néoécossaise Erin Mercer.

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Andrea Roncancio est une artiste franco-colombienne installée à Vancouver. Elle a notamment travaillé pour les films d’animation Arcane et Spider-Man : À travers le Spider-Verse.

Photo : Courtoisie

Erin Mercer est une illustratrice de Nouvelle-Écosse, spécialisée dans les livres pour enfants.

Photo : Courtoisie

Comment soumettre les BD

Pour participer, il faut avoir entre 8 et 19 ans et résider au Canada. La bande dessinée peut être numérisée ou photographiée puis envoyée par WeTransfer à [email protected].

Selon leur tranche d’âge, les apprentis urbanistes doivent soumettre une à trois planches de dessin. Tous les détails concernant les conditions de participation et les prix à gagner sont disponibles sur le site Internet de l’organisme.

Les jeunes ont jusqu’au 30 juin 2025 pour envoyer leurs œuvres.

Donner la parole aux jeunes

«Si on organise des concours, c’est d’abord pour créer des espaces d’expression où les jeunes peuvent nous partager leurs idées, leurs espoirs, leur vision de l’avenir», indique Caroline Malczuk.

«L’art est un bon moyen de transformer ses émotions en quelque chose de tangible, de concret, qui puisse nous amener vers une meilleure société.»

Tai Sato et Rebekah Lauzon, les deux élèves de l’école Au-coeur-de-l’île, en Colombie-Britannique, qui ont remporté le concours l’année dernière. 

Photo : Courtoisie EcoNova

En Colombie-Britannique, Dema Chen a participé au concours de l’an passé. «À l’école, on lui a beaucoup parlé du changement climatique et des influences mondiales», raconte son père, Wen Chen. Un sujet régulièrement abordé par la famille à la maison.

«Comme elle devra composer avec ces changements, on parle toujours de ce qu’on peut faire pour l’avenir.»

«En Amérique du Nord, c’est vrai qu’on a des villes qui mettent beaucoup de places, d’énergie et d’argent pour les voitures, et je pense que de pousser les jeunes à imaginer d’autres façons de se déplacer ou même de faire de l’agriculture dans la ville, eh bien, ça peut entrainer derrière des comportements positifs», remarque Caroline Malczuk.

«C’est important de leur donner la parole, de leur donner un peu de pouvoir en fait. Parce que ça va être surtout eux et elles qui vont vivre dans ce futur. Je trouve que, du coup, c’est légitime de leur demander comment ils l’imaginent et ce qu’ils veulent.»

Et elle ajoute que «des fois, on est surpris finalement de leur créativité et aussi des choses auxquelles ils sont prêts à renoncer […] pour sauver la planète.»

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Vote du public

À noter que le public pourra voter pour les œuvres les plus inspirantes, en ligne, dès le 1er juillet, sur le site Internet d’EcoNova.

«Faire partie de la solution»

L’initiative s’inscrit aussi dans le programme d’éducation de certaines provinces, comme en Ontario. Flore Mapa est enseignante à l’école Madeleine-de-Roybon à Kingston et a inscrit deux années de suite ses élèves au concours. «Ça cadrait bien avec la science, les arts, le français.»

Les élèves ont beaucoup aimé l’expérience, raconte-t-elle. «Ça leur permet d’être imaginatifs et créatifs, mais aussi engagés et motivés. Ils comprennent qu’ils peuvent faire partie du changement et de la solution, que leur voix est importante. Puis là, ils voient les choses de façon différente.»

Flore Mapa est enseignante dans une école francophone en Ontario. 

Photo : Courtoisie

Aussi, le fait de savoir que leur œuvre sera diffusée est d’autant plus motivant, souligne Flore Mapa. Le but n’est pas de gagner, mais d’informer : «On voit les différentes étapes de la publication, comment informer la population et toucher les cœurs.»

La bande dessinée constitue également à ses yeux une belle activité pour les élèves qui ont des besoins particuliers. «Ça donne des idées pour améliorer la façon de présenter certains sujets.»

Seul petit bémol, selon elle : la date limite pour remettre les dessins est trop tardive, puisqu’elle tombe après la fin de l’année scolaire pour la plupart des jeunes.

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La bande dessinée de Dema Chen, qui a remporté le deuxième prix des 8-11 ans l’année dernière. 

Dessins : Dema Chen

«Ce n’est pas juste un message qu’on lance dans les airs pour faire valoir qu’on a besoin de plus. C’est vraiment une réalité», souligne Maryne Dumaine au sujet du financement des médias locaux. 

Photo : Christian Kuntz

«Encore cette semaine, il y a un [journal] qui nous a appelés pour nous indiquer que, faute de publicité et faute d’avoir le financement nécessaire, en début d’année financière, il pensait mettre la clé sous la porte», raconte la présidente de Réseau.Presse, Maryne Dumaine. Réseau.Presse est l’éditeur de Francopresse.

«Il y a quand même beaucoup de journaux qui ne vont pas super bien financièrement, dit-elle. On fait de plus en plus face à ce défi-là.» 

Les médias francophones en situation minoritaire peinent à tirer leur coin de la couverture des publicités fédérales. Les financements des médias communautaires n’ont pas été révisés depuis quelques années, malgré l’inflation, explique la présidente du réseau des médias écrits franco-canadiens.

Parmi les demandes électorales formulées par Réseau.Presse, on retrouve :

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Du côté de l’Alliance des radios communautaires du Canada (ARC), le directeur général Louis Béland affirme par courriel que «dans bien des cas, nos radios font déjà des miracles avec très peu de moyens».

Du financement stable et durable, une facilitation de l’accès à des ressources techniques et humaines, les demandes sont similaires dans le monde de la radio.

«Si le gouvernement fédéral appliquait scrupuleusement une politique claire et précise d’investissements publicitaires dans nos médias locaux canadiens plutôt que sur les plateformes numériques étrangères qui contournent nos lois et nos règles fiscales, on franchirait un grand pas dans la bonne direction», écrit-il.

Dans sa plateforme électorale, le Bloc québécois assure qu’il exigera du «soutien» pour la distribution des journaux locaux. Il soutiendra aussi la reconduction des mesures d’aide à la presse écrite, ce qui comprend le partage des revenus publicitaires avec les géants du Web et «le soutien à la salle de nouvelles».

Ces suggestions ne sont pas exclusives aux journaux québécois. Dans une réponse écrite, un porte-parole du BQ rappelle que la plateforme exige que «les communautés francophones minoritaires bénéficient des mêmes droits et des mêmes services dans leur langue que ceux dont bénéficient les Québécois d’expression anglaise».

Sur le plan fiscal, le parti propose de retirer les crédits d’impôt aux entreprises qui placent de la publicité sur les médias sociaux «au détriment des médias traditionnels».

Il propose également de réviser la règlementation des médias traditionnels, qui peinent à jouer du coude avec les multinationales «ne respectant aucune règlementation locale».

Le Bloc propose depuis quelque temps la création d’un fonds de redevances spécial pour les hebdomadaires locaux.

En 2024, le député porte-parole du parti en matière de Patrimoine canadien, Martin Champoux, avait expliqué qu’il était ouvert à relancer cette idée au besoin, notamment si l’Entente avec Google échouait.

Par courriel, un porte-parole du parti confirme que c’est toujours dans les plans. Le fonds serait aussi dédié au milieu culturel, serait constitué des sommes perçues par la taxe sur les services numériques.

En conférence de presse le 7 avril, le chef conservateur Pierre Poilievre a promis de doubler les fonds de l’Initiative de journalisme local (IJL). Tous les journaux membres de Réseau.Presse bénéficient de ce programme.

Pierre Poilievre veut assurer le libre marché des médias d’information afin que les Canadiens et les Canadiennes puissent choisir : «Ça va nous permettre d’avoir plus de voix, plus de liberté, surtout pour nos médias francophones à travers le Canada.»

Photo : Marianne Dépelteau – Francopresse

«Ça va favoriser les médias indépendants», a expliqué M. Poilievre. «On va aussi assurer que les médias indépendants aient leur juste part de publicité gouvernementale.»

Il a également assuré, quelques jours plus tôt, qu’il renforcera les services locaux Radio-Canada en milieu minoritaire, puisqu’il promet toujours d’éliminer la CBC.

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Un gouvernement conservateur abolirait aussi la Loi sur les nouvelles en ligne, qui a mené Ottawa à signer une entente avec Google et qui oblige le géant du Web à verser 100 millions de dollars par année aux médias canadiens.

Parmi les médias communautaires de langue officielle en situation minoritaire, 90 % d’entre eux ne sont pas admissibles à une part du gâteau, selon le Consortium des médias communautaires de langue officielle en situation minoritaire.

À travers ses demandes électorales, Réseau.Presse demande notamment d’assurer que les critères d’éligibilité aux programmes de soutien aux médias soient adaptés à la réalité des plus petits médias.

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Mark Carney entend augmenter le financement gouvernemental de CBC/Radio-Canada, tout en gardant les publicités sur ses plateformes. 

Photo : Inès Lombardo – Pexels

Le chef libéral Mark Carney «comprend l’importance de la langue française et du dynamisme des communautés francophones à travers le pays» et «reconnait également le rôle essentiel des médias francophones pour assurer leur croissance et leur vitalité», écrit un porte-parole du PLC, Guillaume Bertrand, dans une réponse par courriel.

Bertrand assure que, si réélus, les libéraux renforceraient les initiatives qui favorisent le «développement» des communautés francophones en situation minoritaire, sans préciser lesquelles.

«Nous protègerons l’identité canadienne en renforçant Radio-Canada et CBC en renforçant les salles de nouvelles locales avec plus de bureaux et de journalistes afin que tous les Canadiens et Canadiennes aient accès à des nouvelles pertinentes et fiables», ajoute Guillaume Bertrand.

Mark Carney a annoncé le 4 avril sa volonté d’augmenter de 150 millions de dollars le financement de CBC/Radio-Canada.

Le PLC n’a pas encore dévoilé la manière exacte dont il soutiendra les autres médias francophones et locaux.

«Assurer la vitalité de nos communautés francophones au pays est nécessaire pour la pérennité de l’identité canadienne», affirme le NPD. 

Photo : Marianne Dépelteau – Francopresse

Le soutien des médias francophones en situation minoritaire est un enjeu «extrêmement important pour le NPD», répond le parti dans un courriel à Francopresse.

S’il remporte les élections, le NPD «réinvestirait de manière importante» dans ces médias. «Cela s’inscrit en adéquation avec notre désir d’accroitre le financement dans l’éducation francophone en situation minoritaire via des transferts directs aux universités de communautés francophones», lit-on.

Le NPD considère également augmenter l’achat de publicités par le gouvernement auprès de ces médias, car, pour le moment, «les annonceurs désertent les médias traditionnels».

«Nous souhaitons bonifier le financement aux organismes et médias francophones hors Québec», affirme le co-chef du PVC, Jonathan Pedneault, dans une réponse par courriel.

Les «réseaux sociaux» doivent payer leur juste part «pour assurer le maintien de la diversité et de la santé de notre environnement médiatique», estime Jonathan Pedneault. 

Photo : Grady Lawlor

Cette «stratégie» inclut les dépenses publicitaires et «d’autres programmes d’aide en appui aux langues officielles et aux médias de manière générale».

Pedneault veut aussi obliger les plateformes de réseaux sociaux à respecter les lois établies par le Parlement canadien, une référence à la Loi sur les nouvelles en ligne à laquelle Meta a répliqué par un blocage des médias canadiens sur ses plateformes.

Lors d’un débat en Chambre des communes sur la Loi sur les nouvelles en ligne en 2023, la co-cheffe du PVC, Elizabeth May accusait les plateformes telles que Google et Facebook d’avoir «éviscéré» les médias d’information canadiens.

«Pas parce qu’ils se servent du contenu [des médias d’information] sans payer, mais parce qu’ils ont détruit le modèle d’affaires sur lequel nos journaux s’appuyaient. Les petites annonces, par exemple. Auparavant, les journaux pouvaient se fier à cette source de revenus. Celle-ci n’existe plus parce que des entreprises étrangères ont créé un marché différent», avait-elle expliqué.

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Pour élire leur gouvernement, les citoyens et citoyennes votent pour un candidat ou une candidate dans leur circonscription, qui deviendra leur député à la Chambre des communes du Canada, à Ottawa.

Depuis le redécoupage de 2023, le pays est divisé en 343 circonscriptions, chacune ayant un siège à la Chambre des Communes. Le parti qui obtient le plus de députés forme généralement le gouvernement.

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Vote uninominal et scrutin majoritaire à un tour

Les citoyens canadiens de plus de 18 ans votent pour un seul candidat. Plusieurs s’affrontent dans une même circonscription, sous la bannière de partis politiques différents ou en tant que candidats indépendants s’ils ne sont affiliés à aucun parti.

Les candidats et candidates sont investis par leur parti avant de se présenter et chaque parti a ses propres règles d’investiture. Les partis nationaux tentent d’avoir un candidat dans chaque circonscription, sauf le Bloc québécois, dont la présence se limite au Québec.

La personne élue dans sa circonscription est celle qui recueille le plus de votes. La majorité absolue (50 % + 1 des voix) n’est pas nécessaire. Le candidat qui a plus de votes que les autres l’emporte simplement.

Le parti qui remporte le plus de sièges est porté au pouvoir. Le chef de ce parti devient premier ministre. C’est lui qui nomme les ministres qui formeront ce que l’on appelle le Cabinet.

Mark Carney est devenu premier ministre du Canada quelques jours après avoir remporté la course à la direction du Parti libéral du Canada, le 9 mars 2025.

Photo : Inès Lombardo – Francopresse

Le premier ministre n’est pas directement élu par la population générale. Il est un député comme les autres candidats. Il doit être élu pour entrer dans la Chambre des communes et participer aux débats. Il devient premier ministre parce que les membres de son parti l’ont choisi comme chef.

C’est le cas de Mark Carney, qui a été élu chef avec près de 86 % des votes, le 9 mars dernier.

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Le second parti qui a le plus de sièges devient l’opposition officielle.

Gouvernement majoritaire ou minoritaire?

Le parti qui a au moins 172 sièges à la Chambre des Communes devient un gouvernement majoritaire. Il détient alors essentiellement le pouvoir décisionnel seul. Il n’a pas nécessairement besoin de faire d’alliances avec des partis de l’opposition pour faire adopter ses projets de loi, parce qu’il a assez de votes à lui seul pour obtenir 50 % +1 des votes à la Chambre.

Le gouvernement minoritaire est formé lorsqu’aucun parti politique ne détient plus 172 sièges à la Chambre des communes. C’était le cas lors des deux dernières législatures sous Justin Trudeau, en 2019 et en 2021.

Par conséquent, son parti, le Parti libéral du Canada, a dû obtenir l’appui d’un autre parti politique, en l’occurrence du Nouveau Parti démocratique, entre 2022 et septembre 2024, pour faire passer des projets de loi.

Date officielle du vote

Le 23 mars dernier, le nouveau chef du Parti libéral, Mark Carney, a «sollicité un mandat fort» auprès des Canadiens et des Canadiennes, en déclenchant des élections anticipées, qui auront lieu le 28 avril 2025.

La Constitution canadienne limite à cinq ans le mandat des gouvernements. Depuis 2007, la Loi électorale du Canada fixe la date des élections au «troisième lundi d’octobre de la quatrième année civile qui suit le jour du scrutin de la dernière élection générale».

Cette règle n’empêche pas le déclenchement d’élections anticipées. C’est ce qui s’est passé cette année : la démission de Justin Trudeau en janvier a précipité une course à la direction du Parti libéral du Canada.

Mark Carney l’a remportée et il occupe à présent ce poste, ainsi que celui de premier ministre, laissé vacant par son prédécesseur.

Voter à l’avance

Néanmoins, il est possible de voter avant le 28 avril. Tous les électeurs et électrices peuvent commander une trousse de vote par la poste avant le 22 avril jusqu’à 18 h.

Voter d’avance par bulletin spécial est possible dans l’un des 500 bureaux d’Élections Canada sept jours sur sept avant le 22 avril à 18 h.

Le vote par anticipation a lieu à des dates précises. Ces occasions de voter sont notamment mises en place pour les personnes qui ont des circonstances particulières.

Comme les étudiants qui votent sur le campus d’un établissement d’enseignement postsecondaire, les patients dans un hôpital, les personnes incarcérées dans un établissement correctionnel ou les membres des Forces armées canadiennes dans un bureau de vote militaire.

Sinon, la population canadienne peut voter au plus tard le jour de l’élection, cette fois le 28 avril, à l’issue de laquelle ils connaitront la composition de la Chambre des Communes et le nom du premier ministre.

À lire : Feuilleton d’élection fédérale : les premières promesses

Appui supplémentaire pour les Premières Nations

En vue du vote du 28 avril, l’Assemblée des Premières Nations (APN) met l’accent sur le lien entre les chefs des Premières Nations et les directions du scrutin d’Élections Canada pour établir les emplacements de bureau de vote «qui répondent le mieux aux besoins des communautés».

Ces directeurs et directrices de scrutin (un ou une par circonscription) devraient aussi aider les Premières Nations à évaluer les besoins d’accès aux bureaux de vote et à l’inscription au vote.

Plutôt que de céder aux scénarios alarmistes, il est essentiel de comprendre ce que l’IA peut réellement faire aujourd’hui, ses limites et les défis concrets qu’elle pose.

Pas de grand remplacement à l’horizon

Lydia Bouzar-Benlabiod fait une mise en garde : l’effet à long terme des IA sur l’apprentissage n’est pas encore connu.

Photo : Lydia Bouzar-Benlabiod

C’est l’un des débats les plus vifs autour de l’intelligence artificielle : va-t-elle mettre tout le monde au chômage et transformer les CV en simples décorations murales? L’automatisation de certaines tâches est une réalité : la traduction, la rédaction, le service client ou le design graphique sont déjà profondément transformés.

Mais l’idée d’une substitution totale des humains par des machines est exagérée. «L’IA ne nous remplace pas, elle nous oblige à évoluer», explique le spécialiste en markéting et créateur du balado AI Experience, Julien Redelsperger. «Ce sont surtout les tâches répétitives et standardisées qui disparaissent. Mais l’humain garde un rôle central, notamment sur la prise de décision, la créativité et la réflexion stratégique.»

Si la transformation du monde du travail est indéniable, un autre défi se dessine en parallèle : celui de l’apprentissage et du développement des compétences. Lydia Bouzar-Benlabiod, professeure adjointe à l’Université Acadia et chercheuse en IA appliquée à la santé, alerte sur un phénomène émergent : «Les enfants et les étudiants utilisent de plus en plus l’IA pour leurs devoirs et leurs examens. Cela soulève une question fondamentale : vont-ils perdre des compétences essentielles?»

D’autres interrogations découlent de cette question : «Qu’adviendra-t-il des générations qui auront grandi avec l’IA comme assistant permanent? Auront-elles suffisamment développé leur esprit critique, leur capacité à raisonner et à argumenter?»

Encore loin de la «singularité»

L’autre grande peur qui anime l’imaginaire collectif est celle de la «singularité», ce moment où l’IA deviendrait autonome et surpasserait l’intelligence humaine.

Julien Redelsperger rappelle que les êtres humains sont encore au centre des décisions créatives dans l’utilisation des IA. 

Photo : Courtoisie

Pour Julien Redelsperger, cette vision digne de Terminator reste caricaturale : «L’IA, ce n’est pas nouveau. Cela fait 60 ou 70 ans qu’on en parle, mais l’IA générative a soudainement accéléré le débat public. Aujourd’hui, c’est un outil puissant, mais encadré par l’humain.»

Lydia Bouzar-Benlabiod partage ce constat et rappelle une réalité simple : «L’idée d’une IA qui prendrait le pouvoir reste peu crédible. Ce sont des systèmes entièrement dépendants des données humaines. Si on débranche les serveurs, il n’y a plus d’IA.»

Le professeur titulaire à l’École de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke et spécialiste en cybersécurité, Hugo Loiseau, rappelle que nous avons tendance à anthropomorphiser l’IA, c’est-à-dire à lui attribuer des qualités humaines qu’elle n’a pas.

«L’IA actuelle est avant tout un outil d’optimisation, pas une entité consciente. Elle fonctionne sur des modèles statistiques qui lui permettent de prédire des résultats et de produire des textes ou des images, mais elle n’a pas de compréhension propre.»

Le fait que l’IA puisse répondre à des questions complexes, générer du texte fluide ou créer des images convaincantes ne signifie pas qu’elle réfléchit. Julien Redelsperger insiste sur cette distinction.

L’IA générative est bluffante parce qu’elle imite le langage naturel. Mais ce n’est qu’une imitation. Elle ne comprend pas ce qu’elle dit, elle prédit simplement les mots les plus probables. Elle est extrêmement performante dans la forme, mais elle reste totalement vide de fond.

— Julien Redelsperger

Comment tirer le meilleur de l’IA?

Au-delà des craintes, l’IA ouvre des perspectives prometteuses. Julien Redelsperger insiste sur les avancées que cette technologie permet déjà : «On parle beaucoup des risques et des arnaques, mais il y a aussi des avancées majeures. En santé, par exemple, on voit des progrès phénoménaux. Dans l’entrepreneuriat, cela booste l’innovation et l’économie. Et dans l’éducation, cela ouvre énormément de possibilités. Comme tout outil, c’est l’usage qui fait la différence.»

Cependant, ces opportunités s’accompagnent d’un besoin essentiel : apprendre à s’adapter. «Ce n’est pas la première révolution technologique, mais c’est certainement l’une des plus rapides et aux impacts les plus concrets.

Là où Google et les réseaux sociaux ont mis 10 à 15 ans à s’implanter dans nos vies, l’IA générative a bouleversé le quotidien de tout le monde en 12 à 18 mois. Cette vitesse fulgurante peut être effrayante, surtout pour ceux qui ne maitrisent pas ces outils.

— Julien Redelsperger

C’est pourquoi, selon lui, l’apprentissage continu est encore plus indispensable : «On ne peut plus se dire que ce qu’on a appris à l’école suffira pour toute notre vie. Il faut rester curieux, se former en continu, lire, écouter des balados, suivre des cours en ligne.»

Un cadre juridique encore flou

Si l’IA ne va ni remplacer ni surpasser l’humain de sitôt, elle soulève néanmoins des défis majeurs, notamment en matière de régulation.

«L’IA actuelle est avant tout un outil d’optimisation, pas une entité consciente», dit Hugo Loiseau. 

Photo : Michel Caron – Université de Sherbrooke

«Le problème, ce n’est pas la technologie elle-même, c’est son usage», souligne Hugo Loiseau. «Il faut se demander qui contrôle l’IA, qui en bénéficie et sous quel cadre. Le projet de loi C-27, qui devait mieux l’encadrer au Canada, est tombé avec la prorogation du Parlement. Pendant ce temps, l’Europe a déjà mis en place un cadre règlementaire basé sur différents niveaux de risques. Nous accusons un retard inquiétant.»

En l’absence de régulation stricte, l’IA peut être exploitée pour manipuler, tromper et amplifier les inégalités. Un encadrement clair devient donc une nécessité absolue.

Loin des scénarios de science-fiction, l’intelligence artificielle est avant tout un outil façonné par l’humain. Ni omnipotente ni hors de contrôle, elle reste une technologie à encadrer, adapter et comprendre. Ce n’est pas son existence qui pose problème, mais l’absence de garde-fous clairs, le manque de régulation et la vitesse à laquelle elle s’intègre dans tous les secteurs sans toujours mesurer les conséquences.

«Cette élection survient à un moment crucial de l’histoire. La stabilité économique du Canada dépendra du fait que les Premières Nations soient des partenaires égaux dans la prise de décision», affirme la cheffe nationale de l’Assemblée des Premières Nations (APN), Cindy Woodhouse Nepinak.

Elle parle de projets d’une valeur de 560 milliards de dollars qui devraient être lancés sur les terres traditionnelles autochtones au cours de la prochaine décennie.

Ces projets représentent la pierre angulaire de la future croissance économique du Canada. Les bénéfices potentiels se chiffrent en milliers de milliards de dollars. Mais rien n’avancera sans le soutien des Premières Nations.

— Cindy Woodhouse Nepinak

Pour faire valoir ses préoccupations, l’APN a publié, mardi 1er avril, un document, intitulé Prospérité pour tous : Priorités des Premières Nations pour l’élection fédérale de 2025.

Ce rapport de 30 pages, envoyé à tous les partis, décrit les mesures attendues du prochain gouvernement en ce qui concerne la réconciliation économique, le commerce et la mobilité frontalière entre le Canada et les États-Unis, le bienêtre des enfants, des familles et des générations futures, les appels à l’action de la Commission de vérité et de réconciliation et les appels à la justice de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées.

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Besoins pour une stratégie d’entrepreneuriat autochtone

Tabatha Bull du Conseil canadien pour le commerce autochtone craint que cette élection fédérale «retarde l’élan» dans certains dossiers liés à l’économie autochtone.

Photo : Courtoisie

Hausse du cout de la vie, manque de logements abordables, détérioration des soins de santé : les Autochtones partagent également les mêmes inquiétudes que le reste de la population canadienne, assure Cindy Woodhouse Nepinak.

La présidente et directrice générale du Conseil canadien pour le commerce autochtone, Tabatha Bull, réclame pour sa part une augmentation et une pérennisation des financements publics alloués au «développement et à l’innovation» des entreprises autochtones.

La responsable veut aussi faciliter leur accès aux marchés publics fédéraux. En 2021, Ottawa s’était engagé à attribuer un minimum de 5 % de la valeur totale des contrats publics à des compagnies possédées par des membres des Premières Nations, des Métis ou des Inuits.

«Les entreprises autochtones ont dépensé beaucoup de temps et d’énergie en déposant des offres, mais elles n’ont que très peu réussi», regrette Tabatha Bull.

Elle dénonce par ailleurs le manque d’infrastructures, qui «bloque le potentiel de l’économie autochtone».

Il faut absolument développer l’accès à l’Internet à haute vitesse dans les communautés rurales et éloignées.

— Tabatha Bull

À ses yeux, l’économie autochtone doit infuser l’ensemble des chapitres des plateformes électorales. Elle ne doit pas seulement être reléguée dans une section dédiée aux Autochtones.

Elle plaide ainsi en faveur d’une stratégie d’entrepreneuriat autochtone à cheval sur plusieurs ministères, afin d’éviter la «logique de silo» et le renvoi systématique des dirigeants d’entreprise vers Services aux Autochtones Canada.

Craintes de compressions budgétaires

En pleine guerre commerciale avec les États-Unis, les Autochtones veulent également être associés aux négociations.

Les Premières Nations doivent être des partenaires à part entière, car nous ne pouvons pas lutter contre le colonialisme des États-Unis en renforçant le colonialisme au Canada

— Cindy Woodhouse Nepinak

«Il faut aider les entreprises autochtones à trouver de nouveaux marchés d’exportation, en leur garantissant un accès à des missions de vente et aux réseaux mondiaux d’entreprises autochtones», poursuit Tabatha Bull.

Pour elle, la période d’élection actuelle constitue en soi un facteur d’instabilité, parce que l’adoption de mesures économiques est mise sur la glace : «Nous craignons qu’en cas de changement de gouvernement, il nous faille à nouveau expliquer pourquoi l’économie autochtone est importante.»

Au-delà de l’économie, sujet central de ce scrutin, des organismes craignent que le financement d’initiatives autochtones liées à la vérité et à la réconciliation soit abandonné ou réduit.

Stephanie Scott du Centre national pour la vérité et la réconciliation constate une tendance inquiétante à la diminution du soutien et des financements fédéraux. 

Photo : Courtoisie

Dans une réponse écrite, la directrice générale du Centre national pour la vérité et la réconciliation (CNVR), Stephanie Scott, lance un message clair : «Nous attendons de tous les partis qu’ils fassent preuve d’un engagement concret et durable en faveur de notre travail.»

«Sans un financement adéquat, des initiatives cruciales risquent d’être abandonnées, ça freinera notre cheminement collectif vers la guérison et la réconciliation», ajoute-t-elle.

Stephanie Scott regrette à cet égard que la réconciliation soit encore trop traitée comme une «question périphérique», alors que le CNVR reçoit de plus en plus de demandes de la part des survivants et survivantes et de leurs familles pour obtenir des documents.

«Nous avons besoin de propositions politiques détaillées qui s’attaquent aux séquelles des pensionnats et du colonialisme, pas seulement de vagues promesses», écrit-elle.

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Changer le discours énergétique

Le directeur général d’Indigenous Clean Energy, James Jenkins, aimerait, lui, que les partis fédéraux parlent moins d’oléoducs et plus d’énergie propre. Selon l’organisme à but non lucratif, les Autochtones détiennent, en totalité ou en copropriété, près de 20 % des infrastructures de production d’électricité canadiennes.

«L’éolien, le solaire, les biocarburants sont de plus en plus abordables et contribuent à l’indépendance économique de toutes nos communautés au pays. Nous avons encore du travail à faire pour nous assurer qu’il s’agit d’une priorité visible.»

— James Jenkins, directeur général d’Indigenous Clean Energy

James Jenkins de l’Indigenous Clean Energy insiste sur le besoin d’investir dans les énergies propres, qui «génèrent de la richesse» dans des communautés autochtones.

Photo : Courtoisie

Le responsable demande notamment la clarification des règles d’application du crédit d’impôt à l’investissement dans les énergies propres pour les entités non imposables, comme les sociétés appartenant aux Premières Nations.

Plus largement, Indigenous Clean Energy souhaite que les nombreux programmes de subventions fédéraux restent en place. «[Ils] ont permis aux communautés de planifier leur avenir énergétique et de faire preuve de beaucoup plus de leadeurship», relève James Jenkins.

À Winnipeg, au Manitoba, Cindy Woodhouse Nepinak encourage toutes les Premières Nations à «dialoguer» avec les candidats locaux afin de faire entendre leur voix d’ici le 28 avril.

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Avec des informations de Julien Cayouette et Marianne Dépelteau

PROMESSES-PHARES

Plan pour les retraités : le PLC prévoit deux mesures principales, dont la réduction de 25 % pendant un an du montant minimum devant être retiré d’un Fonds enregistré de revenu de retraite (FERR). Une manière de protéger – temporairement – l’épargne-retraite des Canadiens et des Canadiennes, selon le parti.

Les libéraux promettent aussi d’augmenter le Supplément de revenu garanti (SRG) de 5 % pendant un an, rapportant jusqu’à 652 $ de plus aux ainés à faible revenu, non imposable.

Mark Carney a répondu à plus de 160 questions de la part des journalistes depuis le début de la campagne. 

Photo : Inès Lombardo – Francopresse

Criminalité : le chef du Parti libéral a assuré qu’il combattra la circulation des armes de type militaire au Canada. Le programme de rachat des armes d’assaut sera toujours sur la table et il révoquera automatiquement les permis de port d’arme pour les personnes condamnées pour des crimes violents, notamment pour des violences conjugales.

Au niveau de la sécurité, les libéraux renforceraient aussi le Code criminel et les mises en liberté sous caution seraient plus strictes pour les crimes violents et organisés, notamment la traite d’êtres humains. Une législation pour faire du féminicide un crime au premier degré et une autre loi pour protéger les enfants contre l’exploitation sont aussi de mise, parmi d’autres mesures.

Renforcement du mandat de CBC/Radio-Canada : Mark Carney a annoncé en fin de semaine dernière qu’il ajouterait 150 millions de dollars au financement de CBC/Radio-Canada.

Protection de l’environnement : Lundi, Mark Carney a annoncé plusieurs mesures, dont voici les principales : la création d’au moins 10 nouveaux parcs nationaux et aires marines de conservation, l’inscription dans la loi du droit des Premières Nations à l’eau, un programme de Gardiens autochtones de l’Arctique et l’investissement de 100 millions de dollars dans un fonds stratégique pour la protection de l’eau douce.

Immigration : En conférence de presse, mardi, le premier ministre a expliqué qu’il respecterait l’Entente sur les tiers pays surs passés entre Justin Trudeau et Joe Biden en mars 2023, qui garantit que le Canada renvoie les migrants qui passent la frontière entre les États-Unis et le Canada.

Plan pour les retraités : Les conservateurs s’engagent à maintenir l’âge de la retraite à 65 ans et à protéger les prestations de la Sécurité de la vieillesse (SV), du SRG et du Régime de pensions du Canada (RPC). Ils proposent aussi de reporter de deux ans l’âge obligatoire de retrait des fonds des REER.

Ils assurent aussi qu’ils augmenteront de 10 000 $ le montant personnel de base pour les ainés qui continuent de travailler.

Un candidat du Parti conservateur a de nouveau été la cible de critiques pour avoir nié sur X que les Autochtones du Canada avaient été victimes d’un génocide. 

Photo : Marianne Dépelteau – Francopresse

Criminalité : Les conservateurs veulent abroger la Loi sur le système de justice pénale pour limiter les remises en liberté sous caution. Ils proposent de créer une nouvelle infraction d’«agression d’un partenaire intime», pour imposer des conditions de libération sous caution plus strictes pour les personnes accusées de violence conjugale.

Le PCC plaide aussi pour que le meurtre d’un partenaire intime, d’un enfant ou de l’enfant d’un partenaire soit considéré comme un meurtre au premier degré. Le parti veut également ajouter des chefs d’accusation qui mènent à la prison à vie et instaurer de nouvelles peines minimales obligatoires.

Médias : Interrogé par Francopresse en conférence de presse samedi, Pierre Poilievre s’est engagé à «améliorer les services locaux de Radio-Canada», le «seul moyen d’écouter les nouvelles en français» au pays selon lui. «Il faut préserver ça.» Il promet un financement continu.

Sur le financement des médias communautaires francophones hors Québec, Pierre Poilievre a seulement affirmé qu’il doublerait le financement de l’Initiative de journalisme local (IJL), actuellement de 58,8 millions de dollars jusqu’à 2027. Il veut aussi inverser le blocage des médias canadiens par Meta en éliminant la Loi sur les nouvelles en ligne, affirmant que les médias locaux auraient leur «juste part», sans préciser aucun financement.

À lire aussi : Renouvèlement de l’IJL : une francophonie plus riche

Diminution de taxes sur la construction : Jeudi, le chef conservateur a annoncé qu’il incitera les municipalités du pays à réduire les taxes sur la construction. Pour chaque dollar d’allègement offert par une municipalité en redevances d’aménagement, le PCC assure qu’il en remboursera 50 %, jusqu’à 50 000 dollars d’économies pour les acheteurs de logements neufs.

Logement : Le NPD a affirmé lundi qu’il construira 3 millions de logements d’ici 2030, tout en mettant en place un contrôle national des loyers pour protéger les locataires contre les «rénovictions» et l’augmentation des prix.

Jagmeet Singh a promis de serrer la vis sur les questions d’évasion fiscale pour les grandes entreprises canadiennes. 

Photo : Marianne Dépelteau – Francopresse

Il propose aussi d’accélérer les mises en chantier et de soutenir les provinces et les Villes dans la lutte contre l’itinérance. De plus, le NPD souhaite interdire les expulsions abusives, contrer la collusion des grands promoteurs immobiliers et garantir la transparence des données sur les loyers.

Évitement fiscal : Pour lutter contre l’évasion fiscale, Jagmeet Singh propose de mettre fin aux accords avec des paradis fiscaux connus, d’exiger des preuves que des entreprises ont une bonne raison d’ouvrir un compte à l’étranger et de réviser la fiscalité pour éliminer les failles qui permettent l’évasion fiscale aux grandes entreprises.

Médecins : Les néodémocrates veulent créer des programmes de résidences pour les médecins formés à l’étranger et mettre en place un système de permis d’exercice pour assurer une répartition des médecins sur tout le territoire, notamment en milieu rural. Jagmeet Singh promet ainsi que toute la population canadienne aura accès à un médecin de famille ou à des soins de santé d’ici 2030.

Culture : Le Bloc veut bonifier les programmes de subventions, comme ceux du Conseil des arts ou de Téléfilm Canada, et faire en sorte que 40 % du financement soit alloué au contenu francophone canadien.

Du côté de la radiodiffusion, il propose la création d’un équivalent québécois du Conseil de radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), qui pourrait également être mis au service des francophones en milieu minoritaire.

Le parti propose aussi de moderniser Radio-Canada/CBC pour «renforcer son rôle de couverture régionale, en particulier pour les communautés francophones hors Québec», selon un communiqué.

Français : Mercredi, le Bloc a promis de déposer un projet de loi qui exigera une connaissance suffisante du français pour les immigrants qui souhaitent obtenir la nationalité depuis le Québec. Lors de l’examen pour la citoyenneté, un test obligatoire de connaissances générales devra être réussi en français.

Les Verts ont promis un plan de santé qui inclurait l’accès aux soins primaires et à un médecin de famille, ainsi que l’extension de l’assurance-médicaments. 

Photo : Archives La Voix acadienne

Soins de santé : Les Verts proposent d’assurer à chaque Canadien et Canadienne l’accès aux soins primaires, aux soins dentaires, à l’assurance-médicaments et à la santé mentale.

La mesure phare de leur plan est le dépôt d’une Loi sur les soins de santé primaire, qui garantirait l’accès pour toute la population à un médecin de famille, un infirmier praticien ou une équipe de santé communautaire.

Tous les nouveaux fonds fédéraux financeraient les soins publics à but non lucratif et la formation des travailleurs de la santé, ainsi que la reconnaissance simplifiée des diplômes pour les professionnels formés à l’étranger.​

Propos controversés d’un candidat conservateur sur les pensionnats autochtones

Samedi dernier, Pierre Poilievre a défendu Aaron Gunn, candidat dans la circonscription North Island–Powell River, en Colombie-Britannique. Ce dernier a publié sur les médias sociaux des propos remettant en cause l’incidence des pensionnats autochtones sur les survivants.

Sur X, Aaron Gunn a écrit «il n’y a pas eu de génocide» et que les «bandes autochtones avaient demandé la création des pensionnats».

«C’est de la désinformation», avait répondu Pierre Poilievre en conférence de presse, sur le fait que son candidat a nié qu’il y avait eu un génocide.

INTERNATIONAL

Jeudi matin, la suspension des tarifs douaniers réciproques de Donald Trump pour une dizaine de pays pendant 90 jours, sauf pour la Chine, a entrainé un fort rebond des marchés boursiers. Ils sont cependant repartis à la baisse le lendemain.

Le président américain a fait des annonces tarifaires qui ont affolé les marchés boursiers du monde entier pendant plusieurs jours. 

Photo : Gage Skidmore – Flickr

La pause de 90 jours ne concerne pas le Canada. Les droits de douane de 25 % sur l’aluminium et l’acier sont encore en place.

L’enjeu : Les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine s’intensifient. Le président américain menace d’imposer des droits de douane supplémentaires sur les produits chinois si Pékin ne retire pas ses propres contremesures tarifaires, entrées en vigueur jeudi. Cette escalade a porté les droits de douane des États-Unis sur les produits chinois à 145 % jeudi.

Pour le Canada, cette confrontation entre les deux plus grandes économies du monde est préoccupante, puisque le pays pourrait subir des effets indirects importants, comme une hausse des prix de certains biens, des perturbations commerciales ou encore des pressions pour prendre parti dans ce conflit économique.

«Je travaille très fort pour que l’on continue à augmenter nos investissements pour permettre aux collèges et universités d’avoir les reins solides», a assuré la députée sortante et candidate libérale dans la circonscription d’Ottawa–Vanier, en Ontario, Mona Fortier.

La députée libérale sortante dans Ottawa–Vanier, Mona Fortier, souhaite continuer à financer des programmes de bourse pour permettre la mobilité des jeunes étudiants à travers le pays. 

Photo : Capture d’écran

Cette dernière veut s’appuyer sur «la force du réseau postsecondaire francophone» à l’extérieur du Québec, afin d’offrir aux étudiants des programmes et des diplômes qui répondent aux besoins du marché du travail.

«On doit s’assurer qu’on est un seul pays et pas seulement 13 provinces qui travaillent chacune avec des règlements différents.»

À cet égard, elle estime qu’Ottawa doit encourager la mobilité des étudiants à travers le pays, qu’ils soient canadiens ou étrangers, et favoriser la création de programmes d’échange entre les collèges et les universités.

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Le conservateur Joël Godin ne veut pas faire «miroiter des millions de dollars qui vont vous tomber du ciel» et dénonce les promesses non tenues des libéraux en matière de financement du postsecondaire. 

Photo : Capture d’écran

«On n’a pas nécessairement à investir dans le béton»

Pour le candidat conservateur et député sortant de Portneuf–Jacques-Cartier, au Québec, Joël Godin, l’argent public doit avant tout «être bien utilisé». «On n’est pas à l’ère de l’impression de l’argent. Il faut maximiser les deniers publics et être responsable.»

Il a dénoncé, entre autres, la promesse non tenue du gouvernement libéral de Justin Trudeau d’allouer 80 millions de dollars par an à l’enseignement postsecondaire en situation minoritaire. En fin de compte, le secteur ne reçoit qu’environ 30 millions de dollars annuellement.

«De nos jours, on n’a pas nécessairement à investir dans le béton; il faut investir dans les moyens de communication pour transmettre le savoir», affirme-t-il.

À ses yeux, le «manque d’accessibilité» des établissements postsecondaires francophones à l’extérieur du Québec constitue l’un des enjeux principaux : «Ce n’est pas un manque de clientèle, c’est un manque d’institutions.»

Afin d’aider celles et ceux qui désirent poursuivre leur formation en français, le candidat appelle notamment à «diminuer la lourdeur et la complexité» des processus de bourses et d’admission, tout en invitant les institutions à innover et à offrir plus de programmes.

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Rendre permanent le programme pilote pour les étudiants étrangers

De son côté, la candidate néodémocrate dans la circonscription de Hull–Aylmer, au Québec, Pascale Matecki a concentré ses critiques sur un système où une population étudiante étrangère «précarisée» devient le «gagne-pain» d’universités «sous-financées», à la recherche permanente de fonds et de partenariats.

La candidate néodémocrate Pascale Matecki dénonce une «marchandisation du savoir» et «l’énorme fardeau» qui pèse sur les universités pour aller chercher des fonds. 

Photo : Capture d’écran

«Il faut trouver des façons pour qu’elles ne soient pas obligées d’aller recruter des étudiants à l’étranger, puis qu’elles ne soient même plus capables de les soutenir lorsqu’ils sont ici», la candidate du Nouveau Parti démocratique (NPD).

Le candidat du Bloc québécois dans Gatineau, Richard Nadeau, a profité du débat pour fustiger le système d’immigration actuel : «La clientèle francophone est traitée comme une clientèle de second ordre, les demandes sont traitées plus lentement.»

«Notre système d’immigration est brisé», a renchéri le conservateur Joël Godin, qui critique également les récents changements apportés en matière d’immigration touchant les étudiants étrangers.

La libérale Mona Fortier considère pour sa part que «les provinces doivent aussi prendre leurs responsabilités» vis-à-vis de l’immigration.

Elle souhaite néanmoins «rendre permanent» le Programme Pilote pour les étudiants dans les communautés francophones en situation minoritaire (PPECFSM), qui vise à soutenir les étudiants francophones venant de l’étranger et leur permettre d’accéder plus rapidement à la résidence permanente.

Tous insistent sur le besoin de penser l’offre académique des établissements postsecondaires en fonction de la pénurie de main-d’œuvre.

«On a déjà les outils, il faut juste s’assurer que le gouvernement fédéral se coordonne mieux avec les communautés francophones qui sont les experts sur le terrain, savent où sont les besoins», dit Mona Fortier.

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Faire du français un critère d’attribution

Le manque de soutien et de financement de la recherche en français a également été abordé. Mona Fortier a défendu le bilan du gouvernement de Justin Trudeau à ce sujet, en parlant «d’investissements massifs».

Le candidat Richard Nadeau du Bloc québécois estime que le Canada n’investit pas assez dans la recherche et le développement : «Il faut mettre plus d’argent pour soutenir les institutions postsecondaires.» 

Photo : Capture d’écran

Elle a rappelé les 2,6 milliards de dollars de subventions fédérales investies pour la recherche et la formation avancée en 2024 et les 734 millions de dollars destinés à des infrastructures de recherche d’envergure mondiale.

«Vous avez des alliés au caucus libéral pour que les francophones aillent chercher leur juste part dans ces montants. Nous voulons aussi développer la recherche appliquée.»

Joël Godin dit constater une situation «irrespectueuse», qui a des «effets pervers sur le développement de la francophonie». Il s’engage à augmenter les financements et la diffusion de la recherche francophone.

Richard Nadeau du Bloc québécois souhaite par ailleurs que «le fait français» soit un critère d’attribution des financements de projets de recherche.

Quelle que soit leur couleur politique, les panélistes ont reconnu le rôle essentiel des établissements postsecondaires francophones en situation minoritaire, non seulement dans la transmission de la langue, mais aussi dans le développement et la vitalité des communautés.

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«Les approches plurilingues cherchent à valoriser la diversité linguistique, à reconnaitre la pluralité de la francophonie», explique le professeur agrégé à la Faculté d’éducation de l’Université d’Ottawa, Joël Thibeault.

Enseigner le français en utilisant les connaissances de l’élève dans sa langue d’origine, tel est le principe des approches plurilingues. Autrement dit, il s’agit pour les enseignants et enseignantes d’encourager les jeunes à comparer les langues, à tisser des liens entre elles.

«On pense qu’elles sont isolées les unes des autres, mais dans notre cerveau, elles sont reliées. Quand on est bilingue, on alterne entre le français et l’anglais spontanément, sans réfléchir», observe la professeure agrégée à l’École d’orthophonie de l’Université Laurentienne, à Sudbury, en Ontario, Chantal Mayer-Crittenden.

L’orthophoniste assure que plus un enfant est «conscient du fonctionnement du langage, plus il lui sera facile et rapide d’apprendre plusieurs langues».

«Éducation inclusive»

Pour Joël Thibeault, des échanges ponctuels en classe sur des mots choisis dans un texte sont tout aussi valables que des leçons complètes de grammaire ou de lecture, ciblées carrément sur la comparaison entre plusieurs langues.

«Aujourd’hui, on reconnait la diversité de la francophonie de façon trop ponctuelle. Elle est folklorisée à l’occasion d’évènements», regrette Carole Fleuret. 

Photo : Courtoisie

«Ça peut être de gros dispositifs comme des clins d’œil. L’idée est toujours d’ouvrir la discussion sur les similitudes et les différences», poursuit-il. Selon lui, il faut miser sur une «éducation inclusive, où tout le monde se reconnait, quelle que soit sa trajectoire linguistique»

En maternelle, les enfants peuvent mettre en parallèle des mots de vocabulaire. À l’élémentaire, ils peuvent comparer les structures syntaxiques des phrases et l’accord de certains mots en genre ou en nombre.

Au secondaire, les enseignants peuvent montrer comment se servir efficacement des outils de traduction. Les adolescents peuvent aussi lire et comprendre un texte dans leur langue maternelle et le résumer dans leur langue seconde.

«Les enseignants n’ont pas à connaitre toutes les langues. Au contraire, ils se décentrent et se fient aux élèves qui deviennent les experts», précise la professeure titulaire à la Faculté d’éducation de l’Université d’Ottawa, Carole Fleuret.

Étant donné l’augmentation du nombre d’élèves allophones et anglophones, issus de familles ayants droit ou exogames, ces méthodes d’approches plurilingues font leur chemin dans les écoles de langue française en situation minoritaire.

Le programme-cadre de français de l’Ontario de 2023 les mentionne ainsi explicitement pour la première fois.

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Un concept qui fait école

Les 12 et 13 avril se tient le Congrès des savoirs en matière de littératie, à Ottawa. Cet évènement réunit des personnes engagées dans le domaine de l’enseignement du français en milieu minoritaire. Il y sera notamment question des approches plurilingues.

Ces approches, ou «translangage» dans les milieux anglo-saxons, sont déjà répandus dans plusieurs pays du monde. Le concept, né au pays de Galles, en Grande-Bretagne, est utilisé dans les écoles basques en Espagne, mais aussi en Belgique et aux États-Unis.

«Développer un rapport positif» au français

«Ce n’est pas encore très répandu dans les salles de classe, mais ça s’en vient, assure Joël Thibeault. Il y a une belle ouverture, en particulier dans les centres urbains où il existe une grande diversité linguistique.»

Pour Joël Thibeault, les approches plurilingues évitent que les jeunes développent des rapports conflictuels avec le français, car «on utilise leur bagage linguistique comme un tremplin». 

Photo : Courtoisie

Alors que le français devient souvent «une langue seconde apprise à l’école», selon Chantal Mayer-Crittenden, les approches plurilingues permettent aux jeunes de «développer un rapport positif» avec cette langue.

«On percevait souvent les enfants qui ne parlaient pas français à la maison comme un fardeau. Il faut changer de perspective et l’aborder comme une richesse», plaide-t-elle.

«Il y a un avantage sur le plan affectif. Ça marche mieux sur le plan de l’intérêt. Les élèves se sentent reconnus dans leur singularité, leurs cultures», abonde dans le même sens Carole Fleuret.

Joël Thibeault croit lui aussi que le français est «vu comme une langue autoritaire, punitive», lorsque les élèves doivent «laisser leur langue première à la porte d’entrée».

Les chercheurs sont conscients des craintes que peuvent susciter ces méthodes dans un contexte minoritaire où les communautés francophones doivent se battre pour leur survie.

La peur de l’assimilation à l’anglais est complètement normale, mais on ne peut pas faire comme si le phénomène n’existait pas. La francophonie devient multilingue et on a besoin des nouveaux arrivants si l’on veut assurer la survie du français.

— Carole Fleuret

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Sensibiliser aux enjeux de la francophonie

Chantal Mayer-Crittenden insiste pour sa part sur le besoin d’un cadre bien défini afin que les jeunes prennent conscience de la place particulière du français en situation minoritaire. Parler du manque de services, des rapports de pouvoir entre les langues, il s’agit d’après elle d’autant de façons de garantir l’identité francophone de la nouvelle génération.

«Les jeunes alternent déjà spontanément entre le français et l’anglais, on parle juste de rendre le processus plus intentionnel et, surtout, autorisé», explique Chantal Mayer-Crittenden. 

Photo : Courtoisie

«On doit créer des espaces sécuritaires, des moments de la journée où les élèves doivent avoir besoin de parler français», ajoute-t-elle.

«On n’enseigne pas l’anglais, on l’utilise pour que les apprenants comprennent la dynamique du français», appuie Joël Thibeault.

À ses yeux, les approches plurilingues ne menacent pas non plus la construction identitaire des jeunes : «La plupart se considèrent déjà bilingues, ils ne se reconnaitront pas si on leur propose d’adhérer à une représentation monolingue de la francophonie.»

Quelles que soient les peurs du corps enseignant, les chercheurs restent persuadés que si les enfants «amènent leur langue dans la salle de classe, ils parleront plus facilement le français et développeront un sentiment d’appartenance plus grand», selon les mots de Carole Fleuret.

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