Un sondage [en anglais] d’Angus Reid, publié juste avant l’arrivée des souverains, affirmait que 83 % de Canadiens interrogés sont «indifférents» ou «ne s’intéressent pas» à la visite historique du monarque.
Les rues d’Ottawa semblaient démontrer l’inverse, les lundi 26 et mardi 27 mai.
Des milliers de Canadiennes et de Canadiens se sont massés derrière les barrières pour espérer voir le roi et la reine, après le discours du Trône, le 27 mai.
Les rues bondées depuis la veille n’ont pas empêché Shay Murray et Anna Swaan, deux étudiantes francophones de l’Ontario, de s’installer derrière les barrières dès 8 heures du matin lundi, pour apercevoir le roi Charles III et la reine Camilla, en visite dans la capitale canadienne.
Visite au cours de laquelle le souverain a lu le discours du Trône pour ouvrir la nouvelle session parlementaire. Une manière de réaffirmer la souveraineté du Canada face aux menaces répétées et concrétisées des États-Unis.
Les deux amies faisaient partie des milliers de Canadiens et de Canadiennes qui bordaient le chemin depuis l’édifice du Sénat jusqu’au Monument commémoratif de la guerre.
Ma mère l’a vu à Halifax, il y a plusieurs années. Elle m’a poussé, en disant qu’il n’y a probablement pas une autre chance dans ma vie de voir le roi. Ça dit tellement pour notre pays de voir toutes les personnes ensemble, de voir le roi et la reine. C’est vraiment symbolique à nous.
Ce sont bien les menaces étatsuniennes qui poussent les deux jeunes femmes à être présentes pour démontrer leur patriotisme. «Évidemment, s’il n’y avait pas toutes ces émotions négatives, ça ne sera pas si excitant», confie Anna Swaan.
Pour Shay Murray et Anna Swaan, deux étudiantes francophiles, la visite royale était «importante, surtout en ce moment».
Sur la question du peu d’affection souvent démontré par les francophones envers la royauté, Anna affirme qu’il y a «beaucoup d’histoire» à considérer pour comprendre «toutes les émotions» qui entourent la relation entre les francophones et le roi, faisant notamment référence à la déportation des Acadiens.
Mais je pense, juste quand tu regardes les situations qu’on a avec les États-Unis, que les Québécois et les francophones sont intéressés à l’idée d’unité. J’ai vu qu’il y a des personnes au Québec qui ont dit qu’ils préfèrent être Canadiens au lieu d’Américains!
Les francophones hors Québec seraient en outre moins enclins à totalement monter aux barricades lorsqu’il s’agit de royauté.
Avec son amie Shay, Anna espère que les menaces des États-Unis «ramènent les gens ensemble [au Canada, NDLR]».
Plus loin, une Franco-Ontarienne établie aux Mille-Îles, à la frontière avec les États-Unis, affirme que l’unité canadienne «passe avant tout».
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Si la francophonie a bien été évoquée dans le discours du Trône, lu par le roi Charles III ce 27 mai pour ouvrir la 45e législature du Parlement du Canada, elle ne l’a pas été «à égalité avec l’anglais», estime Geneviève Tellier, professeure à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa.
«Cela a pris du temps avant qu’on commence à parler en français. Habituellement, dans l’introduction, une phrase ou deux auraient pogné. Ça n’a pas été le cas. Le français du roi était bon, un peu rouillé. Peut-être que ça pourrait expliquer en partie la place du français», ajoute-t-elle.
Le discours du Trône, qui comprend le programme et les objectifs du gouvernement, ouvre une nouvelle session parlementaire.
Rédigé par le premier ministre, il est habituellement lu par la Gouverneure générale, qui est la représentante du roi au Canada.
Il a été prononcé pour la première par un souverain en 1957, par la reine Élisabeth II, au Sénat. Elle a réitéré l’exercice 20 ans plus tard, en 1977. Quarante-huit ans plus tard, c’est son fils, le roi Charles III, qui s’est prêté à l’exercice.
Le discours du Trône comportait un paragraphe sur la langue française, mais celle-ci a davantage été reliée à la culture québécoise.
«La langue française et la culture québécoise sont au cœur de l’identité canadienne. Elles définissent le pays que les Canadiens, les Canadiennes et moi aimons tant. Le Canada est un pays où l’on respecte et célèbre les langues officielles et les langues autochtones», a lu le roi Charles III, dans un français un peu hésitant, mais correct.
Le roi Charles III et de la reine consort Camilla à leur arrivée au Sénat pour la lecture du discours du Trône.
Le souverain a en outre rappelé que le gouvernement était déterminé à «protéger les institutions qui font rayonner ces cultures et cette identité […], comme CBC/Radio-Canada».
Un quart environ des 20 pages du discours ont été livrées en français. Malgré quelques références symboliques à la diversité du Canada du fait des langues officielles, des langues autochtones et de la multitude de peuples qui y ont immigré, la francophonie est restée à l’arrière-ban, particulièrement celle en situation linguistique minoritaire.
Une déception que ne masque pas le sénateur acadien René Cormier, plusieurs fois président du Comité sénatorial des Langues officielles, et défenseur de la langue française.
Ça ne témoigne pas de la présence et de la vitalité des communautés francophones et acadienne à travers le Canada. Et ça ne met pas de lumière sur cette réalité-là, qui est une vraie réalité, qui fait en sorte que si le français est parlé partout au pays, qu’on a des langues officielles, c’est bien aussi parce qu’il y a des communautés qui le parlent partout.
René Cormier a toutefois salué la présence du roi et la qualité de son français.
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Le souverain n’a jamais présenté d’excuses pour la déportation des Acadiens, ni pour les torts infligés à ce peuple par la Couronne britannique.
Le sénateur René Cormier affirme à cet égard : «Je ne crois pas que c’était le moment pour ça. Parce que c’est clair qu’il s’agissait dans ce cas-ci non pas de s’excuser, mais de célébrer cette espèce de mouvement actuel d’adhésion à une certaine identité canadienne.»
Dans son discours, le roi a également souligné «une admiration pour l’identité sans pareille du Canada», marquant ainsi une distinction entre le pays et son voisin du Sud.
Il a notamment mis de l’avant les racines «britanniques, françaises et autochtones» du Canada, devenu un «pays audacieux, ambitieux et novateur, qui est également bilingue, véritablement multiculturel et engagé dans la voie de la réconciliation».
Toutefois, le Canada n’est pas entièrement bilingue. Geneviève Tellier rappelle que les langues n’ont toujours pas la même égalité partout au pays.
On a l’impression que tant que ce n’est pas sur le radar québécois, ça devient secondaire. Puis on attend la catastrophe.
La politologue illustre cette «catastrophe» par les seuils d’immigration francophone hors Québec, que le gouvernement fédéral n’a atteints «qu’à la dernière minute», après avoir réduit ses cibles d’immigration générale.
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Pour elle, Mark Carney «ne démontre pas de sensibilité aux enjeux francophones hors Québec» : «Ça lui a été rapproché avec la disparition d’un ministre des Langues officielles. Il a corrigé le tir par la suite, mais c’est comme si à chaque fois il va falloir le rappeler à l’ordre. Il va très certainement y avoir un effort pédagogique assez soutenu à faire.»
Avec cette distinction, l’APCM souhaite saluer l’engagement de celui qui, depuis plus de 30 ans, fait rayonner la chanson franco-canadienne, notamment au micro de son émission Can-Rock : l’autoroute de la francophonie musicale canadienne.
Paul Demers était un auteur-compositeur-interprète franco-ontarien.
Le prix Bâtisseur Paul-Demers récompense une personne ayant eu une incidence durable sur l’industrie musicale par son travail et ses actions.
D’abord animateur de la discothèque mobile de ses parents, Marc Lalonde, dit «Lalonde des ondes», s’est lancé en autodidacte dans l’aventure Can-Rock en 1994, sur les ondes de CHUO FM, la radio de l’Université d’Ottawa. L’émission est aujourd’hui diffusée sur 16 stations membres de l’Alliance des radios communautaires du Canada (ARC).
Actuellement établi à Penetanguishene, en Ontario, Marc Lalonde collabore depuis plusieurs années avec l’APCM et a notamment contribué à l’élaboration du Gala Trille Or. Il revient sur ces trois décennies de chansons et de rencontres.
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Marc Lalonde : Je vais être honnête avec vous, j’ai été perplexe, dans le sens que ça m’a fait du bien; finalement on m’a reconnu à ma juste valeur, parce que ça fait 30 ans que je fais ça, avec pas une cenne dans les poches.
Mais de l’autre côté, j’étais un peu gêné, parce que la seule chose que je fais, c’est de parler d’artistes, de musiciens, puis de faire jouer leurs tounes.
Mais c’est sûr que ça fait du bien. Étant vraiment très passionné, je me demande tout le temps la même question que tout le monde se pose : «Est-ce que je vais laisser une trace? Est-ce que les gens vont se souvenir de moi?» Et puis ça, c’est une bonne façon de dire : «Bravo Marc, on apprécie ce que tu fais. Lâche pas.»
Chez nous, on avait une discothèque mobile et j’étais animateur. Je parlais aux gens et je les rencontrais. Ça me faisait du bien. Ç’a peut-être commencé là, mais ç’a pris du temps avant de germer comme il faut.
Après ça, quand j’ai fini mes études en cinéma à Saint-Jérôme [au nord de Montréal], je suis revenu en Ontario. Je voulais continuer à faire du cinéma ou quelque chose d’artistique. J’ai été faire de la télé communautaire à Rogers 23, à Ottawa.
Puis j’ai été invité par deux amis qui m’ont dit : «Ça te tente-tu de te joindre à une émission de cassettes de groupes de région?» J’ai dit : «Oui, sure.» Je suis arrivé au mois d’octobre, puis au mois de janvier, je me suis retrouvé tout seul.
J’avais dit à la directrice générale de CHUO de l’époque : «Je peux-tu l’essayer pour un mois, voir si j’aime ça?» Ça fait 30 ans que je le fais, donc I guess que j’aime ça.
Marc Lalonde a été honoré par l’APCM pour sa carrière consacrée à faire connaitre la musique francophone du Canada.
Lorsque j’étais à la télévision de Rogers, je faisais partie de l’équipe de l’émission Coup d’œil avec Denis Labrèche. J’ai fait des entrevues avec des artistes qui viennent en région, les groupes de l’époque : Notre-Dame, Les Parfaits Salauds, tout ça. C’est comme ça que mon gout s’est développé.
Pis à un moment donné, j’ai participé à un tournage extérieur pour le carnaval de Casselman. Puis là je me disais : «Man, où est-ce qu’ils sont ces artistes-là, toutes les Véronic DiCaire et compagnie qui chantent super bien? C’est l’fun, c’est intéressant, mais où ce qu’ils sont ces artistes?» C’est là que je me suis mis à travailler un peu là-dessus.
Puis à mesure que les années passaient, j’ai découvert qu’il y avait beaucoup de jeunes artistes franco-ontariens : Kif-Kif, Hardis Moussaillons, Paul Demers, Serge Monette avec son groupe.
J’ai commencé à faire des entrevues à la radio pour Can-Rock avec des artistes de l’Ontario français. Pis là je me disais : «C’est-tu juste l’Ontario français parce qu’on était à côté du Québec?»
Puis à un festival franco-ontarien, il y avait, entre autres, Michel Marchildon, des Acadiens, Suroît… Je me suis dit : «Ben crime, il y a des francophones en dehors du Québec qui font de la bonne musique en français.» Donc, j’ai commencé à les chercher.
J’ai été invité à donner un grain de sel pour les Trille Or. J’ai suggéré des choses en tant qu’animateur radio; ce que j’aime entendre, ce que je pense que les gens voulaient entendre et puis c’est comme ça que s’est développé les Trille Or.
C’est des milliards d’années-lumière de différence. Aujourd’hui, les jeunes sont tous équipés, ils s’entraident. Mais au début, c’était pas évident. Il fallait qu’ils aillent dans le studio, ça coutait cher.
Au début du Can-Rock, on recevait des nouveautés musicales une fois aux deux mois, trois mois peut-être.
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Je suis confiant, un petit peu, pas beaucoup. Ces derniers temps, on parlait beaucoup – à cause que Trump voulait envahir le Canada – de la culture francophone, la culture québécoise, au Québec… Oui, mais on est là [les francophones en milieu minoritaire], on est là, oubliez-nous pas!
Je suis confiant que oui, il y a des jeunes qui sont influencés par les Serge Monette, les Robert Paquette, les Céleste [Lévis] et les différents groupes d’aujourd’hui.
Les artistes qui vont dans les écoles aujourd’hui font une grosse part pour s’assurer d’un avenir possible de la musique franco-canadienne. C’est avec ces échanges-là qu’on va réussir peut-être à garder la communauté musicale franco-canadienne et à influencer les jeunes à faire de la musique en français. Je trouve ça super important.
C’est facile de faire de la musique en anglais, mais faire de la musique en français, c’est une prise de fierté, une prise de parole.
Ce sont les rencontres et les découvertes.
[Aux Trille Or], il va y avoir des vitrines qui vont être faites avec Reney Ray, Jessy Lindsay et bien d’autres. Il y a des artistes que je n’ai pas vus depuis longtemps. J’ai hâte de voir Jocelyne Baribeau, Marie-Véronique Bourque, qui a fait un superbe album inspiré de la nature avec Christine Tassan. Ces rencontres-là, c’est le fun.
Mais aussi, je remarque qu’en nomination au gala des Trille Or cette année, il y a plusieurs artistes que je ne connais pas. Donc moi, ce qui m’excite, c’est d’aller voir ces gens-là en spectacle, puis aller les rencontrer, échanger, les encourager à continuer à faire de la musique en français.
Les propos ont été réorganisés pour des raisons de longueur et de clarté.
Les célébrations Trille Or auront lieu du 27 au 29 mai 2025, au Centre national des Arts (CNA) et ses environs, à Ottawa.
Le gala principal de cette 13e édition se tiendra le 29 mai au Studio Azrieli du CNA. Comme en 2023, la cérémonie sera animée par Éric Robitaille, animateur radio à ICI Nord de l’Ontario/Radio-Canada.
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Parmi les artistes qui reviennent le plus souvent dans les nominations cette année, on retrouve Beau Nectar, Mclean, Mehdi Cayenne et Mimi O’Bonsawin.
La scène émergente n’est pas en reste avec Flora Luna, Jessy Lindsay, Kelly Bado, Fire & Smoke et Sophie Grenier, en lice pour la Révélation de l’année.
La catégorie Coup de cœur du public regroupe 25 artistes et groupes de tout le Canada.
Le conservateur acadien Chris d’Entremont a été vice-président de la Chambre de 2021 à 2024. Il a retiré sa candidature à la présidence à la dernière minute.
Comme le souhaite la tradition, le nouveau président de la Chambre a été escorté de force par les chefs des deux principaux partis, Andrew Scheer, leadeur de l’opposition officielle par intérim en attentant le retour de Pierre Poilievre, et le premier ministre Mark Carney.
Les deux candidats conservateurs ont créé la surprise en retirant leurs noms juste avant les discours. Il s’agit des députés d’Acadie–Annapolis, Chris D’Entremont – qui a déjà été vice-président – et John Nater, député ontarien de Perth–Wellington, qui faisaient partie de la liste des candidats diffusée la veille.
La raison n’avait pas encore été confirmée par le Parti conservateur du Canada au moment d’écrire ces lignes, mais des députés libéraux évoquent une stratégie pour s’assurer une voix de plus lors des votes en Chambre – le président ne peut pas voter, sauf en cas d’égalité des voix.
Francis Scarpaleggia est élu à la Chambre des Communes depuis 2004 sous la bannière libérale. Il a été président du caucus libéral pendant 10 ans, de 2011 à 2021, et a connu les banquettes de l’opposition et celles des députés du parti qui forme le gouvernement.
Le rôle de la présidence de la Chambre
Selon le site du Parlement, le président de la Chambre des communes «interprète et applique les règles et les usages de la Chambre, et veille au bon déroulement de ses travaux. Il assume également de nombreuses responsabilités administratives et diplomatiques.»
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Mark Carney a fait son entrée au Parlement comme nouveau député lundi.
Début de chahut
En guise de discours juste avant l’élection, Francis Scarpaleggia a lui affirmé qu’il «ne peut y avoir de véritable liberté sans ordre» : «Un débat constructif est essentiel à une démocratie solide.»
«À la fin d’un mandat, […] les choses sont un peu plus mouvementées. J’aimerais rappeler que nous ne sommes qu’au début d’un mandat, en espérant que vous allez me donner un peu de répit», a-t-il plaisanté, une fois élu.
Son collègue candidat déchu, Sean Casey, a de son côté affirmé qu’il aurait souhaité voir davantage d’expulsions de députés lors des dernières législatures. Des flèches décochées à l’intention de ses collègues conservateurs.
«Le décorum, la civilité et le respect de la présidence ont diminué rapidement au cours des dernières décennies […] Entre 2003 et 2017, aucun député ne s’est vu invité à quitter la Chambre sous l’autorité de la présidence», a-t-il précisé.
Il a souligné qu’au cours des huit dernières années, neuf députés ont été expulsés pour avoir refusé de présenter des excuses ou employer un langage non parlementaire.
Les six candidats ont tous souligné les incivilités qui ont régné par le passé. Le député libéral et candidat à la présidence, Robert Oliphant, a pour sa part affirmé qu’il était «parfois douloureux d’être ici» pour cette raison.
Les autres candidats, la vice-présidente sortante Alexandra Mendès et Greg Fergus, ont déjà eu l’expérience de la présidence depuis respectivement 2019 et 2023.
«Les Canadiens s’attendent à […] beaucoup plus de civilités que ce que nous le faisons. Personne ne devrait subir des attaques à son humanité dans cette Chambre», a affirmé Alexandra Mendès.
Tous les partis veulent collaborer
Après l’élection, toute la Chambre s’est levée lors du premier discours du premier ministre, Mark Carney, comme député.
J’ai beaucoup à apprendre des députés de cette Chambre. Je vais commettre des erreurs, mais je n’ai aucun doute que vous me les signalerez.
Andrew Scheer, leadeur parlementaire pour le Parti conservateur, a placé la confiance de son parti dans le nouveau président.
Le leadeur conservateur en Chambre, Andrew Scheer, a félicité le nouveau président avec humour : «Ce rôle, à l’époque [du roi, NDLR], ne correspondait probablement pas aux règles actuelles de santé et de sécurité […]. Les présidents étaient blâmés s’ils donnaient de mauvaises nouvelles. Plusieurs ont été assassinés…» a-t-il souligné, déclenchant des rires parmi les députés de tous bords.
Sur une note plus sérieuse, Andrew Scheer a réaffirmé la confiance de son parti accordée au nouveau président : «Vous vous retrouverez peut-être à devoir tenir tête à certaines figures d’autorité. Soutien et meilleurs vœux.»
Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a aussi souligné l’importance de collaborer : «Il faut reconstruire, je crois, un enthousiasme chez les électeurs […] Qu’ils votent pour l’avenir, pour quelque chose qu’ils souhaitent. Pour l’enthousiasme, plutôt que pour la peur.
[J’ai] l’impression qu’on a ce potentiel. Car ces dernières semaines, j’ai pu parler à plusieurs d’entre vous, j’ai senti déjà dans certaines discussions avec le premier ministre et des collègues conservateurs qu’on a la capacité d’un ton différent, seul chemin d’un respect regagné pour l’ensemble des membres de ce Parlement de la part des électeurs.
«Les Canadiens ont encore élu un gouvernement minoritaire : c’est un mandat clair pour une collaboration», a pour sa part avancé le chef intérimaire du Nouveau Parti démocratique (NPD), Don Davies.
Avec humour, la seule élue du Parti vert, Elizabeth May, s’est «engagée de ne pas faire de chahut au nom de tout le caucus du parti».
Un moment de silence a été observé en hommage à l’accident survenu au festival philippin de Lapu-Lapu, à Vancouver, en avril dernier.
Les vice-présidences seront connues cette semaine.
«Les milieux ruraux seront les plus pénalisés par la suppression des bureaux de poste», dénonce le président de l’Association francophone des municipalités du Nouveau‑Brunswick, Yvon Godin.
Le responsable craint l’émergence d’un système postal «à deux vitesses», avec les villes d’un côté et les campagnes de l’autre, «où les gens devront se déplacer sur de grandes distances pour aller chercher leur courrier».
Dans un rapport déposé le 15 mai, la Commission d’enquête sur les relations de travail chez Postes Canada recommande la levée des moratoires sur la fermeture des bureaux de poste ruraux et la conversion vers des boites postales communautaires.
Le commissaire William Kaplan conseille également l’élimination progressive de la livraison quotidienne du courrier à domicile aux adresses individuelles.
Le rapport découle d’une demande d’Ottawa faite lorsque le gouvernement a mis fin à la grève qui perturbait la livraison du courrier à l’approche des Fêtes, l’an dernier. Le gouvernement avait fait appel à la Commission fédérale des relations de travail et de l’emploi afin d’ordonner le retour des employés des postes au travail.
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Le rapport de la commission d’enquête sur les relations de travail examine la situation financière de Postes Canada. Selon William Kaplan, la société d’État fait face à une crise existentielle. Elle est insolvable ou en faillite, mentionne-t-il. «Sans changements réfléchis, mesurés, échelonnés, mais immédiats, sa situation financière continuera à se détériorer.»
Le PDG de Postes Canada, Doug Ettinger, a salué les recommandations du rapport. Elles arrivent à un «moment crucial», d’après lui, et offrent «une évaluation franche et directe» des défis.
Pendant ce temps, les négociations se poursuivent entre les négociateurs syndicaux et patronaux en vue de conclure un accord pour une nouvelle convention collective.
Le jeudi 22 mai, le syndicat des 55 000 travailleurs et travailleuses de Postes Canada a finalement opté pour une grève du temps supplémentaire afin de laisser davantage le temps aux négociateurs d’examiner les dernières offres patronales.
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«On se bat pour maintenir notre présence dans les zones rurales et éloignées, ce sont celles qui ont le plus besoin de nous. On les aide à maintenir une connexion avec le reste du pays», réagit la négociatrice pour le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) de Montréal, Anny Lesage.
«La Loi [sur la Société canadienne des postes] exige des livraisons tous les jours. On pense que la livraison doit être quotidienne et à la porte», affirme Anny Lesage du STTP.
À ses yeux, les compagnies privées «n’atteindront jamais les régions éloignées au même prix» que Postes Canada, qui est une société d’État.
Pour le professeur agrégé d’études sur le travail à l’Université du Manitoba, David Camfield, les bureaux de poste jouent également un «rôle social» essentiel : «Dans de nombreuses zones rurales, où la population est très dispersée, ce sont des espaces communautaires et la principale institution liée au gouvernement fédéral.»
«C’est important d’offrir des services de proximité aux personnes âgées qui habitent dans ces régions. Elles ne sont pas dans le monde informatique, elles ont besoin d’un bureau de poste», renchérit Yvon Godin.
Le professeur à l’École de gestion Sprott de l’Université Carleton, Ian Lee, juge aussi qu’Ottawa doit «continuer à assurer l’accès au courrier et aux colis dans les régions rurales et les réserves des Premières Nations où il n’y a pas d’entreprises privées capables de prendre le relai.»
«Postes Canada est insolvable, elle doit réduire ses effectifs et restructurer ses activités en se concentrant sur les communautés rurales et éloignées qui n’ont pas d’alternative», déclare-t-il.
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En revanche, Ian Lee considère que des «franchises rurales de Postes Canada, installées dans de petites épiceries ou pharmacies», doivent remplacer à terme les boites postales communautaires et les bureaux de poste détenus et gérés par la société de la Couronne.
Yvon Godin de l’Association francophone des municipalités du Nouveau‑Brunswick craint une baisse de la qualité des services postaux disponibles dans les régions rurales.
«Ce modèle coutera moins cher. Les habitants iront chercher leur courrier au bureau de poste de la franchise où ils se rendent de toute façon pour acheter leur nourriture ou leurs médicaments», avance-t-il.
Yvon Godin ne se montre pas totalement opposé à cette idée de points de service dans des entreprises : «Ça peut être envisageable pour être plus rentable et compétitif. Ce qu’il faut, c’est absolument trouver des solutions innovantes sans nuire aux employés.»
Pour engranger des revenus supplémentaires, Anny Lesage plaide plutôt en faveur d’un «élargissement et d’une diversification de la gamme de services» qu’offre Postes Canada dans les communautés rurales et éloignées.
Elle mentionne notamment la création d’un bureau de poste de type carrefour communautaire à Membertou, en Nouvelle-Écosse, en partenariat avec la Première Nation mi’kmaq locale.
Location de salles de réunion, accès à Internet sans fil, à des ordinateurs, autant de services qui «aident les gens à se rassembler», selon Anny Lesage.
La négociatrice cite par ailleurs la France en exemple. Depuis 2015, les facteurs de l’Hexagone se rendent chez les ainés isolés, même sans courrier, afin de s’assurer qu’ils se portent bien.
«C’est une forme de soutien à la population que l’on pourrait implanter chez nous, soutient-elle. On pourrait aussi imaginer que les facteurs livrent des produits d’épicerie à domicile.»
Le professeur à l’Université du Manitoba, David Camfield, défend une «expansion et une diversification des services» qu’offre Postes Canada aux communautés rurales et éloignées.
Anny Lesage évoque enfin l’option des services bancaires. Postes Canada a lancé cette année un projet pilote, MonArgent, un compte d’épargne et de dépenses destiné aux Canadiennes et Canadiens mal desservis.
«Bon nombre de personnes en région rurale ou éloignée sont confrontées à des obstacles systémiques pour l’accès à des services financiers. Il y a donc une demande en dehors du système bancaire traditionnel», assure-t-elle.
Le commissaire William Kaplan juge néanmoins toutes ces propositions du STTP «irréalistes». «À mon avis, compte tenu de la crise financière, Postes Canada doit se concentrer sur la sauvegarde de son activité principale et non sur l’offre de nouveaux services», écrit-il dans son rapport.
Au Manitoba, David Camfield estime pour sa part que le débat actuel «devrait être lié à une redéfinition de la société d’État en tant que service public». «Postes Canada fournit des services vitaux auxquels tous les habitants du pays devraient avoir accès.»
Steven Guilbeault dit avoir déjà pris en compte le dossier du règlement d’application de la Loi sur les langues officielles.
À deux pas de la salle de réunion des libéraux, un Steven Guilbeault pressé a affirmé à Francopresse, dimanche, qu’il «travaillait rapidement» sur les décrets nécessaires pour appliquer la Loi sur les langues officielles, adoptée il y a maintenant deux ans.
«J’ai déjà parlé avec les fonctionnaires, avec l’équipe. Je veux que ça aille très rapidement parce que ça fait quand même un bout de temps et Ginette Petitpas Taylor [ex-ministre des Langues officielles sous laquelle la Loi modernisée a été adoptée, NDLR] a fait beaucoup de travail. Je ne peux pas vous donner de date, mais ça s’en vient», dit le ministre responsable des Langues officielles.
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Les premiers gestes de Carney…
Mark Carney a répété que le premier geste portera sur un projet de loi qui fera baisser les impôts pour la classe moyenne canadienne.
La semaine précédente, le gouvernement Carney s’était attiré les foudres des différents partis d’opposition pour avoir signalé qu’aucun budget complet ne serait présenté en 2025, seulement une mise à jour économique à l’automne. Le premier ministre a rétropédalé quelque jour plus tard, annonçant un budget cet automne.
Le directeur parlementaire du budget avait affirmé, début mars, avant l’élection de Mark Carney, que si «les politiques actuelles sont maintenues» il prévoyait «46,8 milliards de dollars de déficit budgétaire».
Le Parlement fera une session-éclair entre le 26 mai et le 20 juin.
«Notre gouvernement a été élu pour ne rien faire de moins que définir une nouvelle relation économique et sécuritaire avec les États-Unis et construire la meilleure économie qui fonctionne pour tout le monde», a déclaré le premier ministre devant ses députés et les journalistes.
Une autre «législation immédiate», selon le premier ministre, sera introduite au Parlement dans les prochaines semaines pour mettre en œuvre des «projets d’intérêt national» et pour «éliminer toutes les barrières fédérales pour les traités libres au Canada».
Les libéraux veulent aussi légiférer concernant le Code pénal à l’égard de «ceux qui menacent la sécurité des Canadiens en rendant plus difficile l’obtention d’une caution» pour certains délits ou crimes.
«Dans toutes nos actions, nous serons guidés par une nouvelle discipline fiscale. Notre gouvernement va dépenser moins pour que les Canadiens puissent investir plus», a affirmé le premier ministre.
Contrairement aux conservateurs il y a deux semaines, les députés libéraux ne se sont pas donné le droit de déloger leur chef par un vote interne s’ils sont insatisfaits de son travail.
Au début d’une nouvelle législature, tous les partis peuvent se donner cette option en raison de la Loi de 2014 instituant des réformes.
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Les objectifs des conservateurs
Côté conservateur, le chef Pierre Poilievre a aussi mentionné le durcissement du Code pénal pour alourdir plusieurs types de peines de prison comme l’un de ses objectifs pour les quatre prochaines semaines.
La priorité des conservateurs reste toutefois la présentation d’un budget, qu’ils veulent voir bien avant l’automne. Selon le ministre du cabinet fantôme pour le Revenu, Gérard Deltell, les conservateurs sont «prêts à travailler cet été» pour qu’un budget voie le jour.
Pierre Poilievre a réaffirmé qu’il était prêt à aider le gouvernement à éteindre les tensions commerciales avec les États-Unis tout en se concentrant pour équilibrer l’économie canadienne.
Accélérer la construction des logements et contrôler l’immigration font aussi partie des objectifs du prochain mois.
Le Parlement reprend ce lundi 26 mai, avec l’élection de la présidence de la Chambre des Communes, suivie le lendemain du discours du Trône, qui sera lu par le roi Charles III.
«En consultant les comparutions à l’audience publique à ce jour, ce qui ressort de manière particulièrement préoccupante est l’absence quasi totale de considération visant les communautés francophones en situation minoritaire dans les échanges», a lâché la directrice générale de l’Association des producteurs francophones du Canada (APFC), Carol Ann Pilon, lors d’une audience publique du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) le 23 mai.
Le CRTC tient présentement des audiences publiques sur la définition du contenu canadien. L’APFC en a profité pour sonner l’alarme sur la production de contenu francophone, en particulier celui conçu pour la jeunesse.
Sur les 65 comparutions depuis le début des audiences, l’APFC est le deuxième organisme francophone en milieu minoritaire à être entendue, après l’Office des télécommunications éducatives de langue française de l’Ontario. CBC/Radio-Canada est à l’horaire le lundi 26 mai.
Mme Pilon dit avoir noté qu’une grande partie des entreprises accueillies par le CRTC jusqu’à présent ont demandé des «allègements considérables, une souplesse presque illimitée, allant jusqu’à l’exemption totale d’obligations de contribution en programmation canadienne et de laisser dicter les forces du marché dans lesquelles elles opèrent au Canada».
Pour protéger le contenu francophone, l’APFC demande au contraire plus de règlementation.
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«Vouée à disparaitre»
«Les entreprises étrangères tournent leur contenu au Canada parce qu’elles y tirent des avantages financiers : crédits d’impôt, valeur du dollar canadien, expertise des équipes entre autres», énumère Carol Ann Pilon devant le CRTC. Selon elle, pas besoin de règlementer dans ce secteur, «les forces du marché» sont activées.
Carol Ann Pilon est directrice générale de l’Association des producteurs francophones du Canada.
«Par contre, poursuit-elle, la programmation canadienne originale de langue française produite par les producteurs des CLOSM a besoin d’une intervention règlementaire sans quoi elle sera certainement vouée à disparaitre.»
Lors de son intervention, la directrice générale a beaucoup insisté sur la production indépendante de contenu francophone en milieu minoritaire, dont la protection passe par des outils comme des obligations de dépenses en émissions canadiennes. Ce n’est pas la première fois que l’APFC le demande.
Plus précisément, l’organisme implore au CRTC d’imposer à toutes les entreprises de télédiffusion des exigences minimales et contraignantes en matière de dépense de programmation originale de première diffusion, en langue française, produite par et pour les communautés de langue officielle en situation minoritaire.
Dans le cas des entreprises qui ne pourraient pas le faire, l’APFC demande une contribution équivalente versée dans des fonds qui soutiennent la création de tel contenu francophone.
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Les jeunes et l’anglais
En 2024-2025, le contenu jeunesse produit en français à l’extérieur du Québec était à son plus bas, annonce Mme Pilon. Soutenu par le Fonds des médias du Canada, ce contenu représentait 23 % des projets effectués par les communautés francophones en situation minoritaire, selon les chiffres de l’APFC présentés au CRTC.
En comparaison, le contenu jeunesse était à son plus élevé en 2018-2019, avec 37 % des projets effectués.
«La jeunesse, en commençant par la petite enfance, est exposée à des contenus de langue anglaise dans nos communautés très très très tôt», rappelle Carol Ann Pilon. Pour rejoindre les jeunes, mais aussi les publics de manière générale, elle explique que les contenus doivent être accessibles où se trouvent les publics : sur les plateformes numériques.
Dans un document déposé auprès du CRTC dans le cadre de ces audiences publiques, l’APFC écrivait que les documentaires sont, eux aussi, «considérablement menacés».
Dans le cadre des audiences publiques, le CRTC entend divers acteurs du secteur de la production et de la diffusion. De nombreuses propositions sont formulées afin de définir et de réguler le «contenu canadien».
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Porté par Black Women Film! Canada (BWF), ce programme bilingue et pancanadien vise à favoriser le réseautage, le développement de projets cinématographiques, le mentorat sur mesure et les coproductions entre créatrices francophones et anglophones noires, trans et non binaires partout au pays, notamment par l’entremise de formations et d’ateliers.
«Ça renforce la sécurité économique des femmes noires en leur offrant un accès accru aux ressources et aux opportunités professionnelles», explique la directrice nationale de Reel Change, Sabine Daniel. Elle précise que les participantes sont payées pendant leur période de formation.
Lancé initialement à Toronto, le programme Reel Change a ensuite été étendu à d’autres régions du pays où les besoins sont pressants : Montréal, Vancouver, Winnipeg et Halifax. Il s’étend sur 17 mois.
À l’hiver, un appel à candidatures a été lancé auprès des productrices afrodescendantes désireuses de prendre part à ce programme et les résultats ont été annoncés en avril.
La phase de formation, sous forme d’une résidence de plusieurs semaines, a débuté à Montréal et s’y tiendra jusqu’au 21 juin. Les suivantes auront lieu à Vancouver, du 21 juillet au 19 septembre, puis à l’automne à Winnipeg et Halifax.
En plus de verser une allocation mensuelle aux participantes, ces résidences proposent un accès gratuit à un espace de travail partagé, un mentorat personnalisé et la prise en charge de la garde d’enfants pour les participantes qui en ont besoin.
Des stages régionaux se tiendront jusqu’en février 2026. Le programme doit aussi mener à la création de vidéos de formation destinées à l’industrie. Il se conclura en juin 2026 par une rencontre nationale et un concours de pitch réunissant les participantes et les partenaires.
Ce programme a aussi pour but de lever les obstacles qui empêchent ces femmes d’accéder à des postes clés, comme ceux de productrice, de réalisatrice ou de scénariste.
«Ce sont les trois métiers qui sont des postes décisionnels où les femmes sont souvent moins représentées. Il y a eu beaucoup d’avancées dans le secteur de réalisatrice, mais on voit quand même très peu de femmes noires», observe la productrice.
«Ce n’est pas l’expérience qui manque, c’est l’expérience dans des postes décisionnels.»
Un problème que connaissent bien toutes les femmes, rappelle-t-elle. «Pourquoi on ne voit pas beaucoup d’autres femmes productrices ou des femmes scénaristes? Parce que des fois, à la place d’écrire un scénario, elles doivent s’occuper de l’enfant ou de la famille. Elles n’ont pas assez de sous.»
Sabine Daniel ajoute que «malheureusement, si on se compare aux hommes, mariés ou pas, ils continuent à être réalisateurs, producteurs. Ils n’ont pas les barrières qu’une femme a.»
Outre les femmes noires, trans ou non binaires, Sabine Daniel souligne que tous les cinéastes gagneraient à miser sur les coproductions interrégionales – particulièrement dans un contexte de guerre commerciale avec les États-Unis : «On doit travailler plus ensemble.»
«Ça demande d’ajuster le budget, de savoir comment travailler avec des crédits d’impôt d’une autre province. Ça minimise aussi le cout des boites de production. Il y a une force qui est exploitée, mais pas à son plein potentiel.»
L’Ottavienne remarque d’ailleurs que bien des gens ignorent les crédits d’impôt ou même les occasions qui s’offrent dans leur région.
Elle rappelle par exemple que le Canada demeure un lieu de tournage prisé pour les films de Noël de Hallmark. «Ça se tourne à Ottawa, Hamilton, puis Winnipeg. Parfois les gens ne sont pas au courant de ces réalités. Ils n’y pensent même pas.»
Souvent, les coproductions qu’on voit, c’est le Québec et une autre province, poursuit-elle. Les francophones en milieu minoritaire doivent davantage travailler en coproduction. Avec le programme [Reel Change], on essaie de prendre des personnes qui viennent d’ailleurs pour qu’il y ait des synergies.
Les boites de production en milieu minoritaire peinent parfois à recruter dans leur région, ajoute-t-elle. «Une [de ces boites] m’a dit : “Il faut que j’aille chercher quelqu’un à Toronto ou à Ottawa pour venir à Winnipeg pour l’été.” Ça leur coute plus cher parce qu’[elles] doivent faire venir [des gens], payer leur logement.»
Lorsque des cinéastes travaillent sur un projet de film, Sabine Daniel les invite à explorer d’autres possibilités que des endroits comme Toronto ou Montréal, où il faut habituellement jouer des coudes pour trouver les ressources nécessaires vu que la concurrence est vive dans ces grandes villes.
En tant que francophone en milieu minoritaire, notre force c’est qu’on connait chez nous.
Une personne qui vit dans une communauté minoritaire sera plus susceptible d’être au courant des occasions peut-être méconnues qui s’offrent dans sa région pour le monde du cinéma.
Par ailleurs, la productrice remarque que, partout au pays, les cinéastes noirs sont également souvent intéressés «à faire des films qui vont à l’international».
Selon elle, «ils les filment au Canada, mais ils les exportent ailleurs, dans leur pays. Il y a beaucoup d’autres possibilités dont [le milieu du cinéma] ne parle pas, parce que ce n’est pas une réalité pour l’industrie blanche.»
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«La prochaine étape, c’est qu’on va former nos mentors et aussi nos conférenciers, qu’ils soient Blancs ou pas, parce qu’on veut s’assurer que ces mentors-là savent comment parler à ces femmes pour qu’elles ne se sentent pas encore plus fermées», développe Sabine Daniel.
On veut vraiment créer des environnements de travail plus inclusifs, en favorisant des pratiques équitables et diversifiées au sein de l’industrie
Le programme Reel Change propose des ateliers adaptés aux besoins de chaque région. Parmi eux, Sabine Daniel cite «la volonté de savoir comment monter un budget de coproduction, comment pitcher à la lumière d’utiliser les techniques de l’IA, comment faire la lecture de son script par des comédiens».
La productrice exprime son admiration pour ces femmes passionnées par le cinéma, soulignant la diversité des participantes, âgées de la mi-vingtaine jusqu’à 75 ans.
Avec des informations de Julien Cayouette
Discours du Trône : Les 26 et 27 mai, Ottawa accueillera le roi Charles III d’Angleterre et la reine consort Camilla. Le souverain lira le discours du Trône mardi, au Sénat, ouvrant ainsi la 45e législature du Parlement canadien.
Le premier ministre Mark Carney a été assermenté comme député de Nepean, jeudi.
Retour du Parlement : La première tâche des députés sera d’élire la présidence de la Chambre des Communes. Seuls les députés assermentés pourront voter. Jeudi, le premier ministre Mark Carney a été assermenté comme député de Nepean (dans la banlieue d’Ottawa). Il a prêté serment devant près d’une quarantaine de personnes. À l’heure d’écrire ces lignes, environ la moitié des 343 députés de la Chambre ont été assermentés.
Un minibudget ou pas? Lors d’une réunion technique sur la prochaine législature, jeudi, le greffier du parlement a expliqué que pour l’instant, c’est la gouverneure générale Mary Simon qui autorise les dépenses du gouvernement. «On s’attend à une ou plusieurs mesures budgétaires avant l’été. Le gouvernement a besoin de cet ordre permanent de crédits.» De son côté, le Bloc québécois a réaffirmé cette semaine qu’un budget devait être déposé rapidement. Mark Carney, pour sa part, a indiqué que celui-ci ne serait présenté qu’à l’automne.
Ce qui change pour le NPD : Le Nouveau Parti démocratique (NPD) – qui n’a plus le statut de parti officiel après sa défaite à l’élection fédérale fin avril, en passant de 26 députés à 7 – ne prendra plus part aux discussions entre les partis d’opposition pour la période des questions. Les partis doivent s’entendre sur une motion pour donner aux députés du NPD une voix dans les comités, mais ils ne sont pas obligés de le faire.
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Le Parti conservateur du Canada a fait connaitre les membres de son cabinet fantôme mercredi. Il présente 62 ministres et ministres associés pour donner la réplique aux 38 ministres et secrétaires d’État du gouvernement de Mark Carney.
Le nombre plus élevé de ministres fantômes s’explique par l’ajout de titres qui n’ont pas d’équivalent du côté du gouvernement, comme le ministre du cabinet fantôme responsable de la Réduction des formalités administratives ou celui de la Lutte contre les dépendances.
Le cabinet fantôme est en quelque sorte le cabinet des ministres de l’opposition officielle. Des députés ont la tâche de suivre un dossier particulier afin que l’opposition soit aussi bien informée que le gouvernement sur les dossiers prioritaires. Leur but est aussi de trouver les failles dans les politiques et les projets de loi qui concerne leur dossier. Ce titre ne donne pas de pouvoir en lien avec le gouvernement ou le parlement.
Poids lourds : Deux députés conservateurs se divisent les tâches qui reviennent à Steven Guilbeault, ministre de l’Identité et de la Culture canadiennes et responsable des Langues officielles. Rachael Thomas, députée de Lethbridge en Alberta, sera ministre pour l’Identité canadienne et de la Culture tandis que Joël Godin, député québécois, hérite du dossier des langues officielles.
Le député d’Acadie–Annapolis en Nouvelle-Écosse, Chris d’Entremont, sera ministre du cabinet fantôme responsable de l’Agence de promotion économique du Canada atlantique (APECA). De son côté, le nouvel élu francophone dans Kapuskasing–Timmins–Mushkegowuk en Ontario, Gaétan Malette, sera ministre associé du cabinet fantôme responsable des Ressources naturelles (mines et forêts).
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Postes Canada a reçu des préavis de grève du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) pour les unités de négociation urbaine et des FFRS (factrices et facteurs ruraux et suburbains). Les avis indiquaient que le STTP a l’intention de déclencher une grève le vendredi 23 mai à minuit, heure de l’Est.
Finalement, en fin de soirée jeudi, le STTP a publié un communiqué demandant à ses membres de ne pas faire d’heures supplémentaires. «Pour l’instant, le Syndicat a décidé d’interdire les heures supplémentaires en guise de geste de bonne foi afin de minimiser les perturbations pour la population et les pertes de salaire pour nos membres», indique le syndicat dans son communiqué.
Une «incidence durable» : C’est ce qu’a signifié Postes Canada dans un communiqué lundi, si une grève est déclenchée.
Le syndicat représentant environ 55 000 employés de Postes Canada avait avancé, jeudi matin, que les dernières offres du service postal étaient insuffisantes.
Les conditions de travail sont au cœur des négociations de la nouvelle convention qui prenait fin le 22 mai. Le syndicat avait demandé à la base une augmentation salariale cumulative de 24 % sur quatre ans, mais Postes Canada, déjà dans le rouge financièrement, a refusé.
Le mécontentement vient aussi du dernier rapport de la Commission d’enquête sur les relations de Postes Canada, qui recommande d’arrêter les livraisons quotidiennes à la porte. Le syndicat indique que d’autres moyens de pression pourraient être utilisés si l’employeur modifie les conditions de travail.
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Mercredi, le ministère des Affaires étrangères du Canada a confirmé que quatre Canadiens en visite diplomatique en Cisjordanie auraient été la cible de tirs «de prévention» israéliens, ce que le premier ministre Mark Carney a qualifié «d’inacceptable».
À la suite de cet incident, la ministre des Affaires étrangères, Anita Anand, a convoqué l’ambassadeur d’Israël.
Cet évènement survient au lendemain d’un communiqué conjoint du Canada, de l’Allemagne et de la France, dans lequel les trois pays préviennent qu’ils prendront des «mesures concrètes» si le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, ne laissait pas rentrer davantage d’aide humanitaire dans Gaza.
Cette semaine, 100 camions ont pu rentrer dans l’enclave palestinienne, un chiffre jugé «insuffisant» par plusieurs organisations non gouvernementales (ONG), alors que la population fait face à une famine depuis que le gouvernement israélien bloque l’aide humanitaire, début mars.
En réaction à cette déclaration, le premier ministre israélien a affirmé que les trois pays faisaient «un énorme cadeau» au Hamas, mais a ouvert la porte à un cessez-le-feu temporaire.
En outre, à Washington mercredi, un couple de diplomates israéliens a été assassiné par un homme de 30 ans, qui aurait crié de «libérer la Palestine».
«Dôme d’Or» et cie : La veille, Mark Carney a indiqué lors d’une conférence de presse qu’il était intéressé à ce que le Canada participe au «Dôme d’Or», un système de défense antimissile annoncé par le président des États-Unis. Donald Trump avait déjà indiqué lundi qu’ils étaient prêts à travailler avec le Canada sur ce point.
Les ministres des Finances des pays du G7 se sont réunis deux jours cette semaine à Banff, en Alberta, pour discuter à huis clos sur des enjeux pressants, dont l’économie mondiale et la guerre en Ukraine.
Cette réunion survient après l’imposition de droits de douane par les États-Unis en avril, suscitant des tensions commerciales. Le ministre des Finances du Canada, François-Philippe Champagne, s’est dit optimiste malgré l’incertitude sur un éventuel accord. Il a évoqué des progrès, notamment sur la reconstruction de l’Ukraine, saluant l’unité du G7 sur ce dossier.