le Mardi 9 septembre 2025

Lundi soir, une centaine de personnes se sont réunies devant le siège de CBC/Radio-Canada à Ottawa pour rendre hommage à six journalistes palestiniens d’Al-Jazeera tués la veille par Israël. Des évènements similaires ont été organisés dans plusieurs autres villes canadiennes et dans le monde.

Vigie : Israël a reconnu avoir ciblé ces journalistes, plus particulièrement Anas Al-Sharif. Sans fournir suffisamment de preuves, l’armée israélienne dit avoir tué le «chef d’une cellule terroriste».

Anas Al-Sharif était un des journalistes les plus connus en Palestine et n’a jamais été reconnu comme membre du Hamas. Toutes les associations internationales de protection des journalistes réfutent la condamnation. Le Comité de protection des journalistes rappelle qu’Israël a souvent présenté des accusations sans preuve tangible pour faire taire des journalistes.

Après ces assassinats, Reporter sans frontières (RSF) a demandé une réaction «forte». «La communauté internationale ne peut plus fermer les yeux et doit réagir et faire cesser cette impunité. RSF appelle le Conseil de sécurité des Nations unies à se réunir d’urgence sur le fondement de la résolution 2222 de 2015 sur la protection des journalistes en période de conflit armé afin de stopper ce carnage.»

L’Organisation des Nations Unies affirme qu’au moins 242 journalistes ont été tués à Gaza depuis octobre 2023.

Devant le siège de CBC/Radio-Canada lundi à Ottawa pour rendre hommage aux six journalistes palestiniens tués la veille par Israël. Ces vigies ont reçu très peu d’attention médiatique. 

Inès Lombardo – Francopresse
Inès Lombardo – Francopresse

ÉCONOMIE

Les droits de douane de 76 % imposés sur le canola canadien par la Chine sont entrés en vigueur jeudi.

Pourquoi une taxe? : À la suite de l’imposition de taxes canadiennes de 100 % sur les véhicules électriques chinois, la Chine a répliqué en lançant une enquête centrée sur le dumping canadien de canola.

Le prix du canola a déjà dégringolé, causant d’importantes pertes financières aux producteurs. Ottawa et les agriculteurs rejettent les accusations de dumping et demandent un dialogue avec Pékin, tandis que les provinces des Prairies, qui produisent le canola, pressent le gouvernement fédéral de trouver une solution.

La conférence de presse d’Air Canada a été interrompue par des agents de bord venus passer leur message («Les travailleurs non payés ne voleront pas», peut-on lire sur le panneau). 

Photo : Capture d’écran – Zoom

Les agents de bord d’Air Canada ont donné leur avis de grève mercredi. Air Canada a répliqué avec un avis de lockout. Le conflit porte sur les salaires et le travail non rémunéré au sol. L’arrêt de travail pourrait être déclenché le samedi 16 aout à 00 h 01.

Des effets immédiats : Air Canada a commencé à annuler des vols en prévision du conflit. Le syndicat réclame un retour à la table de négociation et dit vouloir un règlement. La ministre fédérale de l’Emploi, Patty Hadju, presse les parties de poursuivre les discussions.

La compagnie demande l’intervention du gouvernement fédéral via un arbitrage exécutoire, sans réponse officielle d’Ottawa à l’heure d’écrire ces lignes.

Air Canada garantit des remboursements à 100 % ou des places sur d’autres vols pour les passagers touchés.

En conférence de presse jeudi matin, la compagnie a annoncé que près de 500 vols allaient être suspendus à partir de vendredi soir.

Air Canada et le français : En 2024-2025, le commissaire aux langues officielles du Canada a reçu 1163 plaintes concernant Air Canada, contre 847 l’année précédente. Près de 400 ont été faites dans la région d’Ottawa-Gatineau.

POLITIQUE FÉDÉRALE

Les conservateurs ont annoncé mercredi qu’ils présenteront un projet de loi pour faire en sorte que les juges ne puissent plus prendre en compte le statut des non-citoyens lorsqu’ils prononcent une sentence.

Permis depuis 2013 : L’arrêt «Pham», rendu par la Cour suprême en 2013, permet cette distinction. Il est précisé dans le jugement qu’il s’agit d’un pouvoir discrétionnaire du juge et que la peine doit rester proportionnelle à la gravité des faits.

En outre, l’arrêt explique, dans le cas qu’il l’intéressait à l’époque, qu’elle autorisait d’abaisser la peine à deux ans moins un jour pour éviter à la personne qui avait commis les deux infractions – liées à la production et possession de marihuana – de se voir sanctionner dans sa demande d’immigration.

Plusieurs hausses de salaire selon le grade ont été annoncées par Mark Carney vendredi dernier, pour attirer et retenir du nouveau personnel chez les Forces armées canadiennes.

Niamat Ullah – Unsplash

Vendredi dernier, le gouvernement fédéral a annoncé une hausse salariale rétroactive au 1er avril 2025 pour membres des Forces armées canadiennes. L’annonce intervient dans un contexte où les FAC souffrent d’un manque d’effectif de plus de 12 200 personnes, tous métiers confondus.

Nouvelles mesures salariales : La hausse est de 8 % pour les colonels et grades supérieurs, de 13 % pour les lieutenants-colonels et grades inférieurs, et de 20 % pour les soldats de la Force régulière par rapport à leurs salaires actuels.

Une nouvelle grille tiendra aussi compte des années de service, a mentionné la Défense nationale par communiqué vendredi dernier.

D’ici 12 mois, diverses indemnités seront ajoutées pour compenser les déménagements fréquents, la séparation des familles, l’entrainement au combat et les déploiements lors de catastrophes naturelles.

Au Sommet Ondes 2025 sur les langues autochtones, trois thèmes reliés à la langue ont été explorés : les connaissances écologiques traditionnelles, la technologie et la communauté.

Selon Radio-Canada, sur 2314 participants, une centaine venait de l’extérieur du Canada.

Mary Simon, gouverneure générale du Canada inuite, a de son côté souligné plusieurs avancées, dont «des démarches en cours pour établir l’université Inuit Nunangat», qui sera la première université du Canada axée sur la culture et la langue inuites et établie dans le Nord.

La gouverneure générale s’est dite «animée d’un grand sentiment d’espoir […] lorsque je vois de jeunes Autochtones se forger un avenir professionnel tout en affirmant leur identité».

Dans la lettre publiée en juillet et signée par plus de 1000 personnes, l’Acfas dénonce un «système [qui] néglige trop souvent» la réalité des chercheurs et chercheuses francophones.

Des données sont mises de l’avant : les scientifiques d’expression française représentent «21 % de la communauté de recherche canadienne». Mais seulement entre «5 % et 12 % des demandes soumises aux trois grands conseils subventionnaires sont rédigées en français», souligne l’association scientifique.

Ce même système «décourage l’usage du français par crainte d’être mal compris ou mal évalué», affirment encore les signataires de la lettre.

À lire : La reconnaissance des sciences en français : un impératif (Libre opinion)

«Manque de respect»

L’Acfas n’avait pas reçu de réponse à sa lettre au moment d’écrire ces lignes, mais l’équipe média de la ministre de l’Industrie, Mélanie Joly, a répondu à Francopresse par courriel.

«Le gouvernement demeure résolument engagé à soutenir la recherche en français», écrit le bureau de la ministre.

Sophie Montreuil a le sentiment que «tous les travaux menés jusqu’ici» par l’Acfas avec le gouvernement semblent «ne pas avoir existé». 

Photo : Courtoisie Hombeline Dumas pour l’Acfas

«C’est complètement faux, se désole la directrice générale de l’Acfas, Sophie Montreuil. C’est un manque de respect par rapport aux revendications extrêmement légitimes et documentées de la communauté scientifique francophone, qui représente environ 65 000 personnes» au Canada.

Elle se sent doublement heurtée par la «réponse politique», qui repique des «éléments d’information pris à gauche et à droite».

L’Acfas a publié un rapport en 2021 qui interpelait le gouvernement de l’époque à propos du financement de la recherche en francophonie minoritaire. Mélanie Joly était alors ministre de Patrimoine canadien et responsable des Langues officielles.

Sophie Montreuil rappelle que la ministre Joly a fourni à l’Acfas le financement qui lui a permis de recruter l’équipe de recherche qui a mené l’étude. «C’est Mélanie Joly qui est à la source des données qu’on a sur le déclin de la recherche en français au Canada.»

La ministre Joly avait même fait des démarches pour que la nouvelle version de la Loi sur les langues officielles contienne une mesure positive spécifique sur la recherche en français et sa diffusion.

À lire : La Loi sur les langues officielles modernisée

Des interprétations différentes et une erreur

L’Acfas est troublé du manque d’action sur la question. Surtout après des années de travaux, dont certains ont été menés au Parlement. Le financement accordé à la recherche en français, comparativement à celui dédié à la recherche en anglais au Canada, reste un enjeu majeur.

La réponse du bureau de la ministre Joly à Francopresse fait valoir que 128 millions de dollars ont été débloqués pour le postsecondaire en français sur cinq ans dans le Plan d’action pour les langues officielles.

Ce montant concerne l’enseignement et non la recherche en français

— Sophie Montreuil

Le bureau de la ministre souligne aussi que cet argent sert «au développement d’une main-d’œuvre bilingue». Une thèse critiquée par Sophie Montreuil.

«C’est une interprétation extrêmement limitée de ce à quoi sert le Plan d’action pour les langues officielles. Parce que l’essentiel de ce plan, c’est le renforcement des communautés linguistiques en situation minoritaire au Canada, ce n’est pas de [rendre] des employés bilingues.»

Le gouvernement se dédouane

La réponse du bureau de Mélanie Joly se concentre ensuite sur les 8,5 millions de dollars débloqués sur cinq ans par le Plan d’action pour soutenir «l’écosystème de la recherche en français au Canada».

Le courriel de l’équipe ministérielle renvoie la balle au Service d’aide à la recherche en français (SARF), qui est administré par l’Acfas elle-même. Une manière de dire que s’il y a un souci, c’est à l’Acfas de s’en occuper.

«C’est un copier-coller à peine retravaillé de ce qu’il y a dans le plan d’action», fustige Sophie Montreuil. 

Cette dernière affirme que le SARF a été créé avant tout pour «répondre à des lacunes du système de soutien» aux chercheurs et chercheuses qui déposent des demandes de financement auprès des organismes subventionnaires.

Deux conseils subventionnaires, le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH) et le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) sont financés par le ministère de l’Industrie.

Les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) reçoivent des fonds du ministère de la Santé, dirigé par Marjorie Michel.

Ces trois instances ont reçu plus de trois-milliards de dollars en 2024.

Pour Sophie Montreuil, il revient «aux deux gros ministères» de financer la recherche en français.

Elle souligne que les 8,5 millions de dollars sur cinq ans, ce qui est équivalent à 1,7 million par an, ne font pas le poids par rapport aux trois milliards de dollars consacrés à la recherche par les deux ministères.

De plus, le SARF ne reçoit qu’une partie de ce montant. En 2023-2024, il a été financé qu’à hauteur de 118 000 $ et de 267 000 $ pour 2024-2025, selon les informations obtenues par Francopresse.

Le reste du 1,7 million de dollars finance d’autres initiatives, dont le Groupe consultatif sur la création et la diffusion d’information scientifique en français. Ce dernier effectue actuellement des consultations qui auront lieu jusqu’au 25 aout pour fournir un rapport visant à pérenniser la recherche en français. 

À lire : Les francophones en milieu minoritaire, orphelins de données

Traduire en anglais ou ne pas être financé

Les obstacles que les personnes désireuses de mener de la recherche en français doivent surmonter pour présenter des demandes de financement nécessaire à leurs travaux constituent aussi un autre point d’accroche. Ces personnes doivent déposer une demande de financement soit au CRSH, au CRSNG ou aux IRSC.

Toutes les demandes de financement doivent d’abord être déposées auprès d’un bureau de la recherche de l’université du chercheur ou de la chercheuse. Ce bureau l’accompagnera pour peaufiner sa demande.

«Dans une université bilingue ou unilingue anglophone, déposer une demande en français est pratiquement impossible», parce qu’elles ont rarement des conseillers à la recherche francophones ou suffisamment bilingues, déplore Sophie Montreuil.

Les deux choix sont donc de traduire la demande de financement en anglais, ce qui ajoute à sa charge de travail, la faire traduire par une personne qui connait moins bien son domaine ou de ne pas déposer de demande. Trop souvent, c’est la deuxième option qui l’emporte, dit-elle.

Le travail d’accompagnement qui ne peut pas être fait par le bureau de la recherche de l’université est fait par l’Acfas depuis 2023.

Dans son dernier rapport publié le 11 aout qui anticipe le budget fédéral de l’automne, l’association demande 600 000 $ par an au gouvernement, un montant destiné uniquement à l’aide au milieu de la recherche francophone dans ses demandes de financement.

Ce même rapport explique que pour la Subvention Savoir de l’automne 2024, le SARF avait permis une hausse de 30 % des demandes soumises en français par les institutions des communautés de langue officielle en situation minoritaire.

Le 11 aout, l’Acfas a publié un mémoire dans le cadre des consultations prébudgétaires du gouvernement fédéral.

Cinq recommandations exhortent de nouveau le gouvernement à prendre en compte la communauté scientifique francophone et à éliminer les défis.

La première est un rappel de la Loi sur les langues officielles (partie VII), qui exige la «représentativité des francophones dans toutes les strates de gouvernance». 

L’organisme Français pour l’avenir a accueilli 35 jeunes leadeurs du 3 au 8 aout sur le campus de l’Université d’Ottawa pour le Forum national des jeunes ambassadeurs et ambassadrices (FNJA) de 2025.

Le moment préféré de Tristan Gagnon a été les discussions sur l’intégration des étudiants en immersion dans la communauté francophone. 

Photo : Courtoisie Français pour l’avenir

Tristan Gagnon, ambassadeur yukonais, explique en entrevue avec Francopresse que le français au Forum est «beaucoup plus naturel, moins formel, et n’est pas académique». Il salue le fait de ne pas être évalué sur la grammaire ou les standards d’écriture, ce qui peut être «un peu drainant» à son avis.

Neve Elrain Ting se sent aussi plus à l’aise de parler en français au FNJA, car l’ambiance passionnée l’inspire, contrairement à son école francophone où parler le français peut sembler «pas cool».

La représentante néobrunswickoise explique qu’on peut être jugé, voire discriminé, lorsqu’on s’exprime dans la langue d’Antonine Maillet au sein de sa communauté. Tristan Gagnon dit avoir vécu la même chose.

Elle poursuit en indiquant que, même dans une province officiellement bilingue comme la sienne, l’anglais est plus populaire que le français.

Melinda Lee, une des participantes de l’Ontario, complète cette idée en racontant son expérience personnelle. Dans son école, elle a observé que les membres d’un club de français parlent souvent en anglais. À son avis, c’est parce qu’ils manquent de confiance pour parler en français, ce qui la décourage également à pratiquer.

Par contre, son propre rapport avec la langue a changé durant le FNJA. «J’ai amélioré mon français ici plus que pendant toutes les années que je l’ai appris», se réjouit Melinda Lee.

À lire aussi : Jeux de la francophonie à Laval : «Ici, tu peux être toi-même»

Le Forum national des jeunes ambassadeurs et ambassadrices

Depuis sa création en 2004, le Forum national des jeunes ambassadeurs et ambassadrices rassemble chaque année des élèves de 10e et 11e année (3e et 4e secondaire au Québec) inscrits à l’école française ou en immersion, provenant des dix provinces et des trois territoires canadiens. Le programme a formé plus de 500 ambassadeurs et ambassadrices depuis sa création.

Le Forum est une «semaine de formation pour devenir un ambassadeur ou une ambassadrice du français, du bilinguisme et de Français pour l’avenir au Canada» selon la directrice générale, Emeline Leurent.

Au menu : des ateliers, des activités et des expériences axées sur l’importance du bilinguisme.

Venus des dix provinces et de deux territoires, plus de sept participants sur dix parlent le français comme langue additionnelle.

Photo : Courtoisie Français pour l’avenir

Une francophonie qui s’apprend et se construit

La directrice générale de Français pour l’avenir, Emeline Leurent, souligne les bénéfices de mélanger des jeunes dont le français est la langue maternelle, seconde, ou même la quatrième langue. Cette diversité, à ses yeux, permet aux jeunes de découvrir «comment la francophonie est vécue à travers le Canada».

À travers cette expérience, Melinda Lee a appris à connaitre le Nouveau-Brunswick, le vocabulaire acadien et que les provinces maritimes ne sont pas toutes anglophones.

Tristan Gagnon a lui aussi approfondi sa compréhension des différences au sein des communautés acadiennes, comme entre celles de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick.

L’ambassadeur yukonais souhaite également que son territoire – la troisième région la plus bilingue du pays – offre plus de services dans les deux langues officielles et mène des actions de sensibilisation contre les préjugés envers les francophones.

Neve Elrain Ting, quant à elle, souhaite que le Nouveau-Brunswick, officiellement bilingue, soit plus ouvert à la communication et au partage d’initiatives francophones pour que les autres provinces puissent développer de meilleurs services.

Melinda Lee aimerait voir sa ville de Toronto utiliser davantage de français dans les services publics et avoir des produits bilingues dans les épiceries. Elle souligne que son expérience au FNJA lui a donné plus de confiance qu’avant pour promouvoir le français.    

À lire : Recul du français hors Québec : un déclin nuancé selon Statistique Canada

Melinda Lee a eu un coup de cœur pour les feux d’artifice, car ce moment lui a permis de parler avec ses amis en français et de se sentir «plus confiante». 

Photo : Courtoisie Français pour l’avenir

De l’idéation à l’action

De retour chez eux, les ambassadeurs et ambassadrices devront promouvoir la langue française et le bilinguisme dans leur école et leur communauté tout au long de l’année scolaire, explique Emeline Leurent en entrevue avec Francopresse.

Lorsqu’il retournera en classe au Yukon, Tristan Gagnon veut «travailler sur la valorisation du français» dans son école, montrer que le français peut être une «langue informelle» et pas seulement d’apprentissage. Il compte utiliser les trousses d’outils pour des séances de Franconnexion.

Étant elle-même immigrante des Philippines, Neve Elrain Ting souhaite continuer son projet qui aide les immigrants à bien communiquer dans les langues officielles.

Sur ce, elle compte collaborer avec sa bibliothèque locale et potentiellement l’application FR+. Celle-ci est un espace virtuel créé par Français pour l’avenir, qui comprend des ressources gratuites, comme des musiques et des jeux vidéos, pour échanger en français avec d’autres apprenants.

Melinda Lee envisage d’encourager son groupe de français à parler davantage en français. Elle souhaite aussi organiser une activité pour tous les élèves de son école afin de promouvoir l’usage du français dans sa communauté.

Les jeunes ne sont pas sans ressource une fois à la maison. L’équipe de Français pour l’avenir les accompagne pendant un an. De plus, organiser des activités avec l’aide des enseignantes et des enseignants leur donne accès à des programmes de microfinancement, précise la directrice générale.

À lire : Des jeunes ancrés dans leur francophonie

Neve Elrain Ting a souligné la visite de la Chambre des communes comme son moment préféré, car elle a aimé en apprendre davantage sur le fonctionnement du Parlement. 

Photo : Courtoisie Français pour l’avenir

«Le FNJA, c’est vraiment juste le début de leur aventure»

Les participants de la cohorte 2025-2026 souhaitent maintenir les liens qu’ils ont créés pendant le Forum via les réseaux sociaux. Ceux-ci servent non seulement à rester en contact, mais aussi à promouvoir le français et à créer des projets communautaires en collaboration les uns avec les autres.

La directrice générale souligne que les anciens ambassadeurs collaborent parfois pour des projets. Elle cite notamment un exemple : «Des ambassadeurs à Regina […] ont fait des ateliers en science pour une école élémentaire».

«C’est quand même des jeunes qui ont déjà la francophonie à cœur. Et donc, ils sont […] des ambassadeurs pour la vie», estime Emeline Leurent.

C’était la mission de la dernière chance pour sauver le Canada. Après la chute de Québec, en septembre 1759, Pierre de Rigaud de Vaudreuil de Cavagnial – qui sera le dernier gouverneur de la Nouvelle-France – est retranché à Montréal. Il lance un appel à l’aide en France pour obtenir des renforts et tenter de reprendre Québec aux Britanniques.

Vaudreuil demande 4000 hommes. Or, la France est aux prises avec les combats en Europe découlant la guerre de Sept Ans, qui en est dans sa quatrième année. Finalement, ce n’est que 400 hommes qui sont envoyés à bord d’une flottille de six navires armés. L’expédition est menée par François Chenard de la Giraudais, alors que les troupes sont commandées par Gabriel-François d’Angeac.

Les trois navires français réfugiés au fond de la baie des Chaleurs : Le Marchault, le Bienfaisant et le Marquis de Malauze. 

Photo : Claude Joseph Vernet, 1773, Domaine public –Wikimedia Commons,

Débâcle puis changement de cap

Les «renforts» quittent Bordeaux le 10 avril 1760. Dès le début, c’est la débâcle : le convoi est attaqué par des navires britanniques. Seules trois unités réussissent à s’échapper : le Machault (navire amiral), le Bienfaisant et le Marquis de Malauze.

À la mi-mai, la flottille atteint les Îles-de-la-Madeleine, où elle capture un navire ennemi en route pour Québec. Les Français apprennent alors de leurs prisonniers qu’une flotte britannique l’a précédé et s’est déjà engagée dans le fleuve Saint-Laurent. La décision est alors prise qu’il serait trop dangereux de gagner Montréal et qu’il serait plus sage de se réfugier dans la baie des Chaleurs.

Vers le 18 mai, les Français sont au fond de la baie. Les troupes débarquent sur la rive nord et construisent rapidement une batterie un peu en amont de l’embouchure de la rivière Ristigouche, dans un secteur qui sera appelé pointe à la Batterie.

L’officier Antoine-Charles Denys de Saint-Simon reçoit alors comme mission de se rendre à Montréal, à pied, pour informer le gouverneur Vaudreuil de la situation. Saint-Simon ne prend que 25 jours pour arriver à destination, vers la mi-juin.

À lire : L’isthme de Chignectou : une frontière menacée de disparition

Cette maquette du navire amiral Le Machault est dans le hall d’entrée du centre d’interprétation de la Bataille de la Ristigouche. 

Photo : ChristianT – Wikimedia commons CCA 3.0

Petite-Rochelle : un retranchement acadien

Les troupes françaises ne sont pas seules, car l’embouchure de la rivière Ristigouche est devenue un lieu de refuge pour des centaines d’Acadiens et Acadiennes fuyant la Déportation.

Les premiers sont arrivés à l’été 1758, en provenance de l’Île-Royale (Cap-Breton), après la chute de Louisbourg et accompagné de quelques soldats français. Près de la rivière Ristigouche, sur la rive nord de la baie des Chaleurs, ces Acadiens ont fondé un petit établissement qu’ils ont nommé Petite-Rochelle.

L’année suivante, un groupe encore plus important d’Acadiens s’y rend. Ils ont réussi à quitter l’ile Saint-Jean (Île-du-Prince-Édouard), alors que les forces britanniques avaient entrepris de vider l’endroit de ses habitants.

D’autres Acadiens, mourant de faim au camp d’Espérance, à la rivière Miramichi au sud de la péninsule acadienne, viennent trouver refuge à la Petite-Rochelle. Enfin, un autre groupe, provenant de la Gaspésie, migre au fond de la baie des Chaleurs après que des troupes britanniques ont détruit leurs villages.

Vers 1760, l’établissement de Petite-Rochelle compte environ 1000 personnes. Mais elles sont dans un état de privation extrême.

À lire : Le Congrès mondial acadien est-il le plus grand évènement de la francophonie?

John Byron a mené les troupes britanniques lors de la bataille de Ristigouche. 

Photo : Wikimedia Commons, domaine public

Les Britanniques attaquent

Les Britanniques sont rapidement mis au courant de la présence des navires et des troupes françaises dans la baie des Chaleurs. Deux expéditions sont montées en quelques jours pour les déloger.

De Québec, un escadron de six navires prend la mer, mais prendra beaucoup de détours et n’arrivera qu’après la fin de la bataille. Au même moment, à Louisbourg, le gouverneur de l’ile Royale et de l’ile Saint-Jean, Edward Whitmore, envoie le capitaine John Byron à la tête d’une flottille de cinq navires.

Byron et ses troupes quittent l’ile Royale le 23 juin. Deux jours plus tard, ils sont dans la baie des Chaleurs, prêts à l’attaque. Il a avec lui 1700 soldats. Pour leur faire face, les Français ne peuvent compter que sur 200 soldats réguliers, environ 300 Acadiens et un nombre indéterminé de guerriers autochtones.

Les navires britanniques tentent de s’approcher, mais, ignorant la position des chenaux navigables, plusieurs bâtiments s’enlisent ou s’engagent dans des culs-de-sac. De son côté, Giraudais a sabordé plusieurs de ses petites embarcations pour leur rendre la tâche encore plus difficile.

Malgré tout, la flottille de Byron continue d’avancer. Le 2 juillet, les soldats britanniques débarquent et incendient l’établissement acadien de Petite-Rochelle. Les habitants et les soldats français s’étaient déjà retranchés plus creux dans la baie, rejoignant le cœur des troupes d’Angeac.

Giraudais fait couler d’autres embarcations et place, en arrière, le Machault, à l’embouchure de la rivière Ristigouche. Les navires britanniques parviennent tant bien que mal à contourner les embarcations françaises échouées. Dans la nuit du 7 juillet, ils sont devant le navire amiral français.

L’affrontement final va commencer. Les Britanniques disposent de 56 canons; les Français, une vingtaine. Peu avant midi, le Machault n’a presque plus de munition ni de poudre et commence à prendre l’eau. Giraudais et ses hommes abandonnent le navire. À midi, on fait sauter le Machault et, 15 minutes plus tard, le Bienfaisant subit le même sort. C’est la fin.

Le début de la fin

Byron reste dans les environs pendant une dizaine de jours et repart à Louisbourg, sans faire de prisonniers, sa mission étant d’anéantir la flottille française. Bilan de la bataille de Ristigouche : une trentaine de morts et de blessés du côté français, contre 24 chez les Britanniques.

Alors que Giraudais retourne en France au mois d’aout avec une partie de ses hommes, d’Angeac reste sur place. Après la capitulation de Montréal, le 8 septembre, un major britannique est envoyé à Ristigouche, porteur d’une lettre du gouverneur Vaudreuil l’enjoignant à se rendre. Le 30 octobre, d’Angeac et le reste des soldats embarquent pour la France.

Quant aux Acadiens et Gaspésiens qui s’étaient réfugiés dans la région, ils tentent de reprendre une vie plus ou moins normale, mais ce sera de courte durée.

À l’automne, les dirigeants de la Nouvelle-Écosse, convaincus que les Acadiens établis sur la côte sud de la baie des Chaleurs représentent toujours une menace, dépêchent le capitaine Roderick Mackenzie pour les capturer. Il ramènera au total plus de 300 Acadiens, qui rejoindront d’autres prisonniers. Tous les détenus acadiens ne seront libérés que trois ans plus tard, à la fin de la guerre de Sept Ans.

La bataille de Ristigouche devient le dernier affrontement lors duquel des Acadiens ont combattu contre les Britanniques.

À lire aussi : Alerte internationale pour sauver l’église Sainte-Marie, joyau du patrimoine acadien

«Pendant la pandémie, le nombre de personnes ayant acheté un bateau a considérablement augmenté, notamment de grosses embarcations de loisirs pour le ski nautique, la bouée tractée ou le wakeboard», amorce Chris Houser, professeur au département des sciences de la terre et de l’environnement de l’Université de Waterloo, en Ontario.

Par temps de guerre commerciale avec les États-Unis, l’heure est de nouveau au repli : «Beaucoup de gens restent dans leur région et, s’ils ont une motomarine, un bateau, ou la possibilité d’en louer un, ils vont en profiter», poursuit-il. Avec, au bout de l’hélice, des effets néfastes sur l’environnement.

Une activité qui a le vent en poupe

Le Conseil canadien de la sécurité nautique estime que plus de 16 millions de personnes pratiquent la navigation de plaisance au pays en 2025.

Un engouement qui s’est amplifié lors de la pandémie, alors que les ventes de bateaux au Canada ont bondi d’environ 40 %.

Qualité de l’eau et espèces envahissantes

Chris Houser évoque notamment les fuites accidentelles de lubrifiant gazeux – au moment de remplir le réservoir à quai ou au démarrage – qui peuvent nuire à la qualité de l’eau. «De nombreux bateaux ne sont pas économes en carburant et rejettent beaucoup de gaz d’échappement, ce qui entraine aussi une pollution de l’air», ajoute-t-il.

Chris Houser croit que la situation actuelle avec les États-Unis pousse beaucoup de Canadiens et de Canadiennes à rester au pays et à profiter des activités nautiques locales. 

Photo : Courtoisie

«Par conséquent, si l’on considère la production de dioxyde de carbone (CO2) à long terme, ce n’est pas un sport respectueux de l’environnement. En plus de cela, il y a les bateaux qui créent des remous à l’arrière de leur hélice, ainsi que des sillages.»

En brassant le fond des lacs, les remous peuvent remettre en suspension dans l’eau des matières qui y reposaient depuis longtemps. Or, ces sédiments peuvent contenir des polluants issus d’anciennes activités nautiques ou industrielles. Résultat : dans les lacs peu profonds et boueux, la qualité de l’eau peut se détériorer et nuire à la faune.

Le transport d’un plan d’eau à un autre d’espèces exotiques envahissantes – comme la moule zébrée, le myriophylle en épi (une herbe d’eau douce), la châtaigne d’eau ou le cladocère épineux (un petit crustacé) – fragilise également les habitats aquatiques, explique Olivier Morissette, professeur en biologie à l’Université du Québec à Chicoutimi.

D’où l’importance de bien vider, nettoyer et sécher son embarcation entre chaque destination. «Il y a de plus en plus d’aides aux citoyens pour diminuer les risques. Il y a notamment des stations de lavage ou de nettoyage qui sont installées en bordure des lacs.»

À lire aussi : L’eau au Canada : une ressource abondante, mais sous pression

Une industrie engagée?

«Les bateaux de plaisance représentent moins de 0,01 % des émissions mondiales de GES», affirme la directrice générale de la National Marine Manufacturers Association (NMMA) Canada, Marie-France MacKinnon.

«La navigation de plaisance fait partie intégrante de la vie canadienne et joue un rôle essentiel dans notre économie», soutient Marie-France MacKinnon. 

Photo : Courtoisie

Elle assure que depuis 20 ans, «les fabricants ont réduit les émissions d’échappement de plus de 90 % et amélioré l’efficacité énergétique de plus de 40 %».

L’industrie soutient des campagnes d’éducation pour prévenir la propagation des espèces aquatiques envahissantes et investit dans l’innovation pour réduire son impact environnemental, garantit la porte-parole.

La NMMA collabore en outre avec Environnement Canada, l’Agence de protection de l’environnement des États-Unis et la Commission européenne pour développer des carburants à faible teneur en carbone, évaluer le cycle de vie des bateaux et intégrer des matériaux recyclés dans la conception des embarcations.

Des embarcations électriques moins polluantes?

L’électrification est l’une des solutions explorées pour réduire les émissions des embarcations nautiques dans une étude commandée par l’International Council of Marine Industry Associations (ICOMIA).

Néanmoins, celle-ci n’est pas tout le temps viable, nuance Marie-France MacKinnon. «Les bateaux de plaisance sont utilisés en moyenne entre 35 et 48 heures par an. Cette faible utilisation signifie que les systèmes à batterie n’offrent pas nécessairement une réduction significative des émissions comparées aux moteurs thermiques, surtout si l’on tient compte de la durée de vie et des cycles de recharge des batteries.»

Les carburants durables, comme le diésel renouvelable, le biogaz, l’hydrogène, sont particulièrement prometteurs, estime-t-elle.

Sensibilisation et responsabilité individuelle

«L’industrie nautique cherche à trouver des moyens plus efficaces et efficients pour ses moteurs et à réduire leur impact. Elle est donc consciente du problème. La plupart du temps, le problème ne vient pas nécessairement du bateau, mais plutôt de l’utilisateur», constate Chris Houser.

Olivier Morisette rappelle que la mise en œuvre de solutions dépend de la bonne volonté des utilisateurs. 

Photo : Courtoisie

«Il y a beaucoup de lacs où des associations de riverains ou des organismes viennent gérer les activités», observe Olivier Morissette.

Ils mettent en place, par exemple, des limites de vitesse ou interdisent l’accès à certaines zones, notamment celles pour la baignade. Certains n’hésitent pas à rendre payant l’accès aux rampes de mise à l’eau, notamment pour les utilisateurs externes.

Il est aussi recommandé de ne pas naviguer à moins de 300 mètres de la rive et dans une zone d’au moins 7 mètres de profondeur, détaille le professeur.

Mais, comme le souligne Chris Houser, cela dépend aussi du type et de la forme des cours d’eau : «Si vous avez un grand lac ouvert, il y a beaucoup de possibilités pour changer les comportements. Mais si le lac est long et étroit, il n’y a peu d’espace pour les modifier.»

À lire aussi : Série Grands Lacs : Le lac Supérieur, joyau en surchauffe

Pollution sonore et cohabitation

La pollution sonore reste aussi un problème majeur, surtout quand le bruit des moteurs s’accompagne de musique crachée par des hautparleurs, remarque Chris Houser. Sans oublier la pollution visuelle.

Certaines de nos recherches ont montré qu’il existe deux types de personnes qui se rendent au chalet : celles qui y vont pour les loisirs, profiter de l’eau, et celles qui y vont pour admirer le lever et le coucher du soleil.

— Chris Houser

La cohabitation entre les deux peut parfois s’avérer compliquée. «Il y a ceux qui considèrent la navigation de plaisance comme un droit […] et ceux qui disent : “Pas dans mon jardin, pas à mon quai”.»

Pour régler les conflits, certaines associations lacustres essaient de revoir les règlements et faire de la prévention, dit-il.

À lire aussi : L’eau au Canada est-elle bien gérée?

ÉCONOMIE

De passage à Kelowna, en Colombie-Britannique, lundi, le premier ministre Mark Carney a annoncé plus de 1,2 milliard de dollars en aide pour le secteur du bois d’œuvre canadien.

Cette annonce intervient après une hausse des tarifs douaniers de base de 25 % à 35 % pour les produits non conformes à l’Accord de libre-échange Canada-États-Unis-Mexique. Le bois ne fait pas partie de cet accord et était déjà soumis à des droits antidumping de 20,56 % depuis juin.

Le ministre des Finances, François-Philippe Champagne, et la ministre des Affaires étrangères, Anita Anand, étaient au Mexique cette semaine, dans l’espoir d’un rapprochement avec la présidente mexicaine, Claudia Sheinbaum, comme partenaire commercial, dans le contexte des tarifs appliqués par l’administration de Donald Trump.

Un secteur-clé : Les États-Unis accusent depuis longtemps le Canada de trop subventionner ses producteurs de bois. Depuis la fin de leur dernier accord commercial sur le bois en 2015, des droits de douane américains pèsent sur le secteur canadien. Le Canada a régulièrement contesté ces surtaxes avec succès devant les cours commerciales.

«Le Canada ne vend pas de bois au rabais aux États-Unis. […] Le Canada est un fournisseur vital pour notre voisin du Sud. Nous représentons un quart de leur marché et nous aidons à garder le prix de la construction de maison bas tout en améliorant leur qualité», a défendu le premier ministre en conférence de presse.

Trois tranches : Sept-cents-millions de dollars serviront à fournir des garanties de prêts pour soutenir des projets de restructuration des activités. Un autre 500 millions servira à financer la diversification et la transformation à valeur ajoutée, incluant pour les entreprises autochtones. Finalement, 50 millions est réservé au perfectionnement et au recyclage des compétences des travailleurs de l’industrie.

Privilégier le Canada : Les entreprises qui signeront des contrats avec le gouvernement fédéral devront s’approvisionner en bois canadien pour les projets de construction.

Une nouvelle campagne de promotion pour accroitre la place du bois canadien dans les régions où la demande est grande pour la construction de logement sera également lancée.

À lire : L’industrie forestière du Nord de l’Ontario suit de près l’évolution des tarifs américains (Le Nord)

Près de 10 000 agents de bord d’Air Canada pourraient être en grève dès le 16 aout prochain. 

Photo : John McArthur – Unsplash

Les 10 000 agents de bord d’Air Canada et de Rouge ont voté à 99,7 % en faveur d’un mandat de grève, a annoncé mardi le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP).

Pourquoi? : La principale raison évoquée est l’échec des négociations salariales entre Air Canada et le syndicat. Les agents de bord à temps plein gagnent 1951,30 $ par mois, une somme jugée «insuffisante» par le syndicat.

Le travail non rémunéré, les avantages sociaux comme le temps de repos en escale ou les conditions du régime de retraite font également partie des discussions.

Selon le syndicat, certains agents de bord seraient sous-payés, voire pas du tout, pour effectuer certaines tâches.

Le vote avait commencé le 28 juillet pour se terminer mardi. Les agents peuvent déposer un préavis de grève 72 heures au plus tôt le 16 aout à 0 h 1.

Le chef conservateur Pierre Poilievre a annoncé jeudi en conférence de presse le dépôt d’un nouveau projet de loi à la rentrée parlementaire, notamment pour «débloquer» de grands projets énergétiques, mettant Mark Carney face à des promesses qu’il estime «brisées». 

Photo : Julien Cayouette – Francopresse

POLITIQUE FÉDÉRALE

En pleine campagne en Alberta pour récupérer un siège au Parlement, Pierre Poilievre a annoncé jeudi, en conférence de presse, que les conservateurs déposeront un projet de loi à l’automne pour faire adopter la «Loi sur la souveraineté du Canada». Cette dernière a pour but principal de faciliter l’autorisation de plusieurs projets de productions énergétiques.

«Nous accueillons des amendements», a-t-il offert aux autres partis fédéraux.

Son plan : Le chef conservateur a répété qu’il voulait abroger certaines lois libérales, comme le projet de loi C-69 (relatif aux normes environnementales), la taxe carbone industrielle, les quotas sur le pétrole et le gaz ou encore l’interdiction des plastiques.

Appel à l’action : Poilievre a mis le gouvernement fédéral au défi de permettre la construction de deux oléoducs, d’une autoroute vers le Cercle de feu dans le Nord de l’Ontario, et un projet de gaz naturel liquéfié, le tout avant d’ici le 14 mars, date «d’anniversaire» de l’accession de Mark Carney au poste de premier ministre.

«Notre économie est faible et trop dépendante des Américains. […] Le Canada n’a ni entente ni échéancier pour conclure une [entente]», a fustigé Pierre Poilievre.

Le vote par anticipation commence dès aujourd’hui et se termine lundi pour l’élection partielle de Battle River–Crowfoot, en Alberta, où se présentent Pierre Poilievre et plus de 200 autres candidats.

Le chef conservateur a perdu son siège dans la circonscription de Nepean, en banlieue d’Ottawa le 28 avril lors de l’élection fédérale. Il représentait cette circonscription depuis 20 ans.

Le comité du bulletin de vote le plus long est à l’origine de ces candidatures nombreuses, dans le but d’attirer l’intention sur une réforme du système électoral.

Mark Carney a affirmé que la rencontre de jeudi avec les chefs métis n’était «pas le début de la consultation». Celle-ci portera «sur des projets spécifiques, puis sur la manière dont nous allons mener à bien ces projets. Cela reste donc à venir», a-t-il fait valoir. 

Photo : Inès Lombardo – Francopresse

La Loi sur les grands projets d’infrastructure (anciennement projet de loi C-5) créera des centaines de milliers d’emploi pour les travailleurs qualifiés et les Autochtones seront consultés, a affirmé le premier ministre en conférence de presse jeudi, lors du Sommet des Métis sur les grands projets à la Société géographique royale du Canada, à Ottawa.

Mark Carney avait, pour l’occasion, invité plusieurs chefs métis. David Chartrand, président de la Fédération métisse du Manitoba, a toutefois refusé de se présenter, en raison de tensions avec la Nation métisse de l’Ontario.

Selon un rapport publié mercredi par le Centre de recherche sur l’islamophobie de l’Université York, des institutions publiques et privées canadiennes violent le droit à la parole des personnes qui dénoncent la guerre menée par Israël à Gaza.

En conférence de presse mercredi, les auteurs et représentants de différents mouvements sont venus défendre le droit des Palestiniens et des musulmans à honorer leur culture et leurs points de vue.

«Exception palestinienne» : Selon Nihad Jasser, de l’Association des Canadiens d’origine arabe palestinienne, il y aurait une «exception palestinienne» au sein des politiques de diversité et d’inclusion canadiennes.

Le rapport demande que les différents paliers de gouvernement au Canada reconnaissent la présence de racisme antipalestinien dans leurs rangs et forment leurs personnels pour détecter et éviter cette discrimination.

Le document cite le cas d’étudiants, d’enseignants et de professionnels de la santé qui ont été réprimandés – voire suspendus – en raison de leur origine palestinienne ou de leur soutien à la Palestine.

À lire : Du Canada à Gaza : des médecins dénoncent la violence coloniale

Nathan Rabalais effectue des projets sur la culture des mèmes ainsi que l’identité acadienne et cajun dans l’ouvrage collectif Repenser l’Acadie dans le monde

Photo : Courtoisie

Les mèmes – ces images, vidéos ou textes largement remixés sur Internet – constituent un espace unique où l’humour nourrit la vitalité linguistique et culturelle, comme le montrent des recherches menées par des experts francophones sur ce sujet.

«Le jeu des mèmes est de prendre quelque chose d’universel et de le rendre “très spécifique” à une certaine communauté ou un individu, en l’appropriant», explique Nathan Rabalais, professeur agrégé en études francophones à l’Université de Louisiane, à Lafayette. Il précise que la modification du contexte se fait plus au niveau du texte, alors que l’image reste la même.

Les mèmes, c’est quoi?

Les mèmes correspondent à des «iconotextes», c’est-à-dire des «amalgames de textes et d’images, qu’on peut modifier, partager et commenter», décrit le professeur Stéphane Girard de l’Université de Hearst.

Nés durant la deuxième moitié du 20e siècle, l’idée du mème précède Internet. Elle a été conçue par Richard Dawkins dans son œuvre Le Gène égoïste, pour désigner des éléments culturels qui circulent par imitation, qui évoluent comme des gènes. Or aujourd’hui, d’après Nathan Rabalais, ces productions se trouvent sur Internet où elles peuvent se répand re plus rapidement.

Ils sont souvent issus de la culture populaire, comme des films ou des contenus TikTok, remarque Nathan Rabalais. «J’aime beaucoup les mèmes parce que ça nous permet de rire.»

Stéphane Girard a codirigé le collectif Pour que tu mèmes encore. Penser nos identités au prisme des mèmes numériques (2021) avec Megan Bédard. 

Photo : Université de Hearst

Ces adaptations peuvent refléter des réalités d’actualité, quotidiennes, historiques, sociales, culturelles ou linguistiques locales, comme la déportation des Acadiens, les spécificités du chiac ou la poutine râpée, explique Stéphane Girard, professeur en sciences humaines et sociales interdisciplinaires à l’Université de Hearst, en Ontario.

«Les mèmes permettent de codifier des expériences communes, qu’elles soient plus générales (l’histoire de la francophonie canadienne du 16e siècle à aujourd’hui) ou spécifiques (accent, expressions locales, stéréotypes, etc.) et de les proposer via la parodie ou l’ironie, entre autres.»

À lire aussi : Les Newbies et Improtéine revisitent 2024, pour le meilleur et pour le rire

Vecteur de diversité linguistique

Pour Laurence Arrighi, professeure de linguistique à l’Université de Moncton, au Nouveau-Brunswick, l’utilisation de mots ou d’expressions qui reflètent la prononciation ou la réalité orale dans les mèmes ne constitue pas seulement une simple retranscription orale ; elle témoigne aussi de la créativité, du fonctionnement et des spécificités propres à la langue.

Les mèmes mettent en lumière les vécus des francophones à l’ouest du Canada. 

Photo : WebOuest

Elle les considère comme une contribution à la diversité linguistique : « Utiliser une langue [peu importe son écriture], c’est cela qui la préserve». Ces usages se retrouvent aussi dans la bande dessinée, le théâtre ou la littérature, observe-t-elle.

À ses yeux, l’exposition publique de formes linguistiques variées contribue à diminuer l’insécurité linguistique chez les francophones minoritaires, quel que soit leur âge. Elle se réjouit ainsi que les mèmes encouragent l’utilisation du français chez les jeunes, dans un monde numérique «anglodominant».

Stéphane Girard évoque aussi le rôle que jouent les mèmes dans la francophonie canadienne : «exprimer, partager et réaffirmer des référents culturels spécifiques» aux communautés distinctes. Ils permettent aussi de marquer son appartenance à une culture qui se construit en marge de celles des Québécois et des anglophones du Canada.

Le groupe Improtéine remet en question la standardisation de l’accent franco-ontarien tout en créant du contenu humoristique. 

Photo : Facebook Improtéine – Archives

«En somme, de telles productions mémétiques rendent visibles, dans le contexte des communications en ligne, la complexité et la richesse des francophonies canadiennes», explique Stéphane Girard.

Les mèmes, en général, permettent de développer des liens de solidarité intracommunautaires, estime le professeur.

À lire aussi : Le discours sur le déclin du français nourrit l’insécurité linguistique

Laurence Arrighi suggère que les mèmes pourraient être intégrés en pédagogie pour rendre l’apprentissage de la culture francophone plus vivant. 

Photo : Courtoisie

L’humour comme «prestige couvert»

Un aspect de l’humour francophone que Nathan Rabalais relève dans ces productions est le concept de «prestige couvert». Selon lui, il s’agit d’une forme de valorisation où les créateurs se moquent de leur propre culture, y compris de ses spécificités linguistiques.

D’après le spécialiste, cela crée un sentiment de reconnaissance au sein du groupe, affirmant une identité unique. Il prend l’exemple d’un mème acadien ciblant des personnes de l’Acadie : «Même si vous essayez d’être comme moi, vous ne le serez jamais, il faut être Acadien ou Cajuns pour vraiment comprendre.»

Stéphane Girard constate cependant une limite à cette spécificité : «Les pages de mèmes publiant sur la francophonie minoritaire restent souvent très discrètes et réservées à un petit groupe, car seule une minorité des internautes s’identifient à ce contenu.»

À lire : L’humour francophone comme identifiant culturel : Qu’ossa ça donne… pour le français ?

Les mèmes permettent de traiter avec humour une expérience propre à une communauté minoritaire. 

Photo : Make a meme

Kukum, de Michel Jean, Éditions Libre Expression, 2019.

Almanda ne se doutait pas que son existence basculerait le jour où son regard croiserait celui de Thomas, un jeune Innu. L’orpheline blanche quittera la ferme de son oncle et sa tante pour embrasser une vie nomade, sur les rives de la Péribonka et du lac Pekuami. Elle gagnera peu à peu sa place au sein de la communauté, jusqu’à en devenir sa base : libre, forte, et résiliente.

Expropriation, réserves, pensionnats, nature ravagée : avec Kukum, Michel Jean livre le récit de son arrière-grand-mère, mais aussi celui d’un peuple. Dans une langue à la fois dépouillée et d’une puissance inouïe, il dépeint les blessures du passé, la violence du déracinement et le pouvoir de l’amour. Un voyage à travers le temps et la terre.

– Camille Langlade

À lire aussi : L’essor de la littérature autochtone en francophonie minoritaire

Les aventures d’Alphonse Lapin, de Jean-Claude Alphen, D’eux, 2023. 

Photo : Marine Ernoult – Francopresse

Alphonse Lapin part pour un grand voyage autour du monde. Tantôt en avion, en bateau ou même en montgolfière, il visite Paris, Londres, Tokyo, Amsterdam et de nombreuses autres villes. En gondole à Venise ou devant l’opéra de Sydney, Alphonse s’émerveille. À Moscou, il assiste au ballet Le Lac des cygnes. New York, en plus de sa célèbre statue, lui réserve une belle exposition ainsi qu’une délicieuse gourmandise. De retour à Québec et malgré de nombreuses aventures, notre ami voyageur n’aura qu’une envie : repartir!

Cet album sans texte est une invitation aux voyages, aux découvertes et aux discussions. Idéal pendant les vacances d’été!

– Marine Ernoult

Le prince africain, le traducteur et le nazi, de Didier Leclair, Éditions David, 2024.

En plein cœur de la Seconde Guerre mondiale, Jean de Dieu, traducteur pour un prince africain à Paris, doit déjouer les machinations du major Baumeister de la Gestapo. Il protège les richesses de son employeur, le prince Antonio, déjà au Portugal. Mais ce dernier a une autre demande pour Jean : aider Sarah, une Polonaise d’origine juive, et leur enfant à s’échapper.

Le prince africain, le traducteur et le nazi oscille entre le roman d’espionnage et historique. Didier Leclair ne passe pas beaucoup de temps à nous faire rêver à la Ville lumière, mais les descriptions des personnages, des petits appartements et de l’action nous plongent dans une série de péripéties bien ficelées qui donnent envie de connaitre la suite. Si on ne connait pas mieux Paris après la lecture, il nous laisse avec une meilleure compréhension de la vie angoissante dans la ville occupée.

– Julien Cayouette

À lire aussi : Lectures d’été : les coups de cœur de l’équipe de Francopresse

La très catastrophique visite du zoo, de Joël Dicker, Rosie&Wolfe, 2025. 

Photo : Alexandrine Khalid-Leroux

La narratrice, Joséphine – qui aspire le plus sérieusement du monde à devenir inventeuse de gros mots quand elle sera grande –, tente d’expliquer à ses parents, avec sa logique implacable d’enfant, l’enchainement de péripéties loufoques qui ont fait que la sortie au zoo de sa classe «spéciale» a tourné à la catastrophe.

Rempli d’humour, de bonnes intentions et de grande sensibilité, ce roman arrive, comme trop peu d’ouvrages savent le faire, à tenir les petits en haleine, mais aussi à combler les grands. Chacun peut y trouver son bonheur.

Avec ce récit, les grands-parents qui attendent la visite de leurs petits-enfants pendant les vacances d’été ou les parents qui sont en quête de moments de qualité avec leurs enfants réussiront à faire oublier les écrans et à resserrer les liens intergénérationnels. À lire à voix haute en famille!

– Martine Leroux

Deux heures avant la fin de l’été, de Sébastien Pierroz, Éditions David, 2023. 

Photo : Marianne Dépelteau – Francopresse

Deux heures avant la fin de l’été nous plonge dans l’histoire de Damien, un expatrié français qui rend visite à son village natal. Cet endroit – marqué à jamais par le meurtre d’une jeune fille survenu des années plus tôt et commis par un immigrant algérien – regorge de mystères qui attirent notamment une jeune journaliste franco-ontarienne. Elle fera la rencontre de Damien et de son frère, et l’équipe partira à la recherche de réponses.

Des allers-retours entre 1976, 2002 et le présent font découvrir au lecteur une foule de personnages brillamment écrits et, bien sûr, leurs secrets. En trame de fond se trouve une analyse subtile, mais pertinente, des effets de la mondialisation sur la France rurale. En première ligne, un hommage magnifique à l’amour, au deuil et au courage. Rythmé et intrigant, c’est le genre de roman que l’on pose difficilement sur notre table de chevet.

– Marianne Dépelteau

Ru, de Kim Thúy, Éditions Libre Expression, 2009.

Ce roman semi-autobiographique raconte le parcours d’une personne qui fuit le Vietnam en tant que boat people pour s’installer au Québec. Elle écrit sur divers sujets, dont l’exil, l’adaptation, les souvenirs d’enfance et la reconstruction de soi dans un nouveau pays, grâce à des passages poétiques.

Kim Thúy mêle les petites anecdotes du quotidien à des réflexions sur la mémoire, l’identité et la résilience du côté de l’histoire vietnamienne que l’on entend peu souvent. Ses histoires sont authentiques, touchantes, voire bouleversantes. Ce qui marque le plus est sa vie en tant que réfugiée, de son départ du Vietnam à son arrivée au Canada, et ce qu’elle a dû vivre tout au long du trajet. C’est un livre qui se lit vite, mais qui reste longtemps en tête.

– Lê Vu Hai Huong

«Je suis désappointé de la décision, il y a un manque de reconnaissance de l’urgence de construire des écoles francophones en Colombie-Britannique», regrette Roger Lepage, avocat au cabinet Miller Thomson à Regina, en Saskatchewan, en réaction au jugement rendu le 27 mai par la Cour suprême de la Colombie-Britannique.

Dans cette décision, le juge Geoffrey B. Gomery demande au gouvernement provincial d’accorder au Conseil scolaire francophone (CSF) un pouvoir d’expropriation pour bâtir des écoles. Il critique toutefois, dans le même souffle, la gestion du CSF dans sa recherche de terrains, et ne contraint pas la province à financer la construction d’écoles francophones.

Une source proche du dossier interrogée par Francopresse – mais qui ne peut pas s’exprimer publiquement – évoque «une décision arc-en-ciel, avec du très bon et du très mauvais».

Le retour devant les tribunaux du CSF

Malgré l’arrêt de la Cour suprême du Canada de juin 2020 – qui ordonnait à la Colombie-Britannique de financer au moins une dizaine d’écoles entièrement francophones dans un «délai utile» –, le Conseil scolaire francophone (CSF) de Colombie-Britannique n’a pas pu acquérir de terrains permanents pour les construire.

Dans un communiqué publié en septembre 2024, le CSF dénonçait un manque d’action de la part de la province pour l’aider à acquérir des terrains, ainsi que les «obstacles érigés» par les conseils scolaires anglophones.

En aout 2024, le CSF a donc demandé à la Cour suprême de la Colombie-Britannique d’ordonner la mise en œuvre de l’arrêt de la Cour suprême du Canada et le respect de l’article 23 de la Charte canadienne des droits et des libertés.

Cet article garantit notamment le droit des parents francophones en milieu minoritaire à une éducation dans leur langue pour leurs enfants, partout où un nombre suffisant d’élèves le justifie.

Une décision qui pourrait faire école

Parmi les points positifs, le jugement reconnait l’obligation, pour les conseils scolaires anglophones, de tenir compte des valeurs de l’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés – le droit à l’instruction dans la langue de la minorité linguistique – quand ils prennent des décisions touchant les écoles francophones.

Simon Cloutier de la FNCSF parle d’une «première» à propos de la reconnaissance par le juge de l’obligation des conseils scolaires anglophones de prendre en compte les valeurs sous-jacentes à l’article 23 de la Charte. 

Photo : Courtoisie

«C’est une première, ça pourrait avoir des impacts dans d’autres provinces et territoires», souligne le président de la Fédération nationale des conseils scolaires francophones (FNCSF), Simon Cloutier.

«Ça va devenir plus difficile pour les conseils scolaires anglophones de refuser de transférer à leurs homologues francophones, en manque d’espaces et d’infrastructures, certaines de leurs écoles vides.»

Le CSF a également remporté le droit de se faire transférer la pleine propriété ou un bail prépayé à long terme sur les sites de l’Annexe Queen Elizabeth et l’Annexe Laurier (École des Colibris), à Vancouver.

«C’est la première fois qu’un conseil scolaire met la main sur un site qui appartient à la majorité, alors que la [Commission scolaire de Vancouver (VBE), NDRL] ne voulait rien céder», indique la source proche du dossier.

Plus globalement, le tribunal exige l’adoption par la province, dans un délai de six mois, d’une loi donnant le droit au CSF d’exproprier des terrains privés pour y offrir des services scolaires francophones, comme l’exige l’article 23 de la Charte.

«Depuis sa création en 1997, le CSF est le seul conseil scolaire de la province n’étant pas doté d’un tel pouvoir, ce qui a posé un défi important dans sa recherche de sites pour construire des écoles de langue française à travers la province», a commenté le CSF dans un communiqué.

Une victoire qui a ses limites

Cependant, le jugement ne garantit pas au CSF la pleine propriété des terrains et des édifices scolaires qui lui seraient transférés. Aujourd’hui, la vaste majorité des sites sur lesquels sont situées ses écoles appartiennent aux conseils scolaires anglophones.

Le magistrat estime que des baux de 99 ans, sans garantie de renouvèlement, contractés à la juste valeur marchande du secteur privé, sont conformes à l’article 23 de la Charte.

Pour Roger Lepage, c’est un «non-sens» de dire que les francophones peuvent rester simples locataires, parce qu’«on n’est jamais certain qu’il y ait un nombre suffisant d’enfants dans 99 ans».

«Les conseils scolaires anglophones gardent des terrains à perpétuité qu’ils n’utilisent même pas et louent à des fins commerciales. L’égalité réelle de l’article 23 exige que le CSF contrôle aussi ses espaces, qu’il n’ait pas à craindre de voir le bail résilié à la dernière minute ou pas renouvelé», ajoute l’avocat.

Simon Cloutier se dit également «très déçu» : «Si on n’a pas la propriété, c’est très difficile de planifier, de rénover, de faire des agrandissements.»

Le professeur à la Faculté de droit de l’Université de Moncton, Michel Doucet, nuance l’effet que pourrait avoir ce jugement. Il croit que cette décision de première instance, «qui n’établit pas de principes fondateurs n’aura pas un impact jurisprudentiel important dans les autres communautés francophones en situation minoritaire».

À lire aussi : L’arrêt de la Cour suprême en faveur des francophones de Colombie-Britannique, un an plus tard

Le CSF blâmé

Dans la partie 5 du jugement, la Cour donne partiellement raison au gouvernement de la Colombie-Britannique et reconnait des manquements de la part du CSF dans la recherche de nouvelles propriétés.

«Je comprends les critiques que peut soulever cet appel, mais ce n’est pas la faute du CSF, c’est la faute du gouvernement provincial qui ne respecte pas la décision de la Cour suprême du Canada», dit l’avocat Roger Lepage. 

Photo : Courtoisie

«La province n’a pas manqué à son obligation constitutionnelle en s’attaquant aux obstacles systémiques qui ont entravé et retardé la création de nouvelles écoles», peut-on lire dans la décision.

«L’incapacité du CSF à embaucher et à retenir du personnel qualifié pour la planification immobilière a entravé et retardé ses efforts pour acquérir des sites et construire des écoles, et la province n’est pas responsable de cette incapacité.»

Roger Lepage n’hésite pas à parler d’«erreurs monumentales» du magistrat, qui se focalise sur «les lacunes» et le soi-disant manque de coopération du CSF.

«Il oublie que le CSF est financé à 100 % par la province, donc s’il n’a pas les ressources humaines nécessaires pour identifier les terrains et suivre le dossier de la construction, c’est parce qu’il est sous-financé», estime-t-il.

À lire aussi : Étudier en français en Colombie-Britannique reste un défi pour les élèves au postsecondaire (La Source)

Refus de rester saisi du dossier

Le juge a par ailleurs refusé de rester saisi du dossier, comme le demandait le CSF, afin de s’assurer que la province et les conseils scolaires anglophones respectent les ordonnances des tribunaux.

«Si le CSF est mécontent d’une décision de la province ou d’une ville, le juge nous dit [que le Conseil] peut l’attaquer en justice pour régler le problème», souligne la source proche du dossier.

«Au lieu de reconnaitre un manquement aux droits constitutionnels, le juge semble mettre le blâme sur le CSF pour faire valoir régulièrement ses droits en cour et donner, au contraire, beaucoup de latitude au gouvernement provincial et au VBE», dénonce de son côté l’avocat Roger Lepage.

À lire aussi : Difficile pour les conseils scolaires francophones d’exercer leurs pleins pouvoirs

«Persévérance» du CSF saluée

Le CSF a décidé de faire appel. La source proche du dossier rapporte que la conclusion du magistrat selon laquelle «la province et le CSF ne sont pas des partenaires égaux en matière d’éducation» constitue l’une des raisons principales de cet appel.

«Il y a toujours des choses positives quand une communauté francophone en situation minoritaire obtient certains gains, surtout qu’il s’agit d’une bataille judiciaire très longue pour le CSF», estime le professeur Michel Doucet 

Photo : Courtoisie

Roger Lepage salue la «persévérance» du CSF : «Si tu laisses cette décision, ça devient un précédent qui peut nuire à tous les conseils scolaires francophones.»

«Le CSF a tellement d’embuches pour construire des écoles, en particulier à Vancouver, le juge aurait dû voir que l’article 23 exigeait un changement profond de la loi scolaire provinciale», avance-t-il.

Quelle que soit la portée du jugement, Simon Cloutier reconnait l’existence de débats entourant ces longues batailles judiciaires, «car elles coutent cher et demandent beaucoup de temps.»

«Mais ce n’est pas la faute des conseils scolaires, c’est la faute des gouvernements qui nous forcent à recourir aux tribunaux pour faire respecter nos droits, souligne-t-il. On n’a pas le choix, sinon les gouvernements vont essayer de limiter les droits des francophones.»

Michel Doucet présume que l’objectif final du CSF est probablement d’aller à nouveau jusque devant la Cour suprême du Canada afin d’«éclairer certains points nébuleux.»

De son côté, la province conteste en appel le pouvoir d’expropriation accordé au CSF.

À lire aussi : «Décoloniser» le système scolaire francophone : un travail de longue haleine