Mais avant de nous plonger dans Le vol de l’ange, Cherche rouquine, coupe garçonne et L’Obomsawin, parlons un peu de l’auteur.
Daniel Poliquin est originaire d’Ottawa, où il a fait carrière en tant que traducteur et interprète au Parlement canadien. Même avec cet emploi, il a eu le temps de se consacrer à l’écriture. Il a écrit 10 romans et a signé la traduction de nombreuses œuvres d’essayistes et romanciers canadiens-anglais connus.
Il a reçu de nombreux prix ainsi qu’un doctorat honorifique de l’Université Carleton et un autre de l’Université d’Ottawa. Il est chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres de la République française, chevalier de l’Ordre de la Pléiade et officier de l’Ordre du Canada.
Son œuvre a fait l’objet de plusieurs dizaines d’études, de commentaires d’universitaires et de chroniques.
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Le vol de l’ange, paru aux Éditions Boréal en 2014, a mérité le prix France-Acadie en 2017 et a été défendu par l’écrivain et juriste Blaise Ndala lors du Combat national des livres 2022 de Radio-Canada.
Ce roman se déroule en Acadie, où l’auteur s’est installé en 2009. Il raconte l’histoire d’un enfant qui, à la suite d’un encan paroissial, se retrouve engagé dans une famille. La paroisse paye cette famille pour accueillir l’enfant.
On dit «encan» parce que c’est la famille qui mise le montant le plus bas qui accueille l’enfant. Cette pratique était aussi utilisée pour placer des ainés sans moyens de subsistance dans des familles de la paroisse.
Nous rencontrons le personnage-narrateur alors qu’il est âgé et qu’il doit faire l’objet de son troisième encan. Il raconte sa vie, une vie dorée selon lui, durant laquelle il n’a subi aucuns sévices dans sa jeunesse et qui lui a permis de jouir d’une grande liberté à l’âge adulte.
Daniel Poliquin est un merveilleux conteur. Par la bouche de son narrateur, il raconte la vie des villages, des familles, des personnages qu’il a croisés. En parlant d’une histoire d’amour entre deux de ses personnages, Poliquin note : «On aurait dit que leur histoire avait été écrite par un romancier bienveillant.»
C’est exactement ce que l’on ressent en lisant Le vol de l’ange.
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Ce romancier bienveillant est d’ailleurs de retour dans Cherche rouquine, coupe garçonne, paru chez Boréal en 2017.
Dès le premier chapitre, nous assistons à la pendaison de William Blewett pour le meurtre de deux Américains en Gaspésie. Or, la plupart des témoins de cette pendaison sont convaincus de l’innocence de Blewett.
Surtout le jeune prêtre, Jean-Jacques Bouffard, chargé d’assister le condamné. Il sera tellement secoué par cet évènement qu’il quittera la prêtrise.
L’affaire Blewett, c’est la trame qui soutient tout le récit.
Lui-même originaire de la Gaspésie, Jean-Jacques Bouffard retournera vivre dans la maison de son enfance après le décès de ses parents. Il épousera une fille du coin, une espèce d’enfant gâtée qui lui pourrira l’existence jusqu’à ce qu’elle le quitte. Elle aura cependant eu le temps de lui donner une enfant, la rouquine du titre. C’est elle la narratrice du roman.
Le livre est truffé de personnages truculents, et Daniel Poliquin nous les présente avec toute la verve narrative qui le caractérise.
Il y a d’abord, Odette, jeune fille d’Ottawa qui quitte sa famille dysfonctionnelle pour s’installer à Montréal dès qu’elle atteint la majorité. Elle passera d’un emploi et d’un amant à l’autre avant de devenir la maitresse de Blewett. C’est d’ailleurs dans son appartement à elle qu’il sera arrêté.
Il y a aussi le chef de police qui a procédé à l’arrestation de Blewett, mais qui n’a jamais cru à la culpabilité de ce dernier. Et à ces personnages s’ajoute le défilé d’amoureux et d’amoureuses de la rouquine.
Et dans tout ça, une grande question demeure : Blewett était-il coupable?
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Reculons au début de sa carrière. Le roman L’Obomsawin, publié chez Prise de parole en 1987, est un des premiers de Daniel Poliquin. C’est l’histoire d’un vieux peintre Métis, l’Obomsawin, qui subit un procès parce qu’il est accusé d’avoir incendié sa maison dans la ville déchue de Sioux Junction dans le Nord de l’Ontario. Mais le roman raconte surtout l’histoire de ce lieu emblématique de plusieurs localités du Nouvel-Ontario.
Avec des œuvres autochtones exposées dans plusieurs grandes villes du monde, Thomas Obomsawin a déjà connu la gloire, tout comme Sioux Junction a déjà été une ville florissante.
Ses deux fondateurs, un prêtre québécois défroqué et un anglophone ancien officier de la Police montée du Nord-Ouest, ont su faire prospérer la communauté. À une époque, l’un des fondateurs possédait le moulin à scie et l’autre la mine, qui attiraient des travailleurs de partout avec leur famille.
Maintenant, Sioux Junction ne compte plus que quelques habitants, ce qui crée des situations assez cocasses. Ainsi, l’un des derniers résidents, Jo Constant, «fait tout ce que l’autorité fait normalement». Il est maire, chef de police, juge de paix, hôtelier et seul épicier de la ville. C’est lui qui a arrêté l’Obomsawin et qui l’a logé dans son hôtel.
Mais le procès de l’artiste connu chambardera la ville en attirant – en plus d’un vrai juge et des avocats – toute une flopée de journalistes, d’artistes et d’autres personnalités médiatiques. Quant à l’Obomsawin, il n’a soumis aucun plaidoyer et semble indifférent à son sort.
Comme dans tous ses romans, Daniel Poliquin utilise son talent de conteur pour nous présenter ses personnages et la vie locale. Et, dans ce livre, il le fait avec un petit sourire en coin qui nous charme.
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Réjean Grenier a travaillé dans les médias pendant 47 ans, comme journaliste, rédacteur principal à Radio-Canada/CBC, éditeur et propriétaire d’un journal et d’un magazine, et éditorialiste. Il a présenté une chronique littéraire sur les ondes de Radio-Canada pendant cinq saisons. Il est un avide lecteur depuis l’âge de 12 ans. Il a grandi dans un petit village du Nord de l’Ontario où il n’y avait pas de librairie, mais il a rapidement appris où commander des livres. Son type d’ouvrage préféré est le roman puisqu’«on ne trouve la vérité que dans l’imaginaire».
Deux thèmes étaient sur la table lors de la réunion du Conseil de la fédération, mercredi : renforcer les liens avec États-Unis et consolider le pouvoir de pression canadien sur l’économie américaine face aux menaces économiques du président désigné Donald Trump.
Tous les premiers ministres ont joué la carte de l’unité, Doug Ford à leur tête, l’actuel président du Conseil et premier ministre de l’Ontario.
Ce dernier a assuré, aux côtés du premier ministre canadien Justin Trudeau, que le Canada n’allait pas appliquer de tarifs douaniers sur les produits en provenance des États-Unis avant que Donald Trump ne mette ses menaces à exécution.
Aucun plan détaillé n’a été révélé, excepté une volonté de rassurer les Canadiens face aux menaces tarifaires et d’annexion économique de Donald Trump faites au cours des dernières semaines.
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Interrogé sur son avenir, Justin Trudeau a assuré qu’il restait «concentré» sur les enjeux avec les États-Unis.
Toutefois, l’absence de la première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, à la table a attiré l’attention.
La première ministre de la province productrice de pétrole n’a pas approuvé le communiqué conjoint publié après la réunion, qui stipule que le Canada est uni dans une réponse qu’Ottawa livrera «étape par étape», a expliqué Justin Trudeau, si Donald Trump met ses menaces à exécution.
Interrogé sur le désaccord de l’Alberta, le premier ministre a répondu, en conférence de presse : «On est tous unis sur le fait qu’il faut répondre de façon robuste. […] Par rapport au communiqué, il faudrait que vous demandiez à Mme Smith pourquoi elle n’a pas voulu le signer. Nous sommes tous d’accord et je ne sais pas quel sera l’élément avec lequel elle serait en désaccord.»
Le secteur de l’automobile est le premier visé par le président Trump, pas le pétrole albertain, a assuré Justin Trudeau. «Vous n’entendez pas Doug Ford dire que, peu importe ce qui arrive, nous devons protéger [notre économie provinciale, NDLR] aux dépens des autres secteurs», a ajouté le premier ministre dans une flèche à Mme Smith.
Doug Ford a précisé : «Je respecte la première ministre Smith. Je respecte qu’elle ait des préoccupations sur la protection de son énergie. C’est son choix. Mais aucune province ou territoire ne sera exempt de ça. Rappelez-vous une chose, “Unis nous résistons, divisés nous tombons”.»
«J’espère qu’il y a du pride canadien dans le fait que vous pouvez avoir des libéraux et des conservateurs et des démocrates et des leadeurs non partisans qui se rassemblent pour se battre pour vos emplois et votre façon de vivre», a de son côté déclaré le premier ministre du Manitoba, Wab Kinew.
Justin Trudeau a également affirmé qu’un plan pour soutenir économiquement les secteurs touchés était en développement.
Le ministre François-Philippe Champagne a renoncé à se lancer dans la course à la chefferie libérale. Il avait demandé que le bilinguisme fasse partie intégrante de la course.
Il va de soi que le ou la prochaine chef du Parti libéral du Canada doit pouvoir s’exprimer autant en français qu’en anglais, les deux langues officielles du Canada.
— François-Philippe Champagne (FPC) 🇨🇦 (@FP_Champagne) January 11, 2025
Il est tout aussi important d’avoir un débat en français.
Le 9 mars, faites entendre votre voix! pic.twitter.com/3gABj8vLg1
Christy Clark se retire de la course à la chefferie libérale.
Toujours dans la liste des désistements, Christy Clark a déclaré sur son site Web, en anglais uniquement : «J’ai travaillé dur pour améliorer mon français, mais je ne suis pas encore au niveau où il faut être.»
L’ancienne première ministre de la Colombie-Britannique a menti lors d’une entrevue à CBC (en anglais uniquement), où elle disait ne jamais avoir été membre du Parti conservateur. Les preuves du contraire ont vite été débusquées. Elle a ensuite dit s’être «mal exprimée».
Une candidature officielle
Mark Carney a quant à lui déclaré sa candidature à Edmonton, en Alberta, jeudi, dans un discours en anglais et en français, qu’il a majoritairement lu.
Ce n’était plus un secret depuis des jours que Mark Carney lancerait sa candidature jeudi.
«Notre temps est tout sauf ordinaire, a-t-il lancé, dans les deux langues. Trop de gens sont laissés de côté, trop de jeunes, trop de personnes n’ont pas accès aux médecins.»
Tout en se positionnant comme un adversaire de Donald Trump, l’ancien gouverneur de la Banque du Canada en a profité pour critiquer le chef du Parti conservateur .
«Je vous donne une grosse différence entre Pierre Poilievre et moi : tandis que je me concentre sur l’importance de bâtir l’économie, il cherche le soutien de Donald Trump et Elon Musk.»
Son ton s’est voulu rassurant sur l’économie, lui qui dit «bien connaitre les marchés» : «Quand ils sont bien gérés, ils livrent les emplois et la croissance mieux que quiconque. Mais les marchés sont indifférents envers la souffrance humaine. S’ils sont mal gérés, ils vont livrer une richesse énorme à quelques chanceux.»
«On va gagner», a-t-il conclu, en anglais.
Vendredi, l’ancienne ministre des Finances, Chrystia Freeland, a aussi annoncé sur X qu’elle lancera sa campagne dimanche.
Lancement officiel dimanche. pic.twitter.com/kcImzuArg4
— Chrystia Freeland (@cafreeland) January 17, 2025
Karina Gould est aussi pressentie comme candidate, mais n’a pas encore officialisé sa campagne.
En conférence de presse mercredi, les ministres d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), Marc Miller, et de la Sécurité publique, David McGuinty, ont annoncé qu’Ottawa renforce actuellement la sécurité frontalière.
L’enjeu : Des mesures ont été prises pour réduire les entrées illégales et la fraude, améliorer l’échange d’informations et augmenter les renvois de demandeurs d’asile non admissibles.
Un budget de 1,3 milliard de dollars vise à augmenter la surveillance, avec l’utilisation de drones, de tours et de nouvelles technologies.
Des ressources supplémentaires sont déployées pour répondre aux besoins futurs. Des efforts coordonnés avec les provinces et territoires soutiennent ces initiatives.
Lors d’une conférence de presse en Colombie-Britannique, jeudi, le chef du Parti conservateur du Canada a déclaré qu’il abolira l’augmentation du taux sur les gains en capitaux.
La cible : La mesure annoncée par les libéraux lors du budget vise les gains en capital annuels dépassant 250 000 $ issus de la vente d’actifs, comme des actions, des parts d’entreprise, des terres agricoles, des logements locatifs ou des chalets.
Selon le gouvernement fédéral, ce changement rapporterait plus de 19 milliards de dollars sur cinq ans dans les coffres publics.
«Cette taxe libérale anti-emploi était une mauvaise idée avant la menace tarifaire du président Trump, elle est aujourd’hui une pure folie», a critiqué Pierre Poilievre, sur X.
Je dirigerai un gouvernement fédéral qui se mêle de ses affaires, respecte l'autonomie des provinces et rétablit la promesse du Canada qui unit les Canadiens d'un océan à l'autre. pic.twitter.com/QiwJnGtSQD
— Pierre Poilievre (@PierrePoilievre) January 15, 2025
Au retour des parlementaires, une motion de l’opposition pourrait permettre de reprendre les débats laissés en suspens. Mais comme tous les partis d’opposition semblent prêts à faire tomber le gouvernement, une élection pourrait être déclenchée très rapidement.
Qu’est-ce que c’est? : Le Programme de contestation judiciaire (PCJ) permet aux Canadiens d’obtenir un soutien financier devant les tribunaux pour présenter «des causes d’importance nationale liées à certains droits constitutionnels et quasi constitutionnels en matière de langues officielles et de droits de la personne».
Après de nombreuses controverses, notamment entre Québec et Ottawa, le programme a été réintroduit en 2017 et mis en œuvre en 2019.
En quoi est-ce important pour les communautés de langue officielle en situation minoritaire (CLOSM)? : La Loi sur le ministère du Patrimoine canadien contient déjà un article qui permet au ministère d’accorder un soutien financier à un organisme chargé de le distribuer, dans le cadre «de causes types d’importance nationale qui visent à clarifier et à faire valoir des droits constitutionnels en matière de droits de la personne». Le projet de loi C-316 aurait précisé et protégé le PCJ et son financement.
Selon François Côté, avocat chez Droits collectifs Québec, en entrevue avec Francopresse en 2024 : «[Ce programme] a été aboli, rétabli, réaboli et rétabli depuis les années 1990 à plusieurs occasions. Certains pourraient dire que [C-316] est une manière d’éviter que [le PCJ] ne soit laissé au seul vent politique du prochain gouvernement au pouvoir.»
Plusieurs controverses ont entouré le Programme, notamment lorsque la Commission scolaire English-Montréal avait obtenu un financement en vertu du PJC, pour soutenir ses procédures de contestation de la Loi 21 au Québec.
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Qu’est-ce que c’est? : Les deux projets de loi ont le même but : modifier la Loi sur les compétences linguistiques pour rendre le bilinguisme obligatoire aux postes de gouverneur général du Canada et de lieutenant-gouverneur du Nouveau-Brunswick.
C’est le sénateur québécois Claude Carignan qui a déposé les deux pièces législatives en 2021.
En quoi est-ce important pour les CLOSM? : Ces textes garantissent le droit de communiquer avec le gouvernement et de recevoir des services dans l’une ou l’autre des deux langues officielles du Canada, au niveau du représentant de la Couronne.
Mary Simon est la première femme autochtone à occuper le poste de gouverneure générale du Canada. Sa nomination par Justin Trudeau, le 6 juillet 2021, ne garantissait justement pas le fait que les citoyens pouvaient s’adresser à elle en français, car elle ne maitrisait pas cette langue à son entrée en poste.
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Même polémique du côté du Nouveau-Brunswick, avec la nomination, toujours par Justin Trudeau, de la lieutenante-gouverneure anglophone Brenda Murphy, en 2019.
Dans ce dernier cas, la Cour d’appel fédérale s’est toutefois prononcée en faveur de l’unilinguisme anglophone, en 2024, parce que la Constitution canadienne n’exige pas le bilinguisme pour ce poste.
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Qu’est-ce que c’est? : Le projet de loi vise à contraindre le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) de consulter le gouvernement du Québec et ceux des autres provinces dès lors qu’une décision les touche.
En quoi est-ce important pour les CLOSM? : Il s’agit de garantir la consultation des communautés francophones au pays avant de prendre des décisions qui les affectent.
La Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) a toutefois demandé de modifier ce projet de loi pour que les organismes des communautés francophones et acadiennes «soient les premiers interlocuteurs du CRTC pour rendre compte des réalités des marchés francophones ailleurs qu’au Québec», à la place des gouvernements provinciaux, expliquait la présidente Liane Roy lors d’un comité parlementaire en juin 2024.
L’argument principal pour cet amendement tient à «la sensibilité que peuvent avoir ces gouvernements par rapport à la francophonie [qui] est à géométrie variable», alertait Liane Roy.
L’amendement avait été déposé par le Nouveau Parti démocratique (NPD) en comité, un peu plus tard dans l’année, mais faute de temps, il n’a jamais pu être adopté.
Qu’est-ce que c’est? : C’est le seul projet de loi déposé par le ministre de l’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, Marc Miller, au printemps 2024. Il propose d’étendre la citoyenneté canadienne aux enfants nés à l’étranger de parents qui ont déjà la citoyenneté.
En quoi est-ce important pour les CLOSM? : L’immigration francophone étant en hausse au pays, ce projet de loi permettrait aux francophones de faire en sorte que leurs enfants nés à l’étranger soient Canadiens, à condition que les parents aient obtenu la nationalité canadienne.
De même pour les enfants nés hors des frontières du pays et adoptés par un parent canadien au-delà de la première génération.
«Les femmes francophones en situation minoritaire sont les grandes oubliées, leurs difficultés à accéder à des services dans leur langue maternelle ne sont pas prises en compte», regrette la criminologue à l’Université de Moncton et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en violence sexuelle, prévention et intervention, Madeline Lamboley.
Pour Valerie Roy-Lang, en matière de violences fondées sur le sexe, «les sanctions ne sont pas assez sévères» : «Ça laisse sous-entendre que ce n’est pas un crime grave et ça n’encourage pas les victimes à porter plainte.»
D’après le dernier rapport d’étape, moins de 3 % des mesures du Plan d’action national pour mettre fin à la violence fondée sur le sexe ont concerné les femmes issues de minorités linguistiques.
«C’est choquant, ça démontre le manque d’intérêt des politiques à aider les communautés francophones», dénonce la directrice générale du Réseau des services pour victimes de violence du Nouveau-Brunswick, Valerie Roy-Lang.
Pour la présidente de l’Alliance des femmes de la francophonie canadienne (AFFC), Nour Enayeh, Ottawa ne respecte pas ses obligations en vertu de la Loi sur les langues officielles : «Le gouvernement fédéral se doit d’offrir à toutes les femmes au pays un accès adéquat et équitable à des services dans leur langue.»
Dans un communiqué publié en décembre, l’AFFC estime que les femmes francophones et acadiennes sont «laissées pour compte».
La violence fondée sur le sexe est commise contre des personnes en raison de leur sexe, de leur orientation sexuelle, de leur genre ou de leur identité de genre. Elle peut prendre la forme de violence physique, sexuelle, psychologique, émotionnelle ou financière, et elle peut être facilitée par la technologie. Elle sévit dans les foyers, les espaces publics, les lieux de travail et en ligne.
Le Plan d’action national pour mettre fin à la violence fondée sur le sexe, adopté en 2022 par le gouvernement fédéral et d’une durée de 10 ans, repose sur cinq piliers, dont le soutien aux survivantes, la prévention, un système judiciaire réactif et les approches dirigées par les Autochtones.
Sur le terrain, l’insuffisance des ressources en français est criante, particulièrement dans l’Ouest. En Alberta, selon la Coalition des femmes de l’Alberta, sur 50 maisons d’hébergement dans la province, seulement trois proposent des services d’interprétariat et aucune ne dispose de personnel bilingue.
À Winnipeg, la directrice du refuge Chez Rachel, Sonia Grmela, souligne l’isolement linguistique et géographique des Franco-Manitobaines dans les régions rurales de la province.
Au Manitoba, un seul organisme francophone, basé à Winnipeg, soutient les femmes et les enfants victimes de violence domestique. Chez Rachel existe depuis 30 ans et peut accueillir cinq familles pendant un maximum d’un an et demi. Deux conseillères offrent des programmes de guérison.
«On aide les femmes à accéder à des services qui devraient être bilingues, mais ne le sont pas. C’est toujours une question de chance, on peut tomber par hasard sur une personne qui parle français», déplore la directrice générale de Chez Rachel, Sonia Grmela.
La responsable mène ainsi une étude de faisabilité afin d’ouvrir un second refuge en zone rurale, où la pénurie est «encore plus sévère».
Ces deux provinces de l’Ouest disposent néanmoins d’associations de juristes d’expression française à même de donner des conseils juridiques aux survivantes.
Au Nouveau-Brunswick, le Réseau des services pour victimes de violence dessert, lui, cinq régions francophones avec notamment cinq maisons de transitions et quatre logements de deuxième étape.
En revanche, dans les zones anglophones de la province, en particulier autour de Fredericton et de Saint-Jean, le soutien en français est quasi inexistant, remarque Madeline Lamboley.
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S’exprimer dans sa langue maternelle reste pourtant vital pour des survivantes, «dans une situation de choc, déjà stressante et traumatisante», souligne la chercheuse. «C’est dangereux, car elles risquent de ne pas sortir du cycle de violences par peur de se retrouver face à des interlocuteurs anglophones qui les comprennent mal.»
En Alberta, Mariama Gueye explique que la Coalition des femmes organise dans les écoles et les communautés des ateliers de prévention, mais aussi sur les droits des victimes.
«Il y a des risques d’incompréhensions qui peuvent avoir des conséquences très graves. Si la plainte est mal comprise par la police et les faits sont faussés, ça peut affecter l’issue du procès en cour», ajoute Sonia Grmela.
La Coalition des femmes de l’Alberta constate plus que jamais cet isolement linguistique, surtout chez les nouvelles arrivantes. «Elles se sentent prisonnières, car elles ne savent pas vers qui se tourner. Elles se disent : “Est-ce que ça vaut la peine d’appeler à l’aide? Personne ne m’entendra”», alerte la présidente de l’organisme, Malaïka Ogandaga.
«Il faut faire un travail psychologique intense pour les convaincre qu’elles ont le droit d’être servies en français, qu’elles sont des individus qui ont de la valeur même si elles ne maitrisent pas l’anglais», ajoute à ses côtés la directrice générale, Mariama Gueye.
Les services francophones souffrent en plus d’un déficit chronique de financement et l’adoption du Plan d’action national n’a pas changé la donne. «On a toujours l’impression que nos défis ne sont pas une priorité. On a déjà songé à offrir un espace d’hébergement provisoire, mais l’argent n’est pas là», relève Malaïka Ogandaga.
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La Coalition des femmes de l’Alberta dispose de quatre employées pour couvrir un territoire grand comme la France, la Belgique, les Pays-Bas et la Suisse réunis.
Nour Enayeh de l’AFFC regrette que le Plan d’action national ne prenne pas en compte la réalité des femmes francophones en situation minoritaire.
En 2023, Ottawa a pourtant signé avec les provinces et les territoires des accords de financements bilatéraux afin d’assurer la mise en œuvre du plan.
Valerie Roy-Lang considère que l’entente avec le Nouveau-Brunswick a permis «d’aider au jour le jour, de maintenir l’existant, mais n’a pas donné accès à des lits supplémentaires».
«Ce n’est pas suffisant pour répondre aux besoins des victimes. Les maisons de transition doivent faire appel à des dons communautaires, car elles sont toujours dans le rouge à la fin de l’année», indique-t-elle.
La directrice pointe par ailleurs le manque de campagnes de prévention en français à l’extérieur du Québec : «Les services sont dirigés vers les situations de crise. Il faut mettre plus d’emphase sur la sensibilisation aux relations saines, aux violences émotionnelles et verbales, auprès des élèves, des employeurs, des professionnels de santé.»
On fait des choses ponctuelles, il y a plein de projets-pilotes, mais pas d’investissement récurrent. Un atelier une fois par an à l’école, c’est insuffisant. Pour que ça marche, il faut répéter le message.
À Ottawa, l’AFFC espère rencontrer prochainement la ministre fédérale des Femmes et de l’Égalité des genres et de la Jeunesse pour «réouvrir la conversation». «On ne peut pas laisser les femmes à la merci du bon vouloir des provinces. Ottawa doit prendre le leadeurship», insiste Nour Enayeh.
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Jusqu’à la semaine dernière, Pierre Poilievre aurait peut-être pu espérer reproduire l’exploit de l’ancien premier ministre conservateur Brian Mulroney, qui avait remporté 50,0 % des suffrages lors de l’élection fédérale de 1984. Du jamais vu depuis l’élection de John Diefenbaker en 1958 (celui-ci avait alors obtenu 53,7 % des votes).
Mais les choses viennent de prendre une nouvelle tournure. Non pas un, mais deux évènements majeurs se sont produits : la démission de Justin Trudeau, puis les déclarations fracassantes de Donald Trump se disant prêt à recourir à la «force économique» pour faire plier le Canada en matière d’échanges commerciaux.
Certes, la victoire conservatrice est encore très probable, mais le raz-de-marée bleu pourrait déferler moins fort qu’initialement prédit par les sondages. Les conservateurs vont devoir redoubler d’ardeur.
Il est indéniable que la démission de Justin Trudeau vient changer la donne pour les conservateurs. Jusqu’à présent, leurs attaques ciblaient presque exclusivement la personnalité et les politiques du premier ministre actuel, et cela semblait donner d’excellents résultats.
En quittant la scène politique, Justin Trudeau force donc le Parti conservateur à revoir sa stratégie. C’est d’ailleurs ce qu’espéraient les libéraux qui réclamaient le départ de M. Trudeau.
Le départ annoncé de Justin Trudeau force déjà les conservateurs à réorienter leur message.
Toutefois, les conservateurs étaient prêts. On a d’ailleurs pu constater que leurs messages ont rapidement été ajustés : ce n’est plus Justin Trudeau qu’ils ciblent, mais bien ses ministres (les Chrystia Freeland, François-Philippe Champagne et autres) ou ses proches conseillers (Mark Carney). Les candidats pressentis sont ainsi coupables par association.
Cette stratégie est de bonne guerre. Un gouvernement sortant, peu importe qui le dirige, doit être capable de défendre son bilan. Et les partis d’opposition sont en droit d’attaquer ce bilan.
Par contre, on sent que les conservateurs ont été pris par surprise par les déclarations de Donald Trump, et c’est là l’élément central de ce qui a changé. Pourtant, ils auraient dû y être préparés.
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Un aspirant premier ministre doit avoir comme principale préoccupation la défense des intérêts du pays.
C’est ici que Pierre Poilievre a malheureusement échoué. On l’a peu entendu si ce n’est que pour se rallier finalement aux propos des autres chefs politiques, Justin Trudeau en tête, qui ont unanimement dénoncé la suggestion du prochain président américain. Non, le Canada ne sera pas le 51e État américain.
En fait, ce que l’on peut reprocher à Pierre Poilievre, c’est à la fois sa lenteur d’action et sa propension à réagir plutôt qu’à agir comme meneur.
En ce qui concerne la lenteur, Pierre Poilievre agit exactement comme l’a fait Justin Trudeau lors de situations de crise majeure. Pourtant, Justin Trudeau n’est certainement pas l’exemple à suivre.
Notre premier ministre a toujours eu beaucoup de difficultés à prendre rapidement des décisions, ce qui nous a régulièrement menés à des drames politiques inutiles ou tout près de catastrophes nationales.
Pensez à l’affaire SNC-Lavalin, au blocage des chemins de fer par des communautés autochtones en appui aux revendications des Wet’suwet’en, à l’instauration de l’État d’urgence face au convoi des camionneurs, à la controverse liée à l’organisme caritatif UNIS (WE Charity), à la grève dans les ports de la côte ouest, etc.
Un premier ministre doit être capable d’agir dans le feu de l’action et savoir prendre des décisions difficiles qui servent les intérêts du pays. Pierre Poilievre pourra-t-il faire mieux? Il ne l’a pas encore montré alors qu’il aurait dû le faire.
S’il a finalement fait les mêmes déclarations que ses adversaires politiques («Le Canada ne sera jamais le 51e État. Point à la ligne», «Je me battrai pour le Canada», «Nous mettrons le Canada d’abord»), Pierre Poilievre n’a cependant présenté aucun plan pour la suite des choses.
Donald Trump a multiplié les menaces contre le Canada depuis l’annonce de la démission de Justin Trudeau. L’imposition possible de tarifs douaniers de 25 % occupe tout l’espace en ce moment.
En fait, il est étonnant que l’on ait plus entendu des chefs de gouvernements provinciaux ou d’anciens politiciens que le chef conservateur – et que le premier ministre – proposer des stratégies de négociation pour tenir tête aux Américains.
Pensez à Doug Ford de l’Ontario, que l’on surnomme maintenant «Capitaine Canada», ou à Danielle Smith de l’Alberta, qui a rencontré Donald Trump à Mar-a-Lago les 11 et 12 janvier en plus de réussir à se faire inviter à la cérémonie d’assermentation à Washington le 20 janvier, ou encore à Jean Chrétien qui vient de signer une lettre ouverte combattive dans les médias.
Pourtant, les déclarations de Donald Trump auraient dû inciter Pierre Poilievre à présenter davantage sa stratégie. Selon le président américain élu, si Pierre Poilievre est élu premier ministre, ça ne changera rien à son désir d’imposer des sanctions au Canada.
Pierre Poilievre a ainsi raté une belle occasion de dire à la population canadienne que oui, cela changerait les choses et expliquer pourquoi.
Depuis des mois, Pierre Poilievre demande que des élections soient déclenchées sur le thème de la taxe carbone. Toute sa stratégie de communication ciblait ce thème, à commencer par son slogan, qu’il martèle sur toutes les tribunes («Axe the Tax», soit «abolissons la taxe carbone»).
On le voyait encore au début de janvier alors qu’il commentait l’état des relations canado-américaines. Malheureusement, ce ne sera plus l’enjeu électoral, mais cette réalité, il ne semble pas encore vouloir l’accepter.
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Un nouveau portail, Projet Santé Mentale Étudiants (SME), rassemble désormais des ressources d’aide pour prévenir et contrôler les détresses psychologiques des étudiants étrangers francophones inscrits dans les universités canadiennes. Les personnes intéressées peuvent aussi remplir un questionnaire d’évaluation.
Selon le professeur Idrissa Beogo, les étudiants étrangers francophones ne maitrisent souvent pas l’anglais, ce qui «limite leurs interactions sociales» et contribue à leur isolement.
Actuellement disponible sur le site Web de l’Université Laval, la plateforme devrait, à terme, être accessible via les sites de l’Université d’Ottawa et du Campus Saint-Jean, en Alberta.
Quelque 12 balados doivent être également réalisés afin de donner la parole à des étudiants, des professeurs et des professionnels de la santé mentale. L’occasion pour eux de partager leurs vécus et les stratégies qu’ils ont utilisées pour s’en sortir.
Ces nouvelles ressources s’inscrivent dans le cadre d’un projet de recherche sur la santé mentale des étudiants étrangers francophones dans des universités de l’Ontario, de l’Alberta et du Québec.
L’objectif des chercheurs est de pallier le manque de prise en charge adaptée. Car, quelles que soient leurs difficultés, les jeunes en souffrance ont rarement accès aux ressources existantes.
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«Ils ont de la misère à rentrer dans le système, ils ne peuvent pas toujours bénéficier des soins de santé publics, relève le professeur adjoint à l’École des sciences infirmières de l’Université d’Ottawa et coauteur du projet de recherche, Idrissa Beogo. Et ils ont peur, peur de l’inconnu, peur d’être victimes de racisme.»
Le doctorant à l’Université Laval, Claude Dakuyo, explique que la santé mentale reste un tabou dans de nombreux pays africains.
Selon le doctorant en psychoéducation à l’Université Laval au Québec et coordinateur du projet de recherche, Claude Dakuyo, les maladies mentales demeurent également «un tabou» persistant : «Les étudiants internationaux, originaires d’Afrique, ne sont pas très à l’aise à l’idée de parler de santé mentale. Il y a encore beaucoup de préjugés et de clichés autour de ces questions.»
«Plusieurs étudiants m’ont dit qu’ils souffraient en silence, car ils n’étaient pas habitués à en parler, encore moins à un psychologue», ajoute-t-il.
Face à la difficulté de certains jeunes à exprimer leur malêtre, il considère que les ressources offertes dans les universités canadiennes ne sont pas toujours adaptées. Il y a pourtant urgence devant l’ampleur des besoins, en particulier depuis la pandémie de COVID-19.
«Aujourd’hui, ils rentrent chez eux avec une santé mentale meurtrie. Les universités ne prennent pas le temps de les accompagner», confirme Idrissa Beogo.
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«Ils sont loin de chez eux, de leur culture d’origine, de leur cercle social et familial, ça les rend plus vulnérables», poursuit le professeur à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université Laval, coauteur du projet, Jean Ramdé.
Le psychologue Jean Ramdé explique que les étudiants étrangers sont plus vulnérables, car ils sont loin de chez eux et de leur culture d’origine.
Ce dernier parle d’«acculturation» : «Ils doivent s’adapter à un nouvel environnement, acquérir une nouvelle culture, apprivoiser un nouveau système d’enseignement. C’est loin d’être évident et ça affecte leur santé mentale.»
Aux yeux du psychologue, le «discours accusateur» des derniers mois a par ailleurs pesé sur une jeunesse étudiante déjà fragilisée : «Les étudiants étrangers ont été pointés du doigt pour tous les problèmes que vivent les Canadiens, le manque de logement notamment, ça n’aide pas.»
À cela s’ajoute pour beaucoup d’entre eux la précarité financière, qui les oblige à travailler durant leurs études et à vivre dans des logements exigus.
«Ils ont la pression de réussir, car leurs proches restés au pays ont souvent consenti de lourds investissements financiers pour qu’ils puissent venir au Canada et payer les frais de scolarité très élevés», observe Jean Ramdé.
Dans les communautés francophones en situation minoritaire, la maitrise de l’anglais constitue une «autre couche de défi», remarque Idrissa Beogo. «Les étudiants parlent peu l’anglais, ça limite leurs interactions sociales à l’extérieur de l’université. C’est source d’isolement et ça peut être un obstacle à leur réussite.»
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Noëlla Arsenault raconte que quelques jours avant son entretien avec Francopresse, sa petite-fille l’a appelée pour lui dire que son enseignante avait parlé d’elle, dans son cours d’histoire. «Madame [l’enseignante] pleurait», lui a dit sa petite-fille. «Elle était fière que vous ayez fait ça.»
Elle estime avoir rempli son devoir, mais Noëlla Arsenault a aussi rencontré de la résistance. «Toutes les semaines, on était sur la télévision, on était à la radio, c’était une grosse affaire. Les anglophones n’en voulaient pas. Les francophones de chez nous n’en voulaient pas.»
La poursuite que Noëlla Arsenault a intentée au milieu des années 1990 contre le gouvernement de l’Île-du-Prince-Édouard a secoué la communauté, mais aujourd’hui, de nouvelles générations peuvent fréquenter une école de langue française. Sa petite-nièce, par exemple. «Ça, ça me fait chaud au cœur», dit-elle.
Dans les années 1990, il n’y a que des écoles anglaises à Summerside, où Noëlla Arsenault a élevé ses quatre enfants.
Depuis le début des années 1980, les parents de cette ville prince-édouardienne demandent à répétition une école de langue française dans leur communauté, sans succès.
Le conseil scolaire régional (de langue anglaise) les dirige plutôt vers l’école d’immersion française de leur collectivité ou vers l’école de langue française d’Abram-Village — ce qui impose aux enfants un trajet d’une heure en autobus scolaire.
L’avocat Robert McConnell fera valoir, en Cour suprême, que «62% de tous les enfants ayants droit fréquentent les écoles de langue anglaise». Et parce que ces élèves fréquentent l’école en anglais, leurs enfants – les petits-enfants de Noëlla Arsenault par exemple – perdront le droit de fréquenter l’école en français.
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En 1994, un groupe de parents réitère la demande d’ouvrir une école élémentaire de langue française à Summerside. Une variable a changé : quatre ans plus tôt, la Commission scolaire de langue française de l’Île-du-Prince-Édouard avait été créée. Celle-ci accepte la demande, et 34 élèves s’inscrivent à cette école à naitre.
Pour le juriste Mark Power, l’arrêt Arsenault-Cameron est une pierre à l’édifice des droits linguistiques. «Ça a aidé d’autres jugements importants. Ça a aidé dans Doucet-Boudreau en 2003, dans Rose-des-Vents en 2015 et dans CSFCB en 2020, pour ne nommer que trois exemples.»
Le ministre de l’Éducation de la province s’interjette et rejette cependant la proposition, préférant maintenir le transport scolaire.
Noëlla Arsenault-Cameron, Madeleine Costa-Petitpas et la Fédération des parents de l’Île-du-Prince-Édouard sollicitent les services de l’avocat Robert McConnell. Il n’hésite pas à s’engager dans l’affaire. «C’est une cause que je prends à cœur; c’est personnel», témoigne-t-il dans un échange de courriels avec Francopresse.
En appel, la Cour provinciale donne raison au ministre, qui estime que l’enseignement dispensé dans une école de langue française à Summerside serait inférieur sur le plan pédagogique à celui qui est dispensé aux enfants de la majorité linguistique officielle.
La question est portée en Cour suprême du Canada en juin 1998 et, le 13 janvier suivant, les juges de la Cour suprême confirment que le ministère de l’Éducation n’a pas droit de regard sur les sites où le conseil scolaire peut offrir des programmes éducatifs.
Dans leur décision, les juges Michel Bastarache et Jack Major évoquent le caractère réparateur de l’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés, le besoin d’établissements locaux et la notion d’égalité.
Mon rôle s’apparentait à celui d’un chauffeur de limousine. J’avais bien préparé la cause et je l’avais emmenée à la Cour suprême afin que le juge Bastarache puisse établir son héritage juridique en ce qui concerne les droits linguistiques des francophones. En d’autres mots, je n’avais personne à convaincre.
Dès septembre 2000, la Commission scolaire de langue française de l’Île-du-Prince-Édouard ouvre une école à Summerside, une à DeBlois et une à Rustico, rapporte La Voix acadienne. Une autre suit à Souris, en 2003.
Déjà, en 1982, la Charte accorde aux minorités de langue officielle le droit d’être éduquées dans leur langue là où le nombre le justifie. Cette nouvelle obligation constitutionnelle se double d’une vocation réparatrice.
L’arrêt Mahé de 1990 affirme l’importance de la pleine gestion scolaire et de la création de milieux homogènes, «parce que les écoles ont non seulement une vocation éducative, mais une vocation de pérenniser la langue et la culture», rappelle le professeur de droit de l’Université d’Ottawa, François Larocque. L’arrêt a propulsé la création de conseils scolaires de langue française.
L’arrêt Arsenault-Cameron, lui, est venu rappeler aux gouvernements la légitimité des recommandations formulées par les conseils scolaires.
L’avocat spécialiste en droits linguistiques Mark Power se réfère presque quotidiennement à l’arrêt Arsenault-Cameron, en particulier aux paragraphes sur le rôle du ministre : «Le ministre […] ne pouvait pas non plus substituer sa décision à celle de la Commission simplement parce qu’il ne pensait pas qu’elle avait pris une bonne décision.»
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À la Commission scolaire francophone de l’Île-du-Prince-Édouard, le nombre d’élèves a plus que doublé depuis 2000. Ghislain Bernard, un ancien de l’École Évangéline, dirige aujourd’hui la Commission scolaire. Il rapporte que «les effectifs sont passés de 588 en 2000 à 1256 aujourd’hui.»
L’affaire Arsenault-Cameron a eu une incidence directe sur le choix de carrière de François Larocque, alors stagiaire à la Cour d’appel de l’Ontario et aujourd’hui professeur de droit à l’Université d’Ottawa. «Ça m’a habité, ça m’a suivi. J’ai décidé peu après de me concentrer dans les droits linguistiques.»
Partout au pays, «on se rend compte que l’éducation dans la langue de la minorité, ça veut dire plus d’écoles, plus d’infrastructures, plus de profs, plus de ressources», commente l’avocat Pierre Foucher, qui a représenté la Commission scolaire de langue française de l’Île-du-Prince-Édouard devant la Cour suprême.
Il poursuit : avec des ressources limitées, c’est souvent un casse-tête pour les gouvernements de répondre aux besoins croissants de la minorité. D’ailleurs, cinq ans après la décision de 2020 concernant le financement des écoles en Colombie-Britannique, «on est encore empêtrés dans les détails de la mise en œuvre», illustre-t-il.
«On est rendu à gérer la croissance du système scolaire francophone hors Québec», conclut celui qui est devenu professeur de droit à l’Université d’Ottawa.
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Les affaires Mahé et Arsenault-Cameron ont permis de préciser le concept d’expérience éducative comparable, résume Mark Power. Il le sera davantage à la suite des appels opposant le ministère de l’Éducation de la Colombie-Britannique à l’Association des parents de l’école Rose-des-vents, en 2015, et au Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique, en 2020.
La Cour suprême établit alors qu’une province ne peut pas évoquer des raisons économiques pour refuser de construire de nouvelles écoles.
Malheureusement, on a des gouvernements qui continuent à tenter d’esquiver leurs obligations.
Si un gouvernement ne respecte pas les droits linguistiques, fait-il valoir, «le droit peut s’éteindre pour les générations futures.»
C’est précisément ce risque d’extinction intergénérationnelle qui a poussé Noëlla Arsenault-Cameron à agir, en 1995.
À l’Île-duPrince-Édouard, lorsque les anglophones ont appris que plus de 6 millions de dollars seraient investis pour construire l’École-sur-Mer de Summerside, «une quasi-révolte a éclaté», écrit le juge Michel Bastarache dans ses mémoires (Ce que je voudrais dire à mes enfants, Presses de l’Université d’Ottawa, 2019, p. 282).
Érigée en 2002, l’École-sur-Mer de Summerside est l’une des écoles nées de la cause. Elle comptait 265 élèves en septembre 2023.
Même au sein de la communauté francophone, il y a eu des dissensions.
Mais si c’était à refaire, Noëlla Arsenault plongerait à nouveau. Cette fois, elle protègerait sa famille. «Personne ne savait ce que ça allait faire. Alors on n’avait aucune manière de se préparer pour tout ce qui s’est passé.»
Ses enfants ont été harcelés. Ils ont beaucoup souffert. «Encore des fois, ils me racontent des choses… Aïe, aïe, aïe», se désole-t-elle.
Son combat a jeté un éclairage sur les valeurs qu’ont voulu lui transmettre ses grands-parents et arrière-grands-parents, défenseurs de la vie et de l’éducation en français dans l’Île.
«Encore aujourd’hui, ça me fait chaud au cœur quand je rencontre des jeunes et qu’ils me disent qu’ils ont été à l’École-sur-Mer», témoigne-t-elle. Elle dit fièrement n’avoir fait que son devoir : «Un centre scolaire c’est primordial pour une communauté qui veut s’épanouir.»
Si vous aviez déjà la tête dans votre sapin de Noël le 16 décembre, vous avez peut-être manqué la démission pourtant fracassante de la ministre des Finances, Chrystia Freeland. Sa lettre, qui ne cachait pas qu’elle avait perdu confiance en son chef, a provoqué une tourmente qui a mené à la démission de Justin Trudeau, le 6 janvier.
Après cette nouvelle retentissante, le premier ministre a annulé toutes les entrevues de fin d’année à son horaire. Seul Mark Critch de l’émission humoristique de la CBC This Hour Has 22 Minutes a eu le temps d’en enregistrer une avant la lettre fatidique.
De son côté, le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, a donné trois entrevues : avec le Winnipeg Jewish Review, La Presse et le commentateur controversé Jordan Peterson. Cette dernière entrevue est de loin la plus longue, mais aussi celle qui en dit le plus sur la stratégie de communication conservatrice.
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Jordan Peterson s’élève contre le Marxisme et le postmodernisme, mais sa compréhension des deux concepts est très «grossière», avance un rédacteur du Historical Materialism, Harrison Fluss.
Jordan Peterson est un psychologue ontarien qui a perdu son permis d’exercice. Le Collège des psychologues de l’Ontario a jugé qu’il «avait fait des commentaires dégradants, dénigrants et non professionnels» à travers des messages sur Internet qui visaient entre autres la transition de genre et les changements climatiques. Il fraie dans les mêmes eaux que Joe Rogan, animateur du balado le plus écouté de la planète, sans cependant atteindre le même niveau de popularité que ce dernier.
Les deux animateurs abordent des sujets relativement diversifiés, parlent à des experts, mais ne se gênent pas pour ouvrir leur micro à des gens qui ont des points de vue divergents, parfois un peu détachés de la réalité.
Leur public a aussi beaucoup de similitudes. Peterson était d’ailleurs l’invité de Rogan en juillet dernier.
Or, quelle entrevue a le plus marqué les esprits lors de la campagne électorale américaine? Donald Trump au micro de Joe Rogan.
Il n’est pas question ici de comparer les deux hommes politiques. Pierre Poilievre n’est pas une version canadienne de Donald Trump. Le parallèle entre les deux animateurs montre plutôt que l’équipe conservatrice s’inspire du plan de communication républicain.
Quand Justin Trudeau a remporté l’élection fédérale de 2015, il avait l’appui d’une grande partie des jeunes. Il avait trouvé la façon de leur parler. Après presque 10 ans au pouvoir, il a perdu de son attrait auprès de cette tranche de la population ou ne sait plus comment la séduire.
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Les conservateurs ont rapidement repris le flambeau. Ils ont maintenant la recette secrète… en partie copiée sur le pupitre du voisin.
Des observateurs de la politique des États-Unis rapportent que le camp démocrate a vécu la même chose que les libéraux fédéraux canadiens, ce qui a entrainé leur défaite lors des élections de novembre 2024.
Les démocrates étaient déconnectés de l’électorat et ne parlaient pas aux jeunes, surtout aux jeunes hommes. Donald Trump a fait des entrevues à des balados qui s’adressent principalement aux jeunes hommes. Y compris celui de Joe Rogan.
Jordan Peterson parle principalement aux jeunes hommes qui sentent que la société s’est retournée contre eux.
Pour sauver les meubles, les libéraux ont besoin de bien plus qu’un nouveau chef. Ils ont besoin de réviser entièrement leur message et leur plan de communication.
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«On s’est rendu compte, dans les dernières années, que les surfaces sont beaucoup plus sombres. Comme résultat, on voit des taux élevés de fonte des surfaces des glaciers», rapporte Brian Menounos, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur l’évolution des glaciers.
«L’an dernier, on a observé une fonte des glaces comme jamais avant. C’était sans précédent, extrême», dit-il.
Selon de récentes projections de l’Organisation des Nations Unies, on peut s’attendre à perdre 50 % des glaciers dans le monde d’ici 2100 (à l’exception du Groenland et de l’Antarctique), même si le réchauffement climatique est limité à 1,5 ° Celsius.
Pour comprendre l’impact de l’assombrissement sur la fonte des glaciers, l’autrice albertaine Lynn Martel propose l’analogie suivante : «Quand c’est sombre, le Soleil tape plus fort, et ça fond. C’est la différence entre un teeshirt noir ou un teeshirt blanc l’été, c’est plus frais avec un teeshirt blanc.»
«L’année 2023 a été spectaculairement catastrophique», confirme le chercheur en sciences physiques à Ressources naturelles Canada, Mark Ednie, qui surveille des glaciers de l’Ouest canadien depuis des années.
Mark Ednie, entouré de moraines, dans le parc Nahanni (Territoires du Nord-Ouest) dont le glacier est visible sur la gauche.
Le glacier albertain Peyto le préoccupe particulièrement. Celui-ci a perdu entre 6 à 7 mètres d’épaisseur de glace à son extrémité en une année, signale le chercheur dans une étude à paraitre prochainement. «Ça fond même au haut du glacier, dit-il. On n’a jamais vraiment vu ça auparavant.»
Au parc national Nahanni, dans les Territoires du Nord-Ouest, la pointe du glacier a perdu de 4 à 4,5 mètres de glace. Le glacier Saskatchewan et le glacier Athabasca, dans les Rocheuses, ont tous les deux perdu entre 6 et 7 mètres.
«Ça ne devrait pas fondre autant», s’inquiète Mark Ednie.
Le fait qu’il ait moins neigé lors de l’hiver 2023-2024 n’aide pas, ajoute le spécialiste. La neige qui trônait auparavant sur le haut de certains glaciers a désormais fondu.
«Ça m’a ouvert les yeux, je n’ai jamais vu ça avant. Par exemple, quand je volais au-dessus du champ de glace Columbia, j’ai vu des crevasses où je n’en n’ai jamais vu avant, juste parce qu’il n’y a plus de neige pour les remplir.»
La réponse simple est oui. Toutefois, les glaciers sont en situation de déséquilibre : ils perdent plus de masse qu’ils en gagnent chaque année. Le scientifique Brian Menounos compare un glacier à un compte bancaire.
«Si on commence avec 10 000 $, et qu’on paie des factures annuellement, on enlève toujours de l’argent. Mais on a aussi un salaire. Si on est financièrement responsable, la balance reviendra à 10 000 $. Mais ce qui arrive dans le cas des glaciers, c’est qu’on retire plus d’eau qu’on en ajoute. La balance est négative.»
«La saison des incendies de forêt au Canada en 2023 a été la plus destructrice jamais enregistrée», lit-on sur le site Internet du gouvernement canadien.
«Nous savons que l’activité des feux de forêt augmente dans un climat chaud, simplement parce que la matière brule plus facilement», explique Brian Menounos.
Des «impuretés», apportées par les feux de forêt, viennent se poser sur la surface des glaciers, créant une couverture plus sombre. C’est un problème, car une surface plus claire permet de refléter l’énergie des rayons de soleil, diminuant ainsi la fonte.
«Il y a aussi l’effet de la fumée qui provient des feux, poursuit le scientifique. Pendant le jour, la fumée réduit l’énergie de la lumière du soleil. Il y a donc une sensation de fraicheur. Mais la nuit, ça change. La fumée agit comme un nuage en réémettant l’énergie.»
Cette réémission de l’énergie contribue, selon plusieurs recherches, à l’accélération de la perte de masse des glaciers.
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Lynn Martel, une autrice albertaine qui escalade et campe sur des glaciers depuis des années, dit avoir remarqué de grands changements entre 2022 et 2024 : «À chaque autonome, ils sont plus petits que l’année précédente.»
«C’est pénible à voir, confie-t-elle. Quand on connait la région, on le voit [à l’œil nu]. Ce sont surtout les randonneurs, les grimpeurs, les alpinistes et les skieurs, et souvent des plus anciens. Les plus nouveaux ont moins de points de comparaison.»
Pour ces aventuriers, les conditions sont de plus en plus dures. «Les Bugaboos [chaine de montagne en Colombie-Britannique NDRL] sont une destination réputée pour les grimpeurs. C’est spectaculaire. Il y a une route pour les monter, mais c’est devenu de plus en plus dangereux parce qu’il y a de moins en moins de glace qui tient les roches ensemble. C’est devenu une grande allée de bowling», raconte-t-elle.
Lynn Martel a grimpé le mont Fay, en Alberta, il y a environ 15 ans. Aujourd’hui, impossible de gravir, selon elle. «Il ne reste plus de neige sur la glace, donc c’est juste de la glace nue. Une glace d’un bleu très foncé et couverte de roches.»
«C’est un endroit parmi d’autres que des gens sur Facebook prennent en photo pour dire que ce n’est plus grimpable», ajoute l’autrice de Stories of Ice, un livre portant sur les glaciers de l’Ouest canadien.
Entre 2000 et 2019, environ le quart de l’eau de glacier et de calottes glaciaires perdue dans le monde provenait du Canada, constate Brian Menounos. Le Canada reste «un joueur clé en ce qui concerne la quantité d’eau fraiche contenue dans nos glaciers, calottes glaciaires et champs de glace».
Selon Lynn Martel, qui habite à proximité de glaciers, ces derniers sont aussi une valeur culturelle.
Dans une étude publiée en 2020, des chercheurs estiment que la fonte des glaciers entrainera éventuellement des pénuries d’eau potable pour un habitant sur quatre en Alberta.
Menounos cite d’autres exemples d’effets secondaires de la fonte de ces géants blancs : élévation du niveau de la mer, glissements de terrain et effets sur les écosystèmes qui dépendent de leur eau lors des saisons sèches.
Le gouvernement du Canada surveille certains glaciers depuis 1965, un mandat que n’ont pas les provinces, indique Brian Menounos.
En entrevue avec Francopresse en 2022, il plaidait pour une plus grande collaboration entre chercheurs, gouvernements provinciaux et fédéral. Malgré quelques évolutions depuis, c’est un plaidoyer qu’il répète aujourd’hui.
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