L’annonce est tombée le 18 septembre : le nombre de permis délivrés aux étudiants étrangers – toutes langues confondues – va passer de 485 000 en 2024 à 437 000 en 2025. Il s’agit d’une baisse de 10 %.
En janvier, le ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté Canada (IRCC), Marc Miller, avait annoncé une première baisse (d’environ 35 % par rapport à 2023) des visas délivrés aux étudiants étrangers.
Si le ministre avait assuré cet été un chemin plus facile vers la résidence permanente pour les étudiants étrangers francophones – en les excluant de cette mesure –, les institutions postsecondaires restent inquiètes des effets de ces annonces sur l’atteinte de la cible en immigration francophone en régions minoritaires.
Le gouvernement fédéral a établi en 2024 une cible de 6 % en immigration francophone.
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L’immigration francophone au cœur des inquiétudes
Dans un communiqué, l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC) dénonce la mesure au nom de ses 21 membres : «Il serait déplorable […] que les nouvelles réformes rendent hors d’atteinte l’objectif fixé dans la Politique en matière d’immigration francophone dévoilée plus tôt cette année.»
L’ACUFC avait déjà porté plainte contre IRCC au Commissariat aux langues officielles (CLO) au sujet de la réduction des étudiants étrangers annoncée en janvier.
Dans le même souffle, l’organisme s’inquiète des conséquences sur le nouveau Programme pilote pour les étudiants dans les communautés francophones en situation minoritaire, qui facilite l’accès à la résidence permanente, lancé en aout.
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Interrogé par Francopresse sur la légitimité des inquiétudes des institutions postsecondaires en milieu minoritaire, le ministre Marc Miller répond :
Le service de communication d’IRCC, également sollicité par Francopresse, n’a pas fourni plus de détails que le ministre.
Sa collègue Mona Fortier, députée francophone en situation minoritaire d’Ottawa–Vanier, a de son côté assuré «ne pas avoir la réponse» de l’impact de ces mesures sur les communautés de langue officielle en situation minoritaire (CLOSM).
Pour la professeure agrégée de géographie et titulaire de la Chaire de recherche sur l’immigration et les communautés franco-ontariennes à l’Université d’Ottawa, Luisa Veronis, les dernières mesures annoncées restent «générales» et ne «tiennent pas compte des particularités des communautés francophones».
«En ce qui concerne […] l’immigration francophone, ces mesures auront un impact, croit-elle. Et nulle part elles ne mentionnent des exceptions, si ça va s’appliquer à la fois aux institutions francophones et anglophones.»
La chercheuse soutient que l’immigration francophone est entremêlée à plusieurs variables dans ces annonces.
«Il y a le besoin des communautés francophones, qui est [calculé] par rapport à leur démographie. Il y a les provinces qui ne financent pas assez les institutions d’éducation. Après, on a le ministère fédéral qui s’occupe de l’immigration.»
«Un recrutement ciblé»
Le gouvernement libéral veut cibler les personnes qui viennent réellement étudier de celles qui utilisent la voie des études pour venir s’installer au Canada, a expliqué le ministre Miller en mêlée de presse. Il s’agit de la «double intention» à laquelle le fédéral souhaite mettre un frein.
Cette volonté politique est toutefois doublée d’une autre, celle de faciliter la voie vers la résidence permanente aux étudiants francophones en milieu minoritaire. C’est aussi ce que souhaitent les communautés francophones en dehors du Québec, d’où leur incompréhension au sujet de la dernière annonce.
Par rapport aux CLOSM, il assure que «plusieurs mesures au sein de notre gouvernement» sont prêtes à être déployées, essentiellement «un appui aux communautés francophones avec des institutions francophones».
Le ministère ne précise cependant pas la nature ni la distribution de cet appui allégué.
La professeure Luisa Veronis voit surtout dans ces nouvelles annonces «des démarches politiques» : «Toutes ces mesures sont en fait prises pour un peu calmer les Canadiens qui sont préoccupés au sujet du logement, du système de santé, puis tous les autres problèmes que nous avons dans le pays. Le gouvernement Trudeau […] a utilisé l’immigration pour cacher un peu ou pour subvenir à ces problèmes.»