On l’a vu comme vire-vent au niveau de la taxe sur le carbone. Est-ce qu’il va agir de la même façon au niveau des langues officielles? Je ne le sais pas. Je vais donner la chance au coureur.
Je suis beaucoup plus dérangé par l’attitude du gouvernement Carney qui a mis en place un ministre qui a un double chapeau et qui n’a pas le titre de ministre des Langues officielles.
Il a le titre du ministre responsable des Langues officielles. Il y a une nuance bien importante en termes de signal, et ça me dérange au plus haut point.
C’est un élément comparable à la nomination de la Gouverneure générale qui ne parle pas français. Si en haut, on ne lance pas le signal, on ne pourra pas inciter les gens dans la machine gouvernementale et dans la société à valoriser le bilinguisme français-anglais au Canada.
Joël Godin : Il y a toujours eu dans le passé un ministre du cabinet fantôme pour Patrimoine [canadien, NDLR], de même pour les Langues officielles. Le problème que l’on a présentement, c’est que Steven Guilbeault occupe les deux fauteuils.
Nous, on pense que c’est un dossier très important. Le dossier des langues officielles n’est pas dans la cour de Rachael Thomas [ministre du cabinet fantôme responsable de l’Identité canadienne et de la Culture, NDLR], c’est dans ma cour, même si c’est le même ministre.
Maintenant, je pense qu’on aurait dû nommer un ministre des Langues officielles [au sein du gouvernement libéral, NDLR]. Ça démontre que le Parti libéral du Canada n’a pas cette sensibilité-là, ni la volonté et l’intention de défendre réellement les langues officielles.
Selon moi, si on a à donner un chapeau à un autre ministre pour s’occuper des Langues officielles, on aurait dû le donner au Conseil du Trésor.
Le ministère de Steven Gilbeault, c’est une erreur flagrante parce que le Conseil du Trésor devrait être la seule agence centrale, mais les libéraux […] sont allés à l’encontre de ce qu’ils avaient écrit dans le livre blanc de Mélanie Joly.
C’est dans le Livre blanc de 2021 – fruit du travail de la ministre libérale du Développement économique et des Langues officielles de l’époque, Mélanie Joly – que le rôle du Secrétariat du Conseil du Trésor était désigné comme central, en ces termes :
«Le Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada élabore des règlements et des politiques concernant les communications avec le public et la prestation des services aux citoyens, la langue de travail et la participation équitable des francophones et des anglophones dans la fonction publique fédérale. Il assure également le respect de ces exigences.»
Est-ce que séparer les Langues officielles et l’Identité et la Culture canadiennes de votre côté ne laisse pas entendre que les deux dossiers n’ont aucun lien?
Je ne le vois pas de cette façon-là. Les Langues officielles est un dossier spécifique et [Pierre Poilievre] a nommé quelqu’un pour s’en occuper, comme il l’a fait dans le passé. Il ne le fait pas pour s’adapter au Cabinet Carney, mais parce que sa préoccupation est de protéger les deux langues officielles et de faire en sorte d’arrêter le déclin du français.
Regardez la liste des ministres d’État [du gouvernement de Mark Carney]. Moi, je pense que ça aurait dû être prioritaire de nommer un ministre dédié aux Langues officielles. La ministre d’État à la Nature, par exemple, alors qu’il y a un ministre de l’Environnement. C’est quoi un ministre d’État de la nature? Ça veut dire que c’est plus important ça que les langues officielles?
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Pourtant, confier les Langues officielles et l’Identité et la Culture canadienne à un francophone n’aurait-il pas envoyé un message fort à la francophonie?
Je ne le vois pas ainsi. Les Langues officielles [est] un moyen de communication [au Canada]. Après, c’est un dossier qui s’applique au niveau économique, au niveau culturel, ça s’applique à toutes les sauces.
Dans quelle mesure allez-vous travailler avec la ministre fantôme qui gère l’Identité et de la Culture canadiennes, Rachael Thomas?
Je n’ai pas d’affaires avec elle. Je suis responsable du portefeuille des Langues officielles, comme je l’étais avant, et je vais faire mes représentations auprès du ministre Guilbeault pour les langues officielles.
Je n’ai pas nécessairement besoin de travailler en accord avec Mme Thomas. Je ne relève pas d’elle.
Mais il y a 38 ministres dans le Cabinet des libéraux en incluant les secrétaires d’État et 73 chez les conservateurs. La différence est notable. Pourquoi autant de ministres au sein de votre parti?
Oui, mais il [faut prendre en compte le fait qu’il] y a des ministres associés, ce sont comme des secrétaires parlementaires.
Quels sont les premiers gestes que vous allez poser en tant que ministre fantôme des Langues officielles?
Je vais m’assurer que le gouvernement libéral procède au dépôt des décrets pour ce qui est des [sanctions administratives] que le commissaire aux langues officielles a le droit d’appliquer.
Ce décret aurait dû être déposé depuis longtemps après le dépôt de la Loi [sur les langues officielles, NDRL], en juin 2023.
Le deuxième décret pour la partie II de la Loi [est aussi à surveiller], et [je vais également] mettre de la pression pour qu’ils déposent les règlements le plus tôt possible. Et je vais suivre activement la nomination du prochain commissaire [aux langues officielles].
Mathieu Lacombe, le ministre de la Culture et des Communications du Québec a déposé un projet de loi sur la découvrabilité du contenu culturel francophone. Est-ce que le fédéral peut s’en inspirer?
C’est une bonne réflexion. Je suis d’accord avec le projet de loi du Québec, pour toute action qui est faite pour augmenter le contenu francophone. Mais je ne travaille pas pour le Québec, je travaille pour la langue française au Canada.
Je ne peux que féliciter les initiatives de chacune et chacun des provinces et territoires qui font en sorte d’avoir plus de contenu francophone.
Maintenant, prendre la démarche pour faire en sorte que les autres provinces et territoires puissent mettre en place ce genre d’initiative là, je vais les encourager, mais je ne ferai pas des pieds et des mains parce que je ne suis pas en position de pouvoir.
Les propos ont été réorganisés pour des raisons de longueur et de clarté.
Au début, l’algorithme de TikTok a mené la danse de la recherche.
Lors de la première séance, il a fallu ignorer des vidéos pendant une bonne trentaine de minutes avant de finalement tomber sur une vidéo d’information en français. Il s’agissait de la chaine française Infos Minutes. Radio-Canada est apparue presque tout de suite après.
Après plusieurs séances de furetage sur TikTok, d’autres chaines dites d’information se sont mises à apparaitre de temps à autre. Finalement, la recherche active de comptes a permis de dénicher un peu plus de contenu d’information en français, mais peu d’actualités.
Et non, le «vieux monsieur» qui approche la cinquantaine n’était pas si seul dans cet espace. Avec des extraits d’émissions de Stéphan Bureau, de QUB Radio et autres, il est clair que le public de TikTok ne compte pas seulement des jeunes de moins de 35 ans. Mais ceux-ci restent minoritaires, selon les récentes données de l’Académie de la transformation numérique de l’Université Laval.
Pêlemêle
Suivre l’actualité en français sur TikTok ne se fait pas sans efforts.
D’abord, beaucoup de contenu informationnel arrive de France. Radio-Canada assure une bonne présence sur TikTok, tout comme Le Devoir, TVA et Noovo. Il y a par contre un nombre inquiétant de comptes qui ne font que rediffuser les vidéos des chaines d’information, c’est-à-dire des contenus qui ne leur appartiennent pas.
Mais même après avoir essayé de «cultiver» un algorithme efficace, la fonction de vidéo aléatoire présente plus d’humoristes que d’actualités. TikTok continue de livrer ce qui fonctionne le plus pour nous garder sur la plateforme, pas nécessairement ce que nous cherchons. Le fil aléatoire n’est donc pas un idéal de découvrabilité de l’information.
Sans oublier que TikTok est une sorte de machine à voyager dans le passé très imprécise. Les dates des vidéos ne sont pas toujours bien indiquées. Il est difficile de savoir si l’information est récente ou non. Parfois, elle date de plus d’un mois.
Ce n’est pas une lubie de «vieille personne» que de vouloir situer une information dans le temps. La chronologie est importante pour suivre une situation qui évolue ou pour la situer dans son contexte.
Cela dit, il y a des producteurs de contenu plus spécialisés qui présentent une nouvelle, une information ou une analyse sous un angle différent. On tombe alors plus dans l’information lente, ce qui peut être une mauvaise chose.
Les francos sont là
La francophonie minoritaire canadienne est présente sur TikTok. L’Acadie en particulier, y a plusieurs chaines qui présentent entre autres des vidéos de «traduction» de mots typiquement acadiens. Il y a aussi des chaines en Ontario, mais plus rarement dans le reste du pays.
Le Courrier de la Nouvelle-Écosse et tout récemment l’Aurore boréale sont pour l’instant les seuls médias francophones en milieu minoritaire que nous avons trouvé qui maintiennent une présence active sur TikTok.
Qui ça?
Ce qui reste le plus difficile, c’est de déterminer le degré de crédibilité à accorder à une chaine. Surtout les premières fois que l’on tombe sur son contenu.
Quelle confiance peut-on accorder à un jeune qui parle d’impôts en se faisant couper les cheveux chez son barbier? Qu’est-ce qui garantit qu’il a les compétences nécessaires pour livrer ce type d’informations?
Est-ce que cette femme en blouse blanche qui parle de crise cardiaque est vraiment médecin comme elle l’affirme?
TikTok est un univers relativement différent des autres réseaux sociaux. Il faut y entrer avec l’esprit ouvert et son sens critique bien réveillé.
Il est plus facile de confirmer la crédibilité d’une personne quand une chaine fournit un lien vers un site Web externe. D’autres, par contre, existent seulement sur TikTok, ce qui complique la vérification de la notoriété.
Sans savoir qui parle, il est impossible de savoir si la personne a les compétences nécessaires pour être dignes de confiance dans le domaine qu’elle aborde.
La capacité d’identifier une source et de vérifier ses compétences est pourtant l’une des bases de la confiance en information. Un bon critère, peu importe l’âge de la personne qui s’aventure sur les médias sociaux.
TikTok n’est pas une plateforme d’actualités, mais on peut s’y informer. Les vidéos peuvent servir de porte d’entrée vers la recherche plus approfondie d’un sujet et mener vers les sites des médias reconnus pour la qualité de leur travail journalistique.
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Une place à l’ombre
Le mot d’ordre chez les médias est d’atteindre les consommateurs d’information là où ils se trouvent. Les jeunes de 18 à 34 ans, eux, se trouvent sur YouTube et TikTok.
Selon les données de l’Académie de la transformation numérique, 70 % des personnes de cette tranche d’âge visitent YouTube et 51 % utilisent TikTok.
Le défi reste important. TikTok ne favorise pas la découvrabilité des contenus médiatiques. Les jeunes font peu confiance aux médias traditionnels. Les codes de ces vidéos ne sont pas les mêmes.
De plus, ces réseaux construits pour donner toute la place au contenu de masse laissent peu d’espace aux petits médias. Ceux-ci doivent se faire remarquer – en 5 secondes – sans pour autant dénaturer leur ligne éditoriale.
En même temps, quel est l’avantage de donner notre contenu à une plateforme sur laquelle la monétisation est impossible au Canada? Est-il éthique de donner notre contenu à une plateforme qui exploite les biais cognitifs pour créer une dépendance?
Mais il s’agit d’une occasion de reconstruire la confiance dans les médias. La planche de salut est peut-être là. Si un créateur ou une créatrice de contenu peut arriver à inspirer la confiance de son auditoire au fil du temps, peut-être que les médias traditionnels peuvent y arriver aussi.
P.-S. Oui, Francopresse a maintenant un compte TikTok, mais il ne compte aucune vidéo pour l’instant.
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Un sondage [en anglais] d’Angus Reid, publié juste avant l’arrivée des souverains, affirmait que 83 % de Canadiens interrogés sont «indifférents» ou «ne s’intéressent pas» à la visite historique du monarque.
Les rues d’Ottawa semblaient démontrer l’inverse, les lundi 26 et mardi 27 mai.
Des milliers de Canadiennes et de Canadiens se sont massés derrière les barrières pour espérer voir le roi et la reine, après le discours du Trône, le 27 mai.
Les rues bondées depuis la veille n’ont pas empêché Shay Murray et Anna Swaan, deux étudiantes francophones de l’Ontario, de s’installer derrière les barrières dès 8 heures du matin lundi, pour apercevoir le roi Charles III et la reine Camilla, en visite dans la capitale canadienne.
Visite au cours de laquelle le souverain a lu le discours du Trône pour ouvrir la nouvelle session parlementaire. Une manière de réaffirmer la souveraineté du Canada face aux menaces répétées et concrétisées des États-Unis.
Les deux amies faisaient partie des milliers de Canadiens et de Canadiennes qui bordaient le chemin depuis l’édifice du Sénat jusqu’au Monument commémoratif de la guerre.
Ma mère l’a vu à Halifax, il y a plusieurs années. Elle m’a poussé, en disant qu’il n’y a probablement pas une autre chance dans ma vie de voir le roi. Ça dit tellement pour notre pays de voir toutes les personnes ensemble, de voir le roi et la reine. C’est vraiment symbolique à nous.
Ce sont bien les menaces étatsuniennes qui poussent les deux jeunes femmes à être présentes pour démontrer leur patriotisme. «Évidemment, s’il n’y avait pas toutes ces émotions négatives, ça ne sera pas si excitant», confie Anna Swaan.
Pour Shay Murray et Anna Swaan, deux étudiantes francophiles, la visite royale était «importante, surtout en ce moment».
Sur la question du peu d’affection souvent démontré par les francophones envers la royauté, Anna affirme qu’il y a «beaucoup d’histoire» à considérer pour comprendre «toutes les émotions» qui entourent la relation entre les francophones et le roi, faisant notamment référence à la déportation des Acadiens.
Mais je pense, juste quand tu regardes les situations qu’on a avec les États-Unis, que les Québécois et les francophones sont intéressés à l’idée d’unité. J’ai vu qu’il y a des personnes au Québec qui ont dit qu’ils préfèrent être Canadiens au lieu d’Américains!
Les francophones hors Québec seraient en outre moins enclins à totalement monter aux barricades lorsqu’il s’agit de royauté.
Avec son amie Shay, Anna espère que les menaces des États-Unis «ramènent les gens ensemble [au Canada, NDLR]».
Plus loin, une Franco-Ontarienne établie aux Mille-Îles, à la frontière avec les États-Unis, affirme que l’unité canadienne «passe avant tout».
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Si la francophonie a bien été évoquée dans le discours du Trône, lu par le roi Charles III ce 27 mai pour ouvrir la 45e législature du Parlement du Canada, elle ne l’a pas été «à égalité avec l’anglais», estime Geneviève Tellier, professeure à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa.
«Cela a pris du temps avant qu’on commence à parler en français. Habituellement, dans l’introduction, une phrase ou deux auraient pogné. Ça n’a pas été le cas. Le français du roi était bon, un peu rouillé. Peut-être que ça pourrait expliquer en partie la place du français», ajoute-t-elle.
Le discours du Trône, qui comprend le programme et les objectifs du gouvernement, ouvre une nouvelle session parlementaire.
Rédigé par le premier ministre, il est habituellement lu par la Gouverneure générale, qui est la représentante du roi au Canada.
Il a été prononcé pour la première par un souverain en 1957, par la reine Élisabeth II, au Sénat. Elle a réitéré l’exercice 20 ans plus tard, en 1977. Quarante-huit ans plus tard, c’est son fils, le roi Charles III, qui s’est prêté à l’exercice.
Le discours du Trône comportait un paragraphe sur la langue française, mais celle-ci a davantage été reliée à la culture québécoise.
«La langue française et la culture québécoise sont au cœur de l’identité canadienne. Elles définissent le pays que les Canadiens, les Canadiennes et moi aimons tant. Le Canada est un pays où l’on respecte et célèbre les langues officielles et les langues autochtones», a lu le roi Charles III, dans un français un peu hésitant, mais correct.
Le roi Charles III et de la reine consort Camilla à leur arrivée au Sénat pour la lecture du discours du Trône.
Le souverain a en outre rappelé que le gouvernement était déterminé à «protéger les institutions qui font rayonner ces cultures et cette identité […], comme CBC/Radio-Canada».
Un quart environ des 20 pages du discours ont été livrées en français. Malgré quelques références symboliques à la diversité du Canada du fait des langues officielles, des langues autochtones et de la multitude de peuples qui y ont immigré, la francophonie est restée à l’arrière-ban, particulièrement celle en situation linguistique minoritaire.
Une déception que ne masque pas le sénateur acadien René Cormier, plusieurs fois président du Comité sénatorial des Langues officielles, et défenseur de la langue française.
Ça ne témoigne pas de la présence et de la vitalité des communautés francophones et acadienne à travers le Canada. Et ça ne met pas de lumière sur cette réalité-là, qui est une vraie réalité, qui fait en sorte que si le français est parlé partout au pays, qu’on a des langues officielles, c’est bien aussi parce qu’il y a des communautés qui le parlent partout.
René Cormier a toutefois salué la présence du roi et la qualité de son français.
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Le souverain n’a jamais présenté d’excuses pour la déportation des Acadiens, ni pour les torts infligés à ce peuple par la Couronne britannique.
Le sénateur René Cormier affirme à cet égard : «Je ne crois pas que c’était le moment pour ça. Parce que c’est clair qu’il s’agissait dans ce cas-ci non pas de s’excuser, mais de célébrer cette espèce de mouvement actuel d’adhésion à une certaine identité canadienne.»
Dans son discours, le roi a également souligné «une admiration pour l’identité sans pareille du Canada», marquant ainsi une distinction entre le pays et son voisin du Sud.
Il a notamment mis de l’avant les racines «britanniques, françaises et autochtones» du Canada, devenu un «pays audacieux, ambitieux et novateur, qui est également bilingue, véritablement multiculturel et engagé dans la voie de la réconciliation».
Toutefois, le Canada n’est pas entièrement bilingue. Geneviève Tellier rappelle que les langues n’ont toujours pas la même égalité partout au pays.
On a l’impression que tant que ce n’est pas sur le radar québécois, ça devient secondaire. Puis on attend la catastrophe.
La politologue illustre cette «catastrophe» par les seuils d’immigration francophone hors Québec, que le gouvernement fédéral n’a atteints «qu’à la dernière minute», après avoir réduit ses cibles d’immigration générale.
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Pour elle, Mark Carney «ne démontre pas de sensibilité aux enjeux francophones hors Québec» : «Ça lui a été rapproché avec la disparition d’un ministre des Langues officielles. Il a corrigé le tir par la suite, mais c’est comme si à chaque fois il va falloir le rappeler à l’ordre. Il va très certainement y avoir un effort pédagogique assez soutenu à faire.»
Avec cette distinction, l’APCM souhaite saluer l’engagement de celui qui, depuis plus de 30 ans, fait rayonner la chanson franco-canadienne, notamment au micro de son émission Can-Rock : l’autoroute de la francophonie musicale canadienne.
Paul Demers était un auteur-compositeur-interprète franco-ontarien.
Le prix Bâtisseur Paul-Demers récompense une personne ayant eu une incidence durable sur l’industrie musicale par son travail et ses actions.
D’abord animateur de la discothèque mobile de ses parents, Marc Lalonde, dit «Lalonde des ondes», s’est lancé en autodidacte dans l’aventure Can-Rock en 1994, sur les ondes de CHUO FM, la radio de l’Université d’Ottawa. L’émission est aujourd’hui diffusée sur 16 stations membres de l’Alliance des radios communautaires du Canada (ARC).
Actuellement établi à Penetanguishene, en Ontario, Marc Lalonde collabore depuis plusieurs années avec l’APCM et a notamment contribué à l’élaboration du Gala Trille Or. Il revient sur ces trois décennies de chansons et de rencontres.
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Marc Lalonde : Je vais être honnête avec vous, j’ai été perplexe, dans le sens que ça m’a fait du bien; finalement on m’a reconnu à ma juste valeur, parce que ça fait 30 ans que je fais ça, avec pas une cenne dans les poches.
Mais de l’autre côté, j’étais un peu gêné, parce que la seule chose que je fais, c’est de parler d’artistes, de musiciens, puis de faire jouer leurs tounes.
Mais c’est sûr que ça fait du bien. Étant vraiment très passionné, je me demande tout le temps la même question que tout le monde se pose : «Est-ce que je vais laisser une trace? Est-ce que les gens vont se souvenir de moi?» Et puis ça, c’est une bonne façon de dire : «Bravo Marc, on apprécie ce que tu fais. Lâche pas.»
Chez nous, on avait une discothèque mobile et j’étais animateur. Je parlais aux gens et je les rencontrais. Ça me faisait du bien. Ç’a peut-être commencé là, mais ç’a pris du temps avant de germer comme il faut.
Après ça, quand j’ai fini mes études en cinéma à Saint-Jérôme [au nord de Montréal], je suis revenu en Ontario. Je voulais continuer à faire du cinéma ou quelque chose d’artistique. J’ai été faire de la télé communautaire à Rogers 23, à Ottawa.
Puis j’ai été invité par deux amis qui m’ont dit : «Ça te tente-tu de te joindre à une émission de cassettes de groupes de région?» J’ai dit : «Oui, sure.» Je suis arrivé au mois d’octobre, puis au mois de janvier, je me suis retrouvé tout seul.
J’avais dit à la directrice générale de CHUO de l’époque : «Je peux-tu l’essayer pour un mois, voir si j’aime ça?» Ça fait 30 ans que je le fais, donc I guess que j’aime ça.
Marc Lalonde a été honoré par l’APCM pour sa carrière consacrée à faire connaitre la musique francophone du Canada.
Lorsque j’étais à la télévision de Rogers, je faisais partie de l’équipe de l’émission Coup d’œil avec Denis Labrèche. J’ai fait des entrevues avec des artistes qui viennent en région, les groupes de l’époque : Notre-Dame, Les Parfaits Salauds, tout ça. C’est comme ça que mon gout s’est développé.
Pis à un moment donné, j’ai participé à un tournage extérieur pour le carnaval de Casselman. Puis là je me disais : «Man, où est-ce qu’ils sont ces artistes-là, toutes les Véronic DiCaire et compagnie qui chantent super bien? C’est l’fun, c’est intéressant, mais où ce qu’ils sont ces artistes?» C’est là que je me suis mis à travailler un peu là-dessus.
Puis à mesure que les années passaient, j’ai découvert qu’il y avait beaucoup de jeunes artistes franco-ontariens : Kif-Kif, Hardis Moussaillons, Paul Demers, Serge Monette avec son groupe.
J’ai commencé à faire des entrevues à la radio pour Can-Rock avec des artistes de l’Ontario français. Pis là je me disais : «C’est-tu juste l’Ontario français parce qu’on était à côté du Québec?»
Puis à un festival franco-ontarien, il y avait, entre autres, Michel Marchildon, des Acadiens, Suroît… Je me suis dit : «Ben crime, il y a des francophones en dehors du Québec qui font de la bonne musique en français.» Donc, j’ai commencé à les chercher.
J’ai été invité à donner un grain de sel pour les Trille Or. J’ai suggéré des choses en tant qu’animateur radio; ce que j’aime entendre, ce que je pense que les gens voulaient entendre et puis c’est comme ça que s’est développé les Trille Or.
C’est des milliards d’années-lumière de différence. Aujourd’hui, les jeunes sont tous équipés, ils s’entraident. Mais au début, c’était pas évident. Il fallait qu’ils aillent dans le studio, ça coutait cher.
Au début du Can-Rock, on recevait des nouveautés musicales une fois aux deux mois, trois mois peut-être.
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Je suis confiant, un petit peu, pas beaucoup. Ces derniers temps, on parlait beaucoup – à cause que Trump voulait envahir le Canada – de la culture francophone, la culture québécoise, au Québec… Oui, mais on est là [les francophones en milieu minoritaire], on est là, oubliez-nous pas!
Je suis confiant que oui, il y a des jeunes qui sont influencés par les Serge Monette, les Robert Paquette, les Céleste [Lévis] et les différents groupes d’aujourd’hui.
Les artistes qui vont dans les écoles aujourd’hui font une grosse part pour s’assurer d’un avenir possible de la musique franco-canadienne. C’est avec ces échanges-là qu’on va réussir peut-être à garder la communauté musicale franco-canadienne et à influencer les jeunes à faire de la musique en français. Je trouve ça super important.
C’est facile de faire de la musique en anglais, mais faire de la musique en français, c’est une prise de fierté, une prise de parole.
Ce sont les rencontres et les découvertes.
[Aux Trille Or], il va y avoir des vitrines qui vont être faites avec Reney Ray, Jessy Lindsay et bien d’autres. Il y a des artistes que je n’ai pas vus depuis longtemps. J’ai hâte de voir Jocelyne Baribeau, Marie-Véronique Bourque, qui a fait un superbe album inspiré de la nature avec Christine Tassan. Ces rencontres-là, c’est le fun.
Mais aussi, je remarque qu’en nomination au gala des Trille Or cette année, il y a plusieurs artistes que je ne connais pas. Donc moi, ce qui m’excite, c’est d’aller voir ces gens-là en spectacle, puis aller les rencontrer, échanger, les encourager à continuer à faire de la musique en français.
Les propos ont été réorganisés pour des raisons de longueur et de clarté.
Les célébrations Trille Or auront lieu du 27 au 29 mai 2025, au Centre national des Arts (CNA) et ses environs, à Ottawa.
Le gala principal de cette 13e édition se tiendra le 29 mai au Studio Azrieli du CNA. Comme en 2023, la cérémonie sera animée par Éric Robitaille, animateur radio à ICI Nord de l’Ontario/Radio-Canada.
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Parmi les artistes qui reviennent le plus souvent dans les nominations cette année, on retrouve Beau Nectar, Mclean, Mehdi Cayenne et Mimi O’Bonsawin.
La scène émergente n’est pas en reste avec Flora Luna, Jessy Lindsay, Kelly Bado, Fire & Smoke et Sophie Grenier, en lice pour la Révélation de l’année.
La catégorie Coup de cœur du public regroupe 25 artistes et groupes de tout le Canada.
Le conservateur acadien Chris d’Entremont a été vice-président de la Chambre de 2021 à 2024. Il a retiré sa candidature à la présidence à la dernière minute.
Comme le souhaite la tradition, le nouveau président de la Chambre a été escorté de force par les chefs des deux principaux partis, Andrew Scheer, leadeur de l’opposition officielle par intérim en attentant le retour de Pierre Poilievre, et le premier ministre Mark Carney.
Les deux candidats conservateurs ont créé la surprise en retirant leurs noms juste avant les discours. Il s’agit des députés d’Acadie–Annapolis, Chris D’Entremont – qui a déjà été vice-président – et John Nater, député ontarien de Perth–Wellington, qui faisaient partie de la liste des candidats diffusée la veille.
La raison n’avait pas encore été confirmée par le Parti conservateur du Canada au moment d’écrire ces lignes, mais des députés libéraux évoquent une stratégie pour s’assurer une voix de plus lors des votes en Chambre – le président ne peut pas voter, sauf en cas d’égalité des voix.
Francis Scarpaleggia est élu à la Chambre des Communes depuis 2004 sous la bannière libérale. Il a été président du caucus libéral pendant 10 ans, de 2011 à 2021, et a connu les banquettes de l’opposition et celles des députés du parti qui forme le gouvernement.
Le rôle de la présidence de la Chambre
Selon le site du Parlement, le président de la Chambre des communes «interprète et applique les règles et les usages de la Chambre, et veille au bon déroulement de ses travaux. Il assume également de nombreuses responsabilités administratives et diplomatiques.»
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Mark Carney a fait son entrée au Parlement comme nouveau député lundi.
Début de chahut
En guise de discours juste avant l’élection, Francis Scarpaleggia a lui affirmé qu’il «ne peut y avoir de véritable liberté sans ordre» : «Un débat constructif est essentiel à une démocratie solide.»
«À la fin d’un mandat, […] les choses sont un peu plus mouvementées. J’aimerais rappeler que nous ne sommes qu’au début d’un mandat, en espérant que vous allez me donner un peu de répit», a-t-il plaisanté, une fois élu.
Son collègue candidat déchu, Sean Casey, a de son côté affirmé qu’il aurait souhaité voir davantage d’expulsions de députés lors des dernières législatures. Des flèches décochées à l’intention de ses collègues conservateurs.
«Le décorum, la civilité et le respect de la présidence ont diminué rapidement au cours des dernières décennies […] Entre 2003 et 2017, aucun député ne s’est vu invité à quitter la Chambre sous l’autorité de la présidence», a-t-il précisé.
Il a souligné qu’au cours des huit dernières années, neuf députés ont été expulsés pour avoir refusé de présenter des excuses ou employer un langage non parlementaire.
Les six candidats ont tous souligné les incivilités qui ont régné par le passé. Le député libéral et candidat à la présidence, Robert Oliphant, a pour sa part affirmé qu’il était «parfois douloureux d’être ici» pour cette raison.
Les autres candidats, la vice-présidente sortante Alexandra Mendès et Greg Fergus, ont déjà eu l’expérience de la présidence depuis respectivement 2019 et 2023.
«Les Canadiens s’attendent à […] beaucoup plus de civilités que ce que nous le faisons. Personne ne devrait subir des attaques à son humanité dans cette Chambre», a affirmé Alexandra Mendès.
Tous les partis veulent collaborer
Après l’élection, toute la Chambre s’est levée lors du premier discours du premier ministre, Mark Carney, comme député.
J’ai beaucoup à apprendre des députés de cette Chambre. Je vais commettre des erreurs, mais je n’ai aucun doute que vous me les signalerez.
Andrew Scheer, leadeur parlementaire pour le Parti conservateur, a placé la confiance de son parti dans le nouveau président.
Le leadeur conservateur en Chambre, Andrew Scheer, a félicité le nouveau président avec humour : «Ce rôle, à l’époque [du roi, NDLR], ne correspondait probablement pas aux règles actuelles de santé et de sécurité […]. Les présidents étaient blâmés s’ils donnaient de mauvaises nouvelles. Plusieurs ont été assassinés…» a-t-il souligné, déclenchant des rires parmi les députés de tous bords.
Sur une note plus sérieuse, Andrew Scheer a réaffirmé la confiance de son parti accordée au nouveau président : «Vous vous retrouverez peut-être à devoir tenir tête à certaines figures d’autorité. Soutien et meilleurs vœux.»
Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a aussi souligné l’importance de collaborer : «Il faut reconstruire, je crois, un enthousiasme chez les électeurs […] Qu’ils votent pour l’avenir, pour quelque chose qu’ils souhaitent. Pour l’enthousiasme, plutôt que pour la peur.
[J’ai] l’impression qu’on a ce potentiel. Car ces dernières semaines, j’ai pu parler à plusieurs d’entre vous, j’ai senti déjà dans certaines discussions avec le premier ministre et des collègues conservateurs qu’on a la capacité d’un ton différent, seul chemin d’un respect regagné pour l’ensemble des membres de ce Parlement de la part des électeurs.
«Les Canadiens ont encore élu un gouvernement minoritaire : c’est un mandat clair pour une collaboration», a pour sa part avancé le chef intérimaire du Nouveau Parti démocratique (NPD), Don Davies.
Avec humour, la seule élue du Parti vert, Elizabeth May, s’est «engagée de ne pas faire de chahut au nom de tout le caucus du parti».
Un moment de silence a été observé en hommage à l’accident survenu au festival philippin de Lapu-Lapu, à Vancouver, en avril dernier.
Les vice-présidences seront connues cette semaine.
«Les milieux ruraux seront les plus pénalisés par la suppression des bureaux de poste», dénonce le président de l’Association francophone des municipalités du Nouveau‑Brunswick, Yvon Godin.
Le responsable craint l’émergence d’un système postal «à deux vitesses», avec les villes d’un côté et les campagnes de l’autre, «où les gens devront se déplacer sur de grandes distances pour aller chercher leur courrier».
Dans un rapport déposé le 15 mai, la Commission d’enquête sur les relations de travail chez Postes Canada recommande la levée des moratoires sur la fermeture des bureaux de poste ruraux et la conversion vers des boites postales communautaires.
Le commissaire William Kaplan conseille également l’élimination progressive de la livraison quotidienne du courrier à domicile aux adresses individuelles.
Le rapport découle d’une demande d’Ottawa faite lorsque le gouvernement a mis fin à la grève qui perturbait la livraison du courrier à l’approche des Fêtes, l’an dernier. Le gouvernement avait fait appel à la Commission fédérale des relations de travail et de l’emploi afin d’ordonner le retour des employés des postes au travail.
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Le rapport de la commission d’enquête sur les relations de travail examine la situation financière de Postes Canada. Selon William Kaplan, la société d’État fait face à une crise existentielle. Elle est insolvable ou en faillite, mentionne-t-il. «Sans changements réfléchis, mesurés, échelonnés, mais immédiats, sa situation financière continuera à se détériorer.»
Le PDG de Postes Canada, Doug Ettinger, a salué les recommandations du rapport. Elles arrivent à un «moment crucial», d’après lui, et offrent «une évaluation franche et directe» des défis.
Pendant ce temps, les négociations se poursuivent entre les négociateurs syndicaux et patronaux en vue de conclure un accord pour une nouvelle convention collective.
Le jeudi 22 mai, le syndicat des 55 000 travailleurs et travailleuses de Postes Canada a finalement opté pour une grève du temps supplémentaire afin de laisser davantage le temps aux négociateurs d’examiner les dernières offres patronales.
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«On se bat pour maintenir notre présence dans les zones rurales et éloignées, ce sont celles qui ont le plus besoin de nous. On les aide à maintenir une connexion avec le reste du pays», réagit la négociatrice pour le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) de Montréal, Anny Lesage.
«La Loi [sur la Société canadienne des postes] exige des livraisons tous les jours. On pense que la livraison doit être quotidienne et à la porte», affirme Anny Lesage du STTP.
À ses yeux, les compagnies privées «n’atteindront jamais les régions éloignées au même prix» que Postes Canada, qui est une société d’État.
Pour le professeur agrégé d’études sur le travail à l’Université du Manitoba, David Camfield, les bureaux de poste jouent également un «rôle social» essentiel : «Dans de nombreuses zones rurales, où la population est très dispersée, ce sont des espaces communautaires et la principale institution liée au gouvernement fédéral.»
«C’est important d’offrir des services de proximité aux personnes âgées qui habitent dans ces régions. Elles ne sont pas dans le monde informatique, elles ont besoin d’un bureau de poste», renchérit Yvon Godin.
Le professeur à l’École de gestion Sprott de l’Université Carleton, Ian Lee, juge aussi qu’Ottawa doit «continuer à assurer l’accès au courrier et aux colis dans les régions rurales et les réserves des Premières Nations où il n’y a pas d’entreprises privées capables de prendre le relai.»
«Postes Canada est insolvable, elle doit réduire ses effectifs et restructurer ses activités en se concentrant sur les communautés rurales et éloignées qui n’ont pas d’alternative», déclare-t-il.
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En revanche, Ian Lee considère que des «franchises rurales de Postes Canada, installées dans de petites épiceries ou pharmacies», doivent remplacer à terme les boites postales communautaires et les bureaux de poste détenus et gérés par la société de la Couronne.
Yvon Godin de l’Association francophone des municipalités du Nouveau‑Brunswick craint une baisse de la qualité des services postaux disponibles dans les régions rurales.
«Ce modèle coutera moins cher. Les habitants iront chercher leur courrier au bureau de poste de la franchise où ils se rendent de toute façon pour acheter leur nourriture ou leurs médicaments», avance-t-il.
Yvon Godin ne se montre pas totalement opposé à cette idée de points de service dans des entreprises : «Ça peut être envisageable pour être plus rentable et compétitif. Ce qu’il faut, c’est absolument trouver des solutions innovantes sans nuire aux employés.»
Pour engranger des revenus supplémentaires, Anny Lesage plaide plutôt en faveur d’un «élargissement et d’une diversification de la gamme de services» qu’offre Postes Canada dans les communautés rurales et éloignées.
Elle mentionne notamment la création d’un bureau de poste de type carrefour communautaire à Membertou, en Nouvelle-Écosse, en partenariat avec la Première Nation mi’kmaq locale.
Location de salles de réunion, accès à Internet sans fil, à des ordinateurs, autant de services qui «aident les gens à se rassembler», selon Anny Lesage.
La négociatrice cite par ailleurs la France en exemple. Depuis 2015, les facteurs de l’Hexagone se rendent chez les ainés isolés, même sans courrier, afin de s’assurer qu’ils se portent bien.
«C’est une forme de soutien à la population que l’on pourrait implanter chez nous, soutient-elle. On pourrait aussi imaginer que les facteurs livrent des produits d’épicerie à domicile.»
Le professeur à l’Université du Manitoba, David Camfield, défend une «expansion et une diversification des services» qu’offre Postes Canada aux communautés rurales et éloignées.
Anny Lesage évoque enfin l’option des services bancaires. Postes Canada a lancé cette année un projet pilote, MonArgent, un compte d’épargne et de dépenses destiné aux Canadiennes et Canadiens mal desservis.
«Bon nombre de personnes en région rurale ou éloignée sont confrontées à des obstacles systémiques pour l’accès à des services financiers. Il y a donc une demande en dehors du système bancaire traditionnel», assure-t-elle.
Le commissaire William Kaplan juge néanmoins toutes ces propositions du STTP «irréalistes». «À mon avis, compte tenu de la crise financière, Postes Canada doit se concentrer sur la sauvegarde de son activité principale et non sur l’offre de nouveaux services», écrit-il dans son rapport.
Au Manitoba, David Camfield estime pour sa part que le débat actuel «devrait être lié à une redéfinition de la société d’État en tant que service public». «Postes Canada fournit des services vitaux auxquels tous les habitants du pays devraient avoir accès.»
Steven Guilbeault dit avoir déjà pris en compte le dossier du règlement d’application de la Loi sur les langues officielles.
À deux pas de la salle de réunion des libéraux, un Steven Guilbeault pressé a affirmé à Francopresse, dimanche, qu’il «travaillait rapidement» sur les décrets nécessaires pour appliquer la Loi sur les langues officielles, adoptée il y a maintenant deux ans.
«J’ai déjà parlé avec les fonctionnaires, avec l’équipe. Je veux que ça aille très rapidement parce que ça fait quand même un bout de temps et Ginette Petitpas Taylor [ex-ministre des Langues officielles sous laquelle la Loi modernisée a été adoptée, NDLR] a fait beaucoup de travail. Je ne peux pas vous donner de date, mais ça s’en vient», dit le ministre responsable des Langues officielles.
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Les premiers gestes de Carney…
Mark Carney a répété que le premier geste portera sur un projet de loi qui fera baisser les impôts pour la classe moyenne canadienne.
La semaine précédente, le gouvernement Carney s’était attiré les foudres des différents partis d’opposition pour avoir signalé qu’aucun budget complet ne serait présenté en 2025, seulement une mise à jour économique à l’automne. Le premier ministre a rétropédalé quelque jour plus tard, annonçant un budget cet automne.
Le directeur parlementaire du budget avait affirmé, début mars, avant l’élection de Mark Carney, que si «les politiques actuelles sont maintenues» il prévoyait «46,8 milliards de dollars de déficit budgétaire».
Le Parlement fera une session-éclair entre le 26 mai et le 20 juin.
«Notre gouvernement a été élu pour ne rien faire de moins que définir une nouvelle relation économique et sécuritaire avec les États-Unis et construire la meilleure économie qui fonctionne pour tout le monde», a déclaré le premier ministre devant ses députés et les journalistes.
Une autre «législation immédiate», selon le premier ministre, sera introduite au Parlement dans les prochaines semaines pour mettre en œuvre des «projets d’intérêt national» et pour «éliminer toutes les barrières fédérales pour les traités libres au Canada».
Les libéraux veulent aussi légiférer concernant le Code pénal à l’égard de «ceux qui menacent la sécurité des Canadiens en rendant plus difficile l’obtention d’une caution» pour certains délits ou crimes.
«Dans toutes nos actions, nous serons guidés par une nouvelle discipline fiscale. Notre gouvernement va dépenser moins pour que les Canadiens puissent investir plus», a affirmé le premier ministre.
Contrairement aux conservateurs il y a deux semaines, les députés libéraux ne se sont pas donné le droit de déloger leur chef par un vote interne s’ils sont insatisfaits de son travail.
Au début d’une nouvelle législature, tous les partis peuvent se donner cette option en raison de la Loi de 2014 instituant des réformes.
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Les objectifs des conservateurs
Côté conservateur, le chef Pierre Poilievre a aussi mentionné le durcissement du Code pénal pour alourdir plusieurs types de peines de prison comme l’un de ses objectifs pour les quatre prochaines semaines.
La priorité des conservateurs reste toutefois la présentation d’un budget, qu’ils veulent voir bien avant l’automne. Selon le ministre du cabinet fantôme pour le Revenu, Gérard Deltell, les conservateurs sont «prêts à travailler cet été» pour qu’un budget voie le jour.
Pierre Poilievre a réaffirmé qu’il était prêt à aider le gouvernement à éteindre les tensions commerciales avec les États-Unis tout en se concentrant pour équilibrer l’économie canadienne.
Accélérer la construction des logements et contrôler l’immigration font aussi partie des objectifs du prochain mois.
Le Parlement reprend ce lundi 26 mai, avec l’élection de la présidence de la Chambre des Communes, suivie le lendemain du discours du Trône, qui sera lu par le roi Charles III.
«En consultant les comparutions à l’audience publique à ce jour, ce qui ressort de manière particulièrement préoccupante est l’absence quasi totale de considération visant les communautés francophones en situation minoritaire dans les échanges», a lâché la directrice générale de l’Association des producteurs francophones du Canada (APFC), Carol Ann Pilon, lors d’une audience publique du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) le 23 mai.
Le CRTC tient présentement des audiences publiques sur la définition du contenu canadien. L’APFC en a profité pour sonner l’alarme sur la production de contenu francophone, en particulier celui conçu pour la jeunesse.
Sur les 65 comparutions depuis le début des audiences, l’APFC est le deuxième organisme francophone en milieu minoritaire à être entendue, après l’Office des télécommunications éducatives de langue française de l’Ontario. CBC/Radio-Canada est à l’horaire le lundi 26 mai.
Mme Pilon dit avoir noté qu’une grande partie des entreprises accueillies par le CRTC jusqu’à présent ont demandé des «allègements considérables, une souplesse presque illimitée, allant jusqu’à l’exemption totale d’obligations de contribution en programmation canadienne et de laisser dicter les forces du marché dans lesquelles elles opèrent au Canada».
Pour protéger le contenu francophone, l’APFC demande au contraire plus de règlementation.
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«Vouée à disparaitre»
«Les entreprises étrangères tournent leur contenu au Canada parce qu’elles y tirent des avantages financiers : crédits d’impôt, valeur du dollar canadien, expertise des équipes entre autres», énumère Carol Ann Pilon devant le CRTC. Selon elle, pas besoin de règlementer dans ce secteur, «les forces du marché» sont activées.
Carol Ann Pilon est directrice générale de l’Association des producteurs francophones du Canada.
«Par contre, poursuit-elle, la programmation canadienne originale de langue française produite par les producteurs des CLOSM a besoin d’une intervention règlementaire sans quoi elle sera certainement vouée à disparaitre.»
Lors de son intervention, la directrice générale a beaucoup insisté sur la production indépendante de contenu francophone en milieu minoritaire, dont la protection passe par des outils comme des obligations de dépenses en émissions canadiennes. Ce n’est pas la première fois que l’APFC le demande.
Plus précisément, l’organisme implore au CRTC d’imposer à toutes les entreprises de télédiffusion des exigences minimales et contraignantes en matière de dépense de programmation originale de première diffusion, en langue française, produite par et pour les communautés de langue officielle en situation minoritaire.
Dans le cas des entreprises qui ne pourraient pas le faire, l’APFC demande une contribution équivalente versée dans des fonds qui soutiennent la création de tel contenu francophone.
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Les jeunes et l’anglais
En 2024-2025, le contenu jeunesse produit en français à l’extérieur du Québec était à son plus bas, annonce Mme Pilon. Soutenu par le Fonds des médias du Canada, ce contenu représentait 23 % des projets effectués par les communautés francophones en situation minoritaire, selon les chiffres de l’APFC présentés au CRTC.
En comparaison, le contenu jeunesse était à son plus élevé en 2018-2019, avec 37 % des projets effectués.
«La jeunesse, en commençant par la petite enfance, est exposée à des contenus de langue anglaise dans nos communautés très très très tôt», rappelle Carol Ann Pilon. Pour rejoindre les jeunes, mais aussi les publics de manière générale, elle explique que les contenus doivent être accessibles où se trouvent les publics : sur les plateformes numériques.
Dans un document déposé auprès du CRTC dans le cadre de ces audiences publiques, l’APFC écrivait que les documentaires sont, eux aussi, «considérablement menacés».
Dans le cadre des audiences publiques, le CRTC entend divers acteurs du secteur de la production et de la diffusion. De nombreuses propositions sont formulées afin de définir et de réguler le «contenu canadien».
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