L’échec des institutions fédérales à respecter leurs obligations linguistiques se reflète dans le rapport annuel 2024-2025 du Commissariat aux langues officielles.
L’exemple le plus frappant est donné d’entrée de jeu. Des cinq recommandations du commissaire sur la mise en œuvre de l’article 91 de la Loi sur les langues officielles (LLO) – qui précise les exigences linguistiques pour l’embauche de personnel au gouvernement fédéral – aucune n’a été entièrement mise en œuvre.
Sur les cinq, quatre l’ont été partiellement et l’une pas du tout, relève le commissaire, Raymond Théberge.
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«Présentement, on donne beaucoup de marges de manœuvre aux institutions fédérales pour la mise en œuvre de la loi, en particulier la partie VII [Promotion du français et de l’anglais, NDLR]», a affirmé le commissaire en conférence de presse, mardi.
En outre, le commissaire met en évidence l’échec du Secrétariat du Conseil du Trésor concernant sa reddition de compte. Celle-ci «vise à refléter les nouvelles obligations de la Loi», précise le rapport. Selon le Commissariat, il s’agit plutôt d’un «document de référence».
J’aimerais voir le Secrétariat assumer pleinement un rôle de coordination et donner un cadre plus précis aux institutions fédérales, tout particulièrement en ce qui concerne leurs obligations découlant de la partie VII.
L’intégration de l’intelligence artificielle (IA) dans la fonction publique est un autre échec souligné dans le rapport. L’an dernier, le Secrétariat du Conseil du Trésor avait lancé des consultations sur le rôle de l’IA au sein de la fonction publique, notamment sur l’élaboration des outils de traduction des deux langues officielles et sur l’importance d’avoir une «vérification humaine» dans l’avancement de ces outils.
Mais cette année, Raymond Théberge déplore ne pas avoir obtenu de réponse sur les réflexions et recommandations qu’il a émises au Secrétariat du Conseil du Trésor, lorsque le ministère a lancé ses consultations sur la manière d’utiliser l’intelligence artificielle au sein de la fonction publique, en octobre 2024.
Le commissaire fait aussi plusieurs rappels dans son rapport, notamment à destination des «hauts dirigeants» et des «gestionnaires immédiats» au sein de la fonction publique, concernant le choix de la langue de travail de leurs employés.
Les personnes employées dans les régions désignées bilingues ont le droit de travailler dans la langue officielle de leur choix, sans égard à la désignation linguistique de leur poste.
Le 20 juin 2025, ce droit sera reconnu aux yeux de la Loi modernisée.
Toujours au sein de la fonction publique, le niveau linguistique exigé est désormais plus élevé – il passe de BBB à CBC, selon le jargon gouvernemental.
De fait, la troisième recommandation de ce rapport laisse un an au Secrétariat du Conseil du Trésor pour établir un «mécanisme de surveillance auprès des institutions fédérales» pour protéger les droits linguistiques des employés de la fonction publique dans les régions désignées bilingues.
Le Commissaire anticipe que la mise en œuvre du droit de travailler dans sa langue se fera en fonction du «leadeurship dans chaque institution fédérale». Les «exceptions prévues par le Secrétariat du Conseil du Trésor vont en limiter l’application» de ce droit, écrit-il.
En conférence de presse, le commissaire appuie le fait qu’il y a «beaucoup trop de latitude» au sein des ministères canadiens, mais nuance que le leadeurship ne vient pas «d’une seule personne».
Il a souligné à plusieurs reprises le rôle «extrêmement important» du Conseil du trésor pour guider les institutions fédérales et les informer adéquatement sur les droits et obligations de leurs employés.
La toute dernière recommandation du rapport demande aux administrateurs du gouvernement de «prendre les mesures nécessaires» pour éviter que les réductions budgétaires qui affectent la fonction publique depuis plusieurs mois ne nuisent aux obligations en matière de langues officielles.
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Le commissaire voit d’un œil positif les 700 bureaux désignés bilingues au sein de la fonction publique qui devraient être mis en place d’ici 2027 à travers le pays.
«Jumelée à une offre active, la présence de ces points de services bilingues entrainera des effets positifs sur la vitalité des communautés de langue officielle en situation minoritaire. Les institutions devront donc s’assurer de disposer du personnel adéquat pour dispenser des services de qualité égale dans les deux langues officielles», conclut le commissaire, dans le rapport.
Autre point négatif souligné par le commissaire : une partie de ses nouveaux pouvoirs sont bloqués par l’attente des règlements qui dicteront l’application de la Loi sur les langues officielles, adoptée en juin 2023.
Le plus attendu concerne le pouvoir d’imposer des sanctions administratives pécuniaires. Pour l’instant, aucune date n’a été fixée pour le dépôt des règlements. Dans son rapport, le commissaire précise que «le pouvoir d’imposer une sanction constitue un dernier recours».
Il attend aussi le règlement sur la capacité du commissaire à livrer des ordonnances concernant la partie de la loi qui porte sur la promotion de l’anglais et du français.
Actuellement, il peut toutefois prendre des ordonnances sur deux parties de la Loi : les communications avec le public et la prestation des services et la langue de travail, pour obliger les institutions fédérales à respecter leurs obligations.
Le commissaire attend également patiemment le règlement qui lui donnera les «outils adéquats» qui lui permettront de sévir contre les entreprises privées de compétence fédérale, comme Air Canada.
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Le rapport met de l’avant le cas particulier de la Commission sur l’état d’urgence, qui avait le mandat d’évaluer le recours à l’état d’urgence à Ottawa en 2022.
Selon le commissaire, la Commission n’a pas respecté ses obligations envers les langues officielles en raison des retards dans la transcription en français de témoignages reçus en anglais. En outre, certaines preuves fournies en anglais par les institutions fédérales n’ont jamais été traduites en français.
Les anglophones ont été aussi mal desservis, puisqu’il n’y a pas eu de traduction en anglais de témoignages entendus en français.
Le commissaire conclut toutefois que les plaintes visant le Bureau du conseil privé – autrement dit le bureau du premier ministre – dans le cadre de la Commission sur l’état d’urgence ne sont pas fondées. Le Bureau a bel et bien un rôle de rappel des règles concernant les langues officielles, mais il n’a pas de rôle actif. Il «agissait à titre de conseiller de la Commission», peut-on lire dans le rapport annuel.
Il conclut qu’«il est impératif que le Bureau du Conseil privé soit considéré comme imputable de ces institutions temporaires et qu’il mette en œuvre des changements majeurs afin que cesse ce genre de situation déplorable».
Sa première recommandation vise donc le Bureau du conseil privé, pour que ce dernier assure un «soutien indépendant aux commissions d’enquête», concernant entre autres leurs obligations en matière de langues officielles. Il donne jusqu’au 30 juin 2026 au Bureau pour fournir un plan de mise en œuvre.
De son côté, le Comité permanent des langues officielles de la Chambre des Communes a jusqu’au 30 juin 2027 pour identifier les défis des commissions temporaires pour respecter la LLO.
Ressources naturelles Canada prévoit qu’en juillet, «le risque élevé d’incendie devrait s’étendre à l’ensemble de l’Ouest canadien, le risque le plus important étant attendu dans le sud de la Colombie-Britannique», indique le gouvernement fédéral dans un communiqué.
La région de Yellowknife, au centre des Territoires du Nord-Ouest, sera également à surveiller. L’est du pays devrait voir des conditions météorologiques plus près des normales.
Même s’il est encore tôt pour l’affirmer avec certitude, les risques d’incendie devraient demeurer très élevés en aout. L’Ouest et le sud de la Colombie-Britannique, incluant l’ile de Vancouver, resteront les régions les plus à risque.
Le centre des Territoires du Nord-Ouest et le sud de la Colombie-Britannique seront à surveiller en juillet en raison des risques d’incendie.
Selon les données de diverses agences de surveillance du gouvernement compilées par Ressources naturelles Canada, La Colombie-Britannique, le Yukon et l’est du pays, pour leur part, ont affiché des températures plus près de la normale au mois de mai.
Par contre, l’Alberta, la Saskatchewan, le Manitoba et l’ouest de l’Ontario ont connu des températures plus élevées que la moyenne au mois de mai.
Entre les mois de mars et mai, ces mêmes régions ont aussi reçu beaucoup moins de précipitations que la moyenne. Par exemple, le centre-est de la Saskatchewan a reçu jusqu’à 70 % de pluie en moins.
Pendant la même période, la moitié est de l’Ontario, le Québec et les provinces atlantiques ont enregistré un peu plus de précipitations que la moyenne, réduisant les risques d’incendie pour le début de l’été.
Finalement, la probabilité que tout le pays voit des températures supérieures à la moyenne en juin, juillet et aout demeure extrêmement élevée.
Quant aux probabilités de pluie, elles restent très largement inférieures à la moyenne dans l’Ouest et en Nouvelle-Écosse.
Le risque d’incendie restera important jusqu’en aout pour tout le sud de l’Ouest canadien.
En conférence de presse, la ministre de la Gestion des urgences et de la Résilience des communautés, Eleanor Olszewski, a rappelé qu’en date du 16 juin, 224 incendies de forêt étaient actifs au Canada. Parmi ceux-ci, 94 étaient hors de contrôle.
Le Canada est au niveau national de préparation 5, ce qui veut dire que toutes les ressources humaines et matérielles du pays sont engagées dans la lutte contre les incendies. Il y a également 221 combattants provenant d’autres pays qui appuient les pompiers forestiers canadiens.
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Eleanor Olszewski confirme que la Charte de Kananaskis sur les incendies de forêt sera présentée par le Canada à la réunion des sept grandes économies mondiales (G7), qui a lieu en Alberta du 15 au 17 juin.
«Le Canada mènera la marche pour la gestion des incendies de forêt au niveau international. Ça inclut la réduction des risques, le niveau de préparation, la réponse et la restauration. Les membres du G7 ont accepté le principe de cette charte», a déclaré la ministre.
Puisque la fumée traverse les frontières et que les ressources de chaque pays sont limitées, la collaboration dans la lutte contre les incendies de forêt, dans un monde de plus en plus chaud, devient cruciale. «Les incendies de forêt sont une responsabilité internationale», affirme la ministre.
Le 28 mai, la députée du Nouveau Parti démocratique (NPD) du Nunavut, Lori Idlout, a demandé un débat d’urgence au président de la Chambre fraichement nommé, Francis Scarpaleggia, sur l’annulation pendant la campagne électorale d’un programme de bons alimentaires chapeauté par l’Initiative : Les enfants inuits d’abord (IEIA), créée en vertu du principe de Jordan.
Selon l’Encyclopédie canadienne, qu’il s’agit du «principe de l’enfant d’abord, qui garantit que les enfants des Premières Nations peuvent avoir accès aux mêmes services que les autres enfants du Canada».
Le principe de Jordan doit son nom à Jordan River Anderson, un enfant cri décédé à l’âge de 5 ans après avoir attendu d’être approuvé pour des soins à domicile depuis l’âge de 2 ans. Ces soins ne sont jamais arrivés «en raison d’un différend financier entre le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial».
Lori Idlout a demandé une rencontre avec le président de la Chambre des Communes, Francis Scarpaleggia, pour aborder le sujet, mais le 10 juin, la députée affirmait ne pas avoir eu de réponse.
Si l’IEIA a été prolongée d’un an en mars 2025, le programme de bons a quant à lui été coupé par les libéraux en avril, sans explication.
Il s’agissait d’une aide de 500 $ par mois pour les jeunes de 18 ans et moins, avec un supplément de 250 $ pour ceux âgés de moins de trois ans. Le programme permettait de nourrir plus de 15 000 enfants autochtones au Nunavut, dans le Nord du Québec, à Terre-Neuve-et-Labrador et au Manitoba.
«Ceux-ci risquent maintenant la famine», a dénoncé la députée Lori Idlout, en Chambre.
Interrogée par Francopresse, la ministre des Services aux Autochtones, Mandy Gull-Masty, affirme avoir entendu les déclarations de la députée Idlout.
«C’est un programme essentiel pour les familles du Nord. C’est l’un des programmes que nous sommes en train d’analyser pour voir comment on peut le réimplémenter. C’est l’un des travaux prioritaires de mon bureau», assure-t-elle.
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«C’est une question importante et vitale», a admis le président Francis Scarpaleggia en Chambre, tout en justifiant son refus de tenir un débat d’urgence en affirmant que tous les critères n’étaient «pas tous» réunis.
Dans une réponse par courriel à Francopresse, Lori Idlout ne cache pas sa colère.
Il est absolument honteux que le fait d’affamer les enfants autochtones ne soit pas une question d’urgence nationale. Ce gouvernement refuse de revenir sur les coupes qu’il a effectuées dans les services dont dépendent les enfants et les familles autochtones.
Joint par courriel par Francopresse, le bureau du président de la Chambre, de son côté, rappelle que «la présidence approuve ou refuse les demandes sans avoir à donner de justification», et ce, même si l’article 52 du Règlement donne, entre autres, des directives quant aux critères selon lesquels la présidence peut évaluer une demande.
Le président doit notamment déterminer s’il s’agit d’une urgence qui ne pourrait être évaluée par d’autres moyens ou qui a déjà été soumise à la Chambre.
Selon une des anciennes vice-présidentes de la Chambre des communes et ex-députée du NPD, Carol Hughes, désormais retraitée, le fait que la demande de Lori Idlout a été présentée sous le prisme du principe de Jordan a certainement pesé dans le choix du président Scarpaleggia.
Le président de la Chambre des Communes, Francis Scarpaleggia, n’a pas l’obligation de justifier ses décisions en Chambre.
«La députée Idlout a lié les deux, explique Carol Hugues. Ça se peut que le président s’est penché sur le fait que le principe de Jordan avait déjà été abordé [en Chambre] et aurait pu être abordé pendant d’autres discussions.»
Le règlement rappelle que la «motion d’ajournement de la Chambre en vue d’un débat d’urgence ne saurait relancer, d’une part, la discussion sur une question qui a déjà fait l’objet de pareils débats au cours de la même session».
Toutefois, aucune question sur le principe de Jordan n’a été évoquée pendant la session actuelle. Mais la règlementation parlementaire, dit le bureau de la présidence, rappelle que «des demandes de débat sur des situations chroniques ont été rejetées» par le passé.
Dans sa lettre au président de la Chambre, Lori Idlout avance que le gouvernement fédéral ne respecte pas le principe de Jordan, et ce, de façon «chronique». La députée demande au gouvernement canadien de se conformer à l’ordonnance du Tribunal canadien des droits de la personne sur le respect de ce principe.
La réglementation affirme que des référence à un tribunal ou à des groupes de personnes se sont également vus rejetés par la présidence.
Geneviève Tellier, professeure à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa, est aussi d’avis que «la question autochtone de l’alimentation, ce n’est pas une nouvelle, c’est quelque chose qu’on sait depuis longtemps».
Si elle voit le sujet de la crise alimentaire qui touche les enfants inuit comme «très problématique, est-ce que ça demande un débat d’urgence?»
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Alors que le gouvernement libéral de Mark Carney tente de faire passer des projets de loi musclés le plus rapidement possible pour la baisse des impôts, la défense, le renforcement à la frontière des États-Unis et un resserrement de l’immigration, le professeur agrégé de science politique à l’Université d’Ottawa, François Rocher, estime que l’agenda parlementaire presse les députés.
Qu’est-ce qui constitue une urgence, demande-t-il?
Le gouvernement a établi comme priorité l’élimination des barrières commerciales internes au Canada. Dans le contexte actuel, on peut considérer que c’est très urgent aussi. En fait, c’est une question de point de vue.
Il affirme également que la députée aurait pu interroger la ministre responsable ou un comité spécial aurait pu être créé pour se pencher sur la question. «Non, elle a demandé que les travaux de la Chambre soient suspendus pendant au moins une centaine d’heures. […] On peut penser que les conservateurs auraient trouvé là une belle occasion de faire dérailler l’agenda du premier ministre.»
Si Carol Hugues admet que «madame Idlout pourrait approcher les autres partis pour demander de faire un débat exploratoire à la place», elle réfute toutefois l’argument de l’agenda parlementaire serré.
«J’espère que ça n’a pas pesé dans la décision, parce que la décision sur chaque enjeu qui est porté devant la Chambre pour une demande de débat d’urgence ou de débat exploratoire devrait être faite sur les initiatives mises de l’avant, pas sur l’agenda.»
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Dans un communiqué de presse de la fin mai, l’organisme Democracy Watch Canada suggère d’élire une présidence de la Chambre des communes qui ne serait pas issue des députés.
Democracy Watch appelle les dirigeants des partis fédéraux à «tirer les leçons des décisions controversées prises par le passé par les présidents de la Chambre des communes».
L’organisme propose la sélection de la présidence via un «comité indépendant, [qui] ait effectué une recherche publique, basée sur le mérite, d’une liste restreinte de candidats qualifiés ayant une expertise en matière de règles et de procédures parlementaires».
Une suggestion remise en question par le professeur François Rocher : «Donc, si le président n’est pas de la Chambre des communes, on va suivre quel processus pour le démettre de ses fonctions?»
Geneviève Tellier pose aussi des limites : «Ça pose des problèmes en termes de souveraineté du Parlement, qui est libre de faire son choix.»
«Il y a encore beaucoup de personnes ainées qui ont de la difficulté à sortir du placard, à s’afficher. Il y a des cheminements de vie qu’on ne voit pas autant chez les plus jeunes», remarque Michel Tremblay, directeur général de la Fédération des ainés et retraités francophones de l’Ontario (FARFO).
«Il faut savoir qu’il y a eu une période où c’était illégal, criminel, au Canada, d’être homosexuel. En 1968, la loi a changé.» Il évoque aussi la crise du sida dans les années 1980 et 1990; autant d’épreuves qui ont marqué le parcours des ainés et ainées francophones 2ELGBTQI+*. Un parcours toujours semé d’embuches.
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Pierre Soucy siège au conseil d’administration du Comité FrancoQueer de l’Ouest (CFQO). L’un des éléments qui l’ont poussé à s’engager, c’est l’absence de personnes ainées au sein de l’organisme. «Ce que j’avais observé en visitant le site Web du CFQO, c’est que les gens de mon âge n’étaient pas très visibles.»
«C’est pas facile d’aller chercher les ainés francophones queers, conçoit-il. Parce qu’il y a de grosses craintes dans cette population-là d’être visibles.»
Je fais partie d’une triple minorité : comme francophone en Colombie-Britannique, comme homme gay et comme homme francophone âgé. Notre communauté, si je rassemble ces trois qualificatifs-là, on n’est pas nombreux, et puis on est éparpillé.
Pour répondre à cette réalité, le CFQO organise beaucoup d’activités en ligne, même si rejoindre les ainés de cette façon reste un défi. Selon son directeur général, Martin Bouchard, l’organisme ne demande pas de subventions pour ce type d’initiatives, «peut-être parce que les opportunités de financement ne visent pas non plus [cette population]».
En Ontario, l’organisme FrancoQueer mène actuellement une étude pour évaluer les besoins des francophones 2ELGBTQI+ de 50 ans et plus à Toronto.
Le principal défi identifié jusqu’alors reste l’isolement, causé notamment par «l’âgisme dans les milieux arc-en-ciel, la queerphobie et le cis-hétéro-sexisme dans les milieux pour personnes âgées», énumère l’agent·e de recherche, sensibilisation et formation auprès de l’association, Élisabeth Bruins.
«On sait aussi que les personnes 2ELGBTQI+ sont plus susceptibles d’avoir vécu des ruptures avec leurs réseaux sociaux, leurs familles, ajoute-t-elle. Plusieurs de cette génération ont perdu des proches pendant la crise du VIH. […] Passer des années à se protéger, à cacher son identité, ça a des séquelles.»
Participer à des activités communautaires comme aller à des projections de films, ce n’est pas suffisant pour briser son isolement. Ça prend des relations sociales.
En partenariat avec FrancoQueer, la Fédération des ainés et des retraités francophones de l’Ontario (FARFO) a lancé le Réseau Vivre+ Fierté, pour réunir les francophones 2ELGBTQI+* de Toronto.
«On veut créer un groupe qui se rencontre régulièrement, qui va finir par se connaitre et créer des amitiés, pour que les membres de la communauté puissent avoir quelqu’un d’autre à qui se confier et sur qui compter», explique l’animateur du Réseau, Normand Babin.
«Souvent, ces gens-là sont célibataires, ils n’ont pas de conjoint, ils n’ont pas d’enfant, donc ils se retrouvent assez isolés.»
Le réseau, qui compte déjà une trentaine de membres à Toronto, organise un cocktail intergénérationnel à l’occasion du mois de la Fierté. Il propose aussi des clubs de lecture, des visites, des piqueniques ou encore des ateliers de dessin.
L’isolement s’accentue lorsque vient le temps d’accéder à des soins de santé adaptés.
«Si elles ne peuvent pas compter sur les professionnels ni sur leurs proches, ça fait en sorte qu’il y a beaucoup de personnes âgées arc-en-ciel qui n’ont pas accès aux soins dont elles ont besoin», alerte Élisabeth Bruins.
Certaines personnes se tournent vers des établissements anglophones, faute de trouver des services à la fois en français et inclusifs.
«Ici à Toronto, il y a le Centre Rekai [anglophone, NDRL], un des rares foyers au Canada qui a une approche dédiée aux personnes 2ELGBTQI+. Mais à part ça, il n’y en a pas beaucoup. Souvent pour ces gens, les soins de longue durée c’est, comme on dit, “le dernier placard”», relève Michel Tremblay.
«Le personnel n’est pas toujours ouvert. Il y a beaucoup de ces personnes-là qui viennent de pays où l’homosexualité n’est pas acceptée.»
«Certains ont dû retourner dans le garde-robe, nier le fait qu’ils sont gais, lesbiennes, transgenres ou autre», confirme Paul-André Gauthier, infirmier clinicien spécialiste. Certains couples sont également placés dans des chambres séparées en raison de leur orientation sexuelle.
Ce consultant en santé a d’ailleurs contribué à la rédaction d’un guide, en collaboration avec la FARFO, à destination, entre autres, des fournisseurs de services au sein des établissements de santé.
«Le mot de passe, c’est toujours le respect», insiste Paul-André Gauthier. Pour éviter que les droits des personnes soient bafoués, il recommande de former l’ensemble du personnel, et surtout de mettre en place un suivi, «pour s’assurer que ces lignes directrices sont respectées».
«Il faut être inclusif aussi quand on fait des activités. On accepte tout le monde, puis on essaie d’utiliser un langage un peu plus neutre», suggère-t-il.
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Le gouvernement fédéral a mené une consultation en ligne entre le 1er mai 2024 et le 17 juillet 2024, visant à aider les ainés 2ELGBTQI+ à vieillir à domicile.
Emploi et Développement Social Canada termine actuellement les travaux de recherche et les rapports finaux ne sont pas encore achevés.
La consultation, menée dans le cadre du Plan d’action fédéral 2ELGBTQI+, s’est penchée sur des sujets comme le logement, les soins, la santé ou encore les réseaux sociaux.
Les idées et les commentaires qui ont été recueillis pourraient «soutenir la conception de politiques», rapporte le ministère par courriel.
Partout au pays, des initiatives locales cherchent à combler les vides. Pour plusieurs, c’est dans la rencontre entre générations que se dessine un avenir plus inclusif.
«On essaie de mettre en place des activités intergénérationnelles […] Le but c’est vraiment de réunir des personnes de 2ELGBTQI+ de tous les âges pour favoriser le partage de connaissances et l’entraide», commente de son côté Élisabeth Bruins à FrancoQueer.
L’organisme torontois collabore ainsi avec la FARFO pour combiner ses connaissances sur la diversité affective, sexuelle et de genre à leur expertise en matière de vieillissement.
«Avec le vieillissement de la population en Acadie et la contribution historique de nos ainé·es queer, c’est vraiment important pour nous de développer de la programmation dédiée», indique par courriel le directeur général d’Alter Acadie, Alex Arseneau.
L’organisme pense notamment à collaborer avec des organismes comme l’Association francophone des ainés du Nouveau-Brunswick (AFANB).
Sur le site Internet d’Alter Acadie, une section répertorie les foyers de soins identifiés comme sécuritaires pour les personnes ainées 2ELGBTQI+.
Pour Pierre Soucy, le dialogue intergénérationnel demeure essentiel et il s’efforce de le favoriser en s’impliquant dans différents organismes. «Les ainés aussi peuvent avoir des perspectives, des préjugés [sur les jeunes]. L’âgisme fonctionne dans les deux sens.»
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*L’acronyme 2ELGBTQI+ désigne les personnes aux deux esprits (et bispirituelles, 2E), lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres, queers, intersexuées et toutes les autres personnes faisant partie des communautés de diversité sexuelle et de genre qui utilisent une autre terminologie (+).
Le commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge, a réitéré «qu’il arrive encore trop souvent que les autorités aéroportuaires manquent à leurs obligations linguistiques […] Le nombre important de plaintes que je reçois année après année en témoigne».
Le Commissariat aux langues officielles a fait un examen de suivi de 20 plaintes jugées fondées qui ont été déposées contre l’Autorité aéroportuaire du Grand Toronto, liées à des manquements aux services en français entre 2021 et 2022.
Le rapport souligne que l’aéroport Pearson n’a pas mis en œuvre assez de correctifs en matière de bilinguisme, en ligne et sur place, alors qu’il est assujetti à la Loi sur les langues officielles.
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La Cour suprême du Canada prévoit de traduire certaines de ses décisions rendues avant 1970, qui ont été rendues uniquement en anglais.
De quoi s’agit-il? : Un comité indépendant de la Cour aurait déjà sélectionné les jugements à traduire, selon les propos du juge en chef de la Cour, Richard Wagner, en conférence de presse, mardi. Le nombre de jugements à traduire devrait être connu dans les prochaines semaines.
Cette initiative découle de la modernisation de la Loi sur les langues officielles adoptée en 2023, qui exige la traduction de toutes les décisions des tribunaux fédéraux. En attendant, la Cour a retiré de son site toutes les décisions non traduites datant d’avant 1970 – soit presque 6000.
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Le gouvernement de Mark Carney a annoncé cette semaine qu’il injectera 9 milliards de dollars en plus dans la défense et les Forces armées canadiennes. Un investissement qui fait bondir, dès cette année, les dépenses militaires canadiennes à 2 % du PIB, atteignant ainsi la cible fixée par l’OTAN, et ce, à quelques jours du G7 qui se tiendra la semaine prochaine, en Alberta.
Rattraper le retard : L’investissement cible de nouveaux sous-marins, des avions, des navires, des véhicules armés, une artillerie, de nouveaux radars, des drones et des capteurs pour surveiller les fonds marins et l’Arctique.
Les membres des Forces armées canadiennes verront aussi une augmentation de leurs salaires.
Nous allons accorder aux membres des Forces armées canadiennes une augmentation de salaire bien méritée.
— Mark Carney (@MarkJCarney) June 11, 2025
Ils servent notre pays dans des conditions difficiles et, trop souvent, avec de l’équipement inadéquat.
Ils méritent mieux, et avec notre gouvernement, ils auront mieux. pic.twitter.com/2dr4GT4PAU
Dans une déclaration, le Nouveau Parti démocratique (NPD) critique le fait que le plan de défense «ne comprend pas de consultations sérieuses avec les communautés qui y vivent», mentionnant notamment «des investissements dans les Inuits et les habitants du Nord», selon la déclaration du NPD.
Plus de couts pour les contribuables : L’acquisition de la nouvelle flotte d’avions de chasse CF-35 coutera 46 % de plus que prévu aux contribuables, souligne un rapport de la vérificatrice générale du Canada, Karen Hogan.
Selon cette dernière, le cout de la flotte des 88 avions de chasse – qui doivent remplacer les anciens modèles – est passé de 19 milliards de dollars à plus de 27, 7 milliards, par rapport à ce qu’avait conclu le gouvernement Trudeau en décembre 2022.
Il s’agit de l’un des plus gros achats jamais effectués pour le compte du ministère de la Défense nationale.
La ministre des Affaires étrangères du Canada, Anita Anand, a annoncé mardi que le gouvernement canadien sanctionnait deux ministres israéliens, Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich, pour «le rôle crucial qu’[ils] ont joué en facilitant l’expansion considérable des colonies et des avant-postes en Cisjordanie».
La ministre des Affaires étrangères, Anita Anand, a lu mardi la déclaration qui sanctionne deux ministres israéliens, à la sortie de la réunion des ministres du gouvernement Carney.
Ces sanctions ont été prises conjointement avec le Royaume-Uni, la Nouvelle-Zélande, la Norvège et l’Australie.
Le Canada a condamné «des niveaux plus élevés de harcèlement et de violence de la part des colons israéliens extrémistes à l’encontre de la population civile palestinienne».
Toutefois, la ministre Anand a précisé en mêlée de presse mardi que ces sanctions ne visaient pas l’État d’Israël : «Le Canada continue de soutenir fermement l’État d’Israël.»
«Le Canada continue de demander la libération immédiate de tous les otages, un cessez-le-feu, que le Hamas dépose les armes et que l’aide humanitaire urgente puisse circuler librement verse Gaza.»
Marche mondiale vers Gaza : En conférence de presse juste avant cette déclaration, des militants et médecins ont demandé au Canada de faire pression sur le gouvernement égyptien pour garantir un passage sécuritaire aux 100 Canadiens de toutes les provinces et territoires qui participeront à la Marche mondiale vers Gaza le 15 juin, depuis Le Caire jusqu’à Rafah.
Questionnée sur les garanties entourant ce passage sécuritaire, la ministre des Affaires étrangères a affirmé «surveiller la situation».
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Le premier ministre Mark Carney a invité le premier ministre de l’Inde, Narendra Modi, et le prince héritier et premier ministre de l’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane Al-Saoud, au G7, qui se tiendra cette année en Alberta, du 15 au 17 juin.
L’enjeu : La Gendarmerie royale du Canada (GRC) et l’ex-premier ministre Justin Trudeau ont accusé le gouvernement indien d’avoir orchestré l’assassinat, à Vancouver en 2023, d’un Canadien d’origine indienne, Hardeep Singh Nijjar, militant pour la création d’un État sikh indépendant. Le gouvernement Modi s’oppose fermement à cette accusation.
En octobre dernier, la GRC avait aussi allégué que New Delhi dirigeait un réseau criminel au Canada visant à intimider les partisans de ce mouvement.
Narendra Modi fait l’objet de vives critiques de la part de groupes de défense des droits de la personne, notamment pour avoir tué des migrants, détenu des dissidents et des femmes qui auraient «désobéi».
Jeudi après-midi, le projet de loi sur l’abordabilité, qui comprend notamment la baisse d’impôts promise par Mark Carney de 15 à 14 % pour la première tranche de revenus a franchi la deuxième lecture avec l’unanimité de tous les députés en Chambre.
Le projet de loi comprend aussi un remboursement temporaire de la taxe sur les produits et services (TPS) pour l’achat d’une première maison neuve et la fin des remboursements sous la Loi sur la tarification du carbone.
La prochaine étape du projet de loi est l’examen du Comité permanent des Finances.
Michael Sabia, PDG d’Hydro-Québec, a été nommé greffier du Conseil privé et secrétaire du Cabinet par Mark Carney cette semaine. Il entrera en poste le 7 juillet.
Le greffier a pour mission de conseiller le premier ministre et les élus de manière neutre et objective pour assurer une bonne gouvernance. Il veille à la gestion et la livraison des services et programmes aux Canadiens et Canadiennes.
Avant sa nomination à Hydro-Québec, Michael Sabia occupait le poste de sous-ministre des Finances. Il a également dirigé la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ).
Francopresse a obtenu le rapport de suivi des recommandations du Commissariat aux langues officielles (CLO). Ce suivi, mené entre aout 2024 et février 2025, concerne des plaintes liées à des faits survenus entre octobre 2021 et avril 2022.
Le document fait état de 20 plaintes jugées fondées qui ont été déposées en 2021 et 2022 contre l’Autorité aéroportuaire du Grand Toronto (AAGT), gestionnaire de l’aéroport Pearson de Toronto. Celles-ci épinglent notamment des communications et des services qui n’ont pas été fournis en français, en ligne et sur place.
Assujettie à la Loi sur les langues officielles, l’AAGT a l’obligation de diffuser des informations simultanément dans les deux langues officielles et avec une qualité égale.
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Le rapport pointe du doigt les communications numériques de l’aéroport, tant sur son site Internet que sur ses réseaux sociaux, où l’on trouve des publications non traduites – ou partiellement traduites – en français. Certaines comportant encore, au moment de la publication de cet article, des fautes d’orthographe.
À la suite des recommandations du commissaire aux langues officielles, les bulletins Checking In sur le site Internet de l’aéroport sont maintenant tous bilingues. Mais certains mots restent mal orthographiés, comme «marche» au lieu de «mars».
Si l’AAGT a mis en place des mesures pour se conformer à la Loi, elle reste néanmoins en désaccord avec certaines conclusions du commissaire.
Sur le site Internet, les rapports de la section «Gestion du bruit» ne s’affichent qu’en anglais après leur téléchargement. L’administration maintient que ces documents relatifs au bruit des avions ne sont pas soumis à la Loi sur les langues officielles «parce qu’ils ne constituent pas une communication ou un service destiné au public voyageur».
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Le bilinguisme se perd aussi dans les couloirs de l’aéroport. Selon plusieurs plaintes, des employés ont refusé de répondre à des voyageurs en français.
Oh, je ne peux pas vous aider, vous avez choisi le français. Pourquoi choisir le français?
Là encore, l’AAGT décline toute responsabilité. «[Elle] a affirmé que les services de police de la région de Peel n’agissaient pas en son nom et qu’ils fournissent des services de police généraux au titre de la Loi sur les services policiers», peut-on lire dans le rapport.
Or, le commissaire rappelle que l’autorité aéroportuaire doit s’assurer que les agents de police communiquent dans les deux langues officielles, car ils sont mandatés pour offrir des services au nom de l’institution fédérale, même s’ils sont employés par un service tiers.
Il recommande aussi à l’AAGT de mettre en place des mécanismes de surveillance pour s’assurer que les employés qui travaillent en première ligne pour des tiers – y compris des compagnies aériennes et des restaurateurs – présentent une offre active de service bilingue.
L’AAGT maintient que ces personnes sont sous la responsabilité des organismes qui les recrutent et ne fournissent pas des services en son nom.
Dans un document transmis au CLO, l’administration explique en outre que «si aucun employé francophone n’est disponible, l’accès à un service de ligne linguistique doit être assuré».
La Loi sur les langues officielles modernisée donne au commissaire, Raymond Théberge, de nouveaux outils pour accompagner les institutions fédérales vers un meilleur respect de leurs obligations linguistiques, dont des sanctions administratives pécuniaires le cas échéant.
Or, le commissaire souligne que cette ligne ne peut pas être considérée comme un service de qualité égale dans l’autre langue, «car un anglophone peut obtenir une assistance immédiate en personne, alors qu’un francophone doit attendre d’être mis en relation avec un interprète».
Étant donné que le suivi de l’enquête est toujours en cours, le bureau du CLO a décliné la demande d’entrevue de Francopresse.
«Je tiens toutefois à réitérer qu’il arrive encore trop souvent que les autorités aéroportuaires manquent à leurs obligations linguistiques […] Le nombre important de plaintes que je reçois année après année en témoigne», rapporte le commissaire dans une déclaration écrite.
Au moment de la publication, l’AAGT n’avait pas répondu à nos demandes.
«À chaque fois que je voyage au Canada en dehors du Québec, systématiquement, il n’y a pas d’offre active, lâche Claude*, un des plaignants cités dans le rapport. C’est vrai pour le personnel de sécurité de l’aéroport, pour le sous-contractant qui s’occupe de faire la fouille, la vérification des bagages et pour les commerçants qui sont à l’aéroport.»
Il n’en est pas à sa première plainte auprès du CLO. L’une de ses motivations : «C’est une façon de garantir des jobs aussi stables, bien payés, en français, pour notre communauté», ajoute-t-il.
À chaque fois que j’ai fait une plainte, j’ai trouvé le suivi du commissaire précis, clair. Je savais où j’étais rendu dans le processus […] J’ai l’impression que je suis pris au sérieux, j’ai l’occasion d’apporter des précisions
Lorsqu’une personne estime qu’une institution ou une administration fédérale assujettie à la Loi sur les langues officielles n’a pas respecté ses obligations linguistiques, elle peut déposer une plainte auprès du Commissariat aux langues officielles (CLO).
Les plaintes recevables donnent lieu à des enquêtes menées par le commissaire aux langues officielles ou à des recours judiciaires. Au terme de l’enquête, le CLO publie un rapport préliminaire, puis un rapport final.
Le commissaire y formule des recommandations à l’institution concernée afin de corriger les lacunes observées. Un suivi est ensuite assuré par le CLO, qui peut produire un rapport de suivi pour vérifier si les recommandations ont été mises en œuvre.
Claude a déjà déposé cinq plaintes pour dénoncer des manquements à la loi à l’aéroport de Toronto, et ce, dès la porte d’entrée, où il a eu affaire à un agent de sécurité unilingue anglais.
«On est loin du “Bonjour/Hi”. C’est écrit airport/aéroport, mais la personne qui signe avec un gun puis un drapeau du Canada, il ne comprend pas “Bonjour”, puis ça, ça m’a dérangé.»
Il espère que la nouvelle Loi sur les langues officielles va contraindre davantage les institutions. «Il va y avoir un essoufflement de ma part, si c’est juste pour faire des plaintes pour faire du papier, j’en vois pas l’intérêt. Puis même si je les fais des dizaines de fois, à un moment donné, je m’essouffle», confie-t-il.
Plus de pouvoir du CLO avec la nouvelle Loi?
«La Loi sur les langues officielles modernisée donne désormais au commissaire de nouveaux outils pour guider les institutions fédérales vers un meilleur respect de leurs obligations en matière de langues officielles», explique le bureau du CLO dans un courriel.
Le commissaire peut dorénavant conclure des accords de conformité avec les institutions et émettre des ordonnances en cas de non-conformité. «Lorsque le gouvernement les aura mises en œuvre, après avoir présenté un décret et adopté des règlements, le commissaire pourra imposer des sanctions administratives pécuniaires.»
Néanmoins, chaque dossier reste évalué au cas par cas. «Dans plusieurs cas, la conformité à la Loi peut être atteinte à l’aide d’autres outils que l’ordonnance. L’ordonnance est un outil très coercitif, généralement utilisé en dernier ressort», ajoute le bureau.
Claude déplore également le fait qu’un aéroport, par son refus de mettre en œuvre les recommandations du commissaire, sous-entend qu’il est «contre la loi» et ne «la respectera pas».
«Il y a une sorte d’obstruction, il y a une volonté avouée de ne pas respecter les francophones», poursuit-il.
«Le commissaire, c’est un fonctionnaire qui fait des papiers. L’aéroport l’a bien compris, puis agit en conséquence. Puis les perdants au final, comme toujours dans l’histoire canadienne, c’est les francophones.»
*Le prénom a été modifié pour des raisons de confidentialité.
Pour le premier ministre Mark Carney, la solution passe notamment par la création d’une véritable union économique entre l’ensemble des provinces et territoires. Il l’a dit à de nombreuses reprises : il désire créer une seule économie canadienne au lieu de treize.
S’il n’en tenait qu’à lui, le Canada deviendrait une superpuissance énergétique et la plus forte économie du G7.
Mark Carney voudrait notamment que les provinces abolissent toute entrave à la libre circulation des biens et des personnes à l’intérieur du pays. Rappelons que les provinces peuvent mettre en place de nombreuses règles auxquelles doit se soumettre la très grande majorité des entreprises.
Par ailleurs, les provinces n’ont aucune obligation de consulter les autres provinces dans l’élaboration et la mise en œuvre de leurs propres règles. C’est comme si elles agissaient en États souverains et indépendants.
Voudront-elles se plier aux désirs du premier ministre?
Malgré les grands sourires affichés à la sortie de la rencontre des premiers ministres, rien n’est moins sûr.
Les provinces canadiennes bénéficient d’une très grande liberté d’action et il serait étonnant qu’elles veuillent renoncer à cet avantage. D’ailleurs, elles ont toujours refusé de le faire par le passé.
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L’autonomie des provinces canadiennes a toujours été un sujet d’intenses discussions au pays.
Dès les débuts de la Confédération canadienne, deux visions se sont opposées : l’une voulant un gouvernement central fort et l’autre des provinces autonomes.
Malgré les efforts des partisans de la centralisation, ce sont toujours les provinces qui ont eu le dernier mot.
Il est vrai qu’il y a eu quelques succès pour ceux qui prônent une vision centralisatrice.
Ainsi, l’expansion du chemin de fer vers l’ouest piloté par le gouvernement fédéral à la fin du XIXe siècle a permis l’agrandissement et l’unification du pays. Le gouvernement fédéral est devenu le maitre d’œuvre en matière de transport national.
Par ailleurs, la constitution canadienne a été amendée à quelques reprises afin de transférer certains programmes de compétence provinciale au gouvernement fédéral. C’est ainsi que l’assurance-emploi et les pensions de la Sécurité de la vieillesse relèvent maintenant du gouvernement fédéral.
Puis il y a eu le rapatriement de la Constitution et la promulgation de la Charte canadienne des droits et libertés en 1982.
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Mais l’extension des pouvoirs du gouvernement fédéral s’est toujours butée à la volonté d’autonomie des provinces.
La présence du chemin de fer, financé à grands frais par le gouvernement fédéral, a surtout permis aux provinces de s’industrialiser et d’exploiter leurs propres richesses naturelles.
Les pouvoirs constitutionnels accrus du fédéral dans certains domaines n’ont été qu’une toute petite victoire pour un gouvernement qui voulait que les provinces renoncent une fois pour toutes à leur pouvoir de taxation. Il n’y est jamais parvenu.
Le rapatriement de la Constitution en 1982 n’a pu se concrétiser qu’en ajoutant la disposition de dérogation qui permet aux provinces de se soustraire à plusieurs articles de la Charte.
On le voit, des efforts de centralisation du gouvernement fédéral ont bel et bien eu lieu, mais les provinces s’y sont toujours opposées.
Si elles ont parfois accepté de se départir de certaines responsabilités, c’est qu’en général, le gouvernement fédéral payait la note.
C’est dans ce contexte qu’il faut examiner la proposition du premier ministre Carney.
Si l’avenir est garant du passé, le premier ministre Carney se dirige vers un échec, si son intention est de transformer la fédération canadienne.
Les provinces n’ont jamais manifesté une réelle volonté de céder une partie de leur autonomie au profit du gouvernement fédéral. Les circonstances actuelles, bien que sérieuses pour l’avenir économique du pays, ne changeront pas les choses.
Comment alors expliquer la bonne humeur des premiers ministres provinciaux et territoriaux lors de la rencontre de Saskatoon?
Encore une fois, le gouvernement fédéral utilise une tactique qui lui a réussi par le passé : il paiera la note. D’ailleurs, le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, n’a-t-il pas dit à la sortie de la rencontre que le premier ministre canadien était le père Noël? Tout le monde aura compris : Mark Carney entend distribuer des cadeaux.
Rappelons qu’en campagne électorale, Mark Carney s’était engagé à investir 150 milliards de dollars supplémentaires pour stimuler et stabiliser l’économie canadienne.
Les provinces et territoires sont bien au courant de cet engagement et veulent obtenir leur part des largesses du gouvernement fédéral.
Par contre, elles n’ont manifesté jusqu’à présent aucune intention de se départir de certaines responsabilités au profit du gouvernement fédéral pour obtenir ces largesses.
Bien au contraire. Les provinces ne sont-elles pas en train d’abolir elles-mêmes les barrières commerciales interprovinciales sans l’aide du gouvernement fédéral?
Pour Mark Carney, le défi consiste donc à transformer la société canadienne sans modifier les droits et responsabilités des provinces.
Dans cette aventure, il risque de se trouver bien seul face aux 13 provinces et territoires qui défendront vigoureusement leur autonomie, malgré les cadeaux que le gouvernement fédéral semble prêt à distribuer.
Geneviève Tellier est professeure à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa. Ses recherches portent sur les politiques budgétaires des gouvernements canadiens. Elle commente régulièrement l’actualité politique et les enjeux liés à la francophonie dans les médias de tout le pays.
«On voit tant d’enfants dans les cliniques, déshydratés, mal nourris; c’est une politique coloniale pour éliminer une population entière. Et cette politique cible les enfants, les bébés», affirme avec colère Yipeng Ge, médecin à Ottawa parti à Gaza en février 2024.
L’une de ses collègues a interrogé les journalistes présents sur la Colline : «Savez-vous comment on reconnait un enfant affamé? Il ne peut pas pleurer. Et son cœur ralentit, pour s’arrêter.»
Ces témoignages ne sont pas rares depuis 2023 sur la Colline; ils s’intensifient, dans l’espoir d’être entendus par le premier ministre Mark Carney.
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La docteure Suzanne Shoush, de la Première Nation St’atl’imx, est responsable du bureau de santé autochtone du Département de médecine familiale et communautaire de la Faculté de médecine de l’Université de Toronto.
Suzanne Shoush affirme que «les médecins ont une voix privilégiée pour appeler à cesser le génocide», tant en Palestine qu’au Canada.
Elle a exercé la médecine auprès de familles marginalisées et mal desservies par la santé publique canadienne, dont plusieurs peuples autochtones. Cette expérience la pousse à dessiner ce «parallèle très fort» et «enraciné dans le colonialisme» entre le Canada et Israël.
Dans un article récent, elle aussi confie rester «hantée» par le souvenir d’avoir tenu dans ses bras un enfant affamé, un évènement survenu cette année, dans le Nord de l’Ontario.
«Ce souvenir, qui remonte à quelques mois, est plus viscéral qu’intellectuel – la sensation tactile de sa peau desséchée sur le bout de mes doigts avait la texture d’un papyrus ancien, trop délicat pour être touché sans se désintégrer dans mes mains. Son corps, totalement dépourvu de graisse sous-cutanée, est resté immobile – émacié et mou – tandis que je l’examinais, un profond sentiment d’effroi montant dans ma poitrine.»
Elle cite l’exemple de la communauté d’Attawapiskat, en Ontario, qui a fait l’objet en 2012 du documentaire Le peuple de la rivière Kattawapiskak. Réalisé par Alanis Obomsawin, ce dernier met en lumière les conditions de vie d’extrême pauvreté et d’accès aux premiers besoins de cette Première Nation, du fait du gouvernement canadien.
Comme bien d’autres communautés, ils ont été volontairement privés de nutriments, de soins médicaux et dentaires. L’effet de la famine était étudié sur les nourrissons, les enfants, les jeunes enfants et les personnes âgées. L’utilisation de la famine comme arme de nettoyage ethnique est redoutable.
Israël bombarde la bande de Gaza depuis octobre 2023, après une attaque du Hamas sur des civils israéliens. L’Organisation des Nations unies indique qu’une grande partie de la zone est devenue inhabitable.
«Notre gouvernement manque à son obligation d’empêcher que l’histoire ne se répète en Palestine», affirme la médecin, dans ce même article. Le prisme colonialiste du Canada et d’Israël expliquerait, selon Suzanne Shoush et Yipeng Ge, que le Canada est «complice» du génocide à Gaza, malgré une promesse d’aider la population affamée, en mai dernier.
Yipeng Ge a vu de la solidarité de la part de soignants palestiniens qui partageaient le peu de nourriture qu’ils avaient pour que les médecins étrangers comme lui puissent «continuer à soigner» leur peuple, affirme ce dernier, ému. Il a perdu des collègues sous les bombes et a vécu l’encerclement des chars israéliens des cliniques où il s’est rendu.
Pendant une semaine passée à soigner des familles à Gaza, le médecin Yipeng Ge confie à Francopresse n’avoir «jamais vu autant d’enfants à l’état de peau et d’os».
Pour lui, la stratégie d’Israël visant à affamer la population palestinienne «affecte disproportionnellement les bébés, les enfants et les personnes avec des maladies chroniques».
Le médecin a déjà vu les effets du colonialisme grâce à «des étudiants et professeurs autochtones» rencontrés au début de son parcours d’étudiant qui lui ont fait prendre conscience du parallèle entre les deux États. Yipeng Ge en a également été témoin lors d’une mission au Nunavut.
Récemment, un débat d’urgence demandé par la députée du Nunavut, Lori Idlout, devait aborder la malnutrition sévère et le bienêtre des enfants Inuit. Mais cette demande de débat a été refusée par le président de la Chambre des Communes, Francis Scarpaleggia.
La déshumanisation constitue un autre parallèle morbide entre le Canada et Israël, poursuit Suzanne Shoush.
«Au Canada, nous avons réussi à déshumaniser les peuples autochtones au point qu’ils étaient vraiment – et dans de nombreux cas, continuent – d’être considérés comme des êtres presque non humains. C’est un outil puissant que les Israéliens utilisent également contre les Palestiniens [en affirmant] qu’ils sont la seule force démocratique civilisée dans une foule de sauvages, d’animaux, de non-humains», souligne-t-elle en entrevue.
La médecin rappelle qu’au Canada, en 2022, le Parlement a reconnu que les pensionnats pour Autochtones constituaient un génocide.
Malgré les parallèles remarquables avec le traitement de Gaza par Israël, notre gouvernement manque à son obligation d’empêcher que l’histoire ne se répète en Palestine.
Selon Suzanne Shoush, «le silence permet le génocide tout autant que la déshumanisation».
«Tout le monde s’est accordé pour passer sous silence le génocide en Palestine. Dans nos hôpitaux, nos universités, nos institutions médicales, les médecins sont confrontés à des répercussions sans fin, en public, en privé, derrière des portes closes… Comme s’il y avait toutes sortes de répercussions et toutes sortes de conséquences pour avoir parlé en faveur de la Palestine et pour avoir parlé contre le génocide.»
Suzanne Shoush affirme avec «dégout» connaitre trop de personnes qui ont été convoquées officiellement par des doyens, des doyens associés, des chefs de cabinet ou des directeurs d’hôpitaux pour s’être prononcées contre ce que de plus en plus d’intervenants internationaux appellent un génocide.
Je n’ai jamais rien vu de tel que la campagne de réduction au silence menée par les dirigeants de la médecine canadienne. Et il ne s’agit pas seulement de silence : c’est un silence actif.
C’est aussi arrivé à Yipeng Ge. Fin 2023, quatre hauts placés de la faculté de médecine de l’Université d’Ottawa l’ont suspendu pour avoir affirmé son soutien à la Palestine sur ses réseaux sociaux.
«Ils m’ont dit que j’étais un danger pour les autres et pour moi-même et ont affirmé que j’avais un discours antisémite et haineux. Ils ont instrumentalisé l’antisémitisme.»
Réintégré quelques semaines plus tard sans excuse de la part de ceux qui l’avaient suspendu, Yipeng Ge a pris la décision de ne pas réintégrer son programme.
Ce ne sont pas des leadeurs en médecine. Ils sont censés aider toute une génération à soigner, créer, penser… Au lieu de ça, il la fait taire quand il s’agit de dénoncer un génocide.
Du côté d’Ottawa, le Bloc québécois et le Nouveau Parti démocratique (NPD) ont lancé des appels pour reconnaitre l’État de Palestine pendant la dernière semaine de mai, respectivement dans une déclaration et une motion.
Les députés libéraux Nathaniel Erskine-Smith, Salma Zahid et Sameer Zuberi devaient recevoir les médecins. Mais le premier n’a pas pu du fait d’un conflit d’horaire et, à l’heure d’écrire ces lignes, les deux autres n’ont pas répondu à Francopresse sur ce suivi.
La ministre des Affaires étrangères, Anita Anand, a convoqué l’ambassadeur d’Israël début mai. Lors de la première réunion du cabinet du premier ministre, Mark Carney, elle avait qualifié «d’inacceptable» le fait que le gouvernement israélien utilise «la faim comme une arme de guerre».
Le 19 mai, le gouvernement fédéral a pourtant ouvert la porte à une aide destinée à la population palestinienne. Dans une déclaration commune, les dirigeants du Canada, du Royaume-Uni et de la France évoquent des «mesures concrètes» contre Israël si ce dernier ne cesse pas «ses offensives armées et l’instrumentalisation de la famine en Palestine».
Le 7 juin, alors que la ministre des Affaires étrangères du Canada était justement au Royaume-Uni et en France, aucune mesure n’a suivi la déclaration de ces trois États, alors que les attaques, les annexions et le blocage humanitaire mené par Israël se sont intensifiés depuis.
«Un cessez-le-feu est nécessaire et les otages doivent être délivrés. Une solution à deux états doit être instaurée. Le Canada suit avec attention la situation intolérable qui se déroule à Gaza», a simplement laissé tomber la ministre Anita Anand, interrogée par Francopresse en conférence de presse.
Le bateau Madleen de la Freedom Flotilla Coalition a quitté la Sicile le 1er juin avec 12 personnes de diverses nationalités à bord, dont Greta Thundberg. Il a pour mission de «briser le siège» israélien à Gaza et créer un couloir humanitaire. Le 8 juin, Israël l’a intercepté et lui a fait prendre la direction des côtes d’Israël.
Pendant ce temps, un groupe de civils tentent d’agir. Le bateau Madleen de la Freedom Flotilla Coalition a navigué en direction de Gaza avec 12 personnes à bord, dont Greta Thundberg, pour «briser le siège» israélien de Gaza.
À l’automne 2024, la rapporteuse spéciale de l’ONU pour les territoires palestiniens, Francesca Albanese, s’était heurtée aux portes closes du bureau de la ministre des Affaires étrangères de l’époque, Mélanie Joly, quand elle a souhaité lui demander des actions du Canada pour sauver des vies palestiniennes en jeu.
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L’espoir qu’avait suscité le vote d’une motion non contraignante pour «cesser l’approbation et le transfert d’autres exportations d’armes à destination d’Israël», en mars 2024, est largement retombé. Des permis d’achats et de livraison d’armes et de composants militaires continuent, pointés par plusieurs organismes.