le Dimanche 9 novembre 2025

De retour à un portefeuille qu’il connait en partie pour avoir été ministre du Patrimoine canadien de novembre 2019 à octobre 2021, Steven Guilbeault a ensuite été ministre de l’Environnement et du Changement climatique de 2021 à 2024 sous Justin Trudeau.

Désormais ministre de l’Identité et de la Culture canadiennes, responsable des Langues officielles, il se dit «en apprentissage», mais promet d’agir rapidement.

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Francopresse : Bonjour M. le ministre. Comment vivez-vous le passage de l’Environnement à la Culture et aux Langues officielles?

Steven Guilbeault : Vous vous rappellerez probablement que lorsque j’ai été élu député la première fois en 2019, j’étais ministre de Patrimoine canadien [le ministère relève aujourd’hui du portefeuille intitulé «Identité et Culture canadiennes», NDRL], donc les arts, la culture, les langues autochtones; mais je n’avais pas les Langues officielles.

Il y a une partie du portefeuille que je connais et que j’apprécie beaucoup pour l’avoir fait une première fois pendant deux ans.

C’est vrai que les Langues officielles, c’est nouveau pour moi. Alors, j’apprends encore beaucoup et cette rencontre [des ministres de la francophonie, NDLR] à Yellowknife était très intéressante de ce point de vue-là, à la fois pour rencontrer mes homologues des provinces, des territoires, les intervenants et intervenantes, mais aussi pour me familiariser de plus en plus avec le dossier.

Les ministres responsables de la francophonie au Canada se sont réunis à Yellowknife, dans les Territoires du Nord-Ouest, les 26 et 27 juin 2025, pour notamment parler d’économie francophone.

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Quand Mark Carney a formé son premier Cabinet, aucun portefeuille ne portait officiellement le titre de Langues officielles, ce qui a semé la confusion chez plusieurs francophones. Est-ce que cela témoigne d’un manque de considération pour les langues officielles et la francophonie en situation minoritaire, selon vous?

Non, je ne crois pas. Évidemment, j’avais la responsabilité des Langues officielles, mais je n’avais pas eu de titre [M. Guilbeault était alors ministre de la Culture et de l’Identité canadiennes, Parcs Canada, NDRL]. Ça a été corrigé en quelques semaines.

C’est vrai que les titres sont des symboles importants, mais ce qui est important, c’est ce qu’on fait.

— Steven Guilbeault, ministre de l’Identité et de la Culture canadiennes, responsable des Langues officielles

Et notre gouvernement [sous Justin Trudeau, NDLR] en a fait plus pour la modernisation de la loi et les langues officielles que n’importe quel autre, avec des investissements dans le Plan d’action historiques, qui vont atteindre 4,1 milliards au cours des prochaines années, et avec l’atteinte des cibles d’immigration francophones hors Québec.

On n’avait jamais réussi à atteindre 4 % et on a dépassé 6 % et on veut se rendre à 12 %. Ça, ça compte.

Je pense que ça démontre notre engagement profond envers la francophonie partout au pays.

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Trois règlements censés mettre en œuvre la nouvelle Loi sur les langues officielles sont encore en attente. Le plus attendu devrait inclure des clauses linguistiques dans les ententes entre le fédéral et les provinces et territoires. En tant que ministre, comment pouvez-vous garantir que ce type de clause figurera bien dans les règlements?

Beaucoup de gens attendent les règlements avec impatience et je tiens à [les] rassurer : ça ne va pas trainer encore très longtemps.

Il faut dire qu’entre la prorogation du Parlement, la course à la chefferie du Parti [libéral, NDRL], le fait d’avoir un nouveau chef; toutes ces choses-là ont ralenti le déploiement de ces règlements-là.

Nous avions une très courte période parlementaire pour pouvoir déposer ça, mais au retour [du Parlement, en septembre, NDLR], c’est un sujet sur lequel je vais avancer rapidement.

— Steven Guilbeault, ministre de l’Identité et de la Culture canadiennes, responsable des Langues officielles

Les symboles des titres de ministères sont «importants», mais ne font pas tout, rappelle Steven Guilbeaut, faisant référence à l’absence de portefeuille dédié aux Langues officielles lors du premier Cabinet de Mark Carney.

Inès Lombardo – Francopresse

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Allez-vous les déposer avant Noël?

Oui, absolument.

Est-ce que tous les règlements seront déposés ou allez-vous en prioriser?

Chaque dépôt de règlement s’accompagne d’une période de consultation de 30 jours. Si on les dépose tous les trois en même temps, ça veut dire une période de consultation de 30 jours, si on les dépose les uns à la suite de l’autre, ça veut dire quatre semaines de consultation [à chaque fois, NDLR].

Moi, j’ai entendu des intervenants dire : «On voudrait avoir plus de temps de consultation», et d’autres : «Non, déposez-les tous en même temps, on veut toutes les voir.»

Alors, on va continuer de discuter avec le milieu francophone au cours de l’été et d’essayer de trouver la meilleure façon de faire ça.

Le dernier rapport du commissaire aux langues officielles souligne que le Conseil du Trésor n’a jamais pleinement appliqué les recommandations visant à faire respecter les obligations en matière de langues officielles de dix 10 institutions fédérales. Comment travaillez-vous avec le Conseil pour vous assurer que ces exigences sont respectées?

Nous sommes en discussion avec le Conseil du Trésor pour nous assurer que les lacunes qui ont été identifiées par le passé par le commissaire et par les intervenants soient corrigées dans la nouvelle mesure. C’est certainement notre intention.

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Sur l’éducation, il y a des enfants francophones qui font cours dans des salles de classe préfabriquées, notamment en Colombie-Britannique. Comment le gouvernement fédéral peut-il faire en sorte d’éviter de telles situations?

Vous soulignez un problème qui est important, mais qui ne concerne pas seulement les élèves qui sont dans les cours de français ou dans les communautés francophones en situation minoritaire.

Dans les écoles francophones au Québec, il y a beaucoup d’enfants qui sont dans des classes préfabriquées, il y a des manques d’espace. Alors, il y a des besoins d’investissement important dans le secteur de l’éducation.

Est-ce que le gouvernement fédéral peut faire mieux en matière d’entente fédérale, provinciale, territoriale pour s’assurer que les fonds qui sont destinés à certaines choses aillent vraiment là où les ententes le prévoient? Je pense que oui.

— Steven Guilbeault, ministre de l’Identité et de la Culture canadiennes, responsable des Langues officielles

Si vous regardez le renouvèlement de l’entente sur la santé par exemple, que le gouvernement précédent a fait, il y a eu des exigences sur la nécessité de communiquer un certain nombre d’informations sur l’utilisation des fonds.

Je pense que par le passé, ça ne se faisait pas toujours. On va devoir être plus vigilants sur cette question-là.

Les propos ont été réorganisés pour des raisons de longueur et de clarté.

Détroit abrite une francophonie aux multiples facettes, façonnée par son histoire et plusieurs vagues d’immigration. Avec l’initiative Bonjour Détroit, dont elle est la fondatrice et directrice, Mélissa Baril veut unir les communautés francophones et promouvoir la langue française dans tout l’État du Michigan.

«La mission de Bonjour Détroit, elle est double. Elle est en effet de tisser des liens entre toutes les communautés francophones, pour les fédérer, en présentant des programmes culturels, sociaux, éducatifs et économiques, mais aussi de travailler, de développer des partenariats au niveau local», explique-t-elle.

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Bâtir une communauté francophone

Depuis sa création, un peu plus tôt cette année, Bonjour Détroit a organisé des 5 à 7 mensuels, des tables rondes et un évènement collaboratif avec le Haitian Network Group of Detroit.

C’est assez inspirant pour les gens qui viennent écouter, parce que c’est parfois des gens qui ne sont pas certains justement de dire : «Est-ce que je suis francophone? Qu’est-ce que ça veut dire être francophone?»

— Mélissa Baril

Grâce à des projets avec des organismes tels que le Detroit Institute of Art (DIA), le Detroit Symphony Orchestra et le Detroit Historical Society, Bonjour Détroit fait découvrir des œuvres françaises ou francophones du DIA. Mélissa Baril se réjouit que les professeurs de français souhaitant organiser des sorties éducatives puissent en profiter.

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La francophonie méconnue du Michigan

Canadienne originaire de Victoriaville, au Québec, et diplômée de l’Université de Sherbrooke, Mélissa Baril a travaillé dans des métropoles aux quatre coins du monde avant de déménager à Détroit, où elle réside depuis presque 9 ans. Là-bas, elle a été confrontée à une réalité linguistique différente de celle qu’elle avait connue au Canada.

La ville, fondée en 1701 par de Lamothe Cadillac, porte les traces d’une histoire francophone profonde. Cet «héritage» est toujours présent, même si le français n’est plus la langue dominante, constate Mélissa Baril.

Les évènements de Bonjour Détroit visent à nouer un sentiment de communauté et encouragent les participants et participantes à découvrir leur lien avec la francophonie. 

Photo : Courtoisie

Aujourd’hui, un peu plus de 19 000 personnes parlent français à la maison au Michigan, soit 0,19 % de la population.

«Même s’ils ne parlent pas français. Ça fait partie de leur identité […] Ce n’est pas rare de rencontrer quelqu’un qui va porter le nom de La Fontaine, de Savoie ou un autre nom, mais ils ne parlent pas du tout le français», raconte-t-elle.

Selon le créateur de Rendez-vous Détroit et de la visite guidée bilingue The Detroit French History Cruise, John Cooper, l’État du Michigan compte environ un million de personnes qui ont des origines familiales francophones, même si la majorité a perdu la langue il y a plusieurs générations.

La communauté francophone de Détroit se caractérise également par sa grande diversité, souligne Mélissa Baril. Au-delà des expatriés français et des Haïtiens, elle observe une immigration significative venant de l’Afrique francophone. Les Québécois, en revanche, ont tendance à «passer un peu sous le radar» et sont plus difficiles à «aller chercher», selon son expérience.

Créer des passerelles

Opérer dans un environnement où le français n’a pas de reconnaissance légale représente un défi. «Ce n’est pas un enjeu comme au Canada. Il n’est pas question de langue officielle, il n’est pas question officiellement de minorité linguistique», développe Mélissa Baril.

Mélissa Baril collabore avec des organismes locaux pour préserver et promouvoir les héritages de la francophonie locale, notamment auprès de la jeunesse. 

Photo : Courtoisie

Cela nécessite d’être «plus créatif sur la partie très positive et de valoriser les communautés», remarque-t-elle. Après avoir constaté la richesse des francophones qui l’entourent, Mélissa Baril veut attirer l’attention des institutions du Michigan pour mettre en valeur une francophonie «plus diversifiée et plus locale». Notamment pour améliorer l’intérêt envers la langue de Molière chez les jeunes.

«Apprendre le français, ce n’est pas juste penser aux stéréotypes français de Paris. Ce n’est pas ça aujourd’hui, être francophone, insiste-t-elle. C’est important de montrer que la francophonie, elle existe aussi aux États-Unis.» Cela a d’ailleurs été une grande découverte pour elle à son arrivée à Détroit.

On faisait vraiment un focus sur le français de France, avec des voyages en France, alors que c’est très rare qu’on ait une représentation de la francophonie d’ici.

— Mélissa Baril

Au-delà des frontières de l’État, Mélissa Baril aimerait développer des partenariats avec les écoles d’immersion et les écoles francophones de l’Ontario. Notamment à Windsor, Sarnia et London, afin de créer davantage de passerelles entre les communautés éducatives. Elle invite les acteurs concernés à se manifester : «Sachez qu’on est ouvert à créer davantage de passerelles entre nos communautés.»

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À quoi attendre?

Bonjour Détroit a organisé le 24 juin dernier un évènement à l’occasion de la Saint-Jean-Baptiste, dans un restaurant canadien connu pour sa poutine.

Mélissa Baril ajoute que l’association envisage aussi de projeter un documentaire québécois sur les racines francophones de Détroit, sous-titré en anglais, pour une meilleure accessibilité.

Baignades, d’Andrée A. Michaud, Québec Amérique, 2024.

Imaginez des vacances au camping tant attendues, au bord d’un lac, au cœur de l’été québécois, chaud et humide. Un père, une mère, leur petite fille. Alors que cette dernière se baigne nue dans le lac, le propriétaire crie au scandale. Plus tard, un autre incident pousse la famille à fuir en pleine nuit, sous l’orage, à bord de leur énorme VR. Les premiers dominos d’une suite d’évènements menant droit au cauchemar. Un cauchemar de forêt dense, de pluie, de lucioles et de (re)trouvailles inattendues.

Dans ce polar, on entre tour à tour dans la tête de chaque protagoniste, bons comme méchants. Le tout servi par une écriture fluide, entêtante, qui nous amène du passé au futur, en plongeant dans le présent, étouffant. De quoi bien nous tenir en haleine, même quand on pense avoir trouvé l’issue.

– Camille Langlade

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Les falaises, de Virginie DeChamplain, Éditions La Peuplade, 2020. 

Photo : Marine Ernoult – Francopresse

Une jeune femme revient dans sa Gaspésie natale, au Québec, lorsqu’elle apprend que le corps de sa mère a été retrouvé sans vie sur une plage du fleuve Saint-Laurent. Avec sa sœur et sa tante, elle entreprend de vider la maison familiale, mais décide d’y rester afin de se plonger dans les souvenirs. Elle découvrira l’histoire de sa mère, mais surtout celle de sa grand-mère, à travers les journaux de celle-ci.

Ce roman dépeint avec sensibilité et réalisme la difficile communion entre trois générations de femmes. Il y est question d’héritage et de racines; où les planter pour se sentir vraiment chez soi, surtout quand on a soif d’ailleurs? Les falaises, c’est un beau voyage poétique, tempétueux et mélancolique, qui vous transportera de la Gaspésie à l’Islande.

– Marine Ernoult

 

500 ans de résistance autochtone, de Gord Hill, trad. de Marie C Scholl-Dimanche, Éditions Prise de parole, 2023. 

Photo : Julien Cayouette – Francopresse

Une bande dessinée éducative (pour adultes) n’est pas une suggestion de lecture d’été classique, mais 500 ans de résistance autochtone est un incontournable pour tous ceux et celles qui s’intéressent à l’histoire commune des Autochtones de l’Amérique et des colons européens.

Gord Hill présente les moments importants sans compromis, sans tenter d’adoucir l’histoire d’un côté ou l’autre. Les évènements sont racontés de façon succincte, ce qui permet de découper facilement les périodes de lecture. Les dessins, parfois crus, sont pour un public averti.

– Julien Cayouette

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La grande lectrice Elizabeth-Rose Mepham était ravie de découvrir l’univers d’Edgar Payette et de ses paillettes. Roman de Simon Boulerice, publié aux Éditions Québec Amérique, 2012

Photo : Martine Leroux – Francopresse

La famille Payette compte deux fils bien différents l’un de l’autre. L’ainé, Henri, arrive à l’adolescence. Il est timide et prévoit déjà mener un jour une sérieuse carrière de dentiste, comme ses parents. Edgar, lui, est tout le contraire : flamboyant, doué d’un fort sens de la mise en scène et débordant de créativité. À tel point que son grand frère ne le trouve pas de tout repos et voudrait bien, lui aussi, être le centre d’attention à l’occasion.

Inspiré d’un vrai jeune garçon, le roman Edgar Paillettes s’adresse à un public de 9 ans et plus, mais son histoire fait chaud au cœur et rappelle – même aux adultes – que parfois, il faut essayer de voir la vie avec les yeux de l’autre et que, souvent, la différence n’a pas d’importance… et aussi, qu’après tout, «le ridicule ne tue pas»!

– Martine Leroux

L’Affaire Cannon, de François Charbonneau, Éditions du Boréal, 2025. 

Photo : Marianne Dépelteau – Francopresse

En 1945, George Cannon et sa femme, Lillian, se voient interdire l’accès à la salle à manger du Château Frontenac, à Québec, à cause de la couleur de leur peau. En 2020, une chronique du Devoir traitant de ce morceau d’histoire fait sourciller le professeur et essayiste François Charbonneau, qui commence alors sa quête pour la vérité. Un travail qui devrait faire l’envie de tout journaliste.

Important, son ouvrage participe à la lutte contre la réécriture de l’histoire. Il rend justice aux Canadiens français de l’époque, dont le véritable rôle dans cette histoire méritait d’être raconté, ainsi qu’à la mémoire du Dr Cannon, figure emblématique de l’histoire afro-américaine. Le livre nous plonge dans les aventures parallèles, mais désormais inextricablement liées, du chercheur persévérant qu’est François Charbonneau et du médecin courageux que fut George Cannon. Un livre passionnant et éclairant qui intéressera les amoureux et amoureuses de la vérité.

– Marianne Dépelteau

Talleyrand, le prince immobile, d’Emmanuel De Waresquiel, Fayard, 2006. 

Photo : Marc Poirier – Francopresse

De Louis XVI à Louis-Philippe 1er, en passant par la Révolution, Napoléon 1er, Louis XVIII et Charles X, Talleyrand a été le conseiller, le négociateur et le stratège de toutes ces autorités. Il savait traiter avec les grands de ce monde et les manipuler, souvent à leur insu, en s’imposant comme l’homme de la situation, l’indispensable, même si parfois, ses maitres le détestaient. Talleyrand savait aussi se faire haïr comme pas un.

Emmanuel de Waresquiel plonge très profondément dans le vécu de ce géant de l’influence pour nous décrire les moindres détails de son parcours extraordinaire. Par moment, on est cependant inondé d’informations qui peuvent rendre la lecture ardue. Si l’on peut passer outre et faire preuve de patience, la récompense sera de découvrir cette période mouvementée de la France comme si on la vivait de l’intérieur. Et on reste estomaqué par la vie hors du commun de ce personnage hors norme.

– Marc Poirier

La Commission de la fonction publique du Canada (CFP) a reçu 18 demandes d’exemption pour raison d’ordre médical lors de l’exercice financier 2023 à 2024. En 2019-2020, elle en avait reçu une seule.

«Ceci représente une augmentation continue au cours des 5 derniers exercices financiers», lit-on dans le rapport annuel 2023-2024 de la CFP.

«De nombreux facteurs peuvent influencer les demandes, tels que le volume de dotation», dit la CFP dans une réponse par courriel. Les effectifs généraux de la fonction publique fédérale ont certes augmenté, mais la CFP ignore si le nombre de fonctionnaires potentiellement admissibles à une exemption a fait de même.

«Nous pouvons cependant affirmer que, parmi les demandes reçues depuis 2018, seulement deux ont été refusées», révèle-t-elle.

Et dans les deux dernières années, sur les 28 demandes d’exemption reçues, 27 concernaient l’apprentissage du français. Cette proportion reflète la distribution générale des demandes reçues par la CFP dans le passé, confirme l’organisme.

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Explications

Plusieurs postes au sein de la fonction publique exigent le bilinguisme. Selon le poste, il faut posséder une certaine maitrise des deux langues officielles, le français et l’anglais. Les fonctionnaires doivent passer des tests pour faire évaluer leur niveau de bilinguisme.

Grâce à un décret d’exemption, il est possible d’occuper un poste bilingue sans connaitre les deux langues si un problème de santé empêche l’apprentissage d’une seconde.

«C’est une exception à la règle générale, utilisée seulement dans certaines situations exceptionnelles», écrit la CFP dans un courriel. Un ou plusieurs spécialistes de la santé doivent fournir de la documentation médicale pour appuyer toute demande d’exemption.

La CFP donne en exemple la surdité, la dyslexie grave et des troubles neurologiques comme cause pouvant expliquer une incapacité à apprendre une langue.

Le français minoritaire

Dans les deux dernières années, une seule demande d’exemption pour une raison d’ordre médical concernait l’apprentissage de l’anglais. La fonction publique canadienne a beau compter plus de fonctionnaires anglophones que francophones, les demandes d’exemptions sont disproportionnelles.

2023-2024, 2024-2025 

La CFP note que l’exemption est accordée dans les cas où une personne est incapable d’apprendre une deuxième langue officielle, et ce, «même avec une formation linguistique».

Est-ce qu’alors les fonctionnaires francophones sont moins susceptibles d’être atteints d’un trouble empêchant l’apprentissage de l’anglais? Ce n’est pas l’hypothèse de la professeure d’orthophonie à l’Université Laurentienne, en Ontario, Michèle Minor-Corriveau. 

Selon elle, «le contexte minoritaire» rend l’apprentissage du français plus difficile au Canada. «Si je vais en Espagne, je n’ai pas le choix, tout se passe en espagnol. C’est sûr que l’espagnol me viendrait beaucoup plus facilement.»

Rappelant qu’«il est difficile pour tout adulte d’apprendre une autre langue», l’orthophoniste explique que, pour ce faire, «ça prend vraiment un milieu, un contexte dans lequel on peut faire des échanges».

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Au-delà de la formation linguistique, il y a la langue du milieu, fait-elle remarquer. Sans douter de la rigueur avec laquelle les exemptions sont accordées dans la fonction publique, Michèle Minor-Corriveau témoigne de «gens qui ont connu de grands succès à apprendre une langue, même à l’âge adulte, malgré des troubles qui justifieraient une exemption, parce que la motivation était là».

La motivation, ce n’est pas le seul facteur, mais c’est le plus important. Même quelqu’un qui souffre de dyslexie, s’il veut marier quelqu’un qui vient d’un autre pays, il voudra pouvoir communiquer avec cette personne-là.

— Michèle Minor-Corriveau

La responsabilité des gestionnaires

Dans le cas d’une exemption pour raison d’ordre médical, il revient aux gestionnaires «de prendre des mesures pour assurer les tâches ou fonctions bilingues liées au poste aussi longtemps que la personne qui occupe le poste ne répond pas aux exigences linguistiques», explique la CFP par courriel.

«Il incombe aux institutions de déterminer les mesures appropriées au cas par cas, en tenant compte des fonctions et des responsabilités uniques du poste à doter», écrit-elle. Un partage des fonctions avec un autre fonctionnaire, bilingue, de même niveau peut par exemple avoir lieu.

«Ça met l’emphase sur le handicap»

«Il n’existe aucun examen pour évaluer les compétences d’une personne en LSQ ou en ASL. Faute de cet examen-là, on donne des exemptions médicales», dit Richard Belzile. 

Photo : Courtoisie

C’est ce que dénonce le directeur général de l’Association des sourds du Canada, Richard Belzile, qui préfèrerait que l’on parle davantage d’«accommoder» plutôt que d’exempter des personnes des exigences liées à un poste.

«Ça met l’emphase sur le handicap, sur le négatif, remarque-t-il. Si une personne est en fauteuil roulant et qu’il y a trois marches, on ne va pas [lui] donner une exemption de venir au travail, mais on va construire une rampe. C’est au deuxième étage? On va mettre un ascenseur.»

Richard Belzile reconnait que l’exemption permet un transfert de responsabilités liées à une seconde langue officielle, mais estime que cette solution est limitée : «Si tu cherches un poste où les tâches ne peuvent pas être transférées, si on demande un poste de gestion ou de superviseur de 30 ou 40 employés, si on demande le poste de sous-ministre, est-ce qu’on va donner une exemption médicale?»

Sans prétendre avoir les réponses à tout, Richard Belzile aimerait que le gouvernement se penche davantage sur la manière d’intégrer les personnes atteintes de surdité, au-delà d’exemptions.

Il fait remarquer que la fonction publique ne teste pas la connaissance de la langue des signes québécoise (LSQ) ni de l’American Sign Language (ASL), et propose que cela soit rectifié.

«Si tu testes la personne selon ces langues, tu vas voir qu’elle est bien qualifiée pour le poste. Et là, la question en devient une d’accommodation au lieu d’une exemption médicale», conclut Richard Belzile.

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Lors d’un panel tenu le 25 juin à Ottawa, dans le cadre du colloque «Pouvoir des langues, langues du pouvoir», trois professeures de l’Université Laurentienne ont dressé le même constat : les normes permettant d’évaluer le développement du langage chez des enfants francophones en situation minoritaire sont inadaptées, voire inexistantes.

«À l’heure actuelle, il n’y a pas de dépistage qui permet de prédire si les enfants en âge préscolaire vont avoir des troubles de développement du langage (au scolaire)», affirme la professeure agrégée à l’École d’orthophonie de la faculté d’éducation et de santé de l’Université Laurentienne, à Sudbury, en Ontario, Roxanne Bélanger.

C’est pourquoi elle a cherché à multiplier les outils dans le cadre de ses recherches, en auditionnant des enfants bilingues : dix dont le français était la langue dominante et 36 dont c’était l’anglais.

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Les gestes comme «outils de dépistage»

Pour Roxanne Bélanger, il serait possible de détecter des complication au niveau du langage dès l’âge préscolaire, mais les ressources manquent. 

Photo : Inès Lombardo – Francopresse

Selon Roxanne Bélanger, l’emploi des gestes chez les enfants d’âge préscolaire, de 1 à 5 ans, reste un «indicateur du développement langagier et cognitif».

«[Les gestes] sont accessibles, ils sont culturellement robustes et indépendants du vocabulaire. [Ils] demeurent donc un outil de dépistage et d’intervention dans les communautés où les enfants sont surtout exposés à une langue minoritaire. Les gestes permettent de surveiller le développement du langage sans [avoir] recours au vocabulaire dans la langue majoritaire.»

Agir sur le développement des gestes à l’âge préscolaire en amont permettrait d’éviter «une cascade de difficultés», remarque-t-elle.

Cette situation concerne les enfants issus d’un foyer où ils sont exposés à une ou à plusieurs langues minoritaires, de manière plus ou moins constante, «ce qui peut influencer la vitesse puis la nature du développement langagier», souligne-t-elle.

Les premiers résultats de ses recherches ont permis à la professeure de confirmer que, lorsqu’un dépistage est effectué à 36 mois, il est possible de prédire et de corriger l’apparition d’éventuels troubles à 70 mois.

Le «casse-tête» de l’évaluation

D’après elle, il manque «une stratégie d’identification précoce sur l’emploi de gestes qui tienne compte de la complexité du développement de l’enfant, surtout au sein des communautés linguistiques minoritaires».

«Il y a peut-être des concepts qui ne sont pas universellement pertinents ou transposables», ajoute la professeure.

Selon elle, l’emploi de gestes pourrait dépendre de la langue, avec à la clé des différences culturelles. Mais faute de recherche pour les langues minoritaires, c’est encore un «casse-tête» d’évaluer des enfants qui changent de langue en fonction du contexte majoritaire.

«Puis, en français, on n’a pas le choix, [on doit utiliser] des outils qui sont traduits», déplore-t-elle, soulignant l’incertitude quant à leur fiabilité.

Parfois, les orthophonistes s’appuient sur des outils conçus en France ou au Québec, ce qui ne reflète pas non plus la réalité des communautés de langue officielle minoritaire, souligne-t-elle.

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«Attentes culturelles différentes»

L’autre défi reste selon Roxanne Bélanger est qu’«il y a souvent une quantité inégale d’exposition aux différentes langues, ce qui peut influencer la communication gestuelle et orale».

Pour la professeure, la langue majoritaire «domine» l’environnement direct des médias : à l’école, lors des activités extrascolaires ou communautaires.

Ça influence vraiment la motivation de l’enfant et la capacité à apprendre la langue minoritaire. Et les quelques recherches qui ont eu lieu auprès des langues minoritaires ont montré qu’il peut y avoir des attentes culturelles différentes face au développement du langage.

— Roxanne Bélanger

Sa collègue, Michèle Minor-Corriveau, également professeure agrégée à l’École d’orthophonie de l’Université Laurentienne, relève que les enfants bilingues ont longtemps été évalués dans leur langue dominante.

La présidente du panel, Chantal Mayer-Crittenden, affirme que les orthophonistes finiront par créer leurs propres outils, notamment pour évaluer les enfants francophones en contexte linguistique minoritaire. 

Photo : Inès Lombardo – Francopresse

«Quand on a commencé en tant qu’orthophoniste, on avait des gens qui résistaient au fait qu’on devait évaluer l’élève en français en milieu minoritaire», témoigne-t-elle.

Or, les normes actuellement en place restent inadaptées, insiste-t-elle, puisque 80 % des élèves ne répondent pas aux critères exigés.

Autre souci : le fait de penser qu’un enfant a un trouble du langage, alors que ce n’est pas le cas. «On va parfois soit suridentifier un trouble quand en fait [les enfants] sont tout simplement en voie d’acquisition de la langue seconde. Donc c’est sûr que lorsqu’ils sont en train d’apprendre une langue seconde, ils n’auront pas des scores comparables à un enfant monolingue», soulève Chantal Mayer-Crittenden, professeure dans la même faculté que les deux autres chercheuses.

En entrevue avec Francopresse, Julie Boissonneault, coorganisatrice et cofondatrice du colloque international Langue et Territoire, explique la raison d’être de l’évènement : «Il a été créé d’abord et avant tout par intérêt [pour les langues]».

Il vise aussi à offrir un espace d’échange entre des disciplines qui s’intéressent à des enjeux similaires, poursuit-elle.

Julie Boissonneault confirme qu’il s’agissait de la dernière édition du colloque, principalement en raison du décès en 2023 d’un des cofondateurs, Ali Reguigui, professeur de linguistique à l’Université Laurentienne.

TERRE-NEUVE-ET-LABRADOR : Parc Boutte du Cap

Souvent, on me demande pourquoi j’ai décidé de rester à Cap-Saint-Georges, un coin que j’appelle souvent «le Pays du Bon Djieu». Bien, la réponse n’est pas compliquée. Pourquoi aller ailleurs pour avoir moins que j’ai ici, dans mon p’tit coin de pays. Où peut-on aller et respirer un air si frais, voir le fond de l’océan de loin, au large, faire des excursions en forêt et sur la montagne Blanche, voir l’ile Rouge, le Cap Carré ou même le Caillou Percé au loin? Et où, du 1er au 3 aout, peut-on célébrer la musique et la culture franco-terre-neuvienne mieux qu’au Parc Boutte du Cap, à Fêtons le festival?

– Joseph A. Benoit, directeur-enseignant à la retraite, pour Le Gaboteur

Photo : Joseph A. Benoit

NOUVELLE-ÉCOSSE : Le Village historique acadien de la Nouvelle-Écosse

Niché dans le coin de Pubnico, la plus ancienne région encore acadienne dans la province, le Village historique acadien de la Nouvelle-Écosse permet de remonter au début des années 1900. Le site de 17 arpents a une vue sur le port de Pubnico. Ce lieu riche en histoire est une excellente manière de se familiariser avec la vie et la culture acadienne de l’époque.

– Jean-Philippe Giroux, rédacteur en chef, Le Courrier de la Nouvelle-Écosse

Photo : Jean-Philippe Giroux

ÎLE-DU-PRINCE-ÉDOUARD : Les Maisons de Bouteilles et Jardins

Trois bâtiments grandeur nature ont été fabriqués avec plus de 25 000 bouteilles de verre qui créent une symphonie de lumière et de couleurs. Au bord de la route 11 à l’Île-du-Prince-Édouard, une bouteille géante de 13 pieds de hauteur invite les gens à venir jeter un coup d’œil. On peut déambuler dans les jardins de fleurs en constante évolution, admirer les sculptures en bouteilles et visiter le centre d’interprétation, qui est une reproduction du phare de Cap-Egmont. En plus, il y a une boutique de cadeaux qui propose, entre autres, des objets de verre produits à l’Île-du-Prince-Édouard. Venez explorer ce site afin de vous ressourcer et de retrouver une sérénité inégalée.

– Marcia Enman, directrice générale, La Voix acadienne

Photo : La Voix acadienne

NOUVEAU-BRUNSWICK : Akadi Lumina au Pays de la Sagouine

Inauguré en présence de la regrettée Antonine Maillet en aout 2023, le parcours nocturne Akadi Lumina s’enrichit cette année d’une nouvelle zone intitulée Haute Mer. Immergez-vous dans l’histoire de l’Acadie, ses légendes, ses traditions et son folklore. Le parcours débute à la tombée de la nuit. Rien ne presse : prenez tout votre temps et laissez-vous envelopper par la magie d’une expérience onirique.

– Damien Dauphin, rédacteur en chef, Le Moniteur acadien

Lumière, musique et projections font découvrir le Pays de la Sagouine sous un tout nouveau jour – ou plutôt nuit.

Photo : Damien Dauphin

ONTARIO : L’ile Petrie, Orléans

Que ce soit pour un après-midi à la plage, une randonnée en forêt, une balade en bateau sur l’eau de la rivière des Outaouais ou même pour une vue imprenable sur le coucher du soleil, l’ile Petrie est un endroit prisé des amoureux et amoureuses de plein air. Située au bout du chemin Tweedle, à Orléans, une banlieue de l’est d’Ottawa, l’ile abrite de nombreuses espèces, dont des tortues, des grenouilles et des grands hérons.

– Rebecca Kwan, journaliste, L’Orléanais

Photo : Rebecca Kwan

ONTARIO : Les iles de Toronto

Toronto est loin d’être un village. Pourtant, une communauté de la métropole correspond à la définition d’un village : les 600 personnes qui habitent sur les iles de Toronto. Ces iles forment l’une des attractions les plus originales de la Ville Reine. Accessibles par un traversier qui fait partie du système de transport en commun de la ville, elles comptent quelques plages baignables, des restaurants sympathiques, des petites rues cyclables, d’immenses parcs et une vue imprenable sur la ville et sur le lac Ontario. Elle est chaudement recommandée par la chroniqueuse Nathalie Prézeau.

– François Bergeron, rédacteur en chef, l-express.ca

Une rue de l’ile Ward. Photo : Nathalie Prézeau

ONTARIO : Le Festival du loup, Lafontaine

Inspiré de la fameuse légende du loup, le Festival du loup tiendra sa 21e édition le 19 juillet 2025, à Lafontaine. Les festivités se déroulent en plein cœur du village de Lafontaine, reconnu pour son charme et sa proximité avec la baie Georgienne. La célèbre parade de tracteurs donnera le coup d’envoi à cette journée de célébrations offrant spectacles, jeux, artisans et bonne bouffe. Le groupe franco-ontarien Hey, Wow terminera la journée tout en musique cette année. Venez hurler avec nous! 

– Odette Bussière, Le Goût de vivre

La célèbre parade de tracteurs donne le coup d’envoi au Festival du loup chaque année. 

Photo : Daniel Laurin

ONTARIO : L’ile St-Joseph

À 40 km à l’est de Sault-Sainte-Marie, l’ile Saint-Joseph recèle de nombreux trésors : le fort Saint-Joseph, la marina de Hilton Beach et les baies turquoise du chenal du Nord, entre le lac Huron et le lac Supérieur. Il y a aussi le centre multiarts AlgomaTrad, auquel vient d’être ajouté un pavillon pour les camps de musique et de danse ainsi que pour les ateliers d’artisanat. Cette année, AlgomaTrad offrira en plus trois concerts d’été.

– Isabelle Michaud, journaliste, Le Voyageur

Le nouveau pavillon de concerts et danse d’AlgomaTrad. 

Photo : Courtoisie

ONTARIO : Lac Rabbit

À 48,3 kilomètres à l’ouest de Hearst, ce lac de source naturelle est un joyau caché sur le bord de la route 11. Il faut être guidé pour s’y rendre. Les gens y mettent souvent leur kayak à l’eau ou s’y baignent par grande chaleur, puisque l’eau y est extrêmement froide. La transparence de l’eau signifie que ce lac n’a pas de source externe qui s’y déverse et, puisqu’il n’y a pas de courant, la température de l’eau augmente peu au cours de l’été. Il y a plusieurs lacs bleu turquoise comme le lac Rabbit dans les environs de Hearst. Il suffit de les trouver.

– Renée-Pier Fontaine, journaliste, journal Le Nord

Renée-Pier Fontaine devant le lac Rabbit. 

Photo : Justin Guindon

SASKATCHEWAN : Le lac Diefenbaker

Le lac Diefenbaker est un lac artificiel, né de la construction des barrages Gardiner, sur la rivière Saskatchewan, et celui de la rivière Qu’Appelle. Avec ses 225 km de longueur, il s’agit du plus grand lac de la Saskatchewan. Sa dimension en fait un endroit rêvé pour tous les sports nautiques. C’est entre autres l’endroit idéal pour faire de la planche volante (kitesurf) en Saskatchewan.

– Frédéric Dupré, directeur général, Coopérative des publications fransaskoises

Photo : Frédéric Dupré
Photo : Frédéric Dupré

TERRITOIRES DU NORD-OUEST : Le festival Folk On The Rocks

Folk On The Rocks (FOTR) est un festival de musique et de culture incontournable du Nord canadien. Il est organisé chaque été depuis 1980 sur les rives du lac Long, à Yellowknife. Ce rassemblement unique offre plus de 35 heures de spectacles répartis sur six scènes, réunissant des artistes du Canada et d’ailleurs, y compris quelques artistes francophones. Le festival propose une programmation pour tous les âges, y compris les enfants, une brasserie en plein air, un marché d’artisanat local et une foire alimentaire. Que vous soyez en quête de musique, de culture ou simplement d’une expérience authentique en plein air, cet évènement promet une aventure mémorable.

– Élodie Roy, journaliste et annonceuse radio, Médias ténois

Lemon Bucket Orkestra au milieu d’une foule en extase au festival Folk On The Rocks de 2023. 

Photo : Cristiano Pereira

ALBERTA : Le lac Upper Kananaskis

Situé dans le parc provincial Peter Lougheed, au sud-ouest de Calgary, ce lac naturel est le point de départ de nombreuses randonnées. Vous pouvez en faire le tour en quelques heures sur un terrain quasiment plat ou décider de prendre quelques jours pour rejoindre d’autres vallées plus escarpées. Ce lac est très apprécié des familles en été, mais c’est à l’automne que la lumière y est la plus belle. La faune et la flore y sont extraordinaires. À quelques minutes du stationnement, il est possible de prendre de la hauteur très rapidement vers le lac Rawson, où le paysage alpin se resserre, les falaises vous encerclent et les névés de neige y défient la gravité.

– Arnaud Barbet, rédacteur en chef, Le Franco

Bois flotté sur la rive du lac Upper Kananaskis. 

Photo : Arnaud Barbet

COLOMBIE-BRITANNIQUE : Fisherman’s Wharf

À Victoria, à quelques minutes à pied de l’hôtel Empress et de l’édifice du Parlement provincial se trouve un lieu qui respire la joie de vivre de la Côte Ouest : le Fisherman’s Wharf. Il fait bon y découvrir, en marchant sur les quais, plus d’une trentaine de maisons flottantes aux couleurs éclatantes, ainsi que plusieurs cafés et restaurants très fréquentés et réputés pour leurs plats de produits frais de la mer. De ces quais, on peut partir en excursion pour aller voir les baleines ou emprunter un kayak pour découvrir l’Inner Harbour de Victoria.

– Denis Bouvier, collaborateur, La Source

Au Fisherman’s Wharf, même les taxis sont flottants. 

Photo : Denis Bouvier

Une trentaine de maisons flottantes et de restaurants composent le Fisherman’s Wharf. 

Photo : Charlene Simon

YUKON : Canyon Miles

Site accessible à vélo, en auto ou même à pied si une petite randonnée vous tente, le Canyon Miles saura vous émerveiller. De la couleur de l’eau du fleuve Yukon à l’immersion dans la forêt, cet endroit vous fera notamment découvrir des vestiges de la ruée vers l’or. Du plaisir assuré pour les personnes de tous âges. Accès gratuit. L’été, des promenades d’interprétation gratuite sont offertes et, une fois par an, un festival d’arts visuels en plein air est proposé en juillet.

– L’équipe de l’Aurore boréale

Photo : Maryne Dumaine

FRANCOPHONIE

Depuis le 20 juin, les fonctionnaires fédéraux qui travaillent dans une région bilingue ont le droit d’être supervisés dans la langue officielle de leur choix, peu importe la désignation linguistique de leur poste.

De plus, les postes de superviseurs bilingues nécessiteront désormais un niveau de compétence linguistique plus élevé, conformément aux exigences de la Loi sur les langues officielles.

À lire aussi : Les fonctionnaires fédéraux pourront désormais choisir la langue de supervision

Allister Surette a été élu président du Comité sénatorial permanent des langues officielles le 26 juin, juste avant la relâche estivale. 

Photo : Courtoisie Sénat du Canada

Lors d’une réunion d’organisation, jeudi, le Comité sénatorial permanent des langues officielles a désigné Allister Surette à sa tête. Il succède à René Cormier, président sous la dernière législature.

Originaire de Pubnico-Ouest, en Nouvelle-Écosse, le sénateur Surette a été député provincial d’Argyle de 1993 à 1998, occupant plusieurs fonctions, notamment en gouvernance acadienne et francophone.

Il a dirigé le Collège de l’Acadie, contribué à la création de l’Université Sainte-Anne actuelle, où il a été vice-recteur puis recteur de 2011 à 2024.

Il a aussi présidé le comité du 3e Congrès mondial acadien en 2004 et a été nommé par Ottawa en 2020 représentant spécial du gouvernement fédéral pour renouer le dialogue entre les pêcheurs commerciaux et les communautés autochtones.

À lire aussi : Allister Surette, un Acadien vétéran du milieu postsecondaire francophone, fait son entrée au Sénat

CANADA

La cheffe de l’APN, Cindy Woodhouse Nepinak, a de nouveau appelé à une étude prolongée du projet de loi C-5, avant son adoption au Sénat, jeudi. 

Photo : Creative commons CC BY 2.0 – Flickr

Jeudi, le projet de loi C-5 du gouvernement fédéral a été adopté au Sénat et a reçu la sanction royale, près d’une semaine après son adoption par la Chambre des Communes.

La cheffe de l’Assemblée des Premières Nations (APN), Cindy Woodhouse Nepinak, avait demandé plus tôt cette semaine au Sénat de prolonger l’étude de la pièce législative.

L’enjeu : Ce projet, qui vise à accélérer l’obtention de permis pour de grands projets d’intérêt national (comme des oléoducs ou des lignes de transport électrique), suscite la colère de groupes autochtones et environnementaux. Ceux-ci estiment que le gouvernement s’arroge le pouvoir d’approuver des projets qui devraient faire l’objet d’études rigoureuses et de plus longue durée.

De son côté, le premier ministre, Mark Carney, s’est réjoui sur: «Nous éliminerons les obstacles au commerce intérieur et réaliserons rapidement de grands projets partout au pays. Merci aux députés et aux sénateurs de tous les partis qui ont collaboré à son adoption.»

Mercredi, le débat avait été brièvement interrompu après l’effondrement du sénateur Patrick Brazeau, qui serait en train de récupérer, selon plusieurs médias.

Avant son malaise, M. Brazeau avait critiqué la pertinence des consultations gouvernementales avec les grandes organisations autochtones après l’adoption du projet de loi, soulignant que ces groupes sont financés par Ottawa et sont souvent jugés peu représentatifs des communautés autochtones directement concernées.

À lire aussi : Feuilleton de la Colline : des négociations en accéléré et C-5 adopté

 

Dix sénateurs ont signé un communiqué pour demander au gouvernement canadien de faire pression sur Israël.

«Nous sommes préoccupés par l’aggravation de la crise humanitaire en Palestine, le mépris du droit international par l’État d’Israël et le risque juridique auquel le Canada s’expose en s’abstenant de réagir face à des crimes contre l’humanité», déclarent-ils.

L’enjeu : Les neuf sénateurs formulent six demandes concrètes :

  1. Protéger et financer l’aide humanitaire à Gaza;
  2. Imposer un embargo bilatéral sur les armes à destination d’Israël;
  3. Mettre fin à la participation du Canada aux colonies israéliennes illégales;
  4. Lutter contre le racisme antipalestinien et protéger la liberté d’expression sur la Palestine;
  5. Reconnaitre l’État de Palestine;
  6. Réviser l’Accord de libre-échange Canada-Israël

Mardi, l’ONU a par ailleurs appelé Israël à «cesser de tirer sur les personnes qui tentent d’obtenir de la nourriture» dans la bande de Gaza. Un acte qu’elle qualifie de «crime de guerre».

Israël a introduit depuis le 26 mai un système de distribution d’aide alimentaire à Gaza soutenu par les États-Unis et fortement critiqué par l’ONU et plusieurs ONG, qui dénoncent des scènes de violence chaotiques.

INTERNATIONAL

Le sénateur québécois Patrick Brazeau s’est effondré mercredi au Sénat, en se levant pour prendre la parole. 

Photo : Sénat du Canada

Mercredi, le Canada et les alliés de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) se sont engagés à porter leurs dépenses militaires à 5 % du PIB d’ici 2035, soit 3,5 % pour les équipements de défense et 1,5 % pour les infrastructures et la cybersécurité.

L’enjeu pour le Canada : Ottawa, qui vient d’atteindre la cible de 2 %, prévoit d’investir 9,3 milliards de dollars supplémentaires dans les Forces armées canadiennes et l’acquisition de drones, de véhicules blindés, d’avions ainsi que de munitions, pour notamment surveiller les fonds marins et l’Arctique.

Les dépenses en matière de défense passeront ainsi de 53,4 à 62,7 milliards de dollars. Mais pour atteindre la cible de 5 % du PIB, le Canada devra dépenser près de 150 milliards. Pour y parvenir, le gouvernement compte inclure dans ce calcul les investissements liés aux infrastructures à usage civil et militaire.

«Augmenter les dépenses de défense à 5 % n’a jamais fait partie de la campagne électorale de Mark Carney, qui s’est terminée il y a moins de deux mois. Ce n’est pas ce que les Canadiens·nes lui ont donné comme mandat», a critiqué la porte-parole en matière de défense du Nouveau Parti démocratique (NPD), Heather McPherson, dans un communiqué, mercredi.

«Inévitablement, au cours des dernières années, on a dû réduire nos investissements en production originale franco-canadienne, on en fait un peu moins», reconnait le nouveau président-directeur général de TV5 Québec Canada, Yann Paquet.

L’entité regroupe les chaines câblées TV5, consacrée à la francophonie internationale, et Unis TV, qui a pour mandat de refléter la diversité des francophonies canadiennes. TV5 Québec Canada gère également la plateforme gratuite de vidéos en continu TV5Unis, sur laquelle se trouvent les contenus des deux chaines.

Les revenus de TV5 Québec Canada atteignaient en 2023 un peu plus de 34 millions de dollars, une diminution de quelque 6 % par rapport à 2019. Yann Paquet s’inquiète de cette tendance à la baisse. Elle qui risque de se poursuivre à mesure que les revenus provenant des publicités et des abonnés au câble chutent.

«Occasions concrètes de s’exprimer sur les écrans»

Les défis financiers du télédiffuseur inquiètent particulièrement les acteurs de l’industrie francophone des écrans.

Carol Ann Pilon de l’APFC estime que les défis financiers de TV5 Québec Canada peuvent avoir des effets négatifs sur toute l’industrie des écrans en dehors du Québec. 

Photo : Courtoisie

«Si les budgets diminuent, le nombre et la qualité des productions diminueront en conséquence. Les impacts seront négatifs sur tout le secteur», prévient la directrice générale de l’Alliance des Producteurs francophones du Canada (APFC), Carol Ann Pilon.

Les cinéastes et les scénaristes concluent en effet des ententes avec des producteurs, qui eux-mêmes négocient des contrats de diffusion avec les chaines de télévision.

«Pour qu’un projet voie le jour, ça prend un télédiffuseur qui s’engage à trouver des financements, c’est le déclencheur principal. Sans son engagement, il n’y a pas de projet», insiste Carol Ann Pilon.

Or, peu de joueurs s’intéressent aux productions franco-canadiennes. En dehors de TV5 et d’Unis TV, seuls TFO et Radio-Canada investissent dans ce marché.

«Unis TV est un acteur particulièrement important pour diffuser des contenus produits par et pour les francophones. C’est l’un des diffuseurs avec qui nos membres travaillent le plus», affirme Carol Ann Pilon.

Le directeur général du Regroupement des artistes cinéastes de la francophonie canadienne (RACCORD), Bruno Boëz, parle également d’une «chaine essentielle à la vitalité des productions à l’extérieur du Québec».

«Dans le contexte minoritaire où les francophones sont éclatés, les cinéastes sont plus isolés pour créer. Les initiatives d’Unis TV permettent de les regrouper et leur offrent des occasions concrètes de s’exprimer sur les écrans», estime-t-il.

À lire aussi : L’APFC dénonce une «absence quasi totale» de considération francophone en diffusion de contenu

«Les productions hors Québec coutent très cher, encore plus depuis la pandémie de COVID-19. On a besoin d’une chaine forte pour nous soutenir», insiste Bruno Boëz de RACCORD. 

Photo : Marianne Duval

«Le public de la télévision diminue d’année en année. On doit essayer de réinventer le système, de changer la législation pour que les plateformes investissent dans le contenu franco-canadien», plaide la productrice Rayne Zukerman. 

Photo : Luke Fillion

Soutien à la relève, «presque une bouée de sauvetage»

À Toronto, la productrice Rayne Zukerman a pu bénéficier du soutien d’Unis TV pour les deux saisons de sa série Paris Paris. «J’ai développé une relation avec quelqu’un de la chaine sur place, qui avait une compréhension approfondie de la réalité en situation minoritaire, c’est un atout.»

Avec le programme Créateurs en série, TV5 et Unis TV accompagnent aussi les créateurs canadiens de la relève dans le développement et la réalisation de leur série courte. Plus de 80 productions et 300 artisans du cinéma ont profité de ce programme.

C’est une initiative fondamentale, presque une bouée de sauvetage, car aucune école de langue française hors Québec ne forme aux métiers de cinéaste et de scénariste.

— Bruno Boëz

Mais si les chaines ne sont pas en mesure de revoir leur modèle de financement, «nous n’aurons pas d’autre choix que de requestionner le programme», avertit Yann Paquet de TV5.

À lire aussi : Cinéma francophone : une formation pour assurer la relève

Règlementer les plateformes numériques

Pour changer la donne, TV5 Québec Canada, l’APFC et RACCORD demandent au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) d’augmenter de 2 cents le tarif mensuel que chaque abonné du câble au pays paie au profit de TV5 et Unis TV. Ce tarif est actuellement fixé à 28 cents par mois au Québec et à 24 cents ailleurs au Canada.

«Investir dans des contenus originaux franco-canadiens nous tient à cœur, c’est au cœur de nos activités», souligne le PDG de TV5 Québec Canada, Yann Paquet. 

Photo : Courtoisie

«On n’a pas encore eu de retour du CRTC, mais on a vraiment besoin de cette augmentation. Elle nous permettrait de nous rendre jusqu’au renouvèlement de la licence, dans un an et demi», indique Yann Paquet.

Le PDG admet également le besoin «d’accélérer la transition vers le numérique pour rejoindre un nouveau public de jeunes adultes».

Il évoque enfin les subventions des gouvernements fédéral et québécois, qui représentent 10 % des revenus de TV5 Québec Canada. «Ottawa et Québec sont au courant et sensibles à la situation, nous avons des discussions sur comment faire évoluer notre modèle de financement», commente-t-il.

«Le combat et les efforts de sensibilisation continuent, appuie Bruno Boëz. Les décideurs doivent créer plus d’actions positives pour renforcer l’industrie des écrans dans la francophonie minoritaire et la découvrabilité des contenus sur les plateformes numériques.»

À cet égard, Carol Ann Pilon réclame «un geste fort» de la part du CRTC : «Il faut règlementer les plateformes de diffusion en continu et leur imposer une obligation de contribuer financièrement à la création d’une programmation canadienne de haute qualité.»

En attendant, Unis TV tourne la toute première série de langue française en Colombie-Britannique : Surf Bay, côte Ouest.

«On fait travailler tout un écosystème francophone à l’extérieur du Québec, on fait de gros investissements. Pour nous, c’est un modèle viable auquel on croit», conclut le directeur des contenus pour TV5 et Unis TV, Jérôme Hellio.

Le 19 juin, le gouvernement de l’Ontario a annoncé la création du Centre de planification de services de santé en français (CPSSF), dans le but d’améliorer l’accès aux soins pour les francophones. L’ouverture du Centre est prévue pour le 1er septembre 2025.

Les six entités actuelles chargées de rapporter les besoins des différentes régions de la province seront dissoutes le 31 aout 2025.

Fruit d’une réflexion amorcée il y a quelques années, les entités n’ont pourtant appris la nouvelle que le jour même de l’annonce, en même temps que le grand public. Seules les directions en avaient été informées 90 minutes plus tôt.

Explications

Il existe six entités de planification des services de santé en français en Ontario. Leur mandat est de documenter les besoins en santé de la communauté francophone et de fournir des avis à Santé Ontario et au ministère ontarien de la Santé afin d’augmenter l’offre de services en français, explique le directeur général de la Société Santé en français (SSF), Antoine Désilets.

Le gouvernement ontarien mettra fin au financement des entités actuelles et centralisera les fonds au sein du CPSSF.

Deux des entités, le RSSFE et le RMEFNO, reçoivent aussi du financement de Santé Canada. Elles continueront à recevoir ces fonds fédéraux et d’exister, mais «comme organismes réduits», explique M. Désilets.

«Bien qu’une réévaluation du mandat des Entités était attendue depuis quelques années, l’annonce d’une structure complète déjà établie et qui n’a pas inclus les Réseaux dans la planification était une surprise», écrivent dans un communiqué conjoint le Réseau des services de santé en français de l’Est de l’Ontario (RSSFE) et le Réseau du mieux-être francophone du Nord de l’Ontario (RMEFNO).

Il y a beaucoup d’«incertitude» en ce moment, reconnait le directeur général du RSSFE, Normand Glaude, en entrevue avec Francopresse. Plusieurs décisions doivent être prises, notamment en ce qui concerne le transfert d’employés, et ce, «à la hâte au courant de l’été […] l’été étant un temps de vacances».

À lire ailleurs : Soins de santé en français : l’Ontario met fin aux entités de planification (Le Droit)

Aucune consultation des entités depuis 2023

Le Centre a été créé en collaboration avec l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) et l’Hôpital Montfort. Le directeur général de l’AFO, Peter Hominuk, et le président-directeur général de l’établissement, Dominic Giroux, ont tenu une assemblée citoyenne sur la question le 23 juin.

Dominic Giroux (à gauche) et Peter Hominuk (à droite) ont affirmé travailler «un peu comme des directeurs généraux» du nouveau centre pour le moment.

Photo : K Harry – Wikimedia Commons et Courtoisie

Ils ont notamment vanté la tenue de plus de 40 réunions avec le gouvernement ontarien, chacune rassemblant plus d’une quinzaine de personnes autour de la table – mais jamais les six entités.

On est surpris de comment le tout s’est déroulé, qu’on n’était pas là dans les discussions.

— Diane Quintas, directrice générale du RMEFNO

Normand Glaude estime que des consultations auraient «peut être permis de préparer un plan de transition meilleur et une collaboration plus étoffée dès le départ».

Par courriel, l’AFO indique que les consultations ont été menées «à la discrétion du gouvernement». Aussi par courriel, le ministère de la Santé a indiqué avoir consulté les entités, sans détailler que cet exercice date d’il y a plus de deux ans.

L’AFO assure avoir porté la voix et les propositions des entités. Elle rappelle en outre que le concept d’une structure provinciale (comme le Centre) avec une présence régionale avait été proposé par les entités elles-mêmes et avait été retenue dans des mémoires déposés par l’AFO en 2023.

Diane Quintas reconnait que l’idée venait des réseaux et est prête à travailler avec le nouveau centre. Ultimement, les réseaux sont heureux de la décision, malgré le manque de détails.

Néanmoins, «les réseaux auraient dû être consultés», appuie le directeur général de la Société Santé en français (SSF), Antoine Désilets.

À lire aussi : Santé en français : un droit encore à réclamer et des calculs à repenser

Des employés dans le brouillard

Le RSSFE et le RMEFNO ne seront pas entièrement dissouts. La partie financée par le fédéral sera maintenue. Mais il existe un risque qu’ils soient «sérieusement affaiblis», a reconnu le président de l’AFO, Fabien Hébert, lors de l’assemblée du 23 juin.

Diane Quintas dit devoir prendre des décisions dans les deux prochains mois sans que tout soit encore «connu». 

Photo : Courtoisie

Un plan de transition est censé se dessiner d’ici le 31 aout. Mais pour Diane Quintas et Normand Glaude, rien n’est encore clair. Ils ne savent pas à quoi ressembleront leurs réseaux, ni comment ceux-ci collaboreront avec le nouveau centre, ni comment ils diviseront leurs effectifs.

Les employés permanents des quatre autres entités seront transférés vers le nouveau centre et demeureront répartis un peu partout dans la province; aucune mise à pied n’est prévue, assure le gouvernement ontarien.

C’est plus compliqué pour les Réseaux de santé de l’Est et du Nord. Ceux-ci ont un double mandat : entité de planification (financée par l’Ontario) et membre de la SSF (financée par le fédéral).

Le personnel du mandat entité doit être transféré vers le nouveau centre, et les autres resteront au réseau sous le volet financé par Santé Canada.

Sauf que «tous mes employés portent les deux chapeaux», rappelle Diane Quintas. Comme dans l’Est, le personnel du Réseau du Nord n’est pas clairement réparti entre les deux mandats.

Ce sera donc à la directrice générale de décider comment les employés se divisent. «Je me fie sur le fait qu’on nous a dit qu’aucun employé perdrait son emploi, alors je vais les tenir à ça.»

«Ça fait partie un petit peu des préoccupations, du manque de temps de prendre des décisions», se désole Mme Quintas. Elle et Normand Glaude affirment ne pas disposer de plus d’information que le public.

Diane Quintas rapporte un «mélange d’émotions» au sein de ses employés. «Il y a évidemment un sentiment de perte de l’équipe. La grande majorité de mes employés sont avec moi au réseau depuis 8 à 10 à 15 ans.» Même son de cloche chez Normand Glaude.

Les employés travaillent depuis un bon bout de temps au réseau, étaient attachés à l’équipe. Maintenant, la question qui se pose c’est la direction et le type d’environnement de travail dans ce nouveau centre-là. Et je ne peux pas bien les réconforter parce que je ne connais pas du tout la nouvelle structure organisationnelle.

 

— Normand Glaude

«Le Centre est actuellement en train de finaliser les détails liés à la transition du personnel», écrit le ministère ontarien de la Santé.

Représentation régionale

«J’espère qu’il va rester des gens un peu partout en Ontario. Parce que cette nouvelle entité qui va desservir toute la province, on espère qu’elle va comprendre les réalités régionales», s’inquiète une ancienne employée du RMEFNO, Elsa St-Onge.

«On passe d’une structure où il y a certainement une représentation régionale par les systèmes de santé, à une structure où cette représentation-là devra passer par leur structure d’équipe, leur structure de gouvernance : ce sont toutes des choses qu’on attend de voir», dit Antoine Désilets. 

Photo : Courtoisie

«Même dans le Nord, il y a des divergences entre communautés, souligne-t-elle. Ça prend vraiment des gens sur le terrain.»

Antoine Désilets de la SSF abonde dans le même sens : «Thunder Bay et Toronto, c’est deux régions différentes. Ça va demander pour le Centre de s’assurer d’avoir le pouls des différentes régions du pays.»

Il se dit rassuré par la composition du conseil d’administration actuel, qui comporte déjà des visages d’un peu partout en Ontario. Il faut aussi rappeler que les employés des réseaux actuels demeureront dans leurs régions.

«Il faut donner la chance aux coureurs, c’est-à-dire qu’il faut faire confiance que cette structure-là va amener des changements concrets pour les francophones, estime Antoine Désilets. Mais tout ça reste à démontrer.»

À lire aussi : Médecins francophones : chronique d’une pénurie