«Je travaille très fort pour que l’on continue à augmenter nos investissements pour permettre aux collèges et universités d’avoir les reins solides», a assuré la députée sortante et candidate libérale dans la circonscription d’Ottawa–Vanier, en Ontario, Mona Fortier.

La députée libérale sortante dans Ottawa–Vanier, Mona Fortier, souhaite continuer à financer des programmes de bourse pour permettre la mobilité des jeunes étudiants à travers le pays.
Cette dernière veut s’appuyer sur «la force du réseau postsecondaire francophone» à l’extérieur du Québec, afin d’offrir aux étudiants des programmes et des diplômes qui répondent aux besoins du marché du travail.
«On doit s’assurer qu’on est un seul pays et pas seulement 13 provinces qui travaillent chacune avec des règlements différents.»
À cet égard, elle estime qu’Ottawa doit encourager la mobilité des étudiants à travers le pays, qu’ils soient canadiens ou étrangers, et favoriser la création de programmes d’échange entre les collèges et les universités.
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Le conservateur Joël Godin ne veut pas faire «miroiter des millions de dollars qui vont vous tomber du ciel» et dénonce les promesses non tenues des libéraux en matière de financement du postsecondaire.
«On n’a pas nécessairement à investir dans le béton»
Pour le candidat conservateur et député sortant de Portneuf–Jacques-Cartier, au Québec, Joël Godin, l’argent public doit avant tout «être bien utilisé». «On n’est pas à l’ère de l’impression de l’argent. Il faut maximiser les deniers publics et être responsable.»
Il a dénoncé, entre autres, la promesse non tenue du gouvernement libéral de Justin Trudeau d’allouer 80 millions de dollars par an à l’enseignement postsecondaire en situation minoritaire. En fin de compte, le secteur ne reçoit qu’environ 30 millions de dollars annuellement.
«De nos jours, on n’a pas nécessairement à investir dans le béton; il faut investir dans les moyens de communication pour transmettre le savoir», affirme-t-il.
À ses yeux, le «manque d’accessibilité» des établissements postsecondaires francophones à l’extérieur du Québec constitue l’un des enjeux principaux : «Ce n’est pas un manque de clientèle, c’est un manque d’institutions.»
Afin d’aider celles et ceux qui désirent poursuivre leur formation en français, le candidat appelle notamment à «diminuer la lourdeur et la complexité» des processus de bourses et d’admission, tout en invitant les institutions à innover et à offrir plus de programmes.
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Rendre permanent le programme pilote pour les étudiants étrangers
De son côté, la candidate néodémocrate dans la circonscription de Hull–Aylmer, au Québec, Pascale Matecki a concentré ses critiques sur un système où une population étudiante étrangère «précarisée» devient le «gagne-pain» d’universités «sous-financées», à la recherche permanente de fonds et de partenariats.

La candidate néodémocrate Pascale Matecki dénonce une «marchandisation du savoir» et «l’énorme fardeau» qui pèse sur les universités pour aller chercher des fonds.
«Il faut trouver des façons pour qu’elles ne soient pas obligées d’aller recruter des étudiants à l’étranger, puis qu’elles ne soient même plus capables de les soutenir lorsqu’ils sont ici», la candidate du Nouveau Parti démocratique (NPD).
Le candidat du Bloc québécois dans Gatineau, Richard Nadeau, a profité du débat pour fustiger le système d’immigration actuel : «La clientèle francophone est traitée comme une clientèle de second ordre, les demandes sont traitées plus lentement.»
«Notre système d’immigration est brisé», a renchéri le conservateur Joël Godin, qui critique également les récents changements apportés en matière d’immigration touchant les étudiants étrangers.
La libérale Mona Fortier considère pour sa part que «les provinces doivent aussi prendre leurs responsabilités» vis-à-vis de l’immigration.
Elle souhaite néanmoins «rendre permanent» le Programme Pilote pour les étudiants dans les communautés francophones en situation minoritaire (PPECFSM), qui vise à soutenir les étudiants francophones venant de l’étranger et leur permettre d’accéder plus rapidement à la résidence permanente.
Tous insistent sur le besoin de penser l’offre académique des établissements postsecondaires en fonction de la pénurie de main-d’œuvre.
«On a déjà les outils, il faut juste s’assurer que le gouvernement fédéral se coordonne mieux avec les communautés francophones qui sont les experts sur le terrain, savent où sont les besoins», dit Mona Fortier.
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Faire du français un critère d’attribution
Le manque de soutien et de financement de la recherche en français a également été abordé. Mona Fortier a défendu le bilan du gouvernement de Justin Trudeau à ce sujet, en parlant «d’investissements massifs».

Le candidat Richard Nadeau du Bloc québécois estime que le Canada n’investit pas assez dans la recherche et le développement : «Il faut mettre plus d’argent pour soutenir les institutions postsecondaires.»
Elle a rappelé les 2,6 milliards de dollars de subventions fédérales investies pour la recherche et la formation avancée en 2024 et les 734 millions de dollars destinés à des infrastructures de recherche d’envergure mondiale.
«Vous avez des alliés au caucus libéral pour que les francophones aillent chercher leur juste part dans ces montants. Nous voulons aussi développer la recherche appliquée.»
Joël Godin dit constater une situation «irrespectueuse», qui a des «effets pervers sur le développement de la francophonie». Il s’engage à augmenter les financements et la diffusion de la recherche francophone.
Richard Nadeau du Bloc québécois souhaite par ailleurs que «le fait français» soit un critère d’attribution des financements de projets de recherche.
Quelle que soit leur couleur politique, les panélistes ont reconnu le rôle essentiel des établissements postsecondaires francophones en situation minoritaire, non seulement dans la transmission de la langue, mais aussi dans le développement et la vitalité des communautés.
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