le Jeudi 25 Décembre 2025

Cette Semaine nationale vise à favoriser la rétention du personnel et à encourager l’attraction de la profession, souligne le président-directeur général de l’ACUFC, Martin Normand.

L’évènement sera marqué par la remise des premiers Prix nationaux de reconnaissance des éducatrices et éducateurs de la petite enfance. Ceux-ci seront accompagnés d’une bourse de 2000 $, qui pourra être utilisée pour suivre une formation continue.

Une série de balados, Empreintes sur l’avenir, enregistrés avec des professionnels du milieu, sera également dévoilée.

«Ils et elles vont parler de leurs espoirs pour la profession, des défis qu’ils rencontrent et de comment la formation initiale et continue permet de les aider à exercer ce métier-là et à répondre aux besoins croissants de la population», explique Martin Normand.

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Manque de place et besoins grandissants

Car les défis dans le milieu de la petite enfance francophone persistent. À commencer par la pénurie de personnel, mais aussi le manque de places et d’infrastructures pour les services de garde dans les communautés.

Martin Normand espère faire de cette nouvelle semaine un rendez-vous récurrent. 

Photo : Courtoisie

«Ça devient d’autant plus important d’agir rapidement là-dessus parce que la petite enfance c’est la porte d’entrée de tout le continuum éducatif en français», rappelle le président-directeur général.

«Un enfant qui serait inscrit dans un service de garde en français est beaucoup plus susceptible de continuer son éducation dans les établissements de la francophonie canadienne.»

«Il y a aussi des attentes à ce que les éducatrices et les éducateurs participent à la construction identitaire des tout-petits», ajoute-t-il.

Martin Normand insiste également sur l’importance de l’accès à la formation continue pour retenir des professionnels qualifiés dans les services de garde, alors que les besoins «sont grandissants et se complexifient».

«L’arrivée de nouveaux arrivants francophones dans nos communautés accroit la demande pour des places en service de garde. Ça va accroitre la demande pour des éducateurs et éducatrices qualifiées aussi.»

Selon l’ACUFC, d’ici 2035, les services de la petite enfance francophone auront besoin de près de 22 000 professionnels, alors que le bassin disponible ne devrait compter qu’environ 11 000 éducateurs et éducatrices. «Il manque déjà une personne sur deux», résume le responsable.

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Financement fédéral

«On est dans un contexte où, dans les dernières années, le gouvernement fédéral a mis beaucoup l’accent sur l’accès à l’apprentissage et la garde des jeunes enfants, remarque Martin Normand. Donc, on estime que c’est un dossier qui devrait demeurer pertinent et important pour ce gouvernement-là.»

L’ACUFC surveillera les nouveaux investissements fédéraux pour la petite enfance, afin de s’assurer que les francophones tirent leur épingle du jeu.

Briser isolement

À l’occasion de cette semaine nationale, l’ACUFC espère que les éducateurs et éducatrices renforceront leur sentiment d’appartenance. «Ils et elles sont parfois très isolés», dit Martin Normand.

«Évidemment, ils et elles peuvent partager leurs impressions avec leurs collègues sur place, mais il n’y a pas toujours l’occasion de se projeter, de parler de bonnes pratiques, de créer des occasions pour se reconnaitre, se souligner, se célébrer.»

Les balados qui seront présentés lors de l’évènement en ligne ont également la mission de fédérer : «C’est de se voir; de voir et d’entendre les expériences d’autres professionnels dans le secteur, puis de comprendre qu’ils et elles ne sont pas seuls dans ces efforts-là, qu’ils sont beaucoup à traverser ces défis-là, puis peut-être trouver des solutions de façon collective.»

À suivre

L’ACUFC compte bien inscrire ce nouveau rendez-vous dans la durée : «On va apprendre de cette édition. C’est la première, mais ce n’est certainement pas la dernière Semaine de reconnaissance», assure Martin Normand.

La programmation complète est disponible sur le site Web de l’évènement : www.merci-mon-educ.ca

Avec des informations de Lê Vu Hai Huong

D’après les études du Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes (PEICA), au Canada, la proportion des personnes ayant de faibles compétences en lecture et écriture (niveaux 0 et 1) est passée de 19 % en 2012 à 24 % en 2024, toutes langues confondues. Donc, près d’un adulte sur 5 au Canada peut seulement lire des textes courts sur des sujets familiers et comprendre des phrases de base.

Les études révèlent aussi qu’environ 50 % des Canadiens se situent en dessous du niveau 3 de littératie, considéré comme le seuil minimal pour une participation pleine et entière à la société.

Un chiffre d’autant plus éloquent que les analphabètes sont «difficiles à analyser, car ils ont des stratégies pour éviter de lire», explique le président du RESDAC, Geoffroy Krajewski.

Il regrette d’ailleurs que les francophones en situation minoritaire n’aient pas été sondés séparément dans la dernière mouture de l’étude. Sans cette mise à jour, les plus récentes données datent de 2012, dit-il.

Le plus récent PEICA a été mené par Statistique Canada, qui défend son choix : «[Il] a été conçu pour évaluer les compétences à travers le Canada de manière à représenter fidèlement la population du pays dans son ensemble ainsi que celles de chaque province. Afin de produire une enquête fiable avec optimalisation des ressources, il a été décidé de se concentrer uniquement sur ces populations. Par conséquent, la taille de l’échantillon pour les minorités linguistiques était trop limitée pour permettre une analyse statistique robuste ou la diffusion de résultats désagrégés.»

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Geoffroy Krajewski rapporte que l’étude du PEICA de 2012 avait permis d’identifier que les francophones du Nouveau-Brunswick avaient un niveau d’alphabétisation plus bas que les anglophones de la même province, mais aussi plus bas que les autres francophones du Canada. 

Photo : Courtoisie

Une absence dommageable

Pour Geoffroy Krajewski, l’absence de données précises sur les francophones est dommageable. Il cite l’étude de 2012, qui avait révélé un écart important entre francophones et anglophones.

«Au Nouveau-Brunswick, 62 % des adultes francophones étaient en deçà du niveau 3. En comparaison, on voyait que les anglophones étaient à 48 %.»

Quand vient le temps de suivre l’évolution de la situation, les données sont essentielles. Elles servent aussi à répartir les investissements équitablement, souligne-t-il.

«De pouvoir avoir des données spécifiques pour les francophones, ça permet de revendiquer une juste proportion de tout ce volume d’argent qui est dépensé [par le fédéral] au niveau du développement des compétences.»

La directrice générale de la Coalition ontarienne de formation des adultes, Gabrielle Lopez, ajoute que les données que fournirait le PEICA à propos des francophones permettraient aussi de mesurer le degré d’assimilation.

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Un nouvel outil

Pour pallier le manque de données, le RESDAC développe TOPO RESDAC. En se basant sur différentes données existantes et des formules mathématiques, il extrapole des variables qui correspondent à la francophonie minoritaire.

Reconnaitre les apprentissages alternatifs

Le RESDAC est un regroupement d’organismes qui offrent des services d’éducation aux adultes en français en milieu minoritaire. Parmi ses objectifs, le réseau souhaite valoriser des pratiques alternatives dans une stratégie nationale pour la littératie.

L’apprentissage non formel correspond aux gens qui développent des compétences via des formations, mais qui n’ont pas de valeur juridique. L’apprentissage informel est basé sur des compétences qu’on développe sans en avoir conscience

— Geoffroy Krajewski

Pour arriver à ses fins, le principal cheval de bataille du RESDAC est la Loi des langues officielles. Avec la Loi mise à jour en 2023, le gouvernement fédéral doit s’engager à assurer l’apprentissage des francophones en contexte formel, mais aussi informel et non formel. La Loi reconnait donc l’existence d’un apprentissage hors du cadre scolaire.

Le RESDAC fait du lobby auprès d’Ottawa pour mieux définir comment reconnaitre officiellement l’apprentissage informel.

Pour répondre à cette problématique de légitimité, l’organisme travaille sur la reconnaissance des badges numériques. «Cet outil donne une série d’informations sur les compétences de son porteur, il permet de voir le contexte d’apprentissage», décrit Geoffroy Krajewski. Lesdites compétences peuvent se compter par centaines et portent par exemple sur le leadeurship, le savoir-faire ou le savoir-être.

Face aux multiples spécificités des différentes minorités linguistiques, le RESDAC élabore également un catalogue de compétences linguistiques articulé autour du bilinguisme additif. «Nous souhaitons éviter le soustractif – à savoir la perte du français –, mais aussi mettre l’accent sur l’affirmation identitaire, l’engagement citoyen et le vivre-ensemble.»

Apprentissage par l’expérience

Parmi les membres impliqués dans le réseau, Jean Gauvin, retraité de 65 ans basé en Nouvelle-Écosse, a suivi 19 formations depuis 5 ans.

En Nouvelle-Écosse, Jean Gauvin a suivi 19 formations en 5 ans au sein du RESDAC. 

Photo : Courtoisie

«Après 37 ans à travailler dans la boulangerie, j’ai fait un voyage en France et je me suis rendu compte que j’avais besoin d’apprendre le numérique, parce que je ne pouvais pas suivre le mode de vie d’aujourd’hui». Il confie avoir eu son premier téléphone intelligent à 64 ans.

«Avec les cours, je me sens beaucoup impliqué dans la communauté, j’essaye de passer à un autre niveau pour faire des choses nouvelles.»

Le RESDAC lui a ainsi proposé un poste d’administrateur au sein du conseil d’administration. «On suit le déroulement des affaires, on donne notre opinion sur ce qui est planifié, détaille Jean Gauvin. J’expose aussi ce que j’ai fait dans la dernière année.»

Comme suivre des cours de français pour un niveau de littératie fonctionnel. «Ça m’a beaucoup aidé, apprécie l’apprenant. Quand on écrit des courriels, on peut être plus clair. J’ai pu communiquer avec le conseil municipal pour demander des fonds pour le centre communautaire.»

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FRANCOPHONIE

L’Association des conseils scolaires des écoles publiques de l’Ontario (ACÉPO) craint que la Loi sur la laïcité de l’État du Québec – également connue sous le nom de «loi 21» – actuellement devant la Cour suprême, ne crée une brèche dans les droits à l’éducation de la minorité francophone au Canada.

Un droit déjà acquis : Dans un mémoire déposé à la Cour, l’ACÉPO affirme que si la décision de la Cour d’appel du Québec – qui a validé l’application de la loi 21 aux écoles de la minorité anglophone – est maintenue, cela pourrait affaiblir le droit de gestion des écoles francophones hors Québec.

L’ACÉPO ne prend pas position sur la loi elle-même, mais elle redoute que cette interprétation permette aux provinces d’imposer un curriculum aux écoles de langue minoritaire qui ne tiendrait pas compte de leur autonomie de gestion et de leur particularité culturelle.

Cela irait à l’encontre des protections garanties par l’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés et de précédents jugements de la Cour suprême. L’ACÉPO a obtenu le statut d’intervenant pour faire valoir ses arguments devant la Cour suprême.

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L’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés

L’article 23 de la Charte canadienne garantit le droit à l’instruction dans la langue officielle de la minorité (français ou anglais), là où le nombre d’élèves le justifie.

Il accorde aussi aux communautés linguistiques minoritaires le droit de gérer leurs propres écoles.

Le ministre de l’Identité et Culture canadiennes, Steven Guilbeault, a débloqué 12 millions de dollars pour prolonger, jusqu’en 2025-2026, le volet Mesures spéciales pour appuyer le journalisme du Fonds du Canada pour les périodiques.

Cette aide était prévue dans le budget 2024 et vise à soutenir les journaux communautaires et les magazines, notamment ceux à distribution gratuite ou à faible tirage payant, y compris ceux de langue officielle en situation minoritaire.

Les éditeurs admissibles peuvent soumettre leur demande jusqu’au 17 novembre 2025.

À lire : Un sentiment d’urgence palpable pour les médias de langues minoritaires

Le député conservateur Joël Godin demande au Comité permanent sur les langues officielles de se pencher sur l’usage du français par le premier ministre pendant ses apparitions publiques. Radio-Canada a calculé que 17 % du contenu de 59 discours de Mark Carney était en français. Le député croit que l’utilisation du français et de l’anglais devrait être plus proche du 50 %.

CANADA

Le premier ministre a dévoilé de nouvelles mesures jeudi pour renforcer la sécurité au Canada et lutter contre la criminalité.

Une réforme sur la table : Le gouvernement entend réformer le Code criminel afin de durcir les règles pour les délinquants violents et récidivistes, avec des peines plus sévères et des conditions de libération plus strictes.

Le gouvernement investira également 1,8 milliard $ sur quatre ans pour embaucher 1000 agents de la GRC, améliorer la lutte contre la criminalité financière et augmenter l’indemnité des cadets.

Des efforts seront aussi demandés aux provinces et territoires, aux municipalités et à la police locale pour lutter contre la criminalité, mais aussi sécuriser la population à travers la construction de logements, le soutien en santé mentale et des programmes pour les jeunes dits «à risque».

Garnett Genuis, ministre de l’Emploi du Cabinet fantôme conservateur, a présenté quatre points pour lutter contre le chômage chez les jeunes au Canada, qui est monté à 14,7 % en septembre, selon Statistique Canada. 

Photo : Courtoisie Facebook

En conférence de presse mercredi, le ministre du Cabinet fantôme responsable de l’Emploi, Garnett Genuis, a présenté le plan conservateur fédéral pour lutter contre le chômage chez les jeunes.

Quatre mesures : Le parti de Pierre Poilievre souhaite «libérer l’économie» en abrogeant notamment «les lois anti-ressources» et en réduisant les impôts et «la paperasse».

Il souhaite en outre réformer l’immigration (en abolissant, entre autres, le Programme des travailleurs étrangers temporaires), encourager les employeurs à construire des logements et réformer l’aide financière aux études.

Pour cette dernière mesure, ils les conservateurs ciblent les domaines d’études en demande plutôt que seulement les revenus. Les détails sur les secteurs prioritaires n’ont pas été précisés.

Cette annonce intervient alors que Statistique Canada rapporte que le taux de chômage des jeunes entre 15 et 24 ans a atteint 14,7 %, son plus haut niveau depuis septembre 2010 (hors pandémie).

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Jean-Denis Garon, porte-parole du Bloc québécois en matière de finances, affirme que son parti a dû «prioriser» ses attentes budgétaires, résumées cette semaine en 18 points. 

Photo : Courtoisie Facebook

Mardi, le porte-parole du Bloc québécois en matière de finances, Jean-Denis Garon, a affirmé aux journalistes que les attentes de son parti tenaient en 18 points, dont six «incontournables», en vue du prochain budget qui sera dévoilé le 4 novembre :

  1. Hausser de 10 % la pension de la sécurité de la vieillesse dès 65 ans sans discrimination par rapport à l’âge;
  2. Rembourser sans condition 814 millions $ aux Québécois, après l’abolition de la taxe carbone;
  3. Offrir aux premiers acheteurs un prêt sans intérêt;
  4. Reconduire et pérenniser l’Initiative pour la construction rapide de logements;
  5. Proposer aux provinces un nouveau programme de transferts en infrastructures, sans condition, à travers une enveloppe unique;
  6. Et bonifier, sans condition, le Transfert canadien en matière de santé (TCS) de 11,6 milliards $ sur cinq ans.

En conférence de presse, Jean-Denis Garon a ri nerveusement lorsqu’une journaliste lui a demandé si le Bloc allait appuyer le budget fédéral. «Il faudra notamment que [nos] demandes soient rencontrées et que ces mesures n’aggravent pas les crises [climatiques et du cout de la vie].»

INTERNATIONAL

La présidente de la Tribune de la presse parlementaire canadienne, Mia Rabson, a signalé cette semaine que les journalistes n’ont pas été informés à l’avance du voyage du premier ministre en Égypte. Il a participé au Sommet pour la paix au Moyen-Orient, le 13 octobre.

Exclusion alarmante : Dans sa déclaration, la Tribune affirme qu’«une exclusion complète des médias canadiens d’un tel voyage d’un premier ministre à l’étranger est sans précédent».

«Chaque gouvernement à la tête d’une démocratie en santé doit montrer un engagement envers la liberté de la presse. Au Canada, cela inclut le respect du rôle vital que jouent la Tribune et ses membres. Chaque incident qui vient réduire l’accès, la transparence, et l’imputabilité constitue un pas dans la mauvaise direction.»

Dans un contexte de renouvèlement du contrat des interprètes du Parlement, le ministère de Joël Lightbound, Services publics et Approvisionnements Canada (SPAC), a proposé au Bureau de la traduction, qui emploie les interprètes, d’adopter une politique du «plus bas soumissionnaire» pour les embauches.

Cela implique une modification de la nature même du contrat actuel, qui expirera en janvier 2026.

Modification de la nature du contrat

Le ministère et le Bureau de la traduction veulent mettre de côté le contrat actuel, appelé «contrat ouvert», pour le remplacer par une «offre à commande», où les interprètes-pigistes seraient accrédité·e·s sur les missions parlementaires selon l’offre la plus basse.

Les plus chevronnés – qui enseignent la qualité et l’expérience aux nouveaux – sont les plus à risque de partir si les possibilités de rémunération baissent, ont affirmé les deux témoins membres de l’Association internationale des interprètes de conférence Canada (AIIC), au Comité permanent des langues officielles, le 7 octobre.

À lire : Le Bureau de la traduction compte supprimer près de 340 postes en cinq ans

Le Bureau de la traduction, qui emploie les interprètes du Parlement, a fait valoir également au Comité que c’est le processus de renouvèlement normal du contrat.  

Ses représentants ont toutefois omis de répondre aux questions du député conservateur Joël Godin à propos de l’offre du plus bas soumissionnaire.

Il s’agit bien d’une modification de la nature même du contrat, contredit l’AIIC. «Cela contraindra les interprètes pigistes à rogner sur les couts. […] Il y a un risque de perdre de la qualité d’interprétation et de perdre les pigistes les plus chevronnés», affirme Nicole Gagnon, membre de l’AIIC.

Sondées sur la question par l’AIIC, 50 % des 90 des interprètes qui ont répondu qu’il est «improbable» qu’ils et elles offrent leurs services au Parlement, contre 3 %, qui offriraient «probablement» leurs services quand même.

Attribution des missions uniquement selon l’offre la plus basse.
Probable Peu probable Neutre Plutôt improbable Improbable
Toutes les répondantes (90) 9 % 9 % 10 % 28 % 50 %
Répondantes acceptant des missions parlementaires, et celles acceptant des missions parlementaires et des missions ministérielles. 3 % 10 % 12 % 27 % 47 %

Omettre les temps de préparation et de pause

Une autre proposition du ministère SPAC consisterait, selon les interprètes, à augmenter leurs heures de travail au micro, soit faire 6 heures contre les 4 heures actuelles. Ce serait seulement possible si le parlement se remettait à fonctionner entièrement en personne, disent ces derniers, ce qui n’est pas dans les plans des élus.

Nicole Gagnon, porte-parole de l’AIIC, déplore les propositions du ministère de Services publics et Approvisionnements Canada, qui pourrait modifier les conditions de travail des interprètes et la qualité de leurs services au Parlement. 

Photo : Courtoisie Twitter AIIC Interpreters

SPAC propose de ne plus payer à la journée comme actuellement, mais à l’heure. Le sondage de l’AIIC révèle que 79 % de leurs membres qui ont répondu ne comptent pas revenir au Parlement si cette rémunération est appliquée. Selon les règles, les interprètes doivent être présents pour que le Parlement siège.

La rémunération à l’heure est une manière d’exclure de la paie les temps de préparation et de pauses, critique l’AIIC à Francopresse, après la rencontre du comité.

En comité, le Bureau de la traduction a affirmé de son côté que les interprètes étaient payés pour une heure de préparation. Il en faut généralement deux, dit l’AIIC, surtout dans les cas où les interprètes reçoivent de la documentation pour les aider à préparer leur tâche.

Dans une logique de réduction des couts promis par le gouvernement, notamment au sein de la fonction publique, les députés libéraux ont largement insisté sur l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) et des technologies pour aider les interprètes dans leur travail de préparation. La plateforme libérale le mentionnait clairement, de même que le gouvernement Carney depuis sa victoire électorale.

L’IA n’est pas une tête pensante […], a rétorqué Nicole Gagnon. On n’empêche pas le progrès, on n’est pas contre. C’est un outil utile à la préparation, si les interprètes reçoivent les textes à l’avance […] Mais [l’IA] n’interprète pas les concepts comme l’humour, les émotions, la culture.»

À lire : Traductions externes : les fonctionnaires francophones paient le prix

La santé des interprètes compromise?

Les deux interprètes de l’AIIC ont déploré mardi que les règles de santé et de sécurité auditives ne figurent plus dans le prochain contrat proposé.

Ces dernières années, des blessures sérieuses ont été rapportées par plusieurs interprètes du Parlement du fait du changement de leurs conditions de travail.

Annie Plouffe, vice-présidente des Services au Parlement et Interprétation du bureau de la traduction, a insisté en comité sur le fait que ces règles étaient acquises et intégrées et, qu’à cet égard, le Bureau ne sentait «pas le besoin de les écrire».

«Ça leur lie les mains» de les avoir écrites, observe un membre de l’AIIC.

Au moment de publier, SPAC n’avait pas encore répondu aux questions de Francopresse.

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Plaintes jugées «recevables» par le passé

Le Bureau de l’ombud de l’approvisionnement (BOA) a publié un rapport où il a jugé recevables 37 plaintes faites par des interprètes dirigés vers SPAC. Elles avaient été déposées entre juin et juillet 2024 et concernaient la gestion de contrats.

Une modification proposée par SPAC pour prolonger les contrats et redéfinir certaines heures comme du temps de non-interprétation était l’enjeu principal des plaintes.

Le rapport donne raison aux plaintes concernant les changements demandés, notant que «la modification proposée par SPAC aurait entrainé un changement substantiel aux modalités du contrat».

En 15 ans, la communauté africaine et caraïbéenne est passée de 5 à 500 personnes à Iqaluit, au Nunavut. Ce documentaire suit le quotidien de cinq nouveaux arrivants et arrivantes qui ont fait le choix, comme nombre de leurs compatriotes, de s’établir dans le Nord.

Pourquoi? «C’est calme», «il y a moins de pression» – et moins d’impôts – et des emplois, répondent les différents intervenants. L’un d’entre eux assure même que si l’«on arrive le matin, on trouve un travail l’après-midi».

Ces personnes occupent une panoplie de fonctions : du pompier à l’infirmière, en passant par le chauffeur de taxi et l’enseignante.

Mais si les offres d’emploi ne manquent pas, les logements oui. La crise n’épargne pas le territoire, alors que de nouvelles personnes immigrantes arrivent chaque semaine. Un intervenant évoque un salaire à 80 000 $ l’année, un autre, un loyer à 3 500 $.

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Au total, plus d’une vingtaine de pays sont représentés à Iqaluit, au Nunavut. 

Photo : Unis TV

Valeurs communes

Le documentaire s’attache également à mettre en lumière les similitudes entre les valeurs des Inuit et celles des communautés africaines, comme le respect des ainés, le sens du partage, le lien avec la nature, mais aussi une expérience commune de la confrontation au racisme.

Les nouveaux arrivants et arrivantes s’attachent à apprendre l’inuktitut pour s’intégrer et pouvoir échanger avec les Autochtones et par signe de respect. Car comme le rappelle un des jeunes interrogés : «C’est leur terre.»

Deux Inuit s’expriment d’ailleurs face à la caméra et disent voir d’un bon œil l’arrivée de ces populations. Même si, à travers un autre témoignage, on perçoit que ces relations peuvent aussi être ambivalentes et complexes.

C’est peut-être là l’écueil du film : il tend à occulter les tensions et les défis qui peuvent exister au sein de la société nunavutoise. Comme si parfois, tout semblait trop beau pour être vrai.

L’ensemble permet néanmoins de découvrir une réalité sans doute méconnue de nombreux Canadiens et Canadiennes, et d’en apprendre davantage sur les dynamiques qui animent la communauté francophone du Nunavut, vibrante et vivante.

À lire ailleurs : Des cours de conduite offerts aux Inuit d’Iqaluit (Le Nunavoix)

À voir sur TV5Unis.

Réparer des objets destinés à la poubelle, se déplacer à vélo, construire à partir de matériaux récupérés, organiser une fête zéro déchet… Ici, pas de rendez-vous galants, de survie sur une ile ou de concours culinaire : chaque semaine, les participants et participantes s’affrontent au nom de l’environnement. Plutôt original.

Les juges, Alex Perron (humoriste, animateur et acteur) et Louise Hénault-Ethier (docteure en sciences de l’environnement), évaluent ensuite les performances et attribuent des points. Seuls les écogestes les plus créatifs seront récompensés, avec à la clé un prix d’une valeur de 50 000 $.

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Divertissant et didactique

Animée par l’humoriste Korine Côté, cette nouvelle téléréalité espère encourager les auditeurs et auditrices à réduire leur empreinte carbone. La production de l’émission se veut elle-même verte.

C’est ludique, et inspirant. Entre les boutades de Korine Côté et Alex Perron, les explications scientifiques de Louise Hénault-Ethier et la compétition, le tout forme un bel équilibre. Dommage que les juges ne soient pas sur place, aux côtés des candidats et candidates, lors de certaines épreuves.

Cela fait plaisir de voir à l’écran des personnes allumées par l’écologie plutôt que par leur apparence ou leur sens du drame.

À voir sur TV5Unis à partir du 16 octobre, puis tous les jeudis à 20 h sur Unis TV et sur TV5Unis.

Cette série d’animation en sept épisodes redonne voix à des femmes canadiennes trop souvent oubliées par l’histoire officielle. Parmi elles : Diane et Béatrice Desloges, deux enseignantes franco-ontariennes qui ont résisté à l’assimilation pour défendre le droit à l’éducation en français.

À travers un savant mélange d’archives et d’animations numériques, la série revisite avec humour et intelligence des pans entiers de la grande et de la petite histoire des Canadiens français et des Canadiennes françaises. Le résultat? Une œuvre à la fois belle, drôle, touchante et d’une grande finesse.

Au-delà de l’esthétique, Rebelles contribue aussi à transmettre la mémoire collective à une nouvelle génération de francophones. Un hommage vibrant et captivant à des femmes qui ont façonné l’histoire, parfois dans l’ombre.

À lire aussi : Cinq anniversaires, cinq femmes francophones qui ont marqué l’histoire

À voir sur TFO. Les prochains épisodes seront diffusés au mois d’octobre 2025 puis mars 2026.

La demande a été formulée dans une lettre que le SEPF a adressée au conseil d’administration du Conseil scolaire francophone (CSF) le 4 juillet.

Lors de la réunion du conseil d’administration, le 27 septembre, la présidente du CSF, Marie-Pierre Lavoie, a confirmé que la lettre avait été reçue et qu’une réponse officielle suivrait dans les prochaines semaines.

Dans sa lettre, le SEPF demande la démission de Marie-Pierre Lavoie, Gaëtan Desrochers, Armelle Moran, Jacques Dufresne et Marie-Christine Claveau. Le syndicat exclut Chantal Fadous et Sacha Médiné parce que ceux-ci ont «exprimé leur désaccord face aux orientations budgétaires actuelles».

Si les membres visés ne démissionnent pas, le SEPF consultera ses membres pour décider de la prochaine étape. «Je peux vous dire qu’à la publication de cette lettre-là, sur notre site et un partage avec nos membres, nous avons eu plusieurs retours très satisfaits que le syndicat ait pris cette démarche-là», affirme la présidente, Maria Stinchcombe, en entrevue avec Francopresse.

Un fardeau financier

La principale préoccupation du SEPF concerne l’impact financier de la bataille juridique du CSF contre le gouvernement de la Colombie-Britannique et la Commission scolaire de Vancouver.

Malgré une victoire partielle en Cour suprême, le CSF s’est dit déçu de certains aspects du jugement. Le Conseil a donc décidé de faire appel.

Rappel : Le retour devant les tribunaux du CSF

Malgré l’arrêt de la Cour suprême du Canada de juin 2020 – qui ordonnait à la Colombie-Britannique de financer au moins une dizaine d’écoles entièrement francophones dans un «délai utile» –, le Conseil scolaire francophone de Colombie-Britannique (CSF) n’a pas pu acquérir de terrains permanents pour les construire.

En aout 2024, le CSF a demandé à la Cour suprême de la Colombie-Britannique d’ordonner la mise en œuvre de l’arrêt de la Cour suprême du Canada et le respect de l’article 23 de la Charte canadienne des droits et des libertés.

Cet article garantit notamment le droit des parents francophones en milieu minoritaire à une éducation dans leur langue pour leurs enfants, partout où un nombre suffisant d’élèves le justifie.

Dans son jugement, rendu en mai 2025, le juge ordonne à la province de donner des pouvoirs d’expropriation au CSF. Il ne garantissait cependant pas la propriété des terrains et des édifices et laisse entendre que le Conseil n’a pas bien géré le dossier.

«Un de nos grands reproches, c’est que le conseil d’administration dit : “On fait ça pour le futur”, mais on néglige les personnes qui sont dans le réseau actuellement», dit Maria Stinchcombe du SEPF. 

Photo : Courtoisie

Le syndicat s’inquiète de l’effet du fardeau financier de la cause sur l’éducation des jeunes francophones de la province. «Il y a une baisse constante de ressources et une augmentation des besoins. Il y a un épuisement qui se sent et on demande d’année en année d’en faire plus avec moins», explique Maria Stinchcombe.

La présidente du SEPF indique que même si aucune mise à pied n’a eu lieu, des départs à la retraite n’ont pas été remplacés. De plus, des budgets réduits il y a quelques années pour financer la poursuite n’auraient pas été réinstaurés, précise-t-elle en entrevue avec Francopresse.

La présidente du Syndicat des employés et employées de soutien du CSF (SCFP), Véronique Fleury, fait le même constat : «Avec les dépenses budgétaires pour la poursuite juridique, [les services aux élèves ont] été réduits au strict minimum.» Sans demander lui-même la démission de membres du conseil, le SCFP est en accord avec la lettre du SEFP.

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Demandes pour plus de transparence

Si les deux présidentes syndicales disent ne pas être contre la revendication des droits des francophones, elles déplorent avant tout le manque de transparence du CSF.

Elles racontent la même histoire : le conseil scolaire n’a consulté aucun partenaire avant de poursuivre le gouvernement et le conseil scolaire anglophone. Pendant que le CSF réfléchissait à la possibilité de porter en appel le jugement rendu en mai 2025, ils ont finalement obtenu une rencontre de consultation.

«Je sais que pendant une des rencontres qu’on avait eues, on nous avait dit qu’il fallait donner un exemple au reste du Canada. En fait, je me demande, est-ce que c’est le devoir [d’un petit conseil comme le] CSF de représenter à l’échelle nationale ce que l’on peut faire?», s’interroge Véronique Fleury du SCFP. 

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«Lorsqu’on nous a consultés à la fin de l’année scolaire, cinq des six partenaires avaient dit non», relate Véronique Fleury. À la fin juin, le CSF confirmait qu’il faisait appel.

Selon Maria Stinchcombe, les organisations qui ont participé à la discussion sont les deux syndicats, le Regroupement des directions d’écoles francophone, la Fédération des parents francophones (FPFCB) de la Colombie-Britannique, le Conseil jeunesse de la Colombie-Britannique et la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique (FFCB).

Dans un article de Radio-Canada publié en juin, les porte-paroles de la FPFCB et de la FFCB affirmaient que le CSF n’avait pas d’autres choix que de faire appel. Les deux organismes ont refusé les demandes d’entrevues de Francopresse.

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Le cout inconnu de la justice

Le SCFP aimerait également voir le contrat avec la firme d’avocats qui a défendu la position du conseil ou au moins savoir combien la poursuite a couté jusqu’à présent. Malgré des demandes d’accès à l’information et des conversations avec le CSF, Véronique Fleury dit attendre encore la réponse.

Lors de la réunion du conseil d’administration du 27 septembre, le secrétaire-trésorier par intérim, Bertrand Dupain, a annoncé que les états financiers 2024-2025 «font état d’un déficit [final] de 3,4 millions», plus bas que les 4,7 millions de dollars de déficit initialement envisagés. Il n’a pas précisé la source du déficit.

Il a ajouté que des discussions sont en cours avec la province pour rembourser 1,4 million par année pendant trois ans.

Au moment de publier ces lignes, Francopresse était en contact avec le CSF. Leurs réponses ont été incluses dans cet article de suivi.

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Francopresse : Le titre de votre ouvrage contient les mots «langue vivante», «grandeur nature» et «défense». Pouvez-vous expliquer ces choix?

Pierre Calvé : D’abord, «grandeur nature», c’est bien important. Ce mot, ce titre n’a pas été choisi au hasard. Le français est une langue naturelle, c’est-à-dire le fruit naturel d’une évolution de milliers, de dizaines de milliers d’années.

La langue parlée, c’est la langue naturelle. C’est dans la langue de tous les jours, dans la langue spontanée, dans la langue qu’on emploie avec ses amis.

Elle évolue dans le temps, par une évolution naturelle. Elle évolue dans l’espace, selon les lieux géographiques où elle est parlée. Et elle évolue dans la société, selon les classes socioéconomiques, selon l’éducation des gens, selon les niveaux de langue et selon la capacité des individus à être mobiles linguistiquement, c’est-à-dire à ajuster leur niveau de langue aux situations d’usage.

Le français peut aussi bien – et il le fait souvent – se promener en jeans et t-shirt qu’en veston cravate ou en robe de gala.

L’évolution du français au contact d’autres langues, notamment de l’anglais, est-elle un phénomène naturel?

C’est tout à fait naturel.

Une étude de l’Université Laval a montré que, des 60 000 mots du français dans Le Petit Robert, 40 % à peu près ont été empruntés à d’autres langues au cours de l’histoire du français.

L’anglais a emprunté plus de 60 % de son vocabulaire au français pendant les 300 ans de présence du français en Angleterre, sous l’aristocratie. Alors, le français emprunte aujourd’hui et a emprunté à d’autres langues.

Ce n’est pas le fait d’emprunter beaucoup de mots qui fait qu’on s’assimile à l’anglais. C’est le fait de changer de langue, carrément. Alors, le danger, c’est qu’on perde sa langue maternelle parce qu’on adopte l’autre langue. Bien sûr, il y a des emprunts qu’il faut corriger, mais cette espèce d’attitude qu’on parle mal parce qu’on emprunte, non!

Un bon exemple d’emprunt corrigé, c’est qu’en technologie, on dit «on va tester le bogue». «Bug», c’est un mot anglais qui a été francisé par «bogue» et c’est parfaitement acceptable.

Comment la pression de la norme et la hiérarchisation des formes du français renforcent-elles l’insécurité linguistique, notamment chez les francophones en situation minoritaire?

Cette insécurité linguistique, elle existe chez tous les francophones, mais beaucoup chez ceux qui vivent en situation minoritaire.

La norme prescriptive considère qu’il n’y a qu’un seul bon usage, que les mots n’ont qu’un seul sens, et elle a écrasé le français et les francophones depuis très longtemps. On a tous été élevés avec l’impression que notre langue n’est pas le bon modèle.

J’ai beaucoup voyagé au Canada, à donner des cours un peu partout, des stages, des conférences, et souvent des enseignants de français à l’extérieur du Québec s’excusaient de la qualité de leur français. Je trouvais ça absolument incroyable qu’ils s’excusent. Chacun a la langue qui vient de son milieu.

Devrait-on ajouter des mots régionaux dans le lexique courant?

C’est certain qu’il faut mettre des mots régionaux.

Le gros problème qu’on a avec la tradition, par exemple le Grand dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française, c’est qu’il se limite au français standard, c’est-à-dire un français qui est dénaturalisé.

Quand [un dictionnaire] nomme qu’un mot appartient au français québécois régional, c’est souvent pour le condamner plutôt que simplement dire que ça appartient au langage familier.

Il y a aussi le français populaire qui est stigmatisé en tant que mauvais français. Si je dis «toi, mon chum, t’es t’après t’amancher pour te ramasser au cimetière», c’est du français folklorique qu’on trouve dans Les Belles-Sœurs, par exemple.

Quelqu’un qui immigre au Sénégal ou dans n’importe quel pays francophone en Afrique, que ce soit en Martinique ou ailleurs, il doit pouvoir s’ajuster aux mots régionaux.

Une langue vit dans son milieu. Par exemple, ici, on dit des tuques et des mitaines. En France, ils disent des bonnets et des moufles. C’est le genre de nuance qu’il faut faire quand on parle de mots régionaux.

Alors est-ce qu’on doit changer de langue? Absolument pas. Chacun son parler.

Il faut plutôt hiérarchiser et montrer l’acceptabilité de la langue selon la situation d’usage, selon les règles de la grammaire parlée, pas seulement écrite, et aussi selon les niveaux de langue soignés lorsque c’est nécessaire et qu’on accepte des niveaux très familiers dans des situations familières. C’est le genre de discernement que je fais beaucoup dans mon livre.

Les propos ont été réorganisés pour des raisons de longueur et de clarté.

«J’ai une voiture depuis toujours. En campagne, on n’a pas vraiment le choix», lâche Marianne Vancaemelbeke. Elle habite à environ 5 km du centre d’Alfred, une localité ontarienne située à quelque 80 km à l’est d’Ottawa.

«Si un jour je deviens incapable de conduire une voiture, on est obligé de déménager soit dans le village, à côté de la pharmacie puis du magasin général, ou aller en ville, ce que je ne voudrais vraiment pas faire.»

— Marianne Vancaemelbeke

À l’époque où elle était directrice de l’Union culturelle des Franco-Ontariennes, certains candidats ne pouvaient pas accepter d’emploi au sein de l’organisme, faute de moyen de transport.

«S’il y avait eu un autobus plus fréquent entre Ottawa et Alfred, puis entre les villages, ça aurait aidé beaucoup pour la mobilité des employés», dit-elle.

Solutions sur mesure

«On assume qu’en milieu rural, tout le monde a sa voiture et qu’il peut se déplacer autant qu’il veut. Mais les réalités économiques font qu’il y a plein de gens qui n’ont pas de voiture ou qui n’ont pas de l’argent pour mettre de l’essence dans la leur. Et donc ils souhaiteraient avoir d’autres options de mobilité pour se déplacer», observe Jérôme Laviolette, chercheur postdoctoral à l’Université McGill en planification des transports.

«Il y a aussi généralement beaucoup moins d’investissements et de recherche qui se font sur la mobilité en milieu rural, parce que les universités ne sont pas en milieu rural. Les chercheurs vont souvent regarder ce qui se fait dans leur propre ville, sans nécessairement aller voir comment on pourrait améliorer la mobilité en ruralité», remarque Jérôme Laviolette. 

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«Généralement, dans des petites villes, le transport collectif va bien fonctionner quand on a un centre urbain un peu plus gros, puis on va tenter d’organiser du transport intermunicipalités», ajoute-t-il.

La Colombie-Britannique propose son propre service d’autobus via une société d’État, BC Transit, à l’échelle de toute la province, en dehors de la région de Vancouver. Un modèle de réseau à suivre selon le chercheur, car il permet de subventionner les lignes moins utilisées par celles qui le sont plus.

Mais d’après lui, ce type d’option s’adresse avant tout aux personnes extrêmement convaincues ou à celles qui n’ont pas nécessairement les ressources financières pour posséder une voiture : «C’est un service minimum.» Il note par exemple que souvent, les horaires se limitent aux heures de pointe.

Les gens qui le font, ils le font rarement par choix. Parce que si t’as le choix, tu vas l’avoir la voiture.

— Jérôme Laviolette

À lire ailleurs : Pourquoi se déplacer vers le Québec sans voiture reste un véritable casse-tête? (Acadie Nouvelle)

«On s’entraide»

Agathe Breton-Plouffe est agente de liaison communautaire pour l’Association francophone de Red Lake, dans le Nord-Ouest de l’Ontario. Dans ce village où l’activité minière est importante, «il y a beaucoup de va-et-vient», remarque-t-elle.

Les nouveaux arrivants et les nouvelles arrivantes qui viennent s’y installer sont souvent déstabilisés. Ces personnes arrivent «dans un milieu éloigné, au bout de l’autoroute 105, au milieu du bois», sans posséder une voiture.

«C’est quand même isolant quand t’essaies de t’intégrer dans la communauté pis tu peux pas participer à plein de choses à cause que t’es pris et que tu peux pas te déplacer», déplore Agathe Breton-Plouffe. 

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L’année dernière, certaines ne pouvaient pas se rendre à Thunder Bay pour passer des tests de reconnaissance d’acquis nécessaires pour enseigner en français en Ontario. C’est précisément cette situation enclavée qui fait que la communauté francophone est tissée serrée et s’entraide, raconte-t-elle, notamment pour les déplacements.

Car ici, point d’autobus, de train ou même de service Uber : «Ça prend deux heures conduire jusqu’à l’autoroute 17, qui se rend jusqu’à Winnipeg ou Thunder Bay.» Deux villes qui se situent respectivement à plus de 5 h et 6 h de route de Red Lake.

Il y a certes un service de taxi, mais il n’est pas «100 % fiable», est souvent surchargé et est cher, précise-t-elle.

La municipalité de Red Lake vient de présenter les résultats d’une étude de faisabilité pour mettre sur pied un projet de transport en commun adapté à la réalité et aux besoins de la communauté. Elle a notamment rapporté des initiatives à l’œuvre dans d’autres communautés rurales ontariennes, comme à Wawa, située à la pointe nord-est du lac Supérieur.

Pour lutter contre une pénurie de chauffeurs d’autobus, cette localité a conclu un arrangement avec le conducteur de l’autobus scolaire, qui, une fois son service terminé, prenait le volant de l’autobus communautaire.

«Il y avait juste certaines heures qui étaient disponibles, mais au moins, ça donnait l’option aux résidents pour aller à des rendez-vous médicaux par exemple», raconte Agathe Breton-Plouffe.

À Red Lake, les navettes qui transportent le personnel à la mine pourraient peut-être faire de même, suggère-t-elle.

À lire : Le défi de vieillir en français chez soi

Autopartage en contexte rural : l’exemple de Communauto

Présente dans plusieurs villes canadiennes, la plateforme Communauto offre un service d’autopartage permettant aux usagers de réserver et d’utiliser des voitures en libre-service pour de courtes ou longues périodes.

Elle est depuis peu présente dans les localités québécoises de Chelsea et La Pêche, en périphérie de Gatineau, au nord d’Ottawa. Huit véhicules hybrides rechargeables y sont actuellement stationnés et leur nombre devrait à terme passer à 16.

Porté par le Conseil régional de l’environnement et du développement durable de l’Outaouais (CREDDO), cette initiative, lancée en septembre 2024, vise à réduire la dépendance à l’automobile individuelle, les émissions de gaz à effet de serre et les besoins en stationnement dans les nouveaux logements résidentiels.

«L’idée n’est pas de remplacer la première voiture, mais la deuxième», explique Benoit Delage, le directeur général du CREDDO. Et aussi de réduire les couts liés au stationnement, pour les utilisateurs, mais aussi les municipalités.

Isolement et santé mentale

Car la demande est bien là, assure Agathe Breton-Plouffe. Personnes âgées, jeunes, nouveaux arrivants et nouvelles arrivantes, travailleurs et travailleuses : «Ça touche tout le monde.»

Le manque d’options de transport nuit particulièrement aux communautés autochtones, racisées et à faible revenu dans les zones rurales, rappelle l’Association canadienne du droit de l’environnement.

Koonis Joyal a grandi dans une communauté autochtone en Saskatchewan. Chez lui, le covoiturage s’organise surtout par le bouche-à-oreille : «Quelqu’un que tu connais, tu peux juste demander : “Tu vas-tu en ville ou veux-tu aller en ville?”»

Il parle carrément de «question de santé mentale» : «Quand on passe beaucoup de temps dans des espaces ruraux, on s’isole. Quand on s’isole, on augmente nos chances de maladies mentales. Ça peut devenir lourd.»

Quand j’ai vécu autour de plusieurs personnes isolées, je me considère chanceux d’avoir eu un char pour aller rejoindre du monde plus heureux socialement. Même si c’était seulement pour un petit montant de temps, ça valait la peine de faire une heure de route pour pas virer fou.

— Koonis Joyal

Volonté politique

Le transport demeure principalement une compétence provinciale. «Il faut que les provinces se dotent de stratégies, de plans de mobilité, hors des grands centres urbains, pour être capables d’avoir des initiatives cohérentes à travers l’ensemble de chaque province», plaide Jérôme Laviolette.

Les municipalités ou régions peuvent aussi mettre en place des programmes de subventions pour l’achat d’un vélo à assistance électrique.

Au fédéral, un fonds de Logement, Infrastructures et Collectivités Canada vise à améliorer les services de transports en commun en milieu rural.

Grâce à ce programme, plusieurs collectivités du Manitoba ont par exemple fait l’acquisition de minifourgonnettes électriques et hybrides accessibles, ont installé des bornes et des plateformes de recharge ou encore ont modernisé des garages municipaux.

Ce fonds connait un grand succès. Le ministère fait d’ailleurs état d’un «nombre croissant de demandeurs».

Question d’habitude… et de choix

Les municipalités peuvent aussi encourager les gens qui ont une auto à se déplacer à pied ou à vélo. Mais encore faut-il rendre l’expérience attractive.

«Marcher sur des trottoirs minuscules tout tassés où il n’y a pas d’arbres, où il n’y a pas d’ombre, où on est sur le bord d’une route passante à 70 kilomètres à l’heure, il n’y a personne qui aime ça», relève Jérôme Laviolette.

Et, c’est bien connu, l’être humain change difficilement ses habitudes. Ce n’est pas parce que les municipalités mettent en place de nouveaux modes de transport que la population va les adopter d’emblée.

«Même si on veut mettre en place des alternatives à l’automobile, comment est-ce qu’on arrive non seulement à ce que les gens soient informés et après ça qu’ils considèrent ça dans leur choix pour se déplacer?», interroge le spécialiste.

À lire : Ruralité et politique : des programmes conçus pour les villes?

FRANCOPHONIE

Selon La Presse, le Bloc québécois a porté plainte contre le gouvernement fédéral auprès du commissaire aux langues officielles pour avoir annoncé uniquement en anglais la création de la nouvelle Agence de l’investissement pour la défense.

Celle-ci devrait moderniser l’approvisionnement militaire et les relations entre les Forces armées canadiennes et l’industrie de la défense au Canada.

Pas de français : En outre, le secrétaire d’État à l’Approvisionnement en matière de Défense, Stephen Fuhr, n’a pas parlé en français ou n’était pas accompagné d’un ou d’une collègue francophone lors de son point de presse, ce qui contrevient à la Loi sur les langues officielles. Un communiqué bilingue a toutefois suivi.

Le Commissariat aux langues officielles rapporte que le bureau de Stephen Fuhr n’a pas commenté la situation.

Le ministère Service publics et Approvisionnement propose de modifier le contrat des interprètes parlementaires, en optant pour une formule d’«offre à commandes» basée sur le plus bas soumissionnaire.

Craintes : Cette approche inquiète les interprètes, qui craignent une baisse de la qualité et la perte de conditions de travail essentielles.

L’Association internationale des interprètes de conférence Canada souligne que ce nouveau modèle pourrait exclure le temps de préparation et de pause du calcul de la rémunération, tout en allongeant les heures de travail, notamment en contexte hybride, ce qui pose des risques pour la santé auditive.

Les règles de santé et sécurité ne seraient plus inscrites explicitement dans le nouveau contrat. Le Bureau de la traduction assure qu’elles restent en vigueur, mais les interprètes s’inquiètent de leur absence formelle dans le futur contrat.

À lire aussi : Au Parlement canadien, «les députés francophones vont souvent vers l’anglais pour être entendus»

Raymond Théberge a étendu son mandat par deux fois et devrait quitter son poste de commissaire aux langues officielles d’ici janvier 2026. 

Photo : Courtoisie

En comité sénatorial lundi soir, le commissaire aux langues officielles sur le départ, Raymond Théberge, a affirmé que le secrétariat du Conseil du Trésor «continue d’émettre des directives qui n’en sont pas» : «Il y a trop de flexibilité des institutions fédérales pour faire la mise en œuvre de la Loi sur les langues officielles», a-t-il lâché.

Réductions budgétaires : Concernant les réductions qui s’en viennent au sein des ministères fédéraux, le commissaire a affirmé que «si on doit réduire la taille du personnel, il faut conserver la capacité d’opérer dans les deux langues officielles».

Il a souligné que dans les Forces armées, «on ne vise pas de réduction, mais le contraire».

«Dans certaines organisations, il est difficile d’intégrer le bilinguisme. Les langues officielles n’ont pas été pleinement intégrées dans les opérations de l’appareil de l’État.

CANADA

De retour de Washington mercredi, le premier ministre Mark Carney a subi le feu des questions de l’opposition sur ce qu’il était censé ramener au Canada : un accord avec les États-Unis, pour faire retirer ou amoindrir les tarifs imposés depuis mars par l’administration Trump. Il est cependant revenu sans bonnes nouvelles pour l’économie canadienne.

Yves-François Blanchet, le chef du Bloc québécois, a ainsi ironisé : «Wow, la barre était là : ne pas se faire chicaner par le président Trump. Le premier ministre devait obtenir plus et parler moins, nous avons obtenu le contraire».

Marc Carney a répondu qu’un accord pour les secteurs de l’acier, de l’aluminium et de l’énergie, une nouveauté, était en cours de négociation.

Le gouvernement fédéral changera son cycle budgétaire en présentant désormais le budget à l’automne, à partir de cette année.

L’objectif est d’offrir plus de prévisibilité aux provinces, aux entreprises et aux investisseurs, notamment pour le lancement des projets dès le printemps.

Nouveauté : Le prochain budget, attendu le 4 novembre, introduira une nouvelle méthode comptable distinguant les dépenses de fonctionnement des investissements en capital, sans toutefois changer le calcul du déficit. Cette méthode vise à mieux orienter les décisions d’investissements à long terme.

Ce changement suit une promesse électorale de Mark Carney : équilibrer les dépenses de fonctionnement d’ici trois ans.

Les partis d’opposition, notamment les conservateurs et le Bloc québécois, critiquent un manque de transparence et une tentative d’embellir les finances publiques.

INTERNATIONAL

Israël et le Hamas ont conclu un accord pour un cessez-le-feu permanent en Palestine, la libération des otages des deux côtés et la reconstruction de Gaza. Des zones d’ombres sur le futur de la Palestine persistent, alors que la joie a éclaté des deux bords. 

Photo : Matt Hrkac – Creative Commons Attribution 2.0 Generic

Un accord a été signé jeudi matin entre Israël et le Hamas, lançant la première phase du plan de paix en 20 points de Donald Trump. Ce texte marque officiellement la fin des attaques d’Israël sur la Palestine, avec un cessez-le-feu prévu dans les 24 heures et la libération réciproque de tous les otages.

Liesse et doutes : Le plan promu par Donald Trump – qui cherche à obtenir un prix Nobel de la paix – suscite de vives critiques.

L’un des points controversés concerne la reconstruction de Gaza, impliquant plusieurs acteurs, dont Donald Trump lui-même et l’ancien premier ministre du Royaume-Uni, Tony Blair.

L’accord prévoit qu’Israël libère 1700 prisonniers palestiniens, dont 450 mineurs, ainsi que 250 détenus purgeant des peines de prison à vie. De son côté, le Hamas s’engage à remettre une quarantaine d’otages israéliens, dont plus de la moitié ont été tués.

Des zones d’ombre subsistent sur l’avenir de la Palestine, sa gouvernance et l’aide humanitaire dans une bande de Gaza dont 92 % des résidences ont été détruites. Selon le Croissant-Rouge égyptien, plus de 150 camions d’aide humanitaire ont déjà franchi la frontière égyptienne en direction de l’enclave, rapporte Le Monde.

Depuis le 8 octobre 2023, près de 69 000 Palestiniens ont été tués, dont plus de 18 500 enfants. Le 7 octobre, 1200 Israéliens sont morts après l’attaque du Hamas.

«La reconnaissance pousse les pays autour de nous», estime le député libéral de Mississauga-Centre, Fares Al Soud, premier Canadien d’origine palestinienne élu au Parlement.

«Israël reste un allié des États-Unis, de la même manière qu’il reste un allié pour nous. Les États-Unis regardent leurs alliés reconnaitre l’État de Palestine, indiquer qu’il y a une crise humanitaire et ce que j’appelle un génocide. Allons-nous continuer de la même manière que nous l’avons fait depuis des générations? Où allons-nous changer de cap?»

«Il est indéniable que la reconnaissance d’un État palestinien souverain et indépendant revêt à bien des égards un caractère symbolique, admet le député. Mais le symbole en soi n’est pas insignifiant. C’est un symbole que, pendant des générations et des décennies, les politiciens canadiens ont refusé de mettre de l’avant.»

Selon lui, la reconnaissance contribue à instaurer une «relation entre les Palestiniens et les Israéliens dans la région».

Le premier député canadien d’origine palestinienne à être élu au Parlement canadien, Fares Al Soud, affirme qu’«aucune bonne politique n’est issue d’extrêmes», pour répondre à la demande faite par de nombreux Canadiens de rompre les liens avec Israël. 

Photo : Courtoisie Facebook

Couper avec Israël?

Le professeur de sociologie à l’Université du Québec à Montréal, Rachad Antonius, contrecarre : pour lui, malgré la reconnaissance, «nos politiciens continuent à appuyer indéfectiblement Israël, car ils voient la guerre comme Israël la voit».

Le professeur Antonius souligne que sur le site Internet du gouvernement, on peut lire que le gouvernement canadien mentionne les «territoires occupés» par Israël.

«Si ce sont des territoires occupés militairement par Israël, et le Canada dit que les colonies sont illégales, logiquement Israël ne peut pas être en situation de légitime défense, elle est une puissance occupante. Or, quand tous nos politiciens disent qu’Israël a le droit de se défendre, ils violent les principes du Canada.»

Au cours des deux dernières années, la pression civile au Canada s’est accentuée pour que le pays coupe ses liens avec Israël, diplomatiques et économiques, en cessant d’exporter des armes dont la destination n’est pas connue et en révisant l’accord de libre-échange entre les deux pays.

«Ce pourrait être un moyen de gérer la situation. Mais cela isolerait encore davantage Israël. Et je ne suis pas certain que ce soit en faveur des personnes sur le terrain», estime le député Al Soud.

D’après lui, cela enverrait le message selon lequel le Canada est anti-israélien. «Or, ce n’est pas le cas. […] Le problème n’est pas quand on n’est pas d’accord. Le problème c’est quand on arrête d’avoir des conversations.»

Le Canada se trouverait ainsi exclu de discussions importantes sur la Palestine et sur la scène internationale en général: «Je ne veux pas punir les Israéliens pour les actions du gouvernement de Nétanyahou. […] Qu’est-ce qui va le plus directement affecter le gouvernement Nétanyahou en ce qui concerne ce génocide? Et qu’est-ce qui va sauver plus de vies?», interroge le député Al Soud.

Il concède toutefois : «Peu importe à quel point ce gouvernement agit rapidement, ce sera toujours trop lent, parce que les gens mourront chaque minute de chaque jour. C’est absolument vrai en même temps que les pressions externes, comme le débat avec Trump aux États-Unis, ont probablement un rôle à jouer dans la vitesse à laquelle nous sommes capables de nous mobiliser et d’être sur le sol.»

Dans la même veine, l’élu soutient que le gouvernement canadien veut pouvoir condamner aussi bien les attaques du Hamas le 7 octobre 2023 que le génocide d’Israël en cours à Gaza.

À lire aussi : Du Canada à Gaza : des médecins dénoncent la violence coloniale

Le professeur Rachad Antonius rappelle que plus de 7300 Palestiniens sont morts aux mains du gouvernement Nétanyahou entre le 1er janvier 2008 et le 29 septembre 2023, selon Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’Organisation des Nations unies. «En toute indifférence», ajoute-t-il.

Le professeur en sociologie de l’UQAM désormais à la retraite, Rachad Antonius, accuse le Canada de tenir un double discours, car le gouvernement affirme que les territoires sont occupés en Palestine, mais il réitère son soutien «indéfectible» à Israël, «qui commet un génocide», ajoute-t-il. 

Photo : Courtoisie UQAM

Deux poids, deux mesures

Rachad Antonius rejoint le député sur le fait qu’il n’est pas nécessaire de couper toutes les relations diplomatiques : «Il y a des mesures intermédiaires», avance-t-il.

«On peut maintenir les ambassadeurs [israéliens, NDLR], mais mettre fin à tous les traités de coopération. On a un traité d’amitié avec Israël jusqu’à aujourd’hui. Nos politiciens continuent à dire que c’est une guerre contre le Hamas, ce qui est faux, c’est une guerre contre les Palestiniens. Ils continuent de dire que notre appui indéfectible va à Israël. Tout ça peut changer sans couper les liens.»

Selon le professeur, le Canada continue d’envoyer des composants militaires à Israël et qui transitent par les États-Unis. Arrêter de vendre ces composantes entraine «une perte financière que le Canada était prêt à faire pour la Russie, mais pas pour Israël», selon lui.

Il rappelle aussi que le Canada a continué à appeler au désarmement du Hamas, après la reconnaissance de la Palestine.

«Soit. Mais pourquoi on ne dit pas la même chose des personnes au gouvernement israélien?», déplore-t-il, faisant référence notamment au mandat d’arrêt international dont fait l’objet Benjamin Nétanyahou.

Signes du début de la fin

«Je suis en faveur de tout ce qui arrête de faire mourir les gens», commente Fares Al Soud, à propos du plan de paix proposé par Donald Trump pour Gaza.

La première phase de ce plan de 20 points a fait l’objet d’un accord entre Israël et le Hamas signé le 9 octobre, qui met en œuvre une première phase du plan. Il signale la fin de la guerre. Un cessez-le-feu entrerait en vigueur dans les 24 heures et tous les otages devraient être libérés des deux côtés.

Israël doit maintenant relâcher 1700 prisonniers palestiniens, dont 450 enfants, ainsi que 250 autres condamnés de prison à vie.

Le Hamas va libérer une quarantaine d’otages : dont plus de la moitié ont été assassinés.

Le plan de Donald Trump est controversé, entre autres en ce qui concerne la gouvernance de transition de Gaza, qui serait supervisée par Donald Trump et l’ancien premier ministre du Royaume-Uni, Tony Blair.

À l’heure d’écrire ces lignes, le flou persiste sur les détails de la délivrance de l’aide humanitaire, comme la nourriture et les besoins médicaux urgents et vitaux entreront dans l’enclave palestinienne où 92 % auraient été détruites.

Plus de 150 camions ont traversé le jour de la signature la frontière égyptienne en direction de Gaza, selon le Croissant rouge égyptien, relate le quotidien français Le Monde.

Et maintenant au Canada?

Concrètement, la prochaine action politique du Canada qui pourrait avoir un poids se présente sous la forme du projet de loi privé (émanant d’un ou d’une députée, NDLR) déposé par la députée néodémocrate Jenny Kwan en septembre, soutenu par son collègue libéral Fares Al Soud.

La pièce législative vise à combler les failles des lois canadiennes qui permettent notamment à des armes et leurs composants fabriqués au Canada de se retrouver dans des pays responsables de crimes de guerre et de violations des droits de la personne.