le Dimanche 9 novembre 2025

«Le plus gros défi, c’est les ventes, c’est vraiment très dur de rejoindre le public, les jeunes en particulier», confie l’illustrateur de bande dessinée, Martin Deschatelets, également dessinateur pour des studios d’animation et des créateurs de jeux vidéos.

Entre 2018 et 2023, le Franco-Ontarien a publié avec Kevin Montpellier deux tomes de la série L’Ordre de Jacques-Cartier, commandée par le Réseau du patrimoine franco-ontarien.

«J’aime ça raconter une histoire en images, jouer avec les différentes couleurs, les éclairages, les ombres, ça donne beaucoup de vie, ça transmet les émotions avec beaucoup de subtilités», partage Martin Deschatelets.

Des «petites parutions à droite, à gauche»

Entre l’écriture du script, la création des dessins, la scénarisation des pages, la commercialisation de la bande dessinée, «ça demande énormément de travail», souligne Martin Deschatelets.

«Il n’y a pas de maison d’édition en Ontario pour publier de la BD en français, et le marché québécois est très fermé», déplore le bédéiste Martin Deschatelets. 

Photo : Courtoisie

«On doit faire la promotion nous-mêmes, on va voir les magasins pour leur proposer. Ce n’est pas possible d’en vivre. Les deux premières semaines après la sortie, ça se vend bien et après plus rien», poursuit-il.

Le bédéiste et chargé de cours à l’Université du Québec en Outaouais, Paul Roux, confirme les difficultés de la bande dessinée franco-canadienne à se faire une place sur la scène littéraire nationale.

Selon lui, malgré la volonté de plusieurs maisons d’édition francophones en situation minoritaire de développer le neuvième art, les éditeurs «n’ont pas le temps d’investir dans des créateurs» et encore moins «les moyens financiers de les soutenir».

«Aujourd’hui, les éditeurs veulent des séries courtes pour passer à autre chose alors qu’avant on suivait l’aventure des personnages sur le long terme», ajoute-t-il.

L’auteur de L’égout du risque, roman jeunesse illustré et republié aux éditions du Pacifique Nord-Ouest, évoque quelques tentatives dans la francophonie minoritaire, «des petites parutions à droite, à gauche», très peu de «publication soutenue».

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Défi de «tenir dans la durée»

«Une BD coute très cher, car c’est très long à faire, c’est minimum un an de travail pour les illustrations et plusieurs mois pour écrire le script, observe Paul Roux. Les avances aux auteurs ne suffisent pas et il n’y a pas suffisamment de bourses.»

Parmi les sources d’inspiration de l’auteure Camille Perron-Cormier figure le bédéiste Dano LeBlanc, créateur du premier superhéros acadien, Acadieman

Photo : Courtoisie

Dans ce contexte, les jeunes auteurs ont du mal à émerger et, surtout, à «tenir dans la durée», estime celui qui illustre aussi la série de romans jeunesse Les Trois Mousquetaires, publiés par Bouton d’Or Acadie.

La maison d’édition du Nouveau-Brunswick publie également les bandes dessinées de l’Acadienne Camille Perron-Cormier.

«En tant que bédéiste francophone, on est assez isolé. Alors l’une des choses les plus précieuses, c’est d’avoir le soutien d’une maison d’édition. Ça nous aide dans le processus de création et d’écriture, ça permet de se faire connaitre», affirme l’auteure de la série pour enfants Crapaud et Romarin, une quête identitaire inspirée de l’univers des sorcières.

L’illustratrice indépendante a mis trois ans à réaliser chacun des deux tomes de sa série : «Il faut travailler son univers, ses personnages pour construire un scénario solide, prendre du temps pour les dessins au crayon, la coloration, la révision à l’ordinateur.»

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Capitaine Acadie, créé par Dany et Daniel Bouffard, est un superhéros acadien dont les lecteurs peuvent suivre les aventures depuis 2019. 

Photo : Courtoisie

Paul Roux a écrit et illustré L’Égout du risque, l’histoire d’un garçon qui aime ce qui empeste et rêve de visiter les égouts de la ville. 

Photo : Courtoisie

Camille Perron-Cormier a publié les deux premiers tomes de la série Crapaud et Romarin : SOS Sorcières et Maude et le spectre. Elle espère publier le prochain épisode de la série au début de 2026. 

Photo : Courtoisie

Démystifier le travail de bédéistes

Les frères jumeaux Daniel et Dany Bouffard ont, eux, imaginé les aventures de Capitaine Acadie. En 2019, ils ont créé leur propre maison d’édition, Bedecomics. Depuis, ils ont sorti huit albums du superhéros aux dizaines de super pouvoirs acadiens.

Ils ont vendu en moyenne 3000 exemplaires de chaque album. Un nouvel épisode, qui se déroule à l’Île-du-Prince-Édouard, sera lancé en décembre prochain.

«On veut partager notre passion pour les superhéros et notre identité acadienne. On adapte les scénarios à chaque région», explique Dany Bouffard, fils d’une famille acadienne et né aux Îles-de-la-Madeleine, au Québec.

Les frères Dany et Daniel Bouffard (de g. à d.) ont inventé le superhéros Capitaine Acadie en 2019. 

Photo : Courtoisie

Quel que soit leur parcours, tous les auteurs veulent démystifier leur travail et transmettre leur passion aux jeunes générations. Camille Perron-Cormier donne des ateliers scolaires, Paul Roux participe à des tournées scolaires et à des salons du livre aux quatre coins du pays. Il crée par ailleurs des webzines pour le Centre franco-ontarien de ressources pédagogiques.

Les frères Bouffard font appel aux enfants et aux adolescents dans leurs projets grâce à des concours de dessins qui permettent de choisir des œuvres gagnantes et de les publier dans les albums de Capitaine Acadie.

Martin Deschatelets conçoit lui aussi des bandes dessinées pédagogiques pour les conseils scolaires, mais depuis deux ans les demandes se raréfient.

«C’est triste et frustrant, car tout le monde a sauté sur l’intelligence artificielle, beaucoup de monde préfère payer zéro plutôt que de payer un artiste. La quantité prime sur la qualité», regrette-t-il.

Le Franco-Ontarien espère tout de même terminer et publier les derniers tomes de L’Ordre de Jacques-Cartier et de Big Nick, le superhéros de Sudbury qu’il a créé avec Kevin Montpellier.

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Mise à jour : samedi 16 aout 14 h

La ministre Patty Hadju a annoncé en début d’après-midi qu’elle demandait «au Conseil d’imposer un arbitrage définitif et contraignant afin d’aider les parties à parvenir à un accord sur les clauses en suspens de leur convention collective, et de prolonger la durée de la convention collective existante jusqu’à ce qu’une nouvelle convention soit établie par l’arbitre».

Dans son communiqué, elle indique avoir pris cette décision parce que le conflit de travail a déjà causé des torts à l’économie et aux Canadiens et Canadiennes. Elle éviter que la situation s’aggrave.

Il faudra tout de même attendre quelques jours pour que les services d’Air Canada reviennent à la normale.

Avec les informations d’Inès Lombardo, Marine Ernoult et Julien Cayouette

Texte original

Le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) a réitéré huit demandes dans un communiqué de presse hier, à la veille du déclenchement de la grève. Le conflit porte principalement sur des questions salariales. 

«Le salaire minimum fédéral est de 17,75 $ l’heure, soit 2840 $ par mois. Les agent(e)s de bord juniors d’Air Canada travaillant à temps plein ne gagnent que 1952 $ par mois. Ce sont des salaires de misère», explique le syndicat dans le communiqué de presse. 

Ce que réfute Air Canada, qui affirme qu’une hausse salariale de 38 % est sur la table «depuis des mois», selon Arielle Meloul-Wechsler, vice-présidente générale et chef des Ressources humaines et des Affaires publiques chez Air Canada, en conférence de presse jeudi matin. 

Cette offre, mentionnée par l’entreprise aérienne dans un communiqué de presse le lendemain, est une «augmentation de la rémunération globale sur quatre ans […] Cela inclut les pensions et le travail au sol», un autre point d’achoppement entre les deux parties. 

«Les agent(e)s de bord d’Air Canada ne sont pas rémunéré(e)s pour les heures passées à accomplir des tâches essentielles liées à la sécurité, à l’embarquement, au débarquement, aux urgences, etc. Les agent(e)s de bord méritent d’être rémunéré(e)s pour toutes les heures travaillées», insiste le SFCP, dans son communiqué. 

Selon Air Canada, le salaire horaire augmenterait de 12 à 16 % la première année, tandis que le SCFP dénonce que l’entreprise «n’offre aux agents de bord qu’une augmentation de 8 % la première année de leur nouveau contrat et seulement 17,2 % sur les quatre années du contrat», contre 38 % mis en avant par l’entreprise. 

À lire : Affaire du PDG d’Air Canada, «le perpétuel recommencement»

La firme de sondage Angus Reid a mesuré l’appui des Canadiennes et Canadiens aux demandes du syndicat. Moins les répondants font des voyages en avion, plus ils appuient la demande des agents de bord d’être payés pour le temps de préparation au sol.

La conférence de presse d’Air Canada a été interrompue par des agents de bord venus passer leur message («Les travailleurs non payés ne voleront pas», peut-on lire sur le panneau). 

Photo : Capteur d’écran – Zoom

Pas d’enjeu linguistique lors des négociations

Air Canada est l’une des cibles qui fait le plus fréquemment l’objet de plaintes auprès du Commissaire aux langues officielles du Canada. Malgré cela, le syndicat souligne que cette question ne fait pas partie des discussions. 

«Pour l’instant les enjeux sont reliés au travail non payé et au salaire de misère», a répondu une représentante du SCFP, dans un courriel à Francopresse. Au moment de publier, Air Canada n’avait pas répondu à nos questions. 

Même si le transporteur aérien n’était plus en tête du nombre de plaintes au sujet du non-respect des droits linguistiques des francophones au cours des deux dernières années, il reste l’objet de nombreuses d’entre elles. Le commissariat en a reçu 847 en 2023-2024 et 1163 pour l’année 2024-2025.

Le SCFP affirme avoir «toujours [soutenu] les demandes de bilinguisme de la part des voyageuses et voyageurs. Les procédures d’embauche chez Air Canada devraient refléter cet important enjeu». 

À lire aussi : Langues officielles : l’aéroport de Toronto manque encore à ses obligations

Voyageurs coincés à l’étranger

Air Canada avait commencé à annuler des vols dès jeudi, créant des complications pour quiconque voyage, mais aussi pour les festivals et d’autres transporteurs.

Alexandrine Khalid-Leroux, en vacances en Grèce depuis le 8 aout, se dit «un peu nerveuse» depuis l’annonce du conflit de travail. La Franco-Ontarienne est censée décoller d’Athènes à bord d’Air Canada le 17 aout pour rentrer à Ottawa.

«Ça ajoute du stress à mes vacances, confie la jeune femme. Après le 17, je n’ai rien de planifié au niveau des hôtels. Ça fait des dépenses imprévues, mais il faut rester flexible.»

Ça ajoute du stress à mes vacances, confie la jeune femme. Après le 17, je n’ai rien de planifié au niveau des hôtels. Ça fait des dépenses imprévues, mais il faut rester flexible.

— Alexandrine Khalid-Leroux

Dans un courriel qu’elle a reçu le jeudi 14 aout, Air Canada lui a offert trois possibilités : modifier son vol sans frais, l’annuler avec un remboursement sous forme de crédit voyage ou conserver sa réservation actuelle et tenter, dans le pire des cas, de trouver une place à bord d’un autre vol. Dans un publication du 15 aout, le transporteur a cependant précisé que cette dernière possibilité était «peu probable».

L’infirmière n’avait pas encore pris de décision jeudi. Elle n’a pas beaucoup de temps, car elle doit être de retour au travail le 19 aout.

Répercussions sur des manifestations culturelles

À Sudbury, en Ontario, le festival bilingue de musique et d’art urbain Up Here a dû changer sa programmation à la dernière minute, parce que le vol du groupe canadien Miesha and the Spanks a été annulé, ce qui a forcé le désistement de ces artistes.

Le codirecteur artistique du festival, Christian Pelletier, confirme également qu’un autre artiste est coincé à Montréal en raison des répercussions des annulations, et ce, même s’il voyageait sur les ailes d’une autre compagnie aérienne.

«Nous sommes toujours en standby pour deux autres annulations possibles», disait-il vendredi.

Plus chanceux, le spectacle télévisé de la Fête nationale de l’Acadie qui a eu lieu à Charlottetown le 15 aout n’a pas subi de problèmes.

Des artistes de Louisiane, comme Zachary Richard, ou de Terre-Neuve, comme Port-Aux-Poutines, ont pu participer au concert comme prévu.

«Ils [étaient] déjà arrivés il y a quelques jours et pour les spectateurs, beaucoup de monde vient en auto de l’ile ou des autres provinces maritimes», explique Émile Gallant, le directeur général du Carrefour de l’Isle-Saint-Jean, qui organise l’évènement avec la Société nationale de l’Acadie.

À lire : Le potentiel inexploré de l’économie acadienne

Des moyens de transport de rechange en demande

L’entreprise Marine Atlantique, qui exploite le service de traversier entre l’Île-du-Prince-Édouard, Terre-Neuve et la Nouvelle-Écosse, s’attend à recevoir «plus d’appels pour des réservations dans les jours à venir», selon son responsable de la communication, Darrell Mercer.

C’est un vrai problème, car le service est déjà très très occupé, presque à pleine capacité, s’inquiète ce dernier. On n’a pas beaucoup d’espaces disponibles dans les deux prochaines semaines.

— Darrell Mercer

Les quatre navires, qui assurent la liaison entre les trois provinces de l’Atlantique, peuvent accueillir 1000 personnes chacun.

«Ce sont les passagers avec véhicule qui posent le plus grand problème. On n’a pas assez de place, explique Darrell Mercer. Les gens peuvent venir à nos terminaux sans réservation et se mettre en file, mais ils n’auront pas de garantie d’avoir une place.»

Lundi soir, une centaine de personnes se sont réunies devant le siège de CBC/Radio-Canada à Ottawa pour rendre hommage à six journalistes palestiniens d’Al-Jazeera tués la veille par Israël. Des évènements similaires ont été organisés dans plusieurs autres villes canadiennes et dans le monde.

Vigie : Israël a reconnu avoir ciblé ces journalistes, plus particulièrement Anas Al-Sharif. Sans fournir suffisamment de preuves, l’armée israélienne dit avoir tué le «chef d’une cellule terroriste».

Anas Al-Sharif était un des journalistes les plus connus en Palestine et n’a jamais été reconnu comme membre du Hamas. Toutes les associations internationales de protection des journalistes réfutent la condamnation. Le Comité de protection des journalistes rappelle qu’Israël a souvent présenté des accusations sans preuve tangible pour faire taire des journalistes.

Après ces assassinats, Reporter sans frontières (RSF) a demandé une réaction «forte». «La communauté internationale ne peut plus fermer les yeux et doit réagir et faire cesser cette impunité. RSF appelle le Conseil de sécurité des Nations unies à se réunir d’urgence sur le fondement de la résolution 2222 de 2015 sur la protection des journalistes en période de conflit armé afin de stopper ce carnage.»

L’Organisation des Nations Unies affirme qu’au moins 242 journalistes ont été tués à Gaza depuis octobre 2023.

Devant le siège de CBC/Radio-Canada lundi à Ottawa pour rendre hommage aux six journalistes palestiniens tués la veille par Israël. Ces vigies ont reçu très peu d’attention médiatique. 

Inès Lombardo – Francopresse
Inès Lombardo – Francopresse

ÉCONOMIE

Les droits de douane de 76 % imposés sur le canola canadien par la Chine sont entrés en vigueur jeudi.

Pourquoi une taxe? : À la suite de l’imposition de taxes canadiennes de 100 % sur les véhicules électriques chinois, la Chine a répliqué en lançant une enquête centrée sur le dumping canadien de canola.

Le prix du canola a déjà dégringolé, causant d’importantes pertes financières aux producteurs. Ottawa et les agriculteurs rejettent les accusations de dumping et demandent un dialogue avec Pékin, tandis que les provinces des Prairies, qui produisent le canola, pressent le gouvernement fédéral de trouver une solution.

La conférence de presse d’Air Canada a été interrompue par des agents de bord venus passer leur message («Les travailleurs non payés ne voleront pas», peut-on lire sur le panneau). 

Photo : Capture d’écran – Zoom

Les agents de bord d’Air Canada ont donné leur avis de grève mercredi. Air Canada a répliqué avec un avis de lockout. Le conflit porte sur les salaires et le travail non rémunéré au sol. L’arrêt de travail pourrait être déclenché le samedi 16 aout à 00 h 01.

Des effets immédiats : Air Canada a commencé à annuler des vols en prévision du conflit. Le syndicat réclame un retour à la table de négociation et dit vouloir un règlement. La ministre fédérale de l’Emploi, Patty Hadju, presse les parties de poursuivre les discussions.

La compagnie demande l’intervention du gouvernement fédéral via un arbitrage exécutoire, sans réponse officielle d’Ottawa à l’heure d’écrire ces lignes.

Air Canada garantit des remboursements à 100 % ou des places sur d’autres vols pour les passagers touchés.

En conférence de presse jeudi matin, la compagnie a annoncé que près de 500 vols allaient être suspendus à partir de vendredi soir.

Air Canada et le français : En 2024-2025, le commissaire aux langues officielles du Canada a reçu 1163 plaintes concernant Air Canada, contre 847 l’année précédente. Près de 400 ont été faites dans la région d’Ottawa-Gatineau.

POLITIQUE FÉDÉRALE

Les conservateurs ont annoncé mercredi qu’ils présenteront un projet de loi pour faire en sorte que les juges ne puissent plus prendre en compte le statut des non-citoyens lorsqu’ils prononcent une sentence.

Permis depuis 2013 : L’arrêt «Pham», rendu par la Cour suprême en 2013, permet cette distinction. Il est précisé dans le jugement qu’il s’agit d’un pouvoir discrétionnaire du juge et que la peine doit rester proportionnelle à la gravité des faits.

En outre, l’arrêt explique, dans le cas qu’il l’intéressait à l’époque, qu’elle autorisait d’abaisser la peine à deux ans moins un jour pour éviter à la personne qui avait commis les deux infractions – liées à la production et possession de marihuana – de se voir sanctionner dans sa demande d’immigration.

Plusieurs hausses de salaire selon le grade ont été annoncées par Mark Carney vendredi dernier, pour attirer et retenir du nouveau personnel chez les Forces armées canadiennes.

Niamat Ullah – Unsplash

Vendredi dernier, le gouvernement fédéral a annoncé une hausse salariale rétroactive au 1er avril 2025 pour membres des Forces armées canadiennes. L’annonce intervient dans un contexte où les FAC souffrent d’un manque d’effectif de plus de 12 200 personnes, tous métiers confondus.

Nouvelles mesures salariales : La hausse est de 8 % pour les colonels et grades supérieurs, de 13 % pour les lieutenants-colonels et grades inférieurs, et de 20 % pour les soldats de la Force régulière par rapport à leurs salaires actuels.

Une nouvelle grille tiendra aussi compte des années de service, a mentionné la Défense nationale par communiqué vendredi dernier.

D’ici 12 mois, diverses indemnités seront ajoutées pour compenser les déménagements fréquents, la séparation des familles, l’entrainement au combat et les déploiements lors de catastrophes naturelles.

Au Sommet Ondes 2025 sur les langues autochtones, trois thèmes reliés à la langue ont été explorés : les connaissances écologiques traditionnelles, la technologie et la communauté.

Selon Radio-Canada, sur 2314 participants, une centaine venait de l’extérieur du Canada.

Mary Simon, gouverneure générale du Canada inuite, a de son côté souligné plusieurs avancées, dont «des démarches en cours pour établir l’université Inuit Nunangat», qui sera la première université du Canada axée sur la culture et la langue inuites et établie dans le Nord.

La gouverneure générale s’est dite «animée d’un grand sentiment d’espoir […] lorsque je vois de jeunes Autochtones se forger un avenir professionnel tout en affirmant leur identité».

Dans la lettre publiée en juillet et signée par plus de 1000 personnes, l’Acfas dénonce un «système [qui] néglige trop souvent» la réalité des chercheurs et chercheuses francophones.

Des données sont mises de l’avant : les scientifiques d’expression française représentent «21 % de la communauté de recherche canadienne». Mais seulement entre «5 % et 12 % des demandes soumises aux trois grands conseils subventionnaires sont rédigées en français», souligne l’association scientifique.

Ce même système «décourage l’usage du français par crainte d’être mal compris ou mal évalué», affirment encore les signataires de la lettre.

À lire : La reconnaissance des sciences en français : un impératif (Libre opinion)

«Manque de respect»

L’Acfas n’avait pas reçu de réponse à sa lettre au moment d’écrire ces lignes, mais l’équipe média de la ministre de l’Industrie, Mélanie Joly, a répondu à Francopresse par courriel.

«Le gouvernement demeure résolument engagé à soutenir la recherche en français», écrit le bureau de la ministre.

Sophie Montreuil a le sentiment que «tous les travaux menés jusqu’ici» par l’Acfas avec le gouvernement semblent «ne pas avoir existé». 

Photo : Courtoisie Hombeline Dumas pour l’Acfas

«C’est complètement faux, se désole la directrice générale de l’Acfas, Sophie Montreuil. C’est un manque de respect par rapport aux revendications extrêmement légitimes et documentées de la communauté scientifique francophone, qui représente environ 65 000 personnes» au Canada.

Elle se sent doublement heurtée par la «réponse politique», qui repique des «éléments d’information pris à gauche et à droite».

L’Acfas a publié un rapport en 2021 qui interpelait le gouvernement de l’époque à propos du financement de la recherche en francophonie minoritaire. Mélanie Joly était alors ministre de Patrimoine canadien et responsable des Langues officielles.

Sophie Montreuil rappelle que la ministre Joly a fourni à l’Acfas le financement qui lui a permis de recruter l’équipe de recherche qui a mené l’étude. «C’est Mélanie Joly qui est à la source des données qu’on a sur le déclin de la recherche en français au Canada.»

La ministre Joly avait même fait des démarches pour que la nouvelle version de la Loi sur les langues officielles contienne une mesure positive spécifique sur la recherche en français et sa diffusion.

À lire : La Loi sur les langues officielles modernisée

Des interprétations différentes et une erreur

L’Acfas est troublé du manque d’action sur la question. Surtout après des années de travaux, dont certains ont été menés au Parlement. Le financement accordé à la recherche en français, comparativement à celui dédié à la recherche en anglais au Canada, reste un enjeu majeur.

La réponse du bureau de la ministre Joly à Francopresse fait valoir que 128 millions de dollars ont été débloqués pour le postsecondaire en français sur cinq ans dans le Plan d’action pour les langues officielles.

Ce montant concerne l’enseignement et non la recherche en français

— Sophie Montreuil

Le bureau de la ministre souligne aussi que cet argent sert «au développement d’une main-d’œuvre bilingue». Une thèse critiquée par Sophie Montreuil.

«C’est une interprétation extrêmement limitée de ce à quoi sert le Plan d’action pour les langues officielles. Parce que l’essentiel de ce plan, c’est le renforcement des communautés linguistiques en situation minoritaire au Canada, ce n’est pas de [rendre] des employés bilingues.»

Le gouvernement se dédouane

La réponse du bureau de Mélanie Joly se concentre ensuite sur les 8,5 millions de dollars débloqués sur cinq ans par le Plan d’action pour soutenir «l’écosystème de la recherche en français au Canada».

Le courriel de l’équipe ministérielle renvoie la balle au Service d’aide à la recherche en français (SARF), qui est administré par l’Acfas elle-même. Une manière de dire que s’il y a un souci, c’est à l’Acfas de s’en occuper.

«C’est un copier-coller à peine retravaillé de ce qu’il y a dans le plan d’action», fustige Sophie Montreuil. 

Cette dernière affirme que le SARF a été créé avant tout pour «répondre à des lacunes du système de soutien» aux chercheurs et chercheuses qui déposent des demandes de financement auprès des organismes subventionnaires.

Deux conseils subventionnaires, le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH) et le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) sont financés par le ministère de l’Industrie.

Les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) reçoivent des fonds du ministère de la Santé, dirigé par Marjorie Michel.

Ces trois instances ont reçu plus de trois-milliards de dollars en 2024.

Pour Sophie Montreuil, il revient «aux deux gros ministères» de financer la recherche en français.

Elle souligne que les 8,5 millions de dollars sur cinq ans, ce qui est équivalent à 1,7 million par an, ne font pas le poids par rapport aux trois milliards de dollars consacrés à la recherche par les deux ministères.

De plus, le SARF ne reçoit qu’une partie de ce montant. En 2023-2024, il a été financé qu’à hauteur de 118 000 $ et de 267 000 $ pour 2024-2025, selon les informations obtenues par Francopresse.

Le reste du 1,7 million de dollars finance d’autres initiatives, dont le Groupe consultatif sur la création et la diffusion d’information scientifique en français. Ce dernier effectue actuellement des consultations qui auront lieu jusqu’au 25 aout pour fournir un rapport visant à pérenniser la recherche en français. 

À lire : Les francophones en milieu minoritaire, orphelins de données

Traduire en anglais ou ne pas être financé

Les obstacles que les personnes désireuses de mener de la recherche en français doivent surmonter pour présenter des demandes de financement nécessaire à leurs travaux constituent aussi un autre point d’accroche. Ces personnes doivent déposer une demande de financement soit au CRSH, au CRSNG ou aux IRSC.

Toutes les demandes de financement doivent d’abord être déposées auprès d’un bureau de la recherche de l’université du chercheur ou de la chercheuse. Ce bureau l’accompagnera pour peaufiner sa demande.

«Dans une université bilingue ou unilingue anglophone, déposer une demande en français est pratiquement impossible», parce qu’elles ont rarement des conseillers à la recherche francophones ou suffisamment bilingues, déplore Sophie Montreuil.

Les deux choix sont donc de traduire la demande de financement en anglais, ce qui ajoute à sa charge de travail, la faire traduire par une personne qui connait moins bien son domaine ou de ne pas déposer de demande. Trop souvent, c’est la deuxième option qui l’emporte, dit-elle.

Le travail d’accompagnement qui ne peut pas être fait par le bureau de la recherche de l’université est fait par l’Acfas depuis 2023.

Dans son dernier rapport publié le 11 aout qui anticipe le budget fédéral de l’automne, l’association demande 600 000 $ par an au gouvernement, un montant destiné uniquement à l’aide au milieu de la recherche francophone dans ses demandes de financement.

Ce même rapport explique que pour la Subvention Savoir de l’automne 2024, le SARF avait permis une hausse de 30 % des demandes soumises en français par les institutions des communautés de langue officielle en situation minoritaire.

Le 11 aout, l’Acfas a publié un mémoire dans le cadre des consultations prébudgétaires du gouvernement fédéral.

Cinq recommandations exhortent de nouveau le gouvernement à prendre en compte la communauté scientifique francophone et à éliminer les défis.

La première est un rappel de la Loi sur les langues officielles (partie VII), qui exige la «représentativité des francophones dans toutes les strates de gouvernance». 

L’organisme Français pour l’avenir a accueilli 35 jeunes leadeurs du 3 au 8 aout sur le campus de l’Université d’Ottawa pour le Forum national des jeunes ambassadeurs et ambassadrices (FNJA) de 2025.

Le moment préféré de Tristan Gagnon a été les discussions sur l’intégration des étudiants en immersion dans la communauté francophone. 

Photo : Courtoisie Français pour l’avenir

Tristan Gagnon, ambassadeur yukonais, explique en entrevue avec Francopresse que le français au Forum est «beaucoup plus naturel, moins formel, et n’est pas académique». Il salue le fait de ne pas être évalué sur la grammaire ou les standards d’écriture, ce qui peut être «un peu drainant» à son avis.

Neve Elrain Ting se sent aussi plus à l’aise de parler en français au FNJA, car l’ambiance passionnée l’inspire, contrairement à son école francophone où parler le français peut sembler «pas cool».

La représentante néobrunswickoise explique qu’on peut être jugé, voire discriminé, lorsqu’on s’exprime dans la langue d’Antonine Maillet au sein de sa communauté. Tristan Gagnon dit avoir vécu la même chose.

Elle poursuit en indiquant que, même dans une province officiellement bilingue comme la sienne, l’anglais est plus populaire que le français.

Melinda Lee, une des participantes de l’Ontario, complète cette idée en racontant son expérience personnelle. Dans son école, elle a observé que les membres d’un club de français parlent souvent en anglais. À son avis, c’est parce qu’ils manquent de confiance pour parler en français, ce qui la décourage également à pratiquer.

Par contre, son propre rapport avec la langue a changé durant le FNJA. «J’ai amélioré mon français ici plus que pendant toutes les années que je l’ai appris», se réjouit Melinda Lee.

À lire aussi : Jeux de la francophonie à Laval : «Ici, tu peux être toi-même»

Le Forum national des jeunes ambassadeurs et ambassadrices

Depuis sa création en 2004, le Forum national des jeunes ambassadeurs et ambassadrices rassemble chaque année des élèves de 10e et 11e année (3e et 4e secondaire au Québec) inscrits à l’école française ou en immersion, provenant des dix provinces et des trois territoires canadiens. Le programme a formé plus de 500 ambassadeurs et ambassadrices depuis sa création.

Le Forum est une «semaine de formation pour devenir un ambassadeur ou une ambassadrice du français, du bilinguisme et de Français pour l’avenir au Canada» selon la directrice générale, Emeline Leurent.

Au menu : des ateliers, des activités et des expériences axées sur l’importance du bilinguisme.

Venus des dix provinces et de deux territoires, plus de sept participants sur dix parlent le français comme langue additionnelle.

Photo : Courtoisie Français pour l’avenir

Une francophonie qui s’apprend et se construit

La directrice générale de Français pour l’avenir, Emeline Leurent, souligne les bénéfices de mélanger des jeunes dont le français est la langue maternelle, seconde, ou même la quatrième langue. Cette diversité, à ses yeux, permet aux jeunes de découvrir «comment la francophonie est vécue à travers le Canada».

À travers cette expérience, Melinda Lee a appris à connaitre le Nouveau-Brunswick, le vocabulaire acadien et que les provinces maritimes ne sont pas toutes anglophones.

Tristan Gagnon a lui aussi approfondi sa compréhension des différences au sein des communautés acadiennes, comme entre celles de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick.

L’ambassadeur yukonais souhaite également que son territoire – la troisième région la plus bilingue du pays – offre plus de services dans les deux langues officielles et mène des actions de sensibilisation contre les préjugés envers les francophones.

Neve Elrain Ting, quant à elle, souhaite que le Nouveau-Brunswick, officiellement bilingue, soit plus ouvert à la communication et au partage d’initiatives francophones pour que les autres provinces puissent développer de meilleurs services.

Melinda Lee aimerait voir sa ville de Toronto utiliser davantage de français dans les services publics et avoir des produits bilingues dans les épiceries. Elle souligne que son expérience au FNJA lui a donné plus de confiance qu’avant pour promouvoir le français.    

À lire : Recul du français hors Québec : un déclin nuancé selon Statistique Canada

Melinda Lee a eu un coup de cœur pour les feux d’artifice, car ce moment lui a permis de parler avec ses amis en français et de se sentir «plus confiante». 

Photo : Courtoisie Français pour l’avenir

De l’idéation à l’action

De retour chez eux, les ambassadeurs et ambassadrices devront promouvoir la langue française et le bilinguisme dans leur école et leur communauté tout au long de l’année scolaire, explique Emeline Leurent en entrevue avec Francopresse.

Lorsqu’il retournera en classe au Yukon, Tristan Gagnon veut «travailler sur la valorisation du français» dans son école, montrer que le français peut être une «langue informelle» et pas seulement d’apprentissage. Il compte utiliser les trousses d’outils pour des séances de Franconnexion.

Étant elle-même immigrante des Philippines, Neve Elrain Ting souhaite continuer son projet qui aide les immigrants à bien communiquer dans les langues officielles.

Sur ce, elle compte collaborer avec sa bibliothèque locale et potentiellement l’application FR+. Celle-ci est un espace virtuel créé par Français pour l’avenir, qui comprend des ressources gratuites, comme des musiques et des jeux vidéos, pour échanger en français avec d’autres apprenants.

Melinda Lee envisage d’encourager son groupe de français à parler davantage en français. Elle souhaite aussi organiser une activité pour tous les élèves de son école afin de promouvoir l’usage du français dans sa communauté.

Les jeunes ne sont pas sans ressource une fois à la maison. L’équipe de Français pour l’avenir les accompagne pendant un an. De plus, organiser des activités avec l’aide des enseignantes et des enseignants leur donne accès à des programmes de microfinancement, précise la directrice générale.

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Neve Elrain Ting a souligné la visite de la Chambre des communes comme son moment préféré, car elle a aimé en apprendre davantage sur le fonctionnement du Parlement. 

Photo : Courtoisie Français pour l’avenir

«Le FNJA, c’est vraiment juste le début de leur aventure»

Les participants de la cohorte 2025-2026 souhaitent maintenir les liens qu’ils ont créés pendant le Forum via les réseaux sociaux. Ceux-ci servent non seulement à rester en contact, mais aussi à promouvoir le français et à créer des projets communautaires en collaboration les uns avec les autres.

La directrice générale souligne que les anciens ambassadeurs collaborent parfois pour des projets. Elle cite notamment un exemple : «Des ambassadeurs à Regina […] ont fait des ateliers en science pour une école élémentaire».

«C’est quand même des jeunes qui ont déjà la francophonie à cœur. Et donc, ils sont […] des ambassadeurs pour la vie», estime Emeline Leurent.

C’était la mission de la dernière chance pour sauver le Canada. Après la chute de Québec, en septembre 1759, Pierre de Rigaud de Vaudreuil de Cavagnial – qui sera le dernier gouverneur de la Nouvelle-France – est retranché à Montréal. Il lance un appel à l’aide en France pour obtenir des renforts et tenter de reprendre Québec aux Britanniques.

Vaudreuil demande 4000 hommes. Or, la France est aux prises avec les combats en Europe découlant la guerre de Sept Ans, qui en est dans sa quatrième année. Finalement, ce n’est que 400 hommes qui sont envoyés à bord d’une flottille de six navires armés. L’expédition est menée par François Chenard de la Giraudais, alors que les troupes sont commandées par Gabriel-François d’Angeac.

Les trois navires français réfugiés au fond de la baie des Chaleurs : Le Marchault, le Bienfaisant et le Marquis de Malauze. 

Photo : Claude Joseph Vernet, 1773, Domaine public –Wikimedia Commons,

Débâcle puis changement de cap

Les «renforts» quittent Bordeaux le 10 avril 1760. Dès le début, c’est la débâcle : le convoi est attaqué par des navires britanniques. Seules trois unités réussissent à s’échapper : le Machault (navire amiral), le Bienfaisant et le Marquis de Malauze.

À la mi-mai, la flottille atteint les Îles-de-la-Madeleine, où elle capture un navire ennemi en route pour Québec. Les Français apprennent alors de leurs prisonniers qu’une flotte britannique l’a précédé et s’est déjà engagée dans le fleuve Saint-Laurent. La décision est alors prise qu’il serait trop dangereux de gagner Montréal et qu’il serait plus sage de se réfugier dans la baie des Chaleurs.

Vers le 18 mai, les Français sont au fond de la baie. Les troupes débarquent sur la rive nord et construisent rapidement une batterie un peu en amont de l’embouchure de la rivière Ristigouche, dans un secteur qui sera appelé pointe à la Batterie.

L’officier Antoine-Charles Denys de Saint-Simon reçoit alors comme mission de se rendre à Montréal, à pied, pour informer le gouverneur Vaudreuil de la situation. Saint-Simon ne prend que 25 jours pour arriver à destination, vers la mi-juin.

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Cette maquette du navire amiral Le Machault est dans le hall d’entrée du centre d’interprétation de la Bataille de la Ristigouche. 

Photo : ChristianT – Wikimedia commons CCA 3.0

Petite-Rochelle : un retranchement acadien

Les troupes françaises ne sont pas seules, car l’embouchure de la rivière Ristigouche est devenue un lieu de refuge pour des centaines d’Acadiens et Acadiennes fuyant la Déportation.

Les premiers sont arrivés à l’été 1758, en provenance de l’Île-Royale (Cap-Breton), après la chute de Louisbourg et accompagné de quelques soldats français. Près de la rivière Ristigouche, sur la rive nord de la baie des Chaleurs, ces Acadiens ont fondé un petit établissement qu’ils ont nommé Petite-Rochelle.

L’année suivante, un groupe encore plus important d’Acadiens s’y rend. Ils ont réussi à quitter l’ile Saint-Jean (Île-du-Prince-Édouard), alors que les forces britanniques avaient entrepris de vider l’endroit de ses habitants.

D’autres Acadiens, mourant de faim au camp d’Espérance, à la rivière Miramichi au sud de la péninsule acadienne, viennent trouver refuge à la Petite-Rochelle. Enfin, un autre groupe, provenant de la Gaspésie, migre au fond de la baie des Chaleurs après que des troupes britanniques ont détruit leurs villages.

Vers 1760, l’établissement de Petite-Rochelle compte environ 1000 personnes. Mais elles sont dans un état de privation extrême.

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John Byron a mené les troupes britanniques lors de la bataille de Ristigouche. 

Photo : Wikimedia Commons, domaine public

Les Britanniques attaquent

Les Britanniques sont rapidement mis au courant de la présence des navires et des troupes françaises dans la baie des Chaleurs. Deux expéditions sont montées en quelques jours pour les déloger.

De Québec, un escadron de six navires prend la mer, mais prendra beaucoup de détours et n’arrivera qu’après la fin de la bataille. Au même moment, à Louisbourg, le gouverneur de l’ile Royale et de l’ile Saint-Jean, Edward Whitmore, envoie le capitaine John Byron à la tête d’une flottille de cinq navires.

Byron et ses troupes quittent l’ile Royale le 23 juin. Deux jours plus tard, ils sont dans la baie des Chaleurs, prêts à l’attaque. Il a avec lui 1700 soldats. Pour leur faire face, les Français ne peuvent compter que sur 200 soldats réguliers, environ 300 Acadiens et un nombre indéterminé de guerriers autochtones.

Les navires britanniques tentent de s’approcher, mais, ignorant la position des chenaux navigables, plusieurs bâtiments s’enlisent ou s’engagent dans des culs-de-sac. De son côté, Giraudais a sabordé plusieurs de ses petites embarcations pour leur rendre la tâche encore plus difficile.

Malgré tout, la flottille de Byron continue d’avancer. Le 2 juillet, les soldats britanniques débarquent et incendient l’établissement acadien de Petite-Rochelle. Les habitants et les soldats français s’étaient déjà retranchés plus creux dans la baie, rejoignant le cœur des troupes d’Angeac.

Giraudais fait couler d’autres embarcations et place, en arrière, le Machault, à l’embouchure de la rivière Ristigouche. Les navires britanniques parviennent tant bien que mal à contourner les embarcations françaises échouées. Dans la nuit du 7 juillet, ils sont devant le navire amiral français.

L’affrontement final va commencer. Les Britanniques disposent de 56 canons; les Français, une vingtaine. Peu avant midi, le Machault n’a presque plus de munition ni de poudre et commence à prendre l’eau. Giraudais et ses hommes abandonnent le navire. À midi, on fait sauter le Machault et, 15 minutes plus tard, le Bienfaisant subit le même sort. C’est la fin.

Le début de la fin

Byron reste dans les environs pendant une dizaine de jours et repart à Louisbourg, sans faire de prisonniers, sa mission étant d’anéantir la flottille française. Bilan de la bataille de Ristigouche : une trentaine de morts et de blessés du côté français, contre 24 chez les Britanniques.

Alors que Giraudais retourne en France au mois d’aout avec une partie de ses hommes, d’Angeac reste sur place. Après la capitulation de Montréal, le 8 septembre, un major britannique est envoyé à Ristigouche, porteur d’une lettre du gouverneur Vaudreuil l’enjoignant à se rendre. Le 30 octobre, d’Angeac et le reste des soldats embarquent pour la France.

Quant aux Acadiens et Gaspésiens qui s’étaient réfugiés dans la région, ils tentent de reprendre une vie plus ou moins normale, mais ce sera de courte durée.

À l’automne, les dirigeants de la Nouvelle-Écosse, convaincus que les Acadiens établis sur la côte sud de la baie des Chaleurs représentent toujours une menace, dépêchent le capitaine Roderick Mackenzie pour les capturer. Il ramènera au total plus de 300 Acadiens, qui rejoindront d’autres prisonniers. Tous les détenus acadiens ne seront libérés que trois ans plus tard, à la fin de la guerre de Sept Ans.

La bataille de Ristigouche devient le dernier affrontement lors duquel des Acadiens ont combattu contre les Britanniques.

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«Pendant la pandémie, le nombre de personnes ayant acheté un bateau a considérablement augmenté, notamment de grosses embarcations de loisirs pour le ski nautique, la bouée tractée ou le wakeboard», amorce Chris Houser, professeur au département des sciences de la terre et de l’environnement de l’Université de Waterloo, en Ontario.

Par temps de guerre commerciale avec les États-Unis, l’heure est de nouveau au repli : «Beaucoup de gens restent dans leur région et, s’ils ont une motomarine, un bateau, ou la possibilité d’en louer un, ils vont en profiter», poursuit-il. Avec, au bout de l’hélice, des effets néfastes sur l’environnement.

Une activité qui a le vent en poupe

Le Conseil canadien de la sécurité nautique estime que plus de 16 millions de personnes pratiquent la navigation de plaisance au pays en 2025.

Un engouement qui s’est amplifié lors de la pandémie, alors que les ventes de bateaux au Canada ont bondi d’environ 40 %.

Qualité de l’eau et espèces envahissantes

Chris Houser évoque notamment les fuites accidentelles de lubrifiant gazeux – au moment de remplir le réservoir à quai ou au démarrage – qui peuvent nuire à la qualité de l’eau. «De nombreux bateaux ne sont pas économes en carburant et rejettent beaucoup de gaz d’échappement, ce qui entraine aussi une pollution de l’air», ajoute-t-il.

Chris Houser croit que la situation actuelle avec les États-Unis pousse beaucoup de Canadiens et de Canadiennes à rester au pays et à profiter des activités nautiques locales. 

Photo : Courtoisie

«Par conséquent, si l’on considère la production de dioxyde de carbone (CO2) à long terme, ce n’est pas un sport respectueux de l’environnement. En plus de cela, il y a les bateaux qui créent des remous à l’arrière de leur hélice, ainsi que des sillages.»

En brassant le fond des lacs, les remous peuvent remettre en suspension dans l’eau des matières qui y reposaient depuis longtemps. Or, ces sédiments peuvent contenir des polluants issus d’anciennes activités nautiques ou industrielles. Résultat : dans les lacs peu profonds et boueux, la qualité de l’eau peut se détériorer et nuire à la faune.

Le transport d’un plan d’eau à un autre d’espèces exotiques envahissantes – comme la moule zébrée, le myriophylle en épi (une herbe d’eau douce), la châtaigne d’eau ou le cladocère épineux (un petit crustacé) – fragilise également les habitats aquatiques, explique Olivier Morissette, professeur en biologie à l’Université du Québec à Chicoutimi.

D’où l’importance de bien vider, nettoyer et sécher son embarcation entre chaque destination. «Il y a de plus en plus d’aides aux citoyens pour diminuer les risques. Il y a notamment des stations de lavage ou de nettoyage qui sont installées en bordure des lacs.»

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Une industrie engagée?

«Les bateaux de plaisance représentent moins de 0,01 % des émissions mondiales de GES», affirme la directrice générale de la National Marine Manufacturers Association (NMMA) Canada, Marie-France MacKinnon.

«La navigation de plaisance fait partie intégrante de la vie canadienne et joue un rôle essentiel dans notre économie», soutient Marie-France MacKinnon. 

Photo : Courtoisie

Elle assure que depuis 20 ans, «les fabricants ont réduit les émissions d’échappement de plus de 90 % et amélioré l’efficacité énergétique de plus de 40 %».

L’industrie soutient des campagnes d’éducation pour prévenir la propagation des espèces aquatiques envahissantes et investit dans l’innovation pour réduire son impact environnemental, garantit la porte-parole.

La NMMA collabore en outre avec Environnement Canada, l’Agence de protection de l’environnement des États-Unis et la Commission européenne pour développer des carburants à faible teneur en carbone, évaluer le cycle de vie des bateaux et intégrer des matériaux recyclés dans la conception des embarcations.

Des embarcations électriques moins polluantes?

L’électrification est l’une des solutions explorées pour réduire les émissions des embarcations nautiques dans une étude commandée par l’International Council of Marine Industry Associations (ICOMIA).

Néanmoins, celle-ci n’est pas tout le temps viable, nuance Marie-France MacKinnon. «Les bateaux de plaisance sont utilisés en moyenne entre 35 et 48 heures par an. Cette faible utilisation signifie que les systèmes à batterie n’offrent pas nécessairement une réduction significative des émissions comparées aux moteurs thermiques, surtout si l’on tient compte de la durée de vie et des cycles de recharge des batteries.»

Les carburants durables, comme le diésel renouvelable, le biogaz, l’hydrogène, sont particulièrement prometteurs, estime-t-elle.

Sensibilisation et responsabilité individuelle

«L’industrie nautique cherche à trouver des moyens plus efficaces et efficients pour ses moteurs et à réduire leur impact. Elle est donc consciente du problème. La plupart du temps, le problème ne vient pas nécessairement du bateau, mais plutôt de l’utilisateur», constate Chris Houser.

Olivier Morisette rappelle que la mise en œuvre de solutions dépend de la bonne volonté des utilisateurs. 

Photo : Courtoisie

«Il y a beaucoup de lacs où des associations de riverains ou des organismes viennent gérer les activités», observe Olivier Morissette.

Ils mettent en place, par exemple, des limites de vitesse ou interdisent l’accès à certaines zones, notamment celles pour la baignade. Certains n’hésitent pas à rendre payant l’accès aux rampes de mise à l’eau, notamment pour les utilisateurs externes.

Il est aussi recommandé de ne pas naviguer à moins de 300 mètres de la rive et dans une zone d’au moins 7 mètres de profondeur, détaille le professeur.

Mais, comme le souligne Chris Houser, cela dépend aussi du type et de la forme des cours d’eau : «Si vous avez un grand lac ouvert, il y a beaucoup de possibilités pour changer les comportements. Mais si le lac est long et étroit, il n’y a peu d’espace pour les modifier.»

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Pollution sonore et cohabitation

La pollution sonore reste aussi un problème majeur, surtout quand le bruit des moteurs s’accompagne de musique crachée par des hautparleurs, remarque Chris Houser. Sans oublier la pollution visuelle.

Certaines de nos recherches ont montré qu’il existe deux types de personnes qui se rendent au chalet : celles qui y vont pour les loisirs, profiter de l’eau, et celles qui y vont pour admirer le lever et le coucher du soleil.

— Chris Houser

La cohabitation entre les deux peut parfois s’avérer compliquée. «Il y a ceux qui considèrent la navigation de plaisance comme un droit […] et ceux qui disent : “Pas dans mon jardin, pas à mon quai”.»

Pour régler les conflits, certaines associations lacustres essaient de revoir les règlements et faire de la prévention, dit-il.

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ÉCONOMIE

De passage à Kelowna, en Colombie-Britannique, lundi, le premier ministre Mark Carney a annoncé plus de 1,2 milliard de dollars en aide pour le secteur du bois d’œuvre canadien.

Cette annonce intervient après une hausse des tarifs douaniers de base de 25 % à 35 % pour les produits non conformes à l’Accord de libre-échange Canada-États-Unis-Mexique. Le bois ne fait pas partie de cet accord et était déjà soumis à des droits antidumping de 20,56 % depuis juin.

Le ministre des Finances, François-Philippe Champagne, et la ministre des Affaires étrangères, Anita Anand, étaient au Mexique cette semaine, dans l’espoir d’un rapprochement avec la présidente mexicaine, Claudia Sheinbaum, comme partenaire commercial, dans le contexte des tarifs appliqués par l’administration de Donald Trump.

Un secteur-clé : Les États-Unis accusent depuis longtemps le Canada de trop subventionner ses producteurs de bois. Depuis la fin de leur dernier accord commercial sur le bois en 2015, des droits de douane américains pèsent sur le secteur canadien. Le Canada a régulièrement contesté ces surtaxes avec succès devant les cours commerciales.

«Le Canada ne vend pas de bois au rabais aux États-Unis. […] Le Canada est un fournisseur vital pour notre voisin du Sud. Nous représentons un quart de leur marché et nous aidons à garder le prix de la construction de maison bas tout en améliorant leur qualité», a défendu le premier ministre en conférence de presse.

Trois tranches : Sept-cents-millions de dollars serviront à fournir des garanties de prêts pour soutenir des projets de restructuration des activités. Un autre 500 millions servira à financer la diversification et la transformation à valeur ajoutée, incluant pour les entreprises autochtones. Finalement, 50 millions est réservé au perfectionnement et au recyclage des compétences des travailleurs de l’industrie.

Privilégier le Canada : Les entreprises qui signeront des contrats avec le gouvernement fédéral devront s’approvisionner en bois canadien pour les projets de construction.

Une nouvelle campagne de promotion pour accroitre la place du bois canadien dans les régions où la demande est grande pour la construction de logement sera également lancée.

À lire : L’industrie forestière du Nord de l’Ontario suit de près l’évolution des tarifs américains (Le Nord)

Près de 10 000 agents de bord d’Air Canada pourraient être en grève dès le 16 aout prochain. 

Photo : John McArthur – Unsplash

Les 10 000 agents de bord d’Air Canada et de Rouge ont voté à 99,7 % en faveur d’un mandat de grève, a annoncé mardi le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP).

Pourquoi? : La principale raison évoquée est l’échec des négociations salariales entre Air Canada et le syndicat. Les agents de bord à temps plein gagnent 1951,30 $ par mois, une somme jugée «insuffisante» par le syndicat.

Le travail non rémunéré, les avantages sociaux comme le temps de repos en escale ou les conditions du régime de retraite font également partie des discussions.

Selon le syndicat, certains agents de bord seraient sous-payés, voire pas du tout, pour effectuer certaines tâches.

Le vote avait commencé le 28 juillet pour se terminer mardi. Les agents peuvent déposer un préavis de grève 72 heures au plus tôt le 16 aout à 0 h 1.

Le chef conservateur Pierre Poilievre a annoncé jeudi en conférence de presse le dépôt d’un nouveau projet de loi à la rentrée parlementaire, notamment pour «débloquer» de grands projets énergétiques, mettant Mark Carney face à des promesses qu’il estime «brisées». 

Photo : Julien Cayouette – Francopresse

POLITIQUE FÉDÉRALE

En pleine campagne en Alberta pour récupérer un siège au Parlement, Pierre Poilievre a annoncé jeudi, en conférence de presse, que les conservateurs déposeront un projet de loi à l’automne pour faire adopter la «Loi sur la souveraineté du Canada». Cette dernière a pour but principal de faciliter l’autorisation de plusieurs projets de productions énergétiques.

«Nous accueillons des amendements», a-t-il offert aux autres partis fédéraux.

Son plan : Le chef conservateur a répété qu’il voulait abroger certaines lois libérales, comme le projet de loi C-69 (relatif aux normes environnementales), la taxe carbone industrielle, les quotas sur le pétrole et le gaz ou encore l’interdiction des plastiques.

Appel à l’action : Poilievre a mis le gouvernement fédéral au défi de permettre la construction de deux oléoducs, d’une autoroute vers le Cercle de feu dans le Nord de l’Ontario, et un projet de gaz naturel liquéfié, le tout avant d’ici le 14 mars, date «d’anniversaire» de l’accession de Mark Carney au poste de premier ministre.

«Notre économie est faible et trop dépendante des Américains. […] Le Canada n’a ni entente ni échéancier pour conclure une [entente]», a fustigé Pierre Poilievre.

Le vote par anticipation commence dès aujourd’hui et se termine lundi pour l’élection partielle de Battle River–Crowfoot, en Alberta, où se présentent Pierre Poilievre et plus de 200 autres candidats.

Le chef conservateur a perdu son siège dans la circonscription de Nepean, en banlieue d’Ottawa le 28 avril lors de l’élection fédérale. Il représentait cette circonscription depuis 20 ans.

Le comité du bulletin de vote le plus long est à l’origine de ces candidatures nombreuses, dans le but d’attirer l’intention sur une réforme du système électoral.

Mark Carney a affirmé que la rencontre de jeudi avec les chefs métis n’était «pas le début de la consultation». Celle-ci portera «sur des projets spécifiques, puis sur la manière dont nous allons mener à bien ces projets. Cela reste donc à venir», a-t-il fait valoir. 

Photo : Inès Lombardo – Francopresse

La Loi sur les grands projets d’infrastructure (anciennement projet de loi C-5) créera des centaines de milliers d’emploi pour les travailleurs qualifiés et les Autochtones seront consultés, a affirmé le premier ministre en conférence de presse jeudi, lors du Sommet des Métis sur les grands projets à la Société géographique royale du Canada, à Ottawa.

Mark Carney avait, pour l’occasion, invité plusieurs chefs métis. David Chartrand, président de la Fédération métisse du Manitoba, a toutefois refusé de se présenter, en raison de tensions avec la Nation métisse de l’Ontario.

Selon un rapport publié mercredi par le Centre de recherche sur l’islamophobie de l’Université York, des institutions publiques et privées canadiennes violent le droit à la parole des personnes qui dénoncent la guerre menée par Israël à Gaza.

En conférence de presse mercredi, les auteurs et représentants de différents mouvements sont venus défendre le droit des Palestiniens et des musulmans à honorer leur culture et leurs points de vue.

«Exception palestinienne» : Selon Nihad Jasser, de l’Association des Canadiens d’origine arabe palestinienne, il y aurait une «exception palestinienne» au sein des politiques de diversité et d’inclusion canadiennes.

Le rapport demande que les différents paliers de gouvernement au Canada reconnaissent la présence de racisme antipalestinien dans leurs rangs et forment leurs personnels pour détecter et éviter cette discrimination.

Le document cite le cas d’étudiants, d’enseignants et de professionnels de la santé qui ont été réprimandés – voire suspendus – en raison de leur origine palestinienne ou de leur soutien à la Palestine.

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