Avec les informations de Marine Ernoult et Camille Langlade
Le lundi 22 juillet, au moins quatre feux de forêt se sont déclarés dans le Parc national entourant la petite ville touristique de Jasper, en Alberta, qui compte environ 5 000 habitants. Les feux ont été déclenchés par la foudre dans une région en proie à une extrême sècheresse.
«Juste avant les coups de foudre, le temps a été très chaud et très sec, Jasper a battu des records de température journalière», détaille la chercheuse au sein du Service canadien des forêts de Ressources naturelles Canada en Alberta, Ellen Withman.
Au cours des neuf jours précédant l’incendie, la température a effectivement dépassé les 30 degrés Celsius. Le mercure a atteint 35 degrés le 22 juillet. «Et il n’y a eu que très peu de pluie pendant les semaines qui ont précédé», ajoute la scientifique.
Lorsque les feux ont pris de l’ampleur, plus de 20 000 habitants et touristes ont été évacués de la zone. Aucun blessé ou victime n’a été rapporté.
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Jasper compte environ 5 000 habitants, incluant une communauté francophone.
Le président et directeur général de Parcs Canada, Ron Hallman, a parlé de «conditions ressemblant à l’enfer sur terre», lors d’une conférence de presse qui s’est tenue le lundi 29 juillet.
Il a évoqué un feu qui se déplaçait de 15 mètres par minute sous l’effet de vents violents, des flammes de près de 300 mètres de haut, des débris et des pommes de pin enflammées projetées jusqu’à un kilomètre à l’avant du brasier.
«Aucun humain, aucun équipement n’aurait pu faire quelque chose en se trouvant devant ce mur de feu», a souligné le responsable.
Vue sur la ville de Jasper.
Nichée au cœur du parc national du même nom, Jasper constitue l’un des joyaux naturels des Rocheuses canadiennes. La région reste très prisée par les Albertains et les touristes du monde entier.
Fondé en 1907, le parc national est reconnu comme site du patrimoine mondial de l’UNESCO et couvre une superficie de plus de 11 000 km2.
Les paysages, allant des sommets enneigés aux lacs turquoise, en passant par des forêts denses et des glaciers, en font une destination de choix pour les amateurs de nature et d’aventure.
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Même le roi Charles III a qualifié la région d’«endroit réellement féérique» dans un message envoyé le 30 juillet.
«Il y a tout un ensemble de marqueurs de l’identité et de l’imaginaire territorial de ces lieux qui sont en lien avec le tourisme», commente le professeur et chercheur au Département d’études urbaines et touristiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), Dominic Lapointe.
La ville de Jasper reste aussi liée au développement du chemin de fer et à la création des parcs nationaux.
«La première vocation des parcs nationaux était touristique, pour l’élite aristocratique nord-américaine, pour voir les territoires encore vierges de cette Amérique. L’idée était de créer ce discours qu’en Amérique, on n’a pas de cathédrale, mais on a ces grands parcs», rappelle le spécialiste.
Certaines voix reprochent l’inaction de Parcs Canada face à une infestation du dendroctone du pin, un insecte ravageur présent dans le parc depuis environ 20 ans.
Selon certains habitants et politiciens albertains, en laissant derrière lui des pins morts et séchés, l’insecte aurait fourni davantage de combustible aux feux.
Les dommages ont pu être limités au sud-est de la ville de Jasper. Les infrastructures névralgiques n’ont pas été touchées.
Durant la conférence de presse du 29 juillet, le ministre fédéral de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, a plutôt défendu l’action de l’agence fédérale : «Parcs Canada travaille à mettre en place des mesures de prévention des incendies autour de la ville de Jasper depuis 1996, 1997 […] On a récolté mécaniquement du bois mort qui avait été affecté par cet insecte-là, justement pour éliminer des sources de combustible.»
«À quiconque perçoit cela comme un échec : je rejette cette prémisse. C’est un succès. Lorsque nous avons été attaqués, les lignes de défense ont tenu. Oui, nous avons subi des pertes, et c’est si incroyablement douloureux. Mais nous avons tenu bon, et [Parc Canada] a sauvé 70 % de notre ville», a renchéri le maire de Jasper, Richard Ireland.
En début de semaine, 123 incendies de forêt faisaient rage en Alberta, dont 25 sont encore hors de contrôle. La foudre est responsable de 73 d’entre eux et les activités humaines de cinq. Les causes demeurent encore inconnues pour 46 brasiers. Des enquêtes sont en cours.
Dans l’extrême nord de la province, les autorités ont ordonné l’évacuation de la Nation crie de Little Red River.
L’agente d’information du service Alberta Wildfire, Josée St-Onge, se montre néanmoins confiante : «On a reçu beaucoup de pluie ces derniers jours à travers la province, ça nous a permis de faire de belles avancées, on est dans une meilleure position pour lutter contre les feux.»
Une semaine après le début de l’incendie, quelque 32 000 hectares étaient partis en fumée. Parcs Canada estime que les feux ont détruit environ 30 % des bâtiments de Jasper, mais ont épargné des infrastructures névralgiques, comme le centre de soins de santé local et la bibliothèque municipale.
Dimanche 28 juillet, le feu était enfin maitrisé dans la municipalité. En revanche, malgré des averses et des températures plus fraiches, le brasier demeure toujours hors de contrôle dans le parc.
Quelques jours de pluie ne suffiront pas à éteindre un incendie d’une telle ampleur. «Il faudra probablement des semaines, voire des mois, pour en venir à bout», prévient Ellen Withman.
En conférence de presse le samedi 27 juillet, le commandant adjoint des interventions au sein de Parcs Canada, Landon Shepherd, a confirmé que le feu pourrait bruler pendant plusieurs mois.
Ellen Withman explique que seules des précipitations très abondantes ou de la neige permettraient de déclarer l’incendie officiellement éteint : «Nous avons besoin d’un changement météorologique important, qui correspond plus ou moins à l’arrivée de l’automne.»
Sur le terrain, les sinistrés de Jasper n’ont pas encore reçu l’autorisation de rentrer à leur domicile. Selon Steven Guilbeault, leur réintégration se fera par étapes, en fonction d’un calendrier qui n’a pas été révélé. Ottawa promet par ailleurs d’appuyer les efforts de reconstruction de la ville.
Dominic Lapointe rappelle que le parc national de Jasper est très lié au tourisme, beaucoup de personnes y ont des souvenirs, ce qui pourrait influencer la reprise de l’activité touristique.
Selon Dominic Lapointe, les catastrophes naturelles dans un lieu très touristique «activent la mémoire de tout un ensemble de gens qui y ont travaillé ou qui l’ont visité».
Le spécialiste liste différents phénomènes qui pourraient survenir dans les six prochains mois à cinq années.
«D’un côté, on va avoir un certain tourisme sombre ou un peu morbide, qui va vouloir voir à quoi ça ressemble une ville qui a brulé. Après ça, il y a tous ceux qui y ont passé du temps, qui y ont des souvenirs et qui vont vouloir voir comment elle est reconstruite.»
Il cite aussi les personnes qui vont venir voir ces lieux pour se sentir utile et contribuer à la reconstruction de la ville et sa région.
Le professeur ne doute pas que les visiteurs seront de nouveau au rendez-vous. «La ville fait partie de ce triumvirat [avec les parcs des Banff et du lac Louise]. Pendant quelques années, peut-être que le circuit va pour certains consister à traverser Jasper plutôt que de s’y arrêter […] Mais assez rapidement le circuit va se rétablir.»
Des évènements de grande ampleur, comme l’incendie de Jasper, ne peuvent pas être reliés directement aux changements climatiques provoqués par l’activité humaine sans une analyse complète des données.
Cependant, de nombreuses études ont démontré que la hausse des températures entraine une augmentation de la fréquence et de la sévérité des conditions propices aux feux de forêt, comme des températures très élevées, des risques de sècheresse et des vents forts, confirme le chercheur en écologie forestière chez Ressources naturelles Canada, Yan Boulanger.
Selon l’outil Climate Shift Index, les neuf jours de températures intenses enregistrés avant l’incendie avaient trois fois plus de chance de se produire sous l’influence des changements climatiques.
«L’énergie qui est libérée par le feu est encore plus intense, ce qui fait en sorte que ces feux-là sont encore plus difficiles à combattre», poursuit Yan Boulanger.
La présence de la dendroctone du pin en Alberta est une preuve du réchauffement de l’Ouest du Canada.
S’il est aussi difficile d’associer les ravages des dendroctones du pin à l’intensité des feux, Yan Boulanger note que la présence de l’insecte en Alberta reste une conséquence des changements climatiques.
«Normalement, le dendroctone est surtout inféodé à la côte ouest, à la Colombie-Britannique. Cet insecte-là est très sensible aux températures hivernales et pendant plusieurs années, ces températures-là ne sont pas survenues.»
Les températures plus élevées lui ont permis de traverser les Rocheuses et de s’installer dans les forêts du côté est de la chaine de montagnes.
Marie Turgeon, au lutrin, est présidente de l’ACFA de Jasper. Elle et la directrice de cette organisation porte-parole de la francophonie, Emilie Langlais, ont vécu de près les feux du parc national.
«On recevait des cendres qui tombaient du ciel. On voyait la boucane. C’était impressionnant. La respiration n’était pas agréable», décrit avec désolation la résidente de Jasper et directrice de l’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA) locale, Emilie Langlais.
Le lundi 22 juillet, elle et ses deux enfants, fuyant les flammes, se retrouvent coincés dans la voiture familiale. «Juste pour faire un kilomètre, ça nous a pris 4 heures. C’était tellement congestionné de voitures, il y avait une seule sortie pour toute la ville», raconte-t-elle.
Un peu plus tôt dans la journée, l’après-midi joviale à la rivière avait pris une tournure inattendue. «Nous étions au lac, comme chaque jour de forte chaleur. Dans l’après-midi, nous avions entendu qu’un feu avait pris dans l’est de la ville. On a d’abord attendu.»
En constatant le ballet incessant des hélicoptères dans le ciel, elle décide alors prudemment de rentrer chez elle avec ses enfants… dans l’est de la ville.
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Le Parc national Jasper a partagé sur sa page Facebook plusieurs photos relatant les incendies. Parmi elles, cet ours allongé au milieu de la cendre.
Évacuation compliquée
Vers 21 h 30, les autorités envoient une première alerte sur les téléphones des gens du secteur. Une heure plus tard, c’est l’ordre d’évacuation.
«À ce moment, nous étions prêts à partir», explique Emilie Langlais. Elle et ses enfants finissent la nuit dans la voiture, sur l’aire de stationnement de la Royal Canadian Legion, Branch 266, à Valemount, 100 km à l’ouest de Jasper.
Bonne nouvelle, la mère de famille apprendra le samedi suivant que sa maison, pourtant située dans un secteur détruit, a été épargnée des flammes.
Myriam Turgeon, elle, n’a pas attendu l’ordre d’évacuation pour quitter la ville. Elle constate la progression des feux allumés quelques jours plus tôt, dès le lundi matin, en escaladant les montagnes environnantes en tant que guide de montagne, auprès de quatre touristes.
Selon les responsables de Parcs Canada, les pompiers progressent dans la lutte contre les incendies dans le Parc national Jasper, en Alberta.
Ça commençait à être boucaneux, ils étaient inquiets», se rappelle-t-elle. Elle les rassure au maximum : «Les feux sont courants dans la région, […] ça va bien aller.
En terminant l’expédition, elle se souvient des paroles d’un résident lorsqu’elle avait déménagé à Jasper, il y a deux ans : «Un jour, Jasper va bruler. De toute façon, quand ça arrive, on n’est jamais prêt.»
Plus tard dans la journée, les trois feux en cours sont en phase d’être éteints. Mais l’espoir est de courte durée. En soirée, chez elle, elle entend un orage. Un éclair, puis le bruit sourd du tonnerre précèderont de quelques minutes le retentissement de nombreuses sirènes de secours.
Depuis son potager, elle voit que les fumées se rapprochent de l’aéroport. «Ça sent mauvais», se dit-elle. Elle reçoit la première alerte sur son téléphone : «C’était en anglais. Pour moi, “alert ou order”, c’est rendu la même affaire. Nous sommes partis», assène-t-elle, sans attendre l’ordre d’évacuation.
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Le 28 juillet, les soldats du feu se sont réunis au lac Pyramid pour faire le point sur la lutte contre les flammes.
358 structures totalement détruites
D’abord en famille à Kelowna, aujourd’hui auprès de son mari à Banff, Marie Turgeon n’a d’autre choix que d’attendre.
La ville est interdite d’accès depuis son évacuation. Le plus grand incendie du parc national de Jasper depuis une centaine d’années a détruit 36 000 hectares de forêt et endommagé environ 30 % de la ville touristique albertaine, soit 1 113 structures, dont 358 complètement détruites.
«Il pourrait falloir de 15 à 20 jours pour qu’il soit suffisamment sécuritaire pour les résidents de retourner sur les lieux», ont déclaré ce lundi les autorités fédérales en conférence de presse.
En attendant, les quelque 20 000 personnes évacuées du secteur doivent trouver des solutions d’hébergement, aussi provisoires soient-elles. Centres d’accueil, camping sauvage, hôtel ou séjour chez des proches… À chacun son plan. Dans cette situation, demain c’est loin. «On vit au jour le jour», partage Marie Turgeon.
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La solidarité plutôt que le fatalisme
«On traversera le pont rendu à la rivière… Pour l’instant, c’est plus le besoin de prendre soin de nous [qui prime]», affirme celle qui est aussi intervenante communautaire et linguistique à l’école francophone Desrochers.
«On rebondit sur des choses et on prend des opportunités. Il y a tellement de messages de soutien. Certains hôtels acceptent que l’on réserve pour deux semaines sans payer. Il y a tellement de solidarité autour qu’on souhaite seulement penser à nos besoins de base.»
On reçoit beaucoup de messages des gens qui ont vécu les feux à Fort McMurray, par exemple, ou dans d’autres lieux avec des situations semblables
Marie-Claude Faucher réside depuis 22 ans à Jasper.
Marie Turgeon l’assure : «Les Jasperiens sont tricotés serrés, ils ont une volonté de vouloir tout rebâtir. On pensait que tout Jasper était brulé. Finalement, ce n’est que 30 %. Les principales infrastructures sont là, on va pouvoir reconstruire», dit-elle, rassurante.
À côté de cet élan d’espoir, certaines images restent tout de même difficiles à encaisser. «Constater les dégâts, compter le nombre d’amis qui ont tout perdu, les entreprises qui ne pourront pas rouvrir… C’est comme une loterie bizarre, conclut Emilie Langlais. Même en cas de bonne nouvelle de notre côté, on se sent mal pour les autres.»
«L’année dernière, on était à 22 000 visites uniques sur notre page moniteuracadien.com. Une fois que le blocage a été fait, ça a été réduit à 2 500», raconte le directeur général du Moniteur Acadien, Jason Ouellette.
Le blocage de Meta est en réplique à la Loi sur les nouvelles en ligne, adoptée par le gouvernement fédéral en juin 2023. Le géant du numérique évite ainsi de compenser les médias canadiens pour l’utilisation de leurs contenus.
Mais l’impact de cette décision n’est pas nul pour ces médias. Non seulement ils ne seront pas compensés par Meta, mais ils perdent aussi en visibilité, en occasion de publicité et parfois même en revenus.
Pour protester contre la Loi, Meta a aussi mis fin à son entente de redevance avec la Coopérative nationale de l’information indépendante (CN2i).
Geneviève Rossier confirme que Le Droit a été affecté financièrement par l’annulation de l’entente de redevances qu’avaient les membres des Coops de l’information avec Meta avant le blocage.
La directrice générale de l’organisation, Geneviève Rossier, confirme que cet impact financier coule jusqu’au journal d’Ottawa/Gatineau, Le Droit, qui fait partie des Coops de l’information.
Entre 2017 et 2022, Meta a investi dans 120 médias canadiens. Jusqu’en 2022, ses investissements auprès du journalisme canadien représentaient environ 18 millions de dollars, sans compter les millions additionnels lors de la pandémie de COVID-19.
Meta a cessé ces activités de financement en plus du blocage.
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Le journal fransaskois L’Eau vive a observé une réduction de 10 % du trafic sur son site web depuis le blocage, rapporte son responsable du numérique, Jean-Pierre Picard.
«On devient un peu invisible», dit Jean-Pierre Picard sur le blocage des nouvelles canadiennes.
«Ça n’a pas eu un grand impact sur le journal, mais en ayant une présence sur Facebook, ça rappelait aux gens qu’on existe, dit-il. On se rend compte que les gens ont moins le réflexe de nous envoyer de l’information sur leurs activités.»
Les ponts entre le journal et la communauté qu’il reflète se trouvent alors quelque peu morcelés. Mais selon Jean-Pierre Picard, «c’est vraiment la communauté qui écope en ayant moins d’information, de sources fiables».
«Quand on publiait une nouvelle sur Facebook avec un lien vers le site, souvent, il y a avait des commentaires. Ça suscitait des échanges et des discussions», ajoute-t-il.
Cette perte d’échange avec le lectorat a poussé Le Droit à relancer la discussion sur ses propres plateformes. «On a réouvert toute la section de commentaires sur les nouvelles des Coops de l’information et du Droit, explique Geneviève Rossier. On a un très bon système de modération et très bientôt, ce sera aussi possible de le faire à partir des applications mobiles.»
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Jean-Philippe Giroux espère que les redevances de Google pourront apaiser les choses. Au Courrier de la Nouvelle-Écosse, cet argent servirait à financer des salaires.
«Ça a été tellement difficile avec Meta, parce qu’on ne s’attendait pas à un silence radio», confie le rédacteur en chef du Courrier de la Nouvelle-Écosse, Jean-Philippe Giroux. «On avait mis beaucoup d’efforts, de temps et de travail dans la création de contenus pour les plateformes Instagram et Facebook.»
Avant le blocage, le Courrier recevait des commentaires d’encouragement de la communauté pour son travail sur les réseaux sociaux : «Il y avait un momentum.»
Résiliente, l’équipe du journal a redirigé ses efforts vers le site web et son infolettre. Le rédacteur en chef affirme que le trafic sur le site a augmenté, mais que sans les réseaux sociaux, «c’est un peu plus difficile de savoir l’impact qu’on a dans la communauté».
À L’Eau vive, les efforts sont doublés sur LinkedIn et un bulletin envoyé par courriel compte presque le même nombre d’abonnés que sur Facebook. «Toutes les semaines, les gens reçoivent une infolettre avec les nouveaux articles, souligne Jean-Pierre Picard. Je dirais qu’il y a plus de clics sur les liens du [bulletin] depuis le blocage de Meta.»
Francis Sonier assure que l’Acadie Nouvelle revient aux nombres de visites d’il y a un an.
«On a rétabli le contact avec les lecteurs autrement, avec une application mobile, davantage d’infolettres et des abonnements», raconte de son côté l’éditeur-directeur général de l’Acadie Nouvelle, Francis Sonier.
Ce quotidien du Nouveau-Brunswick, ne pouvant plus pêcher les clics sur Meta, a vu une réduction du trafic sur son site web. «Ça a duré environ huit mois. Là, on est dans les mêmes chiffres de visites qu’on avait il y a un an à peu près», observe-t-il.
Et au Droit, le trafic sur le site se redresse «assez bien», assure Geneviève Rossier. «Les gens qu’on a perdus, ce sont des gens qui étaient moins loyaux et moins engagés envers le média. Ce sont des gens qui venaient une fois par mois parce qu’un ami avait partagé un contenu sur Facebook.»
Le Moniteur Acadien, de son côté, a récupéré des lecteurs avec des infolettres, des concours et en faisant la promotion du site sur les ondes de la radio CJSE, qui compte 80 000 auditeurs, assure Jason Ouellette.
Grâce à ces nouvelles stratégies, le site web du Moniteur Acadien est passé de 2 500 visites à 8 000, ce qui demeure loin des 22 000 du départ. «Et ce n’est pas suffisant pour convaincre d’acheter de la publicité chez nous», fait remarquer le directeur général. Entre le site à 8 000 et la radio à 80 000 auditeurs, le choix est vite fait.
Le Moniteur Acadien tentait d’ailleurs de générer de la publicité à travers les réseaux sociaux, idée qui est tombée à l’eau.
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En juillet 2023, le gouvernement fédéral a annoncé le retrait de ses publicités des plateformes de Meta, un boycottage qui ne s’est pas étendu jusqu’à l’utilisation des plateformes par les élus.
«Ce qui me dérange le plus, [j’en suis] très émotionnel, c’est de voir mes élus […] continuer d’utiliser les plateformes comme Meta pour communiquer avec les gens quand clairement, ils négocient de mauvaise foi», déplore Jason Ouellette.
Selon Jason Ouellette, il y a un manque d’éducation chez les élus qui demeurent actifs sur Facebook et Instagram.
«Mes conseillers, mes députés provinciaux et mes députés fédéraux dorment», ajoute-t-il. Je ne comprends pas comment un député qui a porté serment ou allégeance au Roi pour assurer la démocratie canadienne peut continuer d’appuyer des plateformes comme celles-là.»
Geneviève Rossier, quant à elle, s’inquiète pour le secteur «très volatile» des médias. Celui-ci ne fait pas seulement face au boudage de Meta, rappelle-t-elle. «Il y a beaucoup d’incertitudes entourant l’exécution de l’entente avec Google. […] Je ne sais toujours pas combien d’argent je vais recevoir, ni quand.»
Elle ajoute qu’il existe aussi de l’incertitude face aux impacts de l’intelligence artificielle et face à l’avenir de la politique fédérale : «Pas tous les partis aspirant au pouvoir sont enthousiastes à poursuivre les programmes de soutien aux médias.»
«Depuis les trois dernières années, on a reçu 585 résidents permanents francophones», se réjouit la coordonnatrice de la CFA de Hamilton, en Ontario, Nabila Sissaoui.
Pour Nabila Sissaoui, le bilan de la communauté francophone accueillante de Hamilton est très positif.
Selon elle, 90 % des besoins de la communauté ont été comblés, notamment sur le plan économique. «On avait besoin d’encourager l’entrepreneuriat de la région et faire de la communauté de Hamilton un moteur économique.»
Grâce à la CFA, Hamilton a réussi à mettre sur pied le premier incubateur francophone en Ontario et à accompagner 34 responsables de projet.
La communauté avait aussi comme priorité d’améliorer l’offre de services en français. Elle a ainsi pu installer des présentoirs interactifs dans plusieurs endroits publics. Elle a aussi mis une trousse à la disposition des nouveaux arrivants.
«On a développé un parcours d’intégration, un visuel, une page, qui explique l’ensemble des services qui sont disponibles et quel est le chemin idéal pour un nouvel arrivant», détaille Nabila Sissaoui.
La stratégie semble faire ses preuves. «On reçoit de plus en plus de demandes des gens de l’extérieur qui souhaitent venir s’établir à Hamilton», assure la coordinatrice.
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Les communautés francophones accueillantes (CFA) font partie d’un projet pilote lancé en 2020 par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) qui regroupe 14 communautés d’un bout à l’autre du pays.
L’initiative a été renouvelée et le gouvernement fédéral devrait sélectionner jusqu’à 10 communautés additionnelles.
IRCC évalue actuellement la liste des communautés recommandées par les Réseaux en immigration francophone et l’Association francophone des municipalités du Nouveau-Brunswick, a précisé le ministère dans un courriel envoyé à Francopresse.
En Colombie-Britannique, la CFA de Prince George accompagne aussi les personnes immigrantes dès leur arrivée : installation, recherche d’emploi, vie sociale.
«On crée des activités hebdomadaires, des cours de cuisine, de peinture, de yoga. On invite tous les membres de la communauté pour que nos bénéficiaires puissent faire connaissance et ainsi se créer des liens», indique la responsable des communications pour la CFA, Diamondra Rakotoarijaona.
La CFA de Prince George, en Colombie-Britannique, organise différentes activités pour ses bénéficiaires. Photo : Courtoisie
Pour elle, ces initiatives humanisent le processus d’immigration, qui peut s’avérer difficile.
La communauté propose en outre des circuits de conversation en anglais, pour faciliter l’intégration sur le marché de l’emploi. Car la possibilité de travailler dans la langue de Molière à Prince George reste ténue.
«Ce qu’on aimerait vraiment faire, c’est sensibiliser au plus les employeurs sur la richesse qu’apporterait la main-d’œuvre francophone», ajoute Diamondra Rakotoarijaona.
«On travaille énormément avec nos partenaires anglophones locaux. Le référencement se passe vraiment très bien, que ce soit eux envers nous ou nous envers eux, parce qu’on n’a pas toutes les ressources non plus.»
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À l’autre bout du pays, à Terre-Neuve-et-Labrador, l’initiative des CFA n’a pas encore officiellement été renouvelée.
À Terre-Neuve-et-Labrador, David Lapierre souhaiterait que l’initiative soit davantage régionalisée, pour rejoindre les communautés les plus éloignées.
«On est dans le processus de l’avoir pour l’année prochaine, pour un an seulement», rapporte le coordonnateur du Réseau immigration francophone (RIF) pour la province, David Lapierre,. «Ça ne veut pas dire que ça va se terminer dans un an, mais ça peut être redistribué sur une autre année ou sur 3 ou 5 ans.»
«On n’avait pas nécessairement les chiffres de résidents permanents pour prouver la nécessité de garder ce projet au Labrador», poursuit-il.
«Si les résultats ne sont pas atteints au niveau des chiffres, il faut se demander pourquoi. On est passés par tout le processus; est-ce qu’on la régionalise [la CFA de Labrador City–Wabush], est-ce qu’on la déplace, est-ce qu’on n’en fait juste plus de CFA?»
Même si les chiffres ne sont pas forcément au rendez-vous, la CFA a tout de même permis de «mettre un petit peu plus cette région-là sur la map», nuance-t-il, notamment lors de salons de recrutement à l’étranger.
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David Lapierre reconnait que l’initiative des CFA permet une certaine flexibilité, pour s’adapter aux besoins de chaque communauté.
«L’affaire que j’ai entendue souvent dans mes rencontres au niveau national, c’est que même IRCC a un peu de la misère à faire la gestion des projets CFA parce que c’est tellement nouveau et c’est tellement pas selon les autres ententes à cause de cette flexibilité-là et de cette créativité-là», observe-t-il.
Actuellement, la CFA est installée à Labrador City–Wabush, à l’ouest de la province. Régionaliser le projet pour inclure des villes plus éloignées, comme Happy Valley-Goose Bay, serait d’après lui une bonne option.
À Hamilton, la CFA organise aussi des tournois sportifs.
«Si tu veux prendre une auto pour sortir d’ici, ça prend huit heures de sortir d’un côté, puis six heures de l’autre», illustre Julie Cayouette, directrice générale de l’Association francophone du Labrador (AFL) et résidente de Labrador City.
«C’est géré à Saint-Jean tout ce qui se passe à Terre-et-Neuve-et-Labrador […] Puis nous, si on doit y aller ou si la chambre de commerce organise un évènement […] tout est dans le billet d’avion, dans les hôtels. Pourquoi pas régionaliser pour au moins permettre que ça favorise deux communautés plutôt qu’une seulement», suggère David Lapierre, lui-même basé à Saint-Jean.
Mais selon lui, IRCC a déjà «de la misère à accepter ça parce qu[e le ministère dit] non» à d’autres projets de régionalisation.
«Comment on garde la même structure au national, mais avec des réalités différentes?», s’interroge encore le coordonnateur, qui aimerait que le programme des CFA soit «un petit peu plus modelé selon l’expérience et selon la région».
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À Hamilton, Nabila Sissaoui souhaite poursuivre les efforts engagés. «On va mettre beaucoup plus d’accent sur le développement du leadeurship communautaire, surtout pour les jeunes.»
Néanmoins, les besoins définis il y a quatre ans ne sont pas forcément les mêmes aujourd’hui. «Le plan n’est pas figé, précise-t-elle. Chaque année on fait une évaluation, puis on dit qu’est-ce qu’on a réalisé, est-ce qu’on doit continuer dans ce sens ou non.»
La CFA de Hamilton, en Ontario, met à la disposition des nouveaux arrivants une trousse pour faciliter leur parcours d’intégration.
«Des fois on se demande ce qu’on fait, et des fois on est fiers de ce qu’on fait, mais je pense qu’en tout et partout, ça a beaucoup plus de positif qu’on pense», partage de son côté David Lapierre.
Même s’il avoue que le RIF s’est posé de nombreuses questions quant à l’avenir de l’initiative, «il y a un momentum à garder». Pour lui, un bilan ne se résume pas qu’à des chiffres.
Julie Cayouette abonde dans le même sens. «Ce qu’on a, c’est des choses qualifiables, mais pas quantifiables. […] [C’est] le simple fait qu’un nouvel arrivant qui vient juste ce soir prendre un café se sente chez lui.»
Après l’étape pilote, le temps est à la concrétisation, pense-t-elle. «La première version de la CFA, ça a été un petit peu “Ok, on va le mettre là, là, là, là, là, voici les fonds, voici ce que vous allez faire”. Tandis que là, c’est comme “Ok, on l’a fait, maintenant, ce qu’on voudrait faire, c’est ça”.»
Élu depuis 2015 dans la circonscription de Glengarry–Prescott–Russell et faisant partie de la jeune génération des députés libéraux qui ont accédé au pouvoir lors de l’élection de Justin Trudeau, Francis Drouin a confirmé qu’il ne sera pas candidat aux prochaines élections fédérales.
Il a confirmé à Radio-Canada qu’il voulait passer plus de temps avec sa famille, mais aussi croire que son parti aura «de la misère aux prochaines élections». Il a remarqué qu’il perdait sa passion et sa patience pour la politique ainsi que l’impopularité du premier ministre auprès des électeurs, sans pour autant plaider pour un nouveau chef du Parti libéral.
Toujours selon Radio-Canada, le député aurait annoncé ses intentions à Justin Trudeau à la fin mars.
Francis Drouin avait récemment fait l’objet d’un tollé, après avoir traité des témoins en comité de «plein de marde».
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Le Programme d’appui à la francophonie ontarienne (PAFO) pourra financer jusqu’à 74 projets communautaires et culturels francophones, à hauteur de 3 millions de dollars, pour l’année 2024-2025. C’est un million de plus que l’an dernier, fourni par le gouvernement fédéral et qui s’ajoute aux 2 millions que le gouvernement provincial investit depuis 2021.
Ces fonds fédéraux serviront aux organismes et entreprises francophones de la province à «contribuer à la prospérité culturelle et économique de l’Ontario et à améliorer la vie quotidienne des francophones et des francophiles de la province», a assuré la ministre des Affaires francophone de l’Ontario, Caroline Mulroney.
La Banque du Canada a abaissé mercredi son taux directeur de 0,25 point, pour l’établir à 4,50 %. C’est la deuxième relâche depuis juin.
Avec ces nouvelles prévisions, la Banque centrale du Canada démontre ainsi que l’inflation se rapproche de la cible de 2 % qu’elle s’était fixée pour l’année prochaine.
«Bien que l’inflation soit encore au-dessus des cibles des banques centrales dans la plupart des économies avancées, elle devrait baisser graduellement», assure la Banque dans un communiqué.
Toutefois, elle précise que «la hausse des frais de logement demeure forte, tirée vers le haut par les prix des loyers et le cout de l’intérêt hypothécaire, et est encore le facteur qui contribue le plus à l’inflation globale».
Comme l’explique l’institution, le taux directeur a une influence sur les autres taux d’intérêt au pays, comme ceux des banques ou ceux de plusieurs produits d’épargne.
L’Assemblée des chefs du Manitoba demande à Ottawa de revenir à un «financement adéquat» après une réduction drastique des fonds dans la recherche sur les pensionnats autochtones.
L’Assemblée des chefs du Manitoba (AMC) a déploré dans un communiqué publié lundi le fait qu’Ottawa ait réduit les fonds pour la recherche sur les terrains des anciens pensionnats autochtones.
Le financement par communauté a été plafonné à 500 000 dollars, alors qu’il pouvait aller jusqu’à 3 millions, via le Fonds de soutien communautaire pour les enfants disparus des pensionnats.
«La décision du gouvernement de réduire le financement sans aucune discussion avec les dirigeants des Premières Nations est une occasion manquée pour le Canada de renforcer ses relations avec les gouvernements des Premières Nations. Nous demandons le rétablissement du financement et une véritable consultation et coopération avec les dirigeants des Premières Nations», affirme la grande cheffe adjointe de l’AMC, Betsy Kennedy, dans le communiqué.
Une lettre a également été envoyée au ministre des Relations Couronne-Autochtones, Gary Anandasangaree, pour restaurer le «financement adéquat», précise l’AMC.
Le ministre de l’Immigration en exercice au moment des faits, Sean Fraser, aurait été informé par des hauts fonctionnaires que le visa d’urgence accordé aux Ukrainiens fuyant la guerre créerait un «précédent» dans le système d’immigration temporaire.
De hauts fonctionnaires ont adressé une note à l’ancien ministre de l’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté du Canada , Sean Fraser, pour lui signaler que le programme de visa d’urgence pour les Ukrainiens – l’Autorisation de voyage d’urgence Canada-Ukraine – mis en place au début de la guerre initiée par la Russie en 2022, risquait de porter atteinte au système d’immigration temporaire.
En effet, les visas délivrés aux Ukrainiens pour leur offrir un pays dans lequel se réfugier en attendant la fin de la guerre n’avaient pas de date limite de séjour.
Par ailleurs, ce visa ne demande pas aux Ukrainiens de promettre de partir à la fin de leur visa, une obligation qui doit pourtant être respectée par tous les autres détenteurs de visas temporaires.
Trois Canadiens d’origine afghane ont l’intention de poursuivre le gouvernement fédéral pour discrimination. Selon Radio-Canada, ces trois personnes expliquent qu’elles ont été traitées différemment des Ukrainiens, alors qu’eux aussi fuyaient la guerre. Des membres de leur famille ont ainsi dû rester en Afghanistan.
La présidente du conseil d’administration de l’entreprise Technologies du développement durable Canada (TDDC) a été épinglée pour conflit d’éthique par le commissaire aux conflits d’intérêts et à l’éthique, Konrad von Finckenstein.
Le commissaire aux conflits d’intérêts et à l’éthique, Konrad von Finckenstein, considère que la présidente du conseil d’administration de Technologies du développement durable Canada (TDDC), Annette Verschuren, a enfreint la Loi sur les conflits d’intérêts.
Dans un rapport publié mercredi, le commissaire précise que la présidente aurait dû quitter physiquement la pièce ou la réunion lorsqu’un vote devait avoir lieu concernant des entreprises avec lesquelles elle a des liens. Elle s’est parfois abstenue de voter, mais «s’abstenir de voter au lieu de se récuser ne répond pas aux exigences de la Loi».
Par ailleurs, le commissaire pointe des problèmes avec d’autres décisions de Mme Verschuren au sein de TDDC, comme approuver le financement d’une entreprise dont elle était la fondatrice et actionnaire majoritaire, pour bénéficier de paiements d’urgence pendant la pandémie de COVID-19. Cela relève selon lui d’une infraction à la Loi. Il précise cependant que «Mme Verschuren a pris ce qu’elle croyait être les bonnes mesures pour gérer ses conflits d’intérêts».
Les données de Statistique Canada montrent que le taux de chômage chez les jeunes au pays a atteint 13,5 % en juin. Si l’on exclut la période de pandémie de COVID-19, c’est le taux le plus élevé depuis les 14 % de septembre 2014.
Entre 2014 et 2020, le taux de chômage des jeunes est toujours resté plus élevé que celui de la population générale – autour de 11 et 12 %.
La reprise de l’activité économique de 2022 a permis de faire descendre ce taux entre 9 et 11 %. Il est maintenant de retour à un niveau comparable à 2016.
À titre de comparaison, le taux de chômage dans la population générale s’établit à 6,4 % pour juin. Il était de 6,8 % en septembre 2014.
Certains économistes, analystes et chroniqueurs voient dans ces données un lien entre le taux de chômage des jeunes et l’augmentation de la population attribuable à l’immigration.
Par exemple, l’ancienne chroniqueuse du National Post, Sabrina Maddeaux, a clamé sur X que «les politiques migratoires imprudentes de Trudeau» réduisent les occasions d’emploi des jeunes.
Pour Harrison Faulkner, producteur de la plateforme numérique True North, si les jeunes ont maintenant de la difficulté à se trouver un emploi d’été, c’est «peut-être parce que le nombre d’étrangers temporaires embauchés dans la restauration rapide a augmenté de 4802 % depuis 2018».
Mais en considérant les données des dix dernières années, est-ce que l’afflux d’immigrants a vraiment un effet sur l’accès à l’emploi pour les jeunes au Canada?
Selon Brendon Bernard, l’offre d’emplois n’a pas suivi l’augmentation de la population de jeunes.
Selon l’économiste Brendon Bernard du site de recherche d’emploi Indeed Canada, deux tendances simultanées nous ont «très rapidement» et «soudainement» menés à l’augmentation du taux de chômage des jeunes.
La première est un ralentissement de l’embauche.
«Au sein des jeunes, le taux de chômage est plus haut que ce à quoi on pourrait s’attendre face au refroidissement de la demande des employeurs. Donc, il y a autre chose qui se trame avec l’emploi des jeunes», avance-t-il.
Cette «autre chose», selon lui, est probablement l’augmentation importante du nombre de jeunes au Canada. C’est la deuxième tendance observée.
La tranche de la population âgée de 15 à 24 ans a augmenté d’environ 335 700 personnes depuis juin 2023. En comparaison, juste avant la pandémie, de juin 2018 à juin 2019, cette augmentation était de 49 300.
À la sortie de la pandémie, les employeurs cherchaient à pourvoir des emplois, mais ce cycle d’embauche n’a pas duré. Brendon Bernard confirme qu’aujourd’hui le marché est serré.
On a donc une grande augmentation de demandeurs d’emploi, dirigée notamment par l’immigration, combinée au fait que les employeurs embauchent moins.
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L’augmentation de la population a donc effectivement pour effet de resserrer davantage l’accès à l’emploi, mais pas seulement pour les jeunes.
Le taux de chômage chez les immigrants arrivés au pays il y a moins de 5 ans se situait à 12,6 % en juin, tous âges confondus, selon les données de Statistique Canada.
«C’est un mauvais timing lors duquel les employeurs ne recrutent pas autant et les demandeurs d’emploi sont plus nombreux», concède l’économiste.
Pendant la pandémie et un peu après, le besoin de travailleurs étrangers temporaires (TET) pour occuper des emplois peu qualifiés était important, notamment parce que les jeunes Canadiens – qui occupaient traditionnellement les emplois peu spécialisés – se déplaçaient vers des emplois à plus haute qualification ou alors obtenaient de l’aide gouvernementale comme la Prestation canadienne d’urgence pour les étudiants (PCU).
Dans un contexte où il y a beaucoup trop de demandes par rapport à l’offre, les entreprises s’arrachaient les travailleurs. Dans ce contexte-là, on retrouve des pénuries de main-d’œuvre dans des secteurs à plus bas salaires, car les secteurs à hauts salaires sont en mesure d’attirer les travailleurs.
Un rapport de Statistique Canada sur la répartition professionnelle des immigrants de 2001 à 2021, paru en mars dernier, confirme que cette transition de catégorie d’emploi chez les jeunes a fait plus de place pour les travailleurs immigrants. «À mesure que les travailleurs nés au Canada quittaient [les professions peu spécialisées] en grand nombre, les travailleurs immigrants et les TET occupaient de plus en plus de ces emplois peu spécialisés», peut-on lire.
«Au cours de la période de 20 ans, les travailleurs nés au Canada ont quitté des emplois peu qualifiés de façon importante, tandis que la dépendance des travailleurs immigrants à l’égard d’emplois peu spécialisés a diminué dans une bien moindre mesure», précise la conclusion du rapport.
Selon Matthieu Arseneau, l’immigration temporaire devrait être concentrée dans les secteurs d’emploi qui en ont vraiment besoin.
Le marché de l’emploi a donc changé. Le taux de chômage élevé chez les jeunes et chez les nouveaux arrivants suggère que les employeurs ont désormais plus de facilité à combler les emplois peu spécialisés, indique Matthieu Arseneau.
De plus, le taux de chômage actuel chez les jeunes est comparable à celui d’avant la pandémie, avant l’arrivée plus importante de travailleurs immigrants temporaires, indiquant davantage un changement dans le marché de l’emploi que dans la population active.
Considérant cette transformation, l’accent devrait être remis sur les immigrants qui peuvent occuper des emplois à haute qualification, selon Matthieu Arseneau, et l’immigration temporaire devrait servir à contrer des besoins de main-d’œuvre «très ciblés». Et il n’est pas le seul économiste à le dire.
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Le gouvernement ralentit maintenant le flux d’immigrants temporaires, puisque le marché de l’emploi n’a plus autant besoin de ces travailleurs.
Dans une réponse par courriel, Emploi et Développement social Canada explique que de récents changements «visent à réduire davantage la dépendance aux travailleurs étrangers temporaires, surtout pour les emplois nécessitant des compétences de niveau débutant et offrant une formation sur le tas».
«Le système d’immigration économique du Canada devrait revenir à ses racines en accordant la priorité aux nouveaux arrivants hautement qualifiés sur la base des niveaux de revenus escomptés», prônent des économistes dans un commentaire rédigé pour l’Institut C.D. Howe paru le 11 juillet.
«L’objectif devrait être de maximiser le PIB par habitant pour l’ensemble de la population, y compris les nouveaux arrivants», écrivent-ils. En faisant venir des immigrants pour occuper principalement des emplois peu qualifiés, le Canada baisse le revenu moyen et le PIB par habitant, ajoutent-ils.
Selon Anaïs Rezaigue, il est important que les jeunes francophones s’investissent pour défendre et mettre en lumière des enjeux concernant la francophonie.
Pour Anaïs Rezaigue, coordinatrice de la Maison internationale, un service du Syndicat étudiant de l’Université d’Ottawa, «c’est très important pour des jeunes comme moi d’aller s’engager dans des milieux francophones, dans des milieux politiques francophones», déclare celle qui est aussi assistante législative au Sénat.
Pour ces jeunes, s’investir dans des organismes ou participer à des expériences comme les Jeux de la Francophonie ou des simulations parlementaires permet de connaitre les diverses réalités des francophones dans l’ensemble du territoire et de «travailler ensemble pour trouver des solutions», interpelle le président de la Francophonie jeunesse de l’Alberta (FJA), Mathieu Lebon-Volia.
De son côté, le Franco-Prince-Édouardien Jérémie Buote perçoit son engagement dans la collectivité comme une chance de bâtir une relation avec la communauté francophone et de donner le bon exemple à la prochaine génération. Il milite pour la défense de la langue française depuis 2017.
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Le voyage d’Alec Boudreau en Louisiane à 16 ans a renforcé son identité linguistique et son engagement pour la francophonie.
Affirmer son identité francophone
Étudier en français ou grandir dans un milieu francophone n’est pas toujours suffisant pour bien développer son identité francophone. Celle-ci peut être renforcée par des rencontres.
L’ancien président de la Fédération des jeunes francophones du Nouveau-Brunswick et de la Fédération de la jeunesse canadienne-française (FJCF), Alec Boudreau, et l’actuelle membre du conseil de direction de la FJCF, Blanche Monabeka, en témoignent.
Pour la Franco-Britanno-Colombienne, c’est la découverte du Conseil jeunesse francophone de la province qui lui a permis d’affirmer son identité de francophone.
Pour Alec Boudreau, c’est son voyage en Louisiane à l’âge de 16 ans, à l’occasion de l’évènement le Grand réveil acadien, qui a été le déclic.
Durant son séjour de deux semaines, il a rencontré un cajun à peine un an plus âgé qui racontait avoir décidé de vivre sa vie en français en Louisiane en allant vivre chez ses grands-parents qui parlaient en français.
Son sacrifice «m’a vraiment frappé, sa passion et son désir de vivre dans sa langue […] il a fait tout ce qu’il pouvait» pour vivre sa francophonie dans un contexte où elle est très minoritaire, raconte Alec Boudreau.
Leçons à tirer de la Louisiane pour la francophonie (Éditorial)
L’influence des proches
La communauté et la famille peuvent aussi avoir un impact sur le parcours des jeunes et sur leurs engagements.
Jérémie Buote raconte que son investissement dans la collectivité et sa fierté de vivre en français lui viennent des modèles de vie qu’il a connus.
C’est vraiment la famille qui m’a poussé au début, puis [après] c’était vraiment les amitiés et les relations que j’avais faites à travers cette communauté qui m’ont poussé à continuer là-dedans.
Pour Jérémie Buote s’engager dans sa communauté francophone permet de montrer le bon exemple aux prochaines générations.
Très jeune, il observait des membres engagés de sa famille, comme ses frères, son père qui portait «le barbecue au centre communautaire lorsqu’il y avait des barbecues» et son oncle qui était enseignant de français.
Jérémie Buote considère que ses parents ont fait un cadeau à leurs enfants en les inscrivant dans des écoles francophones de l’Île-du-Prince-Édouard.
Si des modèles ont permis au Franco-Prince-Édouardien d’ouvrir les yeux, Blanche Monabeka souhaite être un jour une inspiration pour les jeunes, les motiver et les influencer à s’investir dans la communauté.
Pour encourager les jeunes à s’engager, Jérémie Buote leur conseille d’avoir confiance en eux, de se dépasser et de profiter des opportunités qui se présentent.
Le jeune Franco-Prince-Édouardien reste optimiste quant à l’avenir de l’engagement de la jeunesse dans les communautés. Selon lui, les adolescents et les jeunes adultes ne cherchent que ça.
Apporter du changement
La francophonie n’a pas besoin d’être leur seul cheval de bataille non plus. Les jeunes qui s’engagent le font parfois pour plus d’une cause, comme en témoignent les parcours d’Anaïs Rezaigue et de Blanche Monabeka.
Cette dernière raconte que dès l’école élémentaire, elle s’indignait devant les injustices. Encore enfant, la Franco-Britanno-Colombienne a été la première à commencer une pétition face à certains problèmes à l’école, raconte-t-elle.
En grandissant, elle voit d’autres enjeux – comme les microagressions, les stéréotypes et bien d’autres problèmes – qui intensifient son besoin de s’engager.
J’ai toujours grandi dans des milieux où j’étais soit la seule personne noire ou une des seules personnes noires, ou une des seules personnes racisées.
Blanche Monabeka est engagée auprès d’organismes qui défendent la francophonie, le droit à l’éducation, les droits des femmes et la lutte contre le racisme.
Aujourd’hui, Blanche Monabeka s’intéresse particulièrement au droit à l’éducation, aux droits des femmes et à la lutte contre le racisme. Elle occupe diverses positions au sein des organismes qui défendent ces causes.
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Reconnaissance des diplômes étrangers
De son côté, Anaïs Rezaigue est interpelée par la représentativité, qu’elle considère aujourd’hui importante, puisque la société «devient de plus en plus multiculturelle».
Dès son arrivée au Nouveau-Brunswick à l’âge de 13 ans avec sa mère et sa sœur, la jeune nord-africaine s’est engagée dans les clubs de son école et dans des organismes de la communauté.
Avec le temps, elle a aussi constaté quelques problèmes, comme le manque de reconnaissance des diplômes des étrangers. Elle a d’ailleurs été témoin des difficultés de sa mère, vétérinaire en Algérie et qui a dû tout reprendre à zéro à son arrivée.
L’étudiante en troisième année en développement international à l’Université d’Ottawa souhaite un jour voir des immigrants bien scolarisés, comme des médecins, pouvoir pratiquer sans trop d’embuches dans leur terre d’accueil. «Au Canada, on le sait tous, on a vraiment besoin de médecin francophone», ajoute-t-elle.
De nouveaux messages textes ont fait surface mercredi au Comité permanent de l’accès à l’information, de la protection des renseignements personnels et de l’éthique concernant la possible poursuite d’activités commerciales du ministre Randy Boissonnault, alors qu’il était déjà élu et nommé au Cabinet de Justin Trudeau.
La loi interdit aux ministres de s’engager dans la gestion ou l’exploitation d’une entreprise.
L’ancien partenaire d’affaires du ministre, Stephen Anderson, a tenté d’expliquer au Comité que si neuf références à un certain «Randy» se retrouvaient dans les messages en question, c’était dû à l’autocorrecteur. Il parlait plutôt d’une employée de l’entreprise, mais n’a pas voulu dévoiler son nom.
Il a en outre admis avoir menti à Global News il y a quelques semaines en assurant qu’il y avait un autre «Randy» au sein de l’entreprise pour expliquer le nom dans les messages, disant avoir «paniqué».
Par contre, l’un des messages de 2022 qui contiennent le prénom du ministre indique qu’il est à Vancouver. Au même moment, le Cabinet de l’époque s’y trouvait.
Le Parti conservateur du Canada a vivement critiqué le ministre par voie de communiqué : «Les conservateurs ont adopté une motion ordonnant à Boissonnault de témoigner à nouveau devant le Comité. S’il n’y a rien à cacher, les libéraux mettront fin à la dissimulation dès maintenant.»
La porte-parole de l’Association internationale des interprètes de conférences (AIIC) pour la région du Canada, Nicole Gagnon, assure que «face à pareille façon de faire, tout fournisseur en moyens intenterait des poursuites judiciaires à l’endroit du gouvernement».
Une modification de l’entente entre les interprètes indépendants accrédités au Parlement et le Bureau de la traduction changerait la façon de comptabiliser les heures de travail des interprètes : les suspensions de traduction lors des délibérations ou leurs pauses ne seraient pas payées.
«Le chronométrage du temps d’interprétation va à l’encontre des conditions d’exercice de la profession, c’est du jamais vu!», assure la porte-parole de l’Association internationale des interprètes de conférence (AIIC) pour la région du Canada, Nicole Gagnon, par communiqué de presse.
Pour l’instant, les interprètes refusent de signer la prolongation de l’entente de service signée il y a un an en raison de l’ajout de cette nouvelle disposition.
Par ailleurs, selon l’AIIC-Canada, cette nouvelle version de l’entente appauvrira l’offre de services, puisque le Bureau de la traduction propose de «recourir à une nouvelle catégorie d’interprètes indépendants, soit ceux qui échouent à son examen d’accréditation».
Le ministre des Relations Couronne-Autochtone s’est excusé au nom du gouvernement fédéral, qui a qualifié pendant des décennies les communautés des peuples Dakota et Lakota de «réfugiés».
Le ministre des Relations Couronne-Autochtones du Canada, Gary Anandasangaree, a présenté des excuses lundi au nom du gouvernement fédéral lors de son passage en Saskatchewan au sein de la Nation Whitecap Dakota.
Depuis des années, le gouvernement qualifiait les peuples Lakota et Dakota de «réfugiés», ce qui les empêchait d’avoir les mêmes droits que les Premières Nations reconnues.
Il a certifié leur statut de «peuples autochtones du Canada», comme l’indique l’article 35 de la Constitution.
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Le premier ministre de la Colombie-Britannique, David Eby, a rejoint son homologue de Terre-Neuve-et-Labrador, Andrew Furey, pour contester le système de péréquation devant les tribunaux. Il a confirmé la décision lors du Conseil de la fédération, qui a regroupé les premiers ministres des provinces et territoires à Halifax cette semaine.
Les deux provinces veulent s’attaquer à l’injustice qu’elles perçoivent dans le programme fédéral, dont le but est de redistribuer l’argent récolté par le gouvernement fédéral aux provinces qui ont des revenus plus faibles afin que l’accès aux services publics, tels que les écoles ou les hôpitaux, soit sensiblement similaire partout au pays.
Les premiers ministres Eby et Furey estiment que leurs provinces sont désavantagées, puisque les contribuables envoient de l’argent à des provinces qui n’en ont pas besoin, selon eux.
Ottawa souhaite plutôt prolonger le calcul actuel jusqu’à 2029.
Sans la baisse des prix du carburant, l’inflation aurait plutôt atteint 2,8 % en juin.
Mardi, Statistique Canada a annoncé un ralentissement de l’inflation à 2,7 % en juin, surtout attribué d’une baisse des prix du carburant.
Il s’agit d’une baisse de deux-centièmes de points de pourcentage par rapport à mai. Selon Statistique Canada, depuis l’an dernier, la baisse des prix des biens durables, qui se chiffre à -1,8 %, a contribué au ralentissement de la croissance de l’indice des prix à la consommation en juin.
Le ministre Seamus O’Regan quitte ses fonctions officiellement ce vendredi, pour des raisons familiales.
Jeudi, le bureau du premier ministre a annoncé que le ministre du Travail et des Ainés, Seamus O’Regan Jr., quittait ses fonctions pour des raisons familiales. Il restera député de la circonscription terre-neuvienne de Saint-John’s-Sud–Mount Pearl jusqu’aux prochaines élections.
Le député de Gatineau, Steven MacKinnon, a été assermenté comme nouveau ministre du Travail et des Ainés vendredi matin.
Seamus O’Regan Jr. assure dans un communiqué sur la plateforme X que : «[s]a famille passe avant tout. Je dois être un meilleur mari, un meilleur fils, un meilleur oncle, et un meilleur ami, et ce travail exige et mérite que j’y consacre beaucoup de temps pour bien le faire».
Ma déclaration : pic.twitter.com/LGfJaJSCsL
— Seamus O'Regan Jr (@SeamusORegan) July 18, 2024
Seamus O’Regan Jr. a été élu pour la première fois en 2015 dans St. John’s South–Mount Pearl. Il reste en poste comme député. M. O’Regan a été auparavant ministre des Anciens combattants, ministre des Ressources naturelles et ministre du Travail.