Une affirmation que le chef Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, a répétée ad nauseam lors de son point de presse de la première semaine de septembre.
Sa décision aura pour conséquence immédiate d’ouvrir la voie à la multiplication des motions de censure contre le gouvernement dès la rentrée parlementaire, le 16 septembre. Des motions dont l’issue du vote n’est plus facilement prévisible : le gouvernement tombera-t-il ou pourra-t-il se maintenir au pouvoir?
Cette incertitude s’explique par le fait que chacun des partis aux Communes se demandera, lors de chaque vote, s’il a plus à gagner ou à perdre en provoquant des élections.
Précisons que les trois partis d’opposition – le Parti conservateur, le Bloc québécois et le Nouveau Parti démocratique – doivent tous voter contre le gouvernement minoritaire actuel pour le renverser.
Tous les partis politiques vont donc agir comme si la campagne électorale était déjà officiellement lancée.
En ce moment, les sondages indiquent que seul le Parti conservateur peut s’en tirer avantageusement si des élections avaient lieu maintenant.
Les sondeurs prédisent même une hausse substantielle du nombre de sièges conservateurs à la Chambre des communes. Ce parti réussirait à former un gouvernement majoritaire sans aucune difficulté.
Les sondages laissent aussi entrevoir que le Bloc québécois tirerait bien son épingle du jeu si une élection était déclenchée ces jours-ci. Le nombre de sièges bloquistes pourrait même augmenter à la Chambre des communes. Le phénomène d’engouement que l’on observe partout ailleurs au Canada pour le Parti conservateur ne se produit pas au Québec.
Toutefois, même s’il pouvait compter sur un plus grand nombre de députés, le Bloc québécois perdrait beaucoup d’influence si le prochain gouvernement était majoritaire. Ce qui risque de se produire, si les prévisions des sondages se confirment.
En conséquence, le Bloc québécois y réfléchira certainement à deux fois quand il devra indiquer en chambre s’il appuie ou non les libéraux.
Quant aux libéraux et aux néodémocrates, les deux partis se trouvent dans une position plus que difficile. Actuellement, aucun ne peut espérer former le prochain gouvernement et rien n’indique que les choses vont changer dans un avenir proche.
Depuis maintenant un an, les sondages montrent les uns après les autres que les intentions de vote sont en baisse constante pour les libéraux, alors qu’elles font du surplace pour les néodémocrates.
Ainsi, si les choses ne bougent pas sur le plan des intentions de vote, peut-on raisonnablement penser que le gouvernement libéral survirera aux motions de censure?
La réponse à cette question est fort probablement oui, il survivra encore quelque temps.
Toutefois, les choses pourraient changer. C’est du moins ce qu’espère de tout cœur le chef néodémocrate.
Lorsque Jagmeet Singh «déchire», selon ses propres mots, l’entente avec les libéraux, lorsqu’il justifie sa décision par le biais d’une vidéo qui a toutes les allures d’une publicité de campagne électorale, lorsqu’il hausse le ton et les attaques personnelles envers Justin Trudeau et Pierre Poilievre, il tente de brasser la cage.
Cette stratégie que Pierre Poilievre utilise lui-même l’a certainement déjà servi. À vrai dire, on peut se demander si, justement, Jagmeet Singh ne s’est pas inspiré des conservateurs en se lançant dans les attaques personnelles contre Justin Trudeau, le traitant notamment de «faible», «d’égoïste» et «d’ami des ultrariches».
Mais ce qui peut produire de bons résultats dans certains cas peut ne pas fonctionner dans d’autres. Le style abrasif de Pierre Poilievre plait à un certain groupe d’électeurs naturellement plus enclins à voter pour les conservateurs.
La même recette ne fonctionnera probablement pas aussi bien pour les néodémocrates. Beaucoup de Canadiens n’aiment pas les campagnes électorales négatives. Celles-ci pourraient même en inciter à ne pas voter, ce qui n’aiderait certainement pas la cause des néodémocrates.
Par ailleurs, beaucoup de Canadiens veulent aussi connaitre les propositions des partis politiques. C’est une chose de dire que ça va mal, ça en est une autre de proposer des solutions convaincantes. Les attaques personnelles ne suffisent pas.
Le NPD saura-t-il convaincre les électeurs que ses propositions sont meilleures que celles des autres partis politiques?
C’est ce qu’il espère, bien évidemment, mais la tâche sera difficile.
En fait, le NPD est dans une position délicate. Étant le parti politique fédéral le plus à gauche (j’exclus le Parti vert qui n’est plus réellement dans la course), il peut difficilement se redéfinir.
Se positionner encore plus à gauche, c’est risquer de perdre des appuis, surtout dans un contexte où la santé des finances publiques commence à préoccuper de plus en plus de gens.
S’il se repositionne plus au centre, alors il devra convaincre l’électorat qu’il n’est pas le Parti libéral, ce qui ne serait pas chose aisée. Faut-il rappeler la campagne électorale de 2015? C’est exactement ce qu’avaient fait les néodémocrates, alors dirigés par Thomas Mulcair. Cela avait grandement contribué à la victoire libérale.
Il ne faut donc pas s’étonner si Jagmeet Singh cherche maintenant à présenter Justin Trudeau et le Parti libéral comme étant à droite, voire très à droite. C’est en fait la seule porte de sortie pour le NPD.
Ce sera même le principal message que l’on entendra de la part de Jagmeet Singh au cours des prochaines semaines, des prochains mois. Parce que la campagne électorale est déjà commencée.
Reste à savoir maintenant si les électeurs le croiront, car le Parti libéral a bien montré, au cours des neuf dernières années, qu’il n’était pas un parti de droite.
Geneviève Tellier est professeure à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa. Ses recherches portent sur les politiques budgétaires des gouvernements canadiens. Elle commente régulièrement l’actualité politique et les enjeux liés à la francophonie dans les médias de tout le pays.
Le 22 aout dernier, les gouvernements du Canada et du Nouveau-Brunswick ont annoncé plus de 2,7 millions de dollars sur deux ans pour l’Université de Moncton. Les fonds permettront de moderniser les équipements spécialisés des trois campus de l’établissement, «pour qu’ils répondent aux normes actuelles du marché du travail», lit-on dans le communiqué de presse.
Ils visent aussi à «remplacer l’équipement informatique dans les laboratoires de formation, devenu incompatible avec les versions récentes des logiciels professionnels» et à financer des travaux de rénovation aux campus d’Edmundston et de Shippagan.
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Denis Prud’homme remercie les gouvernements pour les 2,7 millions de dollars, mais explique qu’il en faudrait plus à l’avenir.
La taille compte
«Je dirais que [dans] toutes les institutions, particulièrement dans les milieux minoritaires, il y a un rattrapage à faire au niveau de l’infrastructure physique», observe le recteur de l’Université de Moncton, Denis Prud’homme, en entrevue avec Francopresse.
Selon ses estimations, l’institution aurait besoin d’environ 120 millions de dollars sur les dix prochaines années pour «mettre à niveau le maintien ordinaire» de ses édifices et de ses résidences.
Le Campus Saint-Jean en Alberta effectue présentement des rénovations pour améliorer, entre autres, les salles de classe, les lieux communs et le gymnase.
«C’est du rattrapage. Le Campus Saint-Jean ne date pas d’hier. Il y a quand même, selon moi, des rénovations qui auraient dû être faites il y a longtemps», déclare le doyen, Jason Carey.
Le financement gouvernemental reçu et celui qui sera reçu dans les prochaines années répondent seulement aux «besoins immédiats, dit-il. On pourrait toujours en faire plus.»
Il existe, avance Denis Prud’homme, une différence entre les grands établissements et ceux de petites et moyennes tailles. Et comme il le rappelle, la majorité des établissements francophones en situation minoritaire font partie du second groupe.
On doit offrir des installations équivalentes à ce qu’on retrouve dans les grandes universités, mais on n’a pas ce qu’on appelle le gain d’échelle du volume du nombre d’étudiants pour financer ces infrastructures et ces équipements.
«C’est là que le gouvernement fédéral, à travers Patrimoine canadien, a la responsabilité sur la base de la Loi sur les langues officielles de prendre des actions positives pour que les francophones dans les milieux minoritaires aient accès à des institutions postsecondaires qui offrent un environnement de formation et d’enseignement équitable aux grandes universités», ajoute-t-il.
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Où le fédéral peut intervenir
Selon la sénatrice Lucie Moncion, qui demande une stratégie nationale sur le postsecondaire, financer l’infrastructure reste l’un des leviers du gouvernement fédéral pour soutenir le postsecondaire sans empiéter sur les champs de compétences provinciales.
En entrevue avec Francopresse en avril dernier, elle a rappelé le cas de l’Université Laurentienne, en Ontario, qui s’est mise à l’abri de ses créanciers menant au renvoi de centaines d’employés et la fermeture de nombreux programmes.
Elle explique que l’établissement a voulu attirer des étudiants en investissant dans son infrastructure, ce qui a engendré des dettes importantes et un problème dans la «liquidité qui était utilisée pour rembourser les emprunts qui avaient été faits pour l’infrastructure».
Selon Pierre Zundel, les investissements des gouvernements dans l’infrastructure du postsecondaire sont historiquement insuffisants.
Le président-directeur général du Collège communautaire du Nouveau-Brunswick (CCNB), Pierre Zundel, rappelle que les établissements francophones en situation minoritaire ont accès à des fonds «pour des investissements dans un renouvèlement de technologie pédagogique, par exemple».
Ces fonds sont compris dans le Programme des langues officielles en enseignement (PLOE) du fédéral et ont permis au CCNB d’intégrer de nouvelles technologies dans ses salles de classe.
Mais ce programme n’est pas toujours suffisant. Par exemple, le Campus Saint-Jean n’a pas vu sa part du gâteau PLOE augmenter entre 2009 et 2021, une réalité déplorée par l’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA) au Comité permanent des langues officielles en 2021.
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L’Université de Moncton a reçu un financement pour mettre à jour de l’équipement qui n’était plus aux normes.
Plus cher qu’avant
«On devrait avoir un investissement plus important des deux paliers du gouvernement pour accélérer la mise à niveau de nos infrastructures physiques, estime Denis Prud’homme. Puis plus on retarde, évidemment les couts peuvent augmenter.»
Ça fait près de 40 ans que Pierre Zundel œuvre dans le postsecondaire francophone. «Je peux vous dire que presque partout, il y a systématiquement un sous-investissement dans l’entretien de l’infrastructure des institutions postsecondaires», affirme-t-il.
Pierre Zundel espère moderniser le campus prochainement, un projet qui couterait à lui seul jusqu’à 150 millions de dollars de plus. «Dans les 5 dernières années, on a vu les couts de construction doubler ou tripler. Ce qu’on avait évalué à 20 quelques millions coute maintenant 35 millions.»
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Des prix de construction en hausse
Selon Statistique Canada, l’indice des prix de construction de bâtiments non résidentiels a augmenté partout au pays dans les dernières années.
Pour les bâtiments institutionnels comme les écoles, Ottawa présente l’indice le plus élevé, suivie par Toronto. Moncton a dépassé Montréal en 2023.
Michel Doucet, qui est tout de même confiant par rapport à la situation financière de l’établissement.
Demeurer attirant
Au Collège Boréal, qui dispose de huit campus en Ontario, les infrastructures vont bien, assure son vice-président aux Services corporatifs, Michel Doucet.
Pour assurer la meilleure expérience possible à ses étudiants, le Collège Boréal met régulièrement à jour ses équipements et installations. «Un bel exemple, c’est que le Collège Boréal vient d’accueillir un simulateur d’ambulance, qui est unique en Ontario et le troisième du genre au Canada, pour un investissement de 700 000 dollars», se réjouit-il.
Entre les financements gouvernementaux et les projets d’investissement, l’établissement dépense entre quatre et six-millions de dollars par an pour l’entretien de ses infrastructures.
«Les besoins ont changé, explique M. Doucet. Les étudiants d’il y a 10, 15 ans n’avaient pas les mêmes besoins avec l’[évolution] de la technologie.»
Jason Carey explique que des équipements et locaux mis à jour attirent les inscriptions. «Les étudiants veulent venir dans un environnement qui les encadre bien, qui représente leur vision de ce qu’ils veulent faire, d’où ils veulent aller. [Alors il faut] créer un environnement moderne, qui retient quand même aussi le côté historique de l’établissement.»
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Les Sœurs Marleau, Diadem à leurs débuts, œuvrent dans la chanson depuis 1979 et cumulent une dizaine d’albums à leur actif. Le trio franco-ontarien, formé des sœurs Diane, Denyse et Marie Marleau, propose un onzième opus sous le signe de l’espérance.
Pochette de l’album Osons l’espérance des Sœurs Marleau.
Osons l’espérance nous interpelle avec une douzaine de textes sur des thèmes universels. Les Sœurs Marleau nous parlent d’espoir, d’amour, de rédemption, de violence conjugale et de fierté francophone. Côté musique, elles livrent un bel univers adulte contemporain, aux nuances multiples faites de pop-rock, reggae et parfois presque orchestrales.
L’un des moments forts de ce nouvel album est Le coin de mon pays. Cet hymne à la fierté s’inspire de l’univers de Gilles Vigneault et rend hommage aux nombreuses familles qui ont bâti l’Ontario français.
Féminisme est un petit reggae sur l’émancipation des femmes. Place à la non-violence est un appel à lutter contre la violence conjugale et à respecter les femmes. La pièce titre, Osons l’espérance, résume bien le propos de l’album : le désir d’un monde meilleur.
Après une carrière de 45 ans bien remplie, Les Sœurs Marleau ont une belle raison de fêter. Osons l’espérance est un bouquet de souhaits universels et de musiques contemporaines.
Sur son nouvel album, L’Osstidtour, David Dufour, dit D-Track, livre 16 chansons hors du commun. Poète, slameur, rapeur de l’Outaouais, il ne cesse de peaufiner son art tout en gardant son authenticité et sa sincérité.
Pochette de l’album L’Osstidtour de DTrack.
Si vous cherchez un hip-hop où le F Word se retrouve tous les trois mots, vous êtes sur la mauvaise piste. D-Track a bâti son art avec un souci du verbe. Il travaille autant ses textes que ses hooks. Ces dernières sont très souvent des échantillonnages des musiques souls, R&B des années 1970 et 1980.
Cela crée des ambiances moins violentes, mais tout aussi puissantes. D-Track s’impose un travail ardu afin d’éviter les rimes faciles et pour offrir une poésie urbaine franche, authentique et très puissante.
Plus de vie, plus de musique dresse bien l’ambiance de l’album. Sur une accroche jazzy à la 1970, L’Osstidtour à condo dresse le désarroi de D-Track sur la perte du cachet de son quartier d’enfance à cause de condos plus modernes.
Chez l’opto est un autre excellent morceau aux influences jazz. Les deux bombes de cet opus sont La peine, un duo extrêmement puissant avec Koriass, et Post-its à soi-même, un texte révélateur sur le moi intérieur, une autoévaluation de sa propre personnalité.
La jeune autrice-compositrice-interprète Céleste Lévis, originaire de Timmins en Ontario, nous offrait un 4e opus en octobre 2021. Celle qui a su grandir à chaque étape de sa carrière proposait Si tu veux tout savoir, un album infusé d’une maturité évidente.
Pochette de l’album Si tu veux tout savoir de Céleste Lévis.
Dès les premières notes de Case départ, c’est évident que nous aurons droit à des mélodies rocks bien peaufinées qui marquent une nouvelle étape dans la musique de Céleste Lévis.
Les textes aussi nous emmènent ailleurs avec un propos plus mature et des émotions à fleur de peau, qui collent bien à la voix de la jeune artiste. Cette voix prend de plus en plus d’assurance et offre des harmonies vocales fort bien contrôlées.
Les pièces maitresses de cet opus sont entre autres C’est flou, un pop solide. Fragile nous dévoile une certaine tendresse, autant dans la mélodie que dans l’interprétation. Jamais seule est une mélodie puissante à la Fleetwood Mac, accompagnée d’une voix en plein contrôle. Il s’agit de l’un des meilleurs textes de l’album grâce à des propos remplis d’émotions.
Le tout se termine en beauté avec À quoi ça sert. Céleste Lévis nous offre un cri d’amour profond sur une guitare blues planante.
Ce 4e opus, empreint de maturité, offre des textes bien peaufinés. Céleste Lévis nous captive avec une voix puissante, accompagnée par des mélodies rocks solides. Elle démontre qu’elle n’est pas seulement là pour quelques succès éphémères.
Marc Lalonde, dit Lalonde des ondes, est chroniqueur musical depuis plus de 25 ans au sein de la francophonie musicale canadienne et animateur de l’émission radiophonique Can-Rock. Il se fait un malin plaisir de partager cette richesse dans 16 stations de radio à travers le pays chaque semaine.
Dans une nouvelle publicité diffusée le jour de la Fête du travail, le chef conservateur Pierre Poilievre s’est adressé, en français, à «celles et ceux qui se lèvent tôt».
À l’occasion de la fête du Travail, célébrée tous les premiers lundis de septembre au Canada, Pierre Poilievre et Yves-François Blanchet sont les seuls leadeurs de parti à s’être adressé directement aux Canadiens et aux Canadiennes en français. Le chef conservateur l’a fait dans une nouvelle publicité, qu’il a notamment partagée sur la plateforme X.
Justin Trudeau n’a rien publié sur ses réseaux sociaux, le Parti libéral a relayé un court message dans les deux langues sur X.
Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a de son côté publié un court message écrit sur son compte deux jours plus tôt et Jagmeet Singh ne s’est exprimé qu’en anglais sur le sujet.
À lire : Les origines violentes et sanglantes de la fête du Travail
Dans une vidéo publiée mercredi sur ses réseaux sociaux, le chef du NPD, Jagmeet Singh, a annoncé que son parti mettait fin à l’entente de soutien et de confiance avec le gouvernement libéral.
La collaboration signée en 2022 devait assurer à Justin Trudeau et son gouvernement minoritaire de rester à la tête du pays jusqu’en juin 2025. Jagmeet Singh, le chef du Nouveau Parti démocratique, y a mis fin mercredi.
«Les libéraux sont trop faibles, trop égoïstes et trop redevables aux intérêts des grandes entreprises pour se battre pour les gens, déclare Jagmeet Singh dans une vidéo partagée sur X. Ils ne peuvent pas arrêter les conservateurs. Mais nous pouvons le faire.»
Cette décision survient deux semaines après la crise des cheminots et une semaine après que Pierre Poilievre a provoqué le NPD sur cette entente.
Le Parti libéral est en difficulté dans les sondages depuis plusieurs mois, loin derrière les conservateurs. Il suffirait désormais d’un vote de confiance ou d’une motion de censure, lors desquels le NPD et le Bloc québécois voteraient contre le gouvernement, pour faire tomber celui-ci et envoyer les Canadiens aux urnes.
«C’est un jour de déception pour les Canadiennes et les Canadiens», a réagi le parti de Justin Trudeau dans un courriel envoyé à ses partisans.
«La semaine dernière, Pierre Poilievre a demandé à Jagmeet Singh de déchirer notre entente de soutien et de confiance […] Aujourd’hui Jagmeet Singh a fait ce qui lui avait été demandé, abandonnant des politiques progressistes et exposant d’importants programmes aux coupes des conservateurs», peut-on lire dans le document.
Dans ce courriel, le Parti libéral rappelle qu’une élection peut désormais «être déclenchée à tout moment» et invite ses membres à faire un don.
À lire : Un jeu de nuances dans l’entente entre les libéraux et néodémocrates
C’est la troisième fois consécutive depuis juin que la Banque du Canada abaisse son taux directeur, entrainé entre autres par une diminution de l’inflation.
C’est la troisième fois consécutive depuis juin que la Banque du Canada abaisse son taux directeur. Mercredi, la banque centrale l’a réduit d’un quart de point, passant de 4,5 à 4,25 %.
À l’origine de cette baisse : «L’offre excédentaire dans l’économie maintient des pressions à la baisse sur l’inflation. En même temps, les hausses des frais de logement et des prix d’autres services nuisent à la baisse de l’inflation», a justifié la Banque du Canada dans un communiqué.
La semaine dernière, Statistique Canada rapportait qu’au deuxième trimestre, le produit intérieur brut (PIB) réel avait augmenté de 0,5 % et que l’économie canadienne avait progressé à un taux annualisé de 2,1 %.
À la suite d’une motion conservatrice, le Comité des comptes publics a demandé cette semaine à la vérificatrice générale du Canada, Karen Hogan, de préparer un rapport plus fouillé sur les fonds accordés depuis 2017 à Technologies du Développement Durable du Canada (TDDC), une agence publique fédérale qui finance des projets dans le secteur des technologies de l’environnement.
Les conservateurs avaient négativement rebaptisé l’agence de «caisse verte des libéraux».
Un premier rapport, publié en juin, avait déterminé que 10 projets sur les 58 analysés par la vérificatrice générale auraient reçu 59 millions de dollars alors qu’ils étaient inéligibles selon les critères du programme. L’agence a également enfreint des politiques sur les conflits d’intérêts dans 90 cas.
À la suite de ce rapport, Ottawa avait aboli TDDC.
La Presse canadienne, en partenariat avec le StoryLab du Collège Humber, en Ontario, a révélé lundi que les transferts fédéraux pour la santé ont augmenté de façon plus importante que les budgets provinciaux en santé.
En 2023, l’étude souligne une hausse des transferts de 212 % au niveau fédéral, comparativement à 2005.
Ces résultats viennent contredire les propos relayés par les provinces sur le manque de fonds du fédéral à leur endroit pour la santé.
Entre 2005 et 2023, les transferts fédéraux sont passés de 427,23 dollars à 1115,31 dollars par personne. Si les dépenses en santé ont augmenté, les fonds fédéraux ont suivi cette hausse, depuis la signature de l’accord entre le gouvernement fédéral et les provinces en matière de santé par l’ancien premier ministre du Canada, Paul Martin, en 2004.
À lire aussi : Les provinces et les territoires responsables d’offrir des soins de santé en français
Le ministre des Transports, Pablo Rodriguez, demande à VIA Rail un plan d’action mis à jour pour éviter des pannes majeures et améliorer les services et la communication avec les passagers.
Le ministre fédéral des transports a envoyé une lettre à la direction de VIA Rail cette semaine après une panne sur le trajet Montréal-Québec qui a immobilisé les passagers pendant plus de 10 heures, le 1er septembre. Le ministre a qualifié la situation d’«inacceptable».
Il demande que l’entreprise révise son plan d’action dans ce genre de situation. Parmi les conditions, le ministre précise qu’il souhaite voir une nouvelle formation pour les employés de première ligne, l’accès des passagers aux services de base (nourriture, eau potable) et la détermination d’un niveau d’indemnisation en cas d’évènement perturbateur.
Il a également demandé qu’une enquête indépendante soit réalisée.
Avec la mise en place des programmes de police communautaire, les forces policières ont ajouté à leur mandat une opération de relations publiques qui vise à faire accepter leur présence. Elles désirent créer une confiance, un sentiment de sécurité, et une collaboration pour la prévention et la lutte contre la criminalité.
L’approche de police communautaire suppose que les citoyens et citoyennes connaissent les membres des forces de l’ordre et que des interactions avec la police ont aussi lieu hors des interventions.
La présence dans les milieux scolaires fait partie de cette approche. Elle peut inclure une visite ponctuelle pour parler d’un problème plus large, comme le taxage ou les gangs de rue; la participation à des foires de carrière; ou encore le fait d’appeler la police pour régler les conflits entre élèves ou entre élèves et personnel enseignant.
Plusieurs conseils scolaires ont également créé des partenariats avec les forces policières locales pour mettre en place des programmes d’agents et d’agentes de liaison scolaire.
Ces personnes se concentrent ainsi sur les relations avec les élèves et elles assurent une présence plus fréquente dans certaines écoles où les risques et la criminalité sont perçus comme étant supérieurs.
Or, depuis une dizaine d’années, plusieurs conseils scolaires (notamment à Toronto, Ottawa et London) ont mis fin à ces programmes de liaison scolaire. D’autres, comme le conseil scolaire de Vancouver et celui de Winnipeg, ont mené des études qui, dans plusieurs cas, ont abouti au remaniement de leur programme.
C’est que la présence policière en milieu scolaire est fortement critiquée et dénoncée.
Une conseillère scolaire de Vancouver a bien résumé le problème : pourquoi cèderait-on à la pression d’organismes – les corps policiers – pour les laisser interagir avec les enfants et adolescents, alors même qu’ils sont souvent accusés de bafouer les droits de la personne?
Le Commissaire aux droits de la personne de la Colombie-Britannique a présenté le problème d’un autre angle : avant d’accepter de maintenir de tels programmes, dont les maux sont bien documentés, il faudrait trouver des études qui montrent qu’ils entrainent des bénéfices.
Et tandis qu’un grand nombre de parents, d’enseignants et d’élèves se disent neutres ou favorables à ces programmes, la situation change complètement lorsqu’on parle aux parents et élèves appartenant à une minorité, surtout celles des communautés autochtones ou noires.
C’est d’abord parce que la discrimination active des forces policières s’étend au traitement des élèves. C’est aussi parce que les relations entre la police et les communautés minorisées dépassent le seuil de l’école et que les élèves craignent le harcèlement, l’intimidation et la discrimination de la part de la police autant à l’école que dans leur vie quotidienne et dans celle de leurs proches.
Comme l’a suggéré Adora Nwofor, de Black Lives Matter YYC à Calgary, la police doit montrer qu’elle est digne de confiance par ses actes au vu de l’ensemble de son mandat, et non chercher à convaincre la population.
La raison essentielle de l’échec de tels programmes tient au fait que les mêmes conflits et les mêmes comportements subsisteront tant que l’on ne s’en prendra pas aux causes de la criminalité et aux lois qui criminalisent des segments minoritaires et pauvres de la société.
Cela dit, d’autres raisons existent qui découlent de la nature de la présence policière dans les écoles.
Les membres des forces policières ne reçoivent qu’une formation limitée pour apprendre à interagir avec des enfants. Leur formation se concentre d’abord et avant tout sur la loi telle qu’elle s’applique aux adultes.
Elle n’inclut pas la pédagogie et les stages qui caractérisent la formation du personnel enseignant, ni l’apprentissage et le mentorat en milieu de travail qui suit inévitablement.
Ainsi, les agents et agentes ne peuvent aucunement prétendre instruire les personnes d’âge mineur.
Un projet de recherche sur les services de liaison scolaire à Edmonton propose une série de mesures mieux adaptées à la réalité scolaire que la présence policière, comme :
Toutes les fonctions visées par les forces policières pourraient ainsi être véritablement remplies, avec davantage de succès, par une équipe professionnelle formée à cette fin.
Le sous-financement de l’éducation est évidemment l’obstacle principal à de telles mesures.
Ce sous-financement est d’autant plus inquiétant que les gouvernements et nombre de conseils scolaires préfèrent augmenter les budgets de la police pour répondre aux comportements créés par les problèmes sociaux que de financer les écoles adéquatement pour éviter ces comportements.
Les appels au définancement de la police visent avant tout à prévenir les problèmes sociaux plutôt qu’à prévenir ou punir les mauvais comportements.
Il s’agit d’abord et avant tout de reconnaitre que la police n’est pas adéquatement formée pour accomplir la plupart des tâches qu’on lui assigne. Un transfert des fonds permettant la présence policière dans les écoles vers les écoles elles-mêmes serait un bon début.
Un financement adéquat des écoles et un élargissement des programmes qui y sont offerts, comme l’accès à la psychothérapie ou au conseil psychologique ainsi qu’à des repas gratuits, permettraient de se défaire de la logique disciplinaire et carcérale pour que les écoles puissent bien accomplir leur mandat.
Mieux encore, les milieux scolaires pourraient alors créer des mécanismes qui enseignent véritablement la coexistence et la responsabilité aux enfants.
Jérôme Melançon est professeur en études francophones et interculturelles ainsi qu’en philosophie à l’Université de Regina. Ses recherches portent notamment sur la réconciliation, l’autochtonisation des universités et les relations entre peuples autochtones et non autochtones, sur les communautés francophones en situation minoritaire et plus largement sur les problèmes liés à la coexistence. Il est l’auteur et le directeur de nombreux travaux sur le philosophe Maurice Merleau-Ponty, dont La politique dans l’adversité. Merleau-Ponty aux marges de la philosophie (MétisPresses, 2018).
Andrew Scheer est un ancien chef du Parti conservateur du Canada.
«Un gouvernement conservateur de gros bon sens nommera des sénateurs de gros bon sens qui vont couper les taxes et les impôts, bâtir des logements, réparer le budget et stopper les crimes», assure le leadeur de l’opposition officielle à la Chambre des communes, Andrew Scheer, dans une réponse écrite à Francopresse.
Il accuse également Justin Trudeau d’avoir menti aux Canadiens en promettant un Sénat indépendant et non partisan, mais d’avoir nommé une majorité de sénateurs «libéraux».
Les conservateurs espèrent rééquilibrer la balance en nommant des sénateurs plus alignés aux valeurs conservatrices.
L’ancien premier ministre Stephen Harper a tenté de réformer le Sénat afin d’organiser des élections et d’instaurer une limite de mandat.
«Il n’y a pas eu de changement pendant 146 ans et les gens en viennent à la conclusion que l’on doit soit changer le Sénat, ou alors l’abolir», avait lancé Pierre Poilievre en 2013, alors qu’il était ministre d’État à la Réforme démocratique.
Selon Frederic Boily, «trop s’opposer» au programme de Pierre Poilievre pourrait alimenter son argumentaire populiste.
Mais en 2014, la Cour suprême a statué que le fédéral nécessite l’accord des provinces pour réformer ou abolir le Sénat. Pour modifier, entre autres, les pouvoirs de la Chambre haute ou le mode de sélection des sénateurs, la formule du 7/50 est nécessaire – soit l’appui des deux tiers des provinces (7) représentant 50 % de la population canadienne –, tandis que l’abolition exige l’approbation unanime de toutes les provinces.
Selon le professeur de science politique au Campus Saint-Jean de l’Université d’Alberta, Frederic Boily, à cause de cette décision, toute réforme profonde du Sénat est pratiquement impossible.
«Je pense que l’idée, pour Pierre Poilievre, serait d’avancer le plus possible avec des nominations partisanes, dit-il. Le gouvernement fédéral ne peut pas agir unilatéralement dans les projets de réforme, ça fait en sorte qu’on se rabat sur les modes de nomination, ce qui n’est pas un changement en profondeur.»
En janvier 2014, Justin Trudeau annonce l’expulsion des sénateurs libéraux du caucus national du Parti libéral du Canada (PLC), afin de limiter la partisanerie à la Chambre haute. Les 32 expulsés commencent à siéger comme indépendants.
En 2015, Justin Trudeau annonce la création d’un Comité consultatif indépendant sur les nominations au Sénat, qui a pour mission de conseiller le premier ministre sur les candidats.
«Ce n’est pas de l’estampillage de projets de loi que le Sénat doit faire», insiste Raymonde Saint-Germain.
Comme le confirme sa plus récente plateforme électorale, un gouvernement formé par le Parti conservateur du Canada rétablirait un processus de nomination partisan.
De son côté, la sénatrice non affiliée Raymonde Saint-Germain tient à l’indépendance des sénateurs face aux partis politiques. Selon elle, le Sénat doit rester «au-dessus des considérations électorales».
«Ça ne veut pas dire que quelqu’un qui est nommé en ayant l’adhésion politique à un parti ferait nécessairement un mauvais sénateur. Mais il faut que les sénateurs puissent avoir une indépendance face au programme des partis […] pour pouvoir proposer des améliorations réalistes et raisonnables aux projets de loi.»
Elle espère que, peu importe l’identité du prochain premier ministre, les sénateurs nommés «comprendront le rôle du Sénat et travailleront dans le meilleur intérêt des Canadiens». Pour ce qui est des sénateurs actuels, elle est d’avis que le «gros bon sens» prévaut déjà.
«Le Sénat a déjà le réalisme et le pragmatisme en tête lorsqu’il examine les projets de loi ou lorsque les comités font des études», affirme-t-elle.
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Gouvernement majoritaire ou minoritaire : la nature de la victoire conservatrice – si elle a lieu – sera décisive pour l’influence de Pierre Poilievre au Sénat.
«Si c’est une victoire forte, ça pourrait compliquer la tâche des sénateurs qui voudraient s’opposer à un projet de loi conservateur», explique Frederic Boily. Dans ce cas, «trop s’opposer» pourrait alimenter le discours populiste de Pierre Poilievre, car s’opposer à son programme serait s’opposer à la volonté populaire.
Pierre Dalphond ne croit pas que le Sénat sera forcément obstructif aux propositions d’un gouvernement conservateur.
Selon le sénateur progressiste Pierre Dalphond, tant que Pierre Poilievre se montrera ouvert aux modifications nécessaires de ses projets de loi, «le Sénat ne sera pas obstructif». «Je ne défendrai pas une politique d’obstruction systématique. Chaque projet de loi sera jugé à sa valeur.»
«Sous Trudeau, jusqu’à maintenant, chaque affaire, chaque projet de loi a été adopté avec une majorité qui n’était pas toujours constituée des mêmes personnes», rappelle-t-il. Il s’agit d’y aller au cas par cas, d’expliquer les projets de loi et d’en reconnaitre les faiblesses au besoin, détaille le sénateur.
Le sénateur conservateur Donald Plett ne craint pas que le plan de Pierre Poilievre rende le Sénat plus partisan. «Trudeau nomme des sénateurs libéraux depuis son début et le fait par l’entremise d’un comité formé de libéraux», avance-t-il. L’indépendance du Sénat depuis sa réforme demeure, selon lui, une «illusion».
Et en nommant plus de sénateurs «de gros bon sens», Pierre Poilievre pourrait ramener deux caucus clairs au sein de la Chambre haute, se réjouit Donald Plett, qui constate que celle-ci est fragmentée et que les sénateurs «viennent avec leurs agendas personnels».
«Un conservateur de gros bon sens est quelqu’un qui veut faire ce qu’il y a de mieux pour l’ensemble du pays, pas pour les élites libérales», définit-il.
Le conservateur assure aussi que Pierre Poilievre n’a jamais tenté de dicter le vote des sénateurs du caucus : «On ne whip pas nos sénateurs.» Si les votes sont similaires entre sénateurs et députés conservateurs, c’est pour une autre raison, soutient-il. «Mes valeurs me font pression.»
Les prochaines élections fédérales sont prévues au plus tard le 20 octobre 2025. Jusque-là, le premier ministre, par la voie de la gouverneure générale, peut nommer des sénateurs.
Selon le site du Sénat, quatre sénateurs prendront leur retraite en 2024, huit en 2025, neuf en 2026, cinq en 2027, cinq en 2028 et sept en 2029. Il reste également huit sièges vacants à combler.
S’il devient premier ministre en 2025, et dans le cas hypothétique où Justin Trudeau ne nomme aucun nouveau sénateur d’ici là, Pierre Poilievre aura donc l’occasion de nommer au moins 46 sénateurs lors d’un mandat.
«Au fil des ans, la paroisse Saint-Jean-Baptiste a dû s’adapter aux changements démographiques et sociaux», explique le père Rolf Hasenack, actuel responsable de la paroisse. Il poursuit : «Aujourd’hui, on sait qu’il y a plusieurs familles francophones demeurant dans l’ouest de la ville, notamment à Sydney et Esquimalt, et qui fréquentent les paroisses anglophones avoisinantes de leur quartier.»
Le père Hasenack a pris la relève à la suite du départ à la retraite du curé Benoît Laplante, originaire du Québec et ancien missionnaire au Nicaragua. En 2017, face à une situation financière difficile, les paroissiens ont pris des mesures pour assurer la survie de l’église, notamment en louant le presbytère et en maintenant les revenus de la garderie anglophone Le Carrousel. Ces décisions ont permis de financer l’entretien et les dépenses de l’église.
La présence des francophones à Victoria au tournant du XIXe siècle est pour le moins impressionnant. En 1858, le premier évêque catholique, Modeste Demers, s’installe à Victoria, où la majorité des habitants de la ville sont alors francophones. La même année, les Sœurs de Sainte-Anne, originaires du Québec, arrivent à Victoria à l’invitation de Mgr Demers.
Elles fondent la première école catholique de la région, offrant un enseignement aux enfants autochtones et des colons, ainsi que le premier hôpital de Victoria, le St. Joseph’s Hospital, en 1876. Au-delà de ces institutions, les Sœurs s’impliquent dans diverses œuvres caritatives, soutenant les plus démunis de la communauté. Leur présence contribue à la préservation de la langue et de la culture françaises dans cette région majoritairement anglophone.
La paroisse Saint-Jean-Baptiste est née sous l’égide d’Yvonne Fortin-Therrien, une figure importante qui a organisé la communauté francophone de Victoria à partir de 1940. Elle fonde également le Club Canadien-français de Victoria en 1941, ainsi qu’une bibliothèque francophone. En 1957, quelques familles francophones se portent acquéreurs d’une ancienne église anglicane, permettant ainsi l’ouverture de l’église Saint-Jean-Baptiste. Dès lors, la paroisse joue un rôle de gardienne de la langue française dans l’histoire de la communauté francophone.
À la dernière rangée, à droite, se trouve le père Rolf Hasenack, entouré de quelques-uns de ses paroissiens.
Le père Rolf Hasenack, actuel responsable de la paroisse, a un parcours hors du commun. Né en Indonésie de parents hollandais, il est interné par les Japonais durant la Seconde Guerre mondiale. De retour en Hollande, puis au Canada en 1962, il rejoint l’Ordre des Dominicains, présent au Québec, et fait son noviciat à Saint-Hyacinthe. En 1989, il retourne en Indonésie, sur l’île de Java, pour y fonder une communauté dominicaine. Quelques années plus tard, il s’installe en Colombie-Britannique.
Aujourd’hui, à 84 ans, le père Hasenack s’occupe de quatre paroisses, dont l’une à Langford, Sydney, sur l’île Pender, en plus de l’église francophone Saint-Jean-Baptiste. Il entretient également des liens avec quatre nations amérindiennes de la région, où il célèbre occasionnellement des baptêmes et des funérailles. Sensible au sort des Amérindiens, il s’est réjoui de la visite du pape François au Canada en juillet 2022, estimant qu’elle était nécessaire pour tendre la main après le désastre des écoles confessionnelles et des abus.
Selon la Société francophone de Victoria, « la communauté francophone de Victoria compte aujourd’hui plus de 38 000 francophones ». Malgré cette francophonie florissante, le père Hasenack affirme que « la survie de la paroisse est remise en question chaque année ». Le défi majeur, selon lui, est d’attirer des jeunes pouvant assurer la relève. Quant à lui, il compte bien assumer ses fonctions jusqu’en 2025.
L’un des souhaits qu’il exprime, c’est l’importance de mieux connaître l’histoire, en particulier la contribution des Sœurs de Sainte-Anne à la Colombie-Britannique.
Ces religieuses ont apporté une contribution exceptionnelle dans les secteurs hospitaliers et de l’éducation en Colombie-Britannique. Et leur présence s’est étendue à d’autres parties de la province
Dans cette perspective, le père Hasenack insiste sur l’importance de préserver la mémoire collective : « Les réponses de ce qui nous arrive aujourd’hui se trouvent souvent dans le passé. Et quand on commence à oublier l’histoire, on s’oublie soi-même et les autres également ». Ces propos soulignent l’importance de la paroisse Saint-Jean-Baptiste non seulement comme lieu de culte, mais aussi comme gardienne d’un héritage culturel et historique francophone en Colombie-Britannique.
Si les formes de violence les plus visibles et celles qui ont tendance à recevoir le plus d’attention sont physiques, il existe une «quantité très inquiétante de violences verbales, également des situations d’intimidation et de harcèlement en lien avec les médias sociaux», rappelle la présidente de l’Association des enseignantes et des enseignants francophones du Nouveau-Brunswick (AEFNB), Stéphanie Babineau.
La violence peut aussi s’exprimer de diverses façons dans la cour de récréation, comme par l’exclusion consciente d’un enfant ou par des commentaires ou des comportements qui dénigrent et humilient, énumère la vice-présidente, Opérations cliniques et chef des services cliniques chez Jeunesse, J’écoute, Andréanne Deschamps.
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Pour lutter contre la violence à l’école, il faut regarder dans quel milieu l’enfant se trouve.
Selon François Bowen, le milieu scolaire est la première ligne de défense contre la violence envers les élèves.
Le professeur au Département de psychopédagogie et d’andragogie de la Faculté des sciences de l’éducation à l’Université de Montréal, François Bowen, précise ne pas faire référence aux milieux riches ou défavorisés, mais plutôt au milieu scolaire.
Les défis vont plutôt surgir en fonction du style de gestion de la direction, du personnel, des pratiques éducatives et surtout des «ressources qui sont mises en place pour soutenir les enfants», détaille-t-il.
Dans le cas du harcèlement, si le milieu éducatif ne réussit pas à encadrer et résoudre le problème, le harceleur continuera ses actions. Celui-ci voit dans l’intimidation un moyen de «prendre du prestige, parce qu’il vient avec des supporteurs, des bystander».
Le professeur critique aussi la phrase parfois prononcée par les adultes dans la cour de récréation : «Ce n’est pas grave, ils se chamaillent.» En ignorant une situation peut-être plus problématique, les adultes n’élèvent pas de barrières contre les actions des harceleurs.
De plus, un conflit entre des élèves et du harcèlement sont deux problèmes distincts. Ils doivent être résolus de manière différente, puisqu’on ne parle pas ici des mêmes mécanismes psychologiques, précise François Bowen.
Des jeunes qui se disputent n’ont pas appris à réguler leurs émotions trop fortes, donc ils se précipitent dans un conflit avant d’essayer de régler le problème d’une autre façon. Dans le cas du harcèlement, l’intimidateur agit par intérêt personnel et peut être dépourvu d’empathie.
L’organisme Jeunesse, J’écoute propose des services 24 h/24 et 7 jours sur 7 pour les personnes victimes de harcèlement ainsi que celles qui intimident.
Dénoncer peut être difficile pour les jeunes enfants témoins de harcèlement, informe Andréanne Deschamps. Ils peuvent toutefois discuter avec la victime, lui dire que ce qui se passe n’est pas normal et l’aider à aller en parler à un adulte.
Ça permet de «démontrer qu’on est allié avec l’autre jeune, que ce soit un ami ou pas, de la classe ou dans l’école, qui a subi ce comportement-là. Ça peut déjà avoir un effet très positif pour la personne qui le subit».
Une autre solution est de confronter le harceleur en groupe pour lui dire que son comportement n’est pas acceptable. La vice-présidente de Jeunesse, J’écoute explique que l’effet de groupe peut parfois arrêter les agresseurs.
Les jeunes témoins peuvent aussi en parler avec des adultes, tels que leurs parents, qui pourraient à leur tour en informer la direction du cas de l’élève harcelé, ajoute Andréanne Deschamps.
Parfois, les ressources mises en place par les écoles ne répondent pas aux besoins des enfants, indique Stéphanie Babineau.
Par exemple, depuis l’adoption du projet de loi 85 au Nouveau-Brunswick en 1986, les enfants avec des besoins particuliers sont intégrés aux mêmes écoles que les autres enfants. Toutefois, les ressources pour aider ces enfants ne sont pas disponibles dans toutes les écoles, affirme-t-elle.
Pour offrir les ressources nécessaires, il reste indispensable d’avoir du financement, déplore la présidente de l’AEFNB.
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Stéphanie Babineau tient à rappeler que malgré une bonne formation de pédagogue, les enseignants ne sont pas des experts en psychologie ou des émotions. Il est préférable d’avoir un psychologue, un travailleur social ou un intervenant en toxicomanie, souligne-t-elle.
Stéphanie Babineau rappelle que, malgré la bonne formation des enseignants, ils ont besoin d’experts comme des psychologues et des travailleurs sociaux pour aider les jeunes à gérer leurs émotions.
L’accès à ce genre de services dans les écoles francophones peut être long, ce qui peut permettre à la situation de s’envenimer. Le moment venu, les psychologues doivent «intervenir avec les élèves qui sont en situation de crise parce qu’on va chercher à éteindre le feu en premier», souligne Stéphanie Babineau.
François Bowen rappelle qu’un psychologue est nécessaire, mais pas suffisant. Il faut former les directions d’école, les éducateurs spécialisés et les enseignants à la prévention. Il faut effectuer un travail d’équipe, encourage-t-il.
À l’extérieur des murs de l’école, il y a des services d’aide, comme Jeunesse, J’écoute, disponible partout au Canada 24 heures sur 24, rappelle Andréanne Deschamps.
En plus du service de texto, l’organisme propose des outils pour apprendre à gérer sa colère, ses émotions, trouver des alliées. Il peut en outre offrir des ateliers en ligne pour les classes afin d’aborder divers sujets, comme le bienêtre, l’intimidation et la violence.
Pour prévenir la violence et le risque de harcèlement, François Bowen encourage les établissements à développer l’intelligence émotionnelle chez les jeunes.
La gestion de la colère, la gestion des conflits, ce sont des choses qui font partie d’un apprentissage normal pour tous les jeunes, puis aussi dans notre vie adulte.
D’ailleurs, Stéphanie Babineau observe que les enfants «ont beaucoup de défis quand ça vient à la régulation de leurs propres émotions, quand ça vient à la gestion de situations plutôt difficiles».
L’objectif est donc d’outiller les enfants pour gérer des évènements stressants, explique François Bowen. Se faire exclure d’un groupe d’amis ou avoir de la difficulté en amitié peut être une source de stress et de mal être.
L’intelligence émotionnelle permet aussi de développer l’empathie, ce qui manque surtout chez les intimidateurs. Cela réduirait le nombre de cas de harcèlement, propose François Bowen.
Le 30 aout, 711 brasiers étaient toujours actifs dans le pays (dont 128 hors de contrôle) et près de 5 millions d’hectares ont été dévastés par les flammes cette année, selon le Centre interservices des feux de forêt du Canada (CIFFC). Cette superficie représente 146 % de la moyenne de la dernière décennie.
L’an dernier, c’est tout le territoire canadien qui s’est embrasé. Non seulement l’Ouest et les territoires, mais aussi l’Ontario, le Québec et même les provinces maritimes de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick. Au total, 18,5 millions d’hectares de forêt – un record – ont été détruits.
Face à ces mégafeux qui se multiplient et s’intensifient, les villes tentent de se protéger du mieux qu’elles peuvent.
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En Alberta, 30 % des bâtiments de la ville de Jasper ont été calcinés et 25 000 personnes ont reçu l’ordre de quitter la zone en juillet dernier.
«Le niveau de préparation varie fortement d’une province à l’autre, mais, historiquement, les villes de l’Ouest sont plus en avance sur ces questions, la conscience du risque est plus élevée», avance Joanna Eyquem, directrice générale Infrastructures résilientes au climat au sein du Centre Intact d’adaptation au climat de l’Université Waterloo, en Ontario.
Dans les Territoires du Nord-Ouest, des tranchées coupe-feu, longues parfois de 10 kilomètres, sont aménagées autour de certaines villes, comme Yellowknife. De même, en Alberta et en Colombie-Britannique, les municipalités débroussaillent autour des quartiers périurbains, enlèvent les plantes et les arbres hautement inflammables en bordure des rues, procèdent à des brulages dirigés.
La Dr Anabela Bonada considère que les normes de construction doivent évoluer et imposer le recours aux matériaux ininflammables dans les zones à risque.
«Dans les provinces de l’Est et les Maritimes, il n’y a pas grand-chose de comparable, parce que jusqu’alors il n’y a pas eu d’incendies majeurs comme dans l’Ouest», affirme la directrice générale du Centre Intact d’adaptation au climat, la Dr Anabela Bonada.
Le programme Intelli-feu, dont l’objectif est d’apprendre aux communautés à mieux protéger leurs habitations, a vu le jour en Alberta en 1993. Au tournant des années 2000, Parcs Canada a également commencé à s’impliquer et à promouvoir de bonnes pratiques.
Le programme invite notamment les habitants à choisir les bons matériaux pour leur toiture ou leur terrasse tout en repensant leur aménagement paysager. Selon les recommandations, la zone à proximité immédiate de la maison doit être débarrassée de toute végétation et de tous débris secs pouvant attiser les flammes.
Dans la zone intermédiaire, de 10 mètres de rayon, les arbres morts et les conifères doivent être coupés, mais certaines espèces de feuillus peuvent être laissées. Plus loin, des espaces doivent être créés entre les arbres pour éviter de trop gros ensembles forestiers.
«C’est difficile d’évaluer ce qui fonctionne ou non. Ça peut varier d’un incendie à l’autre, selon le type et la quantité de combustible qui se trouve au sol, la puissance du vent, l’intensité de la sècheresse», observe la Dr Anebela Bonada.
La chercheuse mentionne néanmoins les résultats d’une étude réalisée à Fort McMurray, à la suite de l’incendie de 2016 : «Les maisons dont les propriétaires ont suivi les conseils d’Intelli-feu ont été totalement ou partiellement épargnées.»
Des recherches similaires menées aux États-Unis ont également montré que les quartiers qui disposent d’un programme de type Intelli-feu ont 50 à 70 % plus de probabilité d’être épargnés par les flammes.
Au Canada, Intelli-feu n’est devenu national qu’en 2021, sous la houlette du CIFFC. Les provinces et territoires étant responsables de la lutte contre les incendies de forêt, «chacun a son propre modèle de financement, ses propres objectifs et ses propres modalités de mise en œuvre, adaptés aux réalités locales», explique le CIFFC par courriel.
Lorsqu’un évènement catastrophique se produit, les provinces et les villes en tirent rapidement les leçons. Elles ont tendance à renforcer leur protection et à consacrer davantage de fonds à la préparation.
À la suite des incendies de 2017, la Colombie-Britannique a ainsi mis en place son tout premier comité Intelli-feu et lancé un «programme solide», selon les mots de la chercheuse. Cette année, l’Alberta a, elle, prévu d’investir 151 millions de dollars sur trois ans, pour améliorer sa gestion du risque.
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Au Québec, la province la plus durement touchée en 2023, le gouvernement a alloué 29 millions de dollars supplémentaires sur cinq ans à la Société de protection des forêts contre le feu, pour embaucher plus de pompiers forestiers, mais aussi mieux éduquer et préparer la population.
Selon la chercheuse Joanna Eyquem, les villes de l’Ouest sont mieux préparées aux incendies de forêt, car elles ont subi plus de feux majeurs au cours des dernières décennies.
«Si Intelli-feu est plus implanté dans l’Ouest, ça s’en vient dans l’Est. On sait quoi faire. Le défi, c’est de passer à l’action», considère Joanna Eyquem.
Le CIFFC note, par courriel, que les provinces ayant connu récemment des mégafeux consacrent plus d’argent à Intelli-feu. L’organisme constate par ailleurs «une augmentation significative» des effectifs d’Intelli-feu dans l’ensemble du pays au cours des 18 derniers mois.
La Dr Anabela Bonada estime cependant qu’il reste beaucoup de «travail d’éducation» pour faire connaitre le programme et développer une vraie culture du risque.
«Tant qu’un incendie ne se produit pas à proximité, les gens pensent qu’ils ne sont pas en danger. C’est faux. Si l’on est proche d’une forêt, on est en danger, même s’il n’y a pas eu d’incendie depuis 50 ou 100 ans», insiste la spécialiste.
«On a besoin de plus d’investissements financiers et humains pour que la population voie l’intérêt d’adapter les habitations, d’utiliser des matériaux moins inflammables, car ça peut être couteux», renchérit Joanna Eyquem.
À ses yeux, le manque de coordination entre le fédéral, le provincial et les municipalités constitue un autre frein à une protection efficace des villes.
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