La course à la direction du Parti libéral du Canada (PLC) prendra fin le 9 mars. La personne élue à la tête de la formation politique deviendra le nouveau premier ou la première ministre du Canada.
Comme dans toute campagne électorale moderne, les réseaux sociaux sont incontournables et cette course à la chefferie ne fait pas exception.
Depuis le 12 janvier, l’ancien gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, a dépensé environ 130 700 $ de publicités sur l’ensemble des outils de Meta, ce qui inclut Facebook et Instagram.
Karina Gould siège toujours comme députée libérale à la Chambre des communes.
Entre le 10 novembre 2024 et le 7 février 2025, les dépenses publicitaires auprès de Meta de sa principale concurrente, l’ancienne ministre des Finances Chrystia Freeland, affichaient 0 $. Elles atteignent désormais 2 700 $, selon de nouvelles données allant jusqu’au 11 février.
La députée libérale Karina Gould, ancienne leadeure du gouvernement à la Chambre des communes, a pour sa part dépensé 1 800 $ pour de la publicité chez Meta dans les trois derniers mois.
La candidate Ruby Dhalla, qui a été députée libérale de 2004 à 2011, en est à 9 300 $ de publicité achetée auprès de la société depuis le 12 janvier.
Le candidat Frank Baylis, qui a été député libéral de 2015 et 2019, est le seul candidat de la course à ne pas avoir acheté d’espace publicitaire sur les plateformes de la multinationale américaine dans les trois derniers mois.
«Nous ne boycottons pas Meta», indique-t-il dans une réponse par courriel. La publicité sur ces plateformes ne fait «simplement pas partie de notre stratégie de communications».
Toutes ces données sont toutes disponibles sur le site web de Meta.
L’achat de publicités sur les plateformes de Meta est devenu un sujet sensible depuis que le géant numérique a décidé de bloquer les médias au Canada sur Facebook et Instagram, et ce, en riposte à la Loi sur les nouvelles en ligne qui l’oblige à compenser les médias canadiens pour le partage de leurs contenus.
Le gouvernement fédéral avait alors décidé, en juillet 2023, d’arrêter d’acheter de la publicité à Meta. Il a fait volteface le 23 janvier dernier, quand il a recommencé à en acheter pour des campagnes publicitaires.
Mais ce boycottage de Meta ne s’était jamais étendu aux élus ni à leurs partis. À l’exception du Bloc québécois et de son chef, tous les partis politiques fédéraux principaux (PLC, Parti conservateur du Canada et Nouveau Parti démocratique) ainsi que leurs chefs ont continué à acheter de la publicité.
Le virage à 180 degrés de la part d’Ottawa quant à l’achat de publicité chez Meta a d’ailleurs provoqué une indignation de la part des plus petits médias, qui y voient une contradiction étant donné les efforts actuels du gouvernement à encourager la population canadienne à acheter local, dans le cadre des menaces tarifaires des États-Unis.
Ces médias estiment que le gouvernement pourrait placer de la publicité dans les journaux canadiens plutôt que dans les plateformes d’une entreprise américaine.
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Dans une réponse par courriel, la porte-parole de la campagne de Mark Carney, Emily Williams, écrit que celui-ci «se tient aux côtés des travailleurs canadiens face aux tarifs imposés par Donald Trump». «Il croit que le Canada doit demeurer fort, stratégique et uni dans la défense de ses intérêts économiques.»
La candidate Ruby Dhalla s’engage à revoir le boycottage d’achat de publicités à Meta par Ottawa et la Loi sur les nouvelles en ligne.
Francopresse n’a pas obtenu de réponses plus précises sur son raisonnement derrière l’achat de publicité à Meta.
«Il y a de nombreux Canadiens sur ces plateformes, et je cherche à rejoindre et à établir un dialogue avec le plus grand nombre d’entre eux dans le temps limité de cette campagne électorale», déclare de son côté Ruby Dhalla par courriel.
«Il est essentiel d’être à l’écoute de leurs préoccupations et des problèmes qui les affectent, et la plateforme de Meta est un des outils à notre disposition pour y parvenir.»
«Malheureusement, Meta fait partie des rares plateformes comptant un grand nombre d’utilisateurs canadiens, ajoute-t-elle. C’est pourquoi, en tant que première ministre, je m’engage à revoir la décision actuelle du gouvernement afin de m’assurer que les besoins de nos citoyens et de nos médias sont pris en compte.»
La «décision actuelle» à laquelle fait référence la politicienne est celle prise par Ottawa, en janvier dernier, de mettre fin au boycottage d’achat de publicité sur les plateformes de Meta.
Sans préciser si elle recommencerait le boycottage ou non, Ruby Dhalla s’engage à travailler «avec Meta afin de négocier une entente juste et équitable pour toutes les parties, en particulier pour l’industrie des médias canadiens».
Mark Carney et Frank Baylis n’ont pas accepté de commenter cette décision d’Ottawa ni de révéler leurs intentions de la maintenir ou non s’ils devenaient premier ministre.
Les équipes de Chrystia Freeland et de Karina Gould n’ont pas fourni de réponses aux questions de Francopresse avant la publication de ce texte.
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Questionnée sur la position de Mark Carney sur la Loi sur les nouvelles en ligne, Emily Williams écrit simplement que «le travail de la ministre [Pascale] St-Onge pour protéger les médias canadiens est important – l’accès aux nouvelles fiables est fondamental pour la santé de notre démocratie».
Si Frank Baylis n’achète pas d’espace publicitaire sur les plateformes de Meta, ce n’est pas pour en faire un boycottage, nuance-t-il.
De son côté, Frank Baylis indique par courriel qu’il «travaille sur une position avec la section 23 de cette loi, qui met à l’abri les plateformes qui partagent du contenu sans compenser les détenteurs des droits».
«Sa position aura comme objectif de bâtir une économie digitale qui est juste pour tout le monde», écrit-il. N’étant pas en mesure d’en dire plus pour le moment, il ajoute vouloir «assurer une compensation juste pour les créateurs de contenu».
Dans son courriel, Ruby Dhalla s’engage à réviser la Loi sur les nouvelles en ligne afin que celle-ci réponde «véritablement aux intérêts de ceux qu’elle concerne le plus et qu’elle réponde aux besoins actuels de nos citoyens et de nos médias».
Le chef conservateur Pierre Poilievre a affirmé que pour renforcer la sécurité de l’Arctique canadien, il piocherait dans le budget canadien consacré à l’aide étrangère.
Lundi, le chef du Parti conservateur du Canada (PCC), Pierre Poilievre, a dévoilé son plan de défense du Grand Nord. Il a affirmé que s’il devient premier ministre, il établira une base militaire permanente à Iqaluit, au Nunavut, afin de garantir la sécurité de l’Arctique canadien.
L’enjeu : Pierre Poilievre souhaite notamment acquérir deux nouveaux brise-glaces et doubler les effectifs des Rangers canadiens pour les porter à 4000.
Cette base devrait être construite dans les deux ans suivant les élections fédérales. Elle serait entièrement financée par le budget de l’aide étrangère, a-t-il assuré en conférence de presse, à Iqaluit.
Le premier ministre du Nunavut, P.J. Akeeagog, a prévenu Pierre Poilievre qu’il devrait travailler avant tout avec les habitants du Nunavut.
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Le président américain Donald Trump a signé lundi des décrets imposant des tarifs douaniers de 25 % sur l’acier et l’aluminium importés aux États-Unis. Ils entreront en vigueur le 12 mars.
Donald Trump accuse les pays exportateurs de tirer «profit de nous depuis des années et des années», a-t-il lancé en conférence de presse.
L’enjeu : Le Canada, principal fournisseur d’aluminium, est directement concerné par cette annonce. Une exemption est envisagée pour l’Australie.
Donald Trump affirme que ces tarifs douaniers visent à rapatrier la production dans son pays et renforcer la sécurité économique des États-Unis.
Il prévoit aussi des tarifs douaniers réciproques sur les importations. Face aux risques de représailles commerciales, le président américain affirme rester indifférent.
Face aux allusions répétées que le Canada devrait devenir le 51e état, Justin Trudeau a affirmé en point presse à Bruxelles cette semaine, lors de sa rencontre avec le secrétaire général de l’OTAN, qu’il «n’y aura jamais de 51e État au Canada, ça ne se passera pas».
Il a toutefois affirmé qu’il fallait «prendre au sérieux» les propos de Donald Trump.
Une délégation du Conseil de la fédération a rencontré mercredi de hauts responsables de l’administration américaine à la Maison-Blanche. Onze premiers ministres canadiens ont discuté des tarifs douaniers, de la sécurité frontalière et du fentanyl avec deux conseillers proches de Donald Trump.
Tous les premiers ministres étaient présents, sauf de Tim Houston (Nouvelle-Écosse) et de Dennis King (Île-du-Prince-Édouard), qui ont quitté Washington plus tôt que prévu en raison de l’arrivée d’une importante tempête hivernale dans les Maritimes.
Les positions : Les conseillers du président ont insisté sur la nécessité pour le Canada de lutter plus fermement contre le trafic de fentanyl et de respecter les exigences commerciales des États-Unis. De leur côté, les représentants canadiens ont réaffirmé que leur pays ne deviendrait jamais un 51e État américain, ont détaillé les premiers ministres à la sortie de la rencontre.
La rencontre a été obtenue à la dernière minute. Une nouvelle visite à Washington pourrait avoir lieu lorsque le candidat du président pour le poste de secrétaire au Commerce aura été approuvé par le congrès américain.
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Onze premiers ministres canadiens sont allés à Washington mercredi représenter les intérêts canadiens face aux menaces tarifaires de Donald Trump.
Cette semaine, Chrystia Freeland s’est engagée à baisser l’impôt sur le revenu si elle est élue à la tête du Parti libéral du Canada.
Chrystia Freeland promet une baisse de l’impôt sur le revenu pour 11 millions de Canadiens et Canadiennes si elle devient cheffe du Parti libéral du Canada.
En chiffre : Cette mesure réduirait le taux de 20,5 % à 19 % pour les revenus entre 55 000 $ et 111 000 $ et représenterait une économie moyenne de 550 $ par personne. En revanche, cela priverait Ottawa de plus de 6 milliards de dollars par an.
La candidate n’a pas précisé comment elle financerait cette promesse. Elle et ses rivaux, Mark Carney et Karina Gould, s’engagent aussi à annuler l’augmentation du taux d’inclusion sur le gain en capital.
Le Canada a signé une convention internationale établissant un cadre juridique commun pour l’intelligence artificielle (IA) et protéger les droits humains, la démocratie et l’état de droit. C’était mardi, lors d’une cérémonie de signature organisée en marge du Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle à Paris.
L’enjeu : Cette convention vise à renforcer la coopération mondiale tout en atténuant les risques liés à l’IA. En signant ce document, le Canada rejoint l’Union européenne, l’Andorre, la Géorgie, l’Islande, Israël, le Japon, la Norvège, la Moldova, le Monténégro, Saint-Marin, le Royaume-Uni et les États-Unis.
Le Canada, pays président du G7 en 2025, a assuré qu’il continuera de défendre le respect des droits, de la loi et de l’inclusivité. Le gouvernement a précisé avoir consulté les provinces, territoires et partenaires avant la signature.
Le 15 février, le drapeau canadien fêtera ses 60 ans. Pour marquer cette journée, le sénateur ontarien Andrew Cardozo a publié un rapport qui collige les points de vue de sénateurs sur le drapeau.
Ce qu’ils ont dit : Les sénateurs ont reconnu que le drapeau représentait les valeurs canadiennes, notamment la paix, l’inclusion et le service public.
Plusieurs sénateurs, comme Lucie Moncion ou Marc Gold, ont fait valoir, selon le document, que «si le drapeau unit de nombreux Canadiens, les discussions ont également reconnu la nécessité de poursuivre la réflexion sur l’histoire nationale et la réconciliation».
Pour l’occasion, une exposition visuelle est en cours au Sénat du Canada, à Ottawa.
«Je t’aime», «I love you», «Te quiero» : à la période de la Saint-Valentin, les déclarations d’amour ont particulièrement la cote. Mais dans quelle langue? Francopresse a choisi d’aller à la rencontre de francophones d’un océan à l’autre pour discuter de leur rapport à la langue quand il s’agit de trouver l’amour… et de le garder.
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Jaëlle a vécu plusieurs années en Ontario. Si cela ne la dérange pas de parler anglais à la maison, cette célibataire apprécie tout de même «un certain niveau de compréhension ou même d’effort», notamment pour que son partenaire puisse interagir avec sa famille.
Souhaël Bouallagui et sa femme, Danielle, avec leur fils, Elliot.
Justine, elle, est aujourd’hui en couple avec un anglophone. «Je ne cherchais pas nécessairement quelqu’un de francophone», avoue la résidente de l’Île-du-Prince-Édouard. La personnalité de son partenaire comptait plus que le fait français pour la jeune femme.
Elle précise toutefois que «c’est important qu’il s’intéresse au moins à ma culture, […] de la même manière que moi ça m’intéresse d’entendre les choses avec lesquelles il a grandi. […] C’est agréable quand il essaye des fois de regarder des films en français, ou des choses comme ça.»
Pour Souhaël Bouallagui, en Nouvelle-Écosse, le fait que sa conjointe parle un idiome différent du sien constitue un véritable «attrait». Il a rencontré sa femme – une anglophone native de la province – en République tchèque, précisément lors d’un cours de français qu’il enseignait. Depuis, elle maitrise la langue de Molière. «C’est vraiment beau qu’elle parle français pour moi», sourit le quadragénaire.
Il tient néanmoins à ce que leur enfant apprenne le français.
C’était pas si important dans notre relation amoureuse, mais dans notre relation de famille, je trouve que c’est vraiment un ajout que, tous les deux, on soit bilingues et qu’on parle français et anglais pour que notre fils puisse grandir dans les deux langues.
Toutefois, il admet que son rapport à la langue a changé depuis qu’il vit en contexte minoritaire. «L’aspect culturel de la langue est devenu plus important, parce qu’avant, c’était vraiment presque uniquement un outil de communication.»
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En Colombie-Britannique, Donatien aimerait bien trouver la perle rare avec qui il pourrait entretenir une relation amoureuse en français. Mais, selon son expérience, il faut «fouiller» et investir beaucoup de temps sur les groupes de francophones en ligne, notamment sur Facebook. Difficile quand on a un emploi à temps plein, signale-t-il.
Dans une relation exogame, «souvent, l’anglais va avoir tendance à prendre le dessus. Ça dépend vraiment de la réaction de la personne, de la résilience qu’elle a», commente Philippe Rivière.
Et si, en plus, la personne en quête de l’amour en français cherche un ou une partenaire du même sexe, les choses se compliquent encore davantage.
«Être gay et francophone en Ontario, […] c’est rough. Et trouver un chum francophone en Ontario, c’est encore plus rough», lâche de son côté Philippe Rivière dans une de ses vidéos sur YouTube.
Basé à Ottawa, ce vidéaste de 23 ans est aujourd’hui en couple avec un anglophone bilingue, qui a appris le français en immersion, mais aussi dans leur couple. «J’ai été la source de beaucoup d’apprentissages pour lui en termes de francophonie», confie-t-il en entrevue avec Francopresse. «Maintenant, il va même citer les Têtes à claques!»
C’est pas mal indispensable que la personne avec qui je partage ma vie parle le français. Langue maternelle ou non, ça me dérange pas, ça fait pas de différence, tant qu’on peut communiquer dans la langue […] Je veux que ce soit égal, une relation donnant-donnant.
Car maintenir le français au sein d’un couple exogame demeure un effort de chaque instant, insiste-t-il. «Ça me tente pas de m’assimiler. Donc des fois, ça va être nécessaire de mettre ton pied à terre et dire : “Ok, c’est le temps qu’on laisse le français shiner un petit peu.”»
Le franco-ontarien Didier Pilon va encore plus loin. Pour ce père célibataire de 39 ans, le français n’est pas une option, c’est «primordial» : «Il n’est pas question d’introduire l’anglais à la maison.»
«Le seul repaire pour le français, c’est la maison. Si on abandonne ce dernier lieu sacré, il ne reste plus rien. Le français, ça devient une ligne sur ton résumé plutôt qu’une identité», alerte Didier Pilon.
«Cela complique grandement les rencontres, car il est difficile de trouver une partenaire francophone qui partage cette vision dans un milieu où l’anglais est omniprésent.»
Le Nord-Est de l’Ontario, où il réside, est la région de la province qui compte le taux le plus élevé de familles exogames, soit 85 %. Des chiffres inquiétants pour le francophone, qui espère que la transmission de la langue française aux prochaines générations ne se perdra pas.
«Je rencontre plusieurs personnes qui ont fait leurs études en français et qui maintenant, adultes, ne parlent plus un seul mot de français, déplore-t-il. Et 99 % du temps, c’est qu’il y avait un parent anglophone et un parent francophone. Donc ils parlaient anglais à la maison.»
Même son de cloche du côté d’Anick, dans le sud de l’Ontario : «Je me démène pour trouver des services francophones dans la communauté et créer des opportunités de jeux pour mon enfant en français. Je ne peux envisager d’inclure de l’anglais dans notre quotidien.»
Pour l’Acadienne Maryse aussi, avoir un conjoint francophone est essentiel : «Parce que le français fait partie de mes tripes, de mon identité.»
«Il y en a qui diraient, dans un souper de famille où tout le monde parle en anglais : “C’est juste une langue.” Mais nous, on a failli la perdre, puis on n’est pas sorti du bois encore», commente celle qui vit en Nouvelle-Écosse, aux côtés de Robert, lui aussi francophone.
Avoir un partenaire francophone, ça devient presque un acte de militantisme, parce que chaque couple exogame contribue, malgré lui, à l’effritement du français.
À ses yeux, on ne parle pas assez d’amour quand on évoque le déclin de la langue.
«On va parler des infrastructures, de l’anglais à l’école, des services de santé… Mais plus que n’importe quelle décision du gouvernement, c’est chaque individu qui a le pouvoir de transmettre le français en trouvant un partenaire francophone. C’est un pouvoir qu’on n’utilise pas, qu’on a abandonné», s’attriste-t-il.
Même s’il participe activement aux évènements francophones, Didier Pilon admet que cela reste une «petite communauté» autour de lui. «On se connait déjà tous et puis on a déjà passé le stage “est-ce qu’il y a des possibilités”.»
Sur l’Île-du-Prince-Édouard, c’est déjà compliqué de rencontrer quelqu’un. Alors, si j’avais coché francophone, je pense que j’aurais effectivement eu plus de mal.
«J’ai lancé l’appel à des cafés-jasette mensuels. Il y a toujours très peu de réponses à ce genre de truc malheureusement», déplore Anick en Ontario.
Quant aux applications de rencontres, même si certaines personnes s’identifient comme francophones, elles sont parfois incapables d’écrire en français, regrette Didier Pilon. «J’imagine qu’une fois qu’on va se rencontrer, on va se parler en français. Et puis là, on se rencontre, et puis même chose, elles répondent en anglais.»
Anick a déjà vécu des situations semblables.
Lorsque j’affiche un profil en français indiquant clairement que je veux rencontrer d’autres francophones, je ne reçois que des réponses en anglais. Alors, j’abandonne […] Je suis déjà passé par la situation où on me dit : “J’aime le français et je veux l’apprendre!”, mais cela ne s’est jamais réalisé.
Robert a lui aussi écumé les sites de rencontres avant d’être en couple avec Maryse, non sans difficultés. «Je trouvais ça extrêmement frustrant que, dans les filtres, il n’y avait aucune façon de faire une recherche pour trouver une personne francophone.»
«Je me suis même dit : “Crime, il y aurait peut-être quelqu’un qui devrait commencer une plateforme formelle ou informelle de rencontres francophones pour les célibataires”», s’exclame le quinquagénaire.
«Si tu peux filtrer les gens par intérêt ou par sexe, pourquoi tu peux pas filtrer par langue?, interroge Philippe Rivière. S’il y a des gens, des développeurs d’applications de rencontres qui lisent cet article[-ci], s’il vous plait, pensez-y!» À bon entendeur.
«C’est un pied de nez aux médias canadiens», déplore la représentante autorisée du Consortium des médias communautaires de langue officielle en situation minoritaire, Linda Lauzon.
En rappelant le contexte économique difficile auquel font face les médias locaux, en particulier ceux de langue officielle en situation minoritaire, elle estime que de recommencer l’achat de publicité auprès de Meta est un faux pas d’Ottawa.
«On est très déçus que le gouvernement ne soit pas plus sensible à la réalité de ces petits médias-là. Avec 100 000 $, un petit média de langue officielle fait des miracles. […] C’est décevant que le gouvernement ne soit pas plus solidaire de tous ces médias en ce moment qui ont souffert massivement du retrait de Facebook.»
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Ottawa a recommencé à acheter des espaces publicitaires sur Facebook et Instagram – les plateformes de Meta – le 23 janvier 2025, afin d’y faire la promotion de la suspension de la taxe sur les produits et services (TPS) mise en place le 14 décembre, confirme par courriel un porte-parole du Bureau du Conseil privé (BCP), Daniel Savoie. Cette campagne publicitaire aurait couté 100 000 $.
«Si on veut toucher les francophones, utiliser les médias francophones est la meilleure façon», estime Maryne Dumaine.
D’autres campagnes de commercialisation lancées par le fédéral sont en cours sur les plateformes de Meta, écrit Daniel Savoie, dont une sur le logement qui devrait couter jusqu’à 175 750 $ et une d’environ 3500 $ géociblée sur la ville de Québec pour le recrutement d’étudiants.
«Les ministères choisissent des plateformes de médias sociaux qui atteignent efficacement les Canadiens et les parties prenantes, en évaluant continuellement leurs résultats et en rajustant leurs stratégies selon les besoins, ajoute-t-il. Si les plateformes Meta concordent avec les paramètres de la campagne, les ministères peuvent décider d’y placer de la publicité.»
Il y a un an et demi, en juillet 2023, le gouvernement a cessé d’acheter des espaces publicitaires à la société après que celle-ci a bloqué les nouvelles canadiennes sur ses plateformes, en réaction à l’application de la Loi sur les nouvelles en ligne, qui lui demandait une contribution financière pour le partage des contenus d’entreprises médiatiques.
Selon la présidente de Réseau.Presse (qui fait partie du Consortium et est l’éditeur de Francopresse), Maryne Dumaine, Ottawa «contredit sa propre position» en achetant de la publicité à une société qui refuse de se soumettre à sa propre loi.
«Pour moi, c’est vraiment une grosse contradiction», dit-elle. Pire encore, ce virage à 180 degrés effectué par Ottawa à l’endroit de Meta «légitimise» la position actuelle du géant du numérique devant la Loi sur les nouvelles en ligne.
«Surtout, ça encourage un média social qui, pour moi, laisse passer la désinformation», ajoute la présidente.
«Faire de la publicité sur une plateforme de médias sociaux ne signifie pas que l’on approuve les actions ou les décisions de la plateforme, nuance Daniel Savoie du BCP. Notre démarche consiste à établir un équilibre prudent : lutter contre la désinformation tout en veillant à ce que les Canadiens reçoivent des informations exactes et essentielles directement du gouvernement.»
Maryne Dumaine estime que les médias locaux proposent déjà de fournir aux Canadiens de l’information exacte, essentielle et directe du gouvernement, en plus d’avoir la «confiance de nos citoyens et citoyennes de façon locale».
«C’est aussi une contradiction parce qu’en ce moment, le gouvernement nous encourage à consommer local, mais il met ses publicités dans un géant du Web [basé aux États-Unis, NDLR] au lieu de choisir de rejoindre les Canadiens et les Canadiennes par leurs médias locaux», dénonce Maryne Dumaine.
Celle-ci fait référence à la réponse canadienne aux menaces économiques du président américain Donald Trump, où Ottawa encourage les Canadiens à consommer local.
Selon la présidente, le choix du gouvernement «fragilise nos médias locaux, surtout les médias locaux francophones en situation minoritaire qui sont déjà très fragilisés et qui auraient dû être priorisés dans ces investissements en publicité».
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Le Consortium demande au gouvernement fédéral de revoir la distribution des enveloppes pour la publicité. Selon Linda Lauzon, placer de la publicité dans les journaux locaux permet de contribuer à l’information locale, de rejoindre le public directement et d’éviter la publicité «stérile».
«La vitalité des communautés de langue officielle en situation minoritaire dépend notamment de leur accès à des médias communautaires de qualité», écrit Raymond Théberge.
«Souvent, ces médias-là vont prendre la nouvelle, par exemple la publicité pour un nouveau programme, et ils vont faire une couverture journalistique pour mieux informer les gens sur ce qui est disponible pour ce programme-là aux gens de la région, de la localité donnée», donne-t-elle comme exemple.
Dans le cas des médias de langue officielle en situation minoritaire, c’est une façon pour le fédéral de respecter ses obligations en vertu de la Loi sur les langues officielles (LLO) modernisée, ajoute Linda Lauzon.
La Partie VII de cette Loi oblige les institutions fédérales à mettre en œuvre des «mesures positives», comme «appuyer la création et la diffusion d’information en français qui contribue à l’avancement des savoirs scientifiques dans toute discipline».
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Le dossier n’est pas nouveau : entre 1998 et 2001, au Commissariat aux langues officielles (CLO), 810 plaintes recevables mettaient en cause des publicités qui n’avaient pas été placées dans les journaux francophones en situation minoritaire, selon une étude.
En 2017, le CLO a produit un rapport d’enquête en réponse à des plaintes concernant la diminution de l’achat publicitaire du gouvernement du Canada dans les médias traditionnels des CLOSM au profit d’Internet.
Le CLO expliquait alors qu’un virage Internet avait lieu, ce qui réduisait la part de l’assiette publicitaire des médias communautaires, mais que les exigences de la LLO demeuraient nonobstant.
Sans se prononcer sur la décision d’Ottawa de recommencer d’acheter de la publicité chez Meta, le Commissaire aux langues officielles Raymond Théberge écrit par courriel qu’il est important que les besoins des médias communautaires soient pris en compte.
«Pour assurer la vitalité d’une communauté, il faut que la langue de la minorité linguistique y soit visible, entendue et accessible, écrit-il. Or, les médias communautaires sont précisément des outils de communication qui font en sorte que cette langue soit visible, entendue et accessible.»
Revenons en 1982, alors que le libéral Pierre Elliott Trudeau est premier ministre du Canada. Il décide cette année-là de mettre sur pied une commission royale d’enquête dont le mandat est de se pencher sur les défis économiques qui attendent le Canada à l’aube du XXIe siècle.
Nait ainsi la Commission royale d’enquête sur l’union économique et les perspectives de développement du Canada.
Aussi connue sous le nom de Commission Macdonald, du nom de son président Donald S. Macdonald, celle-ci remet son rapport en 1985 au nouveau gouvernement conservateur de Brian Mulroney. Ce dernier en accepte les recommandations, dont la plus controversée : négocier un accord de libre-échange avec les États-Unis. Un tel accord assurera la prospérité du Canada, dit le rapport.
La négociation est cependant difficile. Les États-Unis sont en position de force. Leur économie produit dix fois plus de biens et de services que la nôtre.
Ils sont aussi moins dépendants du commerce extérieur que le Canada. Notre marché domestique est trop petit pour absorber tous les biens et services que nous produisons. Les États-Unis peuvent se passer d’un partenaire économique plus facilement que nous. L’abolition des tarifs douaniers ferait nécessairement des gagnants et des perdants.
Plus les négociations avancent, plus l’absence de consensus clair sur la question au Canada devient évidente.
Cet accord pourra-t-il véritablement accroitre la richesse de notre pays, comme le soutient la commission? Qui en profitera? Qui en subira les conséquences négatives? À combien se chiffreront les pertes d’emploi? Les fermetures d’entreprises? Le gouvernement fournira-t-il une aide? Ces questions, et bien d’autres, sont soulevées.
Le sujet est à ce point contentieux que Brian Mulroney décide de déclencher des élections générales en 1988 sur ce thème. Voter conservateur, c’est voter pour le libre-échange.
Les conservateurs sont réélus et un accord de libre-échange avec les États-Unis est mis en œuvre dès 1989. Le Mexique se joindra à cet accord en 1994, ce qui créera l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA).
Le traité sera renégocié à la demande des États-Unis en 2018, sans grandes modifications, pour devenir l’Accord Canada-État-Unis-Mexique (ACEUM).
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L’ALÉNA a mené à de profondes transformations économiques. Certaines industries ont presque complètement disparu du paysage canadien, comme l’industrie du textile. D’autres ont dû revoir de fond en comble leurs modèles d’affaires, comme le secteur de l’automobile.
Sommes-nous aujourd’hui plus prospères grâce à l’ALÉNA? Il est difficile de répondre à cette question, car on ne peut pas savoir ce qui se serait passé si cet accord n’avait pas été conclu.
Par contre, le Canada n’est pas moins prospère aujourd’hui qu’il ne l’était avant la mise en œuvre de cet accord. Nous nous sommes très certainement enrichis collectivement.
Cependant, est-ce que cet enrichissement a profité à tous les Canadiens et Canadiennes? Comme ailleurs sur la planète, on constate que les inégalités se creusent. Est-ce que ces inégalités sont le résultat du mouvement de libéralisation du commerce mondial que nous observons depuis environ 30 ans?
Ce n’est pas impossible, car les accords de libre-échange mettent l’accent sur la réduction du cout des produits achetés par les consommateurs et non sur la création d’emplois bien rémunérés. Ce pourrait bien être l’une des explications de la montée des inégalités.
Plusieurs personnes ont perdu de bons emplois. Par exemple, le nombre de personnes salariées travaillant dans la fabrication de véhicules et de pièces automobiles a chuté de 25 % entre 2001 et 2024 au Canada, selon les données compilées par Statistique Canada.
Oui, la rémunération dans ce secteur manufacturier a augmenté plus rapidement que l’inflation, mais cette hausse profite à moins de gens.
Il ne faut donc pas se surprendre si certaines personnes ne voient pas la mondialisation d’un bon œil.
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On constate que le débat actuel provoqué par la politique commerciale du nouveau président américain Trump ressemble beaucoup à celui qui avait cours dans les années 1980 : faut-il renforcer ou non nos échanges avec les États-Unis?
Tout comme l’élection fédérale canadienne de 1988, celle de 2025 portera sans aucun doute sur un seul sujet, soit l’avenir de notre politique commerciale internationale.
Déjà, on entend plusieurs politiciens et politiciennes proposer différentes initiatives : diversifier nos marchés, relancer d’anciens projets de gazoducs, augmenter nos dépenses d’infrastructures, notamment dans le secteur de la défense, renforcer le commerce interprovincial, changer le processus d’appel d’offres pour les contrats publics, etc.
Il y a actuellement un sentiment d’urgence justifié. Il faut dire que la menace est réelle et immédiate.
Par contre, faut-il décider dans la hâte? La question est légitime, car si on veut vraiment réduire notre dépendance au marché américain, nous devrons prendre d’importantes décisions qui auront des conséquences pour les décennies à venir.
En 1982, le gouvernement avait jugé opportun de constituer une commission royale d’enquête. Pourquoi ne pas refaire le même exercice 40 ans plus tard? D’autant plus que le monde dans lequel nous vivons a bien changé.
Dans les années 1980, l’Internet n’existait pas et la question des changements climatiques commençait à peine à être abordée. On s’inquiétait alors des pluies acides et de la couche d’ozone, et non du réchauffement du climat.
Une Commission royale d’enquête sur l’avenir économique du Canada permettrait donc à l’ensemble du pays de réfléchir à ces questions et de discuter de pistes de solution.
Elle permettrait aussi d’analyser les effets de l’ALÉNA, ce que nous avons oublié de faire. A-t-on obtenu ce que nous espérions? Le libre-échange profite-t-il à tous? Est-il encore pertinent dans un contexte de crise climatique? De tensions militaires? Et ainsi de suite.
Il reste à voir quel premier ministre serait tenté de lancer un tel exercice de réflexion. Car ce ne sera pas de tout repos. Encore une fois, il y aura des gagnants et des perdants. Sommes-nous prêts à mener un tel exercice?
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Geneviève Tellier est professeure à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa. Ses recherches portent sur les politiques budgétaires des gouvernements canadiens. Elle commente régulièrement l’actualité politique et les enjeux liés à la francophonie dans les médias de tout le pays.
Parmi les immigrants francophones en situation minoritaire qui avaient besoin d’aide à l’intégration, 24 % l’ont obtenue en anglais seulement, selon l’Enquête sur la population de langue officielle en situation minoritaire de 2022 de Statistique Canada.
Nicole Arseneau-Sluyter remarque une disparité régionale dans la disponibilité de services en français, incluant les services en immigration.
Quand la personne à la tête d’une famille immigrante francophone est accueillie seulement en anglais, «c’est une famille qu’on vient de perdre, c’est aussi simple que ça», laisse tomber la présidente de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB), Nicole Arseneau-Sluyter.
Selon elle, quand un immigrant francophone est uniquement servi par un fournisseur anglophone, ses chances de s’intégrer à la communauté francophone de sa région s’affaiblissent.
«Si la famille ou la personne immigrante est bien informée au départ qu’il existe des services [en français]», elle va en bénéficier avant et après son arrivée, appuie le directeur général adjoint de la Fédération acadienne de la Nouvelle-Écosse (FANE), Emmanuel Nahimana.
Pour des raisons méthodologiques, Statistique Canada n’est pas en mesure d’analyser les raisons derrière ce défaut de service pour un immigrant sur quatre. Mais des organismes francophones d’un peu partout au pays ont leurs hypothèses.
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Services en français inégaux
En Nouvelle-Écosse, explique Emmanuel Nahimana, les nouveaux arrivants francophones n’ont pas accès aux mêmes services de garde que les anglophones, par exemple. Ces services permettent aux parents de faire garder leurs enfants pendant qu’ils bénéficient de services d’établissement, tels que des formations linguistiques.
«Même dans une province officiellement bilingue comme le Nouveau-Brunswick, il y a des défis», se désole Nicole Arseneau-Sluyter. Celle-ci explique que l’offre dépend beaucoup des régions.
«Je n’ai jamais entendu qu’on va à Caraquet et qu’on ne reçoit pas nos services en français. […] Chez nous à Saint-Jean, oui», précise-t-elle. Non seulement les services sont insuffisants, mais la majorité anglophone est tellement forte que «lorsque les immigrants francophones ou allophones arrivent, on les dirige vers l’anglais», témoigne la responsable.
Parce qu’il faut comprendre que si tu veux travailler à Saint-Jean, tu parles l’anglais. Sauf si tu travailles en service de garde ou dans une école francophone.
«Les services en français font la promotion de la francophonie, par exemple, en disant que d’inscrire son enfant à l’école francophone ne l’empêchera pas d’apprendre l’anglais», explique Emmanuel Nahimana.
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En Ontario, à North Bay, à Temiskaming Shores et à Sault-Ste-Marie, par exemple, «il y a seulement des services d’établissement anglophones», recense le coordonnateur du Réseau de soutien à l’immigration francophone du Nord de l’Ontario, Thomas Mercier. «Autre exemple : en Ontario, les services en français pour réfugiés se trouvent uniquement à Cornwall.»
La grandeur du territoire n’aide pas, ajoute-t-il. «On a un service d’établissement à Thunder Bay qui couvre le district de Kenora, Thunder Bay et de Rainy River», soit presque tout le nord-ouest de la province.
Selon Laurent Monty Etoughé, l’accès aux services en français au Nunavut est en général difficile, surtout quand on sort d’Iqaluit.
Pistes de solutions
Au Nunavut, l’accès aux services en français est généralement difficile, surtout quand on sort de la capitale, Iqaluit, constate Laurent Monty Etoughé, gestionnaire des politiques publiques, des relations intergouvernementales et du développement à l’Association des francophones du Nunavut (AFN).
C’est pour cette raison que l’AFN réfléchit à la création de guichets uniques de services en français. «L’idée, c’est de se dire qu’on a un endroit précis. Si par exemple, vous arrivez nouvellement au Nunavut, vous pouvez vous adresser à ce guichet-là pour savoir quelles sont les démarches que vous devez entreprendre.»
La directrice du développement économique de l’Association franco-yukonnaise, Édith Bélanger, avance une autre solution : «De nos jours, même dans une communauté qui n’a pas l’organisme qui offre les services, on est [parfois] capable d’offrir les services d’établissement en ligne.»
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Édith Bélanger est déçue d’apprendre qu’autant d’immigrants francophones reçoivent des services en anglais seulement : «On travaille fort à faire connaitre nos services à travers le Canada.»
De l’information, mais pas pour tous
Les futurs résidents permanents reçoivent trois lettres de la part du ministère Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), dans lesquelles sont mentionnés l’éligibilité aux services pré-départ, dont le programme Connexions Francophones. «Les liens sont inclus pour les amener vers la page d’inscription», écrit un porte-parole d’IRCC, Rémi Larivière.
Connexions Francophones redirige ensuite les futurs immigrants vers les services d’établissement francophones.
«En 2023-2024, l’utilisation des services d’établissement et de réinstallation francophones a continué d’augmenter, 64 % des nouveaux arrivants francophones [ont eu] accès à au moins un service offert par un fournisseur de services francophone, comparativement à 51 % en 2019-2020», lit-on dans un rapport d’IRCC.
Mais d’autres, tels que les réfugiés, ne sont jamais informés de cette façon. Ça peut aussi être le cas des nouveaux arrivants qui sont d’abord passés par le Québec, indique Thomas Mercier.
«Le Yukon, pour plusieurs, est une deuxième ou troisième destination», explique Édith Bélanger. Elle voit plusieurs immigrants transiter par d’autres provinces, dont le Québec, avant d’atterrir au Yukon. Le cas échéant, aucun message de promotion des services en français n’est envoyé.
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La statistique de 24 % ne surprend «pas du tout» Ronald Labrecque. «Même que je suis surpris que ce ne soit pas plus haut que ça.»
Une obligation bafouée par des fournisseurs anglophones
En Saskatchewan, l’accueil des réfugiés et les services de réinstallation sont offerts uniquement dans des points de chute anglophones à Regina, à Saskatoon, à Prince Albert et à Moose Jaw.
«Ils peuvent les référer à nous, dit le directeur général de l’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF), Ronald Labrecque. Mais s’ils ne le font pas, on ne les reçoit jamais.» Du côté des résidents permanents, poursuit-il, «s’ils n’ont pas eu un contact à travers nos services de pré-départ, très peu se font référer à nous».
Les fournisseurs anglophones de services d’établissement et d’aide à la réinstallation sont pourtant obligés de diriger les nouveaux arrivants francophones vers les fournisseurs francophones, et vice-versa. C’est inscrit dans les ententes signées avec IRCC, confirme par courriel le porte-parole Rémi Larivière.
Les fournisseurs anglophones de services d’établissement et d’aide à la réinstallation doivent :
«Ayant parlé à plusieurs personnes qui sont arrivées comme résidents permanents qui étaient francophones, mais qui pouvaient aussi se débrouiller en anglais, c’est ça qu’ils disent : “Personne ne m’a demandé si je voulais un service en français, ils ont vu que j’étais capable de communiquer en anglais, alors ils ont fait tout en anglais”» rapporte Ronald Labrecque.
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«On est en train de se battre pour avoir des services d’établissement dans l’ensemble des régions», raconte Thomas Mercier.
«Si j’avais su»
Que ce soit pour parler d’écoles, de services en santé, de spectacles ou d’occasions d’emploi en français; les fournisseurs francophones restent mieux placés, selon Thomas Mercier. «Une agence anglophone ne connait pas nécessairement la minorité francophone.»
«Le mandat des anglophones, ce n’est pas de promouvoir le français, c’est d’informer. Il y a une différence», confirme Emmanuel Nahimana. Ce qu’il entend le plus de celles et ceux qui ne sont pas passés par des services francophones, c’est : «Si j’avais su.»
C’est aussi ce qu’entend «très régulièrement» Ronald Labrecque, qui a souvent écouté des immigrants se plaindre d’avoir appris qu’ils pouvaient envoyer leurs enfants à l’école en français des mois après leur arrivée.
L’ACF a même déjà entendu des immigrants anglophones parler de poursuivre en justice le gouvernement tellement ils étaient «découragés» et «outrés», confie-t-il, car ils estimaient que le gouvernement les menait droit vers l’échec en les informant mal sur les possibilités d’être bilingues.
Ceux qui ont des enfants comprennent trop tard que de ne pas parler français enlève des possibilités à leurs enfants, comme de travailler au gouvernement ou d’aller en politique.
À la connaissance de M. Labrecque, ces intentions de poursuites ne se sont jamais concrétisées.
«En observant ces glaciers et la rapidité avec laquelle ils fondent, on doit adapter certains de nos sites de surveillance à long terme, ainsi que notre façon de travailler pour continuer à collecter des informations», constate le chercheur en sciences physiques à Ressources naturelles Canada, Mark Ednie.
Mark Ednie remarque une fonte accélérée des glaciers canadiens. Selon ses recherches, l’année 2023 a été particulièrement catastrophique.
Celui qui étudie les glaciers de l’Ouest canadien depuis des années songe désormais à abandonner des sites de recherche, en raison de la fonte accélérée des glaces.
«Je prévois que dans les quelques prochaines années, on ne sera plus capable de monter sur Peyto, craint-il en faisant référence au glacier albertain. Ça va devenir de l’escalade, parce qu’une grande paroi rocheuse commence à s’exposer.»
Si des sites de recherche ont déjà été abandonnés pour des raisons de budget ou de personnel, c’est la première fois que le chercheur dit devoir le faire parce que c’est devenu trop dangereux.
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L’équipe de Mark Ednie a perdu sa route traditionnelle sur le glacier Peyto. «On l’utilisait depuis 2011, précise-t-il. Ça nous prend désormais environ une heure de plus pour s’y rendre. On doit traverser un cours d’eau qui nous monte aux cuisses et monter des sections de glace assez raides.»
Manuel Bringué et son collègue Steve Grasby font de l’échantillonnage de strates sédimentaires.
Le glaciologue envisage aussi de faire une croix sur le glacier Helm, en Colombie-Britannique, que le gouvernement canadien surveille depuis les années 1960. La raison : la fonte a laissé paraitre un nunatak [une montagne s’élevant au-dessus de la glace, NDRL] en plein milieu du glacier vers 2020. En 2024, il le tranchait quasiment en deux.
«Quand tu coupes un glacier en deux, ou que tu en enlèves un morceau, ça devient de la glace morte, explique Mark Ednie. Ça ne bouge plus, ça devient moins représentatif des glaciers.»
Shawn Marshall, professeur de glaciologie à l’Université de Calgary et conseiller scientifique au ministère fédéral de l’Environnement, étudie les glaciers depuis plus de 25 ans. Il confirme que, sur certains sites, il était plus facile d’effectuer son travail auparavant.
«Il y a des parties du glacier Haig sur lesquelles on ne voyage plus, rapporte-t-il. Je me suis [aussi] beaucoup déplacé sur les glaciers French et Robertson [en Alberta]. Quand j’ai commencé, ils étaient connectés. Mais ils se sont amincis au point où il faut maintenant traverser un col rocheux. Avant, c’était de la glace, tu pouvais skier directement dessus.»
«Le brouillard est vraiment le côté le plus couteux. Et en termes de sécurité sur le terrain, il y a des implications», explique Manuel Bringué.
La neige facilite les périples des glaciologues. Mais il y en a de moins en moins, ce qui laisse voir de la roche, ou pire encore, des crevasses, comme c’est le cas entre les glaciers Haig, French et Robertson.
«Je ne sais pas si les crevasses sont nouvelles ou si elles sont simplement exposées sans la neige, mais il y en a une multitude, remarque Shawn Marshall. Je n’enverrai pas d’étudiants là-bas maintenant. C’est complètement différent du début des années 2000.»
«Au haut de ce système de glaciers, il y a une belle pente sur laquelle on avait l’habitude d’installer notre camp pour travailler, poursuit-il. Le soir, on faisait du toboggan pour s’amuser. Mais aujourd’hui, cette pente a perdu sa neige et s’est ouverte.»
«Sans le savoir, on faisait probablement du toboggan par-dessus les crevasses. Tu pourrais faire tomber un autobus dedans tellement elles sont larges et terrifiantes», ajoute-t-il.
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Manuel Bringué, géologue à la Commission géologique du Canada, travaille souvent dans le Grand Nord et en mer. L’accès à ces endroits a toujours été difficile, mais il l’est encore plus à cause des changements climatiques.
Manuel Bringué, vêtu d’un manteau rouge, discute avec un collègue aux côtés d’un chargement de carburant.
Selon lui, le brouillard est la conséquence la plus importante. «Puisque les glaces fondent, les étendues d’eau sont disponibles plus tôt dans la saison et durent plus tard aussi. Ça génère beaucoup plus de brouillard. C’est problématique pour se déplacer en hélicoptère. S’il y a du brouillard, on ne peut pas voler, on est cloué au sol.»
Outre l’aspect financier, Manuel Bringué évoque un enjeu de sécurité. Car si le brouillard se manifeste une fois que l’équipe est rendue sur le terrain, le retour à la maison devient incertain. «De petites équipes pourraient [potentiellement] se retrouver isolées avec un peu de nourriture et un kit de survie.»
Dans le Grand Nord, le géologue se déplace beaucoup en hélicoptère. Le carburant est acheminé aux endroits nécessaires des mois d’avance, sur des barges par voie maritime. «Là, on est dans un cycle de sècheresse, et le niveau des eaux sur le fleuve Mackenzie est vraiment trop bas. Ça paralyse le trafic des barges sur le fleuve», explique-t-il.
Le carburant est alors envoyé par voie terrestre ou aérienne, ce qui fait «exploser les couts».
La fonte accélérée du pergélisol (sol gelé) est un autre enjeu pour son équipe. «Il faut s’adapter, ne pas s’aventurer là où on ne connait pas, bien lire le terrain et s’assurer que le sol est stable», détaille-t-il.
Parmi les autres effets des changements climatiques qui rendent son travail difficile, Manuel Bringué recense les feux de forêt qui peuvent libérer des toxines, l’augmentation du nombre d’orages, de tonnerres, d’éclairs et… de moustiques.
Il ne pense pas pour autant, dans son cas, abandonner des sites de recherche de sitôt.
Pour mesurer la masse volumique des glaciers, Mark Ednie a souvent recours à la méthode glaciologique. Elle consiste à enfoncer verticalement des piquets de six mètres dans la glace et ensuite à mesurer la fonte contre ces piquets.
Un collègue du chercheur Mark Ednie insère un piquet d’aluminium dans la glace pour mesurer le bilan massique d’un glacier.
«Lors de l’été 2023 [au glacier Peyto], il y a eu tellement de fonte que nos piquets de six mètres sont sortis de la glace, insiste-t-il. On a perdu plusieurs de ces piquets. Et quand on commence à perdre plusieurs piquets, il devient difficile de produire des données fiables et robustes.»
«2024 est la première année où l’on perd autant de piquets sur Peyto, à cause de la fonte rapide et extrême», ajoute-t-il. Son équipe a dû faire preuve de créativité et combiner des méthodes déjà existantes pour continuer à observer le glacier.
«On a des données ininterrompues sur Peyto depuis 1965 ou 1966, dit Mark Ednie. Alors on a fait de notre mieux pour obtenir une bonne estimation de la fonte cette année-là.»
Pour Shawn Marshall, étant donné la difficulté grandissante d’accéder au haut des glaciers, il est plus difficile de les étudier «en tant que système». «Ça change la manière dont on travaille.»
«On ne peut plus compter sur les connaissances traditionnelles, les routes de transport traditionnelles et les saisons, parce que la glace est de moins en moins fiable. C’est le cas aussi pour les glaciers Saskatchewan et Athabasca [aussi en Alberta]», explique le spécialiste.
«La danse de l’érosion»
À l’Île-du-Prince-Édouard, les changements climatiques accélèrent l’exposition des fossiles incrustés dans les falaises. Habituellement, la glace en mer protège les falaises des vagues et des grands vents, ralentissant ainsi leur érosion.
Rod Smith, un collègue de Manuel Bringué, au milieu des moustiques.
Mais il n’y a plus assez de glace en mer, indique le géologue et professeur à l’Université Saint Mary’s de Halifax, John Calder.
«La bonne nouvelle, c’est que davantage de fossiles sont exposés. La mauvaise nouvelle, c’est que les vagues vont reprendre ces fossiles et les détruire s’ils ne sont pas découverts à temps, se désole-t-il. C’est une danse de l’érosion. La nature te révèlera ce qu’il y a, mais le créneau pour le récupérer est limité. C’est l’aspect le plus difficile.»
C’est dans un tel contexte que monsieur et madame Tout-le-Monde prennent toute leur importance. «La plupart des découvertes ont été faites non pas par des professionnels […], mais par des citoyens, et surtout les petits enfants qui se promènent sur la plage», avoue le géologue, qui rappelle que les paléontologistes ne sont pas nombreux.
Il encourage les passants de l’Île à garder les yeux ouverts et à aider la science en faisant part de leurs trouvailles.
De passage en Colombie-Britannique pour expliquer aux citoyens le rôle et le fonctionnement de la Cour suprême, le juge en chef du plus haut tribunal du pays, Richard Wagner, a réitéré que la demande d’un meilleur accès aux services en français était «normale», tant pour les francophones que pour les anglophones.
Le juge en chef Richard Wagner était en tournée en Colombie-Britannique pour expliquer comment la Cour suprême sert les Canadiens.
Ce qu’il a dit : «Les anglophones devraient comprendre que c’est important de donner de plus en plus de services aux francophones», a assuré Richard Wagner en entrevue avec Radio-Canada.
Il a également rappelé que la Constitution prévoit la protection des droits des minorités au pays.
Ce qu’ils disent : Mercredi, des membres de l’Association des juristes d’expression française de la province ont profité de l’anniversaire des 25 ans de leur organisme pour dénoncer le manque d’accès à des procès en français.
Certains documents juridiques ne sont toujours pas traduits. Toutefois, des affaires ont fait bouger les lignes, comme les suites du procès de M. Tayo Tompouba, qui ont mené à l’obligation d’informer les parties qu’elles peuvent avoir accès à un procès en français.
En aout 2024, le Conseil scolaire francophone (CSF) de Colombie-Britannique s’est adressé à la Cour suprême de la province, car il leur est encore difficile de construire les écoles pour les francophones, même à la suite de la victoire obtenue en Cour suprême. La CSF rencontre des obstacles pour obtenir des terrains pour en construire.
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La taxe américaine de 25 % qui devait s’appliquer sur les produits canadiens mardi a finalement été suspendue pour au moins 30 jours. Cette suspension de tarifs s’est aussi appliquée au Mexique, également visé par Donald Trump.
Le premier ministre Justin Trudeau a arraché une suspension des taxes que le président américain prévoit de faire appliquer sur les biens et l’énergie canadienne.
L’enjeu : Pour rassurer les États-Unis et éviter toute taxe sur les produits canadiens, le gouvernement Trudeau a annoncé de nouvelles mesures visant à renforcer la sécurité à la frontière : la nomination d’un tsar du fentanyl, l’ajout des cartels à la liste des entités terroristes et une surveillance accrue.
Une force de frappe conjointe sera créée pour lutter contre le crime organisé, le trafic de fentanyl et le blanchiment d’argent. Ottawa a d’ailleurs admis cette semaine que la production de cette drogue dépassait la demande locale, selon un document obtenu par Radio-Canada.
Le gouvernement a aussi signé une directive pour les services de renseignement sur ces enjeux, soutenue par un investissement de 200 millions de dollars.
En outre, un Sommet économique Canada–États-Unis se tiendra ce vendredi.
Côté opposition, le chef conservateur, Pierre Poilievre, a dévoilé un plan et a répété que le Parlement devait être rappelé.
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L’information a été confirmée à CTV mercredi par le Bureau du Conseil Privé (BCP), l’équipe chargée de conseiller le premier ministre.
Le gouvernement avait cessé d’acheter des espaces publicitaires à la société mère d’Instagram et Facebook après que celle-ci eut bloqué les nouvelles canadiennes sur ses plateformes, en réaction à l’application de la Loi sur les nouvelles en ligne, qui lui demandait une contribution financière pour le partage de nouvelles.
L’enjeu : Le gouvernement Trudeau s’est remis à acheter de la publicité à Meta pour diffuser sa campagne publicitaire sur la suspension de la taxe sur les produits et services (TPS), mise en place par les libéraux le 14 décembre pour alléger les dépenses des Canadiens et des Canadiennes.
La campagne a été lancée le 23 janvier dernier et aurait couté 100 000 $, selon le BCP.
Cette suspension de taxe concerne une liste de produits comme des couches et jouets pour enfants ou autres produits alimentaires. La taxe devrait s’appliquer de nouveau après le 15 février.
Le ministre des Finances, Dominic LeBlanc, a annoncé le report du taux des gains en capitaux au 1er janvier 2026.
Le ministre des Finances, Dominic LeBlanc, a annoncé cette semaine qu’il reportait l’augmentation du taux d’inclusion des gains en capital de 50 % à 66,67 % au 1er janvier 2026. La mesure était initialement prévue pour juin 2024.
Cette dernière vise les gains dépassant 250 000 $ pour les particuliers et tous les gains pour les entreprises et fiducies.
L’enjeu : Annoncée dans le budget d’avril 2024 par l’ancienne ministre des Finances, Chrystia Freeland, cette mesure n’a pas été adoptée par le Parlement cet automne en raison d’un blocage des conservateurs.
Depuis, Mme Freeland a démissionné et brigue la succession de Justin Trudeau à la tête du Parti libéral. Elle promet d’abandonner cette mesure si elle est élue, en raison de l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche.
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Interrogé par Francopresse sur la reconnaissance du déclin du français au Québec et au Canada, Frank Baylis a plutôt contourné la question, affirmant qu’il ne considérait pas ce sujet «comme un débat».
«Je ne suis pas un expert dans les statistiques pour dire qu’il y a un déclin», a répondu l’homme d’affaires, après avoir assuré qu’il souhaitait protéger et promouvoir la langue française partout au pays.
«C’est une manière de regarder des pourcentages. On pourrait dire oui, mais en termes [globaux], peut-être non. Alors c’est encore quelque chose [sur lequel] on devrait réfléchir, de promouvoir le français non seulement au Québec, en Ontario ou en Acadie, mais à travers le pays.»
Après la conférence de presse, il a par ailleurs assuré aux médias qu’une proposition de débat bilingue avait été faite au sein du Parti libéral, mais qu’il était contre, estimant qu’il fallait un débat en français et un autre en anglais.
Un autre aspirant à la chefferie, Chandra Arya – aujourd’hui hors de la course –, avait fait l’objet de vives critiques en janvier, lorsqu’il avait minimisé l’importance du bilinguisme à la tête du parti.
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Qui est Frank Baylis?
Frank Baylis a été député fédéral de la circonscription québécoise Pierrefonds–Dollard entre 2015 et 2019, pour le Parti libéral du Canada.
Ingénieur de formation, il est né à Montréal, mais a grandi à Toronto et fait ses études à Waterloo en Ontario. En conférence de presse le 6 février, il a mis l’accent sur ses études en français, une éducation voulue par ses parents.
Il vit au Québec depuis une trentaine d’années.
Frank Baylis dit avoir une expertise dans le secteur de l’industrie, en politique de la santé et en droits de la personne. «Je suis très fort dans ces trois points-là. M. Carney est très fort dans le domaine de la politique monétaire», a-t-il souligné, sans mentionner les deux autres candidates, Chrystia Freeland et Karina Gould.
Une réorganisation du Parlement
Lors de sa conférence de presse, Frank Baylis a dévoilé son plan pour changer le fonctionnement du Parlement.
Il prévoit notamment de limiter à 10 ans le temps que les députés et les sénateurs peuvent passer en politique. Une manière selon lui de «laisser la place aux nouveaux Canadiens» pour amener une expertise dans les prises de décisions politiques.
Après les dix ans, les députés devront se retirer pendant un moment «avant de pouvoir se représenter» à d’autres élections fédérales. «Notre système n’est pas conçu pour les politiciens professionnels», a-t-il justifié.
Frank Baylis souhaite également redistribuer les pouvoirs des chefs de partis au profit du président de la Chambre, des députés et des Canadiens. Le but est selon lui de rendre le choix de qui prend la parole au président. «Les chefs de partis se sont approprié ce pouvoir, on va le rendre au président de la Chambre», a-t-il fait valoir.
Le Québécois souhaite aussi la mise en place d’un système de pétition électronique pour permettre aux citoyens d’introduire des débats au Parlement.
La dernière partie de son programme consiste à ajouter une deuxième chambre pour les débats. Les débats principaux seront maintenus dans la Chambre des Communes, tandis que les «affaires non contestées», comme les déclarations de députés, se tiendront dans une seconde chambre. Une proposition qui ferait avancer la législation «plus rapidement», selon lui.