«Nous constatons avec inquiétude un climat hostile à l’égard de la communauté facultaire francophone, marqué non seulement par des microagressions chroniques et persistantes, mais aussi par la suppression ou la fusion de postes sans remplacement équitable par rapport à la contrepartie anglophone», précise la lettre adressée au provost de l’Université, Jacques Beauvais, et envoyée le 21 février.
Le vice-recteur associé, Francophonie de l’Université, Yves Pelletier, a aussi reçu une copie conforme de cette lettre.
Cette communication ainsi qu’une autre envoyée le 15 janvier 2025 au doyen de la Faculté de médecine soulevait les inquiétudes de membres du personnel francophone quant au «leadeurship facultaire» et aux décisions qui «semblent mener à un démantèlement progressif des Affaires francophones».
Les deux lettres ont été signées par une soixantaine de médecins, de membres du corps professoral et du personnel ainsi que de partenaires francophones qui forment la «grande équipe des Affaires francophones».
Francopresse a déjà rapporté les inquiétudes de la «grande équipe» par rapport au déclin progressif de la place du français à la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa.
«Speak white»
«Je n’étais plus capable d’être dans un environnement où le leadeurship n’était pas de notre côté. […] Tout ce que [je faisais] de mes journées, c’était essayer de défendre notre présence», explique une ancienne employée de la Faculté de médecine.
Francopresse a accepté de protéger son identité, car elle craint des représailles. Nous donnerons à cette personne le nom fictif de Claudine.
La «grande équipe des Affaires francophones» présente tout de même quelques points positifs dans ses lettres, comme les cours délocalisés à l’Hôpital Montfort pour les francophones.
Comme elle, plusieurs autres francophones ont quitté la Faculté, en particulier la section des Affaires francophones, au cours des deux dernières années, indiquent trois personnes avec qui Francopresse a discuté. «Pratiquement tout le monde est parti, dit Claudine. L’incertitude constante, l’environnement mauvais, un peu toxique» expliquent en grande partie son propre départ.
En plus «des bâtons dans les roues» qui empêchaient de donner plus de place à la francophonie au sein de la Faculté, Claudine a entendu des commentaires désobligeants au fil des années.
Comme exemple classique, elle cite que les francophones se font demander de parler anglais lors de réunions. À l’Université d’Ottawa, un établissement officiellement bilingue, le personnel a le droit de parler dans la langue officielle de son choix. «Ce n’est pas [un commentaire] énorme, mais c’est un peu insultant», explique Claudine.
Employé actuel, Xavier (nom fictif) dit avoir déjà entendu pire : un collègue francophone s’est déjà fait dire «speak white» par un collègue anglophone.
Dans leur lettre au provost, les signataires demandent «un environnement exempt d’hostilité au sein de la Faculté de médecine, incluant des mesures concrètes contre les microagressions et un soutien institutionnel renforcé aux programmes francophones, garantissant leur pleine autonomie dans la gestion de leur formation ainsi que les ressources humaines et financières adéquates».
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Lors d’une rencontre avec le doyen de la Faculté de médecine de l’époque, Bernard Jasmin, la doyenne intérimaire actuelle, Melissa Forgie, et le vice-doyen Alan Chaput, les membres de la «grande équipe» ont dénoncé les microagressions.
Cette rencontre a eu lieu le 5 février. Francopresse a obtenu copie du sommaire de la discussion rédigé par la «grande équipe» et envoyé à tous ses membres.
Le document commence par une reconnaissance des progrès pour la francophonie à la Faculté de médecine, comme l’augmentation du nombre d’étudiants et d’étudiantes dans le volet francophone et la possibilité de cours délocalisés à l’Hôpital Montfort pour les francophones. Situé à Ottawa, cet établissement est le seul hôpital universitaire francophone de l’Ontario.
«Bien que la Faculté ait fait des avancées pour étendre l’usage du français, plusieurs médecins, étudiants et membres de la communauté francophone ne se sentent pas respectés», poursuit le sommaire.
Ils continuent malheureusement de faire face à de nombreuses microagressions et subissent les conséquences de décisions prises sans consultation avec les acteurs du volet francophone.
La lettre envoyée au provost fait mention des échanges entre des signataires, Bernard Jasmin, Melissa Forgie et Alan Chaput : «La discussion a été franche, et un retour par courriel de la Dre Forgie nous assure qu’une attention particulière sera portée à la lutte contre les microagressions […].»
«Bien que ces engagements constituent un premier pas, ils demeurent insuffisants», insistent les signataires.
Bernard Jasmin, dans une réponse par courriel à Francopresse, a fourni des précisions sur les décisions administratives qui inquiètent la «grande équipe», mais il n’a pas répondu aux questions concernant le climat hostile et les microagressions. Il a remis une lettre de démission le 28 janvier sans évoquer un lien avec cette situation. Sa démission a pris effet le 2 mars.
Yves Pelletier et Jacques Beauvais n’ont pas fourni de réponses aux questions de Francopresse.
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Une vieille histoire
Ce n’est pas la première fois que la discrimination envers les francophones fait l’objet de dénonciations à l’Université d’Ottawa. En 2021, un rapport produit par une firme externe à la demande de l’Université mettait en lumière une hausse de la francophobie, de moins en moins de personnel bilingue et des entraves à l’accès à des cours en français.
Selon le média ONFR, ce rapport précise que des centaines de membres de la communauté étudiante, du corps professoral et du personnel administratif ont livré des témoignages faisant état de droits «bafoués», de «propos irrespectueux et parfois dénigrants» et d’une «certaine hostilité».
En 2020, ONFR avait déjà publié un texte sur le climat antifrancophone qui régnait à l’Université d’Ottawa selon des membres du corps professoral.
La Faculté de médecine en est à la dernière année de son plan stratégique de 2020-2025, dans lequel elle s’engageait notamment à «assurer un environnement respectueux», à «promouvoir la francophonie», à «cultiver un environnement francophile» et à «élargir l’offre de programmes bilingues».
«La Faculté souhaite améliorer son image bilingue», prévoyait le plan. «L’objectif est de créer un environnement de respect et d’encouragement pour tous les membres du groupe minoritaire francophone, afin qu’ils puissent s’épanouir sur le plan intellectuel et personnel dans leur langue maternelle.»
Dans son plan stratégique de 2025-2030, la Faculté de médecine précise que la francophonie fait partie de ses cinq priorités unifiantes.
«Plusieurs décisions récentes, prises sans concertation, suscitent de vives inquiétudes», est-il écrit dans une lettre envoyée le 15 janvier au doyen de l’époque de la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa, Bernard Jasmin.
Ce dernier a démissionné de son poste le 28 janvier. Dans l’annonce de son départ à ses collègues, que Francopresse a obtenu, il n’évoque aucune raison en lien avec les Affaires francophones. Sa démission a pris effet le 2 mars.
Le 21 février, le provost de l’Université d’Ottawa, Jacques Beauvais, a lui aussi reçu une lettre : «Au nom des Affaires francophones de la Faculté de médecine, nous souhaitons exprimer notre profonde préoccupation quant aux développements survenus ces trois dernières années, qui semblent mener à un démantèlement progressif des Affaires francophones.»
Le vice-recteur associé, Francophonie, de l’Université d’Ottawa, Yves Pelletier, a été mis en copie conforme sur ces deux lettres, dont Francopresse a obtenu copie.
Les signataires de ces lettres, qui se décrivent comme la «grande équipe des Affaires francophones», se composent d’environ une soixantaine de médecins, de membres du corps professoral et du personnel ainsi que de partenaires francophones.
«On perd des joueurs importants»
Dans la lettre au provost, la «grande équipe» dénonce la «suppression ou la fusion de postes sans remplacement équitable par rapport à la contrepartie anglophone».
L’organisation des unités, depuis longtemps chapeautées par une équipe de deux directeurs, l’un anglophone et l’autre francophone, sera maintenant dirigée par une seule personne “bilingue”
Cette lettre fait aussi état du transfert de certaines responsabilités, dont possiblement certaines des activités de formation médicale continue, vers le bureau anglophone de développement professionnel continu. Un stage francophone en santé mondiale au Bénin, mis en place par les Affaires francophones et géré par cette même équipe depuis une vingtaine d’années, a été transféré au Bureau international.
La «grande équipe» doute de la capacité de ces bureaux et du personnel anglophone de bien comprendre la réalité francophone. Elle rappelle, dans sa lettre au doyen, qu’«historiquement, les secteurs majoritairement anglophones ont eu du mal à gérer l’offre francophone et ont même préféré laisser les [Affaires francophones] en être les maitres d’œuvre».
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Dans sa lettre au doyen, la «grande équipe» a indiqué qu’elle n’hésiterait pas à «impliquer» «l’ensemble de la communauté franco-ontarienne» dans le débat «pour obtenir les garanties et les moyens nécessaires à la protection des droits des francophones».
Accélération des efforts de «démantèlement»
Trois personnes de la «grande équipe» se sont confiées à Francopresse, qui a accepté de protéger leur identité parce qu’elles craignent des représailles. Des noms d’emprunt seront utilisés.
Si tout pouvait se faire en français il y a dix ans dans la Faculté de médecine, ce n’est plus le cas aujourd’hui, dit Xavier, en entrevue avec Francopresse. C’est la première fois qu’il remarque de manière si «flagrante et évidente» une telle tentative de «démantèlement».
Les trois sources affirment qu’une dizaine de personnes ont récemment quitté la Faculté ou les Affaires francophones de la Faculté volontairement à cause des circonstances devenues difficiles pour les francophones. Plusieurs de ces personnes occupaient des rôles clés, en gestion et en finances par exemple, et n’ont tout simplement pas été remplacées. Leur départ fait qu’il sera plus difficile pour l’équipe de remplir son mandat francophone, disent les sources.
Une ex-employée, Claudine, a quitté la Faculté en partie parce qu’elle était «tannée» de devoir «défendre la présence» des francophones. Dominique, qui est toujours en poste, parle d’une tentative d’«assimilation» mise en action il y a quelques années.
Tous les trois pointent la gouvernance de la Faculté. Ils sont aussi inquiets quant au poste de vice-doyen consacré aux Affaires francophones de la Faculté, qui est vacant depuis plusieurs semaines.
Dans leurs lettres, les signataires formulent plusieurs demandes pour que les francophones reprennent le contrôle de la formation en français.
Selon Xavier, il est difficile de cerner les raisons pour justifier un tel «démantèlement», même si des motifs économiques ont été avancés par les gestionnaires. «Depuis quelques années, beaucoup des postes qu’on avait, soi-disant parce qu’il y a des coupures budgétaires à faire, ont été fusionnés avec le volet anglophone», dit-il.
Les défis budgétaires ayant toujours existé, Xavier s’explique mal l’accélération récente du «démantèlement».
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Défis de recrutement pour la Faculté
En réponse aux questions de Francopresse, l’Université d’Ottawa a envoyé une déclaration de Bernard Jasmin, qui était encore doyen à cette date. Il indique que la Faculté prend le temps d’assurer une «sélection rigoureuse» d’un vice-doyen ou d’une vice-doyenne, un «processus important qui ne peut pas se faire du jour au lendemain».
La faculté est consciente que le recrutement de membres francophones du corps professoral pour enseigner et superviser étudiants·tes et résidents·tes a été, et reste toujours, un défi critique. Il s’agit d’une priorité essentielle pour les Affaires francophones et la Faculté de médecine.
Bernard Jasmin a aussi assuré que dans sa «gouvernance actuelle», la Faculté compte à des postes clés des Franco-Ontariens, des Québécois «très sensibilisés à la francophonie en milieu minoritaire», des étrangers «bien installés au Canada en provenance de pays francophones» et des «gens parfaitement bilingues».
«Tous et toutes, sans exception, font la promotion de la francophonie, soutiennent et développent d’importants programmes et initiatives en français, précise-t-il. Nous sommes déterminés à faire rayonner la francophonie dans tous les aspects du travail de la faculté, à améliorer continuellement la qualité de nos programmes et à assurer d’excellents soins aux patients.»
Plusieurs questions posées par Francopresse sont restées sans réponse, de même que des questions envoyées à Jacques Beauvais et à Yves Pelletier.
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Des étudiants mécontents
Des étudiants francophones de la Faculté de médecine ont aussi adressé une lettre à Bernard Jasmin.
La «grande équipe» en fait mention au provost dans sa propre lettre : «[Les étudiants] dénoncent le manque de ressources académiques et humaines nécessaires pour assurer un enseignement équivalent en français, ce qui les amène à se sentir moins valorisés que leurs homologues anglophones et à s’inquiéter pour la qualité de leur formation.»
En entrevue, Xavier confirme qu’il y a un «impact» sur la population étudiante francophone. Par exemple, de plus en plus de cours leur sont donnés en anglais, faute de personnel francophone, déplore-t-il, ou le contenu des cours est en anglais. C’est notamment le cas lorsqu’un professeur francophone doit s’absenter et qu’il n’y a pas de remplaçant francophone.
Le corps étudiant a préféré ne pas partager sa lettre avec Francopresse.
Une discussion «franche» a eu lieu
Des membres de la «grande équipe» ont rencontré l’ancien doyen de la Faculté de médecine, Bernard Jasmin, la doyenne intérimaire actuelle, Melissa Forgie, et le vice-doyen Alan Chaput, le 5 février.
Francopresse a obtenu une copie du sommaire des discussions rédigé par des membres de la «grande équipe» et transmis aux autres signataires. Ce document souligne des avancées, notamment l’augmentation du nombre d’étudiants inscrits dans le volet francophone.
Mais le ton change rapidement : «Nos droits sont souvent bafoués, et la Faculté doit prendre des mesures concrètes pour y remédier afin que notre autonomie et notre compétence soient reconnues et respectées. Il faudra voir à protéger nos droits avec un cadre juridique clair.»
Dans la lettre envoyée au provost le 21 février, la «grande équipe» fait mention de cette rencontre, qualifiant la discussion de «franche».
«Un retour par courriel de la Dre Forgie nous assure […] que les termes de référence du poste de vice-doyen·ne aux Affaires francophones nous seront soumis pour consultation. Bien que ces engagements constituent un premier pas, ils demeurent insuffisants», précise la lettre.
Si on connait le nom d’Agnes Macphail, première femme élue à la Chambre des communes en 1921, ceux de Louise McKinney, élue en juin 1917 à l’Assemblée législative de l’Alberta, et de Roberta MacAdams, qui l’a rejointe plus tard cette même année, sont moins présents dans la mémoire collective.
L’Ontarienne Agnes (Campbell) Macphail a brisé le plafond de verre pour les femmes en politique canadienne en devenant la première députée fédérale, en 1921.
Agnes (Campbell) Macphail fait son entrée aux Communes deux ans après que les femmes furent autorisées à se porter candidates aux élections fédérales. Oratrice talentueuse, elle était organisatrice pour les Fermiers unis de l’Ontario. Elle siègera jusqu’en 1940, mais il faudra attendre 14 ans pour qu’une deuxième femme soit élue à Ottawa, soit Martha Louise Black.
Née à Chicago, cette dernière s’est présentée aux élections de 1935 dans une circonscription du Yukon qui était représentée par son mari, George Black. Celui-ci avait été élu en 1921 et était devenu président de la Chambre des communes, mais il avait renoncé à se porter candidat aux élections de 1935 parce qu’il souffrait d’une dépression.
Quant à Agnes Macphail, elle poursuivra sa carrière politique à l’Assemblée législative de l’Ontario, où elle est élue en 1940. Elle est l’une des deux premières femmes à avoir siégé en Ontario. Elle sera l’autrice d’un premier projet de loi sur l’équité salariale, luttera pour la création des allocations familiales et le droit des femmes à demander le divorce.
Entretemps, le Sénat canadien accueillera une première femme en 1930. Il s’agit de Cairine Wilson (née Cairine Reay Mackay), de Montréal. Elle était la fille de Robert Mackay, sénateur et ami personnel de Wilfrid Laurier. Sa nomination par le premier ministre William Lyon Mackenzie King survient quatre mois seulement après le dénouement de la célèbre affaire «personne».
Même si les femmes pouvaient être candidates aux élections fédérales, elles n’étaient pas admissibles à une nomination au Sénat.
Le mouvement des suffragettes pour le droit de vote des femmes a débuté en Grande-Bretagne au début du XXe siècle. Ici à Londres.
En 1928, la Cour suprême du Canada avait statué que les femmes n’étaient pas des «personnes» selon les termes de l’Acte de l’Amérique du Nord britannique, première constitution canadienne. Elles ne pouvaient ainsi pas être nommées au Sénat.
Cinq suffragettes albertaines, surnommées les «Célèbres cinq» (Famous Five), réussissent à faire pression sur le gouvernement fédéral pour que cette affaire soit soumise au comité judiciaire du Conseil privé de Londres, qui constituait à l’époque le plus haut tribunal d’appel pour le Canada et toutes les colonies britanniques.
Le 18 octobre 1929, le comité judiciaire infirme la décision de la Cour suprême du Canada.
Malgré ces grandes premières, la présence des femmes dans la sphère politique canadienne évolue lentement. Le Québec sera la dernière province à accorder le droit de vote aux femmes, en 1940.
Ce n’est qu’en 1957 qu’une première femme, Ellen Louks Fairclough, est nommée à un cabinet fédéral.
Caricature d’Arthur Racey dans le Montreal Star montrant une Québécoise devant une affiche indiquant que la Turquie permet aux femmes de voter en 1934 alors qu’au Québec, ce droit ne leur sera accordé qu’en 1940.
Au début des années 1970, cinquante ans après l’élection d’Agnes Macphail, il n’y a que cinq femmes députées aux Communes, soit un maigre 2 % des membres de la Chambre. Cette proportion augmente lentement pour atteindre 5 % en 1980, puis 20 % lors du scrutin de l’an 2000.
La proportion de députées fédérales fait pratiquement du surplace au cours de la décennie suivante; elle n’atteint même pas tout à fait les 25 % en 2011. Le rythme s’accélère par la suite et, aux élections de 2021, plus de 30 % des parlementaires à la Chambre des communes sont des femmes.
Entretemps, le premier ministre Justin Trudeau a fait avancer les choses plus rapidement à l’exécutif en nommant, pour la première fois au Canada, un cabinet paritaire en 2015, avec 15 femmes et 15 hommes. Amené à expliquer sa décision, Justin Trudeau avait eu cette réplique qui avait beaucoup retenu l’attention : «Parce qu’on est en 2015.»
Cela dit, aucune femme n’a jusqu’à présent été élue première ministre du Canada, même si on est en 2025. Seule l’éphémère Kim Campbell a occupé ce poste pendant quatre mois en succédant au premier ministre Brian Mulroney comme cheffe du Parti progressiste-conservateur en 1993.
Scène fédérale :
1972 : Élection des trois premières francophones à la Chambre des communes, soit les Québécoises Monique Bégin, Albanie Morin et Jeanne Sauvé (Jeanne Sauvé fera œuvre de pionnière à bien des égards, en devenant la première femme francophone nommée au cabinet fédéral [1972], la première femme à la présidence de la Chambre des Communes [1980] et enfin la première femme au poste de gouverneur général du Canada [1984].)
1988 : Élection et entrée au Cabinet fédéral de la première francophone de l’extérieur du Québec, soit la Franco-Ontarienne de Sudbury Diane Marleau.
1997 : Élection de la première Acadienne, Claudette Bradshaw (née Arsenault), de Moncton.
1998 : Claudette Bradshaw devient la première Acadienne au cabinet ministériel.
Scène provinciale :
1987 : Élection des deux premières francophones à l’Assemblée législative du Nouveau-Brunswick, soit Pierrette Ringuette et Aldéa Landry (cette dernière deviendra la même année la première Acadienne à entrer au Cabinet du Nouveau-Brunswick)
1999 : Élection de la première francophone à l’Assemblée législative de l’Ontario, soit Claudette Boyer
2024 : Élection de la première francophone à l’Assemblée législative de la Saskatchewan, soit Jacqueline Roy
La quête vers l’égalité des sexes en politique se poursuit toujours, mais celles et ceux qui croient que le Canada est avant-gardiste dans ce domaine, détrompez-vous.
En 1997, Claudette Bradshaw (née Arsenault), devenait la première Acadienne élue députée à la Chambre des communes. L’année suivante, elle devenait la première Acadienne ministre fédérale.
Selon le palmarès du pourcentage de femmes dans les parlements nationaux que met à jour mensuellement l’Union interparlementaire, le Canada n’arrivait qu’au 69e rang dans le monde en janvier 2025, avec environ 30 % de femmes à la Chambre des communes.
Ce classement montre qu’à peine six pays dans le monde ont déjà atteint la parité hommes-femmes à leur parlement national : le Rwanda (avec près de 64 % de femmes), Cuba (56 %), le Nicaragua (55 %), le Mexique (50 %), l’Andorre (50 %) et les États arabes unis (50 %).
Les États-Unis, quant à eux, font encore pire figure que le Canada. Ils arrivent au 77e rang de ce palmarès, avec 28,7 % de femmes élues au Congrès.
De toute évidence, l’œuvre des suffragettes est loin d’être terminée…
Après une absence de huit ans, voilà que l’auteur-compositeur-interprète franco-ontarien Damien Robitaille est de retour. Il offre Ultraviolet, un opus des plus intéressants à la hauteur de son talent lancé le 14 février.
Pochette de l’album Ultraviolet.
Ce nouvel album aux allures dance-pop renferme de belles orchestrations qui rendent chaque pièce extrêmement puissante. Il débute avec un dance-pop bilingue, (She’s Got That) Je ne sais quoi, dont la musicalité des mots en fait un ver d’oreille irrésistible.
Dans la même veine, Kaléidoscope vous fera danser dès les premiers accords. Tout au long du disque, mélodie après mélodie, le charme opère. Des pièces comme Limousine ou Désynchronisé témoignent de la plume unique de Robitaille.
Paruline, Paruline est un folk acoustique savoureux, alors que Point de non-retour est une autre belle trame dance-pop et que la pièce titre, Ultraviolet, nous transporte dans un univers reggae.
Mon coup de cœur est Aurores boréales, une courte ballade piano-voix qui crée un moment de tendresse avec l’artiste. L’album se termine avec Superhéroïne, autre belle ballade, anglophone cette fois-ci.
Huit ans se sont écoulés depuis l’album Univers parallèles de Damien Robitaille. Ultraviolet démontre encore une fois toute la richesse de la plume de l’artiste. Il offre un 6e album où la force des arrangements donne vie à de superbes mélodies. Damien Robitaille est plus que jamais en contrôle de son univers.
Pour suivre leur excellent album éponyme, La légende de Calamity Jane revient avec le remarquable Avant l’aurore. Ce trio fransaskois, composé d’Annette et Michelle Campagne (du groupe Hart-Rouge) et d’André Lavergne (du groupe Dans l’Shed), captive dès les premiers accords avec un son country folk aux essences de blues qui les démarque.
Pochette de l’album Avant l’aurore.
Dès la pièce titre, Avant l’aurore, nous sommes témoins de l’intensité des orchestrations. Nous sommes éblouis par cette force organique que nous livrent les guitares et le banjo. À cela s’ajoute des harmonies vocales d’une richesse hors du commun.
Quelques extraits irrésistibles sont entre autres 300 pieds, un hymne contre l’oppression et un désir de liberté. Je t’appartiens est une déclaration de fidélité alors qu’avec Dans la montagne, Annette Campagne et André Lavergne livrent une des grandes chansons du disque.
J’aimerais faire une mention spéciale pour la pièce instrumentale, Vent et poussière. Elle nous berce au plus profond de notre âme.
Grâce à l’intensité des arrangements, grâce aux guitares folk et country auxquelles s’ajoute un soupçon de blues, le trio nous captive une nouvelle fois.
En souvenir je vous présente Yao. Ce mois-ci, le slameur d’Ottawa fera pour la deuxième fois la première partie du rappeur Grand Corps Malade. Il y a quelques années, Yao, artiste né en Côte d’Ivoire, déposait sa plume sur une toile de fond pop aux teintes afrobeat, électro et jazz, qui nous transportaient dans une gamme d’émotions.
Pochette de l’album Kintsugi.
Chaque pièces de l’album Kintsugi était très bien construite afin de créer un univers sonore absolu. De Funambule à Comme il est là, un esprit de compassion, de vérité et de fragilité emporte l’auditeur. On est témoin d’une plume d’intériorité profonde. Les naufragés est l’un des meilleurs textes de l’album.
La plume de Yao est poétique et engagée. Sa musique pop aux multiples teintes nous berce et nous accompagne comme une brise sonore envoûtante. Le propos de chaque plage de l’album Kintsugi est un délice pour notre ouïe.
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Jeudi, la Cour suprême du Canada a accepté de recevoir la demande d’appel de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB) concernant la nomination d’une lieutenante-gouverneure unilingue anglophone pour le Nouveau-Brunswick. La date de rendu de la décision n’est pas encore connue.
Rappel des évènements : Après le décès de la lieutenante-gouverneure du Nouveau-Brunswick, Jocelyne Roy-Vienneau, en aout 2019, le bureau du premier ministre du Canada a recommandé Brenda Louise Murphy pour la remplacer. Au moment de sa nomination, celle-ci ne parlait pas français.
La SANB s’est soulevée contre ce choix. Une personne qui ne comprend pas le français ne peut pas remplir adéquatement ce rôle dans la seule province officiellement bilingue, dit l’organisme. La cause est portée devant les tribunaux.
La Cour du Banc de la Reine du Nouveau-Brunswick a d’abord donné raison à la SANB en avril 2022, indiquant que la décision ne respectait pas la Charte canadienne des droits et libertés.
En mai 2024, la Cour d’appel du Nouveau-Brunswick a infirmé la décision. Elle a accepté les arguments des avocats du gouvernement fédéral : l’institution doit être bilingue, pas nécessairement la personne en poste.
Les candidats à la chefferie libérale, de gauche à droite : Mark Carney, Chrystia Freeland, Karina Gould et Frank Baylis.
Les débats des candidats à la direction du Parti libéral du Canada (PLC) ont eu lieu à Montréal lundi et mardi. Le niveau de français des quatre aspirants a retenu l’attention des médias et du public lors du premier. Le second était en anglais. Plus à l’aise dans leur langue maternelle, les échanges entre les candidats et candidates étaient plus fluides; un meilleur test pour les idées et les propositions.
Peu sur la francophonie : Les questions du français et des francophones en milieu minoritaire ont pris très peu de place dans le débat en français et ont été complètement absentes de celui en anglais.
Les grandes lignes : L’économie, le cout de la vie, le logement et le président des États-Unis ont pris beaucoup de place dans les deux débats. Des flèches ont été tirées vers le chef conservateur Pierre Poilievre, que le prochain chef libéral devra éventuellement affronter en campagne électorale.
L’élection de la personne qui sera à la tête du PLC aura lieu le 9 mars. Elle deviendra, au même moment, premier ou première ministre du Canada.
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Vendredi dernier, la ministre fédérale des Transports et du Commerce intérieur, Anita Anand, a annoncé dans une rencontre privée avec ses homologues provinciaux qu’elle a l’intention d’éliminer la moitié des 39 restrictions fédérales qui limitent les échanges commerciaux interprovinciaux.
Alors qu’Ottawa parle de faciliter le commerce interprovincial, le chef du Bloc québécois craint que ce soit un prétexte pour faire passer un oléoduc au Québec.
Le concept : En facilitant le commerce entre les provinces et les territoires, les exportations et importations avec les États-Unis seraient moins nombreuses et l’économie canadienne serait moins à la merci du géant du sud. Les barrières au commerce interprovincial seraient à l’origine d’un manque à gagner estimé à 200 milliards de dollars pour l’économie du pays.
L’Accord de libre-échange canadien, signé en 2017, encadre le commerce intérieur. Malgré cet accord, plusieurs exceptions imposées par les provinces, les territoires et Ottawa sont encore en place.
Une première loi : Cette semaine, un projet de loi a été déposé en Nouvelle-Écosse pour faciliter le commerce avec les autres provinces. Le premier ministre de la Colombie-Britannique, David Eby, a annoncé mercredi qu’il réfléchit à faire de même.
Une «exagération» : Le même jour, le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a qualifié la campagne autour du commerce interprovincial d’«exagérée». En point de presse, il a expliqué que les barrières dont tout le monde parle sont en fait des règles «qui visent à assurer le respect […] des priorités propres à chacune des provinces et au Québec».
Il croit que la conversation sur les barrières au commerce interprovincial sert de «prétexte» pour faire passer un oléoduc à travers le Québec, quelque chose qui bénéficierait surtout à l’Ouest canadien.
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Le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, a déclaré que le Canada devrait retirer l’invitation de Donald Trump à la réunion des pays du G7, qui aura lieu en Alberta en juin.
Hostilités : «Pourquoi inviterions-nous quelqu’un qui menace notre souveraineté et notre bienêtre économique? […] Le tour du Canada en tant qu’hôte du G7 devrait être un sommet pour aborder la façon dont le monde peut travailler ensemble pour résister à Donald Trump», a-t-il dit mercredi devant le Conseil des relations internationales de Montréal.
Pendant ce temps, un résident de l’Alberta a lancé une pétition parlementaire qui demande à Ottawa d’interdire l’accès au Canada au président des États-Unis. Elle comptait plus de 43 000 signatures jeudi midi.
Doug Ford a été élu premier ministre de l’Ontario pour une troisième fois de suite jeudi.
Le Parti conservateur de l’Ontario, mené par Doug Ford, a remporté une troisième majorité de suite en Ontario, jeudi. Le premier ministre a déclenché des élections anticipées, car la Loi de 2004 sur une date d’élection fixe de la province exigeait seulement un scrutin en 2026.
En détails : Le Parti conservateur a remporté 80 sièges, les néodémocrates 27, les libéraux 14 et le Parti vert 2. Le Nouveau Parti démocratique forme l’opposition officielle pour une deuxième année de suite.
Ce n’était probablement pas le résultat attendu par Doug Ford, qui avait 83 sièges avant l’élection. Les NPD ont aussi perdu quatre sièges, tout cela au profit des libéraux et des verts, qui ont respectivement six et un sièges supplémentaires.
De gauche à droite : Dennis King et Andrew Furey
Après l’annonce de la démission du premier ministre de l’Île-du-Prince-Édouard, Dennis King, le jeudi 20 février, c’était au tour de celui de Terre-Neuve-et-Labrador, Andrew Furey, de faire la même annonce mardi.
Raisons similaires : Les deux hommes politiques ont géré la pandémie de COVID-19 pour leur province respective. Ils ont cité la perspective de quatre années d’incertitudes en raison des déclarations du président américain comme l’une des raisons qui les a encouragés à prendre cette décision.
Dennis King souligne que les menaces de guerre tarifaires avec les États-Unis demanderont plus d’attention qu’il ne pouvait en fournir. «Ça m’a aidé à déterminer qu’il était préférable pour moi de passer le témoin du leadeurship à quelqu’un qui pourrait s’y concentrer à long terme.»
Andrew Furey qualifie Donald Trump de «président erratique, fou et déjanté». «Une fois qu’il est devenu clair que l’incertitude serait permanente, cela nous a permis, en tant que famille, de prendre une décision avec plus de liberté», a-t-il dit en conférence de presse.
À l’extérieur du Québec, les services d’établissement en français sont majoritairement financés par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) à partir d’un système d’appels de proposition. La présente période de financement prend fin en mars 2025 et la prochaine s’amorce le 1er avril pour une durée de trois ans.
À l’heure actuelle, plus de 250 points de service financés par IRCC offrent des services en français à l’extérieur du Québec.
Malgré cela, des immigrants et immigrantes francophones sont parfois contraints de recourir à des services en anglais seulement, comme rapporté par Francopresse plus tôt cette année.
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Un casse-tête incomplet
Selon le coordonnateur du Réseau de soutien à l’immigration francophone du Nord de l’Ontario, Thomas Mercier, «même si on commence à voir l’arrivée d’un flux de migration plus organisé qui commence à se structurer, […] encore beaucoup de gens arrivent sans rien connaitre, complètement perdus».
Selon Thomas Mercier, les services d’établissement sont cruciaux pour la viabilité à long terme des communautés.
Un «gros facteur», explique-t-il, c’est le manque de services en français. «On est en train de se battre pour avoir des services d’établissement dans l’ensemble des régions.»
Il précise que la dernière période de financement d’IRCC a certes permis d’établir les premiers services d’établissement en français dans le Nord de l’Ontario – notamment à Sudbury, Timmins, Hearst, Kapuskasing et Thunder Bay –, mais il en manque encore à North Bay, Temiskaming Shores et Sault-Ste-Marie, par exemple.
Et l’Ontario français a aussi essuyé des refus pour la dernière période de financement, comme dans le district d’Algoma et aussi à Sudbury, où l’organisme Contact interculturel francophone de Sudbury avait demandé un appui pour faciliter la réinstallation de personnes réfugiées.
«Il [manque] encore des morceaux du casse-tête, mais on a des morceaux qui se mettent en place graduellement au fil du temps, surtout à comparer à 2018 où il n’y avait rien. On est loin de cette situation», tempère Thomas Mercier.
D’autres régions du pays connaissent aussi des difficultés.
Emmanuel Nahimana espère que les négociations entre la FANE et IRCC seront fructueuses.
Le directeur général adjoint de la Fédération acadienne de la Nouvelle-Écosse (FANE), Emmanuel Nahimana, a lui aussi des inquiétudes. «On ne connait pas encore ce qui va être offert, mais l’objectif pour nous, c’est de pouvoir garder nos acquis […] de garder les services existants pour pouvoir vraiment servir et répondre aux besoins des immigrants.»
La FANE a également demandé plus de fonds pour offrir de nouveaux services et attendait toujours la réponse au moment de publier.
Au Yukon, la directrice du développement économique de l’Association franco-yukonnaise, Édith Bélanger, indique aussi avoir demandé plus de moyens auprès d’Ottawa «pour être capable de répondre à la demande».
Elle précise que le français connait un essor au Yukon et que ce territoire devient de plus en plus un premier point d’arrivée au Canada.
«J’ai toujours une petite inquiétude tant que ce n’est pas signé, mais en principe, ça va quand même bien», dit Édith Bélanger au sujet des services d’établissement en français au Yukon.
Déjà des refus
«[IRCC] est actuellement en négociations pour conclure les ententes avec les organisations dont les demandes ont été retenues dans le cadre de l’appel de propositions», précise Rémi Larivière, un porte-parole d’IRCC, dans un courriel.
Pour des raisons de confidentialité, il n’est pas en mesure de révéler quels fournisseurs de services ont été retenus pour les négociations.
L’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF) fait partie des organismes dont la proposition n’a pas été retenue, confirme son directeur général, Ronald Labrecque. IRCC ne lui a pas fourni de raison, mais il voit un possible lien entre ce refus et le resserrement de la porte d’entrée migratoire du Canada.
Malgré les tentatives d’Ottawa de diminuer l’immigration générale, les cibles en immigration francophone hors Québec demeurent inchangées. Mais selon Ronald Labrecque, le gouvernement fédéral pourrait vouloir éviter d’ajouter de nouveaux points de service alors qu’il tente de ralentir les arrivées.
Le directeur général perçoit toutefois un «soleil à travers les nuages dans une perspective à moyen, long terme» : avec la modernisation de la Loi sur les langues officielles (LLO) effectuée en 2023, même si un gouvernement souhaite minimiser l’immigration au Canada, «il faut qu’il y ait une priorité au niveau de la francophonie».
La Politique en matière d’immigration francophone, enchâssée dans la nouvelle LLO, stipule justement que «pour traduire une hausse des admissions d’immigrants d’expression française en une augmentation du poids démographique, plusieurs conditions de réussite doivent être réunies, comme […] la prestation de services essentiels en français».
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Éviter le «plaster temporaire»
Les services d’établissement permettent de «connecter [les nouveaux arrivants] vers les institutions francophones», explique Thomas Mercier.
Le service francophone va savoir qu’il y a des garderies, des écoles primaires, secondaires, postsecondaires, des services de santé, des évènements communautaires, des spectacles de musique, des lieux où les gens se rassemblent, des opportunités d’emploi [en français]
«Tout ça va faire en sorte qu’il y a beaucoup plus de chance qu’après une, deux, trois générations, la famille nouvelle arrivante francophone soit toujours francophone.»
Selon Thomas Mercier, si l’on continue de renouveler les vagues d’immigrants francophones sans faciliter leur intégration au sein des communautés francophones, alors l’immigration devient un «plaster temporaire» au déclin du français.
«Il faut qu’à terme, ils fassent partie de la communauté franco-ontarienne, qu’ils contribuent, et que leurs descendants soient de fiers Franco-Ontariens qui font partie d’institutions francophones, qui parlent encore français, qui se battent encore pour leur langue, estime le coordonnateur. C’est comme ça qu’on va faire de la vitalité à long terme.»
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En ligne et dans la culture populaire, l’effet Dunning-Kruger est utilisé pour expliquer pourquoi les personnes qui ont peu de connaissances dans un domaine donné se croient plus compétentes qu’elles ne le sont vraiment, parfois même plus que les spécialistes du domaine en question.
Après avoir vu quelques vidéos au fil des ans, le sujet était déjà en partie maitrisé. Cet éditorial devait présenter cet effet afin que vous y soyez sensibles et que vous puissiez éviter d’en être victimes.
Sauf que cette définition de l’effet Dunning-Kruger est erronée.
Tout ce que l’étude des sociologues David Dunning et Justin Kruger a pu montrer en 1999, c’est que le commun des mortels se croit aussi bon sinon meilleur que la moyenne des gens. Inversement, les personnes plus compétentes sous-estiment leurs habiletés.
Les chercheurs ont demandé à des étudiants et étudiantes de répondre à des tests écrits, puis de donner d’abord leur avis sur leur propre niveau de réussite et ensuite sur leur niveau de réussite par rapport aux autres.
Les données de l’étude semblaient montrer que plus le résultat obtenu était mauvais, plus l’écart entre la perception de la réussite et la réalité était grand.
En plus d’avoir été mal interprétés par certaines personnes, les résultats de cette première étude dans le domaine sont contestés.
Même si elle a pu être reproduite par d’autres équipes de recherche, elle a mené à des résultats différents quand le niveau de difficulté des tests variait.
Aussi, selon d’autres scientifiques, les résultats s’expliqueraient au moins en partie par un effet statistique.
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Sans recherche supplémentaire, ou avec une recherche limitée à des vidéos sur YouTube présentant une version inexacte des conclusions de Dunning et Kruger, le présent texte aurait perpétué une mauvaise information.
Heureusement, puisque même un éditorial, ou tout bon texte d’opinion, doit reposer sur des faits vérifiables, il fallait creuser le sujet.
Après la consultation de sources de plus en plus variées sur l’étude et les résultats, il est devenu évident que la véritable définition de l’effet Dunning-Kruger n’était pas la même que celle qui est la plus couramment diffusée.
Seul un approfondissement du sujet a permis aussi d’apprendre qu’il ne bénéficie pas d’une reconnaissance unanime dans le milieu scientifique et qu’il est remis en question par d’autres recherches.
Cette conclusion vaut pour tout sujet d’actualité. Pour bien comprendre une nouvelle, il est préférable de ne pas lire la version d’une seule source. Il faut consulter des médias variés et des médias aux points de vue différents.
Cela ne veut pas dire qu’il faut visiter des sites de nouvelles spécialisées dans la désinformation, mais plutôt qu’il faut lire sur un même sujet un texte écrit par un média de droite, un média de gauche et un média reconnu comme étant plus neutre pour arriver à faire plus facilement la part des choses. À se former une opinion plus éclairée.
David Dunning le dit lui-même : pour sortir de l’effet, il faut toujours chercher à en apprendre plus, à demander l’avis d’autres personnes et à remettre en question ce que l’on sait.
Que l’effet soit réel ou non, ce sont de bons conseils.
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Le débat en français, qui a eu lieu le 24 février, a été plus laborieux pour les candidats, en particulier pour Mark Carney. Le favori de la course a trébuché à quelques reprises et ses adversaires, Chrystia Freeland et Karina Gould, ont aussi dû répondre à des questions des journalistes à propos du niveau de français des uns et des autres.
Les analystes et les journalistes prévoyaient que le débat en anglais du 25 février serait plus dynamique. Les échanges ont effectivement été plus fluides, moins entrecoupés d’hésitations, mais surtout plus nombreux entre les adversaires.
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Aucune mention des francophones
Si les francophones en situation minoritaire ne se sont pas taillé une grande place au débat en français, ils ont été complètement invisibles lors du débat en anglais. Aucun des candidats n’a mentionné la francophonie hors Québec, malgré avoir abordé des sujets chers à cette communauté, comme la santé.
Le français au Québec n’a pas été discuté non plus.
Mark Carney est le seul candidat à avoir mentionné la langue, lorsqu’il a dit que face à Donald Trump, il n’y aura aucune concession sur la langue, la culture et l’eau du Canada. Il avait dit la même chose en français le jour précédent.
Mark Carney avertit qu’il ne faut pas sous-estimer Donald Trump.
Augmenter la productivité
Les menaces tarifaires des États-Unis et le cout élevé de la vie au Canada ont donné lieu à de longues discussions sur l’économie.
Selon Mark Carney, les salaires n’ont pas suivi l’augmentation du cout de la vie. Parmi ses propositions : réduire les impôts de la classe moyenne et augmenter la concurrence, notamment en transport et dans les épiceries.
Il estime aussi qu’il faut maintenir les «progrès effectués par le gouvernement actuel», comme les soins dentaires, la garde des jeunes enfants et le régime d’assurance médicaments.
Mais pour maintenir ces programmes, il faut être fiscalement plus responsable. Il prône une réduction des dépenses et une augmentation des investissements.
Pour le Québécois Frank Baylis, il faut augmenter la productivité, quelque chose qu’il dit pouvoir accomplir grâce à sa double expérience comme politicien et comme homme d’affaires. Il a aussi promis qu’il construirait deux oléoducs.
Chrystia Freeland estime qu’il faut davantage consolider les relations avec nos alliés.
Chrystia Freeland voit dans les menaces économiques de Donald Trump une «occasion en or» pour augmenter la productivité, notamment en réduisant les barrières au commerce entre les provinces.
Si plusieurs consensus ont émergé entre Mme Freeland et M. Carney, ils se sont distingués sur un point lors des mêlées de presse : elle coupera dans la fonction publique, mais pas lui.
Pour rééquilibrer le budget, «pas de coupes dans la fonction publique, pas de coupes dans les transferts aux provinces et pas de coupes dans les transferts aux individus, mais une augmentation forte de la productivité des programmes [gouvernementaux]», dit Mark Carney.
Selon le favori de la course, ça fait trop longtemps que le gouvernement n’accorde pas assez d’importance sur les résultats dans ses programmes, ce que son gouvernement ferait s’il devenait premier ministre.
Logement
Tous les candidats sont du même avis : il faut rendre le logement plus abordable.
Frank Baylis veut ramener une «discipline budgétaire» à Ottawa, et ce, en augmentant la productivité.
D’ailleurs, pour Karina Gould, si le PLC n’attire pas autant de jeunes qu’avant, c’est qu’«on ne parle pas assez» des enjeux qui leur sont importants, notamment le logement. «On a perdu la confiance des jeunes», a-t-elle laissé tomber.
Dans son plan, elle avance l’idée d’augmenter les incitatifs pour les acheteurs d’une première maison et promouvoir le logement abordable, telle que les coopératives d’habitation.
Chrystia Freeland, elle, commencerait entre autres par retirer la taxe sur les produits et services (TPS) pour les acheteurs d’une première maison, maintiendrait les Comptes d’épargne libre d’impôt pour l’achat d’une première propriété (CELIAPP) et augmenterait le montant que l’on peut y investir.
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Frank Baylis promet d’augmenter les salaires et l’argent dans les poches des Canadiens, notamment en créant de bons emplois. Il y a plus de détails techniques sur son site Web, a-t-il ajouté. Son message aux jeunes lors du débat a été de «garder espoir».
Mark Carney propose de doubler la construction de logements, ce qui ne sera possible que si on change notre manière de construire, selon lui. Il propose notamment de développer les technologies de la construction. En même temps, il concède qu’il faut aussi augmenter les revenus des Canadiens et des Canadiennes et couper les frais administratifs pour les constructeurs.
Comme Chrystia Freeland, Mark Carney promet de retirer la TPS pour les acheteurs d’une première maison.
Face à Trump il faut renforcer la défense
Face à Donald Trump et ses menaces à la souveraineté canadienne, les quatre candidats et candidates acceptent qu’il faille donner plus de fonds à la défense nationale.
Frank Baylis a notamment suggéré d’augmenter les salaires dans les Forces armées canadiennes, ce que Karina Gould a appuyé. Selon elle, «on ne paie pas suffisamment notre personnel militaire». Elle a promis d’en faire une priorité si elle devient première ministre.
Selon Chrystia Freeland, les obstacles techniques et en matière de gestion ne devraient pas empêcher de renforcer la défense. L’ex-ministre a insisté sur le besoin de «travailler avec nos alliés».
Mark Carney croit que le pays sous-estime les intentions du président américain : «Trump cherche à dominer». C’est une crise économique, a-t-il expliqué, mais aussi une crise de souveraineté. On doit renforcer nos relations avec nos alliés et se servir de nos minéraux critiques et notre énergie propre à notre avantage.
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Karina Gould a critiqué les propositions de Mark Carney à quelques reprises pendant le débat en anglais, plus souvent que pendant le débat en français.
Mark Carney dans la ligne de mire de Gould
Karina Gould a interpelé Mark Carney plus d’une fois. Elle a, par exemple, critiqué sa proposition de réduire les impôts de la classe moyenne, arguant que les personnes les plus vulnérables ne font pas partie de cette classe économique.
Mme Gould a tout de même félicité M. Carney pour son travail comme sous-ministre délégué aux Finances sous le gouvernement libéral de Paul Martin.
En mêlée de presse après le débat, la candidate a déclaré être la seule des quatre candidats à être prête à affronter Pierre Poilievre. «Certains de mes collègues ont pris des idées conservatrices. C’est OK si ce sont de bonnes idées […]. Moi, je ne vais pas compromettre mes valeurs», a-t-elle dit.
Chrystia Freeland a mis de l’avant ses propres propositions pendant le débat, promettant notamment de former des liens plus solides avec les «alliés» du Canada face à Donald Trump et de réduire les impôts de la classe moyenne, des idées appuyées par Mark Carney.
Frank Baylis a aussi mis de l’avant ses propres compétences, insistant sur le fait qu’il a de l’expérience en politique et en affaires. En promettant de ramener une «austérité financière» à Ottawa, l’ex-député s’est engagé à augmenter la productivité pour atteindre ses objectifs de dépenses, et non à couper dans les services ou à augmenter les taxes et impôts.
La prochaine personne qui dirigera le PLC sera choisie le 9 mars et deviendra, au même moment, premier ou première ministre du Canada.