le Lundi 8 septembre 2025

«L’avis de la Cour internationale de justice (CIJ) est une nouvelle arme juridique, utile pour toutes les poursuites climatiques contre des États et des entreprises», affirme Thomas Burelli, professeur de droit à l’Université d’Ottawa et directeur du Centre du droit de l’environnement et de la durabilité mondiale.

Le juriste fait référence à la décision rendue par la CIJ, le 23 juillet, qui fera date dans l’histoire.

Les États violant leurs obligations climatiques pourraient se voir réclamer des réparations par les pays les plus touchés, a conclu la plus haute instance juridique de l’Organisation des Nations unies (ONU). 

Si un État qui s’estime lésé arrive à montrer que l’action – ou l’inaction – d’un pays lui cause des torts, il pourrait alors exiger que cessent les activités polluantes en question.

C’est historique, ça marque à la fois un tournant en termes de négociations sur le climat et ça clarifie les obligations d’agir des États pour limiter la hausse des températures

— Thomas Burelli, professeur de droit à l’Université d’Ottawa

«Grand poids juridique, normatif et politique»

Bien que non contraignant, cet avis «majeur aura un impact sur le droit canadien et la jurisprudence au pays», estime Albert Lalonde, coresponsable du Laboratoire conscience climatique de la Fondation David Suzuki.

«La CIJ est une autorité sans équivoque, reconnue et respectée par la communauté internationale», assure-t-il. 

La décision crée un précédent. Les avocats doivent déjà inclure l’avis dans leurs argumentaires juridiques, car il a un grand poids juridique, normatif et politique

— Julie Segal, responsable de programme, Finance climatique, à l’organisme Environmental Defence

L’avis pourra être utilisé dans plusieurs causes canadiennes qui attendent toujours leur dénouement. C’est notamment le cas de la poursuite La Rose c. Sa Majesté le Roi, intentée en octobre 2019 par 15 jeunes. 

Ces plaignants et plaignantes reprochent au gouvernement fédéral de brimer leur droit de jouir d’un environnement propre et sain. Ils l’accusent également de compromettre leur avenir en contribuant, par ses actions, aux changements climatiques et en échouant à réduire suffisamment les émissions de gaz à effet de serre (GES).

En décembre 2023, la Cour d’appel fédérale a jugé leur requête recevable. Un tribunal devra déterminer, en octobre 2026, si les actions d’Ottawa violent les droits des jeunes plaignants en vertu de la Charte canadienne des droits et libertés, notamment de son article 7, qui protège les droits à la vie, à la liberté et à la sécurité.

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La Charte canadienne à la lumière de l’avis de la CIJ

«Le gouvernement jugeait notre poursuite trop vaste, trop complexe et trop politique, explique Albert Lalonde, l’un des membres de la poursuite. Mais la CIJ vient de nous donner raison sur le fond de notre raisonnement. Ça simplifie notre travail de défense.»

«Les règles qu’énonce la CIJ sont très pertinentes pour notre poursuite», considère Albert Lalonde, l’un des plaignants dans l’affaire La Rose c. Sa Majesté le Roi. 

Photo : Yixin Cao

Dans sa décision, la CIJ a en effet établi que les États ont l’obligation de :

Un autre litige climatique, Mathur contre Ontario, est devant les tribunaux. Sept jeunes Ontariennes allèguent que l’objectif de réduction des GES du gouvernement ontarien de Doug Ford est insuffisant et enfreint leurs droits garantis par la Charte canadienne des droits et libertés.

Leur contestation sera entendue une deuxième fois devant la Cour supérieure de l’Ontario les 1er et 2 décembre prochain. 

L’avis de la CIJ donne vraiment de l’espoir à nos clients, car en matière de changements climatiques, les juges canadiens se tournent souvent vers des juridictions étrangères pour obtenir des conseils sur la manière d’interpréter ce type de questions juridiques nouvelles

— Fraser Thomson, avocat d’Ecojustice

Dans ces deux affaires, le professeur de droit de l’Université métropolitaine de Toronto, Christopher Campbell-Duruflé, s’attend lui aussi à ce que la Charte canadienne soit interprétée à la lumière de l’avis de la CIJ, «car il existe une jurisprudence constante de la Cour suprême selon laquelle la Charte doit protéger tout autant que le droit international.»

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«Signal très fort» au Canada 

«Le Canada a une obligation de bonne foi de mettre en œuvre la décision de la CIJ. C’est le moment de faire une pause et de voir si les lois et les règlements sont conformes à l’avis», souligne le professeur Christopher Campbell-Duruflé. 

Photo : Courtoisie

Selon la CIJ, les États ont par ailleurs une «obligation de diligence» qui les contraint à mieux contrôler les activités du secteur privé, y compris celles de l’industrie pétrolière et gazière.

«Le Canada doit être vigilant dans la conduite de ses affaires internes et adopter les lois et les règlements nécessaires pour réduire ses émissions de GES», insiste Christopher Campbell-Duruflé. 

Thomas Burelli estime également que «l’avis envoie un signal très fort». «Ça doit probablement faire réfléchir le gouvernement, mais je ne pense pas que le Canada arrêtera pour autant l’exploitation des énergies fossiles.»

Ce dernier avance que dans le cadre d’éventuelles poursuites contre le projet de loi C-5 ou des projets d’intérêt national autorisés dans le cadre de cette loi, «les plaignants se saisiront sans doute de la décision de la CIJ».

«Le Canada doit désormais évaluer tous les nouveaux projets de pipelines, d’exploitation de gaz, de pétrole ou de sables bitumineux à la lumière de son devoir de diligence», poursuit Christopher Campbell-Duruflé.

À moyen terme, Thomas Burelli anticipe de son côté de nouvelles poursuites judiciaires entamées par différents États et organisations contre le Canada, quatrième producteur de pétrole au monde. 

À ses yeux, les pays les plus touchés par le réchauffement climatique pourraient exercer davantage de «pressions diplomatiques» sur Ottawa dans le but d’obtenir des programmes d’aide et du financement. 

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Revers pour le Canada 

La CIJ a rejeté l’idée, défendue notamment par le Canada, que les traités climatiques existants – et notamment le processus de négociation des conférences des Nations unies (COP) annuelles – étaient suffisants. Les États ont «des obligations strictes de protéger le système climatique», a-t-elle argüé. 

À l’image d’autres grands pays émetteurs de GES, le Canada soutenait que le droit coutumier, soit les règles de base reconnues par la communauté internationale sans être écrites dans des traités, ne s’appliquait pas aux questions climatiques. 

«La Cour a dit qu’aller aux COP, établir des cibles de réduction, c’était insuffisant pour qu’un pays respecte ses obligations climatiques», explique Thomas Burelli.

Selon le juriste, l’avis changera les rapports de force lors des négociations internationales sur le climat : «Ce sera très discuté lors de la COP 30, qui a lieu en novembre. Reste à savoir si ça va refroidir les négociateurs ou, au contraire, avoir un effet catalyseur.»

La Cour suprême a autorisé 38 groupes, dont plusieurs francophones en situation minoritaire, à intervenir dans l’étude de la Loi sur la laïcité de l’État québécoise. La question de l’interprétation de la clause dérogatoire, qui soustrait une loi à des droits protégés de la Charte canadienne, pourrait toucher tout le Canada. 

Photo : Ericka Muzzo – Francopresse (Archives)

FRANCOPHONIE

La Cour suprême du Canada se penchera sur la Loi québécoise sur la laïcité de l’État (connue sous le nom de Loi 21) cet automne. Surtout sur l’utilisation de la clause dérogatoire de la Charte canadienne des droits et libertés, qui permet de soustraire une loi à certains droits protégés. Plusieurs organisations francophones en milieu minoritaire ont obtenu le droit d’intervenir.

Un enjeu national : Son interprétation pourrait avoir des répercussions nationales, notamment sur le droit à l’égalité. En revanche, les droits linguistiques et ceux liés à l’instruction dans la langue de la minorité ne sont pas menacés par la clause dérogatoire, a rapporté Le Devoir.

Un nombre record de 38 organisations ont été autorisées à intervenir lors de l’étude de la Cour suprême. Chacune sera limitée à un mémoire de 10 pages et une plaidoirie de 5 minutes, sauf les gouvernements fédéral et provinciaux, qui disposeront de plus de temps. Ils ont jusqu’au 17 septembre pour déposer leur document.

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La députée franco-ontarienne Mona Fortier a annoncé un financement de 34 millions de dollars pour améliorer les programmes en santé de quatre établissements postsecondaires francophones. 

Photo : Inès Lombardo – Francopresse

Lundi, Mona Fortier, députée d’Ottawa–Vanier et secrétaire parlementaire de la ministre des Affaires étrangères, a annoncé que le ministère fédéral de la Santé débloquait 34 millions de dollars pour permettre à quatre établissements postsecondaires francophones de l’Ontario d’augmenter le nombre d’étudiants inscrits dans divers programmes.

Les établissements financés sont l’Université d’Ottawa (25 millions), le Collège La Cité d’Ottawa (6 millions), l’Université York – campus Glendon (1 million) et le Collège Boréal, dans le Nord de l’Ontario (1 million).

Ce financement découle du Plan d’action pour les langues officielles présenté en 2023 par le gouvernement fédéral, qui englobe le Programme pour les langues officielles en santé (PLOS), à hauteur de 192 millions de dollars de 2023 à 2028.

ÉCONOMIE

Air Canada a conclu une entente de principe mardi avec le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), qui représente 10 000 agents de bord, et a repris ses vols mardi soir. Le vote des syndiqués aura lieu la semaine prochaine.

Toutefois, la compagnie prévoit un retour à la normale seulement d’ici 7 à 10 jours, avec une reprise progressive débutant par quelques vols internationaux.

Arbitrage d’Ottawa : La ministre de l’Emploi, Patty Hajdu, a déclenché l’utilisation de l’article 107 du Code canadien du travail pour forcer un retour au travail dimanche. Le SCFP et d’autres syndicats ont cependant démontré leur intention de défier l’ordre. Les négociations ont débloqué par la suite, mardi.

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En juillet, l’Indice des prix à la consommation (IPC) a augmenté «de 1,7 % d’une année à l’autre en juillet», mais chute légèrement par rapport au mois de juin, où celui-ci s’était établi à 1,9 %, a annoncé Statistique Canada, dans son dernier rapport cette semaine.

La baisse marquée du prix de l’essence (-16,1 % sur un an) explique surtout ce ralentissement. Excluant l’essence, l’IPC a progressé de 2,5 %, soit le même rythme qu’en mai et juin.

Effet des tarifs américains : Andrew DiCapua, économiste principal de la Chambre de commerce du Canada, a affirmé qu’il s’agit d’un «rapport positif à plusieurs égards, car les pressions sur les prix des biens et des services s’atténuent».

Il prévoit que la Banque du Canada pourrait abaisser ses taux en septembre, si «cette dynamique se poursuit». En revanche, «La persistance des mesures de base en juillet pourrait compromettre les progrès».

La question des tarifs pourrait continuer de se répercuter sur les prix à la consommation selon lui.

Anita Anand, ministre des Affaires étrangères, n’a pas répondu à la lettre de son collègue libéral, Nate Erskine-Smith, qui la presse d’intervenir à Gaza, où la famine est orchestrée par Israël comme une «arme de guerre», ce que la ministre avait dénoncé en mêlée de presse après le 18 mars 2025, jour du blocage par Israël de toute nourriture, médicaments et aide aux Palestiniens. 

Photo : Camille Langlade – Francopresse (Archives)

CANADA

Pression : Le député de Beaches–Est York, Nate Erskine-Smith, a écrit une lettre (en anglais seulement) dans laquelle il presse explicitement la ministre des Affaires étrangères, Anita Anand, libérale elle aussi, d’intervenir dans une mission «multilatérale» de paix, avec ou sans l’Organisation des Nations Unies (ONU).

Il y reconnait pour la première fois un «génocide» en cours à Gaza et provoqué par les actions d’Israël.

«Ce qui n’est pas dit, c’est que cette horreur humanitaire est le résultat des punitions collectives infligées par Israël et de la destruction gratuite du peuple palestinien. Il n’existe aucun monde dans lequel l’attaque terroriste du Hamas du 7 octobre justifie la souffrance des enfants palestiniens émaciés», écrit-il à sa collègue de caucus.

Questionnée à ce sujet par Francopresse mardi, la ministre a affirmé avoir «reçu» la lettre, mais n’a pas offert de réponse.

Une entreprise d’Ottawa suspend son envoi de GPS à Israël : Si la ministre des Affaires étrangères continue à refuser de reconnaitre que le Canada envoie des armes, CBC a révélé cette semaine que l’entreprise Calian GNSS, basée à Ottawa, a suspendu les livraisons d’antennes GPS destinées à Elbit, une entreprise israélienne spécialisée dans la défense, après en avoir expédié certaines le weekend dernier.

Cette décision a été prise à la suite de la publication d’un rapport détaillé présentant des preuves que le gouvernement canadien aurait menti depuis janvier 2024 lorsqu’il affirmait avoir suspendu les exportations d’armes vers Israël.

Mercredi, Israël a mis à exécution son plan d’invasion de la ville de Gaza, désormais encerclée.

Antonio Guterres, secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (ONU), a haussé le ton en appelant de nouveau à un cessez-le-feu. Mais aucune autre action de la part de l’ONU n’a été mise en place pour stopper ce plan.

Dans un communiqué jeudi, l’ONU rappelle que la situation «s’aggrave d’heure en heure», avec des hôpitaux qui ont cessé leurs activités ou qui sont saturés.

Donald Trump a, de son côté, ordonné la suspension des visas qui permettaient aux Palestiniens, notamment les enfants gravement blessés, d’être évacués de la bande de Gaza et de se faire soigner aux États-Unis.

Pierre Poilievre a remporté l’élection partielle avec une avance très confortable dans une circonscription albertaine historiquement conservatrice. Il a conquis Battle River–Crowfoot le 18 aout avec 80,4 % des voix.

Le candidat conservateur, Damien Kurek, l’avait remporté avec 82,84 % des voix ce printemps. Il a démissionné pour laisser la place à son chef, qui n’a pas été réélu dans Carleton en banlieue d’Ottawa, pour que ce dernier siège au Parlement.

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Elizabeth May ne se représentera pas aux prochaines élections fédérales. Elle a la seule élue du Parti vert au Parlement depuis l’élection de 2025. 

Photo : Laurel L Russwurm – CCA2

La cheffe et seule élue fédérale du Parti a annoncé cette semaine, dans un courrier adressé cette semaine aux membres du Parti vert, qu’elle ne représentera pas aux prochaines élections.

Selon La Presse canadienne, elle écrit vouloir développer le caucus parlementaire du parti, tout en se concentrant sur la crise climatique, le cout de la vie, la justice et la paix dans les zones de conflit, avant de prendre sa retraite.

Une révision de la direction et les modalités de vote devraient être bientôt envoyées aux membres du parti pour l’élection d’une nouvelle direction.

Le président Trump a reçu Volodymyr Zelensky, président de l’Ukraine, ainsi que plusieurs dirigeants européens après le sommet entre Trump et Poutine quelques jours plus tôt, pour trouver des solutions de fin de guerre entre la Russie et l’Ukraine. 

Photo : Trong Khiem Nguyen, Public Domain Mark – Flickr

SCÈNE INTERNATIONALE

Donald Trump a annoncé préparer une rencontre entre le président de l’Ukraine, Volodymyr Zelensky, et le président de la Russie, Vladimir Poutine, que Moscou refusait jusqu’ici. Cette rencontre suivrait la réunion de mardi Washington avec le président ukrainien et des dirigeants européens. Le premier ministre Mark Carney n’était pas présent pour cette discussion.

Vendredi dernier, le président américain a rencontré son homologue russe lors d’une rencontre en Alaska.

Des détails à régler : Selon le chancelier allemand Friedrich Merz, Vladimir Poutine a accepté un face-à-face dans les deux semaines à venir, suivi d’une possible rencontre trilatérale avec Trump.

Volodymyr Zelensky a précisé que la question des concessions territoriales devrait être discutée directement avec Vladimir Poutine. Avant une rencontre avec les dirigeants européens, Trump et Zelensky ont eu un entretien bilatéral cordial à la Maison-Blanche.

Michelle Rempel Garner, députée conservatrice de Calgary Nose Hill, a déclaré le 13 aout que son parti déposera un projet de loi pour éviter que la justice prenne en compte le statut d’immigration d’une personne non canadienne. Pour cela, le Parti  conservateur souhaite modifier le Code criminel.  

«Notre projet de loi ajoutera […] l’article 718.202 au Code criminel qui stipulera expressément que tout juge ne doit pas tenir compte, lorsqu’il prononce une peine, de l’incidence potentielle de celle-ci sur le statut d’immigration d’un délinquant non citoyen condamné ou sur celui des membres de sa famille.»

Un communiqué d’annonce du projet de loi affirme que «depuis 2013, un arrêt de la Cour suprême permet aux juges de tenir compte du statut d’immigration au moment de déterminer la peine à infliger».

Dans son annonce, le parti cite également deux exemples de causes pour agression sexuelle commise par deux personnes n’ayant pas la citoyenneté canadienne.

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Un jugement complet plus en nuances

Dans l’une de ces deux affaires, un résident permanent a tenté d’acheter des services sexuels d’une adolescente de 15 ans.

Le tribunal lui a accordé la liberté conditionnelle avec trois mois d’assignation à domicile. La Couronne requérait de son côté 90 jours de détention.

Dans leur communiqué, le Parti conservateur omet de préciser que la jeune fille avec laquelle le résident permanent échangeait par messagerie avant la rencontre était en fait un policier qui agissait dans le cadre d’une mission menée en 2023 par la police ontarienne pour repérer et arrêter des pédocriminels.

Si le statut d’immigration de ce résident permanent est pris en compte en partie dans la décision du tribunal, plusieurs faits atténuants – comme un casier judiciaire vierge et l’absence de comportement criminel notoire – ainsi que quelques «incohérences» soulevées par le juge dans la mission policière – comme le fait que l’annonce mise en ligne indiquait que la jeune fille avait 18 ans – «rédui[sent] ainsi davantage la responsabilité morale» du contrevenant, lit-on dans le jugement.

Une évaluation psychologique a déterminé que ce dernier «présente un faible risque de récidive et ne montre aucun signe d’intérêts sexuels déviants ou de comportement antisocial. Il a fait preuve d’un repentir sincère et a pris des mesures proactives en vue de sa réinsertion, notamment en suivant 12 séances de thérapie».

Il aurait insisté sur le fait qu’il n’avait jamais eu l’intention de rechercher des personnes mineures et qu’il était davantage motivé par des besoins émotionnels et sexuels insatisfaits que par des intentions déviantes.

«Cependant, je note qu’une fois qu’il a été informé que l’escorte avait 15 ans, les SMS ont révélé qu’il lui avait dit : “Si nous nous entendons bien, je te verrai assez souvent.”  Cela suggère un intérêt continu pour les filles mineures», écrit le juge.

Pas une protection absolue

Le professeur de droit de l’immigration, des réfugiés et de la citoyenneté à l’Université d’Ottawa, Yves Le Bouthillier, rappelle qu’en tant que résident permanent, le mis en cause peut toujours faire l’objet d’un renvoi en cas d’acte criminel grave et que les personnes condamnées peuvent toujours avoir des répercussions sur leur demande de citoyenneté.

Cette personne n’aurait probablement pas été condamnée à une peine plus lourde si elle avait été canadienne, confirme-t-il. De plus, la décision de la Cour suprême précisait que la peine doit rester proportionnelle à la gravité des faits.

Le Parti conservateur laisse aussi entendre que le coupable a été libéré sous condition, ce qui n’entravera pas sa demande de citoyenneté, mais que s’il avait été condamné plus lourdement, il n’aurait pas eu la citoyenneté.

Or, selon la Loi sur la citoyenneté, même en cas de condamnation d’une peine de moins de six mois (la Couronne demandait trois mois), il aurait toujours pu faire une demande de citoyenneté. Ce processus aurait seulement été retardé de quatre ans.

En somme, la personne aurait dans tous les cas pu faire sa demande de citoyenneté.

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«Crimes graves»

«La grande majorité des immigrants et des résidents temporaires du Canada respectent la loi. Mais il va de soi qu’il faut expulser les non-citoyens reconnus coupables de crimes graves», conclut le Parti conservateur par communiqué.

La Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés recense déjà l’interdiction de territoire pour grande criminalité, pour des faits passibles de six mois d’emprisonnement au moins et être déclaré coupable d’une peine de prison d’au moins 10 ans (article 36 1)b) et c)).

«Si quelqu’un est déclaré coupable et écope d’un emprisonnement de six mois, mais que la peine maximale est d’au moins dix ans, il pourrait être déporté quand même», explique le professeur Le Bouthillier.

Une politique d’origine conservatrice sous Harper

Sous le gouvernement Harper surtout, le gouvernement conservateur a pris toutes sortes de mesures pour réduire les recours disponibles aux personnes soit étrangères ou résidents permanents qui font l’objet de mesures de renvoi.

— Yves Le Bouthillier, professeur de droit de l’immigration, des réfugiés et de la citoyenneté à l’Université d’Ottawa

À ce titre, le gouvernement Harper a modifié en 2013 la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés.

Comme exemple, citons l’arrêt Pham de la Cour suprême. Cette décision remonte aussi à 2013, juste avant la modification de la loi par le gouvernement conservateur. À l’époque, il fallait au moins deux ans d’emprisonnement pour faire l’objet d’un renvoi sous qualification de «grande criminalité», mais le gouvernement a ramené cette période à six mois (article 24).

Les conservateurs ont aussi rendu plus difficile l’obtention de la citoyenneté canadienne avec «toutes sortes de conditions, comme le test de connaissance du Canada, qu’ils imposaient à une palette d’âge plus large», cite Yves Le Bouthillier.

Contactée par Francopresse, l’équipe de communication du Parti conservateur n’a pas répondu aux demandes de précisions sur le projet de loi à venir.

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«Le télétravail a toujours existé dans les Maritimes, mais la COVID-19 a accéléré le phénomène. Il y a un avant et un après pandémie», affirme le professeur à l’École des hautes études publiques de l’Université de Moncton, Pierre-Marcel Desjardins.

«La possibilité de faire du télétravail explique en partie la hausse récente de la population en Atlantique, notamment dans la région de Moncton, d’Halifax et à l’Île-du-Prince-Édouard», indique l’économiste Pierre-Marcel Desjardins. 

Photo : Courtoisie

Selon l’économiste, depuis la pandémie, les chiffres de l’emploi ont plus fortement augmenté en région Atlantique dans les secteurs où il est possible de télétravailler. Il cite notamment la fonction publique, l’administration, les services, etc.

Historiquement, «il y a moins d’emplois télétravaillables» dans les provinces maritimes, dont l’économie repose sur la foresterie, la pêche, la transformation des produits de la mer, l’agriculture ou encore le tourisme, explique le professeur de gestion des ressources humaines à l’École des hautes études publiques de l’Université de Moncton, Arnaud Scaillerez.

Jusqu’en 2020, le Nouveau-Brunswick était ainsi la province où le télétravail était le moins répandu au Canada, rapporte-t-il.

Mais la crise sanitaire a totalement changé la dynamique. De nombreuses personnes «ont pu travailler à distance et s’installer dans les régions rurales des Maritimes afin d’améliorer leur qualité de vie», assure le coauteur d’une étude en cours sur l’évolution du télétravail en milieu rural francophone en contexte minoritaire au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse et en Ontario.

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Des avantages bien implantés

En Ontario justement, dans les 73 municipalités rurales francophones que les chercheurs ont identifiées, 16 % de la population active — majoritairement des femmes — travaillent à domicile, principalement dans les secteurs des affaires, de la finance et de l’administration.

En Alberta, Étienne Alary note que le télétravail rencontre de moins en moins de succès, aussi bien parmi les organismes francophones ou les entreprises. 

Photo : Courtoisie

Le professeur adjoint en économie à l’Université de l’Ontario français, Chedrak Chembessi, qui participe à l’étude, indique que certains organismes francophones avaient déjà mis en place des pratiques de télétravail avant la pandémie, afin de pallier «les difficultés de recrutement en français dans certaines régions, comme Toronto».

Depuis, les employeurs se sont définitivement laissé convaincre de l’intérêt du télétravail. «Ils ont compris que ça leur permettait de faire des économies, que la productivité de leurs salariés était tout aussi bonne», souligne Arnaud Scaillerez.

Pour certains métiers confrontés à une pénurie de main-d’œuvre, le travail à distance offre également «plus de flexibilité» et permet de «combler plus facilement les postes», estime de son côté Pierre-Marcel Desjardins.

Dans l’ouest, la situation est cependant plus contrastée. En Alberta, «le gouvernement provincial a rapidement mis fin au télétravail après la pandémie et les entreprises ont rapidement emboité le pas», signale le directeur général de Parallèle Alberta, Étienne Alary.

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«Retour au bercail» des Acadiens et des Franco-Ontariens

Quelles que soient les dynamiques à l’œuvre, les communautés rurales à proximité des grands centres urbains sont les plus attractives. Arnaud Scaillerez évoque les petites et moyennes villes autour de Moncton et d’Halifax, tandis que Chedrak Chembessi mentionne les zones rurales autour d’Ottawa et de Sudbury.

«Les gens en télétravail en zone rurale veulent profiter d’un plus grand confort de vie au quotidien et améliorer la conciliation travail vie de famille», analyse Arnaud Scaillerez. 

Photo : Courtoisie

Ce dernier rappelle que «la fracture numérique» demeure un frein technique au développement du télétravail. «Internet n’est pas suffisamment fiable et efficace dans les espaces ruraux. Il y a aussi pas mal de zones blanches [mal desservies, NDLR] au niveau de la téléphonie.»

Le profil des nouveaux venus est varié. Arnaud Scaillerez parle de «personnes immigrées», de citadins originaires des métropoles comme Calgary, Toronto et Montréal, mais aussi d’Acadiens, partis travailler ailleurs, qui «retournent au bercail, car ils peuvent garder leur emploi grâce au télétravail».

Chedrak Chembessi a également observé le retour de Franco-Ontariens dans les communautés francophones du nord de la province d’où ils sont originaires. «Depuis la pandémie, ils se sont repliés dans les lieux de solidarité familiale auxquels ils appartiennent, dans des environnements familiers qu’ils connaissent.»

Les organismes communautaires doivent néanmoins les accompagner «pour qu’ils créent de nouvelles relations avec leur territoire d’origine qu’ils ont quitté il y a parfois très longtemps», précise Chedrak Chembessi.

Stimulations économiques

L’arrivée de ces télétravailleurs contribue à «repeupler en partie les territoires ruraux francophones victimes du déclin démographique», assure Arnaud Scaillerez.

Étienne Alary estime, lui, que le télétravail est «une solution à court terme» pour doper la croissance démographique, tant que les communautés «ne seront pas assez outillées en termes de logement et d’infrastructures».

Aux yeux de Pierre-Marcel Desjardins, le télétravail stimule malgré tout l’économie et permet de lutter contre les fermetures de commerces et de services. Une bonne vingtaine d’espaces de travail partagé, adossés à des cafés et à des boulangeries, se sont ainsi créés dans les Maritimes ces dernières années.

Méconnaissance de la ruralité francophone

«Le revers de la médaille, c’est que les personnes n’ont pas forcément une bonne compréhension de la réalité dans laquelle elle s’installe. Il peut y avoir des conflits», reconnait l’économiste. 

Les gens espèrent avoir les mêmes services qu’en ville. Les collectivités locales s’inquiètent du besoin de mettre en place davantage d’infrastructures de loisirs et numériques pour répondre aux besoins des néoruraux.

— Chedrak Chembessi

Dans son étude, Arnaud Scaillerez a constaté une certaine «crainte de perte de l’usage du français» face à l’afflux d’individus unilingues anglophones, voire allophones dans des communautés initialement francophones.

Dans les Maritimes, la montée en flèche des prix de l’immobilier, «au détriment des habitants qui ont plus de mal à accéder au logement», selon les mots d’Arnaud Scaillerez, constitue un autre impact négatif de la venue d’une nouvelle population au pouvoir d’achat plus élevé.

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Les «déçus» du télétravail

Si le télétravail a connu un essor sans précédent ces cinq dernières années, l’expérience ne convainc pas tout le monde. «Il y a des déçus, certains néoruraux idéalisent trop le travail à distance et la vie à la campagne», détaille Arnaud Scaillerez.

«Certains élus locaux sont réticents à créer des espaces de coworking de peur de créer une double dynamique sociale avec deux catégories de travailleurs, ceux en présentiel et ceux à distance», explique le chercheur ontarien Chedrak Chembessi. 

Photo : Courtoisie

«Ils se sentent isolés par rapport à leur milieu de travail initial, par rapport aux autres personnes occupées dans la communauté. Ils ont le sentiment que leur travail est devenu leur loisir, à cause du manque d’infrastructures», poursuit Chedrak Chembessi.

À cet égard, Étienne Alary note qu’en Alberta les salariés préfèrent de plus en plus retourner au bureau, avec l’envie de «tisser des liens d’équipe et de bâtir une culture d’entreprise commune».

«Les formules de télétravail à temps complet existent de moins en moins dans les organismes franco-albertains. On a plus des politiques de travail hybride avec une journée ou deux de travail par semaine à la maison», dit-il.

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Pierre Poilievre a largement remporté l’élection dans la circonscription albertaine historiquement à majorité conservatrice. Il a reconquis la circonscription le 18 aout avec 80,4 % des voix.

Le candidat conservateur, Damien Kurek, l’avait remporté à 82,84 % des voix ce printemps. Il a démissionné pour laisser la place à son chef, qui n’a pas été réélu dans Carleton en banlieue d’Ottawa, pour que celui-ci siège au Parlement.

Le faible écart ne permet pas d’émettre des conclusions sur l’avenir de Pierre Poilievre, estime le professeur de science politique au Campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta, Frédéric Boily.

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«La faille conservatrice reste la même»

Au lendemain de cette victoire de Pierre Poilievre, «la faille conservatrice reste la même», avance le professeur. «C’est la difficulté pour les conservateurs de faire des gains importants du côté de l’Ontario et, dans une moindre mesure, du côté du Québec et de s’assurer d’une base électorale également assez importante du côté des Maritimes», analyse-t-il.

Les sondages donnaient les conservateurs gagnants de l’élection fédérale d’avril, un rêve qui s’est éloigné pour le Parti conservateur du Canada (PCC) lorsque les libéraux sont remontés après la démission de Justin Trudeau, en janvier, et la présence de Mark Carney à la course de la chefferie libérale.

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L’autre facteur aggravant et toujours présent pour Pierre Poilievre est la menace économique forte que représente Donald Trump pour le Canada. «Cela a créé une dynamique complètement différente», commente Frédéric Boily. Sans le président américain, les conservateurs auraient «facilement remporté l’élection».

Un sondage Léger effectué en avril 2025 a recensé que plus de la moitié des électeurs (58 %) a été influencée par Donald Trump et ses menaces de tarifs douaniers dans le choix d’un chef de parti ou d’un parti politique lors de la campagne électorale.

Le professeur Frédéric Boily affirme que Pierre Poilievre revient avec les défis qui l’occupaient juste avant l’élection fédérale d’avril. 

Photo : Courtoisie

La menace Carney venant de l’extérieur…

Mais la menace canadienne la plus vive pour Pierre Poilievre vient «du côté des libéraux» et de Mark Carney, croit Frédéric Boily.

«Si des projets d’infrastructures, de transport pour l’énergie [à la suite de l’adoption hâtive du projet de loi C-5 juste avant la relâche parlementaire en juin, NDLR] se réalisent rapidement, ça va enlever une carte importante à Pierre Poilievre. Et si Marc Carney réussit à bien gérer le dossier avec les États-Unis, ça va devenir difficile», observe le professeur Boily.

Pour ce dernier, Marc Carney s’est «déplacé vers le centre droit» de l’échiquier politique, ce qui dame le pion à Pierre Poilievre sur ces aspects.

… mais sans rival «sérieux» à l’interne

Un assombrissement de moindre importance attend le chef conservateur : des fissures mineures sont observées depuis l’élection fédérale d’avril.

Des figures conservatrices ont parlé davantage aux médias, une chose rare. Un mécontentement sourd a abouti au vote des députés conservateurs qui se sont donné la possibilité de montrer la porte à leur chef, au besoin.

Mais ces fissures datent «d’avant les résultats de l’élection fédérale», rappelle Frédéric Boily. «Celles-ci venaient surtout de la part de Doug Ford et de son ancien conseiller.»

Ce qu’on ne voit pas présentement, je dirais, c’est plutôt le fait qu’il ne semble pas y avoir un rival sérieux. Si Pierre Poilievre part demain matin, qui pourrait le remplacer?»

— Frédéric Boily

«J’imagine qu’il y en a qui pensent à certains noms, mais dans l’œil du public présentement, j’ai l’impression qu’on ne voit aucun nom se dégager clairement comme potentiel chef du parti conservateur.»

Cet atout laisse l’espace nécessaire au chef conservateur pour faire «le bilan de l’élection fédérale et les ajustements nécessaires», conclut Frédéric Boily.

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«Le plus gros défi, c’est les ventes, c’est vraiment très dur de rejoindre le public, les jeunes en particulier», confie l’illustrateur de bande dessinée, Martin Deschatelets, également dessinateur pour des studios d’animation et des créateurs de jeux vidéos.

Entre 2018 et 2023, le Franco-Ontarien a publié avec Kevin Montpellier deux tomes de la série L’Ordre de Jacques-Cartier, commandée par le Réseau du patrimoine franco-ontarien.

«J’aime ça raconter une histoire en images, jouer avec les différentes couleurs, les éclairages, les ombres, ça donne beaucoup de vie, ça transmet les émotions avec beaucoup de subtilités», partage Martin Deschatelets.

Des «petites parutions à droite, à gauche»

Entre l’écriture du script, la création des dessins, la scénarisation des pages, la commercialisation de la bande dessinée, «ça demande énormément de travail», souligne Martin Deschatelets.

«Il n’y a pas de maison d’édition en Ontario pour publier de la BD en français, et le marché québécois est très fermé», déplore le bédéiste Martin Deschatelets. 

Photo : Courtoisie

«On doit faire la promotion nous-mêmes, on va voir les magasins pour leur proposer. Ce n’est pas possible d’en vivre. Les deux premières semaines après la sortie, ça se vend bien et après plus rien», poursuit-il.

Le bédéiste et chargé de cours à l’Université du Québec en Outaouais, Paul Roux, confirme les difficultés de la bande dessinée franco-canadienne à se faire une place sur la scène littéraire nationale.

Selon lui, malgré la volonté de plusieurs maisons d’édition francophones en situation minoritaire de développer le neuvième art, les éditeurs «n’ont pas le temps d’investir dans des créateurs» et encore moins «les moyens financiers de les soutenir».

«Aujourd’hui, les éditeurs veulent des séries courtes pour passer à autre chose alors qu’avant on suivait l’aventure des personnages sur le long terme», ajoute-t-il.

L’auteur de L’égout du risque, roman jeunesse illustré et republié aux éditions du Pacifique Nord-Ouest, évoque quelques tentatives dans la francophonie minoritaire, «des petites parutions à droite, à gauche», très peu de «publication soutenue».

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Défi de «tenir dans la durée»

«Une BD coute très cher, car c’est très long à faire, c’est minimum un an de travail pour les illustrations et plusieurs mois pour écrire le script, observe Paul Roux. Les avances aux auteurs ne suffisent pas et il n’y a pas suffisamment de bourses.»

Parmi les sources d’inspiration de l’auteure Camille Perron-Cormier figure le bédéiste Dano LeBlanc, créateur du premier superhéros acadien, Acadieman

Photo : Courtoisie

Dans ce contexte, les jeunes auteurs ont du mal à émerger et, surtout, à «tenir dans la durée», estime celui qui illustre aussi la série de romans jeunesse Les Trois Mousquetaires, publiés par Bouton d’Or Acadie.

La maison d’édition du Nouveau-Brunswick publie également les bandes dessinées de l’Acadienne Camille Perron-Cormier.

«En tant que bédéiste francophone, on est assez isolé. Alors l’une des choses les plus précieuses, c’est d’avoir le soutien d’une maison d’édition. Ça nous aide dans le processus de création et d’écriture, ça permet de se faire connaitre», affirme l’auteure de la série pour enfants Crapaud et Romarin, une quête identitaire inspirée de l’univers des sorcières.

L’illustratrice indépendante a mis trois ans à réaliser chacun des deux tomes de sa série : «Il faut travailler son univers, ses personnages pour construire un scénario solide, prendre du temps pour les dessins au crayon, la coloration, la révision à l’ordinateur.»

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Capitaine Acadie, créé par Dany et Daniel Bouffard, est un superhéros acadien dont les lecteurs peuvent suivre les aventures depuis 2019. 

Photo : Courtoisie

Paul Roux a écrit et illustré L’Égout du risque, l’histoire d’un garçon qui aime ce qui empeste et rêve de visiter les égouts de la ville. 

Photo : Courtoisie

Camille Perron-Cormier a publié les deux premiers tomes de la série Crapaud et Romarin : SOS Sorcières et Maude et le spectre. Elle espère publier le prochain épisode de la série au début de 2026. 

Photo : Courtoisie

Démystifier le travail de bédéistes

Les frères jumeaux Daniel et Dany Bouffard ont, eux, imaginé les aventures de Capitaine Acadie. En 2019, ils ont créé leur propre maison d’édition, Bedecomics. Depuis, ils ont sorti huit albums du superhéros aux dizaines de super pouvoirs acadiens.

Ils ont vendu en moyenne 3000 exemplaires de chaque album. Un nouvel épisode, qui se déroule à l’Île-du-Prince-Édouard, sera lancé en décembre prochain.

«On veut partager notre passion pour les superhéros et notre identité acadienne. On adapte les scénarios à chaque région», explique Dany Bouffard, fils d’une famille acadienne et né aux Îles-de-la-Madeleine, au Québec.

Les frères Dany et Daniel Bouffard (de g. à d.) ont inventé le superhéros Capitaine Acadie en 2019. 

Photo : Courtoisie

Quel que soit leur parcours, tous les auteurs veulent démystifier leur travail et transmettre leur passion aux jeunes générations. Camille Perron-Cormier donne des ateliers scolaires, Paul Roux participe à des tournées scolaires et à des salons du livre aux quatre coins du pays. Il crée par ailleurs des webzines pour le Centre franco-ontarien de ressources pédagogiques.

Les frères Bouffard font appel aux enfants et aux adolescents dans leurs projets grâce à des concours de dessins qui permettent de choisir des œuvres gagnantes et de les publier dans les albums de Capitaine Acadie.

Martin Deschatelets conçoit lui aussi des bandes dessinées pédagogiques pour les conseils scolaires, mais depuis deux ans les demandes se raréfient.

«C’est triste et frustrant, car tout le monde a sauté sur l’intelligence artificielle, beaucoup de monde préfère payer zéro plutôt que de payer un artiste. La quantité prime sur la qualité», regrette-t-il.

Le Franco-Ontarien espère tout de même terminer et publier les derniers tomes de L’Ordre de Jacques-Cartier et de Big Nick, le superhéros de Sudbury qu’il a créé avec Kevin Montpellier.

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Mise à jour : samedi 16 aout 14 h

La ministre Patty Hadju a annoncé en début d’après-midi qu’elle demandait «au Conseil d’imposer un arbitrage définitif et contraignant afin d’aider les parties à parvenir à un accord sur les clauses en suspens de leur convention collective, et de prolonger la durée de la convention collective existante jusqu’à ce qu’une nouvelle convention soit établie par l’arbitre».

Dans son communiqué, elle indique avoir pris cette décision parce que le conflit de travail a déjà causé des torts à l’économie et aux Canadiens et Canadiennes. Elle éviter que la situation s’aggrave.

Il faudra tout de même attendre quelques jours pour que les services d’Air Canada reviennent à la normale.

Avec les informations d’Inès Lombardo, Marine Ernoult et Julien Cayouette

Texte original

Le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) a réitéré huit demandes dans un communiqué de presse hier, à la veille du déclenchement de la grève. Le conflit porte principalement sur des questions salariales. 

«Le salaire minimum fédéral est de 17,75 $ l’heure, soit 2840 $ par mois. Les agent(e)s de bord juniors d’Air Canada travaillant à temps plein ne gagnent que 1952 $ par mois. Ce sont des salaires de misère», explique le syndicat dans le communiqué de presse. 

Ce que réfute Air Canada, qui affirme qu’une hausse salariale de 38 % est sur la table «depuis des mois», selon Arielle Meloul-Wechsler, vice-présidente générale et chef des Ressources humaines et des Affaires publiques chez Air Canada, en conférence de presse jeudi matin. 

Cette offre, mentionnée par l’entreprise aérienne dans un communiqué de presse le lendemain, est une «augmentation de la rémunération globale sur quatre ans […] Cela inclut les pensions et le travail au sol», un autre point d’achoppement entre les deux parties. 

«Les agent(e)s de bord d’Air Canada ne sont pas rémunéré(e)s pour les heures passées à accomplir des tâches essentielles liées à la sécurité, à l’embarquement, au débarquement, aux urgences, etc. Les agent(e)s de bord méritent d’être rémunéré(e)s pour toutes les heures travaillées», insiste le SFCP, dans son communiqué. 

Selon Air Canada, le salaire horaire augmenterait de 12 à 16 % la première année, tandis que le SCFP dénonce que l’entreprise «n’offre aux agents de bord qu’une augmentation de 8 % la première année de leur nouveau contrat et seulement 17,2 % sur les quatre années du contrat», contre 38 % mis en avant par l’entreprise. 

À lire : Affaire du PDG d’Air Canada, «le perpétuel recommencement»

La firme de sondage Angus Reid a mesuré l’appui des Canadiennes et Canadiens aux demandes du syndicat. Moins les répondants font des voyages en avion, plus ils appuient la demande des agents de bord d’être payés pour le temps de préparation au sol.

La conférence de presse d’Air Canada a été interrompue par des agents de bord venus passer leur message («Les travailleurs non payés ne voleront pas», peut-on lire sur le panneau). 

Photo : Capteur d’écran – Zoom

Pas d’enjeu linguistique lors des négociations

Air Canada est l’une des cibles qui fait le plus fréquemment l’objet de plaintes auprès du Commissaire aux langues officielles du Canada. Malgré cela, le syndicat souligne que cette question ne fait pas partie des discussions. 

«Pour l’instant les enjeux sont reliés au travail non payé et au salaire de misère», a répondu une représentante du SCFP, dans un courriel à Francopresse. Au moment de publier, Air Canada n’avait pas répondu à nos questions. 

Même si le transporteur aérien n’était plus en tête du nombre de plaintes au sujet du non-respect des droits linguistiques des francophones au cours des deux dernières années, il reste l’objet de nombreuses d’entre elles. Le commissariat en a reçu 847 en 2023-2024 et 1163 pour l’année 2024-2025.

Le SCFP affirme avoir «toujours [soutenu] les demandes de bilinguisme de la part des voyageuses et voyageurs. Les procédures d’embauche chez Air Canada devraient refléter cet important enjeu». 

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Voyageurs coincés à l’étranger

Air Canada avait commencé à annuler des vols dès jeudi, créant des complications pour quiconque voyage, mais aussi pour les festivals et d’autres transporteurs.

Alexandrine Khalid-Leroux, en vacances en Grèce depuis le 8 aout, se dit «un peu nerveuse» depuis l’annonce du conflit de travail. La Franco-Ontarienne est censée décoller d’Athènes à bord d’Air Canada le 17 aout pour rentrer à Ottawa.

«Ça ajoute du stress à mes vacances, confie la jeune femme. Après le 17, je n’ai rien de planifié au niveau des hôtels. Ça fait des dépenses imprévues, mais il faut rester flexible.»

Ça ajoute du stress à mes vacances, confie la jeune femme. Après le 17, je n’ai rien de planifié au niveau des hôtels. Ça fait des dépenses imprévues, mais il faut rester flexible.

— Alexandrine Khalid-Leroux

Dans un courriel qu’elle a reçu le jeudi 14 aout, Air Canada lui a offert trois possibilités : modifier son vol sans frais, l’annuler avec un remboursement sous forme de crédit voyage ou conserver sa réservation actuelle et tenter, dans le pire des cas, de trouver une place à bord d’un autre vol. Dans un publication du 15 aout, le transporteur a cependant précisé que cette dernière possibilité était «peu probable».

L’infirmière n’avait pas encore pris de décision jeudi. Elle n’a pas beaucoup de temps, car elle doit être de retour au travail le 19 aout.

Répercussions sur des manifestations culturelles

À Sudbury, en Ontario, le festival bilingue de musique et d’art urbain Up Here a dû changer sa programmation à la dernière minute, parce que le vol du groupe canadien Miesha and the Spanks a été annulé, ce qui a forcé le désistement de ces artistes.

Le codirecteur artistique du festival, Christian Pelletier, confirme également qu’un autre artiste est coincé à Montréal en raison des répercussions des annulations, et ce, même s’il voyageait sur les ailes d’une autre compagnie aérienne.

«Nous sommes toujours en standby pour deux autres annulations possibles», disait-il vendredi.

Plus chanceux, le spectacle télévisé de la Fête nationale de l’Acadie qui a eu lieu à Charlottetown le 15 aout n’a pas subi de problèmes.

Des artistes de Louisiane, comme Zachary Richard, ou de Terre-Neuve, comme Port-Aux-Poutines, ont pu participer au concert comme prévu.

«Ils [étaient] déjà arrivés il y a quelques jours et pour les spectateurs, beaucoup de monde vient en auto de l’ile ou des autres provinces maritimes», explique Émile Gallant, le directeur général du Carrefour de l’Isle-Saint-Jean, qui organise l’évènement avec la Société nationale de l’Acadie.

À lire : Le potentiel inexploré de l’économie acadienne

Des moyens de transport de rechange en demande

L’entreprise Marine Atlantique, qui exploite le service de traversier entre l’Île-du-Prince-Édouard, Terre-Neuve et la Nouvelle-Écosse, s’attend à recevoir «plus d’appels pour des réservations dans les jours à venir», selon son responsable de la communication, Darrell Mercer.

C’est un vrai problème, car le service est déjà très très occupé, presque à pleine capacité, s’inquiète ce dernier. On n’a pas beaucoup d’espaces disponibles dans les deux prochaines semaines.

— Darrell Mercer

Les quatre navires, qui assurent la liaison entre les trois provinces de l’Atlantique, peuvent accueillir 1000 personnes chacun.

«Ce sont les passagers avec véhicule qui posent le plus grand problème. On n’a pas assez de place, explique Darrell Mercer. Les gens peuvent venir à nos terminaux sans réservation et se mettre en file, mais ils n’auront pas de garantie d’avoir une place.»

Lundi soir, une centaine de personnes se sont réunies devant le siège de CBC/Radio-Canada à Ottawa pour rendre hommage à six journalistes palestiniens d’Al-Jazeera tués la veille par Israël. Des évènements similaires ont été organisés dans plusieurs autres villes canadiennes et dans le monde.

Vigie : Israël a reconnu avoir ciblé ces journalistes, plus particulièrement Anas Al-Sharif. Sans fournir suffisamment de preuves, l’armée israélienne dit avoir tué le «chef d’une cellule terroriste».

Anas Al-Sharif était un des journalistes les plus connus en Palestine et n’a jamais été reconnu comme membre du Hamas. Toutes les associations internationales de protection des journalistes réfutent la condamnation. Le Comité de protection des journalistes rappelle qu’Israël a souvent présenté des accusations sans preuve tangible pour faire taire des journalistes.

Après ces assassinats, Reporter sans frontières (RSF) a demandé une réaction «forte». «La communauté internationale ne peut plus fermer les yeux et doit réagir et faire cesser cette impunité. RSF appelle le Conseil de sécurité des Nations unies à se réunir d’urgence sur le fondement de la résolution 2222 de 2015 sur la protection des journalistes en période de conflit armé afin de stopper ce carnage.»

L’Organisation des Nations Unies affirme qu’au moins 242 journalistes ont été tués à Gaza depuis octobre 2023.

Devant le siège de CBC/Radio-Canada lundi à Ottawa pour rendre hommage aux six journalistes palestiniens tués la veille par Israël. Ces vigies ont reçu très peu d’attention médiatique. 

Inès Lombardo – Francopresse
Inès Lombardo – Francopresse

ÉCONOMIE

Les droits de douane de 76 % imposés sur le canola canadien par la Chine sont entrés en vigueur jeudi.

Pourquoi une taxe? : À la suite de l’imposition de taxes canadiennes de 100 % sur les véhicules électriques chinois, la Chine a répliqué en lançant une enquête centrée sur le dumping canadien de canola.

Le prix du canola a déjà dégringolé, causant d’importantes pertes financières aux producteurs. Ottawa et les agriculteurs rejettent les accusations de dumping et demandent un dialogue avec Pékin, tandis que les provinces des Prairies, qui produisent le canola, pressent le gouvernement fédéral de trouver une solution.

La conférence de presse d’Air Canada a été interrompue par des agents de bord venus passer leur message («Les travailleurs non payés ne voleront pas», peut-on lire sur le panneau). 

Photo : Capture d’écran – Zoom

Les agents de bord d’Air Canada ont donné leur avis de grève mercredi. Air Canada a répliqué avec un avis de lockout. Le conflit porte sur les salaires et le travail non rémunéré au sol. L’arrêt de travail pourrait être déclenché le samedi 16 aout à 00 h 01.

Des effets immédiats : Air Canada a commencé à annuler des vols en prévision du conflit. Le syndicat réclame un retour à la table de négociation et dit vouloir un règlement. La ministre fédérale de l’Emploi, Patty Hadju, presse les parties de poursuivre les discussions.

La compagnie demande l’intervention du gouvernement fédéral via un arbitrage exécutoire, sans réponse officielle d’Ottawa à l’heure d’écrire ces lignes.

Air Canada garantit des remboursements à 100 % ou des places sur d’autres vols pour les passagers touchés.

En conférence de presse jeudi matin, la compagnie a annoncé que près de 500 vols allaient être suspendus à partir de vendredi soir.

Air Canada et le français : En 2024-2025, le commissaire aux langues officielles du Canada a reçu 1163 plaintes concernant Air Canada, contre 847 l’année précédente. Près de 400 ont été faites dans la région d’Ottawa-Gatineau.

POLITIQUE FÉDÉRALE

Les conservateurs ont annoncé mercredi qu’ils présenteront un projet de loi pour faire en sorte que les juges ne puissent plus prendre en compte le statut des non-citoyens lorsqu’ils prononcent une sentence.

Permis depuis 2013 : L’arrêt «Pham», rendu par la Cour suprême en 2013, permet cette distinction. Il est précisé dans le jugement qu’il s’agit d’un pouvoir discrétionnaire du juge et que la peine doit rester proportionnelle à la gravité des faits.

En outre, l’arrêt explique, dans le cas qu’il l’intéressait à l’époque, qu’elle autorisait d’abaisser la peine à deux ans moins un jour pour éviter à la personne qui avait commis les deux infractions – liées à la production et possession de marihuana – de se voir sanctionner dans sa demande d’immigration.

Plusieurs hausses de salaire selon le grade ont été annoncées par Mark Carney vendredi dernier, pour attirer et retenir du nouveau personnel chez les Forces armées canadiennes.

Niamat Ullah – Unsplash

Vendredi dernier, le gouvernement fédéral a annoncé une hausse salariale rétroactive au 1er avril 2025 pour membres des Forces armées canadiennes. L’annonce intervient dans un contexte où les FAC souffrent d’un manque d’effectif de plus de 12 200 personnes, tous métiers confondus.

Nouvelles mesures salariales : La hausse est de 8 % pour les colonels et grades supérieurs, de 13 % pour les lieutenants-colonels et grades inférieurs, et de 20 % pour les soldats de la Force régulière par rapport à leurs salaires actuels.

Une nouvelle grille tiendra aussi compte des années de service, a mentionné la Défense nationale par communiqué vendredi dernier.

D’ici 12 mois, diverses indemnités seront ajoutées pour compenser les déménagements fréquents, la séparation des familles, l’entrainement au combat et les déploiements lors de catastrophes naturelles.

Au Sommet Ondes 2025 sur les langues autochtones, trois thèmes reliés à la langue ont été explorés : les connaissances écologiques traditionnelles, la technologie et la communauté.

Selon Radio-Canada, sur 2314 participants, une centaine venait de l’extérieur du Canada.

Mary Simon, gouverneure générale du Canada inuite, a de son côté souligné plusieurs avancées, dont «des démarches en cours pour établir l’université Inuit Nunangat», qui sera la première université du Canada axée sur la culture et la langue inuites et établie dans le Nord.

La gouverneure générale s’est dite «animée d’un grand sentiment d’espoir […] lorsque je vois de jeunes Autochtones se forger un avenir professionnel tout en affirmant leur identité».