Le questionnement sur l’identité collective n’est pas une démarche neutre. Il est le fait d’attachements et d’engagements, d’une vision quant à l’avenir et aux traditions qui doit s’adapter à une réalité qui n’avait pas été envisagée.
Tout à la fois, ce questionnement émerge de contestations et d’un désir de conserver le statuquo qui sert souvent à endiguer les transformations. Il prend ainsi la forme non pas d’un dialogue ni d’une négociation, mais d’une affirmation de soi qui passe par l’imposition de frontières et de limites.
Se demander qui est francophone, c’est se donner la permission d’être le critère de définition du groupe et de poser des conditions aux personnes qui n’en font pas déjà partie – même si elles y participent déjà. Le faire publiquement, c’est contribuer à renforcer ces critères.
Pourtant, la conservation forcée de traditions qui ne contribuent pas à la vie des nouvelles générations est désormais ce qui menace la vitalité des communautés francophones.
Les personnes élues des organismes porte-paroles de la francophonie et de nombreux organismes provinciaux et locaux ont demandé à ce que l’immigration francophone devienne une priorité.
Cette immigration contribue à la vitalité des communautés, à l’offre de services, à une expansion du secteur communautaire, ainsi qu’à une stabilisation démographique.
Puisqu’il existe une longue tradition d’accueil des francophones d’Europe – aussi longue que l’histoire des communautés – il n’aurait pas dû être surprenant que les personnes francophones du reste du monde ne se sentent pas immédiatement incluses dans cet accueil.
Aux quatre coins du pays, de longues consultations et discussions entourant le nom des organismes – discussions souvent échouées puis reprises – ont abouti à plusieurs changements souvent cosmétiques.
Mais l’existence de ces processus est le résultat de résistances aux demandes des membres de la communauté qui ne se reconnaissent pas dans ces organismes. Pourtant, il aurait été relativement aisé de répondre rapidement à ces demandes.
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Après tout, le terme «francophone» qui est si souvent utilisé décrit déjà les communautés. Le mot a cependant gagné une charge identitaire de plus en raison de changements demandés et de celleux qui les demandent.
Par conséquent, le nom de certains organismes reflète maintenant une acceptation conditionnelle, et à contrecœur, d’une réalité qui était jusque-là niée. Les personnes qui ont demandé ces changements gardent aussi un souvenir amer de ces résistances.
Le terme de «francophone» pose par ailleurs problème en ce qu’il renvoie trop directement à la langue, qui peut avoir été apprise comme une langue additionnelle, et pas assez au groupe ethnoculturel.
Le terme «francophone» ou ses déclinaisons territoriales (de Franco-Ténois·e à Franco-Ontarien·ne, voire Ontarois·e comme calque de Québécois·e) a également remplacé le terme Canadien français·e ailleurs au pays… mais sans remplacer l’idée du Canada français et de son enracinement dans la colonisation du territoire.
Le nationalisme canadien français – qui s’est développé en résistance à l’impérialisme britannique et par la colonisation aux dépens des peuples autochtones – subsiste ainsi dans les communautés francophones.
Si l’on demande où sont les gens qui parlent français, plutôt qu’où sont les francophones, on inclut davantage les écoles d’immersion et les adultes qui apprennent le français.
La reconnaissance du français comme langue officielle et l’exigence d’apprendre le français pour avoir accès à plusieurs postes de la fonction publique ont apporté une légitimité, un attrait, voire un cachet à la langue.
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Sauf que l’identité francophone s’est bâtie en opposition aux communautés où la langue anglaise est première.
Ainsi, malgré les tentatives de transformer ce que «francophone» peut signifier et de définir l’appartenance à la francophonie en fonction de la langue et le désir de participer à la communauté où elle est parlée, ces efforts n’ont pas réussi à faire oublier sa définition comme «non anglophone».
Les personnes dont la langue maternelle est l’anglais, voire dont la lignée familiale est liée à l’anglais, sont ainsi souvent vues comme suspectes et tenues à l’écart.
Cette rigidité quant à l’anglais s’explique historiquement, mais non sociologiquement. La tombée des frontières géographiques entre des communautés qui ont toujours été plus que strictement linguistiques et la montée en popularité de l’immersion font que l’identification à une langue principale ne peut avoir de sens pour celleux qui grandissent dans un tel environnement linguistique. De telle sorte que l’obligation de choisir pousse certaines personnes à partir.
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Le nationalisme linguistique pousse à remettre en cause une loyauté qui ne saurait être exigée dans une vie qui est, d’abord et avant tout, communautaire.
Cette suspicion constante a pour effet de détourner nombre de gens d’une vie communautaire qui est trop souvent tendue et source d’interactions épuisantes, voire insultantes.
De surplus, ces actions liées à l’autodéfinition sont contradictoires en ce qu’elles se retournent contre les causes des transformations et les désirs mêmes de grands pans des communautés. Avoir plus de personnes qui parlent le français pour obtenir plus de services, plus de capacité, une plus grande vitalité, est leur objectif. Limiter l’accès à ce cercle ralentit sa croissance.
Or les communautés francophones font face à un phénomène social qui limite leur potentiel de transformation : celui de la sortie. Pourquoi se battre quand on peut simplement quitter les milieux francophones et vivre dans d’autres milieux, avec moins de frictions?
Ces actions de redéfinition des communautés ont été menées de sorte à ne pas bouleverser les relations de pouvoir et de contrôle au sein des communautés. La contradiction principale ici se trouve au niveau du maintien des buts politiques qui sont désormais déphasés quant à la vie politique et culturelle qui peut avoir lieu en français.
Les personnes qui se définissent actuellement comme francophones devront voir par conséquent si elles pourront accélérer un changement de culture politique avant que cette contradiction ne vienne miner leurs efforts de croissance de manière irréversible.
«C’est grâce à la jeunesse francophone» qu’elle a présenté son tout premier projet de loi sur l’abaissement du vote à 16 ans en 2020, assure en entrevue avec Francopresse la sénatrice manitobaine Marilou McPhedran.
En 20 ans, ce projet de loi n’a jamais réussi à franchir le cap de la deuxième lecture à la Chambre des communes ou au Sénat; qu’il ait été proposé par la sénatrice, le Nouveau Parti démocratique (NPD) ou le Bloc québécois. Marilou McPhedran a tenté sa chance une dernière fois le 29 mai.
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En septembre 2022, le député Taylor Bachrach, du NPD, avait réussi à faire briser la ligne de parti des libéraux en obtenant les voix de plus de 20 d’entre eux pour son projet de loi privé. Il avait toutefois fini par être rejeté.
À chaque fois que le projet de loi sénatorial de Marilou McPhedran a «failli franchir la porte du comité» selon ses propres termes, une élection a été déclenchée.
Le comité est l’étape après la seconde lecture du Sénat ou de la Chambre – selon la personne qui dépose le projet de loi – et avant la première lecture dans l’autre chambre.
Marilou McPhedran rappelle la motivation de son projet de loi : «La plupart des gens âgés de 16 ans au Canada travaillent et paient des impôts.»
La sénatrice Marilou McPhedran a déposé le projet de loi sur le vote à 16 ans le 29 mai, pour la troisième fois depuis 2020.
Pour la sénatrice, les jeunes «portent le poids des choix et des actions des plus âgés». Un argument qui, selon elle, a pris tout son sens lors du recensement de 2017 : «Il y avait désormais plus de gens âgés au Canada que de jeunes. Et pour la première fois, le Canada est devenu un pays ancien.»
Elle affirme aussi qu’à 16 ans, «l’environnement éducatif» est plus stable qu’à 18 ans, où les personnes ont de grandes décisions à prendre ou de grands changements, comme passer du secondaire à l’université ou sur le marché du travail, etc.
L’un des employés francophones de la sénatrice, Jayden, engagé dans la campagne pour le vote à 16 ans depuis ses 15 ans, en 2021, appuie que voter à cet âge permet de développer un «plus grand sens de la communauté, plus tôt». «Le plus tôt tu commences à voter, le plus que tu vas continuer à voter à travers ta vie.»
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Un argument repris par le président de la Fédération de la jeunesse canadienne-française (FJCF), Simon Thériault.
«Voter à 16 ans permettrait aux jeunes davantage s’impliquer en politique et d’être intéressés davantage au vote, justement parce que le premier vote est toujours le plus important, le plus difficile. On doit s’inscrire sur la liste électorale, on doit apprendre à comprendre comment fonctionne le système.»
Si le sujet ne faisait pas partie de la plateforme politique de la FJCF lors de la dernière campagne électorale, il assure que cela reste une «priorité» pour l’organisme.
«Ce n’est pas quelque chose qu’on a entendu de la part du gouvernement Carney, on n’a pas nécessairement vu ça dans sa plateforme électorale non plus», souligne-t-il.
Néanmoins, la FJCF voit d’un bon œil la nomination d’une secrétaire d’État Enfance et jeunesse, Anna Gainey, après que Mark Carney ait omis de nommer un ministre responsable des Langues officielles, et un pour la Jeunesse au sein de son premier cabinet.
Malgré cet oubli pour la jeunesse, «on sent l’écoute du gouvernement Carney à ce niveau-là», ajoute Simon Thériault.
Une grande raison pour laquelle je fais cela encore et encore, c’est que la compréhension de ce sujet augmente, tant parmi le public qu’au sein du Parlement. Et je crois que c’est possible.
Elle affirme vouloir contrer les «préjugés» de certains parlementaires, selon lesquels les personnes âgées de 16 ans n’ont pas la «maturité» pour voter.
En 2022, le sénateur conservateur Don Plett contrait : «En l’absence de critères clairs pour définir et mesurer la “maturité”, il est tout simplement difficile de justifier l’abaissement de l’âge du vote. C’est peut-être la raison pour laquelle au moins 15 propositions de loi visant à abaisser l’âge du vote à 16 ans ont été déposées au Parlement depuis 1998, et qu’aucune n’a dépassé le stade du comité dans la chambre d’origine.»
Le 29 mai 2024, le Parlement avait accueilli un sommet organisé par les jeunes sur le sujet du vote à 16 ans.
«Nous avons eu plus de 30 parlementaires qui sont venus au sommet pour parler du sujet», confirme Marilou McPhedran. Ce qui la rend d’autant plus confiante quant à l’aboutissement de son projet de loi.
Le partenariat, «la notion du Québec partenaire», est la priorité du ministre québécois responsable de la Francophonie canadienne, Jean-François Roberge, dans le cadre du Plan d’action gouvernemental en francophonie canadienne 2025-2028.
«Je travaille très, très fort pour avoir des ententes bilatérales avec chacune des provinces et des territoires, parce qu’une fois qu’on a structuré ça, les liens sont beaucoup plus forts. Les fonctionnaires sont capables de s’appuyer sur un document, ils se donnent des échéanciers», explique le ministre en entrevue avec Francopresse.
«Quand je me déplace dans une autre province, sur un autre territoire, j’essaie de conclure à chaque fois une de ces ententes bilatérales, assure-t-il. Parce qu’un jour, ce ne sera plus moi qui sera là […], mais l’entente, elle, restera.» Des élections sont prévues au Québec en 2026.
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Le Plan d’action 2022-2025 du Québec prévoyait un budget annuel de 7,5 à 8,5 millions de dollars. Le nouveau plan est chiffré à 7 millions par année, une restriction imposée par le contexte budgétaire actuel, alors que la province affiche un déficit record.
En général, les budgets sont maintenus. Ce sont surtout les investissements supplémentaires qui sont affectés, explique le Secrétariat du Conseil du trésor du Québec dans une réponse par courriel.
Par exemple, l’embauche de nouvelles ressources au sein des bureaux du Québec au Canada prévues dans le plan 2022-2025 a été annulée, tout comme les sommes supplémentaires qui devaient être allouées au Centre de la francophonie des Amériques (CFA), «à l’exception du budget prévu pour la promotion de la Journée québécoise de la francophonie canadienne».
Le Plan d’action 2022-2025 avait, entre autres, annoncé la création de Mobilisation franco, une rencontre annuelle d’acteurs de la francophonie du Québec et d’ailleurs au Canada. Depuis 2022, l’évènement a donné lieu à plus de cinquante projets de collaboration, selon le gouvernement du Québec.
Les projets et initiatives de réseaux et d’organismes pancanadiens qui «offrent des ressources concrètes et des services en français aux communautés francophones et acadiennes» pourraient recevoir de l’appui de Québec, à condition qu’ils incluent une «dimension québécoise», lit-on dans le plan d’action.
En entrevue, M. Roberge explique que cet appui comprend des ententes bilatérales, qui permettraient aux organismes de recevoir des fonds de Québec et de leurs provinces.
Le plan prévoit aussi d’impliquer tous les ministères et organismes du gouvernement du Québec dans le rapprochement avec les communautés francophones en situation minoritaire.
«Ça peut toucher plusieurs secteurs, justifie le ministre. Notre plan d’action, c’est 23 mesures, et 20 ministères et organismes impliqués au gouvernement du Québec.»
Plusieurs des 23 mesures annoncent un renforcement ou une pérennisation de projets déjà existants. «On se place dans la continuité. Il n’y a pas de grandes surprises ou de grandes annonces qui ont retenu mon attention», commente la professeure agrégée de science politique au Collège militaire royal du Canada, Stéphanie Chouinard.
«On voit que les consultations qui ont eu lieu ont porté fruit. On cherche à prendre action vis-à-vis des communautés francophones et acadiennes sur de nombreux plans», observe la professeure Stéphanie Chouinard.
Selon elle, les bonnes nouvelles s’entendent surtout en culture, en recherche et en économie.
Le plan d’action vise plus de mobilité dans ces domaines, notamment au travers d’échanges entre artistes des milieux culturels du Québec et des communautés francophones et acadienne. Cinq mesures sont consacrées à la création et à la découvrabilité du contenu francophone.
Québec veut également faciliter la recherche en français et l’accès aux études postsecondaires en français. En entrevue, Jean-François Roberge assure qu’il sera «prudent» afin de ne pas pénaliser les établissements postsecondaires francophones en milieu minoritaire en rendant les établissements québécois plus attrayants.
Pour soutenir l’économie francophone, le plan prévoit en outre l’organisation de «missions commerciales dans les écosystèmes francophones au Canada» et la tenue d’évènements de maillage et de promotion, comme le Rendez-vous Acadie-Québec, qui tenait sa neuvième édition l’année dernière.
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La Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA) est «très satisfaite» du plan d’action québécois, affirme sa présidente, Liane Roy. Celle-ci évoque un changement dans l’approche de Québec dans les dernières années : «On dirait qu’il y a plus d’inclusion [de la francophonie en milieu minoritaire].»
Déposé à l’Assemblée nationale du Québec cette année, le projet de loi 109 vise, entre autres, à renforcer la découvrabilité des contenus culturels francophones dans l’espace numérique. Il reçoit l’appui de la FCFA, dont la présidente est heureuse de constater que c’est l’adjectif «francophone» qui est utilisé, et pas seulement «québécois».
La FCFA tient un bureau à Québec depuis 1988. Le Plan d’action 2025-2028 prévoit un renforcement de ses activités au cours des trois prochaines années, dans le but notamment de «faire découvrir aux Québécois la vitalité des communautés francophones et acadiennes» et de mettre davantage en relation des organismes québécois et de la francophonie canadienne.
Concrètement, le bureau mène des projets tels que Francité et Mobilisation franco, dont la dernière édition en mai dernier a reçu plus de 200 inscriptions, vante Mme Roy.
Le plan prévoit aussi une augmentation des partenariats avec la Société Nationale de l’Acadie (SNA). Une entente a été renouvelée entre celle-ci et le gouvernement du Québec en mars dernier, notamment afin de sensibiliser la société québécoise aux réalités acadiennes. Le projet est réciproque, l’objectif étant aussi de mieux faire connaitre la société québécoise au sein de l’Acadie.
Pour les jeunes, le plan d’action vise une plus grande utilisation de la plateforme pédagogique interactive Lio, qui fait découvrir les communautés francophones du Canada et du Québec.
Une bonification des programmes des Offices jeunesse internationaux du Québec, qui permettent aux francophones âgés de 18 à 35 ans de faire des échanges au Canada ou à l’international, est également prévue.
Enfin, le gouvernement québécois vise une meilleure diffusion du contenu culturel et artistique québécois dans les autres provinces et territoires, et vice-versa.
Stéphanie Chouinard remarque l’absence du mot «immigration» dans le plan. «Ça s’explique, reconnait la politologue. Le Québec et les communautés francophones veulent tous les deux avoir les mêmes immigrants qui arrivent au Canada. Il y en a déjà trop peu parmi les nouveaux arrivants au Canada qui ont le français comme langue officielle parlée.»
La FCFA a manifesté auprès de Québec son intérêt à développer des partenariats dans le dossier de l’immigration francophone, mais rien de concret n’a encore abouti, confirme Liane Roy.
«Ces discussions sont complexes, dit-elle. On va continuer à les avoir, mais après les discussions, [ça revient] aux gouvernements.»
Jean-François Roberge, aussi ministre de l’Immigration du Québec, en revient aux ententes bilatérales et aux partenariats avec des petits organismes francophones du Canada. Car, comme il le rappelle, Québec ne peut pas déterminer les cibles d’immigration francophone hors Québec.
«Quand je fais de la politique, que j’interviens sur la place publique ou que je parle aux ministres de l’Immigration des autres provinces ou du fédéral, Québec prend des positions politiques pour faire augmenter le pourcentage de l’immigration francophone dans le reste du Canada.»
Selon l’Office québécois de la langue française (OQLF), l’empathie désigne la «capacité d’une personne à s’identifier à autrui et à éprouver à l’intérieur d’elle-même les émotions ou les sentiments ressentis par l’autre».
C’est exactement ce qui se passe à l’écoute d’Empathie, la nouvelle série écrite et portée par la comédienne Florence Longpré. Avec beauté, finesse et humanité, elle nous plonge dans le monde souvent mal connu – et perçu – de la psychiatrie, loin des camisoles blanches et des asiles fantasmés à la Arkham.
Dès les premières minutes, on embarque. Suzanne (Florence Longpré), en lendemain de veille, poutine oubliée au pied du lit, découvre qu’elle a couché pour la première fois avec un homme.
Entre galères diverses et mésaventures menstruelles, elle s’apprête à commencer un nouvel emploi de psychiatre dans un hôpital pénitentiaire, avec des patients jugés dangereux pour eux-mêmes ou pour autrui.
On se dit : «Oh boy, comment va-t-elle survivre à cette première journée?» Réponse : brillamment.
Les personnages défilent, leurs états d’âme aussi. Plus que de faire ressentir les émotions, la série les donne également à voir, à travers des métaphores dansées – magnifiques – ou les visages déformés, habités, des patients de l’institut psychiatrique où travaillent Suzanne et son équipe.
On entrevoit ainsi un monde intérieur invisible à l’œil nu. Certaines scènes, comme celle du chandelier ou des poubelles, sont incroyables. Le jeu des acteurs et des actrices est impeccable, sans parler de la mise en scène.
Le tout est accompagné par une bande-son éclectique, qui mêle Sia, Capitaine Flam ou encore Gene Kelly. Les mots ne sont pas en reste; les répliques fusent, parfois crues, mais toujours dans le mille. Bref, c’est bon.
Empathie fait partie de ces séries qui vous secouent, vous embarquent sans crier gare et vous font voir le monde autrement, ici les maladies mentales notamment. Le genre de série où l’on attrape la télécommande sans trop savoir à quoi s’attendre, juste pour passer le temps – et BIM! Ni une, ni deux, on est accroché. Et on ne peut plus décrocher.
Préparez-vous à avoir les yeux remplis d’eau, à rire et à vous révolter en un seul épisode. Voilà donc une tragicomédie qui a le don d’aborder des sujets déprimants sans nous déprimer. Empathie redonne foi en l’humanité et ça fait du bien, surtout en ce moment.
Les 10 épisodes de la série Empathie, réalisée par Guillaume Lonergan, sont disponibles sur la plateforme payante Crave.
Parce qu’il n’y a pas que le hockey dans la vie, les boys s’illustrent aussi sur les pointes. Le documentaire Les boys du ballet – sélectionné aux Prix Gémeaux pour le Meilleur documentaire arts et culture en 2016 – suit le parcours de trois danseurs du Ballet royal de Winnipeg, l’une des plus anciennes compagnies en Amérique du Nord et l’une des plus sélectives. Sur 700 candidatures, une trentaine seulement seront retenues.
Dans un milieu où les ballerines dominent l’imaginaire collectif, le film explore les espoirs, les doutes et les certitudes de ces trois jeunes hommes francophones.
Logan (10 ans) rêve de passer de la division récréative à l’école professionnelle du Ballet, où seuls quelques élus accèdent chaque année. Michel (14 ans), déjà dans la division professionnelle de l’école, doit prouver qu’il a l’étoffe d’un grand. Tandis que Philippe (21 ans), en fin de parcours, vise un contrat professionnel, malgré une blessure qui remettra tout en cause.
«Quand je me réveille le matin, je me demande vraiment, sérieusement, pourquoi est-ce que je fais ce que je fais?», confie Michel. Les danseurs parlent de leur passion avec sincérité et candeur, sans filtre. On suit leur parcours, autant sur le plan personnel que professionnel, un cheminement qui est forcément différent à 10 ans et à 21 ans.
Et c’est là toute la force du documentaire : montrer l’évolution et la vision de leur pratique, du sortir de l’enfance à l’âge adulte, où l’on ne cherche plus seulement à danser, mais aussi à trouver un emploi.
On est ému par l’espièglerie de Logan, un sourire lumineux toujours accroché aux lèvres malgré une terrible épreuve, et par la pression, l’inquiétude qu’on lit dans les yeux des deux plus âgés.
L’occasion aussi d’en apprendre davantage sur la dimension professionnelle d’un art loin de se limiter au tutu, qui demande autant de grâce que de résilience. Une incursion sensible et inspirante dans un univers où chaque pas compte.
Les boys du ballet, réalisé par Janelle Wookey et Jérémie Wookey, est disponible sur la plateforme de TFO.
«À moitié japonais et à moitié canadien, je me suis toujours senti obligé de naviguer entre deux mondes, entre deux personnalités et deux identités.» Né d’un père japonais et d’une mère québécoise, Mamoru Vincent Blais-Shiokawa a grandi au Manitoba. Il est «hafu», ce qui signifie «métissé» en japonais.
Il profite d’un voyage avec son père au Japon pour essayer de résoudre ce dilemme qui l’habite depuis toujours : «Qui suis-je?»
Entre une mère extravertie et un père «qui réfléchit beaucoup», Mamoru Vincent a toujours essayé de trouver sa place. Son père n’a jamais demandé la nationalité canadienne, tandis que sa mère ne parle pas japonais.
Il est bien parti étudier un an au Japon, mais, loin de la vision fantasmée qu’il s’en faisait, il a été confronté au rejet.
Le Franco-Manitobain questionne aussi ce que c’est de grandir dans une petite ville où il n’y a qu’un seul asiatique la ronde, alors qu’au Japon, on lui fait bien comprendre qu’il n’est pas considéré comme Japonais.
Dans le documentaire Hafu, Mamoru Vincent Blais-Shiokawa explore sa double identité, entre le Canada et le Japon.
Hafu permet de formuler et réfléchir à une question que doivent se poser bon nombre d’enfants de couples mixtes ou de nouveaux arrivants au Canada : qui sont-ils, quelle est leur place dans un monde aux multiples lectures? Comment appréhender les nuances d’une vie à l’intersection de deux cultures, sans savoir quelle direction prendre?
Pudique, le réalisateur laisse peu à peu tomber sa carapace devant la caméra. Un film sensible et initiatique, malgré une chronologie quelquefois décousue.
Hafu, réalisé par Mamoru Vincent Blais-Shiokawa, est disponible sur la plateforme TV5Unis.
Liane Roy est devenue la première Acadienne présidente de la FCFA en 2021.
Liane Roy a été réélue présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, lundi. Seule candidate à ce poste, elle l’occupe depuis 2021. Trois autres postes au conseil d’administration seront pourvus la semaine prochaine : 15 candidats y prétendent.
Présente au discours du Trône, elle n’a pas caché sa déception à propos de la place limitée de la francophonie dans celui-ci : «On n’en sait pas beaucoup plus sur la vision du premier ministre pour réellement promouvoir et renforcer la francophonie.»
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Pour réaffirmer la souveraineté du Canada, le roi Charles III et la reine consort Camilla sont venus à Ottawa lundi et mardi. Le monarque a lu le discours du Trône, qui a ouvert la 45e législature et fixé les objectifs du nouveau gouvernement canadien.
Un exercice réussi, mais avec deux grands absents : la francophonie minoritaire et l’environnement.
Opposition : Le Bloc québécois était aussi absent au Sénat lors de la lecture du discours par le roi Charles III. Son chef, Yves-François Blanchet, a affirmé avec humour mercredi : «Le premier ministre conviendra avec moi que parfois, c’est plus clair quand on lit que quand on entend.»
Il a aussi pressé Mark Carney, critiqué pour ne pas avoir inclus la crise climatique dans le discours, de reconnaitre l’existence de celle-ci.
«Oui il y a une crise climatique, a répondu Mark Carney. Nous aurons cette discussion au G7, en Alberta (qui se tiendra la semaine prochaine, NDLR).»
C’est un Mark Carney calme et taquin qui s’est présenté mercredi pour sa première période de questions comme député et premier ministre.
Mark Carney a connu sa première période de questions à la Chambre des Communes, mercredi.
Taquinerie politique : Alors que le chef de l’opposition par intérim, le député Andrew Scheer, lui posait une question sur le budget, le premier ministre a répondu avec un sourire taquin : «Le chef de l’opposition est très occupé, il n’a pas pris le temps d’étudier de près le plan de 100 jours de l’ancien député de Carleton, qui ne comprenait pas de budget.»
Une flèche décochée à Pierre Poilievre, le chef du Parti conservateur du Canada, qui a perdu son siège aux Communes lors des dernières élections fédérales.
Mark Carney a ensuite égrené ses promesses de campagne, incluant la baisse d’impôts et les projets d’intérêt national.
Les conservateurs ont aussi profité du départ du premier ministre après la période de questions pour l’interpeller sur ses actifs dans des paradis fiscaux, questions que le leadeur du gouvernement en Chambre, Steven MacKinnon, a balayées avec ironie.
Les débats autour du discours du Trône se déroulent jusqu’au mardi 3 juin à la Chambre des Communes.
À retenir : Jeudi matin, le premier ministre Mark Carney a approuvé la décision d’un tribunal américain de bloquer les tarifs. Le Bloc a introduit un sous-amendement pour reconnaitre le «respect absolu des champs de compétence et des institutions du Québec et des provinces».
À suivre : La semaine prochaine, un comité décidera quand, avant la relâche du 23 juin, les quatre jours de travaux dédiés l’examen des fonds seront fixés.
Ce sont pendant ces travaux, appelés «les subsides», que le gouvernement demande au Parlement d’approuver des crédits pour respecter ses obligations financières et mettre en œuvre ses programmes.
Aussi, le ministre des Finances et du Revenu national, François-Philippe Champagne, a déposé mardi une motion en vue du dépôt d’un projet de loi concernant certaines mesures d’abordabilité pour les Canadiens, notamment la baisse d’impôt pour la classe moyenne. La motion sera étudiée après les débats sur le discours du trône.
Enfin, comme promis pendant sa campagne, le chef du Bloc québécois a déposé son projet de loi pour protéger la gestion de l’offre des négociations commerciales internationales. Celle-ci est une cible de Trump, qui souhaitait en mars imposer 250 % de droits de douane sur les produits laitiers canadiens.
Côté société civile : Mercredi, des médecins de retour de Gaza ont décrit aux journalistes ce qu’ils y ont vu et les blessures de Palestiniens et Palestiniennes, en majorité des enfants, qu’ils ont soignés après des frappes ou attaques de l’armée israélienne. «C’est un génocide», ont affirmé plusieurs médecins présents, tous traumatisés.
Des médecins tout juste revenus de Gaza ont décrit «l’horreur» qu’ils y ont vue, notamment à propos de la famine qui fait rage actuellement, notamment chez les enfants, et des blessures, mortelles ou à vie, physiques et psychologiques des Gazaouis.
Le lendemain, en conférence de presse, quatre organisations humanitaires internationales ont pressé le gouvernement du Canada de poser les «mesures concrètes» évoquées par le Canada – lors d’une déclaration commune avec le Royaume-Uni et la France – il y a 10 jours. Les deux autres pays ont imposé des sanctions, mais le Canada se fait attendre.
Elles ont affirmé que sur le terrain, la Fondation humanitaire de Gaza, un mécanisme d’aide imposé et «coordonné par Israël et les États-Unis, écarte les acteurs humanitaires expérimentés et impartiaux» et utilise la nourriture pour «attirer» et tuer des Palestiniens.
Côté politique : La députée du Nouveau Parti démocratique (NPD) d’Edmonton–Strathcona, Heather McPherson, a réintroduit la motion de son parti – déposée l’an dernier, mais jamais débattue – pour que le nouveau gouvernement canadien fasse pression pour un cessez-le-feu immédiat et la reconnaissance de l’État de Palestine.
Interrogée par Francopresse à ce sujet, la ministre des Affaires étrangères, Anita Anand, a évité les questions des journalistes à ce sujet, mercredi.
Le même jour, le porte-parole du Bloc québécois en matière d’Affaires étrangères et de droits de la personne, Alexis Brunelle-Duceppe, a publié une déclaration pour que Mark Carney «décrète des sanctions».
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La députée du NPD du Nunavut, Lori Idlout, a demandé mercredi un débat d’urgence sur la santé et le bienêtre des enfants autochtones, afin de combler les «lacunes», a-t-elle déclaré, en vertu du respect du principe de Jordan.
Selon l’Encyclopédie canadienne, qu’il s’agit du «principe de l’enfant d’abord, qui garantit que les enfants des Premières Nations peuvent avoir accès aux mêmes services que les autres enfants du Canada».
Le principe de Jordan doit son nom à Jordan River Anderson, un enfant cri décédé à l’âge de 5 ans, après avoir attendu d’être approuvé pour des soins à domicile depuis l’âge de deux ans. Ces soins ne sont jamais arrivés «en raison d’un différend financier entre le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial».
L’urgence en question : La députée a rappelé que 141 000 enfants autochtones attendent des soins. Elle a aussi mis de l’avant que lors de la campagne électorale «les libéraux ont annulé le programme de dons alimentaires», dont environ 15 000 enfants inuits bénéficiaient.
Le président de la Chambre des Communes, Francis Scarpaleggia, a toutefois tranché que malgré cette «question importante et vitale», les critères n’étaient pas tous réunis pour en faire un débat d’urgence en Chambre.
Contacté par Francopresse, son bureau n’avait pas encore précisé les raisons de sa décision au moment d’écrire ces lignes.
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Sous son nom d’artiste JOLY, le Franco-Ontarien Marc-Antoine Joly a remporté les prix pour Réalisation et arrangements ainsi que Rock/Metal/Punk pour l’album Deuil.
Il partage aussi le prix Prise de son et mixage avec Simon Joly pour le même album et le prix Initiative artistique avec Nicholas Monette pour le balado De quoi tu parles de?
Reney Ray obtient un des prix les plus convoités : Coup de cœur du public.
Le duo Beau Nectar, formé de la Franco-Ontarienne Marie-Clo et de la Fransaskoise éemi, avait récolté le plus grand nombre de nominations, avec 10. Elles repartent finalement avec deux prix : Pop/EDM et Groupe.
Un autre groupe franco-ontarien, De Flore, récolte aussi deux prix : Conception visuelle et EP (minialbum).
Le Fransaskois Étienne Fletcher est le seul autre artiste à remporter deux trophées : les prix Vidéoclip, pour sa chanson Jeu de mémoire, et Export Ouest.
Le prix sans doute le plus convoité par les artistes, Coup de cœur du public, a été remporté par l’artiste country nord-ontarienne Reney Ray.
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La longue carrière de l’animateur radio et chroniqueur musical Marc Lalonde a été soulignée par le prix Bâtisseur Paul-Demers.
Ontario
Les artistes de l’Ontario étaient les plus représentés dans la liste des nominations. Ils ont aussi remporté le plus grand nombre de prix.
Natalie Aloessode-Bernardin, de l’agence de gestion et de booking dédiée aux artistes francophones Amixie Solution, repart avec le prix Impact entreprise.
La violoniste de Toronto, Aline Homzy alias Aline’s Étoile magique, repart avec le prix Musiques contemporaines.
Le rapeur Kimya remporte le prix Hip-Hop/Rap/Musiques urbaines.
Le groupe composé d’artistes provenant des quatre coins de l’Ontario, Les Rats d’Swompe, a été reconnu avec Export Ontario.
Le Sudburois Mclean reçoit le prix Auteur·e et/ou compositeur·trice (solo ou groupe).
Une autre artiste originaire de Sudbury, Mimi O’Bonsawin, a été déclarée meilleure Artiste solo.
Animal chic de Mehdi Cayenne remporte la catégorie Album.
Finalement, la grande gagnante de La Voix 9 – première Franco-Ontarienne et la plus jeune à décrocher ce titre – Sophie Grenier, est couronnée Révélation de l’année.
Manitoba
Trois artistes originaires du Manitoba ont été honorés.
Le duo Beauséjour, composé de la Franco-Manitobaine Jocelyne Baribeau et de l’Acadienne Joannie Benoît, a remporté le prix Country.
Willows, alter ego de Geneviève Toupin, remporte la catégorie Folk.
Alexis Normand repart avec le prix pour le meilleur spectacle.
Le projet de Micah Baribeau, fils de Jocelyne de Beauséjour, Micah!, remporte le prix Musique pour enfants.
Saskatchewan
Étienne Fletcher n’était pas le seul représentant de la province. Alexis Normand comptait le plus de nominations chez les artistes de l’Ouest. Elle repart finalement avec un seul prix, celui de Spectacle de l’année.
Le multiinstrumentiste Mario Lepage, sous le nom de Ponteix, a remporté le prestigieux prix de Chanson primée pour St. Denis.
On l’a vu comme vire-vent au niveau de la taxe sur le carbone. Est-ce qu’il va agir de la même façon au niveau des langues officielles? Je ne le sais pas. Je vais donner la chance au coureur.
Je suis beaucoup plus dérangé par l’attitude du gouvernement Carney qui a mis en place un ministre qui a un double chapeau et qui n’a pas le titre de ministre des Langues officielles.
Il a le titre du ministre responsable des Langues officielles. Il y a une nuance bien importante en termes de signal, et ça me dérange au plus haut point.
C’est un élément comparable à la nomination de la Gouverneure générale qui ne parle pas français. Si en haut, on ne lance pas le signal, on ne pourra pas inciter les gens dans la machine gouvernementale et dans la société à valoriser le bilinguisme français-anglais au Canada.
Joël Godin : Il y a toujours eu dans le passé un ministre du cabinet fantôme pour Patrimoine [canadien, NDLR], de même pour les Langues officielles. Le problème que l’on a présentement, c’est que Steven Guilbeault occupe les deux fauteuils.
Nous, on pense que c’est un dossier très important. Le dossier des langues officielles n’est pas dans la cour de Rachael Thomas [ministre du cabinet fantôme responsable de l’Identité canadienne et de la Culture, NDLR], c’est dans ma cour, même si c’est le même ministre.
Maintenant, je pense qu’on aurait dû nommer un ministre des Langues officielles [au sein du gouvernement libéral, NDLR]. Ça démontre que le Parti libéral du Canada n’a pas cette sensibilité-là, ni la volonté et l’intention de défendre réellement les langues officielles.
Selon moi, si on a à donner un chapeau à un autre ministre pour s’occuper des Langues officielles, on aurait dû le donner au Conseil du Trésor.
Le ministère de Steven Gilbeault, c’est une erreur flagrante parce que le Conseil du Trésor devrait être la seule agence centrale, mais les libéraux […] sont allés à l’encontre de ce qu’ils avaient écrit dans le livre blanc de Mélanie Joly.
C’est dans le Livre blanc de 2021 – fruit du travail de la ministre libérale du Développement économique et des Langues officielles de l’époque, Mélanie Joly – que le rôle du Secrétariat du Conseil du Trésor était désigné comme central, en ces termes :
«Le Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada élabore des règlements et des politiques concernant les communications avec le public et la prestation des services aux citoyens, la langue de travail et la participation équitable des francophones et des anglophones dans la fonction publique fédérale. Il assure également le respect de ces exigences.»
Est-ce que séparer les Langues officielles et l’Identité et la Culture canadiennes de votre côté ne laisse pas entendre que les deux dossiers n’ont aucun lien?
Je ne le vois pas de cette façon-là. Les Langues officielles est un dossier spécifique et [Pierre Poilievre] a nommé quelqu’un pour s’en occuper, comme il l’a fait dans le passé. Il ne le fait pas pour s’adapter au Cabinet Carney, mais parce que sa préoccupation est de protéger les deux langues officielles et de faire en sorte d’arrêter le déclin du français.
Regardez la liste des ministres d’État [du gouvernement de Mark Carney]. Moi, je pense que ça aurait dû être prioritaire de nommer un ministre dédié aux Langues officielles. La ministre d’État à la Nature, par exemple, alors qu’il y a un ministre de l’Environnement. C’est quoi un ministre d’État de la nature? Ça veut dire que c’est plus important ça que les langues officielles?
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Pourtant, confier les Langues officielles et l’Identité et la Culture canadienne à un francophone n’aurait-il pas envoyé un message fort à la francophonie?
Je ne le vois pas ainsi. Les Langues officielles [est] un moyen de communication [au Canada]. Après, c’est un dossier qui s’applique au niveau économique, au niveau culturel, ça s’applique à toutes les sauces.
Dans quelle mesure allez-vous travailler avec la ministre fantôme qui gère l’Identité et de la Culture canadiennes, Rachael Thomas?
Je n’ai pas d’affaires avec elle. Je suis responsable du portefeuille des Langues officielles, comme je l’étais avant, et je vais faire mes représentations auprès du ministre Guilbeault pour les langues officielles.
Je n’ai pas nécessairement besoin de travailler en accord avec Mme Thomas. Je ne relève pas d’elle.
Mais il y a 38 ministres dans le Cabinet des libéraux en incluant les secrétaires d’État et 73 chez les conservateurs. La différence est notable. Pourquoi autant de ministres au sein de votre parti?
Oui, mais il [faut prendre en compte le fait qu’il] y a des ministres associés, ce sont comme des secrétaires parlementaires.
Quels sont les premiers gestes que vous allez poser en tant que ministre fantôme des Langues officielles?
Je vais m’assurer que le gouvernement libéral procède au dépôt des décrets pour ce qui est des [sanctions administratives] que le commissaire aux langues officielles a le droit d’appliquer.
Ce décret aurait dû être déposé depuis longtemps après le dépôt de la Loi [sur les langues officielles, NDRL], en juin 2023.
Le deuxième décret pour la partie II de la Loi [est aussi à surveiller], et [je vais également] mettre de la pression pour qu’ils déposent les règlements le plus tôt possible. Et je vais suivre activement la nomination du prochain commissaire [aux langues officielles].
Mathieu Lacombe, le ministre de la Culture et des Communications du Québec a déposé un projet de loi sur la découvrabilité du contenu culturel francophone. Est-ce que le fédéral peut s’en inspirer?
C’est une bonne réflexion. Je suis d’accord avec le projet de loi du Québec, pour toute action qui est faite pour augmenter le contenu francophone. Mais je ne travaille pas pour le Québec, je travaille pour la langue française au Canada.
Je ne peux que féliciter les initiatives de chacune et chacun des provinces et territoires qui font en sorte d’avoir plus de contenu francophone.
Maintenant, prendre la démarche pour faire en sorte que les autres provinces et territoires puissent mettre en place ce genre d’initiative là, je vais les encourager, mais je ne ferai pas des pieds et des mains parce que je ne suis pas en position de pouvoir.
Les propos ont été réorganisés pour des raisons de longueur et de clarté.
Au début, l’algorithme de TikTok a mené la danse de la recherche.
Lors de la première séance, il a fallu ignorer des vidéos pendant une bonne trentaine de minutes avant de finalement tomber sur une vidéo d’information en français. Il s’agissait de la chaine française Infos Minutes. Radio-Canada est apparue presque tout de suite après.
Après plusieurs séances de furetage sur TikTok, d’autres chaines dites d’information se sont mises à apparaitre de temps à autre. Finalement, la recherche active de comptes a permis de dénicher un peu plus de contenu d’information en français, mais peu d’actualités.
Et non, le «vieux monsieur» qui approche la cinquantaine n’était pas si seul dans cet espace. Avec des extraits d’émissions de Stéphan Bureau, de QUB Radio et autres, il est clair que le public de TikTok ne compte pas seulement des jeunes de moins de 35 ans. Mais ceux-ci restent minoritaires, selon les récentes données de l’Académie de la transformation numérique de l’Université Laval.
Pêlemêle
Suivre l’actualité en français sur TikTok ne se fait pas sans efforts.
D’abord, beaucoup de contenu informationnel arrive de France. Radio-Canada assure une bonne présence sur TikTok, tout comme Le Devoir, TVA et Noovo. Il y a par contre un nombre inquiétant de comptes qui ne font que rediffuser les vidéos des chaines d’information, c’est-à-dire des contenus qui ne leur appartiennent pas.
Mais même après avoir essayé de «cultiver» un algorithme efficace, la fonction de vidéo aléatoire présente plus d’humoristes que d’actualités. TikTok continue de livrer ce qui fonctionne le plus pour nous garder sur la plateforme, pas nécessairement ce que nous cherchons. Le fil aléatoire n’est donc pas un idéal de découvrabilité de l’information.
Sans oublier que TikTok est une sorte de machine à voyager dans le passé très imprécise. Les dates des vidéos ne sont pas toujours bien indiquées. Il est difficile de savoir si l’information est récente ou non. Parfois, elle date de plus d’un mois.
Ce n’est pas une lubie de «vieille personne» que de vouloir situer une information dans le temps. La chronologie est importante pour suivre une situation qui évolue ou pour la situer dans son contexte.
Cela dit, il y a des producteurs de contenu plus spécialisés qui présentent une nouvelle, une information ou une analyse sous un angle différent. On tombe alors plus dans l’information lente, ce qui peut être une mauvaise chose.
Les francos sont là
La francophonie minoritaire canadienne est présente sur TikTok. L’Acadie en particulier, y a plusieurs chaines qui présentent entre autres des vidéos de «traduction» de mots typiquement acadiens. Il y a aussi des chaines en Ontario, mais plus rarement dans le reste du pays.
Le Courrier de la Nouvelle-Écosse et tout récemment l’Aurore boréale sont pour l’instant les seuls médias francophones en milieu minoritaire que nous avons trouvé qui maintiennent une présence active sur TikTok.
Qui ça?
Ce qui reste le plus difficile, c’est de déterminer le degré de crédibilité à accorder à une chaine. Surtout les premières fois que l’on tombe sur son contenu.
Quelle confiance peut-on accorder à un jeune qui parle d’impôts en se faisant couper les cheveux chez son barbier? Qu’est-ce qui garantit qu’il a les compétences nécessaires pour livrer ce type d’informations?
Est-ce que cette femme en blouse blanche qui parle de crise cardiaque est vraiment médecin comme elle l’affirme?
TikTok est un univers relativement différent des autres réseaux sociaux. Il faut y entrer avec l’esprit ouvert et son sens critique bien réveillé.
Il est plus facile de confirmer la crédibilité d’une personne quand une chaine fournit un lien vers un site Web externe. D’autres, par contre, existent seulement sur TikTok, ce qui complique la vérification de la notoriété.
Sans savoir qui parle, il est impossible de savoir si la personne a les compétences nécessaires pour être dignes de confiance dans le domaine qu’elle aborde.
La capacité d’identifier une source et de vérifier ses compétences est pourtant l’une des bases de la confiance en information. Un bon critère, peu importe l’âge de la personne qui s’aventure sur les médias sociaux.
TikTok n’est pas une plateforme d’actualités, mais on peut s’y informer. Les vidéos peuvent servir de porte d’entrée vers la recherche plus approfondie d’un sujet et mener vers les sites des médias reconnus pour la qualité de leur travail journalistique.
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Une place à l’ombre
Le mot d’ordre chez les médias est d’atteindre les consommateurs d’information là où ils se trouvent. Les jeunes de 18 à 34 ans, eux, se trouvent sur YouTube et TikTok.
Selon les données de l’Académie de la transformation numérique, 70 % des personnes de cette tranche d’âge visitent YouTube et 51 % utilisent TikTok.
Le défi reste important. TikTok ne favorise pas la découvrabilité des contenus médiatiques. Les jeunes font peu confiance aux médias traditionnels. Les codes de ces vidéos ne sont pas les mêmes.
De plus, ces réseaux construits pour donner toute la place au contenu de masse laissent peu d’espace aux petits médias. Ceux-ci doivent se faire remarquer – en 5 secondes – sans pour autant dénaturer leur ligne éditoriale.
En même temps, quel est l’avantage de donner notre contenu à une plateforme sur laquelle la monétisation est impossible au Canada? Est-il éthique de donner notre contenu à une plateforme qui exploite les biais cognitifs pour créer une dépendance?
Mais il s’agit d’une occasion de reconstruire la confiance dans les médias. La planche de salut est peut-être là. Si un créateur ou une créatrice de contenu peut arriver à inspirer la confiance de son auditoire au fil du temps, peut-être que les médias traditionnels peuvent y arriver aussi.
P.-S. Oui, Francopresse a maintenant un compte TikTok, mais il ne compte aucune vidéo pour l’instant.
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Un sondage [en anglais] d’Angus Reid, publié juste avant l’arrivée des souverains, affirmait que 83 % de Canadiens interrogés sont «indifférents» ou «ne s’intéressent pas» à la visite historique du monarque.
Les rues d’Ottawa semblaient démontrer l’inverse, les lundi 26 et mardi 27 mai.
Des milliers de Canadiennes et de Canadiens se sont massés derrière les barrières pour espérer voir le roi et la reine, après le discours du Trône, le 27 mai.
Les rues bondées depuis la veille n’ont pas empêché Shay Murray et Anna Swaan, deux étudiantes francophones de l’Ontario, de s’installer derrière les barrières dès 8 heures du matin lundi, pour apercevoir le roi Charles III et la reine Camilla, en visite dans la capitale canadienne.
Visite au cours de laquelle le souverain a lu le discours du Trône pour ouvrir la nouvelle session parlementaire. Une manière de réaffirmer la souveraineté du Canada face aux menaces répétées et concrétisées des États-Unis.
Les deux amies faisaient partie des milliers de Canadiens et de Canadiennes qui bordaient le chemin depuis l’édifice du Sénat jusqu’au Monument commémoratif de la guerre.
Ma mère l’a vu à Halifax, il y a plusieurs années. Elle m’a poussé, en disant qu’il n’y a probablement pas une autre chance dans ma vie de voir le roi. Ça dit tellement pour notre pays de voir toutes les personnes ensemble, de voir le roi et la reine. C’est vraiment symbolique à nous.
Ce sont bien les menaces étatsuniennes qui poussent les deux jeunes femmes à être présentes pour démontrer leur patriotisme. «Évidemment, s’il n’y avait pas toutes ces émotions négatives, ça ne sera pas si excitant», confie Anna Swaan.
Pour Shay Murray et Anna Swaan, deux étudiantes francophiles, la visite royale était «importante, surtout en ce moment».
Sur la question du peu d’affection souvent démontré par les francophones envers la royauté, Anna affirme qu’il y a «beaucoup d’histoire» à considérer pour comprendre «toutes les émotions» qui entourent la relation entre les francophones et le roi, faisant notamment référence à la déportation des Acadiens.
Mais je pense, juste quand tu regardes les situations qu’on a avec les États-Unis, que les Québécois et les francophones sont intéressés à l’idée d’unité. J’ai vu qu’il y a des personnes au Québec qui ont dit qu’ils préfèrent être Canadiens au lieu d’Américains!
Les francophones hors Québec seraient en outre moins enclins à totalement monter aux barricades lorsqu’il s’agit de royauté.
Avec son amie Shay, Anna espère que les menaces des États-Unis «ramènent les gens ensemble [au Canada, NDLR]».
Plus loin, une Franco-Ontarienne établie aux Mille-Îles, à la frontière avec les États-Unis, affirme que l’unité canadienne «passe avant tout».
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