le Jeudi 25 Décembre 2025

Après avoir passé six mois à parcourir le Canada et entendu plus de 6 500 témoignages, la Commission de vérité et réconciliation (CVR) déposait son rapport final, Honorer la vérité, réconcilier pour l’avenir.

Ses appels à l’action s’articulaient autour de six grands thèmes : la protection de l’enfance, l’éducation, la langue et la culture, la santé et la justice, et la réconciliation.

La Journée nationale de la vérité et de la réconciliation – officiellement instituée comme jour férié le 30 septembre 2021 – découle d’un des appels à l’action de la CVR et vise à rendre hommage aux enfants qui n’ont jamais pu retourner chez eux et aux survivants des pensionnats ainsi qu’à leur famille et leur communauté.

La CVR recommandait notamment à tous les gouvernements d’adopter des mesures pour garantir la sécurité des enfants autochtones, ainsi que d’élaborer des programmes d’éducation adaptés à la culture des familles autochtones.

Elle insistait aussi sur la nécessité de protéger et de revitaliser les langues autochtones au moyen d’une législation dédiée et de fonds suffisants, et de lutter contre le racisme systémique.

Jusqu’à maintenant, seulement 14 recommandations ont été mises en œuvre rapporte l’organisme à but non lucratif Indigenous Watchdog; 45 % sont en cours de réalisation, 23 % ont été bloquées et 17 % sont encore au point mort.

«Cela signifie que 40 % de tous ces appels à l’action sont à l’arrêt», résume l’éditeur et fondateur du site Internet Indigenous Watchdog Douglas Sinclair, membre de la Première Nation Peguis du Manitoba.

Dans un courriel à Francopresse, le ministère des Relations Couronne-Autochtones affirme plutôt que 85 % des appels à l’action ont été menés à bien ou sont en cours de réalisation.

À lire aussi : Élection fédérale : les Autochtones attendent plus de mesures concrètes

Appels à l’action mis en œuvre jusqu’à maintenant :

Source : Indigenous Watchdog

Pourquoi ce retard?

Selon Douglas Sinclair, ce statuquo s’explique principalement par un manque de volonté politique au sein des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, le racisme systémique et un manque de données concernant les Autochtones.

La directrice de l’éducation du Centre national pour la vérité et la réconciliation, Kaila Johnston, recommande de «discuter de ce que vous avez observé [le 30 septembre] avec vos amis et votre famille». 

Photo : Capture d’écran

Avec les préparatifs pour souligner le 10e anniversaire du dépôt du rapport, le Centre national pour la vérité et la réconciliation (CNVR) n’était pas disponible pour une entrevue. L’organisme a toutefois pris le temps de partager avec Francopresse une courte vidéo où leur directrice de la sensibilisation, Kaila Johnston, énumère les principaux obstacles à la vérité et la réconciliation :

Dans un article publié dans SAY Magazine le 12 septembre, le CNVR souligne aussi un manque de stratégie à long terme et de coordination du côté des instances gouvernementales.

À lire : «Décoloniser» le système scolaire francophone : un travail de longue haleine

Ce qui a été fait

Douglas Sinclair souligne toutefois quelques avancées, notamment au niveau de la santé et de la justice. «Des gouvernements investissent et mettent en place des programmes autour de la santé mentale et de la dépendance aux opioïdes.»

Douglas Sinclair rapporte que parmi les articles publiés sur le site Internet Indigenous Watchdog, seulement 30 % concernent des initiatives positives, tandis que 70 % reflètent des problèmes persistants. 

Photo : Courtoisie

L’insécurité alimentaire reste cependant un problème majeur chez les Inuits. Le ministère des Relations Couronne-Autochtones affirme là encore que «les défis auxquels font face les communautés nordiques isolées sont très complexes et nécessitent une approche commune à l’échelle du gouvernement entre les territoires, les provinces, les dirigeants autochtones, les Inuits et les communautés afin de renforcer les capacités locales».

Parmi les appels à l’action qui se sont concrétisés figure la nomination du premier commissaire aux langues autochtones, le chef Ronald E. Ignace, de la Nation Secwepemc.

Le gouvernement fédéral a également reconnu les droits des peuples autochtones, y compris leurs droits linguistiques, dans la Loi sur les langues autochtones, qui a reçu la sanction royale le 21 juin 2019.

Dans l’article de SAY Magazine, le CNVR ajoute dans la liste des succès l’inclusion dans plusieurs provinces et territoires de l’histoire autochtone dans les programmes d’éducation.

Du côté judiciaire, un seul appel à l’action a été mené à terme : l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées a déposé son rapport final en juin 2019. Néanmoins, sur les 231 recommandations découlant de cette Enquête, seules deux ont abouti, a déploré l’Assemblée des Premières Nations en 2024.

À lire aussi : Autochtones disparues et assassinées : les actions se font toujours attendre

Une structure par et pour les Autochtones

Pour Douglas Sinclair, l’un des chantiers les plus importants à suivre reste le Conseil national pour la réconciliation (CNR), un organisme indépendant et à but non lucratif censé surveiller, évaluer et rendre compte des progrès réalisés dans la mise en œuvre des appels à l’action.

«Il a fallu 10 ans avant que, en mars dernier, le gouvernement enregistre enfin le CNR en tant qu’organisme à but non lucratif.»

Le gouvernement dispose de 18 mois pour le rendre opérationnel. «Il faudra donc attendre l’automne 2026 avant qu’il ne soit réellement en place pour agir, à condition qu’il n’y ait pas d’interruptions en cours de route.»

Douglas Sinclair espère que cette entité sera «capable d’obliger les gouvernements provinciaux et territoriaux à fournir des données qu’il sera possible de regrouper et d’analyser».

Protection à l’enfance

Dans le domaine de la protection à l’enfance, aucun appel à l’action n’a encore eu de suite concrète, mais deux sont en cours de réalisation.

En juillet dernier, l’Assemblée des Premières Nations et le gouvernement fédéral ont conclu une entente de 47,8 milliards de dollars pour réformer, au cours des 10 prochaines années, les programmes de protection de l’enfance.

La mise en œuvre du principe de Jordan est à l’arrêt depuis aout 2025, relève Indigenous Watchdog.

Le ministère des Relations Couronne-Autochtones renvoie la balle aux autres entités gouvernementales : «Le principe de Jordan vise à garantir aux enfants des Premières Nations un accès égal aux services de santé provinciaux, territoriaux et fédéraux existants, et ne vise pas à les remplacer.»

Ottawa a investi 8,8 milliards de dollars entre juillet 2016 et mars 2025 pour répondre à ces besoins.

Et la suite?

Pour Douglas Sinclair, il est encore trop tôt pour dire dans quelle mesure le gouvernement de Mark Carney fera avancer la cause. «Au départ, il y avait beaucoup d’optimisme. On pensait qu’il allait faire des choses positives, et il en a certainement fait certaines. Il a trois Autochtones dans son cabinet, ce qui est une première dans l’histoire du Canada», amorce-t-il.

Mais il déplore «le recul sur certaines mesures climatiques qui touchent directement les territoires autochtones, les Premières Nations, les Métis et les Inuits plus que quiconque dans le pays et l’accélération de certains grands projets».

«Le véritable test aura donc lieu lorsque [le gouvernement fédéral] sera confronté à un projet qu’il souhaite accélérer et qui suscite une opposition importante de la part des Autochtones.»

Le sujet est revenu dans le débat parlementaire depuis que le Parti conservateur de Pierre Poilievre a annoncé vouloir supprimer le Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET), le 3 septembre dernier.

Dans un communiqué, le parti affirme que ce programme «fait baisser les salaires et prive les jeunes Canadiens d’opportunités».

Pour Nathanaël Richard, directeur général de l’Association des transformateurs de homard des Maritimes, au Nouveau-Brunswick, qui représente 25 entreprises de transformation, Pierre Poilievre surfe sur «le discours ambiant» anti-immigration et le fait que le taux de chômage est monté à 7,1 % en aout.

Il s’agit du plus haut niveau depuis 2016 hors pandémie, alors que l’économie canadienne a perdu 66 000 emplois, selon Statistique Canada.

À lire aussi : L’immigration, bouc émissaire de la pénurie d’emploi pour les jeunes

Pendant une campagne commune, des intervenants comme Julie Lampron-Lemire, de la Confédération nationale des syndicats, ont appelé le gouvernement à réformer en profondeur le système pour mettre fin à l’exploitation, pour que les travailleurs étrangers bénéficient des «mêmes droits» que les Canadiens et Canadiennes.

Photo : Inès Lombardo – Francopresse

Double discours

«C’est un peu étrange de voir qu’on accuse ces travailleurs de voler les emplois quand ils ont été aussi essentiels pendant la pandémie», remarque la conseillère aux communications à la Confédération des syndicats nationaux (CSN), Julie Lampron-Lemire.

Celle-ci était présente à une conférence de presse pour demander la réforme des visas des travailleurs étrangers au Parlement le 23 septembre. En réponse à une question de Francopresse, elle a affirmé que ces personnes ne volent pas d’emplois; elles pourvoient des postes vacants faute de main-d’œuvre locale.

Le resserrement de l’an dernier pour les visas des travailleurs étrangers temporaires «oblige par exemple des résidences pour ainés à fermer des étages», ajoute Julie Lampron-Lemire.

À ses yeux, avec ce genre de décision, le gouvernement canadien ignore «les besoins réels du Canada et les compétences de ces employés», et «fragilise des secteurs déjà en pénurie».

À lire aussi : Les employeurs francophones pourraient regretter le resserrement de l’immigration temporaire

«Potentiel de fermeture»

Nathanaël Richard, de son côté, n’est pas «surpris» par l’annonce conservatrice, mais il reste «très inquiet» : «On est en sous-capacité chronique de main-d’œuvre, malgré tous les efforts que les usines de transformation déploient pour embaucher plus de Canadiens.»

«En très grande partie, les Canadiens déconsidèrent ce genre de travail» et choisissent de ne pas occuper des postes qui demandent un travail manuel, poursuit-il.

Le directeur affirme aussi que le vieillissement de la population canadienne fait qu’il «n’y a pas de remplacement pour beaucoup de nos travailleurs».

«Mais il est clair qu’il y a des milliers de travailleurs internationaux qui viennent épauler nos travailleurs canadiens, nuance-t-il. Je ne pense pas que c’est exagéré de parler de potentielles fermetures d’usines dans un scénario où on n’aurait plus accès à ces travailleurs. Certainement, on verrait une capacité de transformation qui s’effondrerait.»

Le Nouveau-Brunswick a eu un aperçu d’un scénario où le nombre de travailleurs étrangers était limité lorsque l’ancien premier ministre de la province, Blaine Higgs, a interdit aux entreprises de recruter des travailleurs et travailleuses de l’étranger, pendant la pandémie en 2020.

Il affirme que d’après le raisonnement du gouvernement Higgs, les Néobrunswickois allaient remplacer les travailleurs étrangers temporaires à leur poste.

«Ça a été un désastre, témoigne Nathanaël Richard. Cette année-là, toutes les usines du Nouveau-Brunswick étaient à court de travailleurs. La capacité de production avait diminué, selon l’usine, entre 30 et 50 %. Ça a été extrêmement difficile.»

Votre francophonie au bout des doigts

Lisez notre infolettre
les mercredis et samedis

Infractions des droits de la personne

En marge de la conférence de presse du 23 septembre, un intervenant pour les droits des migrants a expliqué à Francopresse, que, lorsqu’une personne est poussée par la pauvreté, elle «n’a parfois pas le choix d’immigrer et de travailler ailleurs».

Sa perception et celle de ses collègues présents à la conférence de presse, c’est que l’objectif des entreprises reste d’abord de se faire du profit sur le dos des immigrants dans des conditions indignes et inhumaines.

Garder le programme oui, mais pas tel quel, défendent d’une même voix plusieurs organisations, dont Amnistie internationale Canada, cette semaine au Parlement. Elles réclament un statut de travail semblable à celui des Canadiens et Canadiennes, «dans des conditions dignes».

Les permis de travail qui lient actuellement des travailleurs étrangers à des employeurs peuvent mener à des abus voire à des violations des droits de la personne. Les médias ont rapporté des cas d’employeurs qui ont maltraité des travailleurs étrangers, qui les ont logés dans des conditions inhumaines ou qui les ont exploités en les payant insuffisamment.

À lire aussi : L’embauche des travailleurs étrangers temporaires facilitée, mais pas leur protection

Selon Nathanaël Richard, «si des employeurs ne sont pas exemplaires au niveau des conditions de travail des travailleurs étrangers, il faut qu’ils soient sanctionnés, et dans les cas extrêmes, il faut qu’ils soient exclus du programme». 

Photo : Daniel St-Louis

La raison d’être du permis fermé

Quant à la possibilité d’accorder aux travailleurs et travailleuses de l’étranger le droit de changer d’emploi, Nathanaël Richard rappelle que ce permis temporaire fermé, qui lie les travailleurs et travailleuses à l’employeur, a été créé pour des emplois saisonniers, ce qui est la nature même de son industrie.  

De fait, selon lui, ces personnes préfèrent souvent avoir un permis de travail fermé pour venir travailler une saison et rentrer chez elles.

Avec un processus «lourd d’un point de vue administratif», qui débute six mois avant la saison, le directeur estime que les permis de travail ouverts comportent le risque que les personnes recrutées laissent tomber leur employeur ou employeuse à la dernière minute en arrivant sur le territoire canadien.

Selon lui, les discours des organisations qui militent pour des permis ne liant pas les travailleurs étrangers à des employeurs précis sont «déconnectés de la réalité».

«Fort taux de rétention»

Nathanaël Richard affirme qu’il y a un fort «taux de rétention» des travailleurs étrangers dans les usines qu’ils représentent.

«Beaucoup de ces travailleurs recrutent des amis, des membres de leur famille, demeurent avec le même employeur d’année en année. Donc, si les conditions de travail étaient aussi mauvaises que certains critiques laissent entendre, pensez-vous vraiment que ces travailleurs feraient ce choix?»

Si Nathanaël Richard appelle à «beaucoup plus de nuances», il concède toutefois qu’il «peut y avoir des mauvais employeurs».

«Là-dessus, il faut être absolument intraitable : s’il y a des employeurs qui ne se conforment pas au règlement, ils ne devraient pas participer au programme, ils devraient en être exclus. On a vu quelques exemples de ça dans notre secteur et dans d’autres.»

FRANCOPHONIE

Les députés du Comité permanent des langues officielles se sont entendus jeudi matin pour étudier les quotas de diffusion de musique francophone des diffuseurs concernés.

Les conservateurs, les libéraux et le bloquiste Mario Beaulieu se pencheront aussi sur la question d’imposer un quota aux diffuseurs dans le domaine de l’audiovisuel canadien.

Ce qu’ils demandent : Une semaine plus tôt, le groupe Cogeco Média – l’un des plus importants réseaux de radio au Québec – a demandé au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications du Canada (CRTC) de réduire les quotas de chansons francophones imposés aux stations musicales, estimant que cette mesure est essentielle à la survie de l’industrie.

Des entreprises de diffusion (comme Cogeco Média, Bell et Leclerc communication), l’Association québécoise de l’industrie du disque, du spectacle et de la vidéo (Adisq), des diffuseurs francophones, l’Alliance des radios communautaires (ARC) du Canada et d’autres intervenants seront entendus par le comité.

À lire aussi : Comment faire rayonner les contenus francophones en ligne?

Le ministre fédéral de l’Identité et de la Culture canadiennes, Steven Guilbeault, entouré des députés de toutes allégeances politiques, a levé le drapeau franco-ontarien sur la Colline du Parlement, le 25 septembre, Jour des Franco-Ontariens et des Franco-Ontariennes.

Cette journée a une saveur particulière cette année, puisque c’est le 50e anniversaire du drapeau.

À lire : L’histoire du drapeau franco-ontarien, symbole d’une lutte

Le 50e anniversaire du drapeau franco-ontarien a été célébré sur la Colline du Parlement canadien, à Ottawa, le jeudi 25 septembre. 

Photo : Inès Lombardo – Francopresse

La Chambre de commerce et d’industrie de Québec (CCIQ) et le Réseau de développement économique et d’employabilité du Canada (RDÉE Canada) ont signé un protocole d’entente pour renforcer les corridors de commerce francophones et tirer parti de la libéralisation du marché intérieur canadien.

Les buts : L’initiative vise à diversifier les exportations à l’intérieur du pays, réduire la dépendance aux marchés américains et mobiliser le potentiel des entreprises francophones hors Québec. Dans un communiqué, la CCIQ et le RDÉE Canada détaillent sept axes stratégiques pour y parvenir.

CANADA

La motion du Bloc québécois, qui demandait au gouvernement fédéral de cesser d’intervenir dans la contestation de la loi 21 devant la Cour suprême, a été rejetée avec 170 voix contre – venant des libéraux et des néodémocrates – et 159 pour du côté des bloquistes et des conservateurs.

Surprise : Les conservateurs ont été applaudis par leurs collègues du Bloc lorsqu’ils se sont levés pour soutenir la motion, mais le gouvernement a défendu son rôle d’intervenant pour encadrer l’usage de la «clause dérogatoire» (article 33 de la Charte canadienne des droits et libertés), sans contester directement la loi – soit la laïcité au Québec dans ce cas.

Dans son mémoire déposé la semaine dernière, le gouvernement de Mark Carney affirme que l’usage répété de la clause pourrait porter atteinte aux droits des Canadiens et des Canadiennes. Le Québec et certaines provinces, comme l’Alberta, défendent la disposition comme un compromis constitutionnel.

La Cour suprême n’a pas encore fixé la date des audiences.

Le ministre de la Sécurité publique, Gary Anandasangaree, se trouve au cœur d’une controverse après avoir affirmé dans une conversation privée rendue publique qu’il trouvait que le programme de rachat d’armes n’allait pas fonctionner, ce qu’il a rectifié maladroitement mardi, en conférence de presse. 

Photo : Inès Lombardo – Francopresse

Ottawa lancera cet automne un programme de rachat volontaire d’armes à feu prohibées, testé d’abord au Cap-Breton, qui vise à récupérer près de 180 000 armes. Les propriétaires devront soit s’en départir soit ne pas les utiliser.

Controverse : Un enregistrement privé rendu public a placé le ministre de la Sécurité publique, Gary Anandasangaree, dans l’embarras. Ce dernier a laissé entendre que les détenteurs d’armes prohibées ne risquaient pas d’être arrêtés, ce qu’il a ensuite qualifié d’erreur en conférence de presse mardi, réaffirmant que les forces de police feront respecter la loi.

Nathalie Provost, survivante de la tuerie de Polytechnique Montréal en 1989, devenue députée libérale aux dernières élections, a défendu son collègue et le programme de compensation pour les armes à feu. 

Photo : Inès Lombardo – Francopresse

De son côté, Nathalie Provost, députée libérale survivante de la tuerie de Polytechnique à Montréal en 1989, a précisé que la conversation privée «ne remettait pas en cause» le programme.

Jeudi, le ministre des Services publics et de l’Approvisionnement du Canada, Joël Lightbound, a annoncé que Postes Canada devra mettre fin progressivement à la livraison du courrier à domicile. Des boites postales communautaires seront installées.

Économies : Le courrier non urgent sera acheminé par voie terrestre et non plus par voie aérienne afin de réduire les couts. Les mesures annoncées devraient permettre d’économiser jusqu’à un demi-milliard de dollars par an.

Postes Canada traverse une grave crise financière : depuis 2018, l’entreprise a perdu plus de 5 milliards de dollars et subi des pertes quotidiennes d’environ 10 millions de dollars.

Grève : Le soir même, le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes ont déclenché une grève nationale pour contester l’annonce. Des retards dans la livraison du courrier sont à prévoir.

À lire : Postes Canada : crainte d’un système postal «à deux vitesses»

Votre francophonie au bout des doigts

Lisez notre infolettre
les mercredis et samedis

À la suite de défaites électorales écrasantes, comme celle d’avril dernier, le Nouveau Parti démocratique (NPD) a lancé «Renouvellement NPD», une initiative pour reconstruire le parti social-démocrate du Canada.

Processus public : Le mouvement comprendra un sondage national où les membres, les alliés et les progressistes partageront leurs idées sur le leadeurship, l’inclusivité et l’avenir du parti.

INTERNATIONAL

Dimanche, le Canada a reconnu l’État de Palestine lors de l’Assemblée générale des Nations-Unies, à New York. D’autres pays occidentaux ont fait de même.

«Pendant plusieurs décennies, le Canada a cru à cet objectif en s’attendant à ce qu’il y ait éventuellement un règlement négocié. Malheureusement, cette possibilité a peu à peu été compromise, jusqu’à devenir presque inenvisageable», a fait valoir le premier ministre canadien, Mark Carney, en citant notamment le Hamas comme raison principale de l’échec.

Il a réaffirmé que le Hamas doit libérer tous les otages, se désarmer totalement et ne pas participer à la gouvernance future de la Palestine.

La députée libérale Salma Zahid a affirmé qu’elle «poussait» le caucus libéral à stopper tout envoi d’armes à Israël via les États-Unis. 

Photo : Courtoisie

La reconnaissance fait consensus chez les libéraux, les néodémocrates et le Bloc québécois. Les conservateurs ont, de leur côté, dénoncé le fait que Mark Carney «reconnait l’État du Hamas».

La députée libérale Salma Zahid a affirmé mercredi, avant le caucus, qu’il fallait en faire «beaucoup plus» que reconnaitre l’État de Palestine et qu’elle «poussait» son caucus à stopper l’envoi d’armes sans permis à destination d’Israël via les États-Unis. Elle demande aussi le déblocage immédiat de l’aide humanitaire.

Et les Palestiniens? : Les Palestiniens, qui sont victimes d’un génocide mené par Israël depuis 2 ans selon un nombre grandissant d’organisations, ne faisaient pas fait partie des discussions à l’Organisation des Nations unies. L’administration de Donald Trump leur a interdit l’entrée sur le sol américain.

Selon le journaliste palestinien et fondateur de GazaPress, Rami Abou Jamous, la plupart des Palestiniens ne savent pas que leur État a été reconnu par plusieurs pays occidentaux cette semaine.

«Jusqu’ici, ces pays occidentaux reconnaissaient l’occupant, mais pas l’occupé. C’est bien de reconnaitre enfin l’occupé, mais l’occupé est en train de disparaitre, et ils ne font rien pour l’empêcher. […] La France et les autres savent qu’un génocide est en marche, mais ils se contentent de nous “reconnaitre”.»

Le 28 septembre est la Journée internationale de l’accès universel à l’information, qui a été proclamée par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) en 2015.

À l’échelle internationale, elle est présentée comme une invitation à la transparence des gouvernements afin de promouvoir l’inclusivité et la confiance.

Cependant, alors que l’information de piètre qualité, la désinformation et la mésinformation produites par l’intelligence artificielle envahissent le Web, le concept de droit à l’information – il faudrait peut-être commencer à dire «droit à de l’information digne de confiance» – doit dépasser les gouvernements.

Ce concept doit inspirer toutes les agences publiques, toutes les institutions et les entreprises qui ont la capacité d’influencer la société. Toutes les personnes qui ont le droit de voter doivent aussi s’en préoccuper sérieusement.

À lire : Une «tempête parfaite» pour la désinformation électorale

Révision de la loi canadienne

Le Canada est l’un des pionniers en matière de transparence de l’information. En 1983, il est devenu le cinquième pays a adopté une telle loi. Quarante-deux ans plus tard, elle a grandement besoin d’un coup de modernité.

Le 20 juin, le gouvernement du Canada a lancé l’examen de 2025 de la Loi sur l’accès à l’information. Une démarche obligatoire puisque, depuis 2019, un nouvel article ajouté à cette loi exige qu’elle soit révisée tous les cinq ans.

Justement, pendant sa campagne électorale du printemps, l’actuel premier ministre, Mark Carney, a promis un «examen objectif» de la loi.

Les médias et le Commissariat à l’information du Canada font la liste des ratés de la Loi sur l’accès à l’information depuis plusieurs années.

Dans des lettres au premier ministre et au ministre du Conseil du Trésor, la commissaire Caroline Maynard écrit : «Depuis que je suis devenue Commissaire à l’information en 2018, j’ai constaté un déclin constant du système d’accès à l’information, à un point tel qu’il n’atteint plus son but : permettre l’accès à l’information qui peut et doit être communiquée.»

La commissaire dit avoir remarqué que les institutions fédérales se préoccupent avant tout de ce que la loi leur permet de cacher, plutôt que de l’information qui doit être communiquée.

Le système fonctionne en quelque sorte à l’envers : vous devez demander d’avoir accès à une information publique.

Dans la mesure du possible, ces informations devraient être accessibles par défaut et non cachées derrière une bureaucratie qui cherche à garder des secrets. Dès qu’un mémo est lancé, dès qu’une lettre en envoyée, dès qu’un tableau est monté, ils devraient être rendus publics.

C’est ce qu’une loi remaniée devrait chercher à faire. Les technologies actuelles pourraient le permettre. Une telle transparence ne convaincra peut-être pas les ultrasceptiques, mais elle empêchera peut-être des personnes de le devenir.

À lire : Les francophones en milieu minoritaire, orphelins de données

Votre francophonie au bout des doigts

Lisez notre infolettre
les mercredis et samedis

À votre tour

Du côté des médias, la discussion sur la transparence est entamée depuis quelques années. Des initiatives comme le Trust Project et la Journalism Trust Initiative sont nées du besoin de transparence dans la production de l’information.

Au tour du public de prendre ses responsabilités. La méfiance aveugle n’est pas plus productive que la confiance aveugle. Remettez en question ce que les campagnes de markéting, les médias et les influenceurs et influenceuses livrent comme information de la même façon que vous remettez en question les annonces gouvernementales.

Ne vous fiez pas seulement à ce qu’une source vous donne comme information pour construire votre opinion. Surtout si cette source ne contredit pas votre point de vue.

Tentez d’absorber le plus d’informations et de perspectives que possible pour élever le niveau de transparence des informations que vous avez et, ainsi, renforcer votre objectivité et votre prise de décisions.

Destruction de la réalité par l’intelligence artificielle

Garantir l’accès à l’information est la partie la plus facile. Ce qui est plus difficile, c’est de regagner la confiance de la part de la population qui ne veut plus croire les autorités gouvernementales et ses représentants ainsi que la science et les preuves qu’elle apporte.

Il était déjà trop facile de remettre en doute la véracité d’une information ou d’une image. Ça se voit dans les cercles conspirationnistes. Par exemple, les personnes qui croient que la terre est plate déclareront instantanément qu’une photo ou une vidéo leur montrant que la terre est ronde ou que l’espace existe «a été créée de toutes pièces par ordinateur».

Les outils d’intelligence artificielle (IA) rendent cette excuse de plus en plus facile à utiliser pour les sceptiques. Sans garde-fou, sans règle d’utilisation et sans balise pour l’IA, le phénomène ne fera que s’accentuer.

Les notions de vérité et de réalité sont pourtant centrales à la recherche du droit à l’information. En tant que société, nous devons retrouver la façon de vivre dans la même réalité.

La transparence ne suffira malheureusement plus comme gage de confiance. Mais elle doit être le point de départ.

À lire : L’illusion de la neutralité de l’IA (Chronique)

Simon Forgues,
Conseiller en stratégie et communication
Alliance des radios communautaires du Canada

Pour tout vous dire, j’ai pris quelques jours pour digérer la matière et tourner mes doigts sept fois sur le clavier avant d’écrire ces lignes.

Car ce que j’ai vu et entendu mérite qu’on s’y attarde. Sérieusement.

Ça monte… puis ça redescend abruptement

D’un côté, les participants ont été portés vers les hauteurs par la reconnaissance du rôle vital que jouent nos médias locaux dans la vitalité et l’épanouissement de leurs communautés.

De l’autre, la descente a été rapide. Puisqu’on leur a fait la démonstration — parfois crue — du manque de reconnaissance dont ces médias souffrent, y compris au sein de leur propre milieu.

On ne va pas se mettre des œillères ni se raconter d’histoires.

À l’ère des Netflix, YouTube et Facebook, on semble avoir oublié que, tout près de chez nous, des médias de proximité racontent nos histoires mieux que quiconque.

Pourtant, ces voix locales traversent aujourd’hui une tempête sans précédent.

À lire : Médias de langue minoritaire : un livre blanc sur les défis et les pistes pour survivre

Un livre blanc lucide et une sonnette d’alarme

Le livre blanc « Vérités, défis, occasions à saisir et pistes d’avenir », dévoilé lors du forum Voix locales du Consortium des MCLOSM, brosse un portrait lucide de la situation.

Déjà, l’on constate entre autres choses que les médias eux-mêmes ont déjà fait un examen de conscience et une sorte d’autoévaluation. Ce qui n’est pas négligeable.

Reconnaitre qu’on a un sérieux problème est déjà en soi le début d’un long processus vers la guérison.

Ce livre blanc identifie quatre chantiers ambitieux — mais réalistes — afin de préserver cet écosystème fragile. Or, la réussite de ces quatre chantiers dépendra d’un engagement concerté de tous les acteurs concernés.

Les quatre chantiers

  1. Organisationnel : Les médias eux-mêmes doivent innover, mobiliser leur milieu et moderniser leurs installations. L’autoévaluation menée pour ce livre blanc montre déjà une ouverture à ce changement, comme je l’écrivais précédemment.
  2. Sectoriel : Le Consortium et les organismes de représentation doivent assumer un leadeurship fort et multiplier les initiatives concrètes. J’ai l’impression que ce livre blanc, le sondage Nanos, ainsi que les cercles d’exploration réalisés pendant le forum sont de bons pas dans la bonne direction.
  3. Gouvernemental : Les gouvernements, à tous les niveaux, doivent reconnaitre et financer adéquatement ces médias, au-delà des discours. Déjà, je crois qu’on peut se réjouir de la présence de nombreux représentants du gouvernement à cet évènement qui s’est tenu à Ottawa.
  4. Institutionnel et associatif : Enfin, les associations porte-paroles et les gens du milieu, francophones hors Québec et anglophones au Québec, doivent se mobiliser et plaider activement pour la survie de leurs propres médias.

Votre francophonie au bout des doigts

Lisez notre infolettre
les mercredis et samedis

Le virage le plus serré

Franchement, c’est sur ce dernier chantier que mes inquiétudes sont les plus vives. Celui institutionnel et associatif. Je trouve que le virage sera serré et difficile à emprunter. Surtout en bas d’une pente aussi raide que celle-là.

J’ai vu, au fil de mes 18 années au sein d’une association nationale de radio communautaire, des organisations abandonner leur licence de radio ou délaisser leur hebdo local au profit d’un usage presque exclusif des plateformes numériques étrangères.

Il ne s’agit pas d’accuser, mais de constater. En agissant ainsi, on scie la branche sur laquelle on est assis.

Ces médias, souvent créés par les communautés elles-mêmes, sont les wagons essentiels d’un train collectif dans lequel nous filons sur les rails de notre avenir linguistique. S’en détacher, c’est affaiblir tout le convoi.

À lire : L’absence des médias sur des réseaux sociaux a un effet sur les campagnes électorales

Visons les sommets plutôt que les descentes

Les membres du Consortium ont montré la voie. En faisant preuve d’humilité, d’introspection et d’une volonté d’agir. Ils ont su mettre cartes sur table, partager leurs défis et proposer des solutions concrètes.

Cette ouverture devrait inspirer l’ensemble des organismes porte-paroles, qu’ils soient francophones hors Québec ou anglophones au Québec, à s’engager dans le même exercice.

Puisque la préservation de nos médias locaux n’est pas un luxe, mais une nécessité.

Ils sont la mémoire vivante de nos communautés, le reflet de notre culture et un pilier de notre avenir collectif. Les soutenir, c’est investir dans notre propre voix.

À chacun maintenant de prendre sa part : citoyens, institutions, gouvernements, associations.

Visons à nouveau les sommets de ce grand parcours en montagnes russes, afin qu’on recommence à monter plutôt que de rester coincés dans une descente infernale sans fin.

Je vous invite à consulter le livre blanc et les résultats du sondage Nanos, disponibles sur le site du Consortium, et à réfléchir à ce que vous pouvez faire, dès aujourd’hui, pour que nos voix locales continuent de grimper vers de nouveaux sommets — plutôt que de rester coincés en bas de la piste.

Organisé par le Consortium des médias communautaires de langues officielles en situation minoritaire, le Forum Voix locales, qui s’est déroulé à Ottawa les 11 et 12 septembre, a réuni les médias écrits et les radios membres de Réseau.Presse, de l’Alliance des radios communautaires du Canada, de Quebec Community Newspapers Association et du English-Language Arts Network.

En compagnie de personnes représentant le gouvernement ainsi les milieux associatif et universitaire, les participants ont analysé les constats du Livre blanc : Vérités, défis, occasions à saisir et pistes d’avenir – qui comprend un sondage et une autoévaluation –, pour réfléchir à l’avenir de ces médias et établir une liste de priorités.

«On a des réalités similaires avec les autres associations [de médias de langue minoritaire], c’est certain. C’est pour ça que le Consortium a été créé. Donc, on est très fiers de pouvoir faire front commun par rapport à ces besoins-là», dit Maryne Dumaine. 

Photo : Christian Kuntz

«Je pense que c’est un bon début de conversation», affirme la présidente de Réseau.Presse*, Maryne Dumaine. «Ça reprend déjà beaucoup des considérations qu’on avait. Donc, ça formalise beaucoup nos revendications, nos enjeux. [Le Livre blanc] va être un bon outil quand on aura fini de peaufiner notre plan d’action.»

En lisant le Livre blanc, la professeure émérite à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa, Linda Cardinal, dit avoir ressenti l’urgence d’agir pour sauvegarder les médias communautaires de langues officielles en situation minoritaire (MCLOSM).

Le petit nombre de journalistes par médias – souvent un seul – reste particulièrement inquiétant selon elle : «On leur demande de jouer un rôle de chef d’orchestre.»

À lire : Médias de langue minoritaire : un livre blanc sur les défis et les pistes pour survivre

Un rôle fondamental

Linda Cardinal fait remarquer que les médias communautaires ont un rôle à jouer dans l’écosystème des médias au Canada. «Ce rôle-là doit être appuyé de façon à ce qu’ils puissent jouer leur rôle niche.»

Pour Francis Sonier, le portrait dressé par le Livre blanc arrive à point nommé, après plusieurs années de questionnement. 

Photo : Karine Wade

Le Livre blanc rappelle qu’ils sont essentiels à la vitalité des communautés de langue minoritaire et pour la démocratie. Cette fonction devra être mieux définie, dit Linda Cardinal, et communiquée aux communautés linguistiques pour qu’elles comprennent pourquoi elles ont besoin de leurs médias.

Le milieu associatif et les communautés devront aussi s’engager. Selon l’éditeur-directeur général chez Acadie Nouvelle, Francis Sonier, cet appui – qui a toujours été important – n’a jamais été aussi bien souligné à grands traits que dans ce document. «Je crois sincèrement que c’est là que ça peut faire une différence» pour les médias, indique-t-il.

Frédéric Dupré, le directeur général de la Coopérative des publications fransaskoises, qui publie le journal L’Eau vive, est heureux que le Livre blanc ramène à la surface la relation tendue qu’il peut exister entre un média et la collectivité qu’il couvre.

«Ça, c’était important, parce que la relation avec nos communautés est fondamentale en termes de modèle d’affaires, elle est fondamentale en termes de contenu – qui est au cœur de notre mandat journalistique –, mais on se retrouve dans des situations de dépendance à leur égard.»

Delphine Petitjean aurait aimé voir plus de jeunes au Forum Voix locales, pour profiter davantage de leur point de vue. 

Photo : Julien Cayouette

Pour Delphine Petitjean, journaliste et cofondatrice du média en ligne On a le choix, à Cornwall, en Ontario, trouver «l’équilibre entre le courage et la bienveillance» dans la relation entre les communautés et les médias sera la clé pour relever plusieurs défis. Selon elle, il faut à la fois défendre les droits des communautés de langue minoritaire et mettre en lumière leurs problèmes.

Investir chez nous

Si les gouvernements avaient continué à investir localement, les médias ne seraient pas dans cette mauvaise situation, affirme de son côté le directeur de Radio Beauséjour et du journal Le Moniteur Acadien, Jason Ouellette.

Propriétaire d’une radio communautaire et d’un journal au Nouveau-Brunswick, Jason Ouellette considère que le Livre blanc sur les MCLOSM est assez général pour représenter les besoins des deux types de médias. 

Photo : Courtoisie

«On encourage la consommation locale, mais ils ne consomment pas local. Ils vont utiliser des plateformes internationales dont les revenus et profits vont dans d’autres pays. Nous, on serait mal vu de faire la même chose avec l’argent du public, des contribuables», poursuit-il.

«Ce n’est pas tout le monde qui investit dans le journal, c’est une tragédie», renchérit Frédéric Dupré de L’Eau vive.

Arriver à survivre sans subvention n’est pas simple pour les MCLOSM, puisque le Livre blanc souligne que «les retombées financières demeurent insuffisantes pour que les canaux numériques assurent une source de revenus viable».

À lire : Les journaux francophones après un an de blocage de Meta

Votre francophonie au bout des doigts

Lisez notre infolettre
les mercredis et samedis

Nicolas Servel voit venir d’autres défis pour les MCLOSM alors que le Canada «entre en période d’austérité ou de stagnation». 

Photo : Courtoisie

Les pistes de solutions

La présence d’autres secteurs que la presse écrite et la radio au Forum Voix locales démontre une volonté de faire «un peu plus de bruit pour des médias communautaires, mais aussi de tisser des liens aussi avec d’autres acteurs complémentaires», observe la direction générale des Médias ténois, Nicolas Servel.

Delphine Petitjean a décelé une ouverture du côté du diffuseur public pour «mieux arrimer les besoins et peut-être trouver un moyen de collaborer» : «Je trouve ça intéressant.»

Les autres défis

Les solutions mises de l’avant dans le Livre blanc viennent avec leurs lots de défis, notent les principaux intéressés.

Pour Nicolas Servel, obtenir que le gouvernement reconnaisse les besoins spécifiques des communautés et des MCLOSM sera l’un des plus grands défis. Cette reconnaissance pourrait cependant ouvrir plusieurs portes.

De son côté, Jason Ouellette considère que la mise à jour technologique des médias et la formation des artisans et artisanes représentent l’un des enjeux les plus importants.

Frédéric Dupré est satisfait de voir dans le Livre blanc la reconnaissance de l’impact important des MCLOSM dans «la pertinence sociale, nationale, même pour la démocratie de ces médias hyperlocaux». 

Photo : Courtoisie

Un plan d’action à définir

Le Forum Voix locales était avant tout une consultation qui doit mener à un plan d’action concret. Celui-ci devra être mis en œuvre par le Consortium, les quatre associations et leurs membres.

«En tant que membres du Consortium, on a hâte de pouvoir donner plus de rétroaction pour qu’on travaille collectivement, avec l’ensemble de nos propres membres, pour aller dans les détails avant que ça devienne vraiment le plan d’action», souligne Maryne Dumaine.

«Je ne pense pas qu’on peut attendre un autre 3 à 5 ans. Il faut que le plan d’action suive rapidement», prévient Francis Sonier. Il devra aussi être «clair».

Le plus grand défi pour Frédéric Dupré demeure de simplement s’assurer que le Livre blanc et le Forum se traduisent en actions : «Qui va prendre le leadeurship? Est-ce que le gouvernement va vraiment écouter? Est-ce qu’on va juste en faire un autre dans 3-4 ans?» Il souhaite que non.

À la fin du Forum Voix locales, Linda Cardinal a offert au Consortium de créer un comité scientifique pour appuyer les prochains recherches et sondages à propos des médias de langues officielles en situation minoritaire. 

Photo : Courtoisie

Le grand mystère linguistique

Linda Cardinal a remarqué une différence dans le sondage mené par la firme Nanos entre les réponses des anglophones et des francophones en situation minoritaire par rapport à leurs médias : les anglophones lisent presque seulement en anglais. Les francophones, eux, lisent aussi bien en anglais qu’en français.

Cette particularité représente un obstacle de plus pour les médias francophones selon elle.

«Est-ce que le média anglophone est spontanément [perçu comme] supérieur au média francophone? Est-ce que c’est dû à des préjugés? Est-ce que le média anglophone est plus présent dans le milieu? Est-ce que ce sont des questions d’accessibilité qui fait qu’on lit moins le média francophone?», interroge-t-elle.

S’il s’agit d’un enjeu de découvrabilité, le gouvernement fédéral doit s’engager. «Au Québec, c’est un leadeurship gouvernemental qui fait qu’on s’est intéressé à la question. Où est le leadeurship gouvernemental en milieu minoritaire pour qu’on s’intéresse aussi à cette question?»

«Il y a beaucoup de monde qui n’est pas au courant qu’il existe un sentier transcanadien», souligne Stacey Dakin, cheffe des programmes de Sentier transcanadien, l’organisme qui gère le réseau. Pourtant, 80 % de la population canadienne vit à moins de 30 minutes ou 20 km de ce parcours.

«Le monde connait leur sentier local; ils connaissent le P’tit Train du Nord au Québec, le Martin Goodman Trail à Toronto, etc. Ils sont capables de vous dire “Je m’en vais sur le sentier à côté de ma maison”, mais ils ne savent pas toujours que ça fait partie du Sentier transcanadien et qu’il y a à peu près 650 tronçons qui sont reliés à travers le pays.»

Relier tout le Canada

La construction du Sentier transcanadien a débuté en 1992, à l’occasion des célébrations du 125e anniversaire du pays, précise l’Encyclopédie canadienne. «Le but, c’était vraiment au début [d’avoir un moyen de] réunir les Canadiens», appuie Stacey Dakin.

Les concepteurs imaginaient un réseau hors route reliant des pistes existantes, des tronçons neufs et d’anciennes voies ferrées.

Le Sentier transcanadien a finalement réussi à relier un bout à l’autre du pays en 2017, l’année du 150e anniversaire de la Confédération. Depuis, des tronçons continuent de s’ajouter pour permettre l’exploration d’un nombre toujours plus grand de coins du Canada.

Néanmoins, le sentier n’est pas un corridor vert sur toute sa longueur. Il emprunte parfois une route ou même une voie navigable.

Introspection et rencontres

Le Sentier transcanadien souhaite également encourager la pratique de la randonnée de longue durée.

La cinéaste Dianne Whelan s’est elle-même donné cet objectif. Celle qui ne se définissait pas comme une randonneuse aguerrie a commencé à fouler le Sentier transcanadien en 2015. Il lui aura fallu six ans pour explorer près de 24 000 kilomètres de ce sentier à pied, à vélo et en canoë. Elle raconte d’ailleurs son voyage dans le film 500 jours dans la nature.

Plus récemment, le Québécois Yannick Proulx a parcouru environ 10 000 km d’un océan à l’autre, en suivant certaines sections du sentier. Il a commencé sa traversée en avril 2023, au cap d’Espoir, à Terre-Neuve, le point le plus à l’est du Canada, pour se rendre jusqu’à la côte ouest du pays, à Victoria, en Colombie-Britannique. Il a terminé son aventure le 5 aout 2024.

Mon objectif c’était de dépenser mon argent dans mon pays, de rencontrer les gens dans mon pays et d’avoir un impact environnemental plus restreint que de prendre l’avion.

— Yannick Proulx

«Sans oublier de marcher et de comprendre les bienfaits de la marche sur ma santé physique et ma santé mentale», explique Yannick Proulx.

À ses yeux, la randonnée permet d’«abandonner un peu sa vie extérieure, sa vie quotidienne» : «Ça nous ramène beaucoup plus à une introspection et à une sensibilité qu’on perd avec le temps, avec le stress du travail de tous les jours. On devient beaucoup plus sensible aux signes de la vie, aux messages, à l’abondance, à la générosité des gens, à nos besoins.»

«Plusieurs fois sur le chemin, j’avais besoin de quelque chose puis ça se présentait. Puis quand ça se manifeste, on est beaucoup plus en gratitude et reconnaissant. Dans la vie de tous les jours, quand on veut telle affaire, on va l’acheter, mais là, quand ça nous arrive, on est juste ému.»

À lire aussi : Traverser le Canada à pied : le défi de Yannick Proulx

Patrimoine autochtone

Le réseau du Sentier transcanadien est relié à 66 communautés autochtones partout au pays. «On essaie, au possible, d’assurer que les noms locaux du sentier reflètent l’histoire des communautés», explique Stacey Dakin.

Des codes QR et des pancartes ponctuent d’ailleurs les chemins pour expliquer l’histoire locale. Certains Autochtones organisent aussi des activités pour les personnes qui passent par leur communauté.

Futur chemin de Compostelle?

Pour Yannick Proulx, cette expérience reste une belle façon de se rapprocher des gens, de la nature, des commerces environnants et de la communauté.

Stacey Dakin souligne que le Sentier reste encore méconnu d’une grande partie de la population. 

Photo : Courtoisie

«Le Sentier permet de voir l’immensité du pays, qui est grand et petit à la fois. C’est faisable de faire des voyages Compostelle dans son propre pays puis de connecter avec tout ce qui nous entoure.»

Il souligne aussi la diversité des chemins : «Ça part des conifères, des forêts d’épinettes, jusqu’aux cactus et aux serpents à sonnette, au sud de la Colombie-Britannique. On passe par tous les climats et types d’environnement.»

Le réseau permet également de rencontrer des personnes et des cultures différentes, ajoute-t-il, à l’image du multiculturalisme canadien.

«On aimerait à l’avenir développer ce concept de Compostelle», annonce Stacey Dakin. Elle rappelle que, par exemple, le tour de l’Île-sur-Prince-Édouard par le Sentier peut se faire sur un mois.

30 000 kilomètres en 30 jours

Marcher, pédaler, rouler ou pagayer 30 000 kilomètres en 30 jours : c’est le pari que lance le Sentier transcanadien avec sa «Grande rando canadienne», un défi national pour faire découvrir ce réseau qui relie plus de 15 000 communautés d’un océan à l’autre.

Du 20 septembre au 19 octobre, les participants et participantes sont invités à parcourir les tronçons près de chez eux et à enregistrer leur distance, afin d’atteindre collectivement la longueur approximative du Sentier, qui s’étend actuellement sur 29 500 kilomètres.

L’inscription est gratuite, ouverte à tous les âges et toutes les conditions physiques. Il est également possible de faire un don.

Grâce à cette collecte de fonds, l’organisme – soutenu par des financements publics et privés – souhaite sensibiliser la population tout en entretenant et en améliorant le réseau et son accessibilité.

Le but est aussi de redistribuer l’argent à plus de 600 groupes locaux chargés de l’entretien du sentier. «Ce sont souvent des bénévoles», rappelle Stacey Dakin.

CANADA

Le gouvernement fédéral demande à la Cour suprême du Canada de préciser les limites de l’utilisation de la clause dérogatoire (article 33) de la Charte canadienne des droits et libertés, notamment dans le cadre de la Loi sur la laïcité de l’État (loi 21) au Québec.

Ottawa estime, dans un mémoire déposé mercredi auprès de la Cour suprême, que l’usage répété de cette clause pourrait «modifier indirectement la Constitution» et ainsi entrainer une «atteinte irréparable» aux droits des Canadiens et des Canadiennes.

Le fédéral ne se prononce pas en revanche sur le fond de la loi 21, qui interdit à certains fonctionnaires du Québec de porter des signes religieux dans le cadre de leur travail.

«C’est la job de la Cour suprême de décider si c’est légal de l’utiliser, la clause nonobstant», a déclaré le premier ministre, Mark Carney, en période de questions mercredi.

Plusieurs provinces – dont le Québec, l’Ontario et l’Alberta – s’opposent à toute restriction, soulignant que la clause reste un élément clé de la Constitution.

De quoi parle-t-on?

L’article 33 de la Charte canadienne des droits et libertés permet aux gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux de contourner temporairement certains droits de la même Charte.

Au sujet de l’étude de la clause dérogatoire à la Cour suprême, le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, parle d’«affaissement des provinces».

Inès Lombardo – Francopresse

Réplique du Québec : Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a accusé Ottawa de chercher à «affaiblir les provinces» en conférence de presse et d’attaquer «des valeurs fondamentales du Québec» en contestant indirectement la validité de la loi 21, qualifiant cette position de «lâche».

Le ministre des Finances, François-Philippe Champagne, a annoncé que le budget fédéral pour 2025-2026 sera présenté le 4 novembre.

Le premier ministre Carney avait parlé d’«austérité» et d’«investissements», un paradoxe souligné dans un contexte où le budget devrait afficher un déficit de 100 milliards de dollars, selon l’Institut C.D. Howe.

François-Philippe Champagne a fait valoir cette semaine que ce budget mettra en avant un plan d’investissements «dans le logement et les infrastructures, tout en réduisant le cout de la vie pour les Canadiens».

Parallèlement, le gouvernement dit qu’il mettra en place une discipline budgétaire pour améliorer l’efficacité des services publics, notamment avec des attritions dans la fonction publique.

À lire aussi : Budget fédéral : Le mot «austérité» a été prononcé (Chronique)

Mardi, les chefs de l’Assemblée des Premières Nations (APN) ont averti Ottawa que toute réduction du financement fédéral à leurs communautés nuirait à la mise en œuvre des grands projets gouvernementaux.

La cheffe de l’APN, Cindy Woodhouse Nepinak, a souligné en conférence de presse que les enjeux persistants, comme le manque d’infrastructures et d’eau potable, nécessitent encore un soutien financier de la part du fédéral.

Elle craint que ces priorités soient écartées au profit d’objectifs économiques dans le prochain budget.

Chrystia Freeland a été nommée mardi représentante spéciale du Canada pour la reconstruction de l’Ukraine par le premier ministre Carney, quittant ainsi ses fonctions de ministre des Transports et du Commerce intérieur.

Dans une lettre publiée sur X, elle annonce qu’elle ne sollicitera pas de nouveau mandat aux prochaines élections.

Elle reste pour l’instant députée de la circonscription torontoise de University–Rosedale.

En revanche elle est immédiatement remplacée au Cabinet : c’est Steven MacKinnon, leadeur du gouvernement à la Chambre, qui récupère son portefeuille et a été assermenté mardi soir.

INTERNATIONAL

Cette semaine, des militants canadiens et étrangers ont tenu plusieurs conférences de presse pour pousser le Canada à adopter des sanctions plus sévères à l’encontre d’Israël.

Une vigile quotidienne de 7 heures se tient également sur la Colline du Parlement, à Ottawa, pour lire les noms des 18 500 enfants palestiniens âgés de 0 à 17 ans morts depuis le 7 octobre 2023 dans la bande de Gaza. Organisée par plusieurs mouvements propalestiniens, elle se conclura samedi par la «Marche pour Gaza».

La Commission d’enquête établie par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies a également conclu mardi qu’Israël «a commis un génocide à l’égard des Palestiniens dans le cadre de la guerre menée à Gaza en riposte aux attaques sanglantes du Hamas le 7 octobre 2023». Israël rejette la conclusion du rapport d’enquête.

Selon député québécois du NPD Alexandre Boulerice, le gouvernement Carney se «couvre de honte» par rapport à son «inaction» et ses «mots en l’air» sans véritable sanctions et distances par rapport à Israël qui «massacre et détruit» les Palestiniens, a-t-il exprimé e conférence de presse mardi.

Chantallya Louis – Francopresse (Archives)

Le NPD réagit : En conférence de presse mardi, le député du Nouveau Parti démocratique (NPD), Alexandre Boulerice, «doutait» encore de l’intention du premier ministre Carney de reconnaitre l’État de Palestine.

«Il ne faut pas que des conditions soient rattachées à ça […] Les votes passés aux Nations Unies ne sont pas garants des droits humains», a-t-il tonné.

Il qualifie la promesse de «réévaluation des relations avec Israël» de la ministre des Affaires étrangères, Anita Anand, de «n’importe quoi».

«Qu’est-ce que ça veut dire? Il n’y a aucune conséquence, ce sont des mots en l’air […] Pendant ce temps, Israël détruit et massacre.»

Le Bloc québécois aussi : Le porte-parole du Bloc en matière d’affaires étrangères, Alexis Brunelle-Duceppe, appelle aussi par voie de communiqué le gouvernement fédéral à imposer des sanctions immédiates à Israël.

«Les mots ne suffisent plus et les dénonciations vaines ne sont toujours que du vent […] La terreur, la faim et les morts doivent cesser», déclare-t-il.

En conférence de presse aux côtés du député Alexandre Boulerice, Najlaa Alzaanin, une Palestinienne basée à Halifax qui œuvre pour l’évacuation des familles de Gaza, affirme que la ministre fédérale de l’Immigration, Lena Metlege Diab, a «ignoré» les demandes répétées qu’elle a formulées à son bureau de circonscription sur les mesures que le ministère a mis en place pour réunir les familles palestiniennes de Canadiens bloquées à Gaza à cause du génocide.

Elle a exprimé avec émotion avoir perdu de nombreux membres de sa famille et que l’attente due à l’obtention du visa et l’absence de réponse d’IRCC font que toute sa famille reste piégée à Gaza et vit dans la terreur et la famine. Najlaa a eu trois neveux nés pendant la guerre, dont deux hospitalisés pour malnutrition sévère.

[Le gouvernement fédéral] dit que le Canada n’a pas de présence militaire pour évacuer les familles. Mais aucun des pays qui ont réussi à évacuer des civils n’a de présence militaire à Gaza.

— Najlaa Alzaanin, Palestinienne basée à Halifax qui œuvre pour l’évacuation des familles de Gaza

Sur 5 000 demandes, 970 Palestiniens accueillis : Selon les chiffres ministériels, le nombre maximal de 5 000 demandes de visa dans le cadre des mesures de réunification au Canada pour les Palestiniens a été atteint le 6 mars 2025.

IRCC affirme dans un courriel à Francopresse que 970 ont «réussi les contrôles de sécurité» et sont arrivés au Canada entre janvier 2024 et juillet 2025.

Selon une source proche du dossier à Francopresse, le faible nombre de personnes arrivées s’explique par le fait que le Canada effectue des contrôles qui sont parfois «motivés par la peur» d’une infiltration de «membres du Hamas». «Ce sont souvent des civils qui n’ont rien à voir avec ça», explique la source.

Selon une étude publiée à la fin aout par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), hors Québec, la participation des francophones au marché du travail et leurs revenus augmentent avec le temps, se rapprochant de ceux de la majorité linguistique et de la population non immigrante.

Les différences de revenus indiquent que ceux des résidents permanents francophones hors Québec sont plus élevés que ceux des anglophones du Québec.

Capture d’écran étude IRCC

Au Québec, en revanche, les écarts entre les groupes linguistiques se sont accentués, dans un contexte où il y a deux fois plus d’immigrants anglophones au Québec (près de 15 000) que de francophones en dehors du Québec (moins de 7500), rappelle l’étude.

Il y a eu au moins deux fois plus d’immigrants anglophones au Québec que francophones hors Québec en 2021. 

Capture d’écran étude IRCC

 À lire : Le français : langue économique ou culturelle?

Succès économiques liés à la connaissance de la langue majoritaire

L’étude montre que la réussite économique est davantage liée à la connaissance de la langue officielle majoritaire de la province qu’à celle de la langue minoritaire.

«Les analyses ont également signalé que les résultats économiques étaient meilleurs chez les immigrants d’expression française hors Québec que chez les immigrants d’expression anglaise au Québec, alors qu’un peu plus de la moitié des immigrants d’expression française hors Québec ont déclaré connaitre la langue officielle majoritaire», peut-on lire dans l’étude.

Près de 51 % des immigrants francophones déclaraient connaitre l’anglais, tandis que seuls 14,7 % des immigrants anglophones disaient détenir une compréhension du français.

Les deux chercheuses de l’étude concluent que la connaissance du français au Québec et de l’anglais dans le reste du pays reste cruciale pour une intégration professionnelle réussie.

À lire : Des immigrants francophones hors Québec reçoivent de l’aide in English only

Un ancien ministre prône l’intégration par la communauté

L’ancien ministre d’IRCC, Marc Miller, actuel député libéral de Ville-Marie–Le Sud-Ouest–Île-des-Sœurs, à Montréal, se dit «surpris» que les immigrants francophones aient une meilleure intégration économique que leurs pairs anglophones. Pour lui, «ça prend surtout un effort communautaire d’intégrer les gens».

Marc Miller affirme être «frustré» de voir que le fait d’être une personne immigrante francophone en situation minoritaire est perçu comme un «avantage» alors qu’il voit plus ce facteur comme étant «exploité» par «certains» qui comptent se faire du «capital politique».

Inès Lombardo – Francopresse

«Je suis content que cette étude ait été faite, poursuit-il. Il y en a qui critiquent le programme [Entrée express, pour devenir résidents permanents, NDLR], notamment parce qu’il y a trop de points pour la langue.»

Pour l’ancien ministre, les immigrants francophones en situation minoritaire sont utilisés comme argument économique à des fins politiques.

Selon lui, il faut avoir des immigrants qui contribuent à l’économie dès leur arrivée au Canada, mais il voit d’autres priorités que la langue comme condition dans les programmes.

Marc Miller trouve qu’il y a des objectifs parfois plus importants en immigration, comme «être un pays qui est ouvert aux gens qui fuient la guerre et la famine».

S’il faut selon lui défendre les minorités francophones en situation minoritaire, il affirme toutefois que le «travail» à faire est une question «de volume et d’intégration».

Il considère aussi que le français est plus difficile à apprendre : «Il faut travailler davantage pour que tout le monde puisse s’exprimer en français et en anglais aussi.»

«Ces résultats suggèrent que la réussite économique est liée à la connaissance de la langue officielle majoritaire et la connaissance de la langue officielle en situation minoritaire seule n’est pas suffisante. Il faudrait donc veiller à un meilleur équilibre entre l’objectif de la vitalité et de la pérennité des deux langues officielles et l’épanouissement professionnel des immigrants de langue officielle minoritaire», concluent de leur côté les deux chercheuses d’IRCC.

À lire : Immigration francophone : il manque de services d’établissement

Saumon grillé à la sauce aux arachides, pétoncles et banane plantain rissolée, goulache de fruits de mer : dans la cuisine du chef Alain Bossé – aussi connu sous le nom de Kilted Chef –, ça brasse.

De la Colombie à la République tchèque, en passant par l’Algérie, la Chine, la Belgique et Madagascar, le chef acadien reçoit à chaque épisode des francophones originaires des quatre coins de la planète, qui viennent partager un ingrédient, une recette ou une tradition culinaire.

Derrière des lunettes plus élégantes les unes que les autres, Alain Bossé intègre ensuite ces saveurs à des produits de l’Atlantique. Une cuisine fusion qui éveille les papilles… et les esprits.

À lire aussi : La cuisine, ciment social des communautés francophones

Marie Paule Elomo a quitté le Cameroun pour venir s’établir au Canada, à l’Île-du-Prince-Édouard. Elle partage avec le chef Bossé sa recette de la sauce aux arachides, transmise par sa grand-mère. 

Photo : ICI TÉLÉ

Orgueil et préjugés

Car, au milieu des couteaux et des casseroles, les personnes invitées partagent aussi des morceaux de leur histoire : des parcours qui reflètent les communautés francophones du Canada et les défis auxquels font face les nouveaux arrivants. «L’immigration au Canada nous aide à renforcer notre patience», confie Marie Paule Elomo, une des participantes.

Comment garder ses traditions culinaires – si importantes dans le patrimoine de chacun – lorsqu’on débarque dans un autre pays? Les garder, mais aussi les enrichir, composer avec de nouveaux ingrédients, aussi bien dans l’assiette qu’en dehors, pour conserver un petit bout de chez soi, même à des milliers de kilomètres.

«Ça donne un autre gout, et un autre regard», glisse Marie Paule Elomo en parlant de sa sauce aux arachides. Difficile de ne pas dresser un parallèle avec certains préjugés : en cuisine ou dans la vie, au lieu de considérer les mélanges comme suspicieux, pourquoi ne pas les voir comme une richesse?

Saveurs d’ailleurs nous pousse à dépasser les idées reçues et à sortir de nos zones de confort. Oui, un pavé de saumon peut être délicieux avec une sauce aux arachides.

Les épisodes de Saveurs d’ailleurs sont disponibles ici.

Parce qu’il n’y a pas que les perruques et la synchronisation labiale dans la drag, Barbada de Barbades (Sébastien Potvin) et Sami Landri (Samuel Landry) parcourent le Canada à la rencontre de celles et ceux qui vont vivre cet art, à la croisée des genres et des disciplines.

La première partage le quotidien des artistes, la deuxième échange avec des spécialistes autour des différentes caractéristiques de la drag. Les deux se retrouvent ensuite pour échanger sur leurs péripéties, avec humour, évidemment.

À lire aussi : Dragqueens, les reines de la nuit en pleine lumière

Barbada de Barbades et Sami Landri partent à la rencontre de celles et ceux qui font vivre l’art de al drag, d’un océan à l’autre.

Photo : Jean-Sébastien Senecal

L’envers du décor

À Ottawa, Fredericton, Edmonton ou Trois-Rivières, on entre dans les coulisses d’un art qu’on pense parfois bien connaitre – à tort.

La force de cette série documentaire est d’aller au-delà des paillettes. Chaine pédagogique oblige (TFO), on est certes loin d’un film comme Solo, de Sophie Dupuis, mais l’émission parvient elle aussi à capturer un univers lumineux, où se glissent parfois des zones d’ombre. Comme les tabous liés à l’âge, au poids et au physique.

Dans la famille drag, on peut devenir arrière-grand-mère… à presque 40 ans. Ce qui n’empêche pas Lady T (Gilbert Drapeau), en Alberta, à l’aube de la soixantaine, de s’adonner à sa passion depuis huit ans.

Des parcours inspirants donc, qui aborde autant la professionnalisation de la pratique, que la couture (où aller chercher ses tissus), et la différence entre les artistes et leur alter ego.

Barbada de Barbades suit également une vedette drag dans une activité qu’elle connait bien : l’heure des contes. Nombreux sont celles et ceux qui ont critiqué (et critiquent encore) cette démarche… sans jamais y avoir assisté. Une nouvelle occasion de déconstruire mythes et préjugés infondés.

DRAG! d’la tête aux pieds propose un bel équilibre : des portraits vivants et vibrants, entrecoupés d’explications pertinentes de spécialistes.

C’est rafraichissant et réjouissant de voir des drags parler des drags dans une série destinée aux jeunes – et qui ne pourrait pas faire de mal à leurs parents!

Les épisodes de la série documentaire DRAG! d’la tête aux pieds sont disponibles sur la plateforme de TFO.

Souleymane (Abou Sangare) est livreur à vélo. Chaque soir, il s’engouffre dans les rues de Paris, au milieu des klaxons et des moteurs vrombissants, pour déposer des repas chez des particuliers qui ont été commandés via des applications bien connues.

Le problème, c’est que Souleymane est sans-papier. Il prépare un entretien pour une demande d’asile.

Le jeune Guinéen paie quelqu’un d’autre en échange de sa licence de livreur. Et ce n’est pas la seule personne qu’il doit payer pour survivre dans cette jungle urbaine – et capitaliste. Un «coach» en asile, qui lui apprend une histoire qu’il doit répéter mot pour mot le jour de son entretien, attend aussi sa part.

Tous les jours c’est le même refrain : rouler, appeler sa mère restée au pays, enchainer les déconvenues, payer, réciter son entrevue, trouver un endroit où dormir, et recommencer.

Quand la fiction rejoint la réalité

Abou Sangaré, parfait dans le film, – et lauréat du prix d’interprétation masculine dans la catégorie «Un certain regard» à Cannes, en 2024 – était lui-même en situation irrégulière quand il a tourné le film. Acteur non professionnel, il a été recruté au terme d’un casting sauvage.

Son histoire fait écho à celle de Souleymane. En 2017, à 16 ans, il rejoint la France dans l’espoir d’aider sa mère malade, après avoir traversé le Mali, l’Algérie, la Libye, la Méditerranée et l’Italie, avant d’échouer à Amiens, dans le nord de la France.

Après trois refus, il a finalement obtenu en janvier dernier un titre de séjour. Ça ne s’invente pas…

Plongée haletante

On suit Souleymane pendant 48 heures, juste avant son audition à l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OPFRA), à l’issue de laquelle il obtiendra – ou pas – l’asile politique.

Entre thriller et documentaire, caméra sur l’épaule, ce film du réalisateur, Boris Lojkine, nous embarque littéralement au cœur de l’action, aux côtés de Souleymane (plusieurs scènes ont été filmées sur des vélos). Pour une plongée en apnée et sans fard dans le quotidien des sans-papiers.

De quoi donner le tournis, et la nausée. Parce que le film nous renvoie à nos propres œillères et contradictions : dans ce système social précarisant et procédurier, quel rôle jouons-nous?

À lire aussi : Vivre sans papiers caché et dans la peur

L’histoire de Souleymane est disponible sur la plateforme de TV5Unis.