Selon les informations de Francopresse, la nomination de Kelly Burke aurait été recommandée pour le poste, mais sa nomination officielle n’a pas encore été confirmée.
Raymond Théberge est en poste depuis 2017 et a vu son mandat prolongé deux fois cette année. La première fois en raison du changement de direction du Parti libéral du Canada et la deuxième fois parce que le gouvernement venait d’être élu.
Kelly Burke est une Franco-Ontarienne originaire de Cornwall. Elle est surtout connue comme ex-commissaire aux services en français de l’Ontario, de 2020 à 2023. Elle relevait à ce titre du Bureau de l’Ombudsman en tant qu’ombudsman adjointe. Elle a été la première à occuper ce poste puisque le premier ministre ontarien, Doug Ford, avait aboli le Commissariat aux services en français en 2019 pour le placer sous la responsabilité de l’Ombudsman.
Durant son mandat, Kelly Burke a résolu plus d’un millier de plaintes et enquêté sur les coupes dans les programmes en français de l’Université Laurentienne, à Sudbury.
Elle avait soudainement quitté son poste en mars 2023. Ni elle ni l’Ombudsman n’avait fourni d’explications sur la raison de son départ.
La nouvelle commissaire aux langues officielles avait ensuite occupé le poste de directrice générale du bureau de la vice-rectrice de l’Université Western.
L’avocate de formation possède une solide connaissance des droits linguistiques en Ontario, puisqu’elle a également été sous-ministre adjointe au ministère des Affaires francophones de 2014 à 2019 et sous-ministre adjointe au ministère des Collèges et Universités.
Un règlement concernant les pouvoirs du commissaire est attendu d’ici Noël.
Depuis 2022, l’introduction des outils d’intelligence artificielle (IA) générative a provoqué «une panique totale» au sein des établissements postsecondaires canadiens, estime Martine Pellerin, professeure titulaire au Campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta et spécialiste en technologie éducative et de l’IA en éducation.
La professeure à temps partiel au département de français à l’Université d’Ottawa, Agathe Rhéaume, dit recevoir des textes qui ne semblent pas écrits par les étudiants, mais plutôt par «un critique littéraire qui a fait plusieurs doctorats en littérature».
Elle leur recommande de ne pas sous-estimer le jugement du corps professoral, qui est tout à fait capable de détecter si les travaux ont été rédigés par une IA générative ou non.
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Geneviève Tellier note que l’IA économise du temps et augmente l’efficacité, comme pour faire des calculs rapides dans un tableau de données.
«On n’a pas le choix de s’adapter parce que les étudiants utilisent très largement l’intelligence artificielle. Trop, je vous dirais», confie de son côté la professeure en administration publique à l’Université d’Ottawa, Geneviève Tellier.
Néanmoins, Christian Blouin, le chef de la stratégie pour l’IA à l’Université Dalhousie, en Nouvelle-Écosse, met en garde contre l’argument que «ce texte-là semble trop bien pour cet étudiant».
Selon lui, ce critère peut entrainer le corps professoral à se méfier de façon disproportionnée des étudiants dont le français est la langue seconde, puisque l’on a tendance à croire qu’ils s’expriment moins bien que ceux qui ont le français comme langue maternelle. Il faut éviter d’être trop «agressif» lorsqu’on tente de démontrer si une IA a effectué le travail, souligne l’expert.
Il est d’avis que cette technologie ne remplace pas la capacité d’analyse et de jugement. Le rôle du personnel enseignant, selon Geneviève Tellier, est d’amener les élèves à être capables de dire : «Oui, ça a de l’allure. Non, ça n’a pas d’allure» dans ce contexte.
En octobre, la firme KPMG publiait les résultats d’un sondage pancanadien réalisé en ligne. Sur les 684 étudiants sondés, 73 % ont répondu utiliser des outils d’IA pour effectuer leurs travaux scolaires. De plus, 48 % ont l’impression que leur pensée critique s’est détériorée.
L’IA générative serait également vue positivement par des étudiants et des étudiantes de l’Université d’Ottawa. Selon les réponses à un questionnaire distribué par Francopresse*, environ 61 % des répondants et des répondantes se disent en faveur de son intégration dans l’enseignement et l’apprentissage à l’université. Une majorité, soit presque 70 %, croit apprendre «mieux» ou «plus» avec l’IA générative.
L’étudiant en première année en comptabilité à l’Université d’Ottawa, Kouakou Carl Othniel, explique qu’il utilise l’IA générative à la maison après ses cours. Il la compare à un «petit professeur» qui connait un peu tout et qui l’aide à consolider ses connaissances.
Néanmoins, 13 % des répondants croient que l’IA générative pourrait nuire à leur apprentissage : certaines personnes soutiennent que cette technologie incite à la surdépendance, la paresse et peut diminuer la créativité de ceux qui s’en servent.
Pour Kouakou Carl Othniel, l’IA générative est utile pour évaluer les étudiants, mais on doit s’en servir avec prudence pour éviter tout abus.
L’étudiant en comptabilité Kouakou Carl Othniel explique qu’il utilise l’IA pour vérifier ses devoirs et, lorsqu’il commet des erreurs, pour recevoir des explications détaillées sur celles-ci, ce qui lui permet d’améliorer ses compétences.
Selon d’autres personnes qui ont répondu au questionnaire de Francopresse, l’IA générative est capable de créer des questions pratiques à partir de leurs notes de cours pour les examens. Ils l’utilisent comme une ressource de recherche efficace permettant d’obtenir rapidement une réponse ou pour créer des cartes mémoire et des jeux-questionnaires afin de tester leurs connaissances.
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Christian Blouin croit qu’il y a un risque à continuer d’éduquer les étudiants pour un monde qui n’existe plus. Pour lui, le corps enseignant doit donc trouver le juste milieu.
La professeure Agathe Rhéaume encourage l’utilisation du papier et du crayon et la présence en personne pour ses examens. Elle est convaincue que c’est la seule manière de vérifier quelles sont les «vraies» compétences de rédaction des étudiants.
Geneviève Tellier estime constater que les enseignants en littérature et en histoire proposent plus d’examens oraux à leurs étudiants afin d’éviter des travaux écrits par l’IA générative.
D’après la professeure en administration publique, un des principaux défis pour les professeurs est l’absence d’outils de détection fiables. Elle indique que les logiciels existants pour détecter l’IA générative «ne sont pas fiables à 100 %», contrairement à ceux utilisés pour repérer du plagiat.
Christian Blouin affirme qu’il faut éviter de rendre les évaluations «AI proof». À son avis, cela «stigmatise les étudiants en les exposant au fait qu’on pourrait les percevoir comme susceptibles de tricher». Il met l’accent sur l’importance de centrer l’évaluation sur la compréhension, plutôt que de se concentrer sur leur travail ou sa qualité.
Le spécialiste rappelle qu’on a «toujours imaginé qu’il y a des choses que seuls les humains étaient capables de faire. Maintenant, on a des logiciels capables de faire ce qu’on croyait être unique aux humains. Donc, la question est : […] “Comment est-ce qu’on s’adapte aux changements sans perdre notre humanité?”»
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Martine Pellerin constate que les informations sur la francophonie en contexte minoritaire sont insuffisantes dans la base de données de l’IA générative, ce qui entraine des biais dans les résultats.
«Beaucoup d’enseignants n’ont pas vraiment les outils ou le temps pour explorer quelles sont les implications de l’IA dans leur domaine», souligne Christian Blouin.
Martine Pellerin ajoute que les formations en IA pour les professeurs et étudiants sont rares, ainsi que les cadres de référence pour son utilisation dans l’enseignement supérieur. Chaque enseignant peut décider d’autoriser ou d’interdire l’IA dans la plupart des établissements.
D’autres entrent les travaux des étudiants dans ChatGPT pour en faire la révision, puis donnent des commentaires inadaptés au profil de leurs étudiants, raconte la professeure. Elle explique que les enseignants ne devraient pas utiliser ChatGPT de cette façon sans autorisation des étudiants, car ces données peuvent servir à entrainer l’IA, ce qui amène des enjeux de sécurité et d’éthique.
Christian Blouin et Martine Pellerin recommandent aux professeurs de discuter avec leurs étudiants et étudiantes pour comprendre leurs motivations et identifier les stratégies à mettre en place.
Geneviève Tellier raconte qu’elle propose, depuis deux ans, des travaux optionnels sur l’IA générative. Ses étudiants et étudiantes voient d’abord la réponse de l’IA, puis cherchent dans des textes scientifiques ce que les chercheurs disent sur le sujet pour faire une comparaison. En général, l’IA ne va pas assez loin, révèle la professeure.
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Le rêve d’organiser cet évènement, Livia l’avait depuis longtemps. «L’idée m’est venue il y a deux ans. Je voulais faire découvrir aux jeunes de La Tuque ce qu’est un pow-wow, parce qu’il n’y en avait jamais eu ici».
Avant l’initiative de Livia, les pow-wow les plus proches se déroulaient dans la communauté Atikamekw de Wemotaci, à environ 1 h 30 de La Tuque, en Mauricie. La jeune fille souhaitait que les jeunes qui ne pouvaient pas se déplacer aussi loin puissent vivre, eux aussi, cette expérience.
Mais organiser un pow-wow, ce n’est pas si simple! Livia a dû relever certains défis, comme trouver des danseurs, des joueurs de tambours, et assez d’argent pour réaliser son projet. «Au début, je n’avais pas beaucoup de contacts, c’était difficile», confie-t-elle.
Puis, grâce à ses efforts, Livia a réussi à contacter plusieurs groupes pour l’aider à organiser l’évènement.
Par exemple, la ville de La Tuque a fourni de l’argent à travers son budget jeunesse, et la Maison des jeunes de La Tuque et le Centre d’amitié autochtone Capetciwotakanik ont aidé à préparer les activités. L’école secondaire de Livia a même offert le terrain pour accueillir tous les participants!
Livia et Lucie Geneviève, l’animatrice de la journée.
Le 28 aout dernier, la grande journée est enfin arrivée. Plus de 500 jeunes se sont rassemblés pour le pow-wow jeunesse organisé par Livia.
«Au début, j’étais un peu stressée parce que l’autobus qui amenait les danseurs est parti en retard. Mais finalement, tout s’est bien passé», raconte-t-elle.
Au programme : danses, tambours et partage! «Mon moment préféré, c’est quand tout le monde s’est mis à danser ensemble, dans un cercle. C’était très respectueux et vraiment magique», se souvient Livia.
Pour Livia, cette journée est une vraie fierté : «J’aimerais que les jeunes retiennent qu’il faut être fiers d’être qui on est et assumer qui on est». La suite? Livia aimerait faire une deuxième édition du pow-wow jeunesse, avec encore plus de danseurs et de participants!
Et toi, si tu organisais un évènement, que ferais-tu?
Cette histoire commence en 1985. Un plongeur du nom d’Henri Cosquer explore la mer près des Calanques, un endroit plein de falaises et de plages. En descendant profondément sous l’eau (à plus de 36 mètres!), il aperçoit un tunnel dans la roche.
Ce tunnel pique la curiosité de notre plongeur. Il décide donc d’y entrer, mais le passage est étroit et sombre. Il ne faudrait pas que ses bonbonnes d’air se vident pendant son exploration!
C’est ainsi que pendant plusieurs années, Henri Cosquer y retourne, en se rendant un peu plus loin à chaque fois. Il veut savoir où mène ce long couloir sous-marin.
Celui-ci débouche sur une grande grotte. Le plongeur pose sa lampe sur le sol, et la lumière éclaire quelque chose d’incroyable: le dessin d’une main sur la paroi!
Henri vient de découvrir un véritable trésor. Sur les murs, on peut voir des peintures et des gravures faites par des humains, il y a plus de 30 000 ans!
Mais il y a aujourd’hui un problème : la grotte est en train d’être engloutie peu à peu par la mer, puisque le niveau de l’eau augmente chaque année, à cause des changements climatiques. Si rien n’est fait, ces dessins risquent de disparaitre à jamais.
Une solution a été trouvée : recréer la grotte dans un musée, pour permettre à tout le monde de visiter cet endroit unique, sans plonger sous la mer!
Pour ça, des spécialistes (architectes, photographes, géologues, historiens) sont descendus dans la vraie grotte pour prendre toutes ses mesures. Avec ces données, ils ont construit une grotte absolument identique… dans un musée!
Ensuite, des artistes ont recopié les peintures anciennes, en utilisant les mêmes matériaux que les humains de la préhistoire : du charbon, de l’ocre, de la pierre.
Ainsi, chaque mur, chaque relief, chaque dessin a été enregistré avec une précision incroyable.
La grotte Cosquer se trouve dans le sud-est de la France, près de Marseille.
La visite du musée était très impressionnante. On embarque à bord de petits véhicules qui avancent dans l’obscurité de la grotte. Dans des écouteurs, une voix raconte l’histoire d’Henri Cosquer et nous guide en décrivant les empreintes de mains, les dessins d’animaux et de chasse.
Moi, j’ai eu l’impression d’être dans la véritable grotte Cosquer d’il y a 30 000 ans!
Toi, si tu découvrais une grotte secrète, qu’aimerais-tu y trouver ?
Tout commence en 1918, vers la fin de la Première Guerre mondiale. L’empereur Charles Ier d’Autriche-Hongrie et sa femme Zita sentent que leur empire est en train de s’écrouler.
Pour protéger leur famille, appelée les Habsbourg, ils déménagent en Suisse, loin de la guerre. Ils emportent avec eux leurs trésors. On sait qu’ils possédaient le diamant florentin, une pierre jaune géante de 137 carats. Mais après le départ des Habsbourg, le diamant n’a plus jamais été revu.
Les gens se sont demandé où est passé le précieux diamant des Habsbourg. Avec le temps, les rumeurs se multiplient. Certains disent qu’il a été volé, d’autres qu’il a été vendu ou même coupé en morceaux!
En 1922, Charles 1er meurt. Plusieurs années plus tard, pendant la Seconde Guerre mondiale, sa femme Zita, toujours inquiète pour la sécurité de sa famille, quitte l’Europe avec ses huit enfants.
L’impératrice Zita avait emporté avec elle les bijoux de la famille dans une valise en carton.
Avec l’aide du gouvernement canadien, sa famille et elle ont trouvé refuge dans la ville de Québec. Le diamant florentin a alors été caché dans un coffre de banque pour rester à l’abri. L’impératrice Zita avait demandé que l’emplacement du diamant reste secret pour protéger le trésor de sa famille. Alors, pendant presque un siècle, personne ne savait qu’il était là!
Pendant les grandes guerres qui ont dévasté l’Europe, il n’était pas rare que des objets précieux, des bijoux et même des œuvres d’art soient envoyés au Canada ou dans d’autres pays surs. C’était pour éviter qu’ils soient volés, détruits ou endommagés.
Aujourd’hui, les descendants des Habsbourg ont décidé de révéler le secret du diamant florentin. Le précieux bijou restera ici. Après presque un siècle de mystère, ils veulent remercier le Canada d’avoir protégé ce trésor d’une valeur inestimable et d’avoir accueilli leur famille en fuite. Ils souhaitent un jour pouvoir permettre à tout le monde d’admirer le diamant dans un musée.
Et toi, quel est ton trésor le plus précieux? Si tu devais le protéger, où le cacherais‑tu et pourquoi?
«À l’âge de 19 ans, j’ai eu comme un moment où j’ai réalisé que je connaissais très bien c’est quoi être Franco-Ontarienne, mais très peu ce que ça veut dire être Abénakis», témoigne l’autrice-compositrice-interprète Mimi O’Bonsawin, membre de la Nation Waban-Aki, aujourd’hui âgée de 31 ans.
Celle qui a grandi à Sudbury a commencé à suivre des cours de langue abénakise il y a un peu plus d’un an, via Zoom, grâce au Conseil des Abénakis d’Odanak, au Québec.
«En Ontario, je rencontre plein de gens qui veulent reprendre des langues ou des traditions qui ont été perdues dans leur communauté. Mais je vois aussi que dans certaines, la langue a été gardée […] C’est vraiment beau, puis encourageant aussi», partage Mimi O’Bonsawin.
C’est en participant au pow-wow de la communauté, il y a deux ans, que l’artiste a franchi le pas. Le cercle des femmes l’a invitée à se joindre à elles. «Je ne connais pas trop les chansons», les a-t-elle prévenues. «Eh bien, c’est comme ça qu’on apprend», lui ont-elles répondu.
Quelques mois plus tard, lors d’un festival en Australie, Mimi O’Bonsawin confie à un duo de musiciennes autochtones : «Je pense que je vais jamais être capable de chanter dans ma langue. Ça serait tellement beau un jour.»
Là encore, les artistes l’ont encouragée : «T’es une chanteuse, c’est comme ça que tu vas l’apprendre, puis c’est comme ça que tu vas la partager.»
«J’avais besoin d’un petit push», admet Mimi O’Bonsawin. Avec l’aide de sa professeure, elle a depuis traduit et composé son premier morceau en langue abénakise, P8gwas, sorti fin octobre.
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Pascale O’Bomsawin enseigne l’abénakis depuis 2022 avec le Conseil des Abénakis d’Odanak. Cette avocate de formation n’a pas grandi à Odanak, mais elle a toujours gardé des liens avec la communauté. «Le fait d’apprendre la langue me réconcilie avec qui je suis et c’est très important.»
Elle aussi a été interpelée un jour par un ainé qui lui a dit, lors d’un cercle de paroles : «Va apprendre ta langue.»
C’est devenu viscéral pour moi. C’est comme m’entrainer pour l’ultime Ironman ou l’ultime épreuve olympique. Je ne dois pas manquer un cours. J’en fais plusieurs heures par semaine depuis 2018 parce que je me retrouve, je me reconnais là-dedans.
Quand, en 2020, le Conseil lui demande d’enseigner la langue, elle accepte : «Si je disais non, ça allait s’arrêtait là, il allait manquer un professeur.»
«Je le fais avec beaucoup d’humilité parce que moi, je ne suis pas une locutrice. Je n’ai pas grandi dans un milieu où il y avait des locuteurs.»
En 2021, environ 237 420 Autochtones au Canada disaient pouvoir parler une langue autochtone assez bien pour tenir une conversation, soit une diminution de 4,3 % par rapport à 2016.
Il s’agit de la première baisse enregistrée depuis 1991, année où Statistique Canada a commencé à recueillir des données comparables.
«Il y a des gens qui veulent connaitre la langue, mais il y en a peu qui ont la formation pour l’enseigner. Parfois, il est difficile pour les locutrices et locuteurs fluent en tłı̨chǫ de demander de l’aide parce qu’ils peuvent se sentir gênés de ne pas être capables de lire et d’écrire la langue», remarque pour sa part côté Cecilia Wood, interprète et enseignante de la langue tłı̨chǫ au Collège Nordique à Yellowknife, aux Territoires du Nord-Ouest.
«De plus, beaucoup de personnes de la jeune génération peuvent la comprendre, mais ne la parlent pas», ajoute-t-elle.
«L’insécurité linguistique est souvent un enjeu réel», complète la directrice de la formation et de l’enseignement au Collège, Rosie Benning.
L’établissement postsecondaire francophone s’attache à créer un environnement propice à l’apprentissage. «On fait des efforts de rigoler ensemble, de jouer à des jeux, pour faciliter l’apprentissage et le rendre plus ludique», détaille-t-elle.
Des étudiantes et des étudiants du Collège Nordique en train de faire du bannock lors d’un cours de tłı̨chǫ yatıı̀ en pleine nature.
Un des défis des organismes qui offrent des cours de langues autochtones demeure de trouver des personnes pour les enseigner.
«Quand des organismes veulent offrir des cours de langues, ils nous envoient des personnes qui parlent couramment la langue et on travaille ensemble pour les former en didactique des langues», soulève Rosie Benning, directrice de la formation et de l’enseignement au Collège Nordique.
«Elles apportent la connaissance profonde et vivante de la langue en tant que locutrices et locuteurs, et j’offre des stratégies et des outils pédagogiques pour soutenir l’apprentissage», explique-t-elle.
La pandémie a marqué un véritable tournant en démocratisant l’accès à l’enseignement grâce à la visioconférence.
«L’offre de cours est plus importante, indique le directeur général du Conseil des Abénakis d’Odanak, Daniel G. Nolett. On est rendu à quatre, alors qu’avant la pandémie, on donnait un cours de langue par semaine, en présentiel.»
Au Collège Nordique, la participation aux cours de tłı̨chǫ ne faiblit pas, au contraire. «Lorsque nous avons commencé le programme, nous avions 16 étudiants la première année», rapporte Rosie Benning. Grâce à son partenariat avec le Gouvernement Tłı̨chǫ, l’établissement a rejoint plus de 600 personnes étudiantes depuis 2016.
Grâce à l’enseignement à distance, Cecilia Wood échange même avec un couple basé… au Michigan et à Washington. «C’est tellement unique que nous puissions faire ça», se réjouit-elle.
À l’époque, on n’avait pas ce genre de choses, les gens devaient parcourir de longues distances en traineau à chiens pour se rendre dans la communauté voisine afin de discuter et faire des rencontres.
Les cours sont donnés en anglais, en français et en tłı̨chǫ, parfois en pleine nature. «Au lieu d’attendre la leçon 7 pour apprendre la météo, on apprend dans un contexte réel. Quand il fait froid, on dit edza dìì», illustre Rosie Benning.
Alyson McMullen coordonne depuis Toronto l’apprentissage des langues autochtones pour l’organisme à but non lucratif The Outdoor Learning School and Store, basé en Colombie-Britannique. Sa famille a grandi à Ottawa, mais ses ancêtres viennent d’une communauté crie du Nord de l’Ontario.
«Dans les cours de langue crie que je suivais, il y avait peut-être 25 personnes. Je ne savais donc pas à quoi m’attendre en organisant tout ça, mais nous avons eu 800 inscriptions pour le premier cours. C’était énorme, excitant et bouleversant.»
Cela fait deux ans que l’organisme propose ces séances. «Nous avons des parents qui se joignent avec des enfants très jeunes, pour que leurs enfants puissent être exposés à la langue. C’est magnifique.»
Pour la plupart des apprenants et apprenantes, il s’agit aussi de réparer quelque chose qui s’est brisé dans leur famille. «Ma grand-mère du côté de mon père, dans sa jeunesse, vivait avec ses parents en parlant le cri. Puis, elle a été retirée de son foyer et elle a perdu sa langue et, avec elle, les savoirs et les traditions cries», révèle Alyson McMullen.
Le grand-père de Pascale O’Bomsawin connaissait aussi la langue abénakise, mais elle ne l’a jamais entendue la parler. Son père ne lui a pas transmis, mais il s’est ensuite inscrit à un cours. Il n’a jamais manqué une séance, jusque sur son lit d’hôpital.
C’est notre façon de décoloniser.
«Je me dis qu’il ne faut pas lâcher, parce que chaque inscription qu’on a, c’est déjà un Abénakis de plus qui suit la langue, qui apprend la langue et qui se retrouve dans un processus de guérison […] C’est un moyen de se réapproprier ce qui nous a été enlevé.»
«Je pense que je vais être étudiante de cette langue pour ma vie entière, parce que c’est tellement une langue compliquée, confie de son côté Mimi O’Bonsawin, qui ressent aussi un certain «syndrome de l’imposteur».
Mais comme le lui rappelle son enseignante : «Ce n’est pas de notre faute si notre langue a été perdue dans une ou deux générations. Donc d’avoir ce partage-là de guérison, je trouve que c’est vraiment puissant.»
Les personnes allochtones peuvent aussi suivre certains cours, en payant. «C’est un beau mélange. Les peuples dénés du Nord-Ouest ont l’expression “Sois fort comme deux personnes” […] On a aussi des personnes qui habitent ici et voient cela comme un acte de vérité, de réconciliation, par respect pour la langue, pour les peuples et la terre sur laquelle ils habitent», souligne Rosie Benning au Collège Nordique.
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«Des ainés m’ont dit que “Si vous voulez savoir qui vous êtes en tant que Cri, vous devez apprendre votre langue», confie Alyson McMullen.
Car, comme le rappelle Alyson McMullen, les langues autochtones portent bien plus que des mots : «Elles viennent de la terre, et il y a tellement d’informations sur le territoire dans ces langues, des informations que l’anglais ne peut pas transmettre.»
«Je ne veux vraiment pas dire que c’est une langue morte parce qu’on est encore là et il y a plein de monde qui fait du travail incroyable à garder notre langue», appuie Mimi O’Bonsawin.
Elle cite notamment Sigwanis Lachapelle, membre de la communauté d’Odanak, qui publie sur TikTok des capsules vidéos autour de l’abénakis.
Pascale O’Bomsawin abonde dans le même sens : «Il faut prêcher par l’exemple d’être un modèle. Ça donne de l’énergie.» Et de la vie.
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FRANCOPHONIE
Le gouvernement a annoncé un investissement de 900 000 $ – soit 300 000 $ par année pendant 3 ans – destiné à soutenir le Service d’aide à la recherche en français (SARF) de l’Acfas.
Augmentation : Le SARF a reçu 118 000 $ en 2023-2024 et 267 000 $ pour 2024-2025, selon les informations obtenues par Francopresse, il s’agit donc d’une augmentation.
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À travers le SARF, l’Acfas accompagne les chercheurs des communautés francophones minoritaires du pays pour leurs soumissions de demandes de financement; recruter et former pour renforcer l’expertise et l’accompagnement offerts aux chercheurs; offrir un service d’appui pour la recherche post-octroi; promouvoir activement le SARF au Canada et mobiliser les communautés scientifiques francophones en situation minoritaire.
Lors du Comité permanent des langues officielles mardi, le Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique (CSFCB) a fait valoir que les fonds fédéraux destinés à l’enseignement en français de langue première restaient inférieurs à ceux alloués à l’immersion dans leur province et dans quelques autres.
En outre, il affirme que le ministère fédéral Patrimoine canadien manque à ses obligations de consultation et de reddition de compte de la province de la Colombie-Britannique dans l’attribution de fonds censés aller au CSFCB.
Les fonds de la province ont également été impossibles à retracer, alors qu’il est écrit dans l’entente entre les gouvernements fédéral que provincial que chaque palier doit fournir la même somme (clause «matching»), soit 6 millions de dollars par an pour la plus récente entente.
La cheffe et seule députée du Parti Vert a finalement appuyé le budget lundi, notamment pour éviter des élections fédérales.
CANADA
Lundi soir, le gouvernement libéral de Mark Carney a survécu une troisième fois en quelques jours à un vote de confiance, alors que quatre députés se sont abstenus de voter contre, lundi soir.
Pas d’élections : Le spectre du déclenchement d’élections fédérales sept mois après les dernières planait en raison de l’incertitude précédant le vote. Sans appuis ou abstention d’au moins quatre députés des oppositions, le budget aurait été défait.
Finalement, les conservateurs Matt Jeneroux et Shannon Stubbs n’étaient pas en Chambre pour voter. Le premier a démissionné du caucus la semaine dernière et la seconde était absente pour raisons médicales. Lori Idlout et Gord Johns du Nouveau Parti démocratique (NPD) se sont aussi abstenus. La cheffe du Parti vert, Elizabeth May, a appuyé le budget.
Le ministre responsable du Commerce Canada–États-Unis, des Affaires intergouvernementales, du Commerce intérieur et de l’Unité de l’économie canadienne, Dominic LeBlanc, a affirmé que la tombée de plusieurs barrières commerciales entre les provinces et territoires offrira «aux Canadiens et Canadiennes un meilleur accès aux produits fabriqués au Canada et davantage de possibilités de croissance aux entreprises canadiennes».
Lundi, le gouvernement fédéral a annoncé qu’il supprime les obstacles fédéraux au commerce intérieur et à la mobilité de la main-d’œuvre afin de stimuler l’emploi, la croissance des entreprises et le choix des consommateurs.
Ce que ça change : La Loi sur le libre-échange et la mobilité de la main-d’œuvre permettra la reconnaissance fédérale des biens et services conformes aux normes provinciales ou territoriales et la reconnaissance fédérale des travailleurs détenteurs de licence ou de permis dans une province ou un territoire pour exercer des professions comparables. L’application finale de la Loi via un règlement sera faite «prochainement», selon le gouvernement.
Ces mesures devraient réduire les formalités administratives et les chevauchements règlementaires.
La Loi et le règlement entreront en vigueur le 1er janvier 2026, a précisé le gouvernement par communiqué.
Accord : L’annonce ci-dessus a été confirmée mercredi par un accord entre toutes les provinces et tous les territoires qui entrera en vigueur en décembre. Grâce à cet accord, annoncé en Colombie-Britannique par le ministre provincial de l’Emploi, Ravi Kahlon, les produits jugés sécuritaires dans une province pourront désormais être commercialisés ailleurs au pays, sans démarches supplémentaires.
Des milliers de produits sont concernés, tels que des vêtements, des jouets, des véhicules et des technologies de la santé, tout en excluant certains articles comme les aliments, l’alcool et le tabac.
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Les sénateurs ont adopté des amendements au projet de loi S-2, visant à simplifier la transmission du statut de membre des Premières Nations entre les générations et à corriger des inégalités de la Loi sur les Indiens.
Contrairement à la recommandation du gouvernement fédéral, ils ont supprimé la règle d’exclusion de la deuxième génération, optant pour une règle du parent unique permettant à un enfant d’hériter du statut même si un seul de ses parents est inscrit.
Cette modification répond aux demandes de nombreux chefs et Premières Nations, qui craignaient que la règle de deuxième génération prive certaines personnes et communautés de leurs droits.
Prochaine étape : Ce projet de loi doit maintenant être adopté par la Chambre des communes avant de devenir loi. Certains députés, comme le mi’kmaw Jaime Battiste, ont exprimé des réserves sur les changements apportés.
Selon des informations publiées par le Globe and Mail, Ottawa et l’Alberta seraient en pleines négociations pour construire un pipeline de l’Alberta à la côte de la Colombie-Britannique. Rien n’est toutefois définitif.
Le hic : L’Alberta aura la difficile tâche de convaincre le gouvernement néodémocrate de David Eby, premier ministre de la Colombie-Britannique, pour que le projet se concrétise.
Ce dernier a appuyé un moratoire pour éviter que des pétroliers de plus de 12 500 tonnes s’arrêtent ou déchargent leurs cargaisons dans les ports de la province. De nombreux chefs et communautés des Premières Nations appuient cette position.
La Colombie-Britannique propose plutôt d’augmenter la capacité de l’oléoduc Trans Mountain, a également rapporté le Globe and Mail.
Jenny Kwan, députée du NPD pour Vancouver-Est, a vu son projet de loi sur la fin de l’exception américaine dans le contrôle renforcé des exportations d’armes et la transparence de ces exportations être tiré au sort. Le débat qui entoure C-233 a commencé cette semaine.
INTERNATIONAL
Mardi, une coalition d’organismes canadiens qui luttent pour la liberté de la Palestine a publié un nouveau rapport qui affirme que le Canada continue de permettre le transfert de pièces d’armement vers Israël en passant par les États-Unis, malgré l’annonce d’une pause dans les exportations.
Le document décrit une défaillance systémique qui laisse circuler sans véritable contrôle des composants canadiens intégrés aux F-35 et à des bombes lourdes utilisées à Gaza, ainsi que du TNT européen transitant par le Canada vers les fabricants américains.
Les auteurs soutiennent que cette pratique rend le Canada complice du génocide en Palestine et contredit les déclarations officielles du gouvernement, qui affirme depuis 2024 que le Canada n’exporte pas d’armes à Israël.
La coalition d’organismes demande un embargo total et immédiat sur les armes entre le Canada et Israël.
Un projet de loi porté par le NPD : En réponse, la députée Jenny Kwan propose de supprimer l’exemption américaine dans le régime de contrôle des exportations et de renforcer la transparence sur les contrats militaires. Le débat a commencé mercredi en Chambre.
Plan de «paix» de Trump à Gaza
Lundi, le Conseil de sécurité de l’ONU a voté pour le plan de paix de Donald Trump et le déploiement d’une force internationale.
Depuis le cessez-le-feu proclamé dans la foulée de l’annonce de ce plan à la mi-octobre, plus de 240 Palestiniens et Palestiniennes, dont de nombreux enfants, ont été tués par l’armée israélienne. La violence dans les colonies de Cisjordanie se poursuit.
Lors du comité permanent des langues officielles du 18 novembre, les témoins semblaient fatiguées de répéter qu’il est difficile d’enseigner en français dans les provinces et territoires en dehors du Québec.
Marie-Pierre Lavoie, présidente du Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique (CSFCB), a présenté un mémoire qui retrace l’inégalité des fonds attribués par le gouvernement fédéral et celui de leur province entre l’enseignement en français langue première et l’immersion.
En marge du comité des langues officielles, Marie-Pierre Lavoie raconte s’être fait dire en 2016 par la Cour suprême de la Colombie-Britannique qu’il n’était pas si important que ça d’avoir des écoles secondaires francophones, parce que les francophones allaient être «assimilés de toute façon». «Ça vient nous chercher», affirme-t-elle.
Un manque de 6 millions $ par an
Elle a affirmé aux députés du comité que le conseil scolaire ne recevait pas une contribution équitable de la province, malgré la clause dite de «matching». Cette clause, présente dans l’entente entre le fédéral et la Colombie-Britannique, stipule que la province devait remettre la même somme que le fédéral au CSFCB, soit environ 6 millions de dollars par année.
Mais ce n’est pas toujours possible de connaitre le montant exact, car la reddition de compte des provinces auprès de Patrimoine canadien est quasi-inexistante, fait valoir le Conseil.
«On reçoit 38 % de ce que la province reçoit dans le cadre du Programme de langue officielle pour l’enseignement (PLOÉ). Rien n’est clair. On pose des questions et on ne nous répond jamais clairement», déplore Marie-Pierre Lavoie en comité.
«On attend les règlements», résume-t-elle. Tout comme la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB), également témoin ce jour-là en comité.
Et leur attente se focalise en particulier sur le règlement la partie VII de la Loi sur les langues officielles modernisée en 2023. Les organismes soutiennent que le règlement devrait exiger une reddition de compte financière précise de la part des province en ce qui concerne l’attribution de l’argent du fédéral aux conseils scolaires francophones.
PCH manque chroniquement à ses obligations
Patrimoine canadien (PCH) signe et administre les ententes du Programme de langue officielle pour l’enseignement avec les provinces et territoires et distribue les fonds.
Selon le CSFCB et le commissaire, le ministère n’a pas été en mesure de démontrer qu’il a effectué une analyse d’impact pour déterminer si ses actions ou ses oublis, dans le cadre des ententes, avaient causé un préjudice ou non. Ni s’il avait analysé les besoins de mesures positives pour l’épanouissement de la communauté francophone concernée.
Une situation similaire se déroule actuellement à Terre-Neuve-et-Labrador. Le conseil scolaire francophone de cette province attend un jugement de la Cour fédérale.
Le Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique a déposé une plainte auprès du Commissaire aux langues officielles pour cette raison. Ce dernier a conclu, dans un récent rapport obtenu par Francopresse, que PCH ne s’était pas acquitté pleinement de ses obligations de consultation et d’étude d’impact.
PCH a bien donné la responsabilité à la Colombie-Britannique de consulter les communautés francophones sur ses besoins en termes de financement à l’éducation en français. Cependant, il n’a pas exercé un contrôle suffisant pour s’assurer que la province s’acquitte de cette tâche en bonne et due forme, conclut le commissaire.
Il recommande l’intégration de mesures positives pour soutenir les engagements énoncés dans les paragraphes qui touchent à l’appui du développement des minorités linguistiques à la protection du français dans la loi.
Enfin, le commissaire demande d’adopter, au besoin, des mesures d’atténuation qui permettront de réduire «tout impact négatif» sur ces engagements.
Travailler avec les conseils scolaires directement
La Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick, également témoin en comité le 18 novembre, a demandé par la voie de sa présidente, Nicole Arseneau-Sluyter, de permettre d’établir des ententes directes entre le gouvernement fédéral et les conseils scolaires de langue française.
Ces derniers ont «les mêmes compétences d’administrer l’argent que n’importe quelle institution dans la province!», a-t-elle rappelé.
Ce serait une façon de supprimer un intermédiaire qui n’assure pas la distribution des fonds correctement, selon la présidente de l’organisme.
Cette dernière a aussi affirmé que dans la ville de Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, 1000 francophones ont été recensés comme ayants droit, mais leurs enfants n’ont pas accès à l’enseignement dans leur langue.
«Je peux vous assurer que le français sera en dessous de 30 % au prochain recensement au Nouveau-Brunswick.»
Cette dernière fait référence au 30 % de la population de la province qui parle français au moins régulièrement à la maison selon le recensement de 2021.
Le bât blesse d’autant plus que la petite enfance ne fait pas partie de la loi sur l’éducation au Nouveau-Brunswick, rappelle-t-elle. Il y a donc un risque de les perdre avant même que les enfants commencent l’école.
«Est-ce que nos services de garde vont continuer à franciser nos enfants avec le financement du fédéral? Quels sont les contrôles à ce niveau? Il faut utiliser l’article 23 [de la Charte canadienne, NDLR]», a-t-elle souligné, avec force, devant les députés.
Ces derniers devraient déposer un rapport sur le continuum en éducation en français à la Chambre des Communes avant le printemps prochain.
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Avec les informations d’Inès Lombardo – Francopresse
Le 4 novembre, jour du dépôt du budget fédéral, le député d’Acadie–Annapolis en Nouvelle-Écosse, l’Acadien Chris d’Entremont, a annoncé qu’il quittait le Parti conservateur pour se joindre au Parti libéral, qui occupe le pouvoir.
Le député d’Acadie–Annapolis, Chris d’Entremont, a affirmé en entrevue à la CBC que c’est l’irruption menaçante de deux députés conservateurs dans son bureau qui l’a poussé à prendre la décision de se joindre au Parti libéral.
Le député a écrit que c’était à son avis la meilleure solution pour sa circonscription : «Le premier ministre Mark Carney propose cette voie par un nouveau budget qui répond aux priorités que j’ai le plus souvent entendues dans ma circonscription : bâtir des infrastructures communautaires fortes et bâtir une économie plus forte.»
Une raison crédible, selon la professeure à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa, Geneviève Tellier. «On va partir du principe que les députés veulent se faire réélire. M. d’Entremont est sans doute à l’écoute de sa population, entend des choses sur le terrain» et a conclu que c’était la meilleure option pour être éventuellement réélu.
Lors des dernières élections fédérales, le 28 avril 2025, toutes les autres circonscriptions de la province maritime ont été remportées par le Parti libéral. Chris d’Entremont a obtenu son siège sous la bannière conservatrice avec seulement 533 voix d’avance.
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«À la fin de l’été, au mois d’aout, on voyait M. Poilievre avec un grand sourire. Il semblait y avoir eu un changement. Mais finalement, c’est l’expression “chassez le naturel et il revient au galop” qui s’applique», dit Geneviève Tellier.
Lors d’une entrevue la semaine de son départ, Chris d’Entremont a dévoilé que d’autres députés conservateurs envisagent aussi à passer du côté libéral. Le style de leadeurship au sein du parti en serait la raison principale, a-t-il affirmé en entrevue à la CBC.
Pour l’instant, seul l’Albertain Matt Jeneroux a annoncé qu’il démissionnerait de son poste de député au printemps, mais qu’il siègerait comme indépendant d’ici là.
Chris d’Entremont a été élu à la Chambre des communes pour la première fois en 2019. Il est estimé de ses collègues de tous les partis. Il a été vice-président de la Chambre de 2021 jusqu’au début de 2025. Il a expliqué être un «red tory», soit un conservateur progressiste, après sa décision.
Selon une source proche du caucus libéral, le député acadien serait soulagé de ne plus faire partie du Parti conservateur du Canada.
D’après cette même source qui ne peut pas être identifiée parce qu’elle n’a pas l’autorisation de parler aux médias, Chris d’Entremont a été accusé de traitrise par d’anciens collègues du Parti conservateur.
Le 12 novembre, Pierre Poilievre a donné sa première conférence de presse après le départ de son ex-député. Il a blâmé Mark Carney et Chris d’Entremont pour la hausse des prix à l’épicerie en Nouvelle-Écosse.
Selon Geneviève Tellier, le chef du Parti conservateur a une réflexion à faire. «Pierre Poilievre n’a pas réussi à trouver le ton qui convient pour tous ses députés. Il devrait en tirer une leçon. Est-ce qu’il va le faire? C’est ça la question. Parce qu’il aurait dû tirer une leçon avec la dernière campagne électorale.»
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Geneviève Tellier a été surprise que Chris d’Entremont passe tout de suite au Parti libéral. «S’il siège comme indépendant, il dit : “je crois aux valeurs conservatrices, mais je n’aime pas le leadeurship actuel. Par contre, j’ai espoir que ça change un jour et je vais revenir au Parti conservateur”.»
Dans la circonscription de Chris d’Entremont, les réactions de l’électorat à cette défection semblent partagées. Certaines personnes ne sont pas d’accord. D’autres croient que c’est la meilleure option du député pour servir sa population.
La population canadienne est divisée sur cette question. Un sondage en ligne de la firme Angus Reid dévoilait en 2018 que 42 % des répondants et répondantes croyaient qu’il ne devrait pas être permis de changer de parti politique en cours de mandat, tandis que 41 % déclaraient que la défection était acceptable.
Les critiques les plus sévères viennent souvent du parti politique abandonné. «On va leur dire [aux transfuges] qu’ils ont été élus sous la bannière conservatrice ou libérale. En changeant de parti, les électeurs n’ont pas voté pour ça», explique Geneviève Tellier.
«Le contrargument, c’est que dans notre système parlementaire, on ne vote pas pour un parti, on vote pour un candidat. Le candidat, après, va choisir qui va former le gouvernement. Il y a des gens qui votent pour le candidat, puis il y a des gens qui votent pour le parti», ajoute la professeure.
Une solution au mécontentement de l’électorat qui est couramment suggérée est celle de l’obligation de siéger à titre indépendant pendant un certain temps. Les personnes élues qui quittent un parti pour des raisons idéologiques le font parfois, comme Alain Rayes en 2022, lorsque Pierre Poilievre est devenu chef conservateur.
L’électorat ne tient pas toujours rigueur des changements d’allégeance quand un transfuge se présente à l’élection suivante. Scott Brison, autre député néoécossais, en est un bon exemple.
Il s’est fait élire en 1997 et 2000 sous la bannière conservatrice. Après la fusion du Parti progressiste-conservateur et de l’Alliance canadienne pour créer l’actuel Parti conservateur du Canada en 2003, Scott Brison a décidé de se joindre au Parti libéral en affirmant que ce dernier reflétait davantage ses valeurs. Ce changement de camp ne l’a pas empêché d’être ensuite réélu comme libéral dans le comté de Kings–Hants à cinq reprises.
D’autres défections qui ont fait couler de l’encre n’ont pas entrainé de défaite par la suite. C’est le cas entre autres de Belinda Stronach, qui est passée des conservateurs aux libéraux en 2005. La libérale Leona Alleslev s’est jointe aux conservateurs en 2018 et a été réélue en 2019. Jenica Atwin, première élue du Parti vert au Nouveau-Brunswick, a joint le Parti libéral en 2021 et a été réélue la même année.
En quittant le Parti libéral pour entrer au Parti conservateur, David Emerson a créé plus de vagues en 2006. La circonscription de Vancouver Kingsway qu’il représentait a traditionnellement accordé plus de votes aux libéraux et aux néodémocrates. Alors, son passage au Parti conservateur a créé la surprise.
En intégrant le parti dirigé par Stephen Harper, David Emerson a obtenu un poste de ministre. Le Commissaire aux conflits d’intérêts et à l’éthique a lancé une enquête. Il a finalement statué qu’aucune règle n’avait été enfreinte. David Emerson n’a pas tenté de se faire réélire en 2008.
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Ainsi, en octobre, les infections au SRAS-CoV-2 — le virus responsable de la maladie qu’on a appris à connaitre sous le nom de COVID-19 — ont augmenté de 19 000 à travers le monde, par rapport au mois de septembre. Ces chiffres proviennent du tableau de bord de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), mais ils sont très inférieurs à la réalité.
D’une part, parce que plusieurs pays ne fournissent plus à l’OMS leurs compilations hebdomadaires ou mensuelles. Et d’autre part, parce que dans la plupart des pays, on a cessé de faire un suivi du nombre de cas, depuis que la maladie a cessé d’être perçue comme une urgence.
«Nous n’avons pas un portrait complet de la circulation du virus ni des variants qui sont là», déplore la directrice du département de gestion des épidémies à l’OMS, Maria Van Kerkhove. «Je pense qu’il y a une amnésie collective en ce moment face à la COVID», ajoute-t-elle en entrevue pour la revue scientifique Nature.
S’il n’y a pas de suivi, ce n’est pas seulement un portrait statistique qui manque aux autorités de la santé de chaque pays ; c’est un aperçu des variants qui sont dominants à ce moment de l’année, alors que l’hiver commence et que les gens passent davantage de temps à l’intérieur.
Cependant, les hospitalisations continuent, elles, d’être en théorie comptabilisées. À défaut d’avoir un portrait juste de la circulation du virus, on devrait donc en avoir un des cas les plus sévères.
De plus, parce qu’il continue de se faire des analyses du génome du virus, il est possible de dire que le variant qui circule le plus souvent à travers le monde est le XFG, aussi appelé Stratus : il représente les trois quarts des cas officiellement recensés, et il domine en Europe et dans les Amériques. Il est suivi de loin par NB.1.8.1, appelé aussi Nimbus, qui représente 15 % des cas et est surtout présent dans la région de l’ouest du Pacifique. Ils sont les premiers variants depuis 2023 qui ont eu droit à leur propre surnom, témoignant du fait que les experts en virus ont remarqué qu’ils se distinguaient du lot.
Les données épidémiologiques montrent toutefois qu’aucun des deux variants n’est responsable d’un pourcentage de cas sévères plus élevé que les variants précédents. En revanche, leurs récentes mutations les rendent plus transmissibles, ce qui pourrait expliquer la hausse du nombre de cas qui apparait sur les radars depuis cet été. C’est la raison pour laquelle un vaccin contre la COVID continue d’être recommandé aux personnes âgées, spécialement à l’approche de l’hiver.