Pour le président-directeur général du Réseau de développement et d’employabilité (RDÉE Canada), Yan Plante, le fait d’accueillir une délégation de 90 représentants de la francophonie dans le monde stimulerait l’économie locale, avec la location de chambres d’hôtel, les restaurants, la location de salle de congrès, etc.
Pour les entreprises au sein des communautés francophones hors Québec, l’effet n’est pas à négliger non plus. Yan Plante voit dans cette candidature – si elle aboutit – une occasion unique de faire connaitre et de vendre les produits et services des 116 000 entreprises francophones en situation minoritaire.
Le Sommet de la francophonie est organisé tous les deux ans par l’Organisation internationale de la francophonie. Le pays hôte préside l’évènement et conserve le rôle jusqu’au Sommet suivant.
Cet évènement a pour rôle de donner une orientation commune aux pays participants pour la promotion et le rayonnement de la francophonie au niveau international.
Tous les quatre ans, les 93 pays membres élisent aussi la nouvelle personne qui tiendra le rôle de Secrétaire général de la francophonie.
Le Sommet de 2026 aura lieu au Cambodge à l’automne. Le pays hôte pour 2028 sera choisi à ce moment.
Pour Yan Plante, si Ottawa décroche l’accueil du Sommet pour la francophonie en 2028, la francophonie canadienne pourra montrer que parler français ne se fait pas uniquement au Québec.
Yan Plante entrevoit déjà une opportunité pour les entreprises francophones du Canada de se rapprocher de personnalités politiques francophones étrangères.
«Si on travaille d’avance avec le gouvernement, on peut imaginer que des entreprises un peu partout dans le monde vont venir au Canada, pis on peut essayer de faire des maillages.»
«Tant qu’à avoir une masse critique ici, si on est capable de connaitre leurs profils et leurs intérêts, on peut leur faire rencontrer des gens qui ont les mêmes profils et les mêmes intérêts», avance le PDG du RDÉE.
À ses yeux, c’est aussi une «opportunité extraordinaire» de sensibiliser les différents représentants gouvernementaux «pour leur faire comprendre que la francophonie au Canada, ce n’est pas juste au Québec», poursuit-il.
«La communauté, les différentes organisations, les entreprises; on est capable de faire une démonstration de force de toutes les opportunités potentielles […]. Juste de démontrer ça à une délégation internationale qui débarque à Ottawa, je fais le pari qu’après, ça peut aboutir à de vrais contrats, de vrais liens d’affaires.»
Fabien Hébert affirme que la francophonie canadienne pourra se démarquer si Ottawa accueille les représentants de la francophonie à l’étranger.
Dans un contexte où le français du premier ministre Mark Carney est au banc des accusés depuis octobre et que les propos de son nouveau ministre des Langues officielles, Marc Miller, ont créé des remous ces derniers jours, cette annonce est la concrétisation d’un travail de coulisses mis en place depuis le début de l’année 2025.
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Sans commenter le contexte, le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Fabien Hébert, affirme de son côté que «les actions sont plus puissantes que les mots. Et c’est une action concrète pour mettre la francophonie en valeur».
«Nous avons été entendus par le premier ministre et nous sommes très heureux qu’il reconnaisse tout le potentiel de la Francophonie – forte de 90 pays membres – pour la diversification des marchés de notre pays», s’est réjouie la présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA), Liane Roy, dans un communiqué.
L’organisme national est à l’origine d’une lettre au premier ministre pour pousser le Canada à être candidat.
Pour Jules Chiasson, si le Sommet se tient à Ottawa, cela représenterait «l’occasion parfaite» pour la Nouvelle-Écosse de s’y investir activement, alors que la province vient tout juste d’obtenir le statut de membre observateur à l’OIF.
Le document est cosigné avec l’AFO, la Société nationale de l’Acadie, la Fédération acadienne de la Nouvelle-Écosse (FANE) et la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick.
Du côté de la FANE, la satisfaction est d’autant plus grande que «la proposition à la FCFA a été faite par la présidente de la FANE [Denise Comeau-Desautels, NDRL], alors c’est sûr qu’on est très très content», commente le directeur général de l’organisme, Jules Chiasson.
La province de la Nouvelle-Écosse a justement obtenu le statut d’observateur à l’Organisation internationale de la Francophonie en 2025.
«On travaille de très près avec le ministre des Affaires acadiennes et de la Francophonie [de la Nouvelle-Écosse, Colton LeBlanc, NDRL], alors pour nous c’est une bonne nouvelle et pour la province», conclut le responsable.
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Selon le sondage Global Climate Change 2024, également connue sous le nom de Peoples’ Climate Vote et menée par le Programme des Nations unies pour le développement, 82 % des Canadiennes et Canadiens estimaient que leur gouvernement devrait en faire davantage pour lutter contre le réchauffement climatique. De plus, 87 % pensent que les autres citoyens de leur pays devraient s’engager eux aussi.
Aussi, près de la moitié des Canadiens (49 %) se disaient prêts à donner 1 % de leurs revenus pour soutenir des initiatives climatiques.
Pour Sabaa Khan, membre de la Commission mondiale du droit de l’environnement et directrice de la Fondation David Suzuki pour le Québec et l’Atlantique, ces chiffres ne sont pas surprenants. «Je sais que la plupart des gens veulent soutenir l’action climatique», affirme-t-elle.
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Sabaa Khan est membre de la Commission mondiale du droit de l’environnement et directrice de la Fondation David Suzuki pour le Québec et l’Atlantique.
Si tant de personnes ont l’impression qu’une majorité de personnes reste sceptique face aux actions climatiques, c’est parce que la désinformation est un obstacle central à l’action climatique, avance Sabaa Khan.
«Le débat sur les changements climatiques ne porte pas seulement sur l’incertitude scientifique. Il y a plus de 30 ans de désinformation systémique documentée, soutenue par des électorats puissants, comme l’industrie pétrolière. Être au courant de cet aspect aide vraiment à expliquer pourquoi tant de personnes ont l’impression que la plupart des gens sont sceptiques», explique Sabaa Khan.
Le rôle des médias et des réseaux sociaux est central dans cette méconnaissance de l’opinion générale. «Aujourd’hui, les réseaux sociaux et vidéos sont devenus la principale source d’information. Par exemple, aux États-Unis, plus de la moitié des gens s’informent via Facebook, YouTube et autres, dépassant même la télévision traditionnelle», note-t-elle.
Cette dynamique est amplifiée par ce que Sabaa Khan appelle le faux équilibre médiatique. «Malgré un consensus scientifique écrasant sur l’origine des changements climatiques, plusieurs médias continuent de présenter le sujet comme débattable, en accordant un poids égal à une petite minorité de sceptiques. Cela crée l’impression que le débat est 50-50, alors qu’il ne l’est pas, et rend cette minorité vocale beaucoup plus visible qu’elle ne l’est réellement».
L’économiste à l’Institut Climatique du Canada, Dave Sawyer, est du même avis. La désinformation agit comme un fil rouge entre ses constats et ceux de Sabaa Khan.
Dave Sawyer est économiste pour l’Institut Climatique du Canada.
Pour l’économiste, la tarification du carbone en est un bon exemple : «À l’extérieur du Québec, on répète depuis presque 20 ans que la tarification carbone est une “taxe qui tue les emplois”. Ce message-là a collé, explique-t-il. Pour une partie de l’électorat, tout ce qui touche au carbone ou à l’énergie propre est automatiquement perçu comme mauvais.»
Cette perception masque pourtant un fait important : la plupart des ménages y gagnent financièrement. «La perception n’est pas la réalité, insiste Dave Sawyer. Beaucoup de gens recevaient plus en remises qu’ils ne payaient, mais la désinformation a complètement brouillé ce message.»
Sabaa Khan est d’avis que comprendre ces mécanismes est essentiel pour saisir pourquoi tant de Canadiens et Canadiennes se sentent isolés dans leur soutien au climat, malgré une volonté collective très forte : «C’est un aspect clé pour expliquer la dynamique de la majorité silencieuse et pourquoi des initiatives, comme le Projet 89, sont si importantes».
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Pour pallier le décalage entre la perception générale du manque d’actions climatiques et le soutien réel et afin de mettre en lumière les vraies données, le collectif international de journalistes Covering Climate Now a créé le Projet 89 pour cent. Lancée en avril 2025 pendant la Semaine de la Terre, cette initiative veut faire entendre la voix de cette «majorité silencieuse» pour le climat.
Parmi les partenaires clés du projet figurent The Guardian et l’Agence France-Presse. Au Canada, plusieurs médias canadiens sont membres de Covering Climate Now, dont L’Aurore boréale et Francopresse pour la francophonie minoritaire.
Dave Sawyer rappelle que la tarification industrielle du carbone ou le système québécois de plafonnement et d’échange sont des mécanismes complexes, ce qui ouvre encore davantage la porte à la confusion.
Selon l’économiste, les politiques publiques mises en place doivent combiner des mesures abordables pour les ménages – comme les véhicules électriques, les thermopompes ou les programmes d’efficacité énergétique – et des actions ciblées sur les grands émetteurs, notamment l’industrie pétrolière et gazière, avec des règlementations sur le méthane et la tarification industrielle du carbone.
«Les politiques doivent envoyer des signaux clairs à toute l’économie», dit-il.
Ce que veulent vraiment les Canadiens, constate Sabaa Khan, est avant tout des actions concrètes qui protègent l’environnement tout en étant accessibles et efficaces au quotidien.
Les préoccupations principales restent l’abordabilité, les impacts actuels des changements climatiques. Par exemple, les feux de forêt, la chaleur extrême, la qualité de l’air et le bienêtre des générations futures.
C’est d’ailleurs ce qu’incarnent des jeunes militantes et militants comme Sophia Mathur. La jeune Sudburoise dans le Nord de l’Ontario est l’instigatrice de la première grève climatique en Amérique du Nord. Elle fait aussi partie d’une poursuite en justice contre le gouvernement ontarien pour l’affaiblissement de ses engagements climatiques. «Nous voulons que nos voix soient entendues et que des actions concrètes soient prises maintenant, pas dans dix ans», énonce-t-elle.
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Tout a commencé en juin dernier, à l’école Saint-Joseph. Dans le cours d’études sociales de Mme Anne Perrault, les élèves cherchaient sur Internet des informations à propos des villes autour d’eux.
Mais en arrivant sur le site Web de leur propre municipalité, Penetanguishene… surprise! Les informations n’étaient qu’en anglais!
Tout de suite, les élèves ont remarqué l’absence de français sur le site. «On en a discuté en classe, et quelqu’un a proposé qu’on devrait le signaler à la ville», raconte l’enseignante.
C’est que, même si l’Ontario est une province à majorité anglophone, il y a des communautés francophones un peu partout, y compris à Penetanguishene. D’ailleurs, l’école Saint-Joseph est une école francophone et plusieurs élèves de la classe de Mme Anne vivent dans des familles bilingues.
Ils ont décidé d’agir. Chaque élève a écrit une lettre pour exprimer ce qu’il pensait et poser des questions au conseil municipal. L’enseignante a ensuite regroupé les messages pour faire une seule lettre et l’envoyer à la ville.
«On voulait que le français soit visible pour que tout le monde puisse comprendre les informations sur le site», explique Patrick, un élève de la classe.
Puis, coup de théâtre! Alors qu’ils prévoyaient envoyer la lettre par la poste, le maire de la municipalité, Doug Rawson, est venu visiter leur classe pour entendre ce que les élèves avaient à dire. Ces derniers ont eu la chance de lui lire leur lettre de vive voix.
Le maire a écouté et a répondu qu’il allait s’occuper du dossier.
Le site Web de la ville a été traduit en français! Il sera même bientôt disponible dans plus de 50 autres langues. Les élèves de la classe de Mme Anne Perreault ont même été invités à l’hôtel de ville pour assister à la réunion du conseil municipal où cette grande annonce a été faite.
«Je suis fier, parce qu’on a fait quelque chose qui a vraiment eu un grand impact pour la communauté», a confié Ezra, qui a participé au projet.
«Plusieurs élèves m’ont dit que cette initiative leur a appris que, même si on est petit, on a une voix et qu’on peut changer les choses», ajoute Mme Anne.
Et toi, as-tu déjà essayé de dire ce que tu pensais à un adulte ou à une organisation? Comment ça s’est passé?
Source : Le Goût de Vivre
Psst! Tu te demandes peut-être comment prononcer le nom «Shein»? Moi aussi! D’après mon enquête, le nom de l’entreprise se prononce comme ceci : Chi-ine.
La mode jetable (ou fast fashion, en anglais), c’est le fait de produire des vêtements très vite qui coûtent peu d’argent. Aujourd’hui, un vêtement peut être imaginé, fabriqué et mis en vente en seulement trois semaines!
Philippe Gendreau et son livre Mode jetable.
Les entreprises comme Shein ou Temu utilisent l’intelligence artificielle (IA) pour analyser ce qui circule sur Internet : vêtements portés par des célébrités, vus sur TikTok ou dans des films. Ensuite, l’IA génère des modèles copiés, qui sont mis en ligne presque instantanément. Ça se fait presque à la vitesse de la lumière!
Il y en a plusieurs! Tout d’abord, les conditions des travailleurs qui créent les vêtements sont souvent très difficiles. Les ouvriers doivent travailler très rapidement pendant de longues heures et leurs salaires sont très, très bas. Par exemple, pour un chandail fabriqué au Bangladesh vendu 43,50 $ en magasin, seulement 0,27 $ vont à l’ouvrier. Non seulement cette exploitation est tolérée, mais elle est encouragée par nos achats.
Ensuite, la fast fashion est très néfaste pour l’environnement. Je t’explique pourquoi :
Shein a mauvaise réputation, et de plus en plus de gens connaissent ses impacts négatifs. Mais avoir un magasin dans un quartier chic de Paris, à côté d’autres boutiques de mode, lui permet de paraître «normale» et plus responsable. Alors qu’en réalité, rien ne change dans ses pratiques: les vêtements sont toujours produits de la même façon, les travailleurs ne sont pas mieux traités, et l’impact environnemental reste énorme.
Tout est conçu pour encourager les utilisateurs à rester longtemps sur la plateforme et les pousser à acheter : promotions-éclairs, rabais lorsqu’on invite des amis, notifications constantes, suggestions personnalisées, promotions qui expirent rapidement, rabais lorsqu’on invite des amis, notifications constantes sur les nouvelles offres, consommation toute l’année (Vendredi fou, Noël, Saint-Valentin, etc)…
La première étape, c’est d’acheter moins et de vraiment réfléchir à ce dont on a besoin. On peut aussi choisir des vêtements de seconde main, réparer ceux qu’on a déjà (comme recoudre un bouton ou nettoyer des chaussures sales) ou même personnaliser un t-shirt pour le rendre unique. Quand on crée quelque chose, on est plus porté à en prendre soin!
Toi, si tu pouvais personnaliser un morceau de vêtement, à quoi ressemblerait-il?
Le 4 décembre, Shafqat Ali était convoqué pour témoigner sur le français de Mark Carney devant le Comité permanent des langues officielles de la Chambre des communes.
S’il a reconnu qu’il existait bien un déclin du français au Canada, c’est sa manière de le formuler qui a fait bondir les députés conservateurs et bloquistes. Sans répondre directement à la question, il s’est appuyé sur les données du recensement de 2021 avant de conclure : «Le député l’a dit : il y a un déclin du français.»
«Je ne veux pas que vous utilisiez mes paroles, je veux savoir si vous, comme ministre du Conseil du Trésor, vous reconnaissez le déclin du français au Canada […] oui ou non ?», a tonné Joël Godin, porte-parole des langues officielles pour le Parti conservateur du Canada.
À partir de là, Shafqat Ali a préféré évoquer son mandat, alors que l’intitulé de sa convocation portait sur «L’usage du français dans les communications gouvernementales et les institutions fédérales».
«Vous êtes ici sur une motion déposée le 23 octobre dernier concernant l’article de Radio-Canada concernant le 17 % [de français] de votre premier ministre. Est-ce clair pour vous?» a tonné le député conservateur Joël Godin.
Le ministre a plus tard affirmé que les conservateurs jouaient à «des jeux politiques». En marge du comité, il a toutefois refusé de réponse directement à une question de Francopresse sur le déclin du français au Canada.
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Le président du Conseil du Trésor, Shafqat Ali, n’a pas directement et clairement répondu aux questions posées par les députés – y compris libéraux – du Comité des langues officielles.
Shafqat Ali a également offert une réponse sur la partie VI de la Loi sur les langues officielles modernisées alors qu’il avait plutôt été interrogé par un député libéral sur la partie VII. Cette section est l’une des plus importantes pour les francophones, car porteuse de mesures positives.
Ces deux parties de la Loi doivent bientôt être précisées et encadrées par un règlement qui devrait tomber avant la fermeture du Parlement pour la session d’hiver, le 12 décembre.
Mais le président du Conseil du Trésor n’a pas donné de réponse concrète sur son leadeurship par rapport à la mise en œuvre de la Loi.
Il n’a pas non plus donné de détails sur la nature des efforts déployés par son ministère pour protéger le bilinguisme dans un contexte de révision globale des dépenses des ministères, commandée par Mark Carney l’été dernier.
Le porte-parole des langues officielles pour le Parti conservateur du Canada, Joël Godin, a réitéré plusieurs fois la question du déclin du français au président du Conseil du Trésor, sans que celui-ci y réponde directement.
Cela ajoute à la méfiance des francophones élus au Parlement – tous partis confondus – et à celle des communautés francophones au pays, qui avaient déjà critiqué le fait qu’il ne parle pas français.
«Je suis des cours, je m’engage à apprendre le français», a-t-il répété plusieurs fois à l’intention de Joël Godin, qui a ramené ce sujet sur la table.
«Le français est ma sixième langue. Je ne veux pas qu’on remette en question ma capacité d’apprendre le français. Je ne veux pas réagir à une attaque personnelle, mais la loi et la Charte donnent le choix aux Canadiens de recevoir les communications et les services dans la langue de leur choix. Je m’engage au bilinguisme», a-t-il fait valoir.
«Ce n’était pas une attaque personnelle, a tenté d’apaiser Joël Godin. Je vis exactement la même chose que vous : j’apprends l’anglais. Ce n’est pas facile, je suis entièrement d’accord, mais le but était de savoir si vous reconnaissez [le déclin du français].»
De son côté, Mario Beaulieu, du Bloc québécois, a estimé que le président du Conseil n’avait «pas répondu aux questions».
En marge du comité, Joël Godin a affirmé à Francopresse que Shafqat Ali avait été «exécrable et méprisant».
«Il ne connait pas ses responsabilités et ça démontre qu’on se fout du français dans ce gouvernement-là parce que le président du conseil du Trésor n’a pas réagi suite à ce qui s’est passé […] au niveau de l’utilisation du français auprès du premier ministre.»
Pour lui, c’est un «autre exemple» que Mark Carney ne «prêche pas par l’exemple» quand il s’agit du français.
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Le député bloquiste a lui aussi estimé que le président du Conseil du trésor n’avait pas répondu aux questions.
«À ce moment charnière du régime linguistique canadien, mes attentes sont très élevées quant au leadeurship du président du Conseil du Trésor […] et du gouvernement plus largement, a commenté le commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge, par courriel. Un leadeurship fort des hauts dirigeants est essentiel.»
Le chien de garde des langues officielles n’a pas directement commenté ce qu’il s’est passé en comité, mais il avait lui-même déjà adressé plusieurs flèches au ministre, notamment en octobre, où il avait assuré que «le secrétariat du Conseil du Trésor «continue d’émettre des directives qui n’en sont pas». Il l’a aussi réprimandé dans son dernier rapport.
Par courriel toujours, Raymond Théberge rappelle «l’opportunité manquée que représente le Cadre de responsabilisation et de reddition de comptes en langues officielles».
Sans attaquer nommément Shafqat Ali, Raymond Théberge affirme simplement : «Tel que mentionné par le passé, le secrétariat du Conseil du Trésor doit en faire davantage pour guider et encadrer les institutions fédérales de façon claire dans l’atteinte de cet objectif.»
Le nouveau ministre de l’Identité et de la Culture canadiennes et ministre responsable des Langues officielles, Marc Miller, devra comparaitre devant le Comité permanent des langues officielles avant le 12 février.
Tous les députés du comité se sont entendus pour qu’il s’exprime sur les propos qu’il a tenus mardi en mêlée de presse et sur le fait qu’il était «tanné» de la politisation de la question du déclin du français.
À :
Ministre de l’Identité et de la Culture canadiennes et ministre responsable des Langues officielles
Vicky Eatrides
Présidente et première dirigeante
Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC)
Raymond Lafond
Président indépendant
Sarah Spring
Directrice générale
Collectif canadien de journalisme (CCJ)
Monsieur le Ministre, Madame la Présidente,
Monsieur le Président, Madame la Directrice générale,
Le Consortium des médias communautaires de langues officielles en situation minoritaire exhorte les décideurs fédéraux à rejeter l’analyse du Collectif canadien de journalisme (CCJ) visant à déterminer si les journalistes subventionnés par l’Initiative de journalisme local (IJL) devraient être exclus du mécanisme de compensation prévu par la Loi sur les nouvelles en ligne. Une telle mesure serait juridiquement erronée, préjudiciable en pratique et discriminatoire dans ses effets.
L’écosystème de l’information locale au Canada est en crise. Dans de nombreuses communautés rurales, nordiques, autochtones et en situation de minorité linguistique, les journalistes de l’Initiative de journalisme local (IJL) sont peu nombreux et, dans certains cas, ce sont les seuls journalistes sur le terrain, le dernier rempart contre les déserts d’information et la pauvreté de la couverture journalistique.
Certains membres du conseil du CCJ soutiennent que l’inclusion des journalistes subventionnés par l’IJL dans le calcul de l’admissibilité constituerait une «double utilisation» des fonds. C’est faux.
En vertu de la Loi sur les nouvelles en ligne, la contribution de 100 millions de dollars de Google provient du secteur privé, et non des contribuables. Ces fonds servent à compenser les salles de rédaction pour la valeur économique que les plateformes numériques retirent de leur contenu.
L’IJL, à l’inverse, est un programme fédéral conçu pour subventionner des journalistes couvrant des communautés mal desservies. Ces deux programmes ont des sources, des objectifs et des fondements juridiques distincts. Un journaliste soutenu par l’IJL peut, et devrait, être comptabilisé aux fins de l’admissibilité en vertu de la Loi sur les nouvelles en ligne.
Qualifier cette situation de «double utilisation» est juridiquement incorrect.
Le CCJ soutient à tort que le contenu journalistique produit par des journalistes subventionnés par l’IJL et diffusé sous licence Creative Commons (CC) ne devrait pas être admissible dans un cadre fondé sur le droit d’auteur.
Les licences Creative Commons n’impliquent aucune renonciation au droit d’auteur de la part du journaliste. Elles permettent plutôt «la distribution gratuite d’une œuvre autrement protégée par le droit d’auteur», sans abandon de la propriété intellectuelle. Les journalistes de l’IJL conservent l’ensemble de leurs droits légaux en vertu de la Loi sur le droit d’auteur.
Rien dans la Loi sur les nouvelles en ligne n’exclut les œuvres sous licence CC. Cet argument n’a aucun fondement juridique.
Les grandes salles de nouvelles métropolitaines dépendent rarement du financement de l’IJL. Mais dans les petites communautés, particulièrement les minorités francophones hors Québec et les minorités anglophones au Québec, les journalistes subventionnés par l’IJL sont souvent les seuls journalistes disponibles.
Exclure ces postes :
Cette situation forcerait des médias vulnérables à choisir entre le financement de l’IJL et l’accès à la compensation; un choix impossible.
La formule de calcul fondée sur l’emploi utilisée par le CCJ pour distribuer les fonds n’est pas exigée par la Loi sur les nouvelles en ligne. Il s’agit d’une méthode choisie à titre d’outil pragmatique pour répartir les fonds de compensation.
Utiliser cette formule pour exclure les journalistes IJL en détournerait le but et favoriserait les acteurs les plus forts au détriment des plus faibles. C’est l’opposé de l’intention de la Loi.
Parce que le CRTC est responsable de la mise en œuvre de la Loi sur les nouvelles en ligne et que le CCJ exerce des responsabilités déléguées par le gouvernement fédéral, la Loi sur les langues officielles s’applique.
Les organismes fédéraux, et ceux qui agissent en leur nom, doivent :
Exclure les journalistes subventionnés par l’IJL contreviendrait à ces obligations en limitant l’accès des médias des CLOSM au mécanisme de compensation et en compromettant leur viabilité.
Les journalistes de l’IJL produisent une information civique essentielle. Retirer leur admissibilité aurait pour effet de :
Le journalisme local est un bien public. Les politiques doivent renforcer, et non affaiblir, celles et ceux qui le fournissent.
Pour toutes ces raisons, le Consortium invite les dirigeants fédéraux à rejeter toute proposition visant à exclure les journalistes subventionnés par l’IJL de l’admissibilité au mécanisme prévu par la Loi sur les nouvelles en ligne.
Une telle proposition est juridiquement incorrecte, économiquement préjudiciable et socialement inéquitable. Elle affaiblirait les petits médias, nuirait aux communautés linguistiques minoritaires et contredirait l’intention du Parlement.
Nous sommes prêts à travailler avec le gouvernement, le CRTC et le CCJ afin d’assurer une mise en œuvre équitable et fondée sur des données probantes de la Loi.
(Il s’agit d’une version abrégée de la lettre ouverte préparée pour publication. La version intégrale est disponible en cliquant ICI.)
Le RDÉE affirme que les entreprises francophones au Canada sont «résilientes» dans le communiqué qui a suivi l’annonce fédérale du 17 novembre. Celles-ci s’adaptent malgré le choc des différents tarifs imposés par l’administration Trump depuis mars 2025. «Un «suivi» est obligatoire, affirme toutefois l’organisme.
Pour le président-directeur général du RDÉE, Yan Plante, les entreprises francophones sont bien placées pour profiter de ces nouvelles opportunités.
Yan Plante : Les entreprises francophones et acadiennes en milieu minoritaire doivent composer avec des défis particuliers, qu’il s’agisse d’un accès plus restreint aux réseaux d’affaires dominants ou de la nécessité d’offrir des services en français dans des environnements majoritairement anglophones.
Mais elles disposent aussi d’un avantage que beaucoup sous-estiment : leur capacité à servir deux clientèles, deux marchés et deux circuits économiques, un plus grand bassin de clientèle, une plus grande couverture, de plus grandes opportunités de visibilité et de publicité.
La clé, c’est de s’assurer que les nouvelles mesures de mobilité et de libre circulation leur soient réellement accessibles. Cela passe par des outils d’accompagnement adaptés, des informations disponibles en français, une compréhension fine de leurs réalités provinciales et un suivi rigoureux pour éviter que les entreprises francophones soient désavantagées par manque d’appui ou de ressources.
Si nos entreprises croient au Canada, alors nous croyons qu’elles sauront mieux se positionner sur les marchés internationaux aussi.
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«Pour saisir ces opportunités, nos entreprises doivent pouvoir compter sur une main-d’œuvre qualifiée, diversifiée et fière de s’exprimer en français. C’est un levier très concret d’expansion», affirme Yan Plante, PDG du RDÉE Canada.
Les réalités varient énormément d’un métier à l’autre et d’une province ou d’un territoire à l’autre. Le cout de la vie, la disponibilité de logements, les salaires offerts et même les conditions climatiques influencent la décision d’un travailleur de changer de région. Nous reconnaissons pleinement ces défis.
Cela dit, les communautés demandent depuis longtemps un environnement plus fluide pour répondre aux pénuries de main-d’œuvre qui frappent plusieurs secteurs comme la santé, l’éducation, la petite enfance et les services sociaux, entre autres.
Dans bien des régions, les besoins augmentent plus vite que la capacité locale à y répondre.
L’annonce du gouvernement ne règle pas tous les enjeux d’attractivité, mais elle enlève des obstacles qui freinaient la circulation des biens, des services et de la main-d’œuvre.
C’est une étape importante. Le succès dépendra maintenant de la mise en œuvre et d’incitatifs adaptés aux réalités régionales.
Quand nous parlons de résilience économique, nous parlons de la capacité des communautés et des plus de 116 000 entreprises francophones en situation minoritaire à continuer d’avancer dans un environnement où les obstacles linguistiques, géographiques et règlementaires sont plus nombreux qu’ailleurs.
La résilience, pour nous, c’est cette capacité à tenir bon malgré les chocs, à continuer de choisir le français même quand ce n’est pas l’option facile, à s’adapter et, surtout, à continuer de créer des retombées locales qui profitent à l’ensemble du pays.
Selon le sondage Pollara/RDÉE, 79 % des francophones en situation minoritaire estiment que la réduction des barrières interprovinciales renforcerait la résilience économique de leurs communautés.
Cette donnée résume bien ce que nous observons sur le terrain. Les communautés francophones en situation minoritaire et les entreprises francophones et acadiennes doivent souvent composer avec un environnement où la langue dominante des affaires est l’anglais.
Malgré plusieurs embuches, les communautés réussissent quand même à assurer un bon roulement des affaires.
Cette résilience devient encore plus essentielle à un moment où plusieurs partenaires économiques cherchent à diversifier leurs marchés et où les échanges est-ouest doivent gagner en fluidité.
Pour nos communautés, elle se traduit par la capacité de développer de nouveaux débouchés, d’adapter ou de transformer certains modèles d’affaires et de s’intégrer à des corridors économiques francophones et bilingues qui existent déjà, mais qui méritent d’être consolidés.
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Pour le RDÉE, ça se traduit en quatre points : un plus grand accès à des capitaux d’investissement afin de favoriser l’émergence et le maintien d’entreprises francophones.
Il y a aussi la création de missions commerciales ciblées, qui permettent de valoriser les entreprises à travers le pays et de créer des occasions d’échanges interprovinciaux.
Autre mécanisme : une simplification de la reconnaissance des acquis, permettant une meilleure intégration socioéconomique des professionnels œuvrant en milieu francophone.
Et enfin, le développement éventuel d’une stratégie nationale de développement économique et d’entrepreneuriat francophone en contexte minoritaire.
Les propos ont été réorganisés pour des raisons de longueur et de clarté.
Guy Bado : Je suis dessinateur de presse depuis mai 1981. Cependant, j’ai commencé ma carrière en étant dessinateur pigiste pendant une dizaine d’années à Montréal avant cela. À cette époque, je faisais des bandes dessinées pour Croc, le magazine d’humour.
Initialement, ma mère espérait que je devienne architecte, mais étant nul en chimie, je me suis rabattu sur le dessin. C’est après avoir découvert Aislin, le caricaturiste au Montreal Star, et après l’avoir rencontré lors d’une exposition, que j’ai décidé d’essayer d’exercer le métier de caricaturiste éditorial.
Un dessinateur de presse est quelqu’un qui est à la fois artiste, journaliste et humoriste. Cette définition est issue du livre d’entretiens avec le dessinateur français Tim, ou Louis Mitelberg, et sa réponse m’a beaucoup marqué.
Pour ce qui est de l’impact, j’ai longtemps pensé naïvement que j’allais changer le monde et que les gens seraient influencés par mon dessin. Finalement, je me suis rendu compte que, concrètement, nous réconfortons ceux qui pensent comme nous. Le lecteur se dit alors : «Bon, je ne suis pas tout seul à penser ça», et bien sûr, nous espérons que cela influence la politique, mais on ne peut pas en être certain.
Mon rôle est de dénoncer, dans la mesure du possible, les infractions à la Loi sur les langues officielles. Dernièrement, j’ai souvent abordé ce sujet en Nouvelle-Écosse. Je touche aussi à d’autres sujets d’envergure nationale comme les nominations de juge à la Cour suprême, ou encore la nomination d’une gouverneure générale unilingue. Ce sont toujours des sujets qui retiennent mon attention.
Bado confie que son défi créatif après plus de 40 ans est de se renouveler et de trouver une idée assez intéressante lorsque les mêmes sujets reviennent, comme le dysfonctionnement du train léger ou la fuite des médecins.
Pour mettre en lumière des sujets pancanadiens, le grand défi est que le dessin doit être compris à la fois au Yukon et en Nouvelle-Écosse. Je ne peux pas faire des sujets trop pointus. Par conséquent, dans mes caricatures couvrant des enjeux pancanadiens, j’évite l’Ontario le plus possible. J’ai cette liberté de faire des sujets nationaux, internationaux ou autres pour l’un des dessins de la semaine, mais celui pour la perspective nationale est soumis à cette contrainte géographique.
L’avantage de travailler sur des enjeux locaux en Ontario, c’est qu’on est à cheval sur deux provinces, l’Ontario et le Québec, ce qui me permet d’aborder un sujet de l’autre côté de la frontière quand il y a moins de nouvelles locales.
C’est le Muséoparc qui m’a approché pour cette exposition de dessins de mes derniers 44 ans. Je me suis toujours intéressé à la situation des francophones en Ontario. J’ai couvert les enjeux autour du ministre Bette Stephenson et de Bill Davis, qui était premier ministre de l’Ontario à mes débuts. J’ai également illustré le conflit pour la fermeture annoncée de l’Hôpital Montfort, même si cette fermeture n’a finalement pas eu lieu.
Il n’y a pas vraiment de sujet tabou aujourd’hui. Cependant, quand j’ai commencé au Droit, il fallait traiter des sujets comme l’avortement avec beaucoup de prudence. Il y avait plusieurs sujets qu’il fallait aborder délicatement. Ma façon de naviguer entre ces contraintes pour garantir ma liberté d’expression est simple : la solution, c’est d’être drôle. Si on est drôle, c’est difficile de critiquer. On ne peut pas aller en cour et commencer à rire en exposant le dessin, donc c’est la meilleure solution.
Le livre contient plusieurs sujets. La francophonie est un des chapitres du livre. J’aborde aussi l’environnement, ainsi que la politique canadienne et québécoise. Ce recueil est une sélection de mes dessins des quatre dernières années. D’ailleurs, la francophonie est un de mes sujets de prédilection, tout comme l’environnement, et j’aborde aussi souvent l’éducation en Ontario.
Les propos ont été réorganisés pour des raisons de longueur et de clarté.
Marc Miller avait le souhait assumé de revenir au Cabinet, mais il ne se doutait pas que ce serait de cette façon.
«C’est un autre travail pédagogique pour expliquer tous les enjeux de la francophonie, surtout la francophonie hors Québec. Je pense que Marc Miller a une connaissance générale de ces enjeux-là, mais pas aussi précise que ce qu’on aurait souhaité, comme une Ginette Petitpas Taylor [ancienne ministre des Langues officielles, NDRL], par exemple», avance la professeure à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa, Geneviève Tellier.
Marc Miller fait partie de la minorité anglophone du Québec. Il est député de Ville-Marie–Le Sud-Ouest–Île-des-Sœurs, à Montréal, depuis 2015.
Nancy Juneau, directrice de la FCCF, voit d’un bon œil les compétences de Marc Miller pour la francophonie et «donne la chance au coureur» sur le plan culturel.
Elle souligne toutefois qu’en ramenant Marc Miller au Cabinet, «plusieurs libéraux mécontents du départ de Steven Guilbeault, ceux qui sont surtout plus à gauche au parti libéral», seront rassurés.
La Fédération culturelle canadienne-française (FCCF) affirme que ses membres sont «éternellement reconnaissants» envers Steven Guilbeault, car il a été «très, très aidant pour le milieu pendant la période très difficile [de la pandémie]» commente la présidente de la FCCF, Nancy Juneau.
L’organisme voit l’arrivée de Marc Miller d’un bon œil : «Du côté de la francophonie, on est déjà un peu rassuré parce qu’on sait que M. Miller, alors qu’il était ministre de l’Immigration, a quand même été très à l’écoute […]. On sait qu’il est déjà sensibilisé à certains enjeux de la francophonie. On sent que ça va nous être très utile pour continuer le travail amorcé, notamment les responsabilités augmentées des institutions fédérales en matière de langues officielles.»
Sur le plan culturel, la FCCF affirme ne pas connaitre le parcours du ministre, mais attend de lui qu’il poursuive le travail amorcé concernant CBC/Radio-Canada, notamment avec les 150 millions prévus au budget, afin de renforcer la société d’État.
La FCCF s’attend aussi à qu’il avance sur des enjeux majeurs : la transition et la protection numériques, la découvrabilité du contenu francophone, le développement de l’intelligence artificielle, ainsi que les conditions de travail et d’accès à l’assurance-emploi pour les artistes et travailleurs culturels.
Liane Roy fait confiance au «pragmatisme» de Marc Miller, désormais ministre responsable des Langues officielles, car la FCFA avait une «bonne relation de travail» avec lui lorsqu’il était ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de Citoyenneté Canada (IRCC) entre 2023 et 2025.
De son côté, la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) s’estime satisfaite de la nomination, du fait de «l’expérience et du pragmatisme» de Marc Miller.
Pour la présidente de l’organisme, Liane Roy, le CV du ministre pourrait servir la francophonie canadienne, car elle affirme en entrevue avec Francopresse qu’il avait été «à l’écoute» pour la hausse des cibles en immigration francophone à l’extérieur du Québec l’an dernier.
Elle va jusqu’à dire que Marc Miller a fait preuve de «courage», car c’est lui qui a mis en place la première politique fédérale en matière d’immigration francophone, avec un programme d’immigration économique spécifique à la francophonie.
«Cette politique n’a pas été suivie de beaucoup de détails […], mais c’est quand même lui qui a eu le courage de mettre ça de l’avant.»
La FCFA attend avec impatience du progrès sur les deux prochains règlements de mise en œuvre de la Loi sur les langues officielles modifiée – surtout celui sur les mesures positives de la partie VII.
Elle souhaite aussi que le nouveau ministre mette de la pression sur le Bureau du conseil privé du Roi pour que la nomination de la prochaine personne au poste de commissaire aux langues officielles se fasse rapidement.
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Il faudrait aussi qu’il défende les investissements en matière de langues officielles, parce qu’il y a des compressions budgétaires qui s’en viennent et on veut s’assurer que ça ne handicape pas la capacité du gouvernement de s’acquitter de ses obligations linguistiques
Rappelons que sous Marc Miller, le ministère de l’Immigration avait fait l’objet d’une plainte de la part de l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC), qui est membre de la FCFA.
«On est conscients de cet aspect, mais il faut vraiment considérer ça en tandem avec le pragmatisme du ministre et le fait qu’il a de l’expérience et de l’influence. […] On aurait pu se ramasser avec un autre ministre qui ne nous connait pas du tout!», balaie Liane Roy.
De son côté, Martin Normand, directeur général de l’ACUFC, estime que l’histoire est passée depuis que le commissaire aux langues officielles a donné raison à l’ACUFC dans sa plainte.
Il parle en bons termes de Marc Miller comme ministre d’alors : «Nous avions alors senti une écoute et une ouverture dans un contexte difficile. Nous espérons pouvoir reprendre promptement le dialogue avec lui afin de discuter des enjeux pressants qui traversent notre secteur.»
Ses deux autres collègues, Julie Dabrusin et Joël Lightbound, ajoutent seulement un titre en gardant leurs portefeuilles actuels.
La première ajoute la Nature à son portefeuille de l’Environnement et du Changement climatique et le second. Le deuxième, actuellement ministre de la Transformation du gouvernement, des Travaux publics et de l’Approvisionnement, devient lieutenant du Québec à la place de Steven Guilbeault, qui a démissionné la semaine dernière.