le Lundi 1 Décembre 2025

Une histoire de famille

Gabrielle fabrique des mocassins depuis l’âge de 12 ans. Au départ, elle confectionnait surtout les dessus des mocassins, puis, depuis 2019, elle réalise la paire complète. Sa sœur, Adeline, a également commencé à en confectionner il y a quatre ans.

J’ai appris à faire des mocassins en regardant comment ma grand-mère s’y prenait […] C’est une transmission qui se fait sans instructions. Tu observes, puis tu essaies de le faire toi-même.

— Gabrielle

Dans sa famille, l’art de la fabrication des mocassins se transmet de génération en génération : «Ma grand-mère a appris de son arrière-grand-mère, puis moi, j’ai appris d’elle.»

Photo : Gracieuseté de Gabrielle Vachon-Laurent

Des chaussures pleines d’histoires

Autrefois, les mocassins servaient à marcher et travailler dans la neige, la forêt ou sur les sentiers de la vie quotidienne. Leur forme et leur épaisseur variaient selon les communautés, les régions et les climats.

Pour les Innus, ils étaient faits avec de la peau de caribou ou d’orignal, des matériaux solides et résistants à l’hiver. Aujourd’hui, Gabrielle utilise surtout du cuir de vache, des fils cirés et des perles pour décorer le dessus.

Chaque motif brodé sur le mocassin a une signification. Par exemple, pour la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, la sœur de Gabrielle a décoré un mocassin avec deux femmes assises devant un ciel multicolore.

Cette broderie représente la réconciliation et le lever du soleil, pour se souvenir que chaque jour apporte un nouveau départ.

— Gabrielle

Pour la jeune femme, transmettre ce savoir est essentiel. Elle donne d’ailleurs à son fils de 9 ans une nouvelle paire de mocassins chaque fois que ses pieds grandissent!

«C’est important que mes enfants sachent qu’ils peuvent être fiers de leur culture», dit-elle. Elle espère aussi que ce savoir continuera de se transmettre au sein de leur famille.

Et toi, si tu devais décorer des mocassins, quels motifs ou quelles couleurs choisirais-tu? Pourquoi?

Comment s’y prennent-ils?

L’entreprise Nupqu, qui veut dire «ours noir» dans la langue de la Première Nation Ktunaxa, travaille à réparer les endroits où la nature a été abîmée. Par exemple, après la construction d’une route, la coupe d’une forêt ou quand une mine ferme. Comment? Elle va replanter de la verdure là où il n’y en a plus!

Tout commence par la graine. L’équipe va d’abord récolter des graines de plantes qui poussent naturellement dans la région à restaurer.

C’est ce qu’on appelle des plantes indigènes, qui sont parfaitement adaptées au climat, au sol et aux animaux locaux. Elles évoluent dans la région depuis très longtemps et savent comment aider le milieu à se reconstruire.

Une fois récoltées, les graines sont nettoyées, triées, testées, puis conservées dans un tout nouveau laboratoire.

«Ces plantes poussent ici depuis des milliers d’années. Notre travail, c’est de protéger leurs caractéristiques et de les remettre dans la nature», explique Nathalie Redman, qui dirige la pépinière, au journal britanno-colombien La Source. 

Les graines sont alors plantées dans une serre, où elles vont germer et devenir de petites pousses. Chaque année, Nupqu produit 2,5 millions de jeunes plants! 

Une fois assez grandes, les petites pousses sont prêtes à retourner dehors. L’équipe de Nupqu les replante dans les zones abîmées pour aider la forêt à repousser naturellement.

De jeunes pousses de pin qui grandissent dans la pépinière avant d’être plantées en forêt 

Photo : Courtoisie Nupqu

Des connaissances anciennes

Nupqu travaille avec des experts autochtones qui ont hérité de connaissances sur les plantes et la façon dont elles guérissent un territoire abîmé. Ces savoirs incluent quelles espèces poussent le mieux ensemble et comment aider un sol à retrouver son équilibre.

Et ça fonctionne! Les racines des plantes retiennent la terre, servent de bouclier contre l’érosion et ramènent les nutriments dans le sol. Les arbustes attirent les insectes. Les graines nourrissent les oiseaux. Petit à petit, le sol se régénère et les animaux reviennent.

En plus, ce processus est totalement écologique, car la forêt se répare avec ses propres plantes, sans produits chimiques!

Et toi, y a-t-il des connaissances de ta culture ou de ta famille que tu aimerais partager avec les autres As?

Source : La Source

En 1975, neuf associations francophones provinciales prennent une décision historique. Pour assurer la survie et le développement de leurs communautés, elles se dotent d’une voix nationale : la Fédération des francophones hors Québec (FFHQ).

«Avant, les organisations francophones du pays se rencontraient, mais c’était plus de façon informelle», raconte Anne Gilbert, l’une des chercheuses qui a participé à la réalisation de l’exposition La Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada : 50 ans d’action et d’engagement pour la francophonie.

De la Colombie-Britannique à Terre-Neuve, ces organismes étaient loin les uns des autres. «Il n’y avait pas les moyens de communication actuels, alors on se rencontrait une ou deux fois par année dans un hôtel à mi-chemin, poursuit-elle. C’était extrêmement lourd et très difficile d’avoir une action bien concertée dans ces conditions-là.»

Le mandat de la Fédération était clair : représenter politiquement les francophonies minoritaires auprès du gouvernement fédéral sur la Colline, à Ottawa, pour s’assurer qu’elles disposent des ressources nécessaires à leur développement; pour «se faire entendre», résume Anne Gilbert.

Du Manitoba à la Nouvelle-Écosse

L’exposition était à l’Université de Moncton jusqu’au 21 novembre. Elle a pris la route de Winnipeg où elle sera présentée à l’Université de Saint-Boniface en janvier. Avant d’occuper les couloirs de l’Université Saint-Anne, en Nouvelle-Écosse, en février et mars.

Questionnements identitaires

C’est cette histoire qu’Anne Gilbert, professeure émérite à l’Université d’Ottawa, et Mariève Forest, présidente et chercheuse principale chez Sociopol, ont décidé de raconter à travers une exposition composée de quatre vitrines et dix tiroirs, présentée par le Centre de recherche sur les francophonies canadiennes (CRCCF).

Anne Gilbert est géographe émérite de l’Université d’Ottawa et ancienne directrice du CRCCF. 

Photo : Courtoisie

Parmi les moments charnières de la Fédération, Anne Gilbert identifie la période autour des années 1990. «Il y a eu un moment où ça a été un peu plus difficile de se faire entendre. Le gouvernement fédéral était peut-être moins dans cette mouvance-là. Là, on s’est repliés un peu vers l’intérieur pour se donner un nouvel élan.»

C’est à ce moment-là que la Fédération change de nom pour devenir la FCFA, en 1991. «Ce n’était plus le hors Québec, c’était le Canada.»

Les années 2000 ont également marqué un tournant selon elle. «On a créé un grand moment de rassemblement. On a essayé de parler aux autres. On a voulu rencontrer les autres communautés : les immigrantes, les anglophones, le Québec, les Autochtones.»

Il s’agit de la partie «Dialogue» présentée par l’exposition. «Les dix dernières années, c’est vraiment le dossier de l’inclusion qui a pris toute la place», retrace la chercheuse.

«Partout à l’échelle du pays, on s’est mis au travail pour trouver les moyens de bien accueillir les immigrants, de bien les intégrer, de bien faire en sorte qu’ils prennent leur place dans nos organisations.»

Cette réflexion a aussi ravivé des questions sur l’enseignement dans les écoles francophones : «Est-ce qu’on doit inclure des histoires qui viennent d’ailleurs, des histoires qui se sont passées ailleurs aussi?», interroge-t-elle.

Pour Anne Gilbert, l’immigration reste encore aujourd’hui un des chantiers principaux de la FCFA.

Ça soulève à la fois des questions par rapport à l’accueil, mais aussi aux francophones qui sont là depuis plusieurs générations et qui doivent réviser leur vision d’eux-mêmes, de là où ils sont, de faire de la place aux autres.

— Anne Gilbert

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Un agenda vite bouleversé

Le directeur des communications à la FCFA et collaborateur à la rédaction des textes de l’exposition, Serge Quinty, admet lui-même avoir «appris beaucoup» – malgré plus de 20 ans au sein de l’organisme.

La FCFA a travaillé à donner aux francophones leur propre levier économique, rappelle Serge Quinty. 

Photo : Courtoisie

«Il y avait de l’action politique naturellement, mais aussi de l’action économique aussi; donner aux francophones leur propre levier. Ça, c’est un morceau de l’histoire de la Fédération que je ne connaissais pas.»

Comme autre moment fort, il cite la caravane qui, en 1979, a parcouru le pays pour faire rayonner la francophonie : «C’était essentiellement une délégation de la Fédération qui avait pris la route dans six provinces pour rencontrer la population et les candidats, parce que le Canada était en élection à ce moment-là.»

L’exposition revient aussi sur la crise linguistique qui a secoué le Manitoba en 1983-1984. Un épisode «qui était suffisamment grave que les locaux de la Société de la francophonie manitobaine ont été incendiés», rappelle-t-il.

«À l’époque, la Fédération a appelé à la solidarité de l’ensemble des francophones du pays avec les francophones du Manitoba […] C’est drôle de voir, d’ailleurs, que 40 ans plus tard, maintenant, on parle d’un projet pour faire du Manitoba une province officiellement bilingue», constate Serge Quinty.

La Fédération a dû aussi se frotter rapidement aux discussions constitutionnelles, «qui se sont vite imposées à son agenda», souligne Anne Gilbert – d’autant que le Parti québécois venait tout juste d’être élu en 1976. Sans oublier le référendum de 1995 sur l’indépendance du Québec.

Il fallait aussi développer son propre projet constitutionnel, comme on voyait la francophonie canadienne dans l’espèce de lutte qui opposait le Québec au Canada.

— Anne Gilbert

À lire aussi : Référendum de 1995 : «une question de vie ou de mort» pour la francophonie canadienne

Quel bilan?

L’adoption du premier Plan d’action pour les langues officielles en 2003, tout comme la modernisation de la Loi sur les langues officielles en 2023, figurent également parmi les grands acquis aux cours de ces 50 ans.

Aux yeux d’Anne Gilbert, le mandat de la FCFA est resté le même. «Bien sûr, il y a des moments où on a été davantage tournés sur soi, sur nos communautés pour tâter le pouls, mais avec ça, l’idée n’était pas d’envoyer des agents de développement dans les petites communautés pour faire du travail communautaire. Le projet de la FCFA, c’est de faire connaitre les ambitions de la francophonie au gouvernement fédéral.»

Elle souligne aussi le travail mené par la FCFA sur des dossiers liés allant des médias francophones aux nouvelles technologies.

«La force de la FCFA, ça a toujours été sa capacité de s’adapter, de relever les défis émergents», résume Serge Quinty. Rendez-vous dans 50 ans.

Des archives en masse

Bien que non-historiennes, Anne Gilbert et Mariève Forest connaissent très bien la francophonie canadienne. «Je n’avais jamais fait ça. J’avais déjà dirigé des équipes qui faisaient des expositions, mais je n’en avais jamais fait moi-même», avoue Anne Gilbert.

Le CRCCF dispose de 310 boites de documents textuels de la FCFA. «C’est un travail qui a été assez lourd, j’ai regardé qu’une infime partie de ces archives-là. J’ai surtout consulté celles sur les dix premières années de l’organisme», explique-t-elle.

Le duo d’universitaires a écrit un rapport d’une cinquantaine de pages qui retrace les grands moments de l’histoire de la FCFA et comment, dossier par dossier, elle s’est engagée dans différents domaines, comme la santé ou l’immigration.

Elles l’ont ensuite envoyé à une quinzaine de personnes qui ont œuvré au sein de l’organisme. «Comme le comité politique qui a été très actif dans les années 1970-1980 et a réfléchi à une façon d’aborder la relation avec le Québec, quoi faire au moment du référendum.»

«On leur a demandé leur avis. Est-ce qu’on a bien compris? Est-ce qu’on a fait des oublis importants? Est-ce qu’on a trop insisté sur certains évènements et pas sur d’autres? […] Ces gens-là nous ont servi un petit peu de baromètre», indique Anne Gilbert.

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FRANCOPHONIE

L’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC), l’Université Sainte-Anne en Nouvelle-Écosse, le Centre de services à l’emploi de Prescott-Russell en Ontario et le Nouveau-Brunswick se partagent 3,6 millions $ pour améliorer le soutien des étudiants étrangers francophones et le recrutement.

Les projets seront tous financés par le Centre d’innovation en immigration francophone et le Programme d’appui à l’immigration francophone.

Paradoxe : Cette annonce survient alors que le récent budget fédéral annonçait une réduction du nombre de permis pour les étudiants étrangers. La portion accordée aux établissements postsecondaires francophone est encore inconnue.

La ministre s’est contentée de dire que c’était «nécessaire», mais n’a pas répondu lorsqu’elle a été interrogée sur les coupes de projets ponctuels dans les établissements postsecondaires francophones.

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Les transporteurs sous juridiction fédérale sont visés par les nouveaux pouvoirs de pénalités pécuniaires du commissaire aux langues officielles, tels qu’Air Canada et les administrations aéroportuaires. Photo : X – Unsplash

Photo : David Preston – Unsplash

Le commissaire aux langues officielles pourra imposer des amendes de 5 000 $ à 50 000 $ aux entreprises de transport fédéral, dont Air Canada, selon le type d’infraction à la Loi sur les langues officielles. Le projet de règlements déposé mercredi au Parlement encadre ce nouveau pouvoir introduit dans la loi modernisée en 2023.

Transporteurs visés : Air Canada, Marine Atlantique, VIA Rail et les administrations des aéroports sont visées par le règlement. Les trois types d’infractions concernent les services conventionnés, les communications et services au public ainsi que la santé ou la sécurité du public.

Longue attente : La Loi modifiée a été adoptée en juin 2023. Il aura donc fallu attendre 2 ans et 4 mois pour ce règlement – qui doit encore passer par le processus de consultation et d’approbation de la Chambre des Communes.  

Deux autres règlements sur l’usage du français au sein des entreprises privées de compétence fédérale et l’obligation d’appuyer la francophonie sont encore attendus.

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Kelly Burke a été commissaire aux services en français de l’Ontario de 2020 à 2023. 

Photo : Capture d’écran

Lundi, selon nos informations, la Franco-Ontarienne Kelly Burke était pressentie pour devenir la prochaine commissaire aux langues officielles, alors que Raymond Théberge prendra sa retraite à la fin janvier. Sa nomination n’a pas encore été entérinée par le Bureau du Conseil privé.

Du provincial au fédéral : Kelly Burke a été commissaire aux services en français de l’Ontario de 2020 à 2023. Elle avait quitté son poste en mars 2023 sans fournir d’explications sur la raison de son départ.

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CANADA

Ottawa et l’Alberta ont finalement conclu une entente ouvrant la voie à la construction d’un nouvel oléoduc vers la côte de la Colombie-Britannique. L’annonce a été faite jeudi.

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Précaution : Le pipeline, qui devrait être financé et construit par le secteur privé et en copropriété avec plusieurs Premières Nations, reste toutefois incertain. Il n’y a pas de partenaires confirmés et en raison de l’opposition claire du gouvernement de la Colombie-Britannique et de plusieurs Premières Nations.

L’accord inclut aussi la possibilité d’agrandir le réseau d’oléoducs Trans Mountain, entre l’Alberta et la Colombie-Britannique, et s’inscrit dans une stratégie visant à conjuguer croissance énergétique et carboneutralité d’ici 2050, notamment grâce à un vaste projet de captage et stockage du carbone pour réduire l’intensité des émissions du pétrole albertain.

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Jeudi, après l’annonce de l’entente entre Ottawa et l’Alberta, le ministre Steven Guilbeault a démissionné du cabinet libéral. Il reste en poste comme député pour le parti.

Conflit d’idéologies : Steven Guilbeault a été ministre de l’Environnement et du Changement climatique de 2021 à 2025. Il avait piloté les initiatives environnementales mises en place sous Justin Trudeau.

Le débat politique s’est enflammé après que le premier ministre Mark Carney a affirmé lors de son passage en Afrique du Sud dimanche dernier que le Canada n’avait pas une «politique étrangère féministe».

Ambivalence : S’il a réitéré l’engagement de son gouvernement envers l’égalité des sexes, les droits LGBTQ+ et la lutte contre la violence faite aux femmes, cette sortie a été perçue comme une rupture avec l’approche du gouvernement Trudeau et a suscité de vives critiques de la part du Nouveau Parti démocratique (NPD) et du Bloc québécois.

Les députés libéraux ont défendu que les actions de leur gouvernement demeurent féministes malgré sa déclaration.

Le gouvernement fédéral a annoncé une série de mesures, mercredi, pour soutenir les industries canadiennes de l’acier et du bois d’œuvre, pour faire face aux tarifs américains et aux importations.

Les principales actions : Ottawa veut réduire de 50 % les tarifs de transport interprovincial de l’acier et du bois d’œuvre canadiens à compter du printemps 2026, avec une priorité donnée aux matériaux canadiens dans les marchés publics d’infrastructure.

Le Canada prévoit aussi un soutien financier pour les entreprises, des programmes de requalification pour les travailleurs des incitations à moderniser et diversifier la production nationale.

INTERNATIONAL

En conférence de presse mardi, un représentant d’Oxfam brandit la photo d’une de ses collègues palestiniennes qui poursuit ses études «malgré la faim, le froid, le danger des bombes ou des balles», a-t-il déclaré. Il a ajouté : «Malgré le cessez-le-feu, le génocide est toujours en cours.» 

Photo : Inès Lombardo – Francopresse

La Coalition pour la responsabilité canadienne à Gaza, composée de plusieurs collectifs juridiques, a tenu une conférence mercredi à Ottawa pour dénoncer ce qu’elle considère comme la complicité continue du Canada dans les violences et violations des droits des Palestiniens et des Palestiniennes, notamment par le biais de flux d’armes, d’investissements ou de soutien diplomatique à des entités liées à ces violences.

La Coalition demande que le Canada revoie radicalement sa politique étrangère vis-à-vis d’Israël et cesse tout soutien – direct ou indirect – aux actions que les collectifs qualifient de violations du droit international.

Elle réclame aussi un embargo sur les armes à destination d’Israël, ainsi que l’arrêt des transferts militaires ou de matériel pouvant être utilisé en Palestine.

IRCC inactif : Mardi, plusieurs représentants d’organismes et deux députées fédérales, Heather McPherson (NPD) et Salma Zahid (Parti libéral), ont demandé au gouvernement d’accélérer le traitement des demandes de visas d’étudiants déposées par des Palestiniens et Palestiniennes.

Ils ont surtout souligné l’urgence humanitaire : plusieurs étudiants acceptés dans des universités canadiennes restent actuellement bloqués en Palestine ou dans des pays voisins. Certains ont même perdu la vie avant de pouvoir venir.

Selon eux, ces visas devraient être traités aussi rapidement que ceux accordés à des populations fuyant d’autres conflits, comme en Ukraine. Ce qui n’est actuellement pas le cas, dénoncent-ils.

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Irwin Cotler, ancien ministre de la Justice et fondateur du Centre Raoul Wallenberg pour les droits de la personne, a annoncé mardi la création d’une coalition parlementaire multipartite sur le Soudan.

Le Centre a tiré la sonnette d’alarme sur l’aggravation de la crise au Soudan, dénonçant des massacres, des violences sexuelles et l’entrave à l’aide humanitaire, notamment à El-Fasher, où les civils sont massivement pris pour cible.

Il appelle la communauté internationale, dont le Canada, à condamner fermement ces atrocités, à exiger un cessez-le-feu immédiat et à garantir un accès humanitaire sans restriction.

Irwin Cotler a demandé un engagement renforcé en faveur de la protection des civils et du soutien aux réfugiés.

Le groupe a également insisté sur la nécessité de mettre fin à l’impunité en poursuivant les responsables de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.

Contexte au Soudan : Le Soudan – et notamment la région du Darfour – est le théâtre depuis 2023 d’une guerre civile qui oppose une milice paramilitaire et les Forces armées soudanaises.

Le pays est fermé et le nombre de morts est très difficile à déterminer, mais l’Organisation des Nations unies avançait le 17 novembre entre 200 000 et 450 000 morts et près de 12 millions de déplacés depuis 2023, selon l’ONU le 17 novembre.

Heather McPhreson propose entre autres d’étendre le programme de financement d’emploi étudiant du gouvernement fédéral sur toute l’année. 

Photo : Capture d’écran – CPAC

Heather McPherson et Avi Lewis se sont démarqués mercredi par leur meilleure maitrise du français. La première a parlé 7 minutes et 20 secondes dans la langue de Molière, tandis qu’Avi Lewis comptabilise un peu plus de 6 minutes. Tous les prétendants lisaient des textes pour lesquels ils s’étaient pratiqués.

Le débat avait pour objectif d’offrir un total de 60 % de français et 40 % d’anglais. D’après le chronométrage de Francopresse, la cible n’a pas été atteinte.  

Si Rob Ashton s’est excusé plusieurs fois et a fait valoir qu’il travaillait son français, lui et Tanille Johnston ont affirmé qu’il fallait voir «au-delà» de la barrière de la langue.

«Je suis chanceux, car la langue des travailleurs va au-delà de toute langue. On a travaillé pour le Québec. […] Je vais essayer de toujours mentionner une phrase ou deux en français dans les débats publics», a-t-il offert en anglais, lors d’un débat ouvert.

Avi Lewis est revenu très souvent sur le sujet du cout de la vie. Il dit vouloir imposer «une taxe de 1 % sur le 1 %» des Canadiens les plus riches. 

Photo : Capture d’écran – CPAC

Tanille Johnston a abondé dans son sens, avec une touche personnelle, aussi en anglais : «On peut aller au-delà de la barrière de la langue, si on se lie aux champions locaux. […] Toute ma vie d’adulte, j’ai essayé de réapprendre ma langue autochtone. On est 6 à 10 personnes qui parlent couramment cette langue dans ma communauté, alors je ressens vraiment cet engagement […], comme les Québécois et les francophones avec leur langue. Je sais ce que ça représente d’être menacé.»

La jeune femme Liǧʷiłdax̌ʷ, de la Première Nation WeWaiKai, en Colombie-Britannique, a aussi assuré qu’elle respectait la langue française et qu’elle allait l’apprendre.

Tard dans le débat, Avi Lewis a lancé une flèche pour ses collègues moins à l’aise en français : «On a besoin de parler aux Québécois dans leur langue. Soyons honnêtes : nous ne sommes pas à la hauteur actuellement […]. Cela nous prendra un peu de temps.»

Tanille Johnston dit comprendre les défis des francophones pour conserver leur langue, puisqu’elle fait partie d’un trop petit groupe de personnes – une dizaine – qui parle la Likʷala, la langue de la Première Nation We Wai Kai. 

Photo : Capture d’écran – CPAC

Une place pour les Premières Nations

À ce propos sur la réconciliation, Tanille Johnston a suggéré qu’il fallait arrêter la «paternalisation» envers les Premières Nations en commençant par leur donner accès à de l’eau potable.

Tony McQuail et Heather McPherson ont également condamné le projet de loi C-5, voté en juin, et qui a pour but d’accélérer la construction de grands projets en donnant la permission au gouvernement de passer par-dessus des règles environnementales et de consultation des Autochtones.

Ils ont aussi appuyé la mise en œuvre des appels à l’action de la Commission vérité et réconciliation.

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De très légères différences

Interrogés sur le cout de la vie, Avi Lewis et Heather McPherson ont proposé de déclarer l’état d’urgence nationale. Le premier pour le cout de la vie. La seconde pour le logement, afin de «mobiliser les fonds» pour construire.

La députée fédérale d’Edmonton–Strathcona a proposé notamment de créer plus de coopératives de logement.

Avi Lewis a suggéré quant à lui rendre les «denrées essentielles abordables et limiter le prix des grands magasins».

Rob Ashton s’est excusé plus d’une fois de sa faible connaissance du français, mais a promis qu’il allait l’apprendre. 

Photo : Capture d’écran – CPAC

Tandis que Tanille Johnston a affirmé qu’il fallait surmonter les «obstacles interprovinciaux», Rob Ashton a soutenu qu’il fallait demander à la Banque du Canada de prendre en compte l’effet sur les emplois quand elle prend des décisions sur le taux directeur. «On s’en fout de l’inflation faible s’il n’y a aucun emploi!», a-t-il tonné.

Avi Lewis est celui qui a le plus attaqué Mark Carney, en commençant par le fait que son plan est de «donner de l’argent aux corporations et aux entreprises».

L’annonce de l’accord signé entre Ottawa et l’Alberta pour un oléoduc de qui traverserait la Colombie-Britannique, malgré le refus de cette province, a donné l’occasion à Tony McQuail tendre la main aux «libéraux déçus, comme M. Guilbeault».

Ce dernier faisait référence au départ du désormais ex-ministre de l’Identité et de la Culture canadiennes, responsable également des Langues officielles. Avant ce rôle, il avait été ministre de l’Environnement du Changement climatique sous Justin Trudeau. L’entente pouvant mener à la construction d’un oléoduc et les détails qui l’accompagnent ont été l’ultime couleuvre pour l’ex-ministre.

Sans s’opposer frontalement, les candidats et candidates à la chefferie du NPD ont chacun insisté sur des points différents. Comme Tony McQuail, le doyen des cinq, qui a proposé à plusieurs reprises de réformer le système électoral. Il privilégie d’abandonner l’uninominal à un tour pour la représentation proportionnelle. Tanille Johnston a proposé la même chose.

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Tony McQuail est revenu à plusieurs reprises sur le besoin de changer le mode de scrutin au Canada. Selon lui, rien d’autre ne pourra changer sans cette transformation de base. 

Photo : Capture d’écran – CPAC

Reconstruction du parti et plans

Interrogé sur le futur du NPD au Québec et ce que le parti pourrait apporter, Heather McPherson a fait valoir en français que «notre route vers la victoire passe par le Québec, par chaque communauté francophone, incluant la mienne».

Elle a mis son expérience de députée fédérale de l’avant et a remercié Alexandre Boulerice, le seul député du parti de la province francophone. Heather McPherson a aussi misé sur les soins de santé publics, tout comme son collègue Avis Lewis, qui souhaite que ces derniers soient gratuits, de même que les transports publics.

Son collègue Rob Ashton a affirmé de son côté que le parti devait être la voix «des travailleurs et des régions» et qu’il est nécessaire de «ramener [le NPD] à ses sources, les travailleurs».  

Tony McQuail a mis de l’avant une «coalition verte» dans un français laborieux. Avi Lewis a expliqué dans la même langue que les Québécois «veulent un champion de l’action climatique. Le Québec est le cimetière des pipelines sales».

Avi Lewis croit que le chemin de retour du parti vers la victoire passait par le bannissement du pétrole, du gaz et des énergies fossiles. «Mais avant, il faut créer des emplois dans les énergies propres», a-t-il ajouté.

TV5 Québec Canada a déjà été contraint de réduire récemment ses effectifs de 20 %, en supprimant 15 postes. «Ce qui est important pour une petite entreprise comme la nôtre», rappelle le président-directeur général, Yann Paquet.

«On va continuer aussi la conversation avec nos partenaires au niveau du gouvernement fédéral et du gouvernement du Québec. Je pense que tout le monde est très conscient de la fragilité de la situation», dit Yann Paquet. 

Photo : Courtoisie

«On a travaillé très fort dans les derniers mois à réduire nos couts d’opération […] On avait besoin de cette aide supplémentaire-là pour pouvoir maintenir nos investissements en contenus originaux. Ça va être difficile de le faire», poursuit-il.

Cette augmentation de 0,02 $ devait permettre à l’organisme d’assurer son équilibre financier et de poursuivre la mission de diffusion de ses deux chaines : TV5, consacrée à la francophonie internationale, et Unis TV, qui a pour mandat de refléter la diversité des francophonies canadiennes.

Actuellement, les abonnés du marché francophone paient 0,28 $ par mois, ceux de langue anglaise 0,24 $.

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Un écosystème fragile

En 2023, les revenus de TV5 Québec Canada s’élevaient à un peu plus de 34 millions de dollars, soit une baisse d’environ 6 % depuis 2019.

C’est en baisse d’année en année. On travaille actuellement à essayer de ramener davantage de revenus publicitaires dans notre organisation. On poursuit le travail avec nos partenaires, mais c’est certain qu’on a besoin qu’il y ait des choses qui bougent rapidement.

— Yann Paquet

Le PDG souligne que cette décision fragilise tout l’écosystème de créateurs et de producteurs francophones d’un océan à l’autre. «Cela risque d’empêcher des gens de pouvoir travailler, créer des émissions de télévision dans leur langue un peu partout.»

Carol Ann Pilon de l’APFC rappelle le rôle essentiel des télédiffuseurs dans l’écosystème audiovisuel francophone. 

Photo : Courtoisie

Moins les diffuseurs ont de revenus, «moins ils sont en mesure de déclencher des projets et de commander de nouvelles émissions», commente la directrice générale de l’Association des producteurs francophones du Canada (APFC), Carol Ann Pilon.

«Ils sont une maille de la chaine très importante […] Ils représentent entre 30 et 35 % du financement d’un projet», ajoute-t-elle. Les montants qu’ils sont capables d’injecter peuvent avoir un impact sur la qualité et l’offre disponible.

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Une décision rendue «sous peu»

Bien que le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) reconnaisse «l’importance exceptionnelle» de TV5 et Unis TV pour le système de radiodiffusion canadien, il a choisi de reporter l’examen des tarifs «afin de pouvoir les évaluer à la lumière de cadres règlementaires actualisés», écrit sa porte-parole par courriel.

Dans un contexte de mise en œuvre de la Loi sur la radiodiffusion modernisée, le CRTC mène actuellement plusieurs consultations afin de réviser et d’actualiser ses cadres règlementaires. Celles-ci «pourraient influencer les demandes d’augmentation des tarifs de gros, dont celle de TV5/UNIS», explique-t-il.

Le 18 novembre, le CRTC a rendu une première décision issue d’une consultation sur le soutien de la programmation canadienne. Une seconde, portant notamment sur les dépenses en émissions canadiennes, «sera publiée sous peu», promet le CRTC.

Pas de fermeture à prévoir

Le bateau chavire, mais il ne coule pas. Bien que la situation soit urgente, TV5 Québec Canada reste à flot, assure Yann Paquet.

L’impact à court terme, ce ne sera pas la fermeture de TV5 Québec Canada; ça va être qu’on ne sera pas en mesure de continuer à remplir notre mission, particulièrement auprès des producteurs de contenus originaux.

— Yann Paquet

L’organisme risque aussi de ne pas pouvoir respecter les obligations règlementaires qui lui sont imposées par le CRTC, comme investir 55 % de ses revenus de l’année précédente en contenu canadien.

«C’est notre mission, on la prend à cœur, mais ça va devenir difficile de respecter cette condition-là puis de continuer à jouer notre rôle dans l’écosystème», déplore Yann Paquet.

«Un partenaire essentiel»

«C’est sûr qu’on va poursuivre la conversation avec le CRTC. C’est un partenaire essentiel. On comprend qu’il y a d’autres décisions qui doivent venir. On espère qu’elles vont nous permettre de trouver des solutions pérennes», indique Yann Paquet.

Deux voix sortent néanmoins du lot au sein des membres du CRTC : celles du vice-président des Télécommunications, Adam Scott, et du conseiller Bram Abramson.

«Tout le système de radiodiffusion est en transition et fait face à des perturbations et incertitudes importantes. C’est aussi vrai pour nos demandeurs. Cela nous incite davantage à prendre des décisions maintenant, plutôt que de les reporter», peut-on lire dans la décision rendue le 21 novembre.

Ces opinions divergentes restent révélatrices aux yeux de Yann Paquet : «Elles soulignent quand même que pour eux, il y a une décision qui aurait dû être rendue maintenant et que si quelque chose de différent s’avérait nécessaire plus tard en fonction des autres décisions qui seront prises, il y aura toujours moyen d’adapter en conséquence.»

«On n’a pas été rassuré par le CRTC, mais on pense quand même que la table est mise pour qu’on puisse avancer en collaboration avec eux», résume-t-il.

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L’un des trois règlements attendus par les communautés de langue officielle minoritaires (CLOSM) a été déposé le 26 novembre à la Chambre des Communes. Le ministre responsable des langues officielles, Steven Guilbeault, a déposé l’avant-projet de règlement.

Trois catégories de sanctions sont mises en place. Le Type A correspond à des violations liées aux services conventionnés et est associé à des amendes pouvant aller jusqu’à 25 000 $.

Le Type B vise d’autres les «manquements à la partie IV (communications et services au public)» de la Loi sur les langues officielles. Ils peuvent faire l’objet d’une pénalité jusqu’à 50 000 $.

Le Type C couvre des violations touchant la santé ou la sécurité du public. Ce dernier dispose d’une palette de sanction très large puisque les entités visées pourraient devoir débourser entre 5000 et 50 000 $.

– Mise à jour le jeudi 27 novembre à 15 h 21 –

50 000 $ mais…

La Loi mentionne que le plafond des sanctions administratives pécuniaires est de 25 000 $.

Dans ce nouveau règlement, si le gouvernement double la sanction pécuniaire à 50 000 $, par rapport à la limite de 25 000 $ évoqué dans la Loi sur les langues officielles, les sanctions imposées en vertu du règlement pourront être contestées en cour.

En entrevue avec Francopresse, le ministre de l’Identité et de la Culture canadiennes et ministre responsable des Langues officielles, Steven Guilbeault, ne commente pas directement cette disparité.

En revanche, il affirme que le règlement est modifiable pour aider le commissaire à encadrer ses nouveaux pouvoirs : «Comme gouvernement responsable, si jamais je vois qu’il y a une organisation dans le portefeuille où ça ne va pas, il y a trop de demandes, où il n’y a pas assez de ressources, on est capable de corriger le tir. […] Et si au besoin, on voit que ça ne fonctionne pas, qu’il faut faire des changements, on est prêt à le faire.»

– –

Le projet de règlement donne le pouvoir au commissaire aux langues officielles de déterminer le montant d’une sanction en fonction d’une liste de critères aggravants ou atténuants. Ils comprennent la fréquence ou la répétition de la violation, ses impacts réels ou potentiels sur les personnes concernées, les efforts déployés pour corriger la situation, ainsi que la taille et la capacité d’action de l’organisation.

La liste de ces critères vise à assurer une application des sanctions adaptée à chaque situation d’infraction de la Loi.

La période de consultation publique pour le projet de règlement est lancée. Il entrera officiellement en vigueur lorsqu’il pourra être adopté après cette période.

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Le commissaire aux langues officielles aura de nouveaux pouvoirs de sanctions grâce à une nouvelle application de la Loi sur les langues officielles, publiée le 26 novembre. 

Photo : Courtoisie CLO

Réaction du principal intéressé

Le commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge, a réagi par écrit dans un courriel à Francopresse au dépôt. «Mon équipe et moi ferons une analyse approfondie de l’avant-projet de règlement afin d’en comprendre la nature et la portée sur les opérations du Commissariat, les communautés de langue officielle en situation minoritaire et la population canadienne.»

«Les attentes envers le régime linguistique modernisé sont élevées, et il est essentiel que le gouvernement se donne les moyens de les rencontrer. Les règlements sont fondamentaux à la mise en œuvre de mes pouvoirs, qui protègeront davantage les communautés de langue officielle en situation minoritaire et la population canadienne.»

«J’attends encore avec impatience le dépôt au Parlement des avant-projets de règlements sur la Loi sur l’usage du français au sein des entreprises privées de compétence fédérale (LUFEP) ainsi que sur la partie VII de la Loi sur les langues officielles afin de pouvoir tirer pleinement parti de tous les pouvoirs que me confère la Loi sur les langues officielles modernisée.»

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L’importance des sanctions

À travers ces amendes, ce sont davantage la confiance des voyageurs que le gouvernement tente de rétablir. Le projet de règlement mentionne qu’il a pour but de «réduire la fréquence des manquements à la Loi sur les langues officielles et renforcer la confiance du public envers les institutions fédérales».

Le commissaire aux langues officielles avait jusqu’à présent seulement le pouvoir de traiter les plaintes et d’émettre des recommandations avant que le les personnes qui portent plainte n’aient le choix de saisir la justice. Ces pouvoirs de sanctions monétaires sont donc tous nouveaux.

L’affaire qui avait déclenché la fureur des francophones et qui est en bonne partie à l’origine de ce règlement concerne le PDG d’Air Canada, Michael Rousseau, qui avait prononcé un discours à la Chambre de commerce de Montréal exclusivement en anglais. Il avait aussi affirmé qu’il ne rencontrait pas de problème à Montréal sans parler français.

Une semaine plus tard, le Commissariat aux langues officielles avait reçu plus de 2000 plaintes à propos du transporteur aérien.

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L’annonce du budget du gouvernement de Mark Carney n’a pas changé grand-chose, amorce Emmanuelle Billaux, directrice générale chez Actions Femmes Île-du-Prince-Édouard.

Quelques jours avant le dépôt du budget, plus de 660 millions de dollars sur cinq ans ont été annoncés pour le ministère des Femmes et de l’Égalité des genres (FEGC). «C’est plus gros que ce qui était annoncé avant les coupures – mais c’est plus petit que ce qu’on avait sur les dernières années», dit-elle.

Selon l’Union culturelle des Franco-Ontariennes (UCFO), cette enveloppe équivaut à 120 millions de dollars par année, contre 427 millions l’année précédente. Soit une réduction de 72 %.

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Pas de lentille francophone

Surtout, ce qui nous garde dans la crainte, c’est qu’il n’y a aucune mention des femmes francophones dans le budget, il n’y a aucune target spécifique pour la minorité linguistique.

— Emmanuelle Billaux

La directrice générale de l’Alliance des femmes de la francophonie canadienne (AFFC), Soukaina Boutiyeb, abonde dans le même sens : «Il y a eu un manque d’explication sur comment ce budget serait associé par rapport à la francophonie canadienne.»

L’AFFC discute actuellement avec Ottawa, «mais à l’heure où on parle, rien ne nous garantit que justement des financements seront accordés aux organisations de femmes de la francophonie canadienne», statue-t-elle.

L’UCFO craint une baisse des services et des programmes de soutien pour les femmes vivant de la violence et un affaiblissement du tissu associatif rural.

Pour Sylvie Gravelle de l’UCFO, le gouvernement fédéral ne prend pas en compte les besoins des minorités linguistiques. 

Photo : Courtoisie

«On a toujours des isolements linguistiques dans nos villages. Quand on est rural, on a déjà des services qui ne sont plus là, puis les dames sont inquiètes que les services soient encore coupés, rapporte la présidente de l’organisme, Sylvie Gravelle. Elles ont l’impression d’être des citoyennes de seconde zone.»

La responsable trouve que le fédéral oublie les femmes et les francophones. «S’ils veulent avoir un Canada fort, c’est un pays où les femmes francophones vivent en sécurité […] Ce sont nos subventions qui peuvent aider ça, on ne veut pas devenir invisibles. On ne veut pas perdre notre langue.»

«Le gouvernement du Canada est déterminé à soutenir les femmes partout au pays, y compris dans les communautés francophones», assure le ministère FEGC dans un courriel à Francopresse.

Il rappelle que le gouvernement du Canada applique l’Analyse comparative entre les sexes plus pour s’assurer que ses programmes et initiatives tiennent compte de la diversité des identités et des contextes, y compris des communautés francophones.

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«On est résilientes»

«Malgré les discours sur la vitalité du français et les promesses en matière d’immigration francophone, aucune mesure concrète n’est prévue pour renforcer les services en français dans les régions où les besoins sont criants», dénonce encore l’UCFO dans un communiqué.

L’organisme demande une ventilation annuelle transparente des montants annoncés, le maintien des budgets opérationnels accordés aux programmes d’égalité et aux organismes communautaires et un fonds protégé pour les services en français en milieu minoritaire.

«On est inquiètes, mais en même temps, on est résilientes, témoigne de son côté Emmanuelle Billaux. Depuis le début de l’été, je cherche des fonds pour l’année prochaine ailleurs qu’à FEGC tant que je ne sais pas quel est le projet applicable.»

Car pour avoir accès aux subventions, encore faut-il rentrer dans les bonnes cases.

Les femmes francophones, ce n’est pas un groupe homogène; c’est une petite partie de femmes en situation de handicap, une petite partie racialisée, une partie immigrante. Déposer un projet pour recevoir peut-être 5, 7, 8000 dollars, finalement, ça ne prend pas en compte le reste de nos femmes. Ce n’est vraiment pas assez.

— Emmanuelle Billaux

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Changer de modèle de financement

C’est pourquoi Actions Femmes I.P.É plaide pour un financement de base. «Le problème des projets, on le sait, c’est que c’est chronophage, c’est de nouvelles idées qu’on doit réinventer et qui ne peuvent pas être réutilisées», détaille Emmanuelle Billaux.

On ne sait pas si nos projets vont être renouvelés ou si les nouveaux vont être acceptés. Donc de la période de février à avril, je ne peux pas garantir un emploi à mon personnel comme à moi.

— Emmanuelle Billaux

«On a l’impression que le gouvernement ne nous entend pas depuis des années quand on leur explique qu’on a besoin d’un financement de base qui garantit un minimum vital», soupire la responsable.

Cela fait deux ans que l’organisme travaille sur une diversification financière, notamment pour ne pas être à la merci des changements politiques.

«On sait très bien qu’au moment des élections, il faudra probablement aller chercher des sous ailleurs et on ne peut pas, dans un avenir proche et éloigné, être financé que par le gouvernement. On voit bien que ça ne fonctionne pas. Pour un mouvement féministe minoritaire, c’est trop de chance de ne pas avoir de financement d’une année sur l’autre.»

L’union fait la force

«Quand on ne donne pas des ressources aux femmes, concrètement sur terrain, ça veut dire qu’on enlève la voix aux femmes», prévient Soukaina Boutiyeb. 

Photo : Courtoisie

«La réalité sur le terrain, c’est que certaines organisations de femmes francophones canadiennes sont en mode de survie, confirme Soukaina Boutiyeb. Elles travaillent sur un essoufflement des bénévoles.»

Pour elle, l’idéal est d’avoir deux types de financement : un à projet pour répondre à des besoins particuliers et un de base, afin d’apporter des changements systémiques.

Créer des partenariats avec d’autres organismes fait également partie de la solution. Emmanuelle Billaux cite en ce sens le rôle de l’AFFC. «Je n’ai pas l’impression de me battre toute seule contre Ottawa.» Actions Femmes I.P.É et les autres associations féministes de la province se serrent aussi les coudes.

La pétition lancée par l’AFFC à la veille du budget pour mobiliser la population canadienne a récolté plus de 900 signatures. «On a été très contentes de voir l’appui qu’on a reçu», signale Soukaina Boutiyeb.

Le rapport du Commissariat aux langues officielles (CLO) rappelle que l’actuel Plan d’action pour les langues officielles a consacré 4,1 milliards de dollars dans divers programmes et secteurs relatifs aux deux langues officielles du Canada.

Malgré cela, son constat reste le même, rapport après rapport : le gouvernement a du pain sur la planche dans plusieurs dossiers.

Décalage entre les besoins et la réalité

Là où le bât blesse, ce sont les montants attribués aux communautés de langue officielle en situation minoritaire (CLOSM) note le rapport : des sommes, comme pour l’éducation, ne correspondent pas aux besoins rapportés par les organismes sur le terrain.

Certains fonds n’ont pas été indexés depuis plus de 10 ans, comme a expliqué au commissaire la Fédération nationale des conseils scolaires francophones, «qui a revendiqué pendant plusieurs années une majoration des fonds fédéraux, car plusieurs conseils scolaires de langue française se trouvent en difficulté», rapporte le document.

Pour corriger cette situation – en éducation et dans d’autres secteurs –, le commissaire demande que les fonds fédéraux soient versés directement aux communautés et non aux provinces ou territoires, «à défaut de clauses et d’ententes contraignantes».

Cette demande est notamment faite par le milieu de l’éducation francophone en situation minoritaire depuis des années, comme l’a rapporté Francopresse.

À l’instar du Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique, certains intervenants craignent que les provinces et territoires gardent une part d’une augmentation du financement pour les langues officielles et l’assignent d’autres postes budgétaires.

Selon le CLO, le financement fédéral devrait, dans la mesure du possible, être versé directement aux communautés, sauf si des clauses contraignantes dans des ententes offrent plus d’assurances que les fonds serviront bien aux CLOSM.

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Objectif du rétablissement de poids démographique des francophones

La Loi sur les langues officielles modernisée en 2023 demande au gouvernement d’adopter des politiques qui rétabliront le poids démographique des communautés francophones hors Québec à 6,1 %, rappelle le rapport. Il déplore du même souffle qu’aucune échéance n’ait été établie par le gouvernement pour atteindre cet objectif.

Une cible accrue de 12 % de nouveaux résidents permanents d’expression française par année d’ici 2029 constitue toutefois un «progrès», salue le commissaire.

Ce dernier affirme que la réussite dépend d’une bonne intégration et de la rétention des nouveaux arrivants.

Enfin, il manifeste son inquiétude quant au décalage entre l’information fournie à l’étranger par Immigration, réfugiés et citoyenneté Canada (IRCC) et la réalité des défis de vivre dans les communautés francophones minoritaires.

Plusieurs intervenants ont avoué leur embarras de voir le personnel d’IRCC offrir aux nouveaux arrivants potentiels une vision du “vivre en français” qui minimise les difficultés auxquelles ils feront face en milieu linguistique minoritaire. Je crains que cette situation décourage plusieurs nouveaux arrivants et influence leur décision de quitter leur région d’accueil, ou même le Canada

— Raymond Théberge

En conférence de presse mardi, il précise qu’IRCC doit «être clair à propos des réalités sur le terrain dans nos communautés minoritaires. Il y a des défis au niveau de l’employabilité, d’être en mesure de travailler en français dans certaines communautés. Trop souvent, on crée l’impression qu’on peut […] tout de suite commencer à travailler en français.»

Une telle attitude de la part du gouvernement pourrait nuire à l’attraction et à la durabilité de l’immigration francophone, ajoute-t-il.

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Les fonds, la reddition de compte et les clauses

Dans son rapport, le commissaire aux langues officielles est très clair sur un autre enjeu : les retards dans l’attribution des fonds ne font qu’exacerber l’instabilité des organismes communautaires. En découlent parfois des mises à pied et des services réduits. Des demandes de subventions sont parfois confirmées à quelques mois ou semaine de l’échéance pour faire les dépenser.

Ce problème rejoint l’une des critiques principales du commissaire dans son bilan : «Il n’y a pas d’approche commune au sein du Plan d’action» dans la manière d’attribuer les fonds.

Il reproche également la rigidité et la complexité de la reddition de compte opérée par les institutions fédérales. Le commissaire a d’ailleurs récemment réprimandé le Conseil du Trésor lors d’un passage devant le comité sénatorial des langues officielles, le 6 octobre, pour le manque d’engagement de ce ministère.

Le Conseil du Trésor «continue d’émettre des directives qui n’en sont pas», avait-il déploré. «Il y a trop de flexibilité des institutions fédérales pour faire la mise en œuvre de la Loi sur les langues officielles», avait-il poursuivi.

Dans le rapport, Raymond Théberge cite l’exemple du Programme pour les langues officielles en santé (PLOS), qui émane du plan d’action.

Ce programme dispose de 206,7 millions de dollars entre 2023 et 2028, mais les conditions de reddition de compte affectent négativement la capacité des organismes à servir les communautés. Sans compter que la bonification de 10 % de son financement ne suffit pas à contrer l’augmentation du cout de la vie, fait valoir Raymond Théberge.

Ainsi, le commissaire invite le gouvernement à intégrer une plus grande souplesse dans la mise en œuvre du Plan d’action d’ici son échéance. Il recommande aussi de prendre en compte les incidences de chaque initiative prise par les différentes institutions.

Pour cela, le document interpelle le gouvernement sur l’un des trois règlements les plus attendus : la partie VII de la Loi sur les langues officielles, celui qui concerne la promotion du français et de l’anglais. Il devra être au cœur de l’action gouvernementale pour la deuxième partie du plan d’action, prévient Raymond Théberge.

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