Moins intense, mais plus étendu que l’ouragan Juan qui avait frappé la Nouvelle-Écosse et l’Île-du-Prince-Édouard en 2003, Dorian aura laissé sa trace.
Évidemment, ce n’est rien à comparer aux ravages que ces ouragans ou tempêtes peuvent faire dans les Caraïbes, au Mexique ou aux États-Unis, comme l’ont malheureusement vécu les Bahamas avec Dorian.
Il n’en reste pas moins que Juan et Dorian et les autres fortes tempêtes à avoir «visité» le Canada atlantique ne sont qu’un aperçu de ce que l’avenir nous réserve, selon plusieurs experts en la matière.
«La fréquence des ouragans n’augmentera pas nécessairement, mais ceux qui vont nous toucher risquent d’être d’une force plus élevée en raison du réchauffement de l’atmosphère,» souligne Bob Robichaud, météorologue au Centre canadien de prévision des ouragans.
En d’autres mots, il y aura davantage d’ouragans qui maintiendront leur statut d’ouragan en arrivant au Canada atlantique.
Pas que de l’érosion
L’un des dommages les plus permanents qu’occasionnent les fortes tempêtes est l’érosion des côtes. Et comme les niveaux de la mer ne cessent d’augmenter, les effets néfastes seront de plus en plus sévères.
«Les niveaux de la mer augmentent d’environ sept centimètres tous les 18 ans. En Nouvelle-Écosse, on commence à subir des inondations provoquées uniquement par les marées hautes, sans qu’il y ait de tempête», précise Bob Robichaud.
Selon lui, les côtes de la Péninsule acadienne, dans le nord-est du Nouveau-Brunswick, et l’isthme de Chignectou, qui relie la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick, sont les plus à risque. D’ailleurs, en septembre dernier (2019), un couple de Cap-Bateau, sur l’ile Lamèque, dans la Péninsule acadienne, a dû déménager sa maison située le long de la côte, ce qui lui a couté environ 50 000 $. Les propriétaires affirment qu’au fil des années, les tempêtes ont rongé près de 10 mètres de leur terrain.
Comment se protéger contre ces évènements de plus en plus dévastateurs? Adam Fenech, qui dirige le Laboratoire de recherche sur le climat de l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard, a une réponse toute simple. «Voici ce que je recommande toujours : simplement ne pas construire si près des côtes.»
Les tempêtes ne sont pas les seuls facteurs entrainant l’érosion des côtes. La montée des niveaux de la mer, la fonte des neiges aux printemps, les glaces et même l’écoulement des eaux de la nappe phréatique vers la mer y contribuent également. À l’Ile, on estime que la mer gruge en général environ 30 cm de côtes par année. À certains endroits, cela va jusqu’à plus d’un mètre, voire plus de 5 mètres. «Je ne suis pas sûr que l’on puisse dire que l’érosion augmente, mais ce qui est certain, c’est qu’il y a assurément une augmentation du nombre d’endroits où l’érosion est notable, ajoute Adam Fenech. Et chaque année, nous trouvons de plus en plus d’endroits où l’érosion est considérable.»
Mieux préparés
Signe que les fortes tempêtes et autres évènements météorologiques sont plus fréquents : on constate au sein de l’Organisation des mesures d’urgence (OMU) du Nouveau-Brunswick un niveau de préparation plus élevé au sein de la population. Le porte-parole de l’organisme, Geoffrey Downey, souligne que son équipe a vu une différence entre les fortes inondations le long du fleuve Saint-Jean de 2018 et l’épisode Dorian. «On a vu qu’il n’y a pas eu de blessure sévère lors de la tempête Dorian. Ce que ça nous dit, c’est que les gens ont pris les avis au sérieux. Ils étaient prêts. On est assez convaincu que les gens étaient mieux préparés.»
Geoffrey Downey explique que pour l’OMU du Nouveau-Brunswick, un ouragan, une inondation, une tempête de verglas ou autres phénomènes change peu la préparation. «Une urgence est une urgence», souligne M. Downey. On ne peut pas contrôler la météo, mais on peut contrôler notre niveau de préparation. Ça peut sauver notre vie.»
Malheureusement, les gens du Canada atlantique auront de plus en plus l’occasion de mettre ces conseils en pratique.
Évènements météo marquants
Selon Environnement Canada
- 24 et 25 aout 1927 : En Atlantique, un ouragan emporte des routes, crée des inondations et provoque la mort de 56 personnes en mort, au large de Terre-Neuve.
- 15 aout 1971 : L’Ouragan Beth inonde la Nouvelle-Écosse de 300 mmm de pluie, juste avant les récoltes. La partie est de la province est isolée par l’inondation des rotes et des ponts.
- 11 septembre 1995 : Au large de Terre-Neuve, l’ouragan Luis provoque la plus haute vague mesurée, qui atteint 30 mètres et s’écrase sur un paquebot.