Lancés en septembre 2021, les États généraux culminent les 24 et 25 mars par un Sommet virtuel, l’occasion de faire le point sur les six ateliers et les quatre forums citoyens tenus dans les derniers mois, et d’envisager des pistes de solution pour l’avenir.

Lynn Brouillette, présidente-directrice générale de l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne.
Lynn Brouillette, présidente-directrice générale de l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC), se réjouit qu’il y ait eu «énormément d’engouement et d’intérêt pour toute la démarche des États généraux» et rappelle que «les établissements postsecondaires n’existent pas pour eux-mêmes, ils existent pour répondre aux besoins des communautés».
À ses yeux, il est ressorti très clairement au cours des derniers mois que les 22 collèges et universités membres de l’ACUFC «viennent nourrir le continuum en formant les professionnels», notamment dans le milieu de la petite enfance et de l’éducation primaire et secondaire, où les pénuries sont particulièrement criantes en francophonie minoritaire.
L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) identifie d’ailleurs «le continuum de l’éducation de langue française de la petite enfance au postsecondaire» comme l’un des trois facteurs ayant le potentiel de «jouer un grand rôle pour augmenter la main-d’œuvre francophone et bilingue» dans sa Plateforme franco, élaborée en vue des élections générales ontariennes de 2022.
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Des défis de la garderie à l’université
Les provinces et territoires ne sont cependant pas tous égaux en matière de continuum en éducation : «À certains endroits, il y a autant de jeunes enfants inscrits sur des listes d’attente qu’il y en a dans les garderies», souligne Lynn Brouillette.

Les garderies francophones sont le premier maillon du continuum en éducation.
Cette problématique «dès le premier maillon du continuum» peut avoir des répercussions à long terme, avertit la présidente-directrice générale de l’ACUFC : «Si un enfant n’a pas de place de garde en français, on n’a pas le choix que de l’inscrire en anglais. Ça amène toute une dynamique où le jeune est socialisé en anglais, donc ensuite les parents peuvent se poser la question de l’inscrire à l’école en anglais.»
Les défis sont aussi nombreux au postsecondaire, comme l’ont mentionné plusieurs étudiantes et étudiants lors du premier atelier des États généraux : choix restreint de programmes, insécurité linguistique et manque de promotion des établissements francophones en milieu minoritaire, entre autres.
«Les établissements postsecondaires font partie des communautés, ils entendent ces enjeux-là et sont en lien avec les étudiants», assure Lynn Brouillette.
Pour y remédier, l’une des solutions mises de l’avant au cours des États généraux est la création de partenariats entre les divers établissements : «J’ai eu un signal très fort de mes 22 membres qu’ils veulent vraiment augmenter les collaborations», souligne encore la présidente-directrice générale.

L’édifice Guigues de l’Université Saint-Paul, à Ottawa, profitera d’une cure de rajeunissement totalisant 6,8 millions $, provenant à parts égales du gouvernement fédéral et du gouvernement de l’Ontario.
Elle estime que cette volonté sera rendue possible notamment par l’enveloppe de 121 millions $ sur trois ans prévue dans le budget fédéral 2021-2022 pour l’éducation postsecondaire en situation minoritaire.
«Maintenant qu’il va y avoir un peu plus de ressources financières, ça va permettre de faire des collaborations – parce qu’on sait très bien que c’est très laborieux faire des collaborations. L’éducation c’est de compétence provinciale et on veut faire des collaborations interprovinciales, donc il faut composer avec des contextes différents, ce qui demande énormément de travail», insiste Lynn Brouillette.
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Des changements «permanents et durables»
Pour les prochaines années, l’ACUFC se donne aussi le mandat de suivre «de très près» les fonds dédiés au postsecondaire, dont l’enveloppe de 121 millions $. Le financement étant probablement l’enjeu le plus important pour la pérennité du postsecondaire en contexte francophone minoritaire, il apparait essentiel pour l’organisme de s’y intéresser de près.
On va s’assurer aussi que l’argent ne vienne pas remplacer d’autres enveloppes qui étaient déjà là parce que sinon on n’est pas plus avancés! Les besoins sont tellement importants qu’il ne faudrait surtout pas que ça arrive.
L’un des ateliers des États généraux a d’ailleurs porté sur l’importance d’entretenir des liens étroits avec les divers gouvernements, l’un des axes du plan stratégique 2020-2025 de l’ACUFC.
Le Sommet des 24 et 25 mars sera ainsi une occasion «d’aller plus loin, de commencer à imaginer déjà des solutions aux enjeux», indique Lynn Brouillette.
«On cherche des solutions cohérentes, systémiques – parce qu’on veut que ça vienne changer des systèmes, qu’il y ait des changements permanents et durables pour assurer la pérennité du secteur. La démarche des États généraux est quand même très laborieuse, on ne veut pas être obligés de faire ça aux cinq ans!»
Le Guide de participation active au Sommet des États généraux offre un regard sur les conclusions des ateliers et des forums citoyens organisés par l’ACUFC et la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, ainsi que sur les activités prévues les 24 et 25 mars.
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