Vent de douceur de l’Ouest
Pochette de l’album Victoires et défaites.
Une fraicheur nous vient des Rocheuses, une voix douce, qui nous interpelle comme un rendez-vous doux entre deux vieilles connaissances. Paul Cournoyer, bassiste auteur-compositeur-interprète originaire de Calgary, nous propose un deuxième opus solo : Victoires et défaites.
L’artiste franco-albertain résume l’ensemble de ses expériences pour nous offrir onze plages à saveur folk rock et pop-rock où jeux de guitares et trames de piano séduisent.
Paul Cournoyer a conçu des orchestrations dont la profondeur n’a d’égal que celle des textes proposés. Sa plume nous interpelle sur l’essentiel, la vérité, l’instant présent et l’intégrité.
Quelques moments forts de l’album comprennent C’est bien comme ça, qui nous rappelle que malgré les détours, l’important c’est nous. Parfois est une superbe ballade sur le futur et l’inconnu. Avec Ça coule dans notre sang, l’artiste visite également l’univers blues pour nous parler de nos racines et de notre destin. La pièce titre Victoires et défaites nous rappelle de son côté qu’il y a toujours un prix à la réussite et à la victoire.
Chansons traditionnelles revisitées
Prairie Comeau est la rencontre de deux excellents musiciens, maitres de leurs instruments. Benoit Archambault, jadis de la formation Mes aïeux, et Anique Granger, autrice-compositrice-interprète de la Saskatchewan, nous invitent dans le jardin de notre inconscient avec L’emprunt(e) vol.1.
Ce jardin est celui de la bonne chanson traditionnelle d’avant les années 1960. Un effort de sobriété vient ajouter une certaine profondeur au produit final. Les voix de Benoit Archambault et Anique Granger sont un velours pour l’ouïe, on s’en rend compte dès la première pièce du EP; Tout passe.
Pochette de l’album L’emprunt(e) vol.1.
La réussite de ce produit tient aussi aux arrangements proposés. De merveilleux musiciens accompagnent le duo, dont un certain Michel Lalonde de Garolou sur la magnifique chanson Comment veux-tu.
Un autre moment percutant est l’interprétation de la pièce Les amants malheureux. Benoit et Anique nous livrent le texte tout en chuchotement. Ils terminent cet EP en offrant une version à capella tout à fait magistrale de La chère maison.
Un devoir de souvenir, c’est ce que nous offrent Benoit Archambault et Anique Granger. Prairie Comeau effectue un travail de relecture remarquable d’une sélection de chansons traditionnelles inoubliables. L’emprunt(e) vol.1 est un moment de tendresse fort appréciable et on ne peut qu’attendre avec impatience le vol. 2.
Vingt ans de carrière
En guise de célébration pour ses quinze ans de carrière, l’auteur-compositeur-interprète acadien Joseph Edgar nous livrait un album double. 2004-2014 Point picot est une belle sélection des meilleures compositions de cet artiste.
Joseph Edgar est un artiste acadien, auteur de l’album 2004-2014 Point picot.
Comprenant deux disques, cette compilation nous rappelle de beaux souvenirs. L’artiste offre des classiques revisités, en version live et, bien entendu, quelques inédits. On retrouve ainsi les Jo, Jane et Jim, Espionne russe, Oh ma ma! et Y’a un train qui s’en vient et bien d’autres belles chansons.
Quant aux inédits, il y a Black Jetta Blues, qui offre un jeu de guitare captivant, Entre les craques (le calepin d’un flâneur partie II)), l’un des excellents textes de l’album, Mille requiems, une belle trame folk intéressante, et Loin, loin, loin, un petit texte vraiment touchant.
Joseph Edgar, ex-membre de la formation acadienne Zéro Degré Celsius, voulait sortir un album solo. S’attendait-il à une carrière aussi fascinante? Peu importe, l’important est qu’il est l’un des artistes acadiens les plus importants de sa génération.
2004-2014 Point picot est un point d’arrêt pour regarder le chemin parcouru afin de mieux continuer. Pour ses 20 ans de carrière, Joseph Edgar vient tout juste de nous offrir un nouvel album original, que l’on analysera sous peu.
On connait la chanson : «c’est une langue belle» ou encore «c’est la langue de mon cœur»… Les airs ne manquent pas pour professer son amour de la langue française ni pour rappeler qu’elle est en danger.
En effet, l’avenir du français suscite des inquiétudes, qu’elles portent sur la pureté de la langue ou sur sa survie au Canada. Des décennies de politiques culturelles pour protéger cette langue et de sorties publiques dénonçant les phénomènes, et le plus souvent les groupes, qui la menacent nourrissent ces préoccupations.
Amour et crainte
Les deux sentiments – amour et crainte – vont d’ailleurs souvent de pair, comme dans les cris du cœur partagés par le journaliste et politicien Jean-François Lisée et le sociologue Joseph Yvon Thériault.
Joseph Yvon Thériault est professeur à l’Université du Québec à Montréal depuis 2008, après avoir enseigné à l’Université d’Ottawa pendant 30 ans (de 1978 à 2008), où il a notamment été titulaire de la chaire de recherche Identité et francophonie.
Tous deux s’inquiètent du fait que le français n’est pas la langue d’usage autour d’eux, soit à Montréal. Ils témoignent d’une blessure à l’amour-propre des membres de la population québécoise ou francophones blanc·hes dont les familles sont au pays depuis plusieurs générations.
Comme beaucoup de personnes qui commentent l’actualité et l’état des mentalités, Lisée s’appuie sur des récits anecdotiques afin de proposer une théorie qui se veut valable pour expliquer la société et les actions nécessaires.
Or, cette théorie ne peut tenir la route. Lisée commet une erreur fréquente, celle de méprendre une impression individuelle pour une compréhension généralisée.
Ainsi les personnes qu’il mentionne ne peuvent le renseigner que sur leurs propres perceptions et nullement sur ce qui a réellement lieu dans les écoles ou à l’échelle de la société.
De telles impressions, bien qu’elles soient partagées par un grand nombre de personnes, ne sont pas pour autant vraies, puisqu’elles se transmettent et s’amplifient par la discussion et les médias comme un fait ou une interprétation relevant du sens commun.
Le fait de recevoir de nombreux témoignages (par exemple, par courriel) ne permet pas davantage de faire des généralisations, puisqu’il n’y a aucune manière de savoir s’ils sont représentatifs d’une réalité plus large… ni de vérifier leur véracité.
En utilisant la chronique de Lisée comme tremplin, Thériault prend bien soin de tempérer l’élan anti-immigration de ce texte. Il s’éloigne du genre de pensée qui mène Lisée à créer, par exemple, une catégorie de «natifs» qui exclut les enfants nés à Montréal de deux parents nés à l’étranger.
Thériault nous renvoie à une mutation sociale plus large : l’individualisme et les fragmentations des identités collectives.
Toutefois, le message essentiel de son court essai est que les lois linguistiques, malgré leurs succès, ont échoué à faire aimer la langue française et «la culture franco-québécoise».
Sans pouvoir critiquer ici les méthodes de la théorisation sociologique de Thériault ni les articles et livres universitaires qui lui servent d’appui, arrêtons-nous sur ces formules et interrogeons-nous sur leurs conséquences.
À lire : Entretien avec Joseph Yvon Thériault : pour une véritable société franco-canadienne
Est-il possible d’aimer une langue?
Quand on affirme aimer le français, que dit-on au juste?
Une langue n’est pas un invariant, ses formes écrites ont peu à voir avec ses formes parlées et elle n’est pas une, mais toujours multiple.
Aimer le français, ce serait donc aimer ce français, tel qu’il est parlé à un moment, en un endroit. Ce serait alors aimer ses sonorités, le trouver agréable, ce qui n’implique aucunement quelque besoin de le parler.
Ce peut aussi être aimer sa flexibilité, sa diversité – mais dans ce cas, qui revient à aimer le langage en général, il est difficile de dire ce qui le distinguerait des autres langues et créerait la nécessité de le parler… d’autant plus que l’existence du français n’est nullement en danger dans le monde.
Thériault dévoile un autre aspect de l’amour de la langue. Il exprime en effet la nécessité de faire aimer la langue française, mais aussi le besoin de faire aimer la culture franco-québécoise. Il en va de même des cultures acadienne et franco-canadienne en général.
L’amour de la langue renvoie dans ce cas à l’identification à une collectivité. Aimer le français, ce serait donc aimer les personnes qui le parlent à un endroit ou encore aimer le parler avec elles.
Aimer la langue, mais non ses locuteurs?
Thériault et Lisée, malgré les différences importantes dans le type de discours employé et l’attitude face à l’immigration, partagent une même vision.
Tous deux distinguent celles et ceux qui s’identifient à la langue et à la culture des francophones de celles et ceux qui vivent au sein de cette culture et parlent cette langue, sans s’y identifier et sans aimer les personnes qui la parlent.
De part et d’autre, on renforce l’idée d’une unité linguistique et culturelle et d’une harmonie que permettent l’amour de la langue et la culture. Cette unité et cette harmonie sont alors le véritable objet des craintes.
On voit finalement que ce n’est pas le fait de parler français qui leur importe, mais bien l’attitude avec laquelle on le parle.
Il ne suffirait pas de parler français ou de faire que plus de gens parlent français au Canada que ce que nous avons pu voir depuis fort longtemps. Il faudrait également aimer la culture, la langue, la majorité et s’en montrer reconnaissant.
Encore faudrait-il que l’unité et l’harmonie aient déjà existé. Les appels à l’harmonie et à la bonne entente sont des stratégies discursives qui cherchent à enterrer la dissension, à cacher les différends, à masquer la mésentente.
Ces deux textes font abstraction du fait que la dénonciation du racisme dans l’espace public augmente en réponse à des mesures juridiques qui racialisent et excluent des groupes entiers de l’espace public.
Si la dénonciation peut sembler nouvelle, le refus du racisme existe depuis toujours au sein des communautés racisées. L’exclusion n’est donc pas une auto-exclusion.
Au bout du compte, on reproche à des personnes présentées comme externes à ce qui serait une véritable société francophone de ne pas éprouver les sentiments convenables envers cette société et la langue qu’elle privilégie.
Ce faisant, on place comme objet d’amour des phénomènes aux contours mal dessinés, changeants, qui deviennent des critères impossibles à remplir.
Ce faisant, on se permet de mépriser celles et ceux qui, malgré toutes ces opérations de mise à distance, parlent la langue, cohabitent avec le français et participent à une vie commune.
Jérôme Melançon est professeur agrégé en études francophones et interculturelles ainsi qu’en philosophie à l’Université de Regina. Ses recherches portent notamment sur la réconciliation, l’autochtonisation des universités et les relations entre peuples autochtones et non autochtones, sur les communautés francophones en situation minoritaire et plus largement sur les problèmes liés à la coexistence. Il est l’auteur et le directeur de nombreux travaux sur le philosophe Maurice Merleau-Ponty, dont La politique dans l’adversité. Merleau-Ponty aux marges de la philosophie (MétisPresses, 2018).
Panem et circenses (latin pour «du pain et des jeux du cirque»), ce célèbre adage marque plus de 2000 ans de notre histoire. Il est d’un réalisme qui a parfois été, au fil de l’histoire, troublant. Il n’en est pas pour le moins véridique; il suffirait de donner à manger et du divertissement aux peuples pour les cantonner dans une apathie permettant aux grands de ce monde de faire ce qu’ils veulent.
Sauf que dans notre cas d’espèce, plus les Jeux olympiques approchent, plus les Français disent s’en désintéresser. On ne peut pas dire qu’ici, au Canada, on voit ou qu’on ressente une fébrilité à l’approche de la grande messe mondiale du sport.
À lire aussi : Les Jeux olympiques, oui, mais à quel prix?
Du pain et des jeux, vraiment?
Je pense qu’il y a deux explications principales. Premièrement, une explication circonstancielle : les guerres et les difficultés économiques plombent le moral de bien du monde, les temps sont moroses.
Il y a aussi une explication structurelle plus importante : on ne joue plus, nous ne sommes plus des homo ludens. En fait, on assiste à l’avènement d’Homo tentorium («homme écran», que les latinistes me pardonnent ce néologisme). C’est le grand historien néerlandais Johan Huizinga qui, dans les années 1930, a forgé cette l’expression homo ludens.
Dans son livre éponyme, il explique magnifiquement le rôle essentiel du jeu dans toutes les sociétés humaines. Notamment parce que le jeu englobe plusieurs fonctions sociales primaires : apprendre par imitation, apprendre à respecter des règles et les autres (le jeu est communion), apprendre à être libre (le jeu ne peut être imposé sinon il n’est plus jeu) et à profiter de son temps.
Or, aujourd’hui, nos enfants ne jouent plus. Sortez dans la rue, vous ne les verrez pas se passer la puck. À l’école non plus, nos enfants ne jouent plus. Certainement pas dans la cour de récréation, où ils en sont empêchés afin d’éviter tout accident qui mènerait à un procès. Non plus en classe, où l’écran trône désormais à la place des cubes et des livres.
Le peu d’enthousiasme envers ces Jeux olympiques, s’il s’avérait confirmé cet été, nous indiquerait que nos sociétés subissent une transformation profonde et majeure.
D’aucune façon les écrans ne peuvent remplacer les fonctions sociales opérées par le jeu. Comment les générations apprendront-elles alors les règles, le respect des autres et la liberté?
Le risque terroriste
Ces Jeux ne suscitent donc pas beaucoup d’enthousiasme, mais ils font surtout peur. La France a beau avoir une malheureuse et longue histoire avec le terrorisme, elle n’y est pour autant pas immunisée.
Les menaces terroristes qui pèsent sur ces Jeux sont bien réelles et nombreuses; parce que c’est la France qui les accueille et en raison de l’instabilité géopolitique actuelle.
La France, grande défenseure de la laïcité, a bien sûr à craindre tous les groupes terroristes religieux radicaux de tout acabit, la récente attaque dans la banlieue de Moscou nous rappelle que des groupes sont toujours bel et bien actifs.
Moscou justement, parlons-en. Les athlètes russes (et bélarusses) ayant été exclus des cérémonies et devant compétitionner sous drapeau neutre, il faut s’attendre à ce que la Russie vienne perturber ces Jeux. D’ailleurs, le président Macron l’a dit en entrevue. Ce sont surtout des cyberattaques que l’on craint le plus de la part d’acteurs étatiques ou privés russes.
Je pense également – et c’est peut-être le risque le plus sous-estimé à l’heure actuelle en France – que les Jeux pourraient être perturbés de façon malveillante par des acteurs français internes. Notamment l’extrême droite, qui a tout intérêt à ce que ces Jeux soient un échec de façon à continuer à répéter en boucle que rien ne fonctionne en France; que c’est le chaos; et qu’ils sont les seuls à pouvoir remettre de l’ordre.
Notamment l’extrême droite, qui a tout intérêt à ce que ces Jeux soient un échec de façon à continuer à répéter en boucle que rien ne fonctionne en France; que c’est le chaos; et qu’ils sont les seuls à pouvoir remettre de l’ordre.
Ironiquement, l’extrême droite pourrait utiliser ses nombreux infiltrés dans la police et l’armée pour que ces derniers laissent faire les bandes qui ne manqueront pas de sortir de leurs banlieues pour aller dépouiller et molester les touristes et les spectateurs.
D’une pierre deux coups : on enfonce le clou de la «sauvagerie» des jeunes des banlieues (lire pour beaucoup de Français : «des Arabes et des Noirs») et on montre l’incapacité du gouvernement à maintenir l’ordre.
Les Olympiques peuvent-ils encore servir d’outil diplomatique?
L’histoire politique des Jeux olympiques a souvent été analysée. Comme grande rencontre mondiale entre les athlètes et spectateurs venus de tous les États du monde, ils représentent beaucoup de symboles. On peut en citer quelques-uns.
Par exemple, le fait que seuls les États, et non les nations, soient représentés. Ainsi les Écossais et les Gallois compétitionnent sous les couleurs du Royaume-Uni et non sous leurs propres couleurs, comme c’est le cas dans le monde du soccer ou du rugby.
Les Jeux représentent également une belle fenêtre pour exprimer des revendications politiques. Rappelons-nous des athlètes noirs américains qui combattaient la ségrégation ou encore la cérémonie de clôture des Jeux de Sydney en 2000, durant laquelle le groupe Midnight Oil en avait profité pour dénoncer la situation des Autochtones.
On se rappelle également de la prise d’otages des athlètes israéliens lors des Jeux de Munich en 1972. On peut donc s’attendre à quelques coups d’éclat cet été; peut-être concernant l’urgence climatique, sans nul doute à propos de la guerre menée par Israël contre Gaza.
Dans le monde actuel marqué par le retour de la guerre, on ne peut que souhaiter que le pays hôte pense à utiliser tous les instruments diplomatiques possibles pour, en parallèle des compétitions sportives, tenter de ranimer le dialogue nécessaire entre différentes parties prenantes.
Ne ratons pas l’occasion de mettre de l’avant les principes de l’olympisme et la diplomatie du sport.
Ottawa s’apprête à mettre en œuvre une importante réforme de sa fiscalité. Plutôt que de couper dans ses dépenses pour financer ses programmes et équilibrer le budget, le gouvernement augmentera substantiellement ses revenus.
Les quelque 40 000 contribuables les plus fortunés du pays, ceux dont les revenus annuels bruts sont de plus de 1,4 million de dollars en moyenne, se partageront une facture de près de 19,4 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années.
Le gouvernement fait passer la portion imposable des gains en capital de 50 % à 66,6 % à partir du 25 juin. Pour les particuliers, ce changement s’appliquera seulement aux gains en capital dépassant 250 000 dollars.
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Le gouvernement a pris soin, dans la mesure du possible, d’exempter les propriétaires de petites entreprises pour aller chercher l’argent dans les poches des plus riches ou de leurs fiducies.
Les gains en capital sont les revenus qu’un particulier ou une entreprise tire de la vente d’un bien immobilier ou d’actifs financiers, comme des actions. Les contribuables les plus riches déclarent davantage de gains en capital que la classe moyenne et bénéficient donc d’un taux d’imposition avantageux.
Autrement dit, ils ne paient pas leur juste part d’impôt.
En faisant entrer en vigueur cette augmentation le 25 juin, le gouvernement fait le pari que les contribuables visés liquideront une part de leurs actifs avant cette date. Ottawa espère de la sorte engranger 6,9 milliards de dollars dès cette année.
Et c’est ainsi que les libéraux ont résolu la quadrature du cercle.
Le déficit que tout le monde voyait exploser, y compris le directeur parlementaire du budget pas plus tard que le mois dernier, restera conforme aux attentes de la mise à jour économique de l’automne pour s’établir à un peu moins de 40 milliards de dollars.
Il n’y a pas de retour à l’équilibre budgétaire en vue, mais le gouvernement prévoit que le déficit se résorbera progressivement.
De toute manière, tant que le déficit se situe autour de 1 % du produit intérieur brut, il n’y aura aucune inquiétude des marchés ou des agences de notation.
À moins que les prévisions économiques les plus pessimistes ne se concrétisent, le gouvernement pourrait même jouir d’une marge de manœuvre pour son budget de 2025, qui annoncera son programme électoral.
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En proposant de financer des programmes couteux, mais populaires, le gouvernement libéral de Justin Trudeau se distinguait déjà de son adversaire conservateur. En le faisant en augmentant massivement les impôts des plus riches plutôt qu’en creusant le déficit, il vient rendre la distinction encore plus nette.
Pierre Poilievre martèle depuis des semaines ses thèmes de campagne. Il souhaite baisser les impôts, équilibrer le budget, bâtir des logements et réduire la criminalité. Il peut bien s’opposer à des programmes sociaux couteux, mais si le déficit est maitrisé, son programme d’austérité sera moins attrayant pour les électeurs.
Il sera aussi difficile pour les conservateurs de s’insurger contre l’augmentation du fardeau fiscal des plus riches.
Dans un tel contexte, que fera Pierre Poilievre? Réduire le déficit est un objectif louable, mais à quel prix? En supprimant le nouveau programme d’assurance dentaire? En reculant sur l’implantation de places en garderie à 10 $ par jour?
Certainement pas en réduisant les nouvelles dépenses militaires annoncées la semaine dernière. Faire des compressions dans la fonction publique sans nuire aux services a ses limites, et trouver des dizaines de milliards de dollars de cette manière est une lubie.
Le gouvernement Trudeau a dans sa mire les électeurs de 40 ans et moins. C’est la tranche démographique la plus susceptible de voter pour lui aux prochaines élections s’il peut réussir à faire sortir leur vote.
La question de l’accès au logement abordable et à la propriété est cruciale pour ces électeurs et le gouvernement multiplie les mesures en ce sens. Il veut construire des logements abordables ou à vocation sociale sur ses terrains inutilisés, faciliter l’accès au financement des premiers acheteurs et se porter à la défense des locataires.
Il manque plus de trois-millions de logements au Canada pour rééquilibrer le marché. Étant donné l’ampleur du problème, les nouvelles sommes consacrées à cet enjeu dans le budget sont étonnamment limitées. Le gouvernement prévoit seulement un à deux-milliards de dollars de nouveaux investissements par an au cours des cinq prochaines années.
La ministre Freeland a déclaré en conférence de presse que la solution à ce problème n’est pas d’octroyer davantage de fonds fédéraux, mais de réduire le fardeau administratif.
En ce sens, le gouvernement Trudeau empiète largement sur les champs de compétence provinciale et municipale. Il rend le financement fédéral conditionnel à l’adoption de ses solutions.
Par exemple, le nouveau Fonds canadien pour les infrastructures liées au logement, qui sert à financer les infrastructures municipales, exige des villes qu’elles adoptent de nouveaux règlements de zonage qui favorisent la densification. C’est une stratégie qui semble calquée sur les propositions des conservateurs.
Le gouvernement met en place ou bonifie un ensemble d’autres mesures qui ciblent spécialement les jeunes adultes : amélioration des programmes de prêts et bourses d’études, investissement dans la formation professionnelle, augmentation du nombre de places abordables en garderie, création d’un programme d’alimentation scolaire, etc.
Les pions sont en place. Reste à voir si la stratégie du gouvernement lui permettra de remonter dans les intentions de vote.
En terminant, mentionnons que même si les perspectives budgétaires semblent bonnes, plusieurs risques pèsent sur les finances du gouvernement.
Si les revenus ne sont pas au rendez-vous dans les prochaines années, le gouvernement pourrait perdre le contrôle de la dette. La planification budgétaire du gouvernement dépend d’une baisse prochaine des taux d’intérêt et d’une croissance régulière de l’économie.
Du côté des dépenses, avec le vieillissement de la population canadienne, les prestations aux personnes âgées pèsent de plus en plus lourd dans les finances du gouvernement. C’est déjà le programme fédéral le plus couteux.
Le gouvernement versera plus de 80 milliards de dollars à plus de 7 millions de personnes âgées en 2024-2025. Cette somme s’élèvera à plus de 100 milliards de dollars par année dans cinq ans.
Les transferts en santé arrivent au deuxième rang des programmes les plus couteux, et la croissance des dépenses dans ce secteur est aussi liée au vieillissement de la population.
David Dagenais est journaliste économique indépendant et entrepreneur. Auparavant, il a été journaliste à Radio-Canada après avoir terminé des études supérieures en économie politique à l’UQAM et à l’Université d’Ottawa.
Parti de France pour m’installer au Canada il y a maintenant un an et demi, j’étais loin de me douter que l’insécurité linguistique était un aussi grand enjeu ici. Parler français au Canada relève de l’acte politique. On ne rigole pas avec les droits linguistiques et chaque transgression suscite de vives réactions.
Un évènement récent dans le monde du sport a justement éveillé les passions des défenseurs de la langue française.
Le 23 mars dernier, l’équipe masculine de soccer du Canada a battu celle de Trinité-et-Tobago en série éliminatoire de la Copa America. Un succès important, puisqu’il a permis aux Canadiens de se qualifier pour la phase finale de la prestigieuse compétition, qui se déroulera cet été aux États-Unis.
Pourtant, plus que le résultat, c’est l’entrevue d’après-match qui a fait jaser sur les réseaux sociaux.
En conférence de presse, le journaliste de RDS, Nicolas Landry, a posé une question en français à l’entraineur de l’équipe canadienne, Mauro Biello. Ce dernier a commencé à répondre dans la langue de Molière avant d’être interrompu par un officiel de la Confédération de football d’Amérique du Nord, d’Amérique centrale et des Caraïbes (CONCACAF) qui lui a demandé de parler en anglais : «In English please» («En anglais s’il vous plait»).
Mauro Biello, le sélectionneur du Canada, interdit de parler en français par l'attaché de presse de la CONCACAF lors du point presse avant le match face à Trinité-et-Tobago. Question de @NicLandryRDS #scandaleux pic.twitter.com/zZobgPXLT1
— Mike Laviolle ONFR/Raps (@MikeLav_ONFRaps) March 22, 2024
Excuses et problème d’identification
Immédiatement, plusieurs internautes se sont indignés. Précisons que Soccer Canada n’a rien à voir dans cette maladresse et que la CONCACAF s’est rapidement excusée.
J’ai examiné cette affaire et vous présente mes sincères excuses au nom de la Concacaf. Cela n'aurait pas dû se produire et ne se reproduira pas Nous apprécions bien sûr fortement l'intérêt et la couverture des médias et des supporteurs francophones au Canada et dans notre région
— Nick Noble (@njknoble) March 23, 2024
Ce qui pourrait être une simple anecdote classée et sans suite semble pourtant révélateur d’une chose : hors de ses frontières, le Canada est difficilement identifié comme un pays officiellement bilingue.
Dans d’autres cas, s’exprimer en français en conférence de presse pose beaucoup moins de problèmes.
Prenez par exemple Victor Wembanyama, le basketteur français des Spurs de San Antonio, appelé à régner sur la NBA ces prochaines années avec ses 2,22 mètres (7,3 pieds).
Des journalistes français font le voyage jusqu’au Texas pour s’entretenir avec la fierté de France. Ils posent leurs questions en français, «Wemby» leur répond en français. Fin de l’histoire.
La différence? Wembanyama est clairement identifié comme un joueur français. Il est venu jouer avec une équipe parisienne aux États-Unis il y a deux ans.
Les débats linguistiques pénètrent donc toutes les strates de la société, jusque dans celles qui pourraient sembler plus secondaires, comme le sport. Cette polémique fait écho à un autre évènement qui a eu lieu en fin d’année dernière, au Québec.
«Gardez-le votre anglais»
Le 19 novembre dernier, juste après la victoire de l’équipe de football des Alouettes de Montréal en finale de la Coupe Grey contre les Blue Bombers de Winnipeg, le joueur québécois Marc-Antoine Dequoy, vexé du manque de considération des pronostiqueurs, s’est écrié : «Gardez-le votre anglais parce qu’on a gagné ces coupes puis on va [les] ramener à Montréal, au Québec!»
L’affaire avait fait grand bruit et avait même été reprise par la presse française, pourtant peu friande de football canadien.
En entrevue au Devoir, Marc-Antoine Dequoy avait ensuite développé sa pensée : «C’est intéressant de voir comment une injustice que je ressentais a été ressentie par plusieurs milliers de Québécois. Ce n’est pas la même injustice, mais des injustices similaires : le parler dans leur compagnie, ou dans leur sport à eux. Tout le monde s’est approprié la situation.»
Marc-Antoine Dequoy est également revenu sur l’importance du français au sein de l’équipe. En début de saison 2023, l’entraineur des Alouettes avait forcé tous ses athlètes à apprendre les mots de base du français, comme «bonjour», «merci», «en forme».
«Ça avait toute l’importance du monde. Ce n’est pas ça qui a fait le touché gagnant, mais c’est une chose qui fait que moi, je sens que je fais partie de l’équipe», a déclaré Dequoy.
Que les joueurs étrangers qui font partie d’un club dans une ville francophone fassent l’effort de dire quelques mots en français n’est pas seulement important pour la cohésion d’équipe : ça a aussi de la valeur pour les amateurs.
J’en ai moi-même fait l’expérience. Inconsciemment ou non, on s’attache davantage à un joueur qui vous fait sentir qu’il veut s’intégrer à votre culture et qu’il n’est pas seulement de passage, tel un mercenaire.
J’ai par exemple toujours été admiratif de l’effort que faisait le Serbe Novak Djokovic, polyglotte reconnu, pour s’adresser en français aux spectateurs venus le voir jouer à Roland-Garros. «C’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup», chantait France Gall.
C’est admirable qu’il ait pris du temps d’acquérir une compétence qui lui servira peu dans la vie – soyons honnêtes –, juste pour le plaisir de ses fans francophones. Et ce doit être apprécié à sa juste valeur.
Terminons sur une bonne nouvelle concernant l’équipe masculine de soccer du Canada. Pour la deuxième fois de son histoire, après 1986, elle devrait affronter la France cet été. En toute logique, Mauro Biello devrait avoir toute la liberté de répondre en français aux questions des journalistes.
Timothée Loubière est journaliste pupitreur au quotidien Le Devoir. Avant de poser ses valises au Québec en 2022, il était journaliste sportif en France, notamment au journal L’Équipe.
Le Jour de la Terre nous invite chaque année à réfléchir à notre rapport à la planète, aux crises environnementales que nous affrontons et aux actions nécessaires pour y remédier. Cependant, une analyse profonde de ces crises révèle qu’elles ne sont pas seulement écologiques, mais aussi profondément enracinées dans les structures sociales et de genre.
Les données sont claires : les femmes et les minorités de genre – surtout celles appartenant à des groupes marginalisés comme les femmes autochtones, racisées, porteuses d’un handicap – vivent de manière disproportionnée les impacts des crises environnementales. Ces groupes sont les plus affectés par les répercussions socioéconomiques, culturelles et sanitaires des désastres écologiques.
La précarité économique, accentuée par un système patriarcal et capitaliste, rend ces populations plus vulnérables aux effets des changements climatiques, tels que les catastrophes naturelles, l’insécurité alimentaire et les migrations forcées dues à des raisons climatiques.
Cela s’explique notamment par la présence disproportionnée des femmes dans les groupes les plus pauvres de la population. Comme le soulignent les Nations unies, sur 1,3 milliard de personnes vivant dans des conditions de pauvreté dans le monde, 70 % sont des femmes.
Dans les zones urbaines, près de 40 % des foyers les plus démunis sont dirigés par une femme.
Bien que les femmes soient essentielles à la production alimentaire mondiale et qu’elles représentent entre 50 % et 80 % de la force de travail de ce secteur, elles possèdent moins de 10 % des terres agricoles.
Ces inégalités les exposent à des risques accrus et limitent leur capacité à répondre efficacement aux défis posés par les changements climatiques.
Françoise d’Eaubonne, écrivaine, pionnière de l’écoféminisme.
En se voyant refuser un accès égal aux ressources, telles que la terre et l’eau, ainsi qu’à la prise de décisions et à l’éducation, les femmes se trouvent dans une position où elles peuvent moins facilement se protéger et protéger leur famille contre les conséquences des phénomènes climatiques extrêmes.
Dans de nombreuses régions d’Afrique subsaharienne, par exemple, les femmes sont majoritairement responsables de l’agriculture de subsistance.
Les effets des changements climatiques, tels que les sècheresses prolongées ou les pluies irrégulières, compromettent directement leur capacité à nourrir leur famille, renforçant l’insécurité alimentaire. De plus, la raréfaction des ressources entraine des migrations forcées, plaçant les femmes dans des situations de grande vulnérabilité.
Plus près de nous, citons le cas des communautés autochtones du Canada, où les femmes sont tout particulièrement affectées par l’exploitation intensive des ressources naturelles.
Les projets d’extraction minière et pétrolière menacent non seulement leur environnement, mais aussi leur sécurité, avec une augmentation des cas de violence envers les femmes dans les zones d’exploitation. Ce phénomène est exacerbé par l’isolement des communautés et le manque d’accès à des services de soutien.
Pensons également aux catastrophes comme les ouragans Katrina et Harvey, qui ont mis au jour des disparités flagrantes aux États-Unis. Les femmes, en particulier celles de communautés racisées et à faible revenu, ont subi des pertes disproportionnées en termes de logement, d’emploi et d’accès aux soins.
L’écoféminisme offre une perspective critique et enrichissante pour comprendre ces enjeux et agir.
Ce mouvement, qui lie étroitement la lutte pour la justice climatique à celle pour l’égalité des genres, postule que les racines du patriarcat et celles des crises environnementales sont intimement liées.
Cette perspective permet de comprendre comment l’oppression systémique des femmes, celle des minorités de genre et celle de la nature sont interconnectées à travers les dynamiques du pouvoir capitaliste et patriarcal.
Cette analyse révèle également comment la gestion actuelle des ressources et des crises environnementales néglige les spécificités de genre, aggravant ainsi les inégalités existantes.
Les catastrophes climatiques exacerbent non seulement les vulnérabilités économiques et sociales, mais renforcent également les stéréotypes de genre et la division sexuelle du travail, confinant davantage les femmes à des rôles de soignantes, souvent non rémunérées et sous-évaluées.
Face à ce constat, il est impératif d’intégrer une analyse de genre intersectionnelle dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques publiques environnementales.
Cela signifie non seulement de reconnaitre les impacts différenciés des crises climatiques sur les genres, mais aussi de valoriser les savoirs et les compétences spécifiques des femmes et des minorités de genre dans la lutte contre le changement climatique.
Comme nous le rappelle Françoise d’Eaubonne, pionnière de l’écoféminisme dans les années 1970, l’urgence d’une prise de conscience féministe est cruciale pour sauvegarder l’avenir de notre planète. Sa formule percutante, «le féminisme ou la mort», est plus que jamais d’actualité.
Originaire de Belgique, Julie Gillet est titulaire d’une maitrise en journalisme. Militante éprise de justice sociale, voici près de quinze ans qu’elle travaille dans le secteur communautaire francophone et s’intéresse aux questions d’égalité entre les genres. Elle tire la force de son engagement dans la convergence des luttes féministes, environnementales et antiracistes. Elle vit aujourd’hui à Moncton, au Nouveau-Brunswick.
Les dernières décennies ont vu un début de changement dans l’autodéfinition des communautés francophones en situation minoritaire. Les discours officiels ne s’arrêtent pas à l’inclusion des personnes ayant immigré au Canada : ils revendiquent aussi davantage d’immigration.
Les organismes porte-paroles des provinces se déplacent ainsi dans les évènements visant à attirer l’immigration dans leurs communautés, lançant des invitations ouvertes à s’y joindre.
Il devient alors difficile de se définir en tant que communauté par la langue maternelle ou par les liens familiaux ou ancestraux, suivant le modèle ethnoculturel de l’ancienne nation canadienne-française ou encore le modèle ethnolinguistique.
Pourtant, cela n’empêche aucunement des tensions entre les discours officiels et le racisme qui demeure bien ancré tant chez des membres des communautés qui résistent à ce changement qu’au sein des structures des organismes eux-mêmes.
À lire : « Stop racisme 105.1 » : pour comprendre la réalité des minorités
Toutefois, il semble que la langue maternelle continue de poser problème lorsqu’il s’agit de l’anglais.
On sent plus qu’une hésitation : un malaise, une peur, une frontière encore bien tracée. Comme si une bonne part de la vie des francophones n’avait pas déjà lieu en anglais; comme si plusieurs de leurs relations, dont les relations de couple, ne liaient pas déjà bon nombre de personnes dont l’anglais est la langue maternelle aux communautés francophones.
C’est sans compter les 1,6 million de personnes, dont 700 000 en âge scolaire, qui ont suivi ou suivent un programme d’immersion française (selon les données du recensement de 2021, et à l’extérieur du Québec).
Sur ce dernier nombre, un peu plus de 448 000 élèves étaient inscrits dans des programmes d’immersion française. À l’échelle de chaque province, c’est au minimum une personne sur dix à l’école qui est en immersion.
À force de parler des limites et des défis liés à l’immersion, on en oublie souvent les succès. Au Manitoba, la croissance des inscriptions est plus rapide que la croissance des naissances. Au pays, presque la moitié des élèves en immersion suivent un tel programme jusqu’à la fin de leurs études.
Il faut éviter de dramatiser les moments de transition vers d’autres programmes scolaires. Au secondaire, l’immersion devient une option parmi d’autres, comme les arts ou les sports, par exemple.
Les défis sont néanmoins bien réels et ont notamment trait à l’absence de soutien pour les difficultés d’apprentissage, ce qui renvoie ici aussi à la question des filières créées dans l’éducation secondaire.
Néanmoins, l’immersion fonctionne. Toujours selon les données de Statistique Canada, six jeunes femmes sur dix et environ la moitié des jeunes hommes qui avaient suivi une année ou plus d’un programme d’immersion pouvaient tenir une conversation en français.
Ces données suggèrent que plusieurs des personnes qui ne vont pas jusqu’au bout du programme d’immersion peuvent converser en français – et que l’équivalent de l’ensemble de celles qui le terminent peuvent le faire. Les autres possèdent tout de même plusieurs notions de français et seront en mesure de poursuivre leur apprentissage de cette langue plus tard dans leur vie.
Il faut éviter de voir l’immersion et les personnes apprenant le français comme étant coupées des communautés francophones. En effet, un intérêt pour l’immersion semble lié à la présence du français dans le milieu de vie.
Selon Statistique Canada, «[d]ans les municipalités du Canada hors Québec où au moins 30 % des adultes connaissaient le français en 2021, environ la moitié des enfants d’âge scolaire de langue maternelle anglaise ou tierce suivaient ou avaient déjà suivi un programme d’immersion en français».
Par ailleurs, on ne peut penser à l’immersion sans l’immigration, puisque 47 % des enfants qui suivaient ou avaient suivi un programme d’immersion au Canada en 2021 étaient issus de l’immigration.
On ne peut non plus exclure l’immersion des communautés francophones. Leurs liens intimes se voient même à partir de l’un des critères les plus exigeants pour mesurer la vitalité du français, à savoir la langue parlée à la maison.
Toujours en 2021, «15,4 % des personnes âgées de 5 à 60 ans parlant français à la maison au Canada hors Québec» suivaient ou avaient suivi un programme d’immersion.
Pourtant, dans les communautés francophones en situation minoritaire, on parle rarement de l’immersion hors du contexte de l’éducation. On compte sur les doigts d’une main les articles sur ce sujet, même dans Francopresse, et l’enjeu ne semble pas exister sur le site de vulgarisation scientifique La Conversation.
Au sein de la gouvernance liée aux langues officielles, on tend par ailleurs à séparer les enjeux d’apprentissage de la langue de ceux vus comme propres aux communautés francophones.
Cet appel ne s’adresse donc pas seulement à mes collègues des médias et des universités : les organismes des communautés francophones devraient également inclure les questions propres aux écoles d’immersion et aux personnes qui suivent et ont suivi ces programmes dans leurs réflexions et leur plan stratégique. Sans cela, on continuera de laisser de côté une part essentielle de la francophonie canadienne.
La situation actuelle ne pourra de toute manière durer bien longtemps. Parmi les personnes francophones immigrantes qui sont invitées à rejoindre ces communautés, un bon nombre maitrisera l’anglais mieux que le français ou l’aura comme langue d’usage.
Les communautés francophones elles-mêmes reconnaissent le besoin d’assurer un enseignement de l’anglais aux personnes immigrantes qui ne le parlent pas déjà.
Force est de constater que les communautés francophones demeurent des espaces de choix, des communautés électives, même pour les personnes qui grandissent en leur sein et parlent français depuis l’enfance.
Les raisons de la participation à ces communautés sont liées au désir de trouver ou de faire éclore davantage d’occasions de vivre, d’étudier, de travailler, de créer ou de se divertir en français.
On devra ainsi se demander de quoi on croit se protéger et si l’on peut gagner quoi que ce soit à maintenir de telles frontières, alors même que tant de personnes font le choix d’apprendre le français ou de le faire apprendre à leurs enfants.
C’était pourtant un des principaux arguments avancés par les patrons des trois grandes firmes de télécommunication au pays lors de leur passage en comité parlementaire la semaine dernière. Tony Staffieri (Rogers), Darren Entwistle (Telus) et Mirko Bibic (Bell) se défendaient de facturer des montants trop élevés pour leurs services de téléphonie cellulaire.
Le Comité permanent de l’industrie et de la technologie a décidé d’étudier la question des prix élevés des forfaits de téléphonie cellulaire en janvier. À ce moment, Rogers venait d’annoncer une hausse importante du prix de ses forfaits prépayés afin d’encourager ses clients à transiter vers des ses forfaits contractuels à long terme.
Cette hausse de prix n’a pas été bien vue à Ottawa. Il y moins d’un an, le gouvernement fédéral a donné son aval à la fusion de Rogers et de Shaw en échange d’une série d’engagements qui devaient notamment garantir l’abordabilité des forfaits de téléphonie cellulaire.
Des recherches indépendantes montrent que le Canada est en queue de peloton, tant en matière de prix que d’offres de réseau.
Les écarts peuvent paraitre scandaleux. Le prix pour un forfait cellulaire de 100 Go de données mobiles en Europe varie entre l’équivalent de 30 à 70 dollars par mois selon les pays. Le même forfait vous coutera autour de 100 dollars au Canada. En Israël, un tel forfait peut couter aussi peu que 10 dollars par mois.
Peu importe votre forfait de données, ceux offerts au Canada sont plus chers que ceux de la plupart des autres pays.
Les particularités de la géographie canadienne ou la faible densité de la population n’expliquent pas ces écarts de prix. En Australie par exemple – où la densité de population est également peu élevée –, le prix des forfaits est environ la moitié de ceux d’ici.
Sans grande surprise, des recherches montrent qu’il y a une étroite corrélation entre la compétition et le prix. Les pays qui possèdent quatre opérateurs cellulaires ou plus ont des prix systématiquement moins élevés que les pays qui ont trois opérateurs ou moins, comme le Canada et les États-Unis.
Au Canada, dans les régions où il y a un quatrième opérateur important, comme Vidéotron au Québec par exemple, les prix sont plus bas.
Lors de l’audience du 18 mars, malgré le scepticisme des élus, les grands patrons de la télécom ont avancé sans broncher que les couts de la téléphonie cellulaire et des forfaits de données sont deux fois moins chers qu’il y a cinq ans et que si les prix étaient élevés au Canada, la faute revenait au gouvernement fédéral et aux fabricants de téléphones mobiles.
Pour soutenir leurs arguments, ils ont invoqué les données de Statistique Canada citées plus haut. Pour comprendre comment cette agence en arrive à la conclusion que les prix de la téléphonie mobile sont en chute libre au pays, il faut savoir comment elle collecte ses données.
Statistique Canada n’a pas accès aux couts réels des forfaits payés par les clients. Elle évalue les prix en fonction des prix affichés sur Internet.
Ainsi, si un forfait passe de 50 Go à 60 Go pour le même prix, Statistique Canada juge que le consommateur en a plus pour son argent et qu’en conséquence il y a eu une baisse de prix.
Évidemment cela ne correspond pas à la réalité des consommateurs. La plupart conservent leur forfait pendant des années. Souvent, des forfaits aux prix alléchants sont offerts aux nouveaux clients seulement.
Quand les gigaoctets de données dépassent largement l’utilisation qu’en font les abonnés, est-ce vraiment une baisse de prix?
Rogers, Telus et Bell justifient les prix plus élevés au Canada par le cout des licences d’utilisation du spectre pour les services sans fil. Le gouvernement fédéral a récolté plus de 2 milliards de dollars lors de la dernière mise aux enchères des licences d’utilisation du spectre 5G. Le prix pour ces licences est plus élevé qu’ailleurs.
Le PDG de Bell, Mirko Bibic, a avancé que ses clients paieraient 5 dollars de moins par mois en moyenne si le prix des licences était comparable à ce que l’on retrouve à l’étranger. Même à 5 dollars de moins le forfait, on est loin du compte pour expliquer les prix plus élevés au Canada.
Le PDG de Telus, Darren Entwistle, a quant à lui avancé que les prix élevés au pays s’expliquent par le cout des appareils téléphoniques, souvent inclus dans les forfaits. Cet argument tient encore moins la route que le précédent.
Les téléphones sont vendus à un cout comparable partout sur la planète et ne sont pas inclus dans les comparaisons de prix des forfaits entre pays.
Malgré ce qu’en disent les uns et les autres, deux choses sont certaines. D’abord, les revenus et les profits des trois grands joueurs canadiens des télécommunications sont à la hausse. Ensuite, les Canadiens continuent de payer cher leurs forfaits de téléphonie cellulaire.
Le gouvernement a beau s’insurger contre cela, sans davantage de concurrence dans le marché, il est peu probable que les prix canadiens deviennent compétitifs.
David Dagenais est journaliste économique indépendant et entrepreneur. Auparavant, il a été journaliste à Radio-Canada après avoir terminé des études supérieures en économie politique à l’UQAM et à l’Université d’Ottawa.
Beaucoup de chiffres ont été lancés des deux côtés de la Chambre des communes cette semaine. Il ne faut cependant pas seulement se fier aux attaques de l’opposition officielle ni à la défense du gouvernement pour avoir un portrait juste. Les réponses complètes et les vérités se trouvent ailleurs.
Pierre Poilievre et ses troupes conservatrices répètent que la tarification fédérale du carbone – le nom officiel de la taxe sur le carbone – fait augmenter de façon importante le cout de la vie. Ils demandent donc son abolition, sans offrir de solution alternative.
Le premier produit que l’on pense à relier au carbone est l’essence. Une hausse de 65 à 80 dollars la tonne aura lieu le 1er avril.
Selon la Fédération canadienne des contribuables, cette augmentation fera passer la tarification par litre d’essence de 14,3 à 17,6 cents. Soit une augmentation de 3,3 cents le litre. Les guerres à l’étranger entrainent des fluctuations bien plus importantes.
Dans le pire des cas, si vous devez entièrement remplir le réservoir de 136 litres de votre F-150, il vous en coutera 4,49 dollars de plus qu’en mars.
Les conservateurs rappellent que le prix de tous les produits est influencé par le cout du transport. Donc, puisque le cout de l’essence augmente, tout ce que l’on achète coute aussi plus cher. Une autre vérité qui doit être relativisée. Selon le directeur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, l’augmentation annuelle de 15 dollars la tonne de la tarification sur le carbone contribue à l’inflation à la hauteur de 0,15 %. Avec une inflation de 3 % – environ ce que l’on voit depuis le début de l’année –, l’augmentation de la tarification compte pour 5 % du 3 %.
En d’autres mots, si votre épicier augmente le prix de votre soupe préférée de 50 cents, seulement 2,5 cents de cette augmentation sont dus à l’augmentation de la tarification sur le carbone.
Les libéraux de Justin Trudeau commencent à peine à répéter que l’argent prélevé est remis à ceux qui l’ont payé.
Le gouvernement fédéral ne garde pas l’argent qu’il prélève : 90 % sont retournés aux contribuables. Le montant remis est différent dans chaque province où la tarification est appliquée, mais constitue en moyenne 1160 $ par année pour une famille de quatre.
Alberta : 1800 $
Saskatchewan : 1504 $
Manitoba : 1200 $
Ontario : 1120 $
Nouveau-Brunswick : 760 $
Nouvelle-Écosse : 824 $
Île-du-Prince-Édouard : 880 $
Terre-Neuve-et-Labrador : 1192 $
Source : Gouvernement du Canada
D’ailleurs, les prochains paiements seront envoyés en avril. Si vous vous demandez si vous le recevez, surveillez attentivement votre boite aux lettres ou votre compte en banque.
Pour se défendre des attaques des conservateurs, les libéraux martèlent que le Bureau du directeur parlementaire du budget (DPB) a calculé, dans un rapport datant de février 2020, que 8 ménages sur 10 (ou 4 sur 5) reçoivent plus d’argent qu’ils n’en payent en tarif sur le carbone.
Malheureusement pour les libéraux, le DPB était moins catégorique en 2022 et 2023.
Les nouveaux calculs tiennent compte de l’augmentation du montant de TPS/TVH payé sur la tarification et des impacts économiques de la mesure, comme la perte de revenus et le ralentissement de l’économie qu’elle peut provoquer. Ce serait plutôt 2 ménages sur 5 qui auraient plus d’argent dans leurs poches après le remboursement.
Mais pour certains économistes, cela reste une victoire. Parce que s’il n’y avait pas de système de tarification et de remboursement, il y aurait quand même une augmentation des couts qui ne remettrait pas d’argent dans les poches des contribuables. Au lieu de récupérer une partie de leurs dépenses, ces derniers payeraient 100 % des couts de la pollution. Ce dont ne tient pas compte le DPB dans sa deuxième analyse.
Reconnaissons une chose : le cout de la vie a beaucoup augmenté, mettant à risque plusieurs ménages canadiens.
D’un autre côté, il ne faut pas se leurrer : les impacts des changements climatiques couteront plus cher à tout le monde.
Selon l’Institut climatique du Canada (ICC), «d’ici 2025, les dommages liés au climat ralentiront la croissance économique du Canada de 25 milliards de dollars annuellement, soit 50 % de la croissance du PIB prévue». Et ce seront les ménages à faible revenu qui souffriront le plus, ajoute l’ICC.
Justement, d’après les données du DPB, ces ménages reçoivent toujours plus d’argent de la Remise canadienne sur le carbone qu’ils n’en payent à la tarification du carbone. Pas les propriétaires de F-150.
Au-delà des questions de dépenses et de revenus, la tarification sur le carbone a un objectif principal : changer nos habitudes. Il a été prouvé plus d’une fois que d’augmenter le prix d’un produit est la meilleure façon d’en diminuer la demande.
Nous avons démontré ci-dessus que l’impact le plus important de la tarification reste sur l’essence, et non sur vos cannes de soupes.
Il est vrai que plusieurs régions canadiennes n’ont pas accès au transport collectif. Mais si personne n’est forcé d’en créer et de l’utiliser, il ne se développera pas.
L’ICC vient tout juste de publier un nouveau rapport indiquant que la tarification sur le carbone n’est pas la mesure la plus efficace pour réduire les émissions de carbone. Elle représenterait entre 8 et 9 % de la diminution des émissions de gaz à effet de serre au Canada.
À côté, le système d’échange pour les grands émetteurs, la bourse du carbone qui vise les plus importants pollueurs, aura diminué les émissions de 23 à 39 % en 2030.
Ça ne veut pas dire qu’il faut abandonner la tarification pour les particuliers. Nous avons besoin de plus d’une mesure pour atteindre les cibles de réductions. Il est normal que les grands pollueurs puissent diminuer de façon plus importante leurs émissions, puisqu’ils travaillent avec des quantités beaucoup plus élevées.
Mais malgré ces chiffres intéressants, le système d’échange ne serait pas suffisant à lui seul.
Il est heureux que le gouvernement ait enfin décidé d’aborder l’enjeu du financement public des médicaments. Il existe des problèmes criants relatifs à cette question. Par contre, on peut douter du sérieux du gouvernement à proposer une bonne solution. Encore une fois, la notion de bien commun a cédé la place à celle de l’opportunisme politique.
Ce projet de loi vise essentiellement à maintenir ce gouvernement au pouvoir. Il ne règle en rien le fond du problème, à savoir améliorer l’accès à des soins de santé de qualité à la population canadienne.
La question de l’assurance médicaments revient régulièrement dans l’actualité. On le sait, plusieurs personnes n’ont pas les moyens d’acheter les médicaments nécessaires pour se soigner.
Selon un récent sondage, plus d’une personne sur cinq n’aurait pas les moyens de payer ses médicaments. Elles doivent réduire les doses prescrites ou encore s’en priver, en tout ou en partie. La Société canadienne du cancer, qui a commandé ce sondage, estime qu’un programme national d’assurance médicament permettrait d’économiser 1488 dollars par personne malade par année, juste en prévenant les déplacements à l’hôpital.
N’est-il pas paradoxal que le régime public diagnostique des maladies, mais ne les traite pas? Un système de santé qui est véritablement public devrait donc couvrir tous les médicaments nécessaires au traitement des problèmes de santé.
Comparé aux autres pays industrialisés, le Canada fait mauvaise figure pour la couverture des produits pharmaceutiques. Selon les plus récentes données de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), le Canada se situe au 32e rang des 36 pays pour lesquels les données à propos de la couverture financière des médicaments sont disponibles.
En moyenne, les régimes publics de santé des pays de l’OCDE financent 56 % des achats de médicaments. Au Canada, cette couverture n’est que de 38 %. Dans certains pays, les pourcentages de couverture dépassent les 80 % (France, Allemagne, Irlande).
Il y a donc une anomalie à corriger si on désire réellement un régime public de santé.
Cibler les électeurs plutôt que les problèmes
La solution trouvée par le gouvernement fédéral est de mettre en œuvre un régime partiel d’assurance médicaments. Il faut dire qu’un régime universel couterait très cher. Selon les récentes estimations du directeur parlementaire du budget, les dépenses engendrées par un tel programme sont estimées à 33 milliards de dollars par année.
Cependant, puisque les provinces couvrent déjà en partie l’achat de médicaments, la contribution du gouvernement fédéral s’élèverait uniquement à 11 milliards de dollars par année. C’est quand même une somme considérable.
Le gouvernement fédéral a donc décidé de ne couvrir que certains médicaments liés à certaines conditions médicales. Seuls les médicaments contraceptifs et ceux utilisés pour le traitement du diabète seront pris en charge par l’État canadien. Pourtant, il ne s’agit pas des médicaments les plus chers, les plus utilisés ou encore ciblant les risques de maladies les plus courants, les plus graves ou en forte progression.
Par exemple, selon l’Agence de la Santé publique du Canada, le diabète vient au 5e rang des maladies chroniques les plus importantes chez les personnes âgées de 65 ans et plus (le diabète affecte 26,8 % de ces personnes), après les troubles d’hypertension (65,7 %), les maladies des gencives (52,0 %), les problèmes d’arthrose (38,0 %) et à quasi-égalité avec les maladies coronariennes (27,0).
Pour un gouvernement qui avait promis de gouverner en utilisant les données probantes de la science pour prendre ses décisions, on peut dire que l’exercice est raté. Pourquoi donc se limiter aux cas de la contraception et du diabète?
L’explication la plus plausible est que le gouvernement libéral juge que cette initiative sera bien accueillie par certains groupes de la population. Notamment par les jeunes femmes pour qui les dépenses en matière de contraception représentent une dépense importante et par les personnes plus âgées qui voient leur santé décliner.
On le sait, les sondages ne sont pas en faveur des libéraux actuellement et ces deux catégories d’électeurs pourraient bien lui apporter le soutien dont il a tant besoin pour être réélu.
Un projet de loi qui divise
Mais à trop gouverner en fonction des sondages, on perd de vue l’essentiel. Dans le cas présent, la tentative de mettre en place un véritable régime d’assurance médicaments est un échec.
D’une part, nous assistons encore une fois à la mise en place d’un clientélisme de plus en plus assumé. Les programmes sont conçus pour bien faire paraitre le gouvernement et embarrasser les partis d’opposition. Les libéraux cherchent à s’attirer la sympathie des électeurs plus âgés tout en embêtant à la fois les conservateurs qui devront se prononcer sur la question de la contraception et les néodémocrates qui courtisent le vote des jeunes, tous particulièrement des jeunes femmes.
D’autre part, le gouvernement a fabriqué de toutes pièces une liste arbitraire de «bons» et de «mauvais» médicaments. Si vous utilisez des contraceptifs ou prenez des médicaments pour traiter votre diabète, alors vous «méritez» une aide gouvernementale. Mais si vous faites face à d’autres conditions, à vous de les assumer.
Encore une fois, on constate que les initiatives du gouvernement reposent davantage sur la division que sur la recherche du bien commun.
Un gouvernement qui se préoccupe de la qualité et de la pertinence de ses initiatives ne crée pas différentes classes de citoyens et ne les met pas en opposition les uns aux autres.
En toute justice, il serait malhonnête d’attribuer ce comportement opportuniste qu’au gouvernement actuel. Cela fait maintenant plusieurs années qu’on observe ce phénomène. Il est vrai qu’il y a toujours eu un certain clientélisme en politique, car il faut bien récompenser les gens qui nous ont appuyés. Toutefois, ce phénomène s’est nettement amplifié ces dernières années.
Le projet de loi sur l’assurance médicaments en est l’illustration parfaite.
Geneviève Tellier est professeure à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa. Ses recherches portent sur les politiques budgétaires des gouvernements canadiens. Elle commente régulièrement l’actualité politique et les enjeux liés à la francophonie dans les médias de tout le pays.