le Lundi 14 juillet 2025

Un album sous le signe de l’espérance

Les Sœurs Marleau, Diadem à leurs débuts, œuvrent dans la chanson depuis 1979 et cumulent une dizaine d’albums à leur actif. Le trio franco-ontarien, formé des sœurs Diane, Denyse et Marie Marleau, propose un onzième opus sous le signe de l’espérance.

Pochette de l’album Osons l’espérance des Sœurs Marleau

Photo : web.ncf.ca 

Osons l’espérance nous interpelle avec une douzaine de textes sur des thèmes universels. Les Sœurs Marleau nous parlent d’espoir, d’amour, de rédemption, de violence conjugale et de fierté francophone. Côté musique, elles livrent un bel univers adulte contemporain, aux nuances multiples faites de pop-rock, reggae et parfois presque orchestrales.

L’un des moments forts de ce nouvel album est Le coin de mon pays. Cet hymne à la fierté s’inspire de l’univers de Gilles Vigneault et rend hommage aux nombreuses familles qui ont bâti l’Ontario français.

Féminisme est un petit reggae sur l’émancipation des femmes. Place à la non-violence est un appel à lutter contre la violence conjugale et à respecter les femmes. La pièce titre, Osons l’espérance, résume bien le propos de l’album : le désir d’un monde meilleur.

Après une carrière de 45 ans bien remplie, Les Sœurs Marleau ont une belle raison de fêter. Osons l’espérance est un bouquet de souhaits universels et de musiques contemporaines. 

Place à la non-violence
Album : Osons l’espérance

Un univers hip-pop qui se démarque

Sur son nouvel album, L’Osstidtour, David Dufour, dit D-Track, livre 16 chansons hors du commun. Poète, slameur, rapeur de l’Outaouais, il ne cesse de peaufiner son art tout en gardant son authenticité et sa sincérité.

Pochette de l’album L’Osstidtour de DTrack

Photo : coyoterecords.ca

Si vous cherchez un hip-hop où le F Word se retrouve tous les trois mots, vous êtes sur la mauvaise piste. D-Track a bâti son art avec un souci du verbe. Il travaille autant ses textes que ses hooks. Ces dernières sont très souvent des échantillonnages des musiques souls, R&B des années 1970 et 1980.

Cela crée des ambiances moins violentes, mais tout aussi puissantes. D-Track s’impose un travail ardu afin d’éviter les rimes faciles et pour offrir une poésie urbaine franche, authentique et très puissante.

Plus de vie, plus de musique dresse bien l’ambiance de l’album. Sur une accroche jazzy à la 1970, L’Osstidtour à condo dresse le désarroi de D-Track sur la perte du cachet de son quartier d’enfance à cause de condos plus modernes.

Chez l’opto est un autre excellent morceau aux influences jazz. Les deux bombes de cet opus sont La peine, un duo extrêmement puissant avec Koriass, et Post-its à soi-même, un texte révélateur sur le moi intérieur, une autoévaluation de sa propre personnalité. 

La peine
Album : Osstidtour

Une maturité qui fait du bien

La jeune autrice-compositrice-interprète Céleste Lévis, originaire de Timmins en Ontario, nous offrait un 4e opus en octobre 2021. Celle qui a su grandir à chaque étape de sa carrière proposait Si tu veux tout savoir, un album infusé d’une maturité évidente.

Pochette de l’album Si tu veux tout savoir de Céleste Lévis

Photo : celestelevis.com

Dès les premières notes de Case départ, c’est évident que nous aurons droit à des mélodies rocks bien peaufinées qui marquent une nouvelle étape dans la musique de Céleste Lévis.

Les textes aussi nous emmènent ailleurs avec un propos plus mature et des émotions à fleur de peau, qui collent bien à la voix de la jeune artiste. Cette voix prend de plus en plus d’assurance et offre des harmonies vocales fort bien contrôlées.

Les pièces maitresses de cet opus sont entre autres C’est flou, un pop solide. Fragile nous dévoile une certaine tendresse, autant dans la mélodie que dans l’interprétation. Jamais seule est une mélodie puissante à la Fleetwood Mac, accompagnée d’une voix en plein contrôle. Il s’agit de l’un des meilleurs textes de l’album grâce à des propos remplis d’émotions.

Le tout se termine en beauté avec À quoi ça sert. Céleste Lévis nous offre un cri d’amour profond sur une guitare blues planante.

Ce 4e opus, empreint de maturité, offre des textes bien peaufinés. Céleste Lévis nous captive avec une voix puissante, accompagnée par des mélodies rocks solides. Elle démontre qu’elle n’est pas seulement là pour quelques succès éphémères.

Jamais seule
Album : Si tu veux tout savoir

Marc Lalonde, dit Lalonde des ondes, est chroniqueur musical depuis plus de 25 ans au sein de la francophonie musicale canadienne et animateur de l’émission radiophonique Can-Rock. Il se fait un malin plaisir de partager cette richesse dans 16 stations de radio à travers le pays chaque semaine.

Avec la mise en place des programmes de police communautaire, les forces policières ont ajouté à leur mandat une opération de relations publiques qui vise à faire accepter leur présence. Elles désirent créer une confiance, un sentiment de sécurité, et une collaboration pour la prévention et la lutte contre la criminalité.

L’approche de police communautaire suppose que les citoyens et citoyennes connaissent les membres des forces de l’ordre et que des interactions avec la police ont aussi lieu hors des interventions.

La présence dans les milieux scolaires fait partie de cette approche. Elle peut inclure une visite ponctuelle pour parler d’un problème plus large, comme le taxage ou les gangs de rue; la participation à des foires de carrière; ou encore le fait d’appeler la police pour régler les conflits entre élèves ou entre élèves et personnel enseignant.

Plusieurs conseils scolaires ont également créé des partenariats avec les forces policières locales pour mettre en place des programmes d’agents et d’agentes de liaison scolaire.

Ces personnes se concentrent ainsi sur les relations avec les élèves et elles assurent une présence plus fréquente dans certaines écoles où les risques et la criminalité sont perçus comme étant supérieurs.

Une présence critiquée, avec raison

Or, depuis une dizaine d’années, plusieurs conseils scolaires (notamment à Toronto, Ottawa et London) ont mis fin à ces programmes de liaison scolaire. D’autres, comme le conseil scolaire de Vancouver et celui de Winnipeg, ont mené des études qui, dans plusieurs cas, ont abouti au remaniement de leur programme.

C’est que la présence policière en milieu scolaire est fortement critiquée et dénoncée.

Une conseillère scolaire de Vancouver a bien résumé le problème : pourquoi cèderait-on à la pression d’organismes – les corps policiers – pour les laisser interagir avec les enfants et adolescents, alors même qu’ils sont souvent accusés de bafouer les droits de la personne?

Le Commissaire aux droits de la personne de la Colombie-Britannique a présenté le problème d’un autre angle : avant d’accepter de maintenir de tels programmes, dont les maux sont bien documentés, il faudrait trouver des études qui montrent qu’ils entrainent des bénéfices.

Et tandis qu’un grand nombre de parents, d’enseignants et d’élèves se disent neutres ou favorables à ces programmes, la situation change complètement lorsqu’on parle aux parents et élèves appartenant à une minorité, surtout celles des communautés autochtones ou noires.

C’est d’abord parce que la discrimination active des forces policières s’étend au traitement des élèves. C’est aussi parce que les relations entre la police et les communautés minorisées dépassent le seuil de l’école et que les élèves craignent le harcèlement, l’intimidation et la discrimination de la part de la police autant à l’école que dans leur vie quotidienne et dans celle de leurs proches.

Comme l’a suggéré Adora Nwofor, de Black Lives Matter YYC à Calgary, la police doit montrer qu’elle est digne de confiance par ses actes au vu de l’ensemble de son mandat, et non chercher à convaincre la population.

Les raisons de l’échec

La raison essentielle de l’échec de tels programmes tient au fait que les mêmes conflits et les mêmes comportements subsisteront tant que l’on ne s’en prendra pas aux causes de la criminalité et aux lois qui criminalisent des segments minoritaires et pauvres de la société.

Cela dit, d’autres raisons existent qui découlent de la nature de la présence policière dans les écoles.

Les membres des forces policières ne reçoivent qu’une formation limitée pour apprendre à interagir avec des enfants. Leur formation se concentre d’abord et avant tout sur la loi telle qu’elle s’applique aux adultes.

Elle n’inclut pas la pédagogie et les stages qui caractérisent la formation du personnel enseignant, ni l’apprentissage et le mentorat en milieu de travail qui suit inévitablement.

Ainsi, les agents et agentes ne peuvent aucunement prétendre instruire les personnes d’âge mineur.

Quelles sont les mesures à prendre?

Un projet de recherche sur les services de liaison scolaire à Edmonton propose une série de mesures mieux adaptées à la réalité scolaire que la présence policière, comme :

Toutes les fonctions visées par les forces policières pourraient ainsi être véritablement remplies, avec davantage de succès, par une équipe professionnelle formée à cette fin.

Définancer la police

Le sous-financement de l’éducation est évidemment l’obstacle principal à de telles mesures.

Ce sous-financement est d’autant plus inquiétant que les gouvernements et nombre de conseils scolaires préfèrent augmenter les budgets de la police pour répondre aux comportements créés par les problèmes sociaux que de financer les écoles adéquatement pour éviter ces comportements.

Les appels au définancement de la police visent avant tout à prévenir les problèmes sociaux plutôt qu’à prévenir ou punir les mauvais comportements.

Il s’agit d’abord et avant tout de reconnaitre que la police n’est pas adéquatement formée pour accomplir la plupart des tâches qu’on lui assigne. Un transfert des fonds permettant la présence policière dans les écoles vers les écoles elles-mêmes serait un bon début.

Un financement adéquat des écoles et un élargissement des programmes qui y sont offerts, comme l’accès à la psychothérapie ou au conseil psychologique ainsi qu’à des repas gratuits, permettraient de se défaire de la logique disciplinaire et carcérale pour que les écoles puissent bien accomplir leur mandat.

Mieux encore, les milieux scolaires pourraient alors créer des mécanismes qui enseignent véritablement la coexistence et la responsabilité aux enfants.

Jérôme Melançon est professeur en études francophones et interculturelles ainsi qu’en philosophie à l’Université de Regina. Ses recherches portent notamment sur la réconciliation, l’autochtonisation des universités et les relations entre peuples autochtones et non autochtones, sur les communautés francophones en situation minoritaire et plus largement sur les problèmes liés à la coexistence. Il est l’auteur et le directeur de nombreux travaux sur le philosophe Maurice Merleau-Ponty, dont La politique dans l’adversité. Merleau-Ponty aux marges de la philosophie (MétisPresses, 2018).

La «merdification» est une traduction du terme «enshittification» lancé en 2022 par l’écrivain d’origine canadienne Cory Doctorow pour décrire le processus par lequel une plateforme numérique met en marché un service utile à perte pour créer une base d’utilisateurs, qui en deviennent dépendants.

Ensuite, les données de ces utilisateurs sont vendues, aussi à perte, à des clients, qui en deviennent également dépendants.

Le service devient alors un passage obligé et l’entreprise se sert de ce monopole, ou quasi-monopole, pour augmenter ses prix, la quantité de publicité, etc. – selon le modèle de revenus – pour mettre le plus d’argent possible dans ses poches et celles de ses actionnaires.

À cette étape, il n’est plus nécessaire d’offrir un service de qualité, et les paramètres des relations utilisateurs-entreprise-clients peuvent être modifiés sans préavis, toujours pour soutirer plus d’argent.

Le blocage des médias au Canada par Meta est un bon exemple d’un paramètre modifié rapidement dans le but d’éviter d’avoir à céder une part de ses profits. Meta est aussi un exemple de baisse de qualité du produit, puisque la plateforme offre maintenant beaucoup moins d’informations de qualité qu’avant.

À lire aussi : Les journaux francophones après un an de blocage de Meta

Presque toutes les grandes entreprises du Web sont dans la phase de recherche du profit. En conséquence, les résultats de recherche sur Google, par exemple, sont de moins en moins fiables, pollués par un grand nombre de publicités et par des sites préoccupés davantage par les clics que par la qualité du contenu.

Amazon est devenu un incontournable de la vente en ligne. Mais il impose des conditions d’utilisation ou des prix qui étouffent les petites entreprises essayant de vendre sur cette plateforme. Surtout quand Amazon veut s’approprier leurs produits ou leurs parts de marché.

Il y a aussi Uber, qui a fait concurrence à un secteur bien règlementé sans suivre les règles en place. L’entreprise s’est imposée en offrant des courses à des prix inférieurs à ceux des taxis et en payant très bien ses chauffeurs. Maintenant qu’Uber a réussi à couper l’herbe sous le pied aux taxis, les prix sont comparables et ses chauffeurs sont payés sous le salaire minimum.

Et arrive l’IA…

Si ChatGPT a piqué votre curiosité et que vous avez mis à l’essai l’intelligence artificielle (IA) génératrice de textes la plus connue, vous avez pu le faire gratuitement. Vous aurez remarqué que cet outil donne des résultats qui peuvent être convaincants, malgré les défauts qu’on lui connait.

ChatGPT en serait donc à la première étape du processus de «merdification» : un produit jugé comme étant performant et offert à perte.

Fin juillet, The Information rapportait justement que l’entreprise derrière ChatGPT, OpenAI, serait en voie d’enregistrer des pertes financières de 5 milliards de dollars américains cette année.

Ce déficit annoncé n’inclut cependant pas les droits d’auteur qu’OpenAI n’a pas payés. L’entrainement de ChatGPT s’est fait à partir de contenus qui se trouvent sur Internet et qui, dans certains cas, sont protégés par des droits d’auteur. Or, OpenAI n’a demandé aucune permission ni compensé qui que ce soit pour avoir utilisé ce contenu.

Pas étonnant que le New York Times poursuive OpenAI et que d’autres créateurs emboitent le pas ou concluent des ententes payantes.

De plus, OpenAI semble avoir mis de côté ses intentions de développement éthique au profit des… profits.

OpenAI devra également faire face à de la concurrence. Google a déjà annoncé la transformation de son moteur de recherche pour y intégrer une intelligence artificielle.

Ces embuches laissent entrevoir les prochaines phases de la «merdification» : augmentation des couts d’utilisation et baisse de la qualité.

À lire : L’IA au service de la francophonie

L’augmentation des couts d’utilisation s’explique d’elle-même. En revanche, la perte de qualité pourrait être tributaire de plusieurs facteurs. Il se pourrait que, si OpenAI n’a plus accès à autant de sources pour entrainer son IA, la qualité de ses résultats – déjà discutables en termes de véracité – s’en trouve directement touchée.

Malgré toutes les possibilités que laisse entrevoir cette technologie, elle ne peut fonctionner sans humain pour lui fournir de la matière.

Une recherche menée par des chercheurs anglais et canadiens et publiée dans Nature montre que lorsqu’une IA générative est entrainée à partir des générations successives antérieures de l’IA, la qualité des résultats dégringole.

L’entrainement des IA sera peut-être bientôt en face d’un mur, car les contenus produits par les IA génératives se multiplient très rapidement. D’ailleurs, des experts prévoient que dès l’année prochaine, 90 % de la production de contenu sur Internet sera faite par des IA.

La médiocrité est-elle évitable?

La solution pour se sortir des cycles de «merdification» devra en partie venir du gouvernement américain, qui semble pour le moment soucieux de sévir pour casser les monopoles des géants du Web.

Un juge a statué au début d’aout que Google a enfreint la loi antitrust en limitant la possibilité pour la concurrence de se tailler une place dans le marché des moteurs de recherche. Cette décision pourrait servir de jurisprudence dans des poursuites similaires contre Apple, Amazon et Meta.

De leur côté, les internautes doivent surtout reconnaitre que ces entreprises les exploitent. Une personne, une fois prise dans l’engrenage, n’a presque aucun moyen de se défendre autrement qu’en abandonnant le navire – ce qui n’est pas toujours possible ou même souhaitable. Il faut donc presser les gouvernements de mettre en place des garde-fous contre les pratiques prédatrices.

Les survivant·es des pensionnats pour enfants autochtones parlent depuis longtemps du décès d’élèves et de leur enterrement au cimetière attenant à l’école. De nombreuses familles ont également partagé n’avoir jamais été informées du décès ou de la disparition d’un enfant. Un volume entier du rapport de la Commission de vérité et réconciliation du Canada (CVR) est d’ailleurs consacré à cette question.

Des recherches sont ainsi en cours pour retrouver la trace de ces enfants et pour trouver l’emplacement exact de tombes sans sépultures. 

Tandis que le Centre national pour la vérité et la réconciliation a pu retrouver jusqu’à présent 4139 noms d’enfants disparus, mon travail de soutien auprès des communautés autochtones effectuant le même travail laisse déjà entrevoir que ce nombre sera beaucoup plus élevé.

À lire aussi : Pensionnats autochtones : les documents se font attendre

De l’espoir à la déception

Il est d’ailleurs important de savoir que la plus grande partie du travail de recherche est effectué par des équipes créées par des Premières Nations ou encore par des organismes qui les représentent. Dans l’espace de quelques semaines, ces équipes ont vu leur travail reconnu, puis arrêté.

Le rapport historique de l’interlocutrice spéciale indépendante, Lieux de vérité, lieux de conscience, met en lumière la difficulté de ces recherches, l’état actuel des cimetières et des archives, ainsi que les réseaux complexes qui liaient les pensionnats à une série d’autres institutions où les enfants pouvaient être envoyés, et souvent mourir, à l’insu de leurs parents.

Cette publication valide les résultats préliminaires des équipes de recherche et aurait dû encourager le gouvernement fédéral à appuyer leur travail. Mais ce dernier a fait volteface et a annoncé une limite aux fonds disponibles pour ces recherches.

Parler de «plafonnement» est simplement une manière d’éviter le mot «coupures». Ces fonds avaient été promis plusieurs années après la publication du rapport de la CVR, qui les réclamait déjà, et seulement après l’annonce de la découverte de tombes sans sépultures aux anciens pensionnats de Kamloops et Marieval par les Premières Nations, qui avaient lancé ces recherches elles-mêmes.

La limite de 500 000 dollars par année fait qu’un nombre très restreint de personnes peuvent être embauché·es, que les voyages pour accéder aux archives, retrouver des survivant·es éparpillé·es partout au Canada seront limités ou qu’il sera plus difficile d’assurer la participation des survivant·es au processus.

À lire aussi : Autochtones disparues et assassinées : les actions se font toujours attendre

Des besoins à long terme

Dans son rapport provisoire de juin 2023, l’interlocutrice spéciale indépendante, Kimberly Murray, indiquait déjà une série de besoins liés notamment à l’accès aux documents et aux sites, aux délais à prévoir, à la protection contre les réponses du public allochtone ainsi qu’au soutien et au financement des équipes de recherche.

Pour que la recherche soit menée d’une bonne manière, la souveraineté des peuples autochtones doit être reconnue et le Canada doit assumer ses responsabilités.

Le travail ne peut se limiter à la recherche archéologique et à la recherche archivistique des données.

En effet, les abus et le nombre des décès n’étaient pas notés dans les documents officiels; ce sont les survivant·es qui ont préservé cette mémoire. Or, ces personnes sont désormais d’un âge avancé et leurs décès sont de plus en plus fréquents. Les communautés perdent donc la seule source possible d’information pour mener à bien certaines recherches.

Les membres des équipes de recherche doivent avoir la possibilité de recevoir des formations, afin de développer la capacité de recherche au sein des communautés autochtones. Elles pourront ainsi continuer à diriger leurs propres travaux… et éviter que des compagnies privées ne les arnaquent ou n’exploitent les ressources financières dédiées à ces projets.

Malgré de belles paroles en faveur de la vérité et de la réconciliation par le gouvernement de Justin Trudeau, le plafonnement du financement pour la recherche sur les résidents des pensionnats autochtones est en fait un recul sur une promesse. 

Photo : Domaine public

Un long chemin pour la réconciliation

Dans un contexte où même le Comité sénatorial permanent des peuples autochtones reconnait les défis et manquements actuels, la décision de limiter les fonds pour ces recherches par le gouvernement fédéral ne peut avoir que deux explications.

La première hypothèse est le paternalisme. Le gouvernement ne fait pas confiance aux capacités des peuples autochtones et désire contrôler davantage le processus . Il veut éviter que les Premiers peuples prennent le contrôle et exercent leur souveraineté. Il préfère que des experts externes soient embauchés.

Autrement dit, il veut éviter que l’expertise se développe dans les communautés autochtones. En limitant le financement, il maintient la dépendance des Premières Nations à son endroit ainsi qu’à l’endroit des centres d’archives qui ne sont pas gérés par les peuples autochtones et qui n’arrivent pas, eux non plus, à faire tout le travail nécessaire.

La seconde hypothèse est plus cynique. C’est que le gouvernement, ou les organismes et institutions qui font pression sur lui, ne veulent pas que ce travail se fasse. 

En effet, le travail actuel reste critique. Les témoignages des survivant·es lors des travaux de la CVR ont montré ce que les enfants et adolescent·es ont vu, le travail dans les archives disponibles à l’époque a exposé les politiques étatiques.

Mais avant d’avoir accès aux archives qu’ouvrent désormais peu à peu les églises et les congrégations religieuses, nous ne savions pas comment les pensionnats étaient gérés et opérés, ni quelles étaient les politiques mises en place par les religieux sur place. Cette connaissance semblait à portée de main… Elle est désormais beaucoup plus éloignée.

Il est toujours difficile, voire impossible, pour les peuples autochtones de faire confiance aux églises ou à l’État pour ce travail, étant donné la teneur des relations et surtout la responsabilité pour les torts causés par les écoles. Sans oublier les morts d’enfants et le non-respect des corps.

D’une manière ou d’une autre – et en fait des deux –, le gouvernement agit à l’encontre de la volonté de réconciliation qu’il revendique pourtant, et détruit à nouveau une partie du travail de réconciliation qui a eu lieu jusqu’à présent.

Douceur fransaskoise

Ce printemps, l’autrice-compositrice-interprète fransaskoise Alexis Normand présentait quelques-unes de ses plus belles chansons francophones. Avec Empreintes, elle nous invitait dans un univers rempli de tendresse et de mélancolie.

Elle a fait appel à deux réalisateurs chevronnés, Marc Pérusse et James Bunton, qui ont bien su comprendre son univers folk auquel ils ont ajouté des nuances de blues et de jazz.

Couverture de l’album Empreintes d’Alexis Normand. 

Photo :alexisnormand.com 

La douceur de la voix d’Alexis livre toute la puissance de chaque mot. Ces chansons nous interpellent sur divers sujets, comme l’exploitation des ressources naturelles, la richesse de la famille et le retour aux sources.

Ce nouvel album comprend une dizaine de chansons, dont quelques petits bijoux savoureux. Il faut  parle de l’exploitation des ressources naturelles avec une force extraordinaire.

Le country folk Tous les matins est vraiment touchant et offre un beau moment de tendresse. L’album se termine par un duo avec Daniel Lavoie Sing me home. Il s’agit de l’une des plus belles chansons de la Fransaskoise. Cette ode au retour aux sources est tout à fait sublime.

Depuis environ une quinzaine d’années, Alexis Normand a forger un parcours musical qui démontre toute sa richesse artistique. Avec Empreintes, elle offre une parcelle de ses plus belles chansons. Elle nous livre un univers folk riche et une voix remplie de tendresse.

Sing me home
Album : Empreintes

Bijou caché en Alberta

Mon plus grand plaisir lorsque je fais des commentaires sur des albums, c’est de découvrir de petits bijoux irrésistibles. Tel est le cas avec Girlz with Guitarz, un trio féminin de la région de Plamondon, en Alberta.

Couverture du EP de Girlz with Guitarz. 

Photo : girlzwithguitarz.ca

Ce trio est composé des sœurs Tracy Gauthier Lord et Karen Gautier Levoir accompagnées de leur tante Michèle Gauthier. Ces multi-instrumentistes aux voix harmonieuses nous captivent avec un univers folk dont la richesse se trouve dans les arrangements musicaux. Les harmonies vocales constituent souvent la force maitresse des chansons proposées.

Girlz with Guitarz débutent leur EP avec l’un des plus beaux textes de l’album, Langage de la poésie. Mon corps dit en est un autre sur le mal d’amour. La pièce maitresse est sans aucun doute Feel Good chanson. Une superbe valse country sur un texte vraiment touchant.

Le trio de musiciennes folk offre un EP éponyme des plus intéressants. Le temps de six chansons, Tracy, Karen et Michèle offrent un univers folk riche et harmonieux.

À lire aussi : Plamondon, tout petit village qui voit grand

Langage de la poésie
Album : EP Girlz with Guitarz

Musique à tous les étages 

Au printemps 2020, Soir de semaine lançait son 3e album, Au gré du vent. Cette formation du Yukon poursuivait ainsi sa démarche artistique avec originalité et diversité.

Couverture de l’album Au gré du vent du groupe yukonnais Soir de semaine. 

Photo : soirdesemaine.com

La diversité des genres musicaux est une force pour Soir de semaine. Rock, pop rock, ska et reggae, de plage en plage, l’auditeur est interpellé par une humeur différente et ne s’ennuie jamais. En revanche, les thèmes ne sont pas dépaysants : la famille, les amis, les fêtes ou encore les voyages.

Champagne m’a beaucoup séduit avec un reggae digne du groupe The Police. La pièce titre, Au gré du vent, également offerte en version instrumentale, se démarque également par une belle musicalité. Tes yeux est un autre excellent texte inspirant, appuyé par une belle trame musicale.

Parlant de trame musicale, je termine mon commentaire par Olivier. Une belle pièce instrumentale avec une progression d’accord qui nous captive de seconde en seconde.

Soir de semaine, ce sont des musiciens talentueux et généreux à l’énergie communicative, qui a offert un merveilleux 3e opus à la musicalité solide et aux textes puissants.

Champagne
Album : Au gré du vent

Marc Lalonde, dit Lalonde des ondes, est chroniqueur musical depuis plus de 25 ans au sein de la francophonie musicale canadienne et animateur de l’émission radiophonique Can-Rock. Il se fait un malin plaisir de partager cette richesse dans 16 stations de radio à travers le pays chaque semaine.

Pendant près de 15 ans, de 2001 à 2015, deux grands fabricants – Weston et Canada Bread – ainsi que cinq détaillants – Loblaw, Sobeys, Metro, Walmart Canada et Tigre Géant – auraient fixé les prix du pain en épicerie. Le stratagème aurait permis à ces entreprises d’engranger un surprofit de près de 5 milliards de dollars durant cette période.

Le règlement survenu la semaine dernière permet à Loblaw et Weston de mettre fin aux actions collectives contre elles. Bien que le montant puisse paraitre énorme, ce n’est que l’équivalent d’une petite tape sur les doigts plutôt qu’une punition sérieuse, vu les profits excédentaires possiblement enregistrés et la taille des entreprises visées.

Une tape sur les doigts

Loblaw et Weston avaient reconnu leur responsabilité dans cette affaire dès 2017, après l’ouverture d’une enquête du Bureau de la concurrence. Loblaw avait offert un remboursement de 96 millions de dollars à ses clients à l’époque. Ce montant est donc déduit du règlement qui vient d’être conclu. Weston paiera 247,5 millions. Loblaw acquittera les 156,5 millions restants.

Pour le géant de l’alimentation, cela représente au final un recul du profit net de son dernier trimestre de 10 % par rapport à la même période l’an passé. Son profit trimestriel s’élève tout de même à 457 millions de dollars sur un chiffre d’affaires de près de 15 milliards. Pas de quoi s’énerver. L’action de l’entreprise a perdu 3 % le jour de l’annonce, mais a vite remonté le lendemain.

Les résultats de l’enquête du Bureau de la concurrence, eux, se font toujours attendre, depuis sept ans maintenant.

Canada Bread, l’autre fabricant impliqué dans cette affaire qui détient les marques Dempster’s et POM notamment, a reconnu sa responsabilité l’année dernière et a été condamné par le Bureau de la concurrence à payer une amende de 50 millions de dollars. Encore une fois, cette somme peut paraitre bien faible par rapport à l’ampleur de la fraude.

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Les limites de la police antitrust

Le Bureau de la concurrence est le principal gendarme qui s’occupe de protéger la concurrence. Il traite les plaintes et lance des enquêtes quand des entreprises sont soupçonnées de fixer les prix.

L’enquête interminable du Bureau et les montants dérisoires des amendes et règlements dans le cas du cartel du pain ne laissent cependant présager rien de bon quant à l’avenir de l’antitrust au Canada.

Le cas de la fixation des prix du pain ne devrait pas prendre plus de sept ans à régler. Après tout, les deux instigateurs du stratagème, Weston et Canada Bread, ont reconnu leur responsabilité et participent à l’enquête. Des courriels font expressément référence à l’entente. Il y a des preuves écrites. C’est un cas classique de fixation des prix, et non une ruse très élaborée.

Si le Bureau de la concurrence peine à mener cette enquête à bien, comment peut-on croire qu’il aboutira dans des cas plus complexes? Il vient d’ailleurs d’entamer ce printemps une enquête contre les géants de l’épicerie Sobeys et Loblaw, qui limiteraient la concurrence par l’entremise de leur contrôle immobilier.

Ces entreprises ne sont pas que des épiciers; elles gèrent aussi des divisions dans la pharmacie, le vêtement, les services financiers et, oui, les investissements immobiliers.

Le Bureau de la concurrence soupçonne ces épiciers de contrôler le type de commerce qui peut s’établir dans les centres commerciaux par l’entremise d’ententes restrictives ou directement d’acheter des terrains vacants pour empêcher d’éventuels compétiteurs de s’installer et de les concurrencer.

Ce type de pratiques qui limitent la concurrence seront assurément plus complexes à prouver que le cas du cartel du pain.

La confiance du public

L’alimentation n’est pas le seul secteur économique où l’on observe une grande concentration des entreprises. Le secteur du transport aérien, le raffinage et la distribution d’essence ou la téléphonie cellulaire sont quelques autres exemples de biens et services qui coutent plus cher au Canada qu’ailleurs.

On peut évidemment soupçonner que des pratiques anticoncurrentielles sont la cause de ces prix élevés, mais encore faut-il le prouver. Seul un régulateur fort disposant de moyens conséquents peut y arriver.

Au-delà de l’impact économique sur nous tous, c’est surtout la confiance du public qui est en jeu dans ces histoires. Les pratiques anticoncurrentielles peuvent prendre de nombreuses formes et ne se limitent pas à des ententes directes sur les prix.

Les consommateurs doivent avoir des recours et avoir confiance que les institutions publiques qui les protègent ont les moyens de faire valoir leur droit, surtout devant des entreprises milliardaires qui opèrent à la grandeur du pays. Pour l’instant, les résultats sont, au mieux, mitigés.