La présidente du Conseil du Trésor, Mona Fortier.
«On souhaite mettre les efforts à la table de négociations pour s’assurer d’avoir une entente et livrer ces services-là», incluant les services offerts aux francophones du pays, a martelé la présidente du Conseil du Trésor Mona Fortier devant les journalistes le 19 avril.
«Cette grève va retarder tout ce que fait le gouvernement, analyse François Rocher, professeur à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa. Ça touche aussi la modernisation de la Loi sur les langues officielles et la mise en œuvre du Plan d’action. Je vois difficilement comment c’est possible d’offrir via les organismes francophones sans fonctionnaires.»
L’universitaire estime également qu’à la fin de la grève, les fonctionnaires risquent de devoir travailler davantage pour rattraper le retard des affaires gouvernementales.
Les fonctionnaires fédéraux sont sans contrat de travail depuis deux ans.
Enjeux salariaux
Depuis près de deux ans, l’Alliance de la Fonction publique du Canada (AFPC) et le Conseil du Trésor négocient, entre autres, les conditions salariales et celles qui entourent le télétravail des fonctionnaires depuis la pandémie.
L’AFPC demande 4,5 % d’augmentation salariale par année pour les trois prochaines années. Mais le Conseil du Trésor a proposé 9 % d’augmentation salariale sur la même période dans sa dernière offre.
Une offre jugée insuffisante pour répondre au cout de la vie, estime Diane Girouard, fonctionnaire rencontrée sur les piquets de grève mercredi à Ottawa.
«Ce n’est pas assez. Avec les augmentations de l’épicerie, de l’essence, c’est plus abordable… J’ai aucune idée comment les jeunes font pour obtenir une maison. C’est presque impossible de vivre une vie calme sans le souci des finances», précise-t-elle.
Diane Girouard, fonctionnaire rencontrée au piquet de grève, enregistre les membres des syndicats qui arrivent sur les piquets.
Le retour au travail par force de loi?
À la question d’un projet de loi qui forcerait le retour au travail des grévistes, le premier ministre Justin Trudeau a expliqué en mêlée de presse mercredi que son gouvernement attendait le débouché des négociations. Il a ajouté qu’il ne pouvait se prononcer sur la question au premier jour de grève, laissant planer la possibilité d’un tel projet de loi.
Selon le chef du NPD Jagmeet Singh, présent sur les piquets, la grève est le «seul outil quand le contrat n’est pas satisfaisant».
Le chef du NPD, Jagmeet Singh, a réitéré que son parti ne soutiendrait pas une loi forçant le retour au travail des fonctionnaires. Présent aux côtés des grévistes ce mercredi, il a affirmé que «la décision de la longueur de la grève est entre les mains du gouvernement. Ils ont la responsabilité de négocier un contrat de bonne foi qui respecte leurs travailleurs qui ont livré l’aide aux Canadiens pendant la pandémie».
Jagmeet Singh ne serait «pas surpris» si les conservateurs choisissaient d’appuyer le gouvernement si ce dernier va de l’avant avec une telle décision.
C’est aussi l’avis du professeur François Rocher, pour qui le recours au retour forcé au travail est inévitable : «Pour avoir vu des situations semblables à l’échelle provinciale, c’est la solution rapide du gouvernement.»
Le ministre de l’Immigration, Sean Fraser, la présidente du Conseil du Trésor, Mona Fortier, la ministre du Revenu national, Diane LeBouthilier et la ministre de la la Famille, des Enfants et du Développement social, Karina Gould en conférence de presse le 19 avril.
Des délais supplémentaires pour les passeports et les demandes de visas
En conférence de presse, les ministres Gould, Fortier, Fraser et Lebouthillier ont fait le point sur les services affectés par la grève au sein de leurs ministères respectifs.
En pleine saison des impôts, toutes les déclarations de revenus non électroniques, qui nécessitent des «manipulations papier», subiront d’importants retards, a rapporté la ministre du Revenu national Diane Lebouthillier.
L’Agence de revenu du Canada (ARC) effectuera un allègement des pénalités de retards. Les Canadiens et les entreprises concernés devront en faire la demande.
Les demandes de visas et de passeport seront aussi affectées.
La ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social, Karina Gould.
Par exemple, Service Canada reçoit près de 85 000 demandes de passeports par semaine. «Nous avons une capacité de traiter entre 160 000 et 200 000 passeports, a précisé la ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social Karina Gould. […] Si nous perdons une semaine de traitement de demande, des dizaines de milliers de dossiers feront partie des arriérés.»
Interrogée sur sa marge de manœuvre pour ne pas répéter la situation chaotique de l’été 2022 pour les demandes de passeports, cette dernière a assuré être «dans une position plus solide que l’an dernier. On ne s’attend pas à des files devant les bureaux de Services Canada comme l’an dernier. Mais chaque jour de grève, il y aura un arriéré».
De son côté, le ministre de l’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), Sean Fraser, gère actuellement un inventaire de plus d’un million de demandes de visas. Il a déploré en point de presse que la grève «aura une incidence sur les gains réalisés pour réduire ces arriérés depuis la pandémie», sans préciser à quoi la population doit s’attendre comme délais.
Hors grève, le ministère avait déjà été épinglé à plusieurs reprises l’an dernier pour ses délais de traitements, notamment en Afrique.
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L’Agence de revenu du Canada (ARC)
Les services maintenus :
Les services touchés :
Un allègement des pénalités ou intérêts sera effectué par l’ARC pour les Canadiens qui ne peuvent se soumettre à leurs obligations en matière fiscale. La demande doit être faite par la poste ou électroniquement sur le site Web de l’Agence du revenu du Canada.
Services Canada
Les services maintenus :
Les services touchés :
Ministère de l’Immigration
Les services maintenus :
Les services touchés :
Les interprètes dénoncent de nouveau leurs conditions de travail. De nouvelles règles annoncées par le Bureau de la traduction, qui emploie les interprètes indépendants, mettraient leur santé en danger.
Les nouvelles règles en matière d’approvisionnement «exposeraient leur santé auditive à des risques accrus, exacerberaient la pénurie déjà aigüe des interprètes disposés à travailler pour le Parlement et saperaient les conditions nécessaires à un service de qualité», affirme, dans un communiqué, l’Association internationale des interprètes de conférence (AIIC) Canada.
Ce n’est pas la première fois que l’AIIC Canada fait part de ses craintes sur les conditions de travail et la pénurie qui touchent les interprètes au Parlement.
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L’une des nouvelles mesures consiste à les faire travailler des quarts de six heures à distance, ce qui les exposerait «aux effets nocifs d’un son compressé et modifié numériquement», précise le document.
L’AIIC Canada affirme aussi que le Bureau de la traduction n’indique pas de limites pour réduire le temps d’exposition au son compressé. Or, selon l’organisme, ces limites sont nécessaires pour éviter que l’exposition à ce son n’affecte la santé.
En outre, le temps d’exposition concernerait seulement les interprètes indépendants lorsqu’ils interprètent et non lorsqu’ils écoutent.
Les 120 000 membres de l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC) ont voté en faveur d’un mandat de grève. Le vote s’est tenu à l’échelle nationale, du 22 février au 11 avril 2023.
Le président national de l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC), Chris Aylward, a affirmé qu’«une majorité écrasante» de membres avaient voté en faveur de la grève sans en dévoiler le pourcentage.
«Le cout de la vie a atteint des sommets inégalés en 40 ans et les gens ont de la difficulté à joindre les deux bouts», a déclaré Chris Aylward, dans un communiqué. Le président national de l’AFPC a affirmé qu’«une majorité écrasante» avait voté en faveur de la grève sans en dévoiler le pourcentage.
«[Nos membres] choisissent d’exercer leur pouvoir de négociation, parce qu’ils ont attendu assez longtemps. Les factures, elles, n’attendent pas. Leurs familles ne peuvent plus attendre. Personne ne peut attendre plus longtemps», a-t-il ajouté.
Les négociations avec le Secrétariat du Conseil du Trésor ont débuté en juin 2021, mais c’est depuis mai 2022 que l’AFPC a estimé que les discussions se sont retrouvées dans une impasse «devant une offre salariale insultante».
Les négociations achoppent sur le télétravail, la sous-traitance et les augmentations de salaire. L’Alliance de la fonction publique réclame une augmentation de salaire de 4,5 % par année de 2021 à 2023 alors que le gouvernement fédéral propose une augmentation moyenne de 2,6 % par année.
Les négociations sont toujours en cours.
Des membres du conseil d’administration, de la haute direction et des mentors de la Fondation Trudeau ont démissionné en bloc en raison d’enjeux «éthiques» liés à un don de 200 000 $ émanant de la Chine.
La Fondation Trudeau n’a pu retourner le don de 200 000 $ faute de pouvoir le retracer.
La Fondation Trudeau a justifié en début de semaine la démission de membres de son conseil d’administration et de sa haute direction en raison d’une «politisation de la Fondation» rendant le maintien du statuquo impossible.
La Presse a révélé le lendemain de l’annonce que la Fondation était dans l’impossibilité de rembourser le don. Le nom de l’émetteur du chèque ne serait pas le véritable nom du donateur. Comme l’identité du «vrai donateur» n’apparait pas dans les livres, la Fondation ne peut émettre légalement le chèque de remboursement.
Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a demandé que la vérificatrice générale mène une enquête indépendante.
«Ces révélations, dans la foulée de la démission en bloc des administrateurs de la Fondation qui déplorent un climat toxique et l’absence d’une enquête indépendante, sont extrêmement préoccupantes», a développé l’élu dans une lettre ouverte envoyée jeudi.
Accompagné de son homologue ukrainien Denys Chmyhal, le premier ministre Justin Trudeau a annoncé mardi l’envoi de 21 000 fusils d’assaut, 8 mitrailleuses et 2,4 millions de munitions à l’armée ukrainienne.
Un nouvel accord signé entre les deux pays mardi facilite également le travail et le voyage des jeunes Ukrainiens et Canadiens dans les deux pays.
Parallèlement, Moscou aurait revendiqué des attaques de pirates sur les sites internet officiels du premier ministre Trudeau et du Sénat canadien dès le début de semaine, coïncidant avec la venue de Denys Chmyhal.
Ces attaques ont été revendiquées par un groupe prorusse.
Selon le Globe and Mail, des documents qui auraient fuité du Pentagone auraient révélé que «des cyberattaques russes auraient causé des dommages à une entreprise énergétique canadienne», plus particulièrement au fonctionnement d’un gazoduc.
Ces informations ont été minimisées par Justin Trudeau qui, selon l’article, a assuré que ces attaques n’avaient pas causé de «dommages physiques» aux infrastructures ciblées.
À cela s’ajoute une attaque revendiquée par des pirates prorusses contre Hydro-Québec, jeudi, provoquant la fermeture du site internet, de l’espace client et de l’application de la société d’État.
La Banque du Canada a maintenu son taux directeur à 4,5 % pour la troisième fois depuis le début de l’année.
Pour la troisième fois consécutive depuis janvier 2023, la Banque du Canada a annoncé mercredi le maintien du taux directeur.
L’inflation annuelle s’élevait à 5,2 % en février au pays. En conférence de presse mercredi, le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a affirmé que «l’inflation baisse vite et devrait se situer autour de 3,0 % cet été».
L’objectif de la Banque du Canada est de stabiliser le taux d’inflation à 2 %. De mars 2022 à février 2023, l’institution a haussé son taux d’intérêt directeur à huit reprises.
Sur le marché de l’emploi, «la demande continue de dépasser l’offre et le marché du travail reste tendu, a indiqué la Banque par voie de communiqué.»
«Même si l’enquête sur les perspectives des entreprises menée par la Banque donne à penser que les pénuries aigües de travailleurs commencent à s’atténuer, la progression des salaires est encore élevée par rapport à celle de la productivité.»
Je ne répèterai pas les énormités et les mensonges qui servent à soutenir les mouvements antitrans ni les calomnies qui se répandent. Je rappellerai plutôt que les personnes trans ont toujours existé, même si leurs modalités d’expression et de compréhension de leur genre ont pu changer au fil des époques et des cultures.
Toutefois, leur présence au sein de la société canadienne n’est souvent soulignée publiquement que par une participation mitigée à la journée du souvenir trans, qui marque la violence inouïe à laquelle les personnes trans sont exposées, ou encore à la journée de la visibilité transgenre, visibilité qui peut d’ailleurs ouvrir à de nouvelles menaces lorsqu’elle ne s’accompagne pas de davantage de mesures pour assurer leur sécurité.
Comme l’explique la militante et autrice Lexie, «[o]n ne voit pas les personnes trans, on voit ce qui intéresse les personnes cisgenres sur les personnes trans» : les questions «choquantes», les suicides, les assassinats.
Être visible dans un contexte où la violence demeure encore plus présente que pour la plupart des autres catégories sociales reste un danger ; mais n’être visible que par ces dangers ne contribue pas à faire connaitre les diverses manières de vivre et de comprendre le genre qui ont pu exister au fil de l’histoire. Il en faut encore davantage pour appuyer les personnes trans, qu’elles soient jeunes ou vieillissantes.
Le Canada peut-il répondre à la situation américaine?
La mécompréhension et la haine n’existent pas que du fait de l’ignorance.
Aux États-Unis, une jeune personne trans sur quatre vit dans des États où les soins d’affirmation de genre ont été bannis, et une autre sur les mêmes quatre risque de perdre l’accès à ces soins. Dans certains cas, un enfant trans pourrait même être enlevé à ses parents.
Ces lois et projets de loi sur les soins de santé ne représentent qu’environ un quart des mesures législatives qui visent les personnes trans ou non conformes au genre.
Notons que si certains États – comme le Minnesota – avancent dans la direction opposée, se présentant même comme États refuges pour les personnes trans et leur famille, il est loin d’être certain que ces mesures suffiront à les protéger.
Heureusement, la situation est tout autre au Canada.
Une loi adoptée en 2017 a rendu illégale la discrimination ainsi que la propagande haineuse sur la base de l’identité ou de l’expression de genre, et fait des préjugés et de la haine en relation au genre, une circonstance aggravante lorsqu’un crime est commis.
Afin d’étendre ces protections aux populations des États-Unis et du Royaume-Uni, où des mesures législatives similaires à celles des États-Unis sont en cours de préparation, une pétition a récemment été lancée afin de faciliter l’accès au statut de réfugié pour les personnes trans de ces pays jugés sécuritaires – et de tout pays.
Mais même si, à terme, la pétition pourrait mener à des mesures législatives, il faudra plusieurs changements pour offrir un refuge aux Américains et Américaines, qui se le voient refuser la plupart du temps.
Le Canada répond-il à sa propre situation?
Notons toutefois que l’état des choses au Canada est loin d’être si propice à une bonne vie pour les personnes trans et plus largement pour les communautés de la diversité sexuelle et de genre.
Les délais demeurent longs pour avoir accès aux chirurgies d’affirmation de genre : il faut environ deux ans simplement pour avoir accès aux cliniques spécialisées de Montréal et de Vancouver – les deux seules au pays. Les personnes réfugiées 2ELGBTQIA+ ne reçoivent pas le soutien nécessaire pour surmonter les obstacles posés par une discrimination qui demeure bien réelle.
Cette discrimination s’étend aux soins de santé – et même au système juridique, qui devrait pourtant servir à l’enrayer.
Une campagne est en cours pour influencer les conseils scolaires et les conseils d’école, voire prendre leur contrôle afin d’empêcher l’enseignement des connaissances liées au genre et à la sexualité.
Et on voit aussi au Canada une augmentation du nombre de crimes haineux commis contre les personnes trans, en particulier et plus généralement contre les personnes 2ELGBTQIA+.
Comment savoir?
Ces remises en question des connaissances qui ont été développées au sein des milieux médicaux ainsi que les communautés de la diversité sexuelle et de genre sèment la confusion et la haine. Elles contribuent à réduire l’appui pour les mesures qui visent à protéger les personnes trans et pour les programmes qui cherchent à démanteler les obstacles aux services dont profite déjà le reste de la population (pensons au traitement hormonal substitutif).
C’est ainsi qu’une centaine de personnes se sont exprimées à Saskatoon sur la question de l’accès aux toilettes : on y a créé un débat qui fait place autant aux perspectives informées qu’à celles qui sont la conséquence de préjugés et de l’incitation à la haine.
Pourtant, y a-t-il mieux comme spécialistes de ces enjeux que les personnes qui vivent une vie trans, c’est-à-dire qui ont eu à se questionner, à faire des essais, à se renseigner, à théoriser, à échanger avec leurs proches, à créer de nouvelles relations ; qui ont dû tenir ferme souvent devant l’abandon par leurs proches ou encore devant le harcèlement, la perte d’emploi, les menaces, la violence subie, la mort violente des autres personnes trans?
Il faut ainsi célébrer la création d’un programme de mentorat par les pairs à Regina (notamment grâce au soutien de l’entreprise bilingue Ivy + Dean Experts-Conseils) ou encore l’embauche (en 2017) du professeur transgenre Alexandre Baril à l’Université d’Ottawa.
Avec le succès de la littérature trans, on peut également se tourner vers le roman de Gabrielle Boulianne-Tremblay ou encore les recueils de poésie de Pascale Bérubé et de Xavier Gould, dans lesquels ces artistes littéraires explorent tant les réalités vécues que leurs espoirs.
Jérôme Melançon est professeur agrégé en études francophones et interculturelles ainsi qu’en philosophie à l’Université de Regina. Ses recherches portent notamment sur la réconciliation, l’autochtonisation des universités et les relations entre peuples autochtones et non autochtones, sur les communautés francophones en situation minoritaire et plus largement sur les problèmes liés à la coexistence. Il est l’auteur et le directeur de nombreux travaux sur le philosophe Maurice Merleau-Ponty, dont «La politique dans l’adversité. Merleau-Ponty aux marges de la philosophie» (Metispresses, 2018).
«Pour avoir une bonne vie dans le monde de la comédie, il faut que tu deviennes moyennement connu. […] C’est difficile de faire assez d’argent pour vivre confortablement, tandis qu’avec la physique ou les sciences ou n’importe quel autre job, ce n’est pas un concours de popularité pour bien se faire payer.»
Apollo Sévigny entend ce discours sur l’art professionnel depuis toujours. «Je voulais vraiment être actrice et là [je me suis dit] que c’est dur la comédie.» Après sa dernière année au secondaire à Yellowknife, iel étudiera au baccalauréat en physique l’Université McGill à Montréal.
«J’étais toujours vraiment bon en mathématiques et en sciences, alors j’ai pensé à ça, poursuit-iel. À un point, mon père a fait une blague que je devrais découvrir la téléportation. C’est plein de petits commentaires et d’idées… Doucement, j’ai [décidé] que j’allais étudier la physique.»
À Saint-Jean de Terre-Neuve, Nyamae Alloway a toujours été passionnée par les sciences humaines et naturelles. Elle entamera une double majeure en arts et sciences à la Memorial University en septembre.
Sa sœur, Letta, qui termine sa 10e année à l’école secondaire Holy Heart of Mary à Saint-Jean de Terre-Neuve, est encore indécise : «J’aime l’art et je veux continuer avec ça, mais je n’ai pas vraiment pensé à ce que je veux faire, avoue-t-elle. J’aime dessiner, la peinture, les tatouages, le maquillage.»
Mais Nyamae Alloway garde un œil sur sa cadette et ne l’encourage pas à poursuivre une carrière artistique : «Elle va dormir sur mon [canapé]! Je l’aime ma sœur, promis. Mais en même temps, je veux qu’elle ait un travail qui donne de l’argent.»
D’où viennent ces préjugés?
«On associe les arts à la débauche, à la marge et la marge rend toujours inconfortable parce que ça dit des vérités qui sont inconfortables à entendre», rapporte Joël Beddows, professeur de théâtre à l’Université d’Ottawa. Pour lui, les idées reçues sur le milieu artistique prennent aussi racine au-delà de la sphère privée.
L’État ne prend pas les arts au sérieux.
Joël Beddows est professeur de théâtre à l’Université d’Ottawa.
«Je ne parle pas juste du financement, je parle du cadre légal, explicite-t-il. Quand ton État ne reconnait pas le bienfondé de ton existence dans un contexte politique plus large, tu arrives mal à convaincre tes parents de te permettre de poursuivre tes études et là, les clichés prennent beaucoup de place.»
Également conseiller auprès du Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario, l’universitaire affirme que «les orienteurs dans les écoles secondaires ne font pas leur devoir […] ils parlent en clichés et pas en connaissance de cause, ils ne regardent pas vraiment les statistiques.»
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«Les gens confondent précarité et capacité à faire de l’argent, poursuit-il. Souvent quand on est dans les arts, on a de longues périodes sans rien, mais c’est la moyenne qui compte. Ça, il y a des gens qui n’aiment pas ça, ils veulent le salaire régulier.»
Suivre son cœur
Maxime Cayouette est responsable de la médiation et du développement des publics au Théâtre du Nouvel-Ontario (TNO) à Sudbury. Aujourd’hui, son choix est clair, mais pendant longtemps, les arts et les sciences ont partagé sa vie.
Élevé à Sudbury, il choisit l’école secondaire Macdonald-Cartier pour rejoindre la troupe de théâtre les Draveurs, tout en complétant un baccalauréat international en mathématiques.
À l’époque, il souhaitait compléter une Majeure Haute Spécialisation en arts. «On me disait souvent, famille et profs, que je devrais avoir un cours de science si jamais le théâtre ne marchait pas», raconte-t-il. Il s’inscrit donc à un cours de chimie qui l’empêchera, en raison d’un conflit d’horaire, de terminer sa majeure.
Maxime Cayouette est responsable de la médiation et du développement des publics au Théâtre du Nouvel-Ontario (TNO).
Son avenir parait alors dessiné : «Je me suis dit : “je ne me suis pas rendu aussi loin que j’aurais pu en arts, alors je vais continuer en sciences”.»
Au bout d’une année d’études en génie à l’Université d’Ottawa, le Franco-Ontarien décide de revenir à la maison. Pour être certain de son choix, il se pose alors une question simple : «Est-ce que je veux faire de l’argent ou quelque chose que j’aime?»
Il s’inscrit alors au programme de théâtre de l’Université Laurentienne. Au bout d’un an, l’établissement se met à l’abri de ses créanciers et le programme de théâtre est aboli.
Maxime décide d’abandonner ses études et devient animateur culturel au Conseil scolaire public du Grand Nord de l’Ontario. «J’ai été très chanceux de connaitre le monde, d’être intégré dans la communauté. Je pense que c’est surtout pour ça.»
«Mon introduction [au théâtre] était dans des camps de théâtre du Carrefour francophone, quand j’étais très petit, avec Miriam Cusson, relate-t-il. J’ai grandi ici, c’est ça qui m’a formé comme artiste. J’allais souvent voir des pièces de théâtre au Théâtre du Nouvel-Ontario. C’est toujours resté une partie de moi.»
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Se former à l’art
Maintenant à la retraite, Tibor Egervari a été professeur de théâtre à l’Université d’Ottawa. Selon lui, la rencontre avec l’art doit commencer jeune et doit être diverse : «Le gout est quelque chose qui se forme.»
Tibor Egervari est professeur émérite de théâtre à l’Université d’Ottawa.
Pour lui, ce gout se forme d’abord dans la rencontre avec l’art : «Si vous avez 15 ans, 16 ans et que vous n’avez jamais entendu parler d’une tragédie française, grecque, d’une pièce du XIXe siècle ou du XXe siècle, et qu’on vous place devant ça, évidemment vous allez trouver ça terriblement ennuyeux, compliqué, différent, et vous avez forcément un préjugé devant ça.»
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«Il y a très peu de personnes dans une société en général qui vont au théâtre. Ça peut être très facilement considéré comme élitiste, comme la musique classique, comme certaines formes d’arts visuels», remarque Tibor Egervari.
On entend souvent que faire carrière dans le théâtre est difficile. Un préjugé qui n’est pas totalement faux, estime le professeur. «J’aurais quand même assez d’hésitation, assez de réticence, à conseiller quelqu’un de devenir artiste, partage-t-il. Ça ne paie pas la plupart du temps, ce n’est pas très facile. Il y a beaucoup plus d’appelés que d’élus.»
Pour devenir artiste selon lui, «il faut avoir une volonté à soi […] qui devrait normalement naitre au contact de cet art. Il ne faut certainement pas attendre que quelqu’un vous dise “vous devriez devenir comédien ou comédienne ou artiste peintre”».
Il s’agit de la quatrième recommandation sur les 12 que comprend le rapport du Comité permanent des langues officielles du Sénat intitulé L’immigration francophone en milieu minoritaire : une démarche audacieuse, coordonnée et renforcée.
Dans ce rapport, publié le 30 mars 2023, le Comité demande que ce programme distinct soit conçu en fonction des besoins de main-d’œuvre des communautés francophones en situation minoritaire.
Admission de résidents permanents de 2017 à 2022 selon la province ou le territoire.
«Bien qu’Entrée express ait permis des avancées, le Comité sénatorial favorise l’approche d’égalité réelle défendue dans DesRochers c. Canada (Industrie), et selon laquelle les minorités peuvent s’attendre à des programmes au contenu distinct de ceux de la majorité», justifie le Comité dans son rapport.
Ainsi, l’éducation, la petite enfance et la santé bénéficieraient de mesures spéciales.
Par ailleurs, des volets francophones seraient créés au sein des programmes déjà existants de parrainage familial, de réinstallation des réfugiés et de candidats des provinces.
L’accent serait aussi mis sur un programme pilote d’immigration francophone dans les communautés rurales, ce que plusieurs témoins ont revendiqué devant le Comité.
Une nouvelle cible à fixer
René Cormier est le président du Comité permanent des langues officielles du Sénat.
Le gouvernement fédéral a finalement atteint sa cible de 4,4 % d’immigration francophone en 2022, soit presque 20 ans après l’avoir établie. Cet objectif a été atteint «de peine et de misère», souligne le Comité, qui recommande de fixer une nouvelle cible pour les immigrants d’expression française qui s’établissent à l’extérieur du Québec.
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«En retardant l’atteinte de sa cible, le gouvernement fédéral a privé les minorités francophones d’une population qui aurait pu s’installer, s’intégrer et contribuer à leur épanouissement», peut-on lire dans le document. Les sénateurs ne recommandent toutefois pas de cible précise, se gardant de «prendre position».
La Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) avait de son côté réclamé à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) des «cibles de réparation» dès 2022, pour rétablir le poids démographique des francophones au Canada à son niveau de 2001.
Selon le rapport sénatorial, un élément a aidé le gouvernement fédéral : le changement de définition de la proportion d’immigrants francophones en 2019. Cette année-là, la cible a dépassé les 2 %.
Comme le rappelle le rapport du Comité permanent des langues officielles du Sénat, avant 2019, la définition des immigrants francophones d’IRCC incluait les personnes ayant le français comme langue maternelle ou ayant une langue officielle connue à l’admission comme immigrant.
Le changement de définition est plus inclusif en 2019 : soit les personnes avaient le français comme seule langue officielle connue à l’admission ; soit elles avaient une connaissance des deux langues officielles, avec pour condition d’être plus à l’aise avec le français.
Pour parvenir à une cible juste, le rapport du Comité recommande la mise à jour des données de Statistique Canada fondées sur le Recensement de 2021.
Les auteurs du rapport demandent une collaboration avec les provinces et territoires, «en consultation avec les municipalités et les communautés francophones en situation minoritaire» pour cibler la proportion de candidats francophones dans chacune des catégories d’immigration. Le ministère de l’Immigration devra rendre des comptes au Parlement et au public.
Par ailleurs, le Comité sénatorial demande au ministre de l’Immigration et à la ministre des Langues officielles une bonification du budget pour l’immigration francophone dans le prochain Plan d’action pour les langues officielles, notamment pour aider les employeurs qui recruteront des immigrants francophones.
Le budget fédéral 2023 a en partie répondu à cette demande, avec une injection de 123,2 millions de dollars.
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Miser sur les bassins francophones
Entre autres recommandations phares, le Comité souhaite voir également le recrutement d’immigrants dans des bassins francophones «prometteurs» notamment en Afrique et dans d’autres pays membres de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).
Le ministre d’IRCC, Sean Fraser, a annoncé récemment en mêlée de presse que «la stratégie [pour recruter des immigrants en Afrique, NDLR] fera partie de la stratégie d’immigration francophone, mais qu’il y aura des éléments spécifiques qu’on développera au niveau des cibles pour les francophones d’Afrique».
«Le Comité sénatorial convient que les capacités d’IRCC en Afrique subsaharienne ne sont pas suffisantes», précise le rapport.
C’est pourquoi les sénateurs demandent d’«accroitre les capacités des bureaux des visas en Afrique subsaharienne et évaluera les besoins dans les autres pays de la francophonie».
Fin juin 2022, le ministre de l’Immigration Sean Fraser a annoncé l’ouverture d’un bureau des visas en plus de celui de Dakar, pour «améliorer le traitement des demandes pour l’Afrique de l’Ouest et centrale, dans les deux langues officielles».
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Le ministre y voyait «une grande opportunité pour augmenter le nombre de nouveaux arrivants de l’Afrique de l’Ouest».
Dix mois plus tard, le bureau du ministre Fraser a affirmé dans un courriel à Francopresse que cette «nouvelle section bureau» ne traite pas les demandes de visas des immigrants, mais «sera chargée de l’impression des visas, ce qui réduira les délais et les couts d’acheminement des documents».
La recommandation d’accroitre le traitement des demandes en Afrique de l’Ouest permettra de faciliter un autre dossier sur lequel IRCC s’est fait épingler à maintes reprises ces dernières années : le recrutement d’étudiants provenant de pays africains francophones.
C’est pourquoi le Comité souhaite voir IRCC adopter une «meilleure promotion des réalités des communautés francophones en situation minoritaire dans l’ensemble des pays de la Francophonie», incluant celle des établissements postsecondaires hors Québec.
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Le ministère d’Affaires mondiales Canada est censé soutenir IRCC dans cette démarche, en fournissant des «ressources» aux institutions et organismes francophones minoritaires pour recruter et promouvoir à l’international.
Sur le site Internet du Comité FrancoQueer de l’Ouest, section «Contact», la transparence est de mise : «L’équipe du Comité FrancoQueer de l’Ouest œuvre en télétravail.»
Martin Bouchard réside à Victoria, en Colombie-Britannique. Il travaille à la direction générale du Comité FrancoQueer de l’Ouest, dont le siège se situe à Edmonton.
Si le siège de l’organisme se situe à Edmonton, un seul membre de son personnel y demeure. «On loue un espace dans les bureaux de la Cité francophone à prix modique», explique Martin Bouchard, qui travaille à la direction générale depuis chez lui, à Victoria, en Colombie-Britannique.
«La pandémie a mis tout le monde au même niveau sur les technologies comme Zoom, Teams, etc. Dix minutes Zoom ça fait autant l’affaire qu’une rencontre en personne d’une heure. On sauve du temps, tout est plus rapide. Ce n’est vraiment pas un problème», estime-t-il.
Selon lui, «les partenaires sont habitués. Même les bailleurs de fonds font leur rencontre sur Zoom. Tout le monde y trouve son compte».
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Gain de temps et d’argent
Pour Martin Bouchard, l’avantage du travail à distance reste avant tout financier : «On peut mettre des sous ailleurs que dans un loyer.» À noter que lorsqu’il a postulé pour travailler au sein du Comité FrancoQueer de l’Ouest, en 2021, l’offre permettait déjà le télétravail.
«C’est vraiment un outil de recrutement de dire “OK, on ne peut pas te proposer un salaire aussi élevé, mais par contre, on te propose de travailler chez toi et d’être flexible sur les horaires”, remarque Thomas Kriner, directeur général de l’Association des professionnels de la chanson et de la musique (APCM). C’est devenu un argument de négociation dans les contrats.»
Les bureaux physiques de l’APCM se trouvent toujours à Ottawa, mais son équipe travaille également à distance. Une situation plus subie que voulue ; l’association a récemment dû revoir son mode de fonctionnement.
Les choses ont changé de façon plutôt rapide. Jusqu’à octobre dernier, sur cinq employés, trois allaient encore au bureau. C’est vraiment nouveau où on est dans une dynamique où la majorité des employés sont au Québec et plus en Ontario.
Pénurie de main-d’œuvre
«Ce n’est pas une situation que je préconise forcément», nuance le directeur, qui confie avoir notamment des difficultés à recruter des employés francophones en milieu minoritaire qualifiés et intéressés par l’industrie musicale. «On les trouve plus facilement au Québec ou en France qu’en Ontario ou dans d’autres territoires.»
Thomas Kriner est directeur général de l’Association des professionnels de la chanson et de la musique, dont le siège social se trouve à Ottawa. Il travaille depuis chez lui, à Montréal.
Le recrutement dépend aussi du bassin d’emplois et des besoins de l’organisme. «Si je cherche un profil administratif, j’ai plus de chance de le trouver à Ottawa. Mais pour quelqu’un d’hyper connecté à la musique, il y a plus de chance à Québec, qui est le berceau de l’industrie musicale en français», constate Thomas Kriner.
Le directeur rappelle toutefois que le télétravail a toujours été accepté au sein de l’organisme. «Ça fait presque dix ans que je suis à l’APCM et j’ai toujours personnellement gardé mon domicile à Montréal.»
Au début, il travaillait quatre jours par semaine à Ottawa et une journée depuis chez lui. Puis, pour des raisons personnelles, il s’est davantage relocalisé à Montréal.
Pour le reste de son équipe, il a dû faire du cas par cas et s’adapter au marché de l’emploi actuel.
«C’est vraiment un problème soit de rétention de personnel, qui fait des choix de vie […] ou d’embauche. Quand on met une offre d’emploi, c’est majoritairement des CV du Québec qui nous arrivent.»
Cohésion d’équipe
Si le travail à distance convient tout à fait à Martin Bouchard, il comporte quand même certains défis, notamment sur le plan de «l’esprit d’équipe».
«Le travail en présentiel crée des situations où les employés deviennent peut-être plus amis, où les situations amicales peuvent se développer. Donc, nous, on trouve important de faire des retraites d’équipe.»
«Intégrer une équipe, ça veut dire aussi connaitre les gens avec qui on travaille et là, on se rend compte des limites du télétravail, qui a tendance à axer le travail sur la tâche», décrit Lucie Enel, doctorante en communication à l’Université du Québec à Montréal.
Selon elle, le format même des réunions à distance et autres visioconférences avec ordre du jour se prête moins aux conversations spontanées.
De l’importance de l’informel
«Le télétravail coupe l’individu de la présence des autres au travail et de tous ces petits moments informels de l’avant et après la réunion où la parole circule, [des moments] qui permettent de favoriser le sentiment d’appartenance à l’entreprise», poursuit Lucie Enel.
Elle précise que «pour que cet informel réussisse à survivre, il faut qu’il se soit déjà construit en présentiel».
Les rencontres hebdomadaires permettent de garder ce lien social, témoigne Martin Bouchard. «On prend le temps quand même de parler d’autres choses que de travail. On fait des check-in, on parle un peu de nos vies personnelles.»
Lucie Enel est doctorante en communication à l’Université du Québec à Montréal. Son sujet d’étude porte notamment sur les enjeux relationnels dans des contextes fortement numérisés.
«Des employés qui ne se voient pas souvent, qui se connaissent peu, forcément ça ne crée pas une énorme cohésion d’équipe. On compense, on organise beaucoup d’évènements, on se voit une fois par mois minimum à travers des évènements. Mais la cohésion d’équipe est plus forte quand on est tous au bureau», admet de son côté Thomas Kriner, lucide.
Qu’en est-il des liens avec la communauté?
Néanmoins, le télétravail transporte aussi avec lui encore quelques idées reçues. «Ça a été souvent tabou. Je ne le disais pas trop au départ que je vivais à Montréal», confie Thomas Kriner.
Il croit que «ça peut, pour certains membres, porter à confusion et de se dire “ah ben lui il habite au Québec, il est Français d’origine, qu’est-ce qu’il y connait de notre réalité de francophones en situation minoritaire?”. Sauf que ça fait 15 ans que je travaille dans la francophonie minoritaire, et les enjeux, je les connais.»
Martin Bouchard tient à garder des liens physiques avec la communauté franco-albertaine. «C’est important d’assurer une présence sur place pour rencontrer les partenaires. Je me rends à Edmonton quand même assez souvent à la Cité francophone.»
«À Victoria, je travaille aussi dans la communauté francophone, explique-t-il. J’ai un petit bureau, un espace dans lequel je peux aller pour rencontrer les autres membres de la communauté.»
Le réseautage reste en outre essentiel. «Je manque un peu d’Ottawa pour tout ce qui est politique […] être présent sur des évènements un peu mondains, où les politiques et les bailleurs de fonds sont là», concède Thomas Kriner.
Mais le directeur de l’APCM se veut pragmatique : «J’ai plus une stratégie d’industrie musicale que communautaire ; essayer d’être plus connecté à l’industrie musicale, un peu moins à la communauté malheureusement. […] Je trouve plus mon compte en étant à Montréal qu’en étant à Ottawa ou à Sudbury.»
Plus sur la francophonie
Juste avant la relâche parlementaire vendredi dernier, les députés membres du Comité permanent sur les langues officielles ont terminé l’examen du projet de loi C-13 visant à moderniser l’actuelle Loi sur les langues officielles.
Le projet de loi reprend donc le chemin de la Chambre des Communes puis du Sénat pour une troisième et ultime lecture.
Le comité s’est entendu pour faire passer plusieurs amendements en rafale portant sur la Loi sur l’usage du français au sein des entreprises privées de compétence fédérale. Cette dernière compose la deuxième partie du projet de loi C-13.
Les amendements ont été rapidement adoptés grâce à un accord avec le gouvernement du Québec sur cette partie de la Loi.
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Dépenses accrues pour la fonction publique et un passeur extradé vers les États-Unis
Un résident canadien de citoyenneté indienne aurait fait passer plus d’un millier de migrants entre le Canada et les États-Unis, en empruntant les eaux du Saint-Laurent. Arrêté par la police canadienne l’été dernier, il a été extradé vers les États-Unis le 30 mars 2023, selon des informations de Radio-Canada.
La professeure en géographie à l’Université d’Ottawa Luisa Véronis a déclaré en entrevue avec Francopresse que la décision de fermer la frontière à l’immigration considérée comme «irrégulière» par Ottawa fera croitre «l’industrie de la migration».
La frontière terrestre entre le Canada et les États-Unis est fermée à l’immigration irrégulière depuis le 25 mars.
À lire aussi : Fermer le Canada à l’immigration irrégulière au détriment des droits de la personne
Un rapport du bureau du Directeur parlementaire du budget publié mardi a révélé l’augmentation fulgurante de l’effectif de la fonction publique, soit 8,2 % par rapport à 2019-2020, le niveau prépandémique. Selon les rapports sur les résultats ministériels, cette augmentation tient en grande partie à la pandémie.
Les augmentations salariales seraient le principal facteur de cette hausse. Mais «les dépenses liées aux pensions, aux heures supplémentaires et aux primes ont augmenté plus rapidement», analyse le rapport.
La présidente du Conseil du Trésor Mona Fortier n’a pas donné de détails sur les coupes dans la fonction publique.
L’année dernière, le gouvernement Trudeau a dépensé 115,9 milliards de dollars pour faire fonctionner l’État canadien, soit 28,4 milliards de plus que la période 2020-2021.
En somme, vu que les fonctionnaires sont payés plus cher, les couts en personnel ont rapidement augmenté, notamment pendant les deux ans de pandémie.
Lors du Budget fédéral 2023 publié le 28 mars par le gouvernement fédéral, ce dernier prévoyait de couper environ 20 milliards de dollars dans la fonction publique. Aucune précision n’a été encore dévoilée à ce sujet. En mêlée de presse la semaine dernière, la présidente du Conseil du Trésor Mona Fortier a refusé d’en dire plus sur ces coupes.
Dans certaines communautés du Népal, par exemple, les femmes sont contraintes de s’exiler dans une hutte à l’écart du village durant toute la durée de leurs règles. Une pratique dangereuse interdite par la loi, mais qui semble perdurer, hélas, dans certaines régions reculées.
Cette notion d’impureté se retrouve dans la plupart des religions, qui ont interdit ou interdisent encore l’accès de leurs lieux sacrés aux personnes menstruées.
Plus proche de nous, un sondage américain montre que plus d’une femme sur deux se sent honteuse pendant ses règles, et qu’une sur dix a déjà été humiliée par un membre de sa famille à ce sujet.
Au Canada, un récent rapport révèle qu’à peine 46 % de la population se sent à l’aise de parler ouvertement de menstruations. Les jeunes filles apprennent d’ailleurs vite à utiliser des métaphores pour désigner leurs règles : avoir ses «ragnagnas» ou «être dans sa semaine», par exemple.
Même les publicités pour protections hygiéniques évitent soigneusement de décrire les menstruations, préférant souvent un liquide bleu jugé moins choquant.
Si ces pratiques peuvent sembler inoffensives, elles renforcent l’idée que les règles sont quelque chose de sale, dont on ne peut parler en public – une stigmatisation qui puise ses origines dans le patriarcat et qui vise à contrôler le corps des femmes en les obligeant à se plier à certaines normes sociales.
Cette stigmatisation entraine un retard dans les connaissances et un manque d’information quant à la santé menstruelle, tant parmi le grand public que chez les spécialistes. Elle peut se traduire par des jours d’école et de travail manqués, des infections et des grossesses non désirées.
Les maladies liées aux menstruations sont elles aussi régulièrement passées sous silence ou ignorées. Par exemple, on a découvert qu’au Canada, plus de 500 000 femmes, soit 7 % des Canadiennes, souffrent d’endométriose, un trouble courant qui cause des douleurs menstruelles intenses, des crampes, des règles abondantes et l’infertilité.
Vu que cette maladie est méconnue, il faut généralement plus de cinq ans avant que les femmes obtiennent un diagnostic, ce qui les prive d’un traitement approprié.
La stigmatisation des règles peut également avoir des répercussions économiques et pratiques. Suivant les produits menstruels choisis, les dépenses à l’échelle d’une vie peuvent atteindre 5 000 $ pour les personnes menstruées, et ce, sans compter les éventuels médicaments contre la douleur et les lessives supplémentaires nécessaires.
Des couts que tout le monde ne peut pas se permettre : une enquête a montré qu’une personne menstruée sur cinq au Canada a du mal à s’offrir les produits hygiéniques dont elle a besoin, et que 34 % des Canadiennes ont déjà dû sacrifier quelque chose dans leur budget pour pouvoir s’offrir des produits menstruels.
Ce phénomène porte un nom : la précarité menstruelle. Elle a d’importantes répercussions psychologiques, sociales, scolaires et professionnelles, notamment en raison du double tabou des règles et de la précarité.
Pour pallier ce problème, en Écosse, des tampons et serviettes hygiéniques sont offerts gratuitement depuis 2022 à toutes les personnes qui en ont besoin, grâce à l’entrée en vigueur d’une loi contre la précarité menstruelle.
Au Canada, dans certaines provinces, comme en Colombie-Britannique, en Ontario et en Nouvelle-Écosse, les établissements scolaires distribuent gratuitement des produits menstruels aux élèves.
Il est grand temps que d’autres provinces emboitent le pas. Que les personnes puissent avoir accès à des informations claires et précises sur leur santé et leur corps, et qu’elles n’éprouvent aucune gêne à parler de leurs règles.
Julie Gillet est directrice du Regroupement féministe du Nouveau-Brunswick. Ses chroniques dans Francopresse reflètent son opinion et non celle de son employeur.
Le gentil géant de Clare
Marc à Paul à Jos, originaire de la Baie Sainte-Marie en Nouvelle-Écosse.
Commençons par un des personnages les plus attachants de la Nouvelle-Écosse : Marc à Paul à Jos, originaire de la Baie Sainte-Marie, un vrai p’tit paradis sur terre.
Reconnu pour être un excellent conteur, l’Acadien a sorti, en décembre dernier, son sixième album, Bête à cornes, dans lequel il nous offre un univers bluegrass des plus solides et captivants.
Le disque est porté par des musiciens talentueux. La preuve avec Dark Eyes (les usses cernés), un morceau instrumental qui met en valeur la virtuosité de Marc à Paul à Jos à la mandoline.
Le conteur nous livre aussi des histoires du quotidien, avec toutes les couleurs de la langue de la Baie Sainte-Marie. Il nous parle de la langue française, des remèdes miracles de nos grand-mères et des décisions politiques, «des clowns d’Ottawa» comme il dit.
Il y a deux pièces qui m’ont faire beaucoup sourire : Paul du Canada, une satire politique sur l’air de notre hymne national, et Renault Magané, une déclaration d’amour pour une voiture européenne.
La capsule temporelle de Menoncle Jason
Au Nouveau-Brunswick, on a rendez-vous avec un autre phénomène acadien : Menoncle Jason, personnage créé par l’auteur-compositeur Jason LeBlanc. Ce dernier nous offre un album double enregistré à Memramcook et Moncton : Live avec la paroisse, une capsule temporelle qui saura vous accrocher un p’tit sourire en coin.
Menoncle Jason, personnage créé par l’auteur-compositeur acadien Jason LeBlanc.
Cet album met également en valeur le talent des musiciens qui accompagnent Menoncle Jason. L’Acadien réussit à créer un univers captivant, avec une touche d’humour. Les mélanges des univers sont fluides et s’écoutent d’un trait.
Tous au long de ces deux CD, nous sommes transportés dans un univers country rétro non seulement au niveau des mélodies, mais aussi au niveau du traitement de l’enregistrement. Nous sommes hypnotisés par un son de guitare grinçant des années 70 et par une voix feutrée qui sort directement d’un vieux 33 tours. Le chiac se place doucement dans nos oreilles. L’univers et le personnage sont fort réussis.
Cette compilation des œuvres de Menoncle Jason prend son inspiration dans différents tableaux du quotidien qui dépeignent des situations un peu cocasses. On retrouve quelques bons classiques comme le south country Tout vendre et Sors de ma yard.
Autres bonnes pièces : Bill de Hydro, Slack ton harias, Double double et Halle ta marde.
L’homme exponentiel, unique en son genre
Il existe en Ontario un auteur-compositeur-interprète vite devenu plus grand que nature.
Stef Paquette, auteur-compositeur-interprète franco-ontarien.
Stef Paquette a débuté sa carrière avec les Chaizes Muzikales. Il est rapidement devenu un des meilleurs artistes de sa génération.
En 2011, il lance Le salut de l’arrière-pays, un de ses plus grands albums. Des mélodies folk, rock et blues qui supportent des textes puissants et engagés, doux et tendres. Plusieurs des plages de l’album sont devenues des vers d’oreille qui tournent toujours à la radio aujourd’hui.
Fait pour rester, C’est toujours les meilleurs, Les petites fraises d’été et Pour le moulin ne sont que quelques-unes des chansons extrêmement puissantes du disque, à l’image de ce personnage unique et authentique qu’est Stef Paquette.
Cet album reste un must dans toutes les discothèques franco-ontariennes qui se respectent. Un album qui a pris de la valeur au fils des années.
Marc Lalonde, dit Lalonde des ondes, est chroniqueur musical depuis plus de 25 ans au sein de la francophonie musicale canadienne et animateur de l’émission radiophonique Can-Rock. Il se fait un malin plaisir de partager cette richesse dans 16 stations de radio à travers le pays chaque semaine.
Annoncé officiellement le 24 mars 2023 par Justin Trudeau et le président américain Joe Biden, en visite officielle à Ottawa, l’élargissement de l’Entente sur les tiers pays sûrs est entré en vigueur le 25 mars à minuit une.
Depuis, de nombreuses personnes qui ont essayé de passer la frontière terrestre entre le Canada et les États-Unis ont été interceptées. L’élargissement de l’Entente a pour effet de les renvoyer au poste frontalier canado-américain le plus proche. Mais les deux pays se sont entendus pour que le Canada reprenne 15 000 immigrants des États-Unis de manière régulière.
Le 24 mars dernier, Justin Trudeau a profité de la visite officielle de Joe Biden à Ottawa pour annoncer qu’un accord avait été passé entre le Canada et les États-Unis, pour élargir l’Entente sur les tiers pays sûrs.
Entré en vigueur le 25 mars, cet accord commun ferme les passages irréguliers de la frontière terrestre canado-américaine, comme le chemin Roxham au Québec. Les personnes interceptées sont renvoyées vers des postes frontaliers réguliers.
L’accord vise également les personnes qui ont traversé la frontière entre les points d’entrée officiels, y compris «certains plans d’eau déterminés par les États-Unis et le Canada», dans les 14 jours après leur entrée au Canada, a précisé Justin Trudeau lors d’une conférence de presse conjointe avec Joe Biden.
Des routes désormais «plus risquées»
«C’était relativement sécuritaire de passer par Roxham, confirme la professeure Victoria Esses, professeure et directrice du Centre de recherche sur les migrations et les relations ethniques à l’Université Western de London, en Ontario. Mais les gens vont prendre des routes plus risquées.
Les conditions de détention aux États-Unis, pays vers lequel les migrants irréguliers qui tentent désormais de passer la frontière sont renvoyés, inquiètent Victoria Esses, professeure à l’Université Western de London, en Ontario.
Ça semble presque impossible de détourner des migrants qui veulent passer une frontière longue de 6 000 kilomètres.»
«Les États-Unis sont présumés être un pays sûr pour les demandeurs d’asile, mais le sont-ils vraiment?», interroge celle qui est aussi codirectrice de l’organisme Pathways to Prosperity Partnership.
«Il y a un risque de détention quand les immigrants y sont renvoyés. Les conditions sont misérables. Les enfants sont séparés de leurs parents. Les gens sont parfois renvoyés dans leur pays d’origine où ils risquent des poursuites, de la torture, l’emprisonnement…»
Un point sur lequel Cheolki Yoon, bénévole au Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTI) et chercheur affilié à l’Université McGill de Montréal, la rejoint.
Il ajoute : «Certains points de la décision ne sont pas clairs. L’élargissement de l’Entente mentionne que si les personnes sont interceptées dans les 14 jours suivant leur entrée au Canada par la frontière, ils seront détenus et expulsés. Mais comment prouver la date d’entrée? Et est-ce que ces personnes seront admises comme réfugiés?»
Dans tous les cas, Victoria Esses et Cheolki Yoon assurent que la décision ne va faire qu’amplifier les dangers pour les migrants.
«C’est possible qu’ils tentent de se cacher pendant 14 jours quelque part [après avoir passé la frontière]», commente Cheolki Yoon.
Selon Cheolki Yoon, bénévole au Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTI), les risques vont augmenter, car les migrants continueront de passer la frontière, par des voies moins surveillées, mais plus dangereuses.
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Vers une prolifération de passeurs
Luisa Veronis, professeure de géographie à l’Université d’Ottawa et titulaire de la Chaire de recherche en immigration et communautés franco-ontariennes, affirme que les gens qui prennent un autre chemin le font par désespoir. «Ils ne peuvent pas être chez eux, ils doivent fuir. Ce n’est pas pour profiter du système! S’ils font ce périple, c’est parce qu’ils n’ont pas d’autres moyens d’aller ailleurs.»
La professeure montre aussi du doigt une autre conséquence : la prolifération d’acteurs intermédiaires. Ils font partie de «ce que l’on appelle “l’industrie de la migration”. Ce sont des passeurs, des agents, des recruteurs, des consultants, qui offriront des services pour “aider” les potentiels demandeurs d’asile à traverser la frontière, ce qui peut contribuer à mettre ces personnes en danger».
Les acteurs de cette sombre industrie demandent aussi des «sommes faramineuses» selon Luisa Veronis. Un résident canadien qui aurait fait passer un millier de personnes par le fleuve Saint-Laurent a d’ailleurs été extradé vers les États-Unis récemment. Le problème, connu depuis des années, risque donc de s’intensifier à en croire les experts.
«Une stratégie politique pour maintenir le pouvoir»
Pour Luisa Veronis, fermer le chemin Roxham donne l’impression que le gouvernement Trudeau contrôle les frontières et l’immigration, dans un contexte où il est empêtré dans des affaires comme l’interférence étrangère dans les élections fédérales, la Commission Rouleau, la corruption éventuelle de députés libéraux etc.
Vu l’inflation et tous les soucis dans le domaine de la santé et du logement au Canada, cette décision assure qu’il n’y aura pas de migrants qui viendront profiter du système canadien. C’est une stratégie politique juste pour maintenir le pouvoir.
Par ailleurs, le chiffre de 15 000 immigrants sur lequel se sont entendus les deux pays est une «aberration complète, car cela va à l’encontre de la Convention de Genève. Alors que notre Constitution prône le droit à l’asile», déplore Luisa Veronis. La chercheuse rappelle que l’Entente sur les tiers pays sûrs est examinée par la Cour suprême du Canada depuis l’an dernier.
«Les États-Unis et le Canada ont négocié le nombre de 15 000 personnes provenant de l’Amérique centrale, qui est l’endroit qui représente le plus gros souci en termes d’immigration pour les États-Unis, observe Victoria Esses. Donc oui, 15 000 ce n’est pas beaucoup, mais c’est déjà quelque chose pour les États-Unis.»
Vers davantage de programmes d’immigration régulière?
Autre point flou : on ne sait pas quelle voie d’immigration régulière le gouvernement privilégiera pour accepter ces migrants au Canada. Sur ce point, le ministre fédéral de l’Immigration Sean Fraser a évoqué en mêlée de presse de «nouveaux programmes», qui ne sont pas encore développés.
La professeure à l’Université d’Ottawa Luisa Veronis déplore une décision «politique» du gouvernement Trudeau au détriment des droits de la personne prônés dans la Constitution canadienne et la Convention de Genève, que le Canada a signée.
«Mais on continuera tout de même d’augmenter les programmes existants pour aider les personnes vulnérables», a-t-il martelé.
«Depuis Harper, les programmes d’immigration sont comme un bar avec une liste de cocktails devenue de plus en plus longue», ironise Luisa Veronis. Selon elle, les programmes d’immigration sont pensés «à la carte» par le gouvernement fédéral.
«On a besoin de gens qui travaillent dans l’agriculture, mais on ne veut pas qu’ils restent ici. Le programme des travailleurs agricoles temporaires existe depuis les années 60 et il a été réajusté plusieurs fois depuis. On a plein de programmes de travailleurs temporaires, généralement peu qualifiés, qui ne mènent pas à la résidence permanente. On peut s’attendre à une multiplication des programmes», fait valoir la professeure.
Luisa Veronis avance une piste de solution : créer une catégorie de permis de travail temporaire, comme pour les Ukrainiens. «Des permis ouverts, pour éviter l’exploitation et qui pourrait mener à la résidence permanente», assure-t-elle.