En Ontario, le poids démographique des résidents pouvant soutenir une conversation en français a atteint sa plus faible proportion depuis le Recensement de 1971.
«1 558 670 résidents (soit 11,1 % de la population) étaient capables de soutenir une conversation en français en 2021», précisent les auteurs de l’analyse.
En baisse depuis 2016
Entre 1996 et 2016, le nombre de résidents ayant le français comme seule première langue officielle parlée a augmenté de 23 480 personnes. «Cependant, leur nombre a diminué de 2016 à 2021 (-19 705 personnes)», nuance le rapport.
4,2 % de la population parlaient au moins régulièrement le français à la maison, rapporte encore Statistique Canada. Au travail, 4,6 % (soit 301 655 personnes) des travailleurs et travailleuses de la province utilisaient le français au moins régulièrement.
Toujours selon ces données, environ 1 immigrant sur 17 (6,1 %) pouvait soutenir une conversation en français.
Les municipalités de plus de 500 habitants ayant la plus grande proportion de personnes connaissant le français étaient toutes situées dans le nord de la province : Mattice-Val Côté (96,3 %), Hearst (93,2 %) et Dubreuilville (90,4 %).
Le Nouveau-Brunswick sous le sommet de 2006
Au Nouveau-Brunswick, 320 300 résidents étaient capables de soutenir une conversation en français en 2021, soit 41,9 % de la population.
Une proportion pratiquement identique à celle enregistrée en 1991 (42,0 %), mais inférieure au sommet atteint en 2006 (43,6 %), explicite Statistiques Canada.
30,4 % de la population parlaient le français au moins régulièrement à la maison. Cette proportion atteint 90 % chez les personnes ayant le français comme l’une de leurs langues maternelles.
Ils étaient 32 % à utiliser le français au moins régulièrement au travail.
«Moins de 1 immigrant sur 4 (22,8 %) pouvait soutenir une conversation en français», ajoutent les auteurs.
Les municipalités ayant le plus grand nombre de personnes connaissant le français étaient Moncton (36 145) et Dieppe (21 615), ainsi que Tracadie (15 660), dans la péninsule acadienne.
Depuis 1924, de l’eau a coulé sous les ponts, et pas seulement sous ceux de la Seine, dont on promet un nettoyage d’une telle ampleur, qu’il sera possible de s’y baigner en 2025.
Perçue par le pays organisateur comme l’occasion parfaite d’afficher sa puissance aux yeux du monde entier, la compétition semble, au fil des années, perdre de son lustre. Ses détracteurs ne se privent plus de pointer ses nombreuses contradictions avec les valeurs contemporaines.
Rappelons, pêlemêle, les couts faramineux des Jeux d’hiver de Sotchi (50 milliards de dollars américains), les violations des droits de l’homme à Rio de Janeiro ou encore les controverses écologiques pour les Jeux d’hiver en général.
Paris n’échappe pas à la règle. Un récent sondage Elabe pour le média français Les Échos a révélé que seuls 20 % des Français étaient enthousiastes à l’idée de recevoir les Jeux, 48 % faisaient preuve d’indifférence et 32 % ne cachaient pas leur scepticisme. Le taux de sceptiques monte même à 40 %, si l’on considère seulement la capitale française. On est loin de la ferveur populaire tant recherchée… Et les raisons sont multiples.
Fracasser les records des couts
La critique la plus récurrente concerne le montant de la facture. On parle désormais d’une somme de 8,7 milliards d’euros (12,8 milliards de dollars canadiens).
Lors de la candidature, le budget du comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris était estimé à 3,3 milliards d’euros. Il a grimpé à 4,38 milliards en décembre dernier pour finalement s’établir au double à un an de l’ouverture des Jeux.
Une réévaluation à la hausse classique pour ce genre d’évènements, surtout en période inflationniste, mais qui pèsera «assurément» sur le contribuable français, selon le président de la Cour des comptes. Un contribuable qui, on l’a vu, n’est guère enchanté par la compétition.
Ce cout ne peut toutefois pas être dissocié des retombées économiques attendues, qui englobent essentiellement le tourisme et le regain d’activité induit par l’évènement.
Donner une estimation est un exercice périlleux auquel les parlementaires de l’Assemblée nationale française se sont prêtés. Selon le rapport qu’ils ont présenté le 5 juillet dernier, ces retombées seraient comprises entre 5,3 et 10,7 milliards d’euros «pour le seul territoire d’Île-de-France», qui s’apparente à la région parisienne.
À titre de comparaison, une étude du gouvernement britannique un an après les Jeux de Londres en 2012 avait chiffré les retombées économiques indirectes à plus de 11 milliards d’euros.
Coup de marteau sur l’environnement
L’impact environnemental, lui, ne pourra pas être gommé par de simples lignes comptables.
Il y a deux ans, le président du Comité international olympique, Thomas Bach, avait affiché son enthousiasme «à l’idée que Paris 2024 organise des Jeux ayant une contribution positive pour le climat».
Alerte divulgâcheur : le bel objectif d’éliminer davantage d’émissions de gaz à effet de serre que celles produites par l’évènement a été balayé discrètement sous le tapis. Le bilan carbone prévisionnel des organisateurs de Paris 2024 s’élève à 1,58 millions de tonnes équivalent CO2.
Certes, sur papier, c’est deux fois moins que le bilan de Londres 2012 et de Rio 2016 (3,5 millions). Mais les données entourant ce chiffre ne sont pas publiques et certaines voix s’étonnent de la méthode de calcul.
Quoiqu’il en soit, à l’heure où les conséquences des changements climatiques se font ressentir jusque dans nos forêts canadiennes, le vieux modèle des Jeux parait bien obsolète. Surtout quand environ un tiers de ces 1,58 millions de tonnes équivalent CO2 sont liées aux déplacements des spectateurs, des athlètes et des officiels, selon l’organisation de Paris 2024.
Des solutions existent, comme réduire la taille de l’évènement ou en répartir l’organisation à plusieurs villes hôtes. Cette dernière proposition ne verra pas le jour de sitôt, puisque les Jeux d’été 2028 et 2032 ont déjà été attribués à Los Angeles et Brisbane.
Le temps de revoir les modèles
Enfin, que dire des droits sociaux bafoués, dans un pays qui se vante constamment de sa contribution historique aux droits de l’homme? Des itinérants «invités» à déserter les rues de Paris pendant les trois semaines de compétition? Des 3 000 étudiants qui devront laisser leur logement en juillet et en aout 2024 pour pouvoir accueillir les volontaires et partenaires de l’évènement? Des bouquinistes parisiens, âme culturelle des bords de la Seine, à qui on a demandé de retirer leurs boites de livres d’occasion, pour sécuriser une cérémonie d’ouverture dont les seuls billets restants se vendent à 2 700 € l’unité (près de 4 000 $)? Autant de mesures arbitraires à l’encontre de populations précaires, bien souvent contraintes de courber l’échine.
Malgré toutes ses contradictions, les Jeux restent les Jeux, un évènement chargé d’histoire, un moment unique dans la vie d’un amateur de sports, qui plus est quand ceux-ci se déroulent dans son pays.
Je ne souhaite en aucun cas qu’ils disparaissent ; seulement qu’ils évoluent. Ou retournent peut-être simplement à ce qu’ils étaient à l’origine : une compétition sportive qui n’a pas besoin d’être entourée d’autant de dorures pour briller dans le cœur des passionnés.
Timothée Loubière est journaliste pupitreur au quotidien Le Devoir. Avant de poser ses valises au Québec en 2022, il était journaliste sportif en France, notamment au journal L’Équipe.
Kira McCarthy souffre de grandes douleurs depuis presque dix ans et selon elle, la grossophobie y est pour beaucoup.
Ses maux de tête commencent en 2015, suivis de problèmes de mémoire et d’une difficulté à compter et à s’exprimer. La situation est particulièrement invalidante pour l’enseignante torontoise. Elle passe une première imagerie par résonance magnétique (IRM) quelques semaines après le début des symptômes sur les conseils de sa médecin.
Kira McCarthy explique que «plus les médecins disent que c’est une question de poids, moins vous vous préoccupez de ce qui se passe dans votre corps».
L’analyse de la neurologue l’a ébranlée : «Elle m’a dit que j’allais bien et m’a recommandé une réduction mammaire, car les femmes qui ont une forte poitrine ont tendance à se pencher vers l’avant, ce qui pourrait tirer sur les muscles de mon cou et provoquer des maux de tête.»
«Je n’étais pas là pour les maux de tête, ajoute Kira McCarthy. Donc ce qu’elle m’a suggéré pour les troubles cognitifs, c’est une réduction mammaire».
Refusant de subir la réduction mammaire, Kira McCarthy veut obtenir des réponses. Huit ans plus tard, elle réussit à passer une seconde IRM qui dévoile finalement une sténose spinale, soit un rétrécissement du canal spinal. Lors de cet examen, les médecins lui assurent que ses symptômes n’avaient aucun rapport avec la taille de sa poitrine.
En attente d’un rendez-vous avec un chirurgien, elle regrette le temps perdu : «Si j’avais été examinée en 2015, je ne souffrirais pas de la douleur extrême que j’éprouve et je n’aurais probablement pas eu à modifier mon mode de vie comme je l’ai fait.»
Le danger de consulter
Ce qu’a vécu Kira McCarthy est un exemple de grossophobie médicale.
Jean-Philippe Chaput, professeur adjoint à la faculté de médecine de l’Université d’Ottawa définit ce concept comme étant «la peur des personnes grosses» : «C’est l’ensemble des attitudes ou comportements qui stigmatisent ou discriminent les personnes qui sont considérées comme grosses ou qui ont un poids élevé.»
L’expert parle d’un accès aux soins de santé plus difficile, de matériel médical mal adapté aux personnes obèses, d’attitudes ou stéréotypes négatifs de la part du personnel soignant, voire d’erreurs de diagnostic.
Beaucoup de professionnels de la santé voient [les personnes obèses] comme étant paresseux, qui mangent trop, qui doivent juste perdre du poids.
«Tous les médecins que j’ai consultés pour quelque raison que ce soit m’ont parlé de perte de poids», indique Kira McCarthy.
Le sujet est difficile pour la Torontoise qui a souffert de troubles alimentaires : «Me recommander de perdre du poids est vraiment dangereux pour moi.»
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«Les infirmières étaient tannées à cause de mon corps»
«À cause de cela, beaucoup de gens ne vont pas chez le médecin et finissent par ne pas être diagnostiqués», poursuit Kira McCarthy.
Un sentiment que partage une mère franco-ontarienne qui a tenu à s’exprimer sous le couvert de l’anonymat par peur d’être jugée dans son milieu de travail. «Je manque de confiance dans le personnel médical, j’éprouve même de la méfiance. Je me présente là et j’attends de voir si on va m’écouter, me prendre au sérieux, ou si je vais devoir m’obstiner.»
À l’Université d’Ottawa, les futurs médecins ne reçoivent que trois heures de formation sur l’obésité, une durée insuffisante selon Jean-Philippe Chaput, professeur adjoint à la faculté de médecine.
Des expériences lors de ses deux grossesses ont lourdement teinté sa relation avec les médecins. Les commentaires et fixations sur son poids ont déroulé le tapis rouge pour une orthorexie, soit l’obsession maladive de l’alimentation saine.
«Entre les grossesses, je faisais beaucoup d’exercice et [je comptais] les calories avec une application, raconte la Franco-Ontarienne. Après ma fille, j’ai fait le régime paléo, puis Keto. Sans avoir un diagnostic formel, j’avais définitivement une alimentation troublée.»
Un jour, elle croise sa médecin au restaurant, prise de honte, elle en vient à se dire : «faut pas qu’elle me voie manger un hotdog».
«À ma deuxième grossesse, c’était l’été alors il faisait chaud, je faisais plus de rétention d’eau […] et j’étais plus gonflée, ce qui est normal quand t’es enceinte», relate-t-elle.
Mais sa médecin se met en tête qu’elle a pris trop de poids. Elle réalise donc un test de glycémie, persuadée qu’elle est diabétique.
Résultat, aucune trace de diabète, mais des souvenirs douloureux pour la mère : «On m’a piquée sept fois pour essayer de trouver une veine […] j’avais l’impression que les infirmières étaient tannées à cause de mon corps.»
Plus tard, d’autres praticiens lui diront que sa prise de poids durant sa grossesse n’était pas si élevée et que la recherche du diabète avait été inutile.
«On nous écoute, mais à moitié»
Les défis financiers et structurels des systèmes de santé dans les provinces compliquent davantage l’accès à des soins de qualité pour les personnes en surpoids.
Je sais que notre système de santé est déficient et qu’on n’a pas beaucoup de temps. Quand on va voir un médecin, on est sur un timer […], souvent c’est comme si on arrivait et que les assomptions étaient déjà faites. On nous écoute, mais à moitié.
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«Des études démontrent que le temps passé dans un bureau de médecin avec une personne obèse est plus court qu’avec une personne mince, corrobore Jean-Philippe Chaput. Si les médecins passent moins de temps avec les patients, ils sont plus à risque de faire des erreurs [de diagnostic].»
Parmi les raisons qui expliquent cette différence, le chercheur évoque la paresse de certains médecins, le manque d’équipement et de formation, ainsi que le système qui encourage les praticiens à voir le plus de patients possible en une journée afin de gagner plus d’argent.
Si les personnes en surpoids ont plus de risques de développer des problèmes de santé, «il faut commencer avec un dialogue ouvert et ne pas juger», insiste Jean-Philippe Chaput.
Francopresse : Le Canada compte environ un million de francophones établis à l’extérieur du Québec. Plusieurs d’entre eux ont des préoccupations quant aux places en garderie et l’accès aux soins de santé en français, l’accès à la justice… Quelle est votre stratégie pour les rejoindre et apaiser leurs inquiétudes?
Mais les francophones sont touchés aussi par l’inflation! J’en ai rencontré dans le Nord de l’Ontario, à Kapuskasing, à Sudbury, à Sault-Sainte-Marie et ailleurs. Et ils m’ont dit que la vie coute trop cher. Ils ne peuvent plus payer leurs factures.
Les grandes promesses électorales de Justin Trudeau ne se sont pas produites. Il y a de gros retards, il n’y a pas de place pour les garderies en français [à l’extérieur du Québec, NDLR], il n’y a pas de justice en français…
Il faut un gouvernement conservateur qui peut livrer des prix plus bas, des chèques de paie plus forts et des services dans les deux langues officielles. Et c’est exactement ce que je vais ramener pour les Franco-Canadiens.
Pendant le processus de modernisation de la Loi sur les langues officielles, il y a eu des divisions entre les communautés de langue officielle en situation minoritaire et entre les francophonies canadiennes. Maintenant que la Loi est adoptée, croyez-vous qu’elles puissent s’entendre, malgré leurs différences linguistiques, culturelles et historiques?
Je pense que oui. Malheureusement, le gouvernement Trudeau a essayé de diviser les francophones pour tenter de gagner un avantage politique.
Nous, les conservateurs, nous voulons unir tous les francophones pour préserver la langue française. C’est la raison pour laquelle notre équipe sur le Comité des langues officielles, menée par Joël Godin, a essayé de rendre C-13 plus fort pour protéger les droits linguistiques des minorités.
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On était un peu déçu que le gouvernement n’ait pas été plus efficace pour protéger le français, mais nous allons continuer à nous battre pour le protéger.
Et pour moi, c’est une lutte personnelle, parce que mon père a des origines canadiennes-françaises de la Saskatchewan, il vient d’un village fransaskois. Il a essayé de me transmettre une connaissance de la langue française.
Malheureusement, je l’ai perdue un peu pendant mon adolescence à Calgary, où c’est difficile de pratiquer, car il n’y en a pas tant l’occasion. C’est pour ça que mon français n’est pas parfait. Mais ma femme est montréalaise et mes enfants vont à la garderie française. Donc on va continuer de se battre pour cette langue, dans nos vies personnelles comme dans nos vies publiques.
Votre parti l’a dit en comité des langues officielles : l’immigration est l’une des clés qui permettraient de préserver les communautés francophones au Canada. Mais au début du mois, vous disiez que le plan du gouvernement Trudeau d’accueillir 500 000 immigrants par an était motivé par une «idéologie». Si vous devenez premier ministre, est-ce que vous baisseriez ces seuils d’immigration?
Les chiffres seront déterminés par la disponibilité de logements, de services de santé et d’emplois. C’est comme ça qu’on va s’assurer que chaque immigrant a l’occasion de réussir au Canada.
Tout d’abord, il faut accélérer la construction des maisons. Ça prend trop longtemps pour obtenir des permis de construction. Cette année, on a bâti moins de maisons qu’on en a bâti en 1972, il y a 50 ans, alors que la population canadienne était moitié moins nombreuse qu’elle ne l’est aujourd’hui.
Le gouvernement Poilievre insiste pour que les grandes municipalités augmentent le nombre de permis de construire de 15 % par année ou ils perdront leurs subventions pour l’infrastructure. On va donner de grands bonus pour les municipalités qui réussissent à augmenter les permis de construire de plus de 15 %.
Je vais aussi mettre en place un sceau rouge ; un test qui permettra aux immigrants de montrer leurs capacités dans les professions comme infirmières et médecins, afin qu’ils puissent travailler pour soigner notre population.
Toujours sur la question de l’immigration, le gouvernement actuel a atteint la cible de 4,4 % d’immigration francophone hors Québec l’an dernier. Selon vous, quelle serait la cible idéale pour augmenter la proportion de francophones à l’extérieur du Québec?
Il faut l’augmenter. On va encourager ces immigrants à vivre dans les communautés francophones à travers le pays, ce qui va permettre de préserver ces populations. Malheureusement, le gouvernement Trudeau n’a pas réussi à faire cela, malgré leurs promesses.
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Le gouvernement actuel a tout de même atteint la cible, avec des années de retard. Pour compenser le manque à gagner, la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) a suggéré une cible progressive à 12 % d’ici 2024. Est-ce que ça vous parait trop?
Non. Mais avant de me consacrer à un chiffre, je dois d’abord m’assurer que je peux l’atteindre! On a vu un gouvernement qui crée toutes sortes de promesses, qui sont très belles dans leurs intentions, mais il faut pouvoir le faire! Je ne veux pas être un autre politicien qui dit n’importe quoi pour être élu, mais qui ne livre pas la marchandise.
Donc je vais étudier les cibles et promettre celles qu’il sera possible d’atteindre. Mais je peux vous assurer que l’une de mes priorités sur la question de l’immigration, c’est davantage de francophones.
Depuis quelques semaines, Meta a coupé l’accès aux nouvelles canadiennes pour protester contre la Loi sur les nouvelles en ligne. En 2005, le gouvernement conservateur a amputé la publicité fédérale dans les médias et a investi auprès des géants du Web. Dans l’éventualité d’un prochain gouvernement conservateur, comment comptez-vous rétablir la situation?
Avez-vous reçu votre chèque de Meta ou Google? Je ne connais aucun média pour qui c’est le cas. Les médias perdent leur accès aux réseaux sociaux. Ces lois sur internet favorisent encore les grandes entreprises médiatiques.
Bell, Rogers, Québecor vont pouvoir engager des lobbyistes pour s’assurer que leur contenu soit poussé sur internet. Les petits groupes médiatiques seront effacés.
Je suis pour la liberté d’expression qui permettrait à toutes les sources d’information de travailler fort afin de bâtir leurs auditoires sur internet, sans censure du gouvernement et sans le contrôle du CRTC qui favorise les grandes entreprises.
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Les propos ont été réorganisés pour des raisons de longueur et de clarté.
Les évacués sont invités à se rendre en Alberta, où ils trouveront des accommodements à Valleyview, Fox Creek et Red Deer.
En date de vendredi midi, 237 feux actifs font l’objet d’une intervention dans les Territoires du Nord-Ouest (T. N.-O.).
Un ordre d’évacuation lancé jeudi pour Yellowknife et ses environs a obligé ses résidents à tout laisser derrière eux, au plus tard vendredi midi.
L’heure sonnée, des ministres fédéraux ont tenu une conférence de presse virtuelle, mais n’étaient pas en mesure de confirmer le nombre de personnes évacuées. Si les feux n’ont pas encore atteint la capitale des T. N.-O., les ministres assurent que la priorité est de faire en sorte que cela ne change pas.
Accès aux informations
Avec le blocage des nouvelles sur les plateformes Facebook et Instagram, plusieurs citoyens, habitués de s’informer par ces moyens, ne reçoivent pas les mises à jour nécessaires sur l’état des feux.
Pablo Rodriguez, ministre des Transports.
«On voit que des gens n’ont pas accès à des informations cruciales, a déclaré le ministre des Transports Pablo Rodriguez. Je demande à Meta de renverser cette décision, de permettre aux gens d’avoir accès à ces nouvelles. Ma collègue Pascale [St-Onge] regarde cette situation et discute avec Meta.»
«Lors de conversations antérieures, je les ai mis en garde contre le risque de blocage des informations, rapporte-t-il. Nous avons vu ce qui s’est passé en Australie, je leur ai dit que cela pourrait arriver ici. Ils m’ont dit que ce serait différent, mais ce n’est pas le cas.»
Pablo Rodriguez était encore ministre du Patrimoine canadien quand Meta a commencé sa réplique envers la Loi sur les nouvelles en ligne (C-18).
Le ministre de la Défense nationale Bill Blair a de son côté encouragé les citoyens à consulter la CBC, sans donner d’alternative : «La CBC diffuse, dans les T. N.-O., un bulletin d’informations sur les fréquences locales et j’encourage les personnes qui ne sont pas en mesure d’obtenir ces informations, absolument vitales, par l’intermédiaire de Meta à se brancher sur cette émission de la CBC.»
Prix des billets d’avion plafonné
Le ministre a également annoncé que le premier vol d’évacuation militaire avait transporté 79 résidents d’établissements de soins de longue durée vers Edmonton, jeudi soir.
Bill Blair, ministre de la Défense nationale.
«Depuis samedi, les forces armées canadiennes aident les premiers intervenants des T. N.-O. à évacuer et à lutter contre les incendies», a-t-il assuré.
Jeudi, le premier ministre Justin Trudeau avait convoqué le Groupe d’intervention en cas d’incident afin de faire le point. Il avait alors souligné qu’il n’y aurait aucune tolérance pour une escalade opportuniste des prix, notamment ceux des billets d’avion.
Les tarifs ayant augmenté de manière fulgurante, Air Canada a instauré un cap sur les prix des vols jeudi soir. Plusieurs compagnies aériennes, dont Air Canada et North Cariboo Air, ont ajouté des vols à leurs tableaux.
«Le PDG d’Air Canada m’a expliqué qu’il y avait eu un pépin, une erreur, qui a été corrigée immédiatement, et que tous les tarifs étaient au niveau économique, les prix sont totalement plafonnés», a affirmé en conférence de presse ce vendredi Pablo Rodriguez.
En ce qui concerne l’aide financière, Bill Blair a maintenu que c’est au gouvernement ténois d’implanter des mesures d’aide au besoin. «Si, pour une raison quelconque, une personne n’est pas en mesure d’évacuer par voie aérienne ou routière, nous ferons en sorte de l’accommoder», a-t-il promis, sans préciser les accommodements possibles.
Règles assouplies
Urgence oblige, Transports Canada permet aux pilotes de prolonger leurs heures de vol au besoin. Les règles concernant les animaux de compagnie et les oublis de pièces d’identité ont aussi été flexibilisées.
«L’important, c’est qu’on puisse évacuer tout le monde en toute sécurité», a insisté Pablo Rodriguez.
Selon le Globe and Mail, la présidente du Conseil du Trésor Anita Anand aurait demandé à tous les ministres fédéraux de lui présenter un plan financier pour réduire de 15 milliards de dollars les dépenses gouvernementales. Le budget de mars dernier évoquait ce montant à compresser sur cinq ans.
La présidente du Conseil du Trésor Anita Anand souhaite effectuer une compression budgétaire de 15 milliards sur cinq ans.
Chaque ministère doit fournir ce plan avant le 2 octobre prochain. Les fonds sous-utilisés seraient réinjectés dans des services essentiels, comme la santé.
Les coupes budgétaires ne devraient pas concerner les prestations à la population, mais plutôt les montants consacrés aux consultants, aux voyages et aux services professionnels. Selon le récent budget, ceci permettrait au gouvernement d’économiser plus de 7 milliards de dollars.
Le chef conservateur Pierre Poilievre a assuré mardi en conférence de presse qu’il ne croyait pas à cette compression. Jagmeet Singh, le chef du Nouveau Parti démocratique, s’en est inquiété.
Deux réfugiés ont déposé un recours collectif contre Ottawa, vendredi dernier. Ils accusent le gouvernement fédéral d’avoir maintenu la politique de pays d’origine désignés (POD). Ce qui aurait empêché des dizaines de milliers de demandeurs d’asile de prétendre au statut de réfugié sans obstacle.
À cause de cette politique, ils ne pouvaient notamment pas porter en appel un refus de demande d’asile ou travailler pendant six mois après leur arrivée au pays.
La POD, mise en application en 2012 sous le gouvernement Harper, avait pour objectif d’empêcher l’abus du recours au statut de réfugiés par les citoyens de 42 pays d’Europe, d’Amérique du Sud et d’Océanie qu’Ottawa considérait à l’époque de «sûrs».
Suspendue en 2019, cette loi n’a jamais été abrogée, ce qui permettrait à un ministre actuel de rajouter un pays à la liste.
Les Territoires du Nord-Ouest sont en état d’urgence depuis mardi, aux prises avec des incendies ravageurs.
Les Forces armées canadiennes ont été déployées mardi pour deux semaines, afin d’aider les pompiers et fournir un transport aérien. Ils devraient également construire des coupe-feux autour de Yellowknife.
Mercredi soir, le ministre de l’Environnement et du Changement climatique et des Affaires municipales et communautaires des T N.-O, Shane Thompson, a émis un ordre d’évacuation pour la capitale et ses quartiers : N’Dilo, Dettah et Ingraham Trail.
Les 20 000 habitants ont jusqu’à vendredi midi pour évacuer. Beaucoup ont pris la route de l’Alberta, au Sud, pour se mettre à l’abri jusqu’à nouvel ordre.
Les couteaux sont tirés à un mois de la rentrée parlementaire et à quelques jours de la retraite du Cabinet remanié de Justin Trudeau à Charlottetown, à l’Île-du-Prince-Édouard.
Dans un courriel de collecte de fonds envoyé mercredi, les libéraux ont repris un article de La Presse canadienne, qui souligne que Pierre Poilievre «flirte» avec des théories du complot : «[…] les conservateurs de Pierre Poilievre penchent vers une politique d’extrême droite profondément porteuse de divisions en promouvant “les assertions maintes fois réfutées selon lesquelles le Forum économique mondial tente d’imposer ses idées aux gouvernements souverains”.»
Pierre Poilievre a de son côté orienté ses critiques sur la crise actuelle du logement au Canada : «[Le gouvernement] est loin de construire les 5,8 millions de logements neufs dont sa propre agence dit que nous avons besoin pour résoudre la crise du logement abordable qui s’est développée sous sa direction», a déclaré le chef de l’opposition par communiqué de presse.
Cet été, Justin Trudeau avait pris ses distances avec la crise du logement, assurant que la responsabilité ne reposait pas uniquement sur les épaules du fédéral.
Son adversaire a sauté sur l’occasion pour expliquer qu’il souhaitait davantage d’immigrants dans les métiers spécifiques, comme la construction, sans toutefois donner de cible d’immigration. Il a au passage qualifié l’ex-ministre de l’Immigration Sean Fraser de «pire ministre de tous les temps».
Le ministre de l’Environnement Steven Guilbeault s’envolera pour Pékin dans quelques jours, une première pour un ministre canadien depuis 2018.
Depuis l’affaire Meng Wanzhou en 2018, aucun ministre canadien n’avait posé le pied en Chine. C’est pour reconnecter avec Pékin que le ministre fédéral de l’Environnement Steven Guilbeault partira pour le Conseil de la Chine, du 28 au 30 aout prochain.
Invité par son homologue Huang Runqiu, Steven Guilbeault a assuré à Radio-Canada qu’il souhaitait faire avancer la «collaboration sur le climat, sur la biodiversité, et peut-être aussi commencer à rebâtir des ponts avec la Chine au niveau diplomatique».
Son départ se fait alors que le gouvernement est sur le point de déclencher une enquête sur l’ingérence publique étrangère dans les élections fédérales canadiennes.
Le Congrès canadien des parlementaires noirs a tenu une conférence de presse vendredi dernier. Après deux jours de réunion, 45 politiciens noirs de tous les paliers de gouvernements et de tous partis politiques ont dégagé des solutions pour améliorer la vie des Noirs canadiens.
Une déclaration de valeurs signée par les membres du Congrès rassemble ces propositions. Ces dernières portent notamment sur l’amélioration des soins de santé, l’éducation et le développement économique qui concernent les personnes noires au Canada.
Parmi leurs autres priorités figure aussi la lutte contre le racisme antinoir et le racisme systémique.
Pour prétendre à ce projet-pilote, les employeurs devront prouver qu’ils ont obtenu trois études d’impact sur le marché (EIMT) positives dans les cinq dernières années, «pour la même profession», précise le gouvernement. Le permis d’embauche qui en découlera sera valide pour trois ans, contre 18 mois actuellement.
Le ministre de l’Emploi, du Développement de la main-d’œuvre et des Langues officielles Randy Boissonnault a assuré qu’en facilitant l’embauche pour les employeurs reconnus, il souhaitait relancer le moteur économique du Canada et s’assurer que «le Canada est prêt pour le XXIe siècle.»
Délivrée par le ministère d’Emploi et Développement social Canada (EDSC), l’EIMT est un document nécessaire dans le cadre du Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET). Elle permet à l’employeur d’embaucher un travailleur étranger quand aucun Canadien ou résident permanent n’est disponible pour le faire.
Comme l’a reconnu en conférence de presse le 8 aout dernier le ministre de l’Emploi, du Développement de la main-d’œuvre et des Langues officielles, Randy Boissonnault : les travailleurs temporaires étrangers sont ceux qui subissent «le plus d’exploitation».
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«C’est un problème connu au Canada», confirme Jean-Bruno Nkondi, coordinateur de projet pour la section Emploi au Relais francophone de la Colombie-Britannique.
Mais le nombre de travailleurs rattachés au PTET ne décroit pas pour autant : selon les données fournies par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), 221 933 travailleurs étrangers temporaires ont été visés par des EIMT positives en 2022, contre 89 416 en 2015.
Le ministre Boissonnault s’est toutefois voulu rassurant en affirmant qu’ils continueront d’être protégés en cas d’abus d’employeurs : «On évitera que les travailleurs soient attachés à un employeur en particulier.»
Signalements d’abus
Mais selon Cheolki Yoon, bénévole au Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTTI) et professeur adjoint à l’École de communication sociale de l’Université Saint-Paul à Ottawa, le projet aurait dû s’accompagner d’une amélioration des mesures de protection pour les travailleurs temporaires.
Cheolki Yoon, professeur adjoint à l’École de communication sociale de l’Université Saint-Paul à Ottawa, déplore un «échec» du gouvernement fédéral sur la protection des travailleurs étrangers temporaires.
«Certes, on pourra désormais voir des employeurs relativement plus fiables que par le passé sur le site de Guichet emploi. À part ça, il n’y a pas de vrai changement. C’est plutôt un projet pilote [qui] avantagera les employeurs.»
«Au CTTI, on avait déjà un grand doute sur la mise en application du règlement [sur l’immigration et la protection des réfugiés, NDLR] par le gouvernement fédéral. Parce que même après des signalements d’abus, des employeurs continuaient à obtenir des EIMT positives, à recruter des travailleurs temporaires après avoir violé le règlement», souligne-t-il encore.
Actuellement, c’est aux travailleurs et travailleuses temporaires de fournir la preuve qu’ils ont été victimes d’abus, pour avoir droit au permis de travail ouvert pour les travailleurs vulnérables.
«Un échec»
Pour Cheolki Yoon, c’est «un échec» du gouvernement fédéral, car «le processus de la demande est très compliqué et le fardeau de la preuve d’abus retombe sur les travailleurs et travailleuses».
Selon Jean-Bruno Nkondi, coordinateur au Relais francophone de la Colombie-Britannique, il n’y a pas de «risque zéro» dans le projet-pilote des employeurs reconnus.
«En outre, après un an de permis ouvert, ils doivent retourner au permis fermé», ajoute le professeur.
Ainsi, même après un refus d’EIMT ou une interdiction de recruter, des employeurs qui ont violé les normes du travail provinciales continuent de recruter les étrangers en quête de travail, résume-t-il.
Selon lui, des employeurs trouvent des moyens de recruter à travers les réseaux informels, comme des amis ou membres de la famille de travailleurs qu’ils ont déjà embauchés.
Sur le détachement [des travailleurs temporaires d’un employeur abusif], il y a deux façons de faire selon Cheolki Yoon : délivrer des permis de travail ouverts pour les travailleurs vulnérables et refuser les EIMT après l’enquête qui aura prouvé que l’employeur a abusé de l’employé.
Charges illégales
Jean-Bruno Nkondi assure de son côté que ce sont les salaires les plus bas et les employés les moins qualifiés qui sont les plus exposés aux abus.
Beaucoup de travailleurs temporaires veulent rester, mais leur statut est fragile. C’est là qu’il peut y avoir des cas d’abus et de chantage.
Et si le ministre Boissonnault a affirmé que les travailleurs temporaires seront toujours «payés au salaire minimum», pour le professeur Yoon, il faut regarder les abus sur les «déductions de salaire et les charges illégales de recrutement».
«Ça peut aussi être des frais d’hébergement exorbitants, dans des conditions souvent déplorables», dénonce-t-il.
La cible d’un réchauffement climatique de 1,5 °C devait permettre d’éviter les pires conséquences du changement climatique. Proposée vers 2008, elle a pu faire l’unanimité au moment de l’Accord de Paris à la COP21 en 2015 – malgré le fait que la température globale avait déjà augmenté de 1,2 °C.
En 2018, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) présentait un portrait des conséquences du réchauffement de 1,5 °C.
Avant tout, explique le GIEC dans son rapport, nous verrons une température moyenne plus élevée, et des périodes de chaleur ou de froid extrêmes plus intenses, ainsi que des périodes de plus fortes précipitations dans certaines régions et de sècheresses dans d’autres régions. Nous verrons également une élévation du niveau de la mer, donc l’érosion et l’engloutissement de plusieurs régions côtières.
L’organisme évoque également la transformation et la perte d’écosystèmes, l’extinction d’espèces, mais également l’endommagement et la perte d’infrastructures, ainsi que la fin de la pêche dans plusieurs régions.
Nous voyons déjà les effets du réchauffement climatique sur la Péninsule acadienne, dans le golfe du Saint-Laurent et dans les Prairies, ainsi qu’au sein des communautés autochtones, notamment sur leurs droits, où l’on cherche notamment à apprendre des savoirs traditionnels pour répondre à la crise.
Par contraste, toujours selon le GIEC, un réchauffement de 2 °C amènerait les mêmes effets, mais à plus grande échelle : des extrêmes plus importants, 10 millions de gens de plus affectés par l’élévation du niveau des mers, davantage de régions côtières affectées, davantage d’espèces et d’écosystèmes détruits. Tout cela arriverait à 1,5 °C ou à 2 °C ; c’est une question de nombres et de gravité.
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Notons également les conséquences immédiates sur la santé partout dans le monde, étant donné les extrêmes chaleurs et les risques de transmission de maladies, sur la production de nourriture, mais aussi sur un très grand nombre de communautés et peuples, notamment les peuples autochtones. Les effets du colonialisme sur la santé, la difficulté d’accès à l’eau potable, le manque d’accès au logement et la pauvreté sont encore empirés par les changements climatiques.
La pauvreté et les préjudices devraient augmenter dans certaines populations à mesure que le réchauffement planétaire s’intensifie ; la limitation du réchauffement à 1,5 °C plutôt qu’à 2 °C pourrait, à l’horizon 2050, réduire de plusieurs centaines de millions le nombre de personnes exposées aux risques liés au climat et vulnérables à la pauvreté.
Les gaz déjà dans l’atmosphère ne risquent pas de faire augmenter la température davantage qu’ils ne l’ont déjà fait. Même si les changements sont probablement irréversibles, nous aurions donc pu atteindre la cible de 1,5 °C si nous avions mis en œuvre les recommandations du GIEC et d’autres groupes d’experts. Toutefois, cette cible serait déjà impossible à atteindre.
Et cette impossibilité amène la possibilité de basculements, à savoir des transformations abruptes du climat et des écosystèmes après l’atteinte de certaines températures, comme le dépérissement et la disparition de la forêt amazonienne ou du pergélisol par exemple, qui par ailleurs mèneraient à la libération des gaz à effet de serre qui y sont absorbés, et donc à une crise encore plus catastrophique.
Le problème est que nous continuons à produire du CO2. Le GIEC suggère quelques pistes pour diminuer la production de gaz à effet de serre : diminuer la demande en énergie généralement parlant (mais surtout celle qui produit ces gaz), diminuer la consommation de biens matériels et diminuer la consommation d’aliments qui demandent une grande production de ces gaz.
Or la baisse de la consommation pose deux problèmes qui peuvent sembler impossibles à régler. D’une part, certaines régions du monde sont déjà habituées à une surconsommation de biens. D’autre part, l’éradication de la pauvreté suppose un accès à davantage de biens de consommation et de production dans beaucoup de régions du monde.
Autrement dit, il sera difficile de demander à certaines populations de consommer moins, mais il sera éthiquement et pratiquement impossible de demander à d’autres populations de ne pas consommer plus qu’elles ne le font en ce moment.
Pour répondre à ces limites, le GIEC indique la nécessité d’une transition systémique, à la fois politique et économique, appuyée sur la coopération internationale. Cette transition irait de pair avec une transformation des comportements économiques, tant en termes de gestion de la production, que de décisions individuelles quant à la consommation et aux priorités gouvernementales.
Allant plus loin dans la même direction, les peuples autochtones parlent de transformations qui commencent avec une vision du monde où l’humanité est unie à la terre et a ainsi une responsabilité sacrée d’en prendre soin.
Avant tout, les solutions commencent avec le droit à l’autodétermination des peuples autochtones et des peuples affectés par le changement climatique – ce qui suppose que le leadeurship leur revienne dans la détermination et la mise en œuvre des solutions qui les affecteront davantage que les peuples les plus pollueurs.
Ainsi, il s’agit non seulement de changer de vitesse ou de voie, mais aussi de s’orienter différemment pour emprunter une nouvelle direction.
Plusieurs parlent désormais de transition socioécologique, un processus par le bas qui affecterait non seulement les comportements, mais également les relations humaines et les relations à la terre. Une réponse à la catastrophe climatique passerait ainsi par une transformation sociale et économique.
D’autres parlent même de bifurcation, d’un changement soudain pour empêcher les effets les plus abrupts du changement climatique, puisqu’il ne resterait plus suffisamment de temps pour réussir une transition et que les effets de la catastrophe seront eux-mêmes soudains.
La décroissance est également une approche souvent proposée. Celle-ci consiste notamment à abandonner l’objectif de la croissance économique comme mesure du progrès, du succès et du bienêtre, pour penser le développement de manière humaine, sans la croissance.
Pour y arriver, on pense à une lutte pour la justice écologique, ou encore à un soulèvement qui consisterait en la création d’un mouvement social qui s’opposerait de manière réformiste ou radicale à la manière actuelle de gérer l’économie.
De telles luttes sont déjà engagées, et des alternatives sont déjà mises à l’essai dans certaines communautés – et la créativité est certainement de mise pour répondre à la crise en cours.
L’ancien député néodémocrate François Choquette considère que le commissaire aux langues officielles n’a pas utilisé son pouvoir d’enquête jusqu’au bout.
Avec des informations d’Inès Lombardo
En 2017, le Commissariat aux langues officielles (CLO) a reçu quatre plaintes concernant l’entente entre Netflix et Patrimoine canadien (PCH).
L’un des plaignants, l’ex-député fédéral néodémocrate François Choquette, accusait PCH de ne pas avoir respecté la partie VII de la Loi sur les langues officielles (LLO). Celle-ci oblige PCH à considérer les communautés de langues officielles en situation minoritaire dans le cadre de l’entente.
En 2019, l’enquête du commissaire conclut que la plainte de François Choquette est non fondée. Le plaignant remet maintenant en question la rigueur du CLO dans le processus d’enquête et demande à la Cour fédérale d’intervenir.
Entente Netflix
En 2017, Netflix a accepté d’investir 500 millions de dollars en production au Canada au cours des cinq années suivantes, à la condition que le gouvernement ne perçoive pas de taxes sur ses services.
Le géant américain s’était engagé à injecter 25 millions de dollars de cette somme dans le marché francophone, mais à ce jour, il est toujours impossible de connaitre la somme qui y a été réellement investie.
L’entente de cinq ans, conclue entre Netflix et Patrimoine canadien, est arrivée à échéance en 2022.
La préservation des relations en cause
En vertu de la Loi sur Investissement Canada, qui garantit la confidentialité de l’entente avec Netflix, Patrimoine canadien a refusé de fournir tous les documents nécessaires à l’enquête du Commissariat.
Dans son rapport final, Raymond Théberge conclut que la plainte est non fondée.
En mars 2018, dans une note de synthèse adressée au commissaire Raymond Théberge, des fonctionnaires du Commissariat remettent en question l’intérêt d’insister auprès de PCH pour obtenir les informations manquantes.
«Maintenir une relation de collaboration avec PCH est important, et faire appel aux pouvoirs d’enquête pour obtenir plus d’infos pourrait porter atteinte. […] s’il s’avère que nous pouvons utiliser nos pouvoirs d’enquête, cela entrainera des couts et pourrait miner le niveau de collaboration avec PCH (dans ce dossier et/ou d’autres)», indique la note.
Dans ce même document obtenu par Francopresse, les fonctionnaires préviennent le commissaire que l’information recueillie est insuffisante pour tirer des conclusions, et qu’aller de l’avant pourrait créer un précédent, limitant ainsi les pouvoirs d’enquête du CLO.
Mélanie Joly, à l’époque ministre de Patrimoine canadien, a été accusée de nombreuses fois d’avoir mal géré le dossier de Netflix Canada.
«Le fait d’accepter l’argument de la confidentialité risque de créer un précédent avec PCH pour les dossiers liés aux investissements étrangers», lit-on dans la note.
Dans ses commentaires sur le rapport préliminaire du Commissariat, François Choquette partage ses préoccupations avec ce dernier : «Sans ces pouvoirs d’enquête, votre rôle et l’utilité de votre mandat ne deviennent, en quelque sorte, que symboliques. Ainsi, il ne suffit pas pour une institution fédérale d’invoquer un privilège de confidentialité pour éviter de communiquer tout renseignement et document fondamental à vos enquêtes.»
Pouvoirs du commissaire
La Loi sur les langues officielles permet au commissaire aux langues officielles de contraindre des témoins à produire les «documents et autres pièces qu’il estime indispensables pour instruire à fond toute question relevant de sa compétence» (article 62).
Pourtant, dans son rapport final paru en février 2019, le CLO affirme ignorer «dans quelle mesure Netflix a été informé des besoins propres aux communautés francophones hors Québec, et PCH n’a fourni aucun renseignement pour clarifier ces éléments durant l’enquête, même s’il a été prié de le faire».
Techniquement parlant, le CLO aurait pu être sévère dans sa demande d’informations.
Le bureau du CLO a décliné notre demande d’entrevue, indiquant que le dossier était présentement devant les tribunaux.
L’affaire devant les tribunaux
Aujourd’hui, l’ex-député demande la réouverture de l’enquête, et ce, pour deux raisons : la raisonnabilité de la décision du CLO et son omission d’enquêter sur l’article 43 de la LLO, qui vise des mesures spécifiques que Patrimoine canadien peut prendre en matière de langues officielles.
François Choquette demande à la Cour fédérale d’obliger le Commissariat à rouvrir l’enquête.
«Les 25 millions pour moi, c’était un écran de fumée, une pilule empoisonnée, de la poudre aux yeux de la part des ministres pour nous faire avaler ce remède de cheval, déclare François Choquette. Ce qui est intéressant, c’est l’ensemble des investissements de Netflix Canada au pays.»
François Choquette attend que sa demande de rouvrir l’enquête soit entendue par la Cour fédérale. «On veut que le CLO refasse son travail en fonction des articles 41 et 43 principalement», explique-t-il.
Ce dernier met la table avant l’audience : «L’idée est de faire le constat des dégâts commis, des mesures positives qu’on aurait dû mettre en place, les protocoles de consultation et les obligations linguistiques qui auraient dû être mises en place et ce qu’il faut faire pour la suite des choses.»
La date de l’audience devant les tribunaux, fixée au 4 juillet dernier puis annulée, n’est pas encore connue.
À mesure que l’on s’enfonce dans la forêt de l’Île-du-Prince-Édouard, Anne Gallant nous fait pénétrer dans son garde-manger perpétuel, sa forêt nourricière. Des centaines de plantes sauvages comestibles sont à portée de cueillette.
Depuis sept ans, Anne Gallant vit dans une petite maison de bois autosuffisante en eau et en énergie au milieu de la forêt.
À peine descendue de sa camionnette, besace en bandoulière et guide d’identification à la main, elle repère des patiences crépues sur le bord d’un chemin de terre rouge. Leurs jolies feuilles ondulées se balancent dans le vent.
«Les gens la considèrent souvent comme une mauvaise herbe alors qu’en réalité on peut faire de la farine avec ses graines. Ça donne un pain brun foncé au gout de la terre», sourit l’Acadienne de ses yeux bleus.
Fougères au beurre, cresson à saupoudrer
À quelques mètres de là, un groupe d’onagres bisannuelles aux grandes fleurs jaunes pousse sur un terrain sablonneux. Anne Gallant explique que toute la plante est mangeable : les feuilles s’ajoutent à des soupes et des ragouts, tandis que les racines, aux saveurs légèrement poivrées, se consomment crues ou cuites.
Juste à côté, de jeunes fougères attirent son regard. «Cuites dans un peu de beurre, elles sont excellentes, elles ont ce petit gout sauvage d’asperge», assure la sexagénaire.
Anne Gallant prépare de nombreuses recettes de cuisine avec les plantes et fleurs trouvées dans la forêt.
Au bord d’un ruisseau, des plants de cresson prolifèrent. «On peut le manger en salade ou en faire de la poudre à saupoudrer sur des soupes en hiver», commente-t-elle.
Dans ce dédale forestier, la connaisseuse pousse un cri d’exclamation à la vue de brunelles communes, plantes aromatiques également connues des Autochtones pour leurs propriétés médicinales. «Ça soigne tout le corps, c’est extraordinaire comme plante.»
Anne Gallant vit au cœur d’une forêt gourmande, à 30 minutes de route de Charlottetown, la capitale de l’Île-du-Prince-Édouard. Il y a sept ans, elle a tout quitté, sa galerie d’art, ses toiles et ses pinceaux, pour s’établir à l’abri du monde au milieu des épinettes blanches, des érables et des fleurs sauvages.
Découvrez les secrets de la forêt canadienne
Manger local et sans pesticide
«Je vais dans la forêt tous les jours, sinon ça me manque. C’est juste un profond sentiment de paix, ça m’atteint de beauté», confie-t-elle.
Anne Gallant montre avec fierté sa réserve où des pots de fleurs séchées, de poudre, de farine et de tisane s’empilent sur des étagères jusqu’au plafond.
Elle a acheté 40 arpents de terre et s’est construit une petite maison de bois autosuffisante en eau et en énergie. Panneaux solaires, récupérateurs d’eau de pluie, poêle à bois, Anne Gallant veut au maximum limiter son empreinte écologique sur la planète.
«Se nourrir dans la forêt fait partie de cette démarche. C’est local et respectueux du vivant, sans traces de pesticide», affirme-t-elle
La moitié de ce que mange Anne Gallant provient de la forêt et de son potager, le reste du supermarché. À terme, elle aimerait atteindre les 80 % d’autoconsommation.
Anne Gallant a découvert la gastronomie des plantes sauvages à l’occasion de voyages humanitaires à Haïti, dans les années 1990. Dans un dispensaire de campagne, elle observait ses collègues haïtiens revenir de la forêt avec des paniers pleins de fleurs, de fruits et de feuillages.
De retour au Canada, l’autodidacte se plonge dans les publications botaniques et suit des cours en Nouvelle-Écosse. Elle vit quelques mois en Italie pour parfaire ses connaissances. Pendant six ans, elle se lance même dans la publication d’une revue mensuelle sur la nutrition et les propriétés des plantes.
«On ne s’improvise pas cueilleur»
«Il y a tellement de choses à manger dans la forêt, c’est triste d’avoir perdu ce savoir, regrette-t-elle. Moi-même, je découvre de nouvelles plantes et de nouvelles façons de les cuisiner tous les jours, c’est un voyage de 30 ans.»
Depuis plus de trente ans, Anne Gallant collectionne les livres de botanique et les guides d’identification des plantes pour parfaire ses connaissances.
Anne Gallant évoque son pesto d’oseille des bois, «du velours acidulé sur la langue», ses salades parfumées de fleurs colorées, ses croustilles de feuilles d’érable, ses gelées de fruits d’aronia, sa boisson fermentée d’épinette de pin blanc ou encore son kombucha d’épilobe en épi.
La balade ouvre l’appétit. Mais la cueilleuse-préleveuse du XXIe siècle conseille la prudence à quiconque manquerait de formation. Des plantes toxiques peuvent ressembler aux comestibles. Les risques de confusion sont fréquents.
«Il faut être très méticuleux, toujours se référer à plusieurs sources, demander à une personne plus expérimentée, insiste-t-elle. Si on a un doute, il ne vaut mieux pas ramasser.»
Prendre son temps, telle est sa devise : «On ne s’improvise pas cueilleur. C’est un voyage dans la nature, on ne peut pas tout apprendre en un instant.»
Elle conseille aux débutants de s’intéresser seulement à une ou deux plantes, de les apprivoiser à différentes saisons afin de savoir ce qui est mangeable ou non.
Règles de l’art
Le danger ne freine pas l’engouement. De plus en plus d’insulaires et de touristes se pressent chez Anne Gallant pour participer aux «classes en forêt» qu’elle organise depuis trois ans.
Elle relève notamment un intérêt grandissant des familles confrontées à la hausse des prix des aliments. Rien ne lui fait plus plaisir que de voir ses «étudiants changer de regard sur la forêt qui les entoure».
Anne Gallant a récolté des chanterelles.
Ce plaisir gourmand et familial doit aussi s’effectuer selon les règles de l’art, souligne-t-elle. Les plantes se cueillent avec technique et préciosité. D’une part, pour leur permettre de survivre et de repousser les années suivantes. D’autre part, pour préserver la forêt.
«Il ne faut jamais arracher les racines et prélever plus d’un tiers d’une plante ou d’un groupe de plantes», explique l’experte.
Sur le chemin du retour, un frisson d’excitation parcourt Anne Galant quand elle repère des chanterelles, trônant en majesté dans de la mousse. Elle sort un couteau à champignon de sa besace et les retire délicatement du sol… ce sera son repas de midi.
De retour chez elle, elle montre avec fierté sa réserve où des pots de fleurs séchées, de poudre, de farine et de tisane s’empilent sur des étagères jusqu’au plafond. À l’heure du départ, elle nous quitte plein d’enthousiasme, prête à retourner en forêt l’après-midi même.