L’entente entre Google et Ottawa a suscité un certain soulagement chez plusieurs médias locaux. «On a évité cette catastrophe», lance Brenda O’Farrell, présidente de Quebec Community Newspapers Association (QCNA), en entrevue avec Francopresse, faisant référence à la menace du géant numérique de bloquer les contenus médiatiques canadiens sur sa plateforme.
«Mais, au niveau des journaux communautaires, il n’y a pas de victoire là-dedans. Est-ce que ça va donner quelque chose à la fin de la journée pour aider les journaux, les petits journaux régionaux?», se demande-t-elle.
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Brenda O’Farrell croit que C-18 n’a pas tenu compte des enjeux auxquels font face les médias communautaires.
«Il n’y a pas de victoire là-dans»
Selon Brenda O’Farrell, la loi C-18 a été mal conçue, car elle «traite tous les médias de la même manière».
Or, la présidente soutient que le modèle d’affaires des journaux régionaux est différent de ceux des plus gros médias, comme CBC/Radio-Canada. «Ça, c’est une chose que le gouvernement avec C-18 n’a pas comprise.»
Les journaux locaux ont la capacité et la volonté d’effectuer un travail journalistique beaucoup plus important, avec très peu de ressources financières et humaines, ajoute-t-elle.
«Si vous regardez ce que les gros quotidiens ont fait avec plus d’argent, ils ont coupé [dans les] emplois, ils ont coupé le nombre d’articles qu’ils ont écrit, ils ont coupé [certaines] régions qu’ils couvraient. Dans toutes les métriques que vous voulez choisir, ils ont fait moins», lâche-t-elle.
Cependant, depuis que le projet de loi C-18 a été déposé en 2022, Brenda O’Farrell estime que la situation financière de nombreux journaux locaux à travers le pays est de plus en plus précaire.
Dans cette optique, Brenda O’Farrell ne cache pas son inquiétude face à la redistribution des 100 millions de dollars convenus avec Google. Selon elle, les critères d’admissibilité ne sont pas clairs.
«Si c’est basé sur le nombre de clics qu’un journal recevra, les petits journaux locaux vont être toujours en bas de la liste», explique-t-elle.
«Il faudrait que Radio-Canada s’abstienne»
«Je pense qu’il faudrait que Radio-Canada s’abstienne», dit sans hésitation Jean-Hugues Roy, professeur de journalisme à l’École des médias de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).
Jean-Hugues Roy souhaite que le gouvernement oblige Meta à redonner l’accès aux contenus médiatiques au Canada.
«Ils ont beaucoup d’argent et s’ils ont besoin de plus d’argent, c’est peut-être parce qu’ils veulent en faire trop, peut-être qu’ils doivent revenir à une mission plus sobre d’une part», affirme de son côté Marc-François Bernier, professeur titulaire au département de communication de l’Université d’Ottawa.
Selon ces deux experts, l’enveloppe du collectif de médias qui sera mis sur pied dans les prochaines semaines devrait être partagée entre les médias locaux, régionaux, les hebdomadaires, les radios communautaires, etc. Entre autres, «tous les médias communautaires ou de langue minoritaire, autochtone», stipule Jean-Hugues Roy.
«Tous ceux qui ont une mission locale et régionale, parce que c’est là qu’il y a un problème dans notre société», complète Marc-François Bernier.
Selon lui, le manque de financement et d’investissement dans les plus petits médias reste un enjeu important pour la démocratie.
«Il n’y a pas de médias locaux qui surveillent les administrations locales. Il y a plus de risques de corruption, il y a plus de risques de gaspillage de fonds publics et les enjeux locaux n’ont pas d’écho dans les grands parlements», note-t-il.
Concurrence déloyale
Marc-François Bernier va plus loin et affirme qu’il y a une concurrence déloyale entre les médias locaux et Radio-Canada. D’après lui, grâce aux fonds publics, Radio-Canada peut couvrir plus d’évènements communautaires là ou d’autres entreprises médiatiques plus petites n’ont pas les moyens ou les ressources pour le faire.
Marc-François Bernier croit que CBC/Radio-Canada ne devrait pas recevoir un montant du collectif.
«Il ne faut pas créer de l’argent pour Radio-Canada, sinon ça prive autant les médias locaux de leur droit d’existence, de leur droit de servir leur clientèle. Moi je trouve qu’il y a une question d’équité dans ça, puis c’est aussi lié à la diversité et à la pluralité des sources d’information», défend-il.
Pour sa part, Jean-Hugues Roy croit que La Presse canadienne devrait être en première ligne pour recevoir une part du fonds Google.
«Ce serait très dommageable pour la qualité de l’information au Canada si La Presse canadienne devait fermer ses portes, donc pour moi ce serait la priorité numéro un», assure-t-il.
Le blocage Meta persiste
Depuis le 1er aout dernier, l’entreprise Meta, maison mère de Facebook et Instagram, bloque les contenus médiatiques sur le territoire canadien. Pour Brenda O’Farrell, c’est une action qui «nous a fait mal».
La présidente soutient que la communauté des médias locaux «a très peur» pour son avenir. Selon elle, le gouvernement fédéral doit faire plus en termes de financement pour les médias.
«C’est une plateforme qui permet aux gens d’acheminer du trafic sur le site des médias», explique Marc-François Bernier, qui est du même avis. «Quand on regarde les faits, les résultats [découlant de C-18], c’est pas un grand succès», se désole le professeur de l’Université d’Ottawa.
Pour Jean-Hugues Roy, une action de la part du gouvernement est nécessaire afin d’obliger Meta à garder la circulation des nouvelles sur le territoire canadien. «Beaucoup de Canadiens s’informent grâce à Instagram, grâce à Facebook, il faut forcer. Il y a des arguments qui justifieraient qu’un État oblige Meta à avoir de l’information», conclut-il.
Avant d’entamer mon décompte de 2023, il me serait impossible de ne pas rendre hommage à Karl Tremblay, chanteur des Cowboys Fringants, emporté par un cancer à la mi-novembre.
Même si le groupe a surtout tourné au Québec et en Europe, il a tout de même touché le cœur de plusieurs Franco-Canadiens et sa musique a occupé et continue d’occuper une place sur plusieurs stations de radio francophones hors Québec.
Les chansons des Cowboys, que ce soit Ti-cul, Les Étoiles filantes, Sur mon épaule ou encore L’Amérique pleure pour ne nommer que celles-là, savent apporter un moment paisible dans notre journée.
Tous, d’un bout à l’autre du pays et au-delà, nous avons été touchés par la voix réconfortante de Karl Tremblay, une voix dont le charisme nous rappelait celle d’un grand frère, d’un ami, d’un confident. Cette voix ne sera jamais oubliée.
10e position : Rien qu’un animal, Matt Stern
Pour amorcer ce top 10, je vous propose le premier opus francophone de l’auteur-compositeur-interprète Matt Stern, natif de Montréal, maintenant établi dans la communauté francophone de Victoria, en Colombie-Britannique.
Cet artiste de l’Ouest canadien, nous captive avec Rien qu’un animal, un album pop urbain, qui a du panache et qui se termine sur un air funk pour nous faire danser. La fluidité des orchestrations est remarquable. De la bonne pop.
9e position : Enfiler mes bottes, Émilie Landry
Dans son troisième opus francophone, la jeune autrice-compositrice-interprète Émilie Landry, originaire du Nouveau-Brunswick, nous invite à découvrir son monde personnel, plus intérieur.
L’album est rempli de superbes textes, qui nous interpellent autant que les musiques country folks. Ce produit est gage d’une belle maturité, qui saura captiver l’auditeur.
8e position : Un monde de dissonances, Sirène & Matelot
Avec ce disque, le groupe Sirène & Matelot nous donne un rendez-vous magique. Ce duo d’auteurs-compositeurs-interprètes de l’Île-du-Prince-Édouard, composé de Patricia Richard et Lennie Gallant, est tout en sobriété.
Des musiques folks bien fignolées servent de toile de fond à des textes magnifiques, qui nous racontent la vie dans toutes ses nuances. La réalisation de l’album, signée Davy Gallant, sait mettre en valeur le duo.
7e position : Tavernier, Claude Cormier
Le Madelinot Claude Cormier fait un retour sur disque avec Tavernier. Cet artiste, qui en est à son 8e opus, réussit encore une fois à séduire ses admirateurs et à en charmer de nouveaux.
Avec des musiques tantôt entrainantes, tantôt berçantes, il nous livre encore des textes puissants qui nous captivent mot après mot. Son timbre de voix est toujours aussi réconfortant après plus de 20 ans de carrière.
6e position : Les Fils du père, Les Gars du Nord
La sixième place revient à un des super groupes acadiens de l’heure, Les Gars du Nord. Leur album Les Fils du père est une bombe d’énergie contagieuse, réalisé par deux des sept membres du groupe, Jean-Frédéric Lizotte et Wilfred LeBouthillier. Ce dernier a d’ailleurs coécrit les musiques et textes avec un autre membre, Danny Boudreau.
Les paroles sont solides et nous transportent dans le monde des pêcheurs, de la mer et des souvenirs. Dès le début du disque, nous sommes envoutés par la puissance des musiques et des voix.
5e position : À boire deboutte, Salebarbes
Au cinquième rang, on retrouve l’autre super groupe de l’Acadie, Salebarbes. Le quintette, qui a reçu les Félix de la Chanson de l’année et du Spectacle de l’année – Variété et réinterprétation, nous propose une formule gagnante, mais encore plus contagieuse.
Avec À boire deboutte, les cinq auteurs-compositeurs-interprètes nous offrent un album solide, entrainant et captivant, qui montre bien tout le plaisir qu’ils ont à partager leur art avec le public.
4e position : For The Giving / Sans rien donner, Aleksi Campagne
Avec un nom connu dans l’univers musical franco-canadien, Aleksi Campagne nous propose un album double des plus prenants, For The Giving/Sans rien donner.
Dix chansons en versions anglaise et française. Un opus pop, folk, aux arrangements très orchestraux. L’artiste montréalais nous ensorcèle avec sa voix unique et ses prestations profondes qui nous amènent ailleurs. On se laisse aisément séduire par la richesse de chaque chanson.
3e position : Sous la fourrure, Squerl noir
Mon top 3 débute avec une autre belle découverte, qui a été lancée à la fin d’aout. L’auteur-compositeur-interprète d’Ottawa David Robquin, alias Squerl noir, a su trouver les musiques parfaites pour accompagner des mots justes, afin de réussir à interpeler des auditeurs en quête de fraicheur auditive.
La réalisation de Sous la fourrure est d’une pureté exceptionnelle, ce qui en fait un produit hors du commun. L’album s’accompagne d’un livre du même titre, qui est à la fois une réflexion sur la création artistique, mais aussi un recueil de textes revenant sur le processus de création du disque.
2e position : Boréale, Mimi O’Bonsawin
Depuis presque 10 ans, Mimi O’Bonsawin ne cesse d’émerveiller avec sa musique. L’artiste franco-ontarienne abénaquise partage sa culture et ses origines autant dans la langue de Molière que celle de Shakespeare.
Elle nous offrait en octobre Boréale, un album entièrement en français. Avec une voix presque divine, des musiques profondes aux accents autochtones, Mimi O’Bonsawin nous plonge dans la richesse de son âme et nous raconte le duel entre ses cultures franco-ontarienne et abénaquise. On sent toute la fierté de ses origines.
1e position : Maison vent, Willows
Mon coup de cœur de la francophonie musicale canadienne pour cette année est aussi un rendez-vous avec la culture autochtone et métisse.
Geneviève Toupin évolue sur la scène musicale franco-canadienne depuis 14 ans, mais c’est en 2014 qu’elle nous a présenté son alter ego, Willows. Cette année, elle nous a épatés avec un album qui rendait hommage à ses origines mitchif.
Maison vent est un rendez-vous des plus attendrissants, où l’auteure-compositrice-interprète franco-manitobaine nous dévoile toute sa richesse et la fierté de ses racines. Tel un diamant pur, son timbre de voix vient nous caresser à la moindre note. Elle nous livre un petit bijou des plus généreux, avec 14 chansons, qui nous dévoilent tous son univers.
Le top 10 de 2023 est une autre belle preuve que la francophonie musicale est bien vivante. Je tends maintenant l’oreille vers 2024, afin de découvrir d’autres chefs-d’œuvre à vous faire connaitre.
Bonne écoute et bonnes découvertes musicales.
Marc Lalonde, dit Lalonde des ondes, est chroniqueur musical depuis plus de 25 ans au sein de la francophonie musicale canadienne et animateur de l’émission radiophonique Can-Rock. Il se fait un malin plaisir à partager cette richesse dans 16 stations de radio de tout le pays chaque semaine.
Google contribuera aux médias et Ottawa
Après des semaines de négociations, la ministre du Patrimoine canadien, Pascale St-Onge, a confirmé mercredi avoir trouvé un terrain d’entente avec Google sur le cadre règlementaire de la Loi sur les nouvelles en ligne, qui doit entrer en vigueur le 19 décembre prochain.
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Pierre Poilievre a réitéré son soutien envers l’Ukraine et défend que son opposition au projet de loi C-57 est liée à la taxe carbone.
La multinationale versera 100 millions de dollars annuellement aux médias canadiens. Ce montant, qui sera indexé à l’inflation, demeure en dessous des 172 millions de dollars réclamés par Ottawa dans le cadre règlementaire en septembre dernier.
Le gouvernement espérait surtout que Google n’emboite pas le pas à Meta, qui a bloqué l’accès aux nouvelles au Canada sur ses plateformes en aout.
La nouvelle loi, anciennement projet de loi C-18, vise à obliger les géants du numérique à indemniser les médias pour le partage de leurs contenus, dans un contexte où plusieurs d’entre eux peinent à garder la tête hors de l’eau.
«La santé du secteur canadien des nouvelles n’a jamais été aussi menacée qu’en ces temps de suppressions de postes et de fermetures des salles de rédaction», a reconnu la ministre St-Onge dans une déclaration.
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L’appui des conservateurs à l’Ukraine remis en question
Le Parti conservateur a voté contre le projet de loi C-57, qui porte sur la mise en œuvre de l’Accord de libre-échange Canada-Ukraine, lors de sa deuxième lecture à la Chambre des communes, le 21 novembre dernier.
Le chef du Parti conservateur du Canada (PCC), Pierre Poilievre, a défendu cette décision mardi, en expliquant être inquiet face au libellé de l’accord, qui fait référence à la promotion de la tarification du carbone, une mesure qui selon lui serait nuisible à l’économie ukrainienne.
«Nous sommes le seul parti à avoir soutenu l’Ukraine au lieu d’essayer d’imposer une taxe sur le carbone», s’est-il défendu en Chambre.
Selon le premier ministre, la taxe carbone n’est qu’une excuse qui cache d’autres motifs. Justin Trudeau a accusé les conservateurs de tourner le dos à l’Ukraine et a évoqué un lien avec la «montée d’une façon de penser de la droite américaine, de style MAGA [Make America Great Again]», lors d’une conférence de presse à Saint-Jean à Terre-Neuve-et-Labrador, le 24 novembre dernier.
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Des ministères fédéraux se servent de logiciels espions
Une enquête de Radio-Canada dévoile l’utilisation de logiciels espions par certains ministères fédéraux. Au moins treize ministères et agences fédérales seraient concernés, selon des documents internes obtenus en vertu de la Loi sur l’accès à l’information.
Le premier ministre accuse les conservateurs de tourner le dos à l’Ukraine.
Aucune de ces institutions n’a respecté la directive fédérale qui oblige l’évaluation des risques pour la vie privée dans le cadre d’utilisation de matériel potentiellement intrusif.
Ces logiciels permettent, entre autres, d’avoir accès à des données cryptées et protégées par des mots de passe, à des contenus supprimés et à des activités sur les réseaux sociaux, le tout sur des téléphones mobiles, des ordinateurs ou des tablettes.
Achat d’avions américains et manque d’effectifs dans la Marine
Le gouvernement canadien a annoncé jeudi une entente avec le gouvernement américain pour l’acquisition d’un maximum de 16 appareils d’aviation pour l’Aviation royale canadienne (ARC).
Une entente réalisée sans appel d’offres, potentiellement au détriment de l’entreprise québécoise Bombardier. Comme rapporté par plusieurs médias cette semaine, la multinationale québécoise Bombardier affirmait pouvoir répondre au besoin, et ce, de manière moins couteuse et dans les temps requis.
Dans un communiqué de presse, le ministère de la Défense nationale assure que Boeing intègrera des compagnies canadiennes dans «ses chaines d’approvisionnement globales» et que ses engagements économiques au Canada ont le potentiel de créer de l’emploi et de contribuer au produit intérieur brut.
«Dans l’environnement mondial complexe d’aujourd’hui, le Canada a besoin d’une armée capable de protéger notre pays pour de nombreuses années à venir. […] Le Canada a besoin d’une flotte d’aéronefs multimissions pour veiller à la sécurité de sa population et protéger la souveraineté de l’un des plus grands espaces aériens au monde», déclare le ministre Bill Blair.
Le commandant de la Marine royale du Canada (MRC), Angus Topshee, a dénoncé l’état critique du corps d’armée dans une vidéo publiée lundi sur YouTube.
Le ministre de la Défense nationale, Bill Blair, a signé une entente avec les États-Unis pour que Boeing fournisse l’aviation nécessaire.
«La MRC fait actuellement face à de très graves problèmes qui pourraient faire en sorte que nous ne respecterons pas nos engagements en matière de posture et de disponibilité opérationnelle en 2024 et au-delà», déclare-t-il.
Le commandant évoque des taux de vacance supérieurs à 20 % pour certains postes. Selon lui, ce manque est attribué au recrutement, l’aile de recrutement des Forces armées canadiennes n’ayant pas réussi à atteindre ses objectifs depuis plus de 10 ans.
Il note aussi que les problèmes auxquels fait face la MRC «ne sont pas uniques» et que «l’aviation et l’armée sont confrontées à des défis similaires».
«Historiquement, nous avons surmonté tous les défis, alors je suis confiant en notre capacité de surmonter celui-ci», dit-il.
100 millions de dollars par année indexés à l’inflation
La ministre du Patrimoine canadien, Pascale St-Onge, a confirmé, mercredi, que Google versera 100 millions de dollars par année «à un seul collectif qui l[e] distribuera à tous les médias d’information admissibles et intéressés, selon leur nombre d’équivalents temps plein en journalisme».
Dans le cadre règlementaire de la Loi, présenté au début du mois de septembre, le ministère du Patrimoine estimait que Google pouvait générer plus de 170 millions de dollars canadiens afin d’aider les médias du pays.
Le géant du Web soulevait alors plusieurs préoccupations quant aux exigences qui lui étaient imposées et à la hauteur de la compensation qui devrait être versée aux médias canadiens.
«Après des discussions approfondies, nous sommes heureux que le gouvernement du Canada se soit engagé à répondre aux enjeux fondamentaux concernant le projet de loi C-18, qui comprenaient la nécessité d’une voie simplifiée pour une exemption à un seuil d’engagement clair», a affirmé par courriel Kent Walker, président des affaires mondiales, Google et Alphabet.
«On a trouvé une voie de passage pour répondre aux interrogations de Google sur l’application de la loi», a lancé la ministre Pascale St-Onge en mêlée de presse, mercredi.
Quant à l’admissibilité de CBC/Radio-Canada aux fonds provenant de l’entente avec Google, la ministre n’a pas voulu donner plus de précisions.
Les médias locaux s’inquiètent
René Chiasson souhaiterait que les médias locaux en situation minoritaire reçoivent des parts équitables du montant que devra verser Google.
Avec la crise des médias qui sévit partout au Canada, les journaux locaux, dont les journaux francophones en situation minoritaire, s’inquiètent tout de même du manque de ressources qui pèse lourd sur le secteur.
«Les médias de langues officielles sont admissibles», a rappelé la ministre St-Onge, mercredi. Elle a précisé que l’article 11.1 de la loi décrit tous les médias qui sont admissibles aux fonds monétaires et auxquels la loi s’appliquera, ce qui inclut des médias des minorités linguistiques.
«Par exemple, des médias de langues officielles en situation minoritaire, des médias ethniques, des médias indépendants, etc. Donc, c’est avec ce collectif-là que Google devra s’organiser», a-t-elle précisé.
René Chiasson, coprésident de Réseau.Presse, organisme éditeur de Francopresse, doute que la distribution du financement de Google soit partagée de manière équitable.
«Nous craignons que les conditions d’admissibilité favorisent nettement les grands médias au détriment des journaux locaux, comme ceux de nos membres», soutient-il.
La version finale de la règlementation précisera, entre autres, les conditions d’admissibilité des médias. Déjà déposée au Conseil du Trésor, la règlementation mise à jour sera publiée avant l’entrée en vigueur de la loi, soit le 19 décembre prochain.
Faute d’avoir des réponses claires sur la hauteur du financement auquel les journaux locaux auront accès, René Chiasson attend impatiemment de voir une bonification du programme de l’Initiative de journalisme local (IJL) pour assurer du financement fédéral adéquat pour les médias locaux.
Il rappelle surtout que la décision du gouvernement fédéral de délaisser la publicité dans les médias imprimés, il y a près de dix ans, a toujours des conséquences aujourd’hui. «Nous souhaitons ardemment le retour des publicités fédérales dans nos médias. La perte de ces publicités a grandement nui à l’écosystème communautaire francophone», précise-t-il.
La ministre St-Onge se réserve le droit de négocier la compensation de Google dans l’éventualité que de meilleures ententes soient conclues ailleurs dans le monde.
Depuis la rupture des négociations avec le gouvernement canadien, l’entreprise Meta, maison mère de Facebook et Instagram, bloque l’accès à tous les contenus médiatiques sur le territoire canadien. Selon le bureau de la ministre, Patrimoine canadien est prêt à reprendre le processus de négociation avec Meta.
Le 19 novembre dernier, les Argentins ont élu à la magistrature suprême Javier Milei. Politicien libertarien et populiste, il nous ferait presque regretter son acolyte Bolsonaro au Brésil. Le 22 novembre, lors des législatives, les Néerlandais portaient en tête du scrutin l’extrême droite de Geert Wilders, qui a recueilli 25 % des suffrages contre 11 % en 2021.
Un phénomène mondialisé
L’un des éléments qui nous permettent de saisir l’une des causes profondes de cette montée des populismes est le fait qu’elle s’observe sur tous les continents.
Que ce soit en Amérique du Sud avec Milei et Bolsonaro; en Amérique du Nord avec Trump – toujours aussi haut dans les sondages – et Poilievre; en Europe, où la liste serait trop longue à dresser; en Asie avec l’indéboulonnable Modi en Inde ou Marcos Junior aux Philippines; jusqu’en Afrique, où une série de coups d’État a propulsé aux manettes du pouvoir des caporaux aux discours simplistes pour ne pas dire simplets.
L’aspect mondialisé du populisme démontre le rôle clé joué par un système ultracapitaliste débridé, qui non seulement accroit toujours et encore plus l’écart entre le 1 % et le reste de la planète, mais qui en plus le fait en toute impunité et avec un culot effronté.
Sans honte ni vergogne
Un culot inégalé donc. Parce que non contents de s’en mettre plein les poches alors qu’ils demandent sans cesse aux petites gens de se serrer la ceinture, les rares bénéficiaires et artisans des systèmes populistes dévastateurs humilient.
Comment le personnel infirmier et le personnel enseignant du Québec, qui sont payés des clopinettes, pourraient-ils ne pas se sentir humiliés alors qu’en pleine négociation, le gouvernement annonce fièrement son intention de dépenser sept-millions de dollars pour deux matchs préparatoires de hockey d’une équipe américaine?
Comment les Franco-Ontariens pourraient-ils ne pas se sentir humiliés alors que des copains du gouvernement, dont certains sont parties prenantes du fiasco de l’Université Laurentienne, balancent un rapport inepte nous intimant d’oublier nos institutions francophones acquises récemment après des décennies de lutte?
Il n’y a jamais d’argent pour les services de santé, le logement, la transition écologique, l’éducation, mais les gouvernements de par le monde n’hésitent pas une minute à subventionner à coups de milliards les grandes compagnies pétrolières et retenir les services-conseils prétendument indispensables de la firme McKinsey.
Ce sans-gêne constant de la part des gouvernants pousse les citoyens vers les leadeurs populistes.
Il y a quelque chose de pourri au royaume du capitalisme ultralibéral que l’on ne retrouvait pas dans le capitalisme il y a un siècle quand les grands chefs d’entreprise se gardaient une petite gêne, même s’ils se frottaient les mains discrètement devant les boucheries de 1914-1918 qui faisaient accroitre leurs profits.
Le creusement des inégalités
La pandémie a mis en lumière comment les malheurs des uns (enfin de la plupart) faisaient le bonheur de (quelques-)uns. Le 1 % a accru ses richesses alors que des dizaines de millions de personnes ont glissé dans la pauvreté.
Depuis, l’envolée des prix de l’immobilier conjuguée à des taux d’intérêt à la hausse et à une inflation élevée fait en sorte qu’un nombre croissant de personnes des classes moyennes décrochent et rejoignent le lot des précaires.
L’ascenseur social qui avait fonctionné pendant les Trente Glorieuses est en panne.
Il est beaucoup plus difficile pour les deux dernières générations de vivre une mobilité sociale positive. Même la très conservatrice Organisation de coopération et de développement économiques le reconnait dans divers rapports.
Alors forcément cela est source de frustrations énormes pour toutes les générations. D’où un ras-le-bol généralisé, qui se traduit par une sanction électorale des élites politiques traditionnelles.
Selon Statistique Canada, «[l]’écart de la valeur nette entre les patrimoines les plus élevés et les plus bas a augmenté de 1,1 point de pourcentage au premier trimestre de 2023 par rapport au même trimestre un an plus tôt. Il s’agit de l’augmentation la plus rapide jamais enregistrée pour ces estimations, qui remonte à 2010».
Un soutien irrationnel aux populismes
Une chose demeure frappante quand on regarde les intentions de vote des citoyens en faveur des candidats populistes : l’irrationalité.
Qu’est-ce à dire? Tout simplement que ces personnes vont voter pour des candidats qui, loin de résoudre leurs problèmes, ne feront que les aggraver.
Trump n’a pas remis la classe ouvrière blanche au travail. Marine Le Pen, née dans une famille bourgeoise, ayant habité dans un château, ne sait pas ce qu’est le dur labeur. Pierre Poilievre a été élu député à 25 ans et depuis a écumé les maroquins ministériels et les bancs de la Chambre. Comment pourrait-il savoir ce qu’est le quotidien des travailleurs canadiens?
Si l’on veut combattre le populisme, il ne s’agit donc pas de continuer à prendre les électeurs pour des imbéciles, mais de commencer par les respecter; de s’attaquer réellement aux grands problèmes socioéconomiques; d’arrêter les collusions et corruptions entre petits amis; et de mettre en place un système fiscal juste permettant de réduire les inégalités.
Aurélie Lacassagne est politicologue de formation et doyenne des Facultés de sciences humaines et de philosophie de l’Université Saint-Paul à Ottawa. Elle est membre du Comité de gouvernance du Partenariat Voies vers la prospérité.
Pour participer au concours, les candidats doivent enregistrer un balado, seul ou en équipe de trois maximum, sur le thème de «lire dans l’avenir».
L’objectif est de laisser parler la créativité des jeunes sur leur vision de la lecture dans le futur, informe Cassandra Simon, responsable des communications et du marketing du Salon du livre de l’Outaouais et coorganisatrice du concours. Autrement dit, à quoi ressemblera le monde littéraire de demain?
Après avoir choisi un livre sur le sujet, les participants peuvent remettre leurs projets sous forme «d’entrevues, de débats, de récits de fiction ou de science-fiction», précise-t-elle.
L’équipe lauréate aura droit, entre autres, à un voyage tout inclus au Salon du livre de l’Outaouais, à une expérience professionnelle de postproduction et une diffusion de leur balado au Festival de la radio numérique.
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«Sortir de notre bulle»
Pour Cassandra Simon, participer au concours Lance ton balado est une façon de développer de nouvelles habiletés. «Ça nous force à mettre nos idées en place, à réfléchir à ce qu’on a envie de dire, puis aux idées qu’on a envie de faire passer», évoque la responsable.
C’est également un moyen de travailler sur un projet et d’apprendre sur les différentes étapes de création de contenu d’un balado et sur les logiciels qui permettent son enregistrement, souligne-t-elle.
Le concours est aussi une occasion de s’entrainer sur son éloquence et sur sa timidité, remarquent les Franco-Ontariennes Maria Oprea et Sophia Nazari, le duo gagnant de la première édition.
«Ça nous a encouragées à sortir de notre bulle et juste comme être soi-même et parler de ce qu’on aime», témoigne Sophia Nazari.
Être fier de son français
«Lance ton balado a vraiment l’intention de faire valoriser la francophonie au Canada, et puis, l’amour des livres et de la lecture chez les jeunes», ajoute Cassandra Simon.
Selon Maria Oprea et Sophia Nazari, le duo gagnant de la première édition, il faut avoir confiance en son français.
Maria Oprea et Sophia Nazari confient au départ avoir douté de leurs capacités en français face aux natifs francophones. Mais cette crainte n’a pas arrêté le duo, qui encourage les jeunes francophones en situation minoritaire à ne pas avoir de réticences sur leur français et de participer au concours.
Les deux amies dévoilent avoir développé de nouvelles aptitudes après leur expérience. «On a gagné des compétences d’être plus confiante en ce qu’on dit et ne pas avoir peur de rencontrer de nouvelles personnes et de faire des choses qui nous sortent de notre zone de confort», déclare Maria Oprea.
Pour encourager les jeunes à participer, certaines écoles ont intégré le concours comme projet scolaire, permettant aux élèves de bénéficier de l’encadrement des enseignants.
Le Salon du livre de l’Outaouais propose également sur son site web du concours des liens vers des logiciels de montage gratuits. «On essaie d’accompagner au maximum les jeunes qui partiraient de nulle part et qui n’auraient pas cet accompagnement-là scolaire», rassure Cassandra Simon.
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Selon Cassandra Simon, l’une des organisatrices du concours, Lance ton balado permet de structurer ses idées et d’introduire les logiciels de production aux jeunes.
Encourager à la lecture
Le concours est aussi un moyen de démontrer que la lecture n’est pas toujours associée à une tâche scolaire obligatoire, mais qu’il est possible de s’amuser en lisant des livres qui sont à notre gout, explique la coorganisatrice. «On veut faire connaitre un petit peu la magie du livre aux jeunes.»
D’ailleurs, le choix d’un thème aussi vague permet aux jeunes de choisir les œuvres qui les inspirent le plus, ajoute-t-elle.
Pour la première édition, les participants devaient choisir une figure francophone qui a eu un impact sur le monde. Elles ont choisi de parler de leur chanteuse favorite, la chanteuse belge Angèle, pour son militantisme envers les «droits des femmes et les droits des personnes LGBTQIA+», informe Maria Oprea.
Le duo conseille aux nouveaux participants de choisir un sujet qui les intéresse. «Les gens peuvent entendre dans ta voix ou à travers toute l’information que tu donnes que tu es passionné à propos de ton sujet», souligne Sophia Nazari.
Un sujet qui manque d’enthousiasme se voit rapidement chez les auditeurs, assure-t-elle. «Ça devient comme plus ennuyant.»
Les jeunes ont jusqu’au 12 janvier, 23 h 59 (heure de l’Est), pour déposer leurs candidatures.
Comment participer?
Tous les jeunes qui habitent au Canada et qui sont âgés de 12 à 18 ans le 12 janvier 2024 peuvent poser leur candidature en groupe de trois, de deux, ou seul.
L’enregistrement doit durer entre 4 à 6 minutes.
Pour mieux connaitre les attentes du jury, voici la grille d’évaluation du concours : https://slo.qc.ca/wp-content/uploads/2023/07/Grille-de-criteres-publique.pdf
Source : Lance ton balado
«Si une femme ne désire pas d’enfant, on lui répète qu’elle changera d’avis. Si c’est un homme, on estime que c’est un choix», s’exaspère Nadia*. La Franco-Ontarienne de 26 ans, qui souhaite taire son nom de famille pour des raisons de confidentialité médicale, parle d’expérience.
Elle explique qu’être enceinte lui donnerait «l’impression d’être privée de son corps» et elle a décidé de recourir à la stérilisation définitive. Autrement dit, elle souhaite se faire ligaturer les trompes de Fallope, une opération chirurgicale sous anesthésie générale.
Sa décision suscite au mieux «l’incrédulité» et «l’incompréhension», au pire «la réprobation» et «le mépris» de proches et même de parfaits inconnus.
Au Canada, le recours à cette méthode contraceptive est pourtant autorisé depuis 1969. Une pratique reconnue par la loi, mais pas encore par la société. Les Canadiennes de moins de 30 ans qui ne veulent pas d’enfant sont particulièrement stigmatisées.
Se libérer des hormones
Pour Marie-Alexia Masella, doctorante en bioéthique à l’École de santé publique de l’Université de Montréal, la stérilisation volontaire reste taboue, car «elle touche à l’identité féminine».
Marie-Alexia Masella, doctorante à l’Université de Montréal, explique que l’accès à la stérilisation reste un parcours du combattant, parfois de plusieurs années, pour les femmes jeunes et sans enfant.
«Les regards changent, mais le grand objectif que la société donne aux femmes reste la maternité. Leur rôle est de mettre au monde et d’élever des enfants», analyse la chercheuse.
Ces femmes, qui veulent se réapproprier leur corps et se libérer d’une injonction à la maternité, sont victimes de préjugés, souvent accusées d’être irresponsables et égoïstes.
En Ontario, Nadia ne manque pas d’arguments pour justifier son choix. Elle tolère mal la pilule contraceptive et le stérilet lui procure «des règles trop abondantes et douloureuses».
«J’utilise des moyens de contraception depuis l’adolescence. Ça me perturbe de ne même pas savoir à quoi ressemble mon caractère sans hormone», partage la jeune femme.
Surtout, elle sent au fond d’elle-même que la maternité n’est pas pour elle. «Je n’ai jamais eu ce désir, pas besoin d’aller chercher telle ou telle cause. Je ne suis pas malheureuse et je n’ai pas peur de vieillir seule», lance-t-elle.
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Non merci, pas d’enfant
Le profil de Nadia reste rare, mais la parole se libère. «Nous voyons plus de femmes dans la vingtaine qui veulent mettre un terme à leur fertilité, confirme la Dre Diane Francœur, directrice générale de la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada (SOGC). Elles ont moins peur qu’avant d’afficher leurs droits et revendiquent haut et fort leur choix.»
Les motivations sont diverses, selon une étude coécrite par Marie-Alexia Masella, doctorante à l’Université de Montréal. Certaines préfèrent se concentrer sur leur carrière et leur relation avec leur partenaire.
D’autres voient un enfant comme un poids qui coute cher. Elles refusent de se voir imposer l’éducation et la gestion du quotidien.
Elles sont par ailleurs de plus en plus nombreuses à s’inquiéter de la dégradation de l’environnement, qu’elles associent à la surpopulation.
«Impuissante» et «infantilisée»
La demande de Nadia s’est heurtée aux refus de plusieurs praticiens. Elle doit continuellement s’expliquer, affronter les propos «désobligeants» du corps médical lorsqu’elle évoque la stérilisation définitive.
La Dre Diane Francœur assure qu’elle respecte le choix des femmes de recourir à la stérilisation définitive, mais craint le risque de regrets.
La dernière gynécologue qu’elle a rencontrée s’est montrée plus ouverte. La docteure souhaite néanmoins attendre les 30 ans de la jeune femme pour en rediscuter. Nadia confie se sentir «impuissante» et «infantilisée» : «Je pense me connaitre assez pour me dire que si j’ai un regret dans le futur, je le surmonterai.»
En 2015, la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada (SOGC) a reconnu qu’il n’y avait pas de raisons valables de refuser la stérilisation si la patiente donne un consentement libre et éclairé et que toutes les autres méthodes de contraception lui ont été proposées.
«Ça reste un parcours du combattant, parfois de plusieurs années, pour les personnes jeunes et sans enfant. La stérilisation peut entrer en confrontation avec les convictions personnelles et religieuses des soignants», relève Marie-Alexia Masella.
«Une femme de plus de 30 ans qui a déjà des enfants aura plus facilement accès à cette technique», poursuit-elle.
La chercheuse explique que les femmes perçoivent les refus «comme des atteintes à leur autonomie qui les placent dans une position d’objet». Elle ajoute que les mots employés par les soignants peuvent s’apparenter à «une forme de violence gynécologique».
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Stérilisations forcées
La stérilisation souffre d’une histoire ambivalente. Alors que certaines femmes ne parviennent pas à y avoir accès, d’autres y sont encouragées ou forcées.
Au Canada, de nombreuses Autochtones ont été stérilisées et le sont encore contre leur gré. En Inde, les autorités incitent encore aujourd’hui à la stérilisation pour contrôler la démographie.
La Chine mènerait également dans la région du Xinjiang à majorité musulmane une politique de stérilisations forcées visant notamment la communauté ouïgoure.
Éviter les coups de tête
Le risque de remords effraie les professionnels de la santé. «On respecte les femmes et leur décision, on est là pour les aider et non les juger, défend la Dre Diane Francœur, directrice générale de la SOGC. Mais on a tous eu dans notre bureau une patiente en larmes qui regrette sa décision.»
L’obstétricienne-gynécologue rappelle que l’âge moyen de la femme lors de la naissance du premier enfant au Canada est de 31 ans. «Quand une femme dans la vingtaine demande une ligature des trompes, on veut s’assurer qu’il ne s’agit pas d’un coup de tête, mais d’une décision murement réfléchie, prise en toute indépendance», souligne-t-elle.
En pratique, un médecin dira toujours non lors du premier rendez-vous et laissera à sa patiente un délai de réflexion de plusieurs mois, explique ainsi la spécialiste. À ce titre, l’accompagnement par un tiers neutre, comme un travailleur social ou un psychologue, peut s’avérer utile.
C’est essentiel d’avoir des discussions franches, de rappeler les risques d’une opération irréversible. Les femmes ont trop tendance à penser que la fécondation in vitro ou la procréation médicalement assistée les sauveront si elles changent d’avis.
À l’issue du délai de réflexion, si la patiente est sure de son choix, il ne lui reste plus qu’à mettre son consentement par écrit.
«Un médecin qui refuse alors de procéder à l’opération, quelle qu’en soit la raison, a l’obligation de recommander sa patiente à un confrère», rappelle la Dre Francœur.
Pour mettre fin aux stéréotypes qui collent à la peau de la stérilisation, Marie-Alexia Masella plaide de son côté en faveur d’une formation accrue et d’une sensibilisation élargie du personnel de la santé.
* Le nom de famille de l’intervenante n’est pas dévoilé pour des raisons de confidentialité médicale.
«Je me rends compte qu’on est dans un contexte économique difficile, puis je comprends que le gouvernement doit tenir compte de priorités comme le logement et l’inflation et l’environnement», soutient la présidente de la Fédération culturelle canadienne-française (FCCF), Nancy Juneau, en entrevue avec Francopresse.
Nancy Juneau souhaite voir des investissements plus concrets pour le secteur culturel et artistique dans le budget fédéral prévu au printemps 2024.
D’après elle, les mesures et les initiatives annoncées pour contrer la crise du logement et le cout de la vie vont bénéficier aux travailleurs dans le secteur des arts et de la culture.
Toutefois, la présidente de la FCCF aurait voulu voir des bonifications importantes pour le Développement des communautés par le biais des arts et du patrimoine (Fonds des legs) et le Fonds du Canada pour la présentation des arts, qui avaient reçu un investissement de 15 millions dollars en 2019.
«Le milieu demandait [le maintien] de ces bonifications, 30 millions supplémentaires par an combinés dans ces deux programmes dédiés au spectacle vivant, rapporte Nancy Juneau. Sans ces bonifications-là, on retourne à des investissements prépandémiques [soit] l’équivalent d’à peu près des montants déployés en 2007. Donc c’est un non-sens, et ça a de graves répercussions économiques.»
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Impact important sur la francophonie
Pour Nancy Juneau, le manque de financement dans les arts et de la culture a des conséquences importantes sur les communautés francophones hors Québec.
«On n’est pas en train de les priver de dessert, on est en train de les priver d’un moyen de maintenir leur culture et leur langue en vie. Donc on s’inquiète un peu de ça», lance-t-elle.
Selon une étude de Hills Strategies commandée par la FCCF, plus de 36 000 francophones en situation minoritaire occupent des postes culturels.
À la lumière des enjeux socioéconomiques actuels, il est donc important pour la FCCF d’assurer de meilleures conditions de travail pour ces travailleurs avec, par exemple, l’assurance chômage et l’assurance travail, «avec la possibilité d’étalement de revenus pour les artistes».
«[Il faut] qu’on soutienne encore mieux ce secteur, qu’on perçoive ça comme des investissements plutôt que comme des dépenses», dit-elle fermement.
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Des mesures pour le journalisme peu inclusives
Pour sa part, l’organisme Réseau.Presse, éditeur de Francopresse, est déçu des mesures proposées pour les médias dans l’énoncé économique.
Nicolas Jean souhaite voir plus de bonifications pour les programmes comme l’Initiative de journalisme local (IJL).
Malgré un investissement de 129 millions de dollars prévu sur cinq ans pour appuyer le journalisme, «la vaste majorité de nos membres, c’est-à-dire 85 %, n’y sont pas admissibles», affirme le coprésident de Réseau.Presse, Nicolas Jean, dans un courriel.
Pour obtenir le crédit d’impôt prévu pour la main-d’œuvre journalistique, les journaux doivent recevoir la qualification de l’Organisation journalistique canadienne qualifiée (OCJQ). Celle-ci peut être obtenue, entre autres, si le journal emploie au moins deux journalistes.
«La réalité de la vaste majorité de nos journaux, qui œuvrent en situation minoritaire, c’est qu’ils n’ont tout simplement pas les moyens financiers d’employer deux journalistes», se désole Nicolas Jean.
Selon le coprésident de Réseau.Presse, plusieurs programmes gouvernementaux existants nécessitent d’être bonifiés, tels que l’Initiative de journalisme local (IJL).
«[Ce dernier] a permis de renforcer la capacité éditoriale de nombreux journaux à travers le pays en offrant une couverture des réalités des communautés de langue officielle en situation minoritaire de très grande qualité.»
Mise à jour économique et déception de l’opposition
La ministre des Finances, Chrystia Freeland, a confiance que son plan économique bâtira une «économie forte qui fonctionne pour tout le monde».
La ministre des Finances, Chrystia Freeland, a présenté mardi l’Énoncé économique de l’automne de 2023 du gouvernement fédéral.
Près de 11 milliards de dollars se concentrent sur «deux grands enjeux» de l’heure : le logement et le cout de la vie.
Le message «soutenir une classe moyenne forte», l’un des piliers de la campagne électorale libérale de 2015, prend aussi une place considérable dans l’énoncé.
Quelques heures plus tôt, Statistique Canada annonçait que l’inflation annuelle avait ralenti pour atteindre 3,1 % en octobre. Ce que la vice-première ministre n’a pas manqué de souligner en Chambre : «Nous faisons attention de ne pas alimenter l’inflation en ciblant soigneusement les nouveaux investissements sur les priorités des Canadiens d’aujourd’hui et sur la croissance future qui rend nos finances viables.»
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«Il y a un an, la ministre des Finances a assuré qu’elle parviendrait à l’équilibre budgétaire d’ici 2028. Dans l’intervalle, elle a annoncé 100 milliards de dollars de dette supplémentaire, en plus d’avoir doublé la dette au départ», a défendu mardi en Chambre le chef conservateur Pierre Poilievre.
Le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, a confirmé qu’il ira de l’avant avec un vote de non-confiance envers le gouvernement Trudeau.
Dans un communiqué, Jagmeet Singh a accusé le gouvernement de Trudeau de se plier «aux exigences des lobbyistes et des PDG». Selon le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), les mesures annoncées «restent insuffisantes par rapport à la crise que nous traversons».
Le Bloc québécois accuse quant à lui dans un communiqué le gouvernement d’être «inactif face aux urgences» et d’avoir raté une occasion de, entre autres, venir en aide aux médias et aux personnes ainées.
Tensions au Sénat et décision de la Cour fédérale défiée
La sénatrice indépendante Raymonde Sainte-Germain a dit, lors d’une question de privilège, avoir été, avec sa collègue Bernadette Clement, intimidée physiquement et verbalement en Chambre par d’autres sénateurs dans le cadre de débats sur le projet de loi C-234.
Les députés, sénateurs et premiers ministres provinciaux conservateurs souhaitent l’adoption de ce projet de loi qui vise à exempter de la tarification sur le carbone certains types de carburants utilisés par les agriculteurs. Il reste une étape de débat au Sénat avant son adoption.
L’incident aurait eu lieu le 9 novembre dernier. Des sénateurs auraient exprimé leur déception quand la sénatrice Clement a fait ajourner le débat sur C-234 au lieu de le faire adopter rapidement. Selon Raymonde Saint-Germain, un sénateur aurait adopté une attitude agressive à l’endroit des sénatrices qui souhaitaient prolonger le débat.
La situation se serait aussi transportée sur les réseaux sociaux et sur le téléphone de Bernadette Clement. La sénatrice a affirmé qu’un homme l’avait appelée et menacée de rentrer chez elle, à Cornwall, en Ontario.
Le ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, a annoncé lundi qu’une décision de la Cour fédérale sera portée en appel.
Le ministre Steven Guilbeault portera en appel la décision de la Cour fédérale en lien avec le plastique.
Le 16 novembre dernier, l’instance juridique a invalidé un décret de 2021 du gouvernement fédéral qui inscrivait les articles en plastique à la liste des substances toxiques inscrites dans la Loi sur la protection de l’environnement. La Cour a stipulé que la catégorie d’«articles en plastique» était trop vaste pour dire qu’ils étaient tous nocifs.
Ce décret a notamment permis au ministre de règlementer l’usage de certains produits faits de plastique, comme les ustensiles et les pailles.
«La pollution plastique sous toutes ses formes étouffe notre faune et notre flore, obstrue nos cours d’eau et dégrade notre environnement naturel, a déclaré le ministre lundi. Notre gouvernement a l’intention de faire appel de la décision de la Cour fédérale et nous explorons toutes les options possibles pour continuer à lutter contre la pollution plastique.»
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Vente de secrets d’État et pause à Gaza
Mercredi, l’ancien directeur du Centre national de coordination du renseignement de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), Cameron Jay Ortis, a été reconnu coupable d’avoir divulgué des secrets d’État. Il pourrait faire face à 20 ans de détention.
Cameron Jay Ortis avait, dans le cadre de son emploi, accès à des informations hautement classifiées provenant des services de renseignement canadiens et de ceux du Groupe des cinq (Five Eyes), une alliance rassemblant le Canada, les États-Unis, le Royaume-Uni, la Nouvelle-Zélande et l’Australie.
Les six chefs d’accusation auxquels il a fait face étaient liés à des tentatives de vendre des informations secrètes à des groupes criminels.
Lors du procès, la question de destinataires internationaux a été soulevée, laissant croire que Cameron Otis fournissait potentiellement de l’information à une entité étrangère.
L’accusé a expliqué lors de sa défense qu’il tentait en fait de piéger les criminels en les attirant avec de l’information.
L’accord de trêve conclu entre Israël et le Hamas, annoncé pour jeudi, n’aura pas lieu avant vendredi, ont annoncé des responsables israéliens.
«On appelle toujours à des pauses humanitaires, à une trêve humanitaire, qui pourra mener, on l’espère, à un cessez-le-feu», a réitéré Mélanie Joly mardi.
L’entente prévoit l’échange de 50 otages détenus par le Hamas contre 150 prisonniers palestiniens.
En mêlée de presse mercredi, la ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a affirmé que son objectif actuel était de «faire en sorte que les Canadiens qui sont toujours coincés à Gaza puissent revenir au Canada». «Il y [en] a environ 200», a-t-elle précisé.
«On s’attend à toute forme de négociation, avait-elle déclaré mardi en mêlée de presse. Que premièrement, que tous les otages soient libérés. Deuxièmement, que tous les binationaux puissent quitter Gaza, bien entendu les Canadiens. Et finalement, on s’attend à ce qu’il y ait beaucoup plus d’aide humanitaire qui puisse être acheminée à Gaza.»
«Il y a eu des exemples d’enfants interviewés seuls sans un adulte présent, d’autres qui se sentaient intimidés ou effrayés pendant ces interviews. Certains ont été arrêtés.»
Dans son rapport, Danielle Ungara tire comme conclusion principale que le Canada doit se doter d’une stratégie nationale pour les enfants non accompagnés.
C’est que ce qu’ont vécu des enfants dans les premières heures de leur arrivée au Canada, rapporte Danielle Ungara, gestionnaire au Centre d’excellence en matière d’immigration pour la protection de l’enfance (CWICE).
Au fil de consultations avec des fournisseurs de services aux nouveaux arrivants, elle a pu constater d’importantes failles dans l’accueil et l’accompagnement de mineurs non accompagnés.
Coautrice d’un rapport sur les jeunes qui arrivent au Canada dans le cadre du programme Autorisation de voyage d’urgence Canada-Ukraine (AVUCU) financé par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), Danielle Ungara a montré que le Canada avait besoin d’une stratégie nationale pour les mineurs non accompagnés.
Selon l’Agence des services frontaliers du Canada, 9 022 Ukrainiens âgés de 16 à 18 ans (en âge de prendre l’avion seuls) sont arrivés au Canada entre le 26 décembre 2022 et le 13 aout 2023. De ce nombre, il est impossible de savoir combien n’étaient pas accompagnés.
Une politique réclamée depuis longtemps
Déjà en 2003, il y a 20 ans, le Comité des droits de l’enfant des Nations unies dénonçait déjà la situation, notant «avec une préoccupation particulière l’absence […] de politique nationale touchant les enfants non accompagnés demandeurs d’asile», ce qu’a rappelé en 2007 un rapport du Comité sénatorial permanent des droits de la personne.
En 2019, le Conseil canadien pour les réfugiés (CCR) relevait ce même besoin et soulignait la nécessité d’adopter un cadre pancanadien pour les mineurs non accompagnés. Dans un mémoire de cette même année, l’organisme déplorait que le Canada n’ait «aucune stratégie nationale cohérente […] en place pour assurer leur soin et leur protection».
Les enfants ukrainiens ne sont donc pas les premiers à subir les affres de cette lacune. L’avocat David Matas, spécialisé dans les droits de la personne, a travaillé à quelques reprises avec des enfants non accompagnés et assure qu’il n’existe pas de politiques stables pour guider l’accueil des mineurs non accompagnés.
Ils sont traités de la même manière que tout le monde. Ils sont interrogés, évalués. S’ils présentent un risque de fuite, ils peuvent être détenus. […] S’ils sont assez jeunes pour bénéficier d’une garde d’enfants, ils peuvent être orientés vers l’organisme provincial responsable, mais ils tombent alors sous la responsabilité de la province.
«Le mal passe souvent inaperçu»
«Les enfants ne forment pas un groupe de lobby efficace. Leurs voix ne sont souvent pas entendues. Le mal passe souvent inaperçu», se désole l’avocat.
David Matas est avocat spécialisé dans les droits de la personne, à Winnipeg, au Manitoba.
David Matas souligne qu’un enfant devrait être accompagné dans ses démarches, que ce soit parce qu’il ne parle ni français ni anglais, qu’il ne connait pas le système canadien ou simplement parce qu’il est mineur et qu’il a besoin d’aide.
«Il existe un système de représentants désignés pour les demandes d’asile qui pourrait servir aux mineurs sans accompagnement, mais ce n’est pas comme avoir un avocat ou une autre forme de protection, parce que ce système fonctionne seulement dans le cas d’une audience, pour les questions juridiques, pas pour le travail préalable comme trouver des témoins», explique-t-il.
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L’avocat s’inquiète aussi de voir que ces enfants peuvent être détenus : «Il faut une politique plus rigoureuse de non-détention pour les enfants.»
La Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés (LIPR) stipule clairement que «la détention des mineurs doit n’être qu’une mesure de dernier recours». Selon des chiffres de l’Agence des services frontaliers du Canada, entre 2018 et 2023, 13 mineurs non accompagnés ont été détenus.
David Matas note aussi un autre problème, soit l’impossibilité pour un mineur reconnu comme réfugié de parrainer ses parents. «Ils sont coincés ici, seuls, sans leurs parents.»
Le partage de compétences complique les choses
Mais tous ces enjeux ne se manifestent pas de la même façon partout au pays. Comme le rappelle l’avocat, «la définition de mineur n’est pas la même dans toutes les provinces. Dans certaines provinces, une personne est mineure jusqu’à 16 ans et ailleurs c’est jusqu’à 18 ans».
«Les provinces sont responsables de la protection et des soins des enfants. Le gouvernement fédéral est responsable du système de réfugiés. À cause de ces responsabilités, qui relèvent des provinces – et chaque province les assume différemment – le système national est fracturé.»
La chercheuse Christina Clark-Kazak rappelle que l’accueil d’enfants réfugiés exige des ressources humaines et de la coordination, mais que le financement de ces services n’est pas au rendez-vous.
Christina Clark-Kazak, chercheure sur l’immigration à l’Université d’Ottawa, s’est penchée sur la question des jeunes réfugiés ukrainiens, qui a présenté un casse-tête de ressources humaines pour les conseils scolaires.
«Par exemple, [ces enfants] ont droit à l’éducation selon la Convention sur les droits de l’enfant. La plupart des provinces avaient offert cette éducation gratuitement», rapporte-t-elle.
Or, cela «a posé problème pour quelques conseils scolaires, surtout quand les jeunes avaient besoin d’un appui linguistique, en français ou en anglais, parce qu’il faut des ressources humaines spécifiques pour ce genre de choses».
«C’est le gouvernement fédéral qui a décidé de faire ce visa humanitaire [c’est-à-dire l’AVUCU], mais ce sont les provinces et les conseils scolaires locaux qui, en fait, sont pris avec les résultats de cette décision, les jeunes qui arrivent chez eux et qui devraient être accueillis», ajoute-t-elle.
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Un problème qui risque de s’aggraver
Selon une publication gouvernementale de 2007, de plus en plus de mineurs non accompagnés arrivent au Canada en vue de faire une demande d’asile.
En Ontario seulement, le CWICE a répondu à 122 demandes de services pour enfants non accompagnés et séparés entre le 1er avril 2022 et le 31 mars 2023. Au cours des trois années antérieures, la moyenne annuelle s’élevait à environ 50 demandes.
Historiquement, les enfants ont toujours été séparés des parents. Cela s’est passé pendant les crises humanitaires, les catastrophes climatiques, la guerre, et la réunification des enfants a toujours été un défi.
Au fil des ans, le CWICE a coordonné des efforts de soutien pour les mineurs non accompagnés venus de Syrie, d’Afghanistan, d’Ukraine et d’ailleurs.
«Les gens vont toujours être en mouvement, rappelle Danielle Ungara. Nos chiffres au Canada vont continuer à augmenter, et nous avons un système d’immigration planifié qui prévoit l’augmentation de ces chiffres. Nous pouvons donc anticiper.»