le Samedi 13 septembre 2025

«On doit être comptable, psychologue, gestionnaire; c’est un métier hyperpassionnant, mais c’est loin d’être facile», partage Carol Doucet, agente d’artistes et directrice de l’entreprise Le Grenier musique, au Nouveau-Brunswick.

Entre l’effondrement des ventes d’albums et le ralentissement des ventes de places de concert, l’agente Carol Doucet a vécu de nombreux bouleversements dans l’industrie musicale. 

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L’Acadienne, ancienne journaliste, s’est lancée dans l’aventure en 2001. Depuis, elle représente une quinzaine de musiciens et chanteurs au Canada atlantique et de la Gaspésie.

Les agents sont de véritables couteaux suisses. De quoi les artistes ont-ils besoin? Comment lancer leur carrière? Comment les vendre et accroitre leur renommée sur le long terme? Comment s’adapter aux nouvelles pratiques artistiques? Autant de questions qu’ils doivent se poser au quotidien.

Carol Doucet évoque également les relations avec la presse, la gestion des emplois du temps, les réservations de salles de spectacle et de festivals, la négociation des cachets et les nombreux déplacements à prévoir aux quatre coins du pays.

«Travailler avec un artiste, c’est un choix très personnel, selon ses inspirations et ses gouts, explique-t-elle. Il faut vraiment croire dans un projet pour le pousser jusqu’au bout, car le succès n’est jamais garanti.»

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«Tu es souvent tout seul, sans assurance de manger à la fin du mois»

Les agents doivent composer avec une industrie culturelle en profonde mutation, où les ventes d’albums se sont effondrées et où les plateformes de diffusion en ligne supplantent la télévision et le cinéma.

Depuis la pandémie, le public se montre également plus frileux à acheter des places de concert. «Les ventes de billets sont plus difficiles, l’offre est immense et seulement les gros noms vendent très bien», rapporte Carol Doucet.

La professionnelle pointe à cet égard le nombre insuffisant de salles de spectacle où les artistes peuvent se produire, sachant que «celles qui existent souffrent d’une santé financière fragile».

«Ça prend du temps d’avoir un salaire qui te fait vivre, de créer des liens de confiance avec l’industrie», explique Anne Dumas de l’ANIM à propos du métier d’agent artistique. 

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De son côté, Catherine Mensour, fondatrice de l’Agence du même nom à Ottawa, s’inquiète des conséquences de l’intelligence artificielle.

«Ça va faire une différence pour nos activités. Elle va prendre de plus en plus de place pour les voix des annonces publicitaires, des films d’entreprise, des dessins animés», prévient-elle. 

Dans cet environnement en pleine révolution, les jeunes agents mettent du temps à tisser un réseau de contacts professionnels et à se dégager un salaire décent.

«Tout ça fait peur. Au début, tu es souvent tout seul, sans assurance de manger à la fin du mois. Ça peut être long avant de connaitre des gens dans le milieu, d’avoir la clientèle», confirme la responsable de l’administration et de la coordination de projets de l’Alliance nationale de l’industrie musicale (ANIM), Anne Dumas.

«Jusque-là, c’était un métier de passion avec des horaires intenses auxquels on dévouait toute sa vie. Il faut changer les codes de l’industrie. Le besoin de concilier vie privée et vie professionnelle se fait de plus en plus sentir», ajoute-t-elle.

En attendant, les sacrifices exigés rebutent de nombreux candidats et le métier ne suscite pas beaucoup de vocations. Mais, à l’inverse, les artistes à la recherche d’un agent ne manquent pas.

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Intelligence artificielle, effondrement des ventes 

«Il n’y a clairement pas assez d’agents francophones. C’est rare qu’il y ait une semaine où un jeune musicien ne m’approche pas», confirme Carol Doucet.

«L’augmentation du nombre d’artistes et la croissance, hors Québec, des productions cinématographiques et des séries en français rendent les agences plus indispensables que jamais», poursuit Catherine Mensour.

«Une agence est un lieu de rassemblement, de rencontre entre des artistes. De nombreux projets sont nés dans nos locaux», raconte Catherine Mensour, qui vient de fermer les portes de son agence à Ottawa. 

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L’Ontarienne vient de fermer les portes de son agence, ouverte en 1985 dans la capitale fédérale. Elle assure avoir replacé chez d’autres confrères «une très bonne partie» de la centaine d’acteurs, producteurs et auteurs qu’elle représentait.

«Ça me fait de la peine pour le côté francophone. Ça crée un vide, j’espère que quelqu’un prendra la relève», confie-t-elle.

Profondément attachée à son métier, elle accompagne encore certains auteurs et se dit ouverte à des collaborations ponctuelles.

«Les agences anglophones peuvent aussi représenter des artistes francophones, mais la relation avec les producteurs, les syndicats et les associations n’est pas toujours la même», reconnait-elle.

«Politiquement, il est difficile pour un agent unilingue de bien défendre l’importance de la francophonie.»

Selon Carol Doucet, face au manque d’agents francophones, un «gros pourcentage» d’artistes s’occupent de leur propre carrière.

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Une nouvelle agence dans l’Ouest «enlève un poids aux artistes»

Certains, comme Lisa LeBlanc ou Les Hey Babies, se tournent aussi vers des compagnies québécoises. «C’est une bonne chose. Jouer au Québec, c’est le nerf de la guerre, c’est là où il y a le plus grand marché», estime Carol Doucet.

«C’est une passion plus qu’autre chose. On n’est pas là pour faire de l’argent», observe Soraya Ellert, à propos de la création de la nouvelle agence artistique VANDAL, en Saskatchewan. 

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En revanche, «les artistes franco-canadiens n’ont pas le gout de se tourner vers les anglophones», affirme Soraya Ellert, directrice générale de la toute nouvelle agence artistique franco-canadienne VANDAL.

Lancé en aout dernier en Saskatchewan, le groupe VANDAL souhaite pour le moment accompagner une dizaine de créateurs des arts de la scène partout au Canada. «Le vide se faisait sentir depuis plusieurs années dans l’Ouest, il n’y avait aucune agence francophone», observe Soraya Ellert, engagée dans le milieu culturel depuis plus de 30 ans.

«On connait parfaitement les défis et les réalités de l’Ouest, c’est plus facile pour nous. Ça enlève un poids aux artistes», renchérit-elle. Elle parle d’un «marché plus difficile et compétitif, car plus petit», et de réseaux de diffusion «pas forcément organisés».

Pour pallier la pénurie d’agents francophones, l’ANIM a de son côté monté un projet de pépinière d’entreprises au printemps 2022, grâce à un financement de trois ans du Secrétariat du Québec aux relations canadiennes.

Les agents débutants peuvent ainsi bénéficier de formations, de mentorat et d’aide pour financer leurs déplacements. Jusqu’alors, l’organisme a aidé 13 nouvelles entreprises à se lancer.

En politique, le double standard vestimentaire est aussi tenace qu’une tache de café sur un tailleur blanc.

Alors que les hommes peuvent se fondre dans l’uniformité des costumes sombres, une femme n’a que rarement ce luxe. Le moindre faux pas vestimentaire peut être interprété comme un affront, une excentricité, voire un défi direct aux codes tacites du «boys club», ce réseau informel où les hommes et leurs visions dominent.

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Tenues scrutées, idées éclipsées

Depuis son arrivée sur les devants de la scène politique en 2020, le style vestimentaire de Kamala Harris n’a cessé d’être commenté, notamment pour son affection pour les chaussures de marque Converse. Un détail qui a parfois pris une importance disproportionnée dans la couverture médiatique​, occultant les véritables enjeux de ses campagnes.

Kamala Harris n’hésite pas à porter des souliers confortables, ce qui détourne parfois l’attention de son message. 

Photo : Gage Skidmore – Wikimedia Commons

Au Canada, les choses ne sont pas si différentes. Le Québec a eu son propre «scandale vestimentaire» avec la députée provinciale Catherine Dorion. En 2019, Dorion, connue pour son style décontracté et ses prises de position audacieuses, s’est présentée à l’Assemblée nationale en coton ouaté, ce qui a déclenché un tollé parmi certains collègues qui estimaient que sa tenue n’était pas à la hauteur des attentes pour une députée.

Comme si l’élégance vestimentaire était le critère ultime pour faire de la bonne politique.

Bien sûr, les hommes en politique ne sont pas totalement épargnés par les jugements vestimentaires. Mais la différence est que, chez eux, les faux pas sont moins risqués et moins commentés. Tant qu’ils portent un costume sombre et des chaussures cirées, ils passent sous le radar​. En somme, la société leur pardonne plus facilement.

En politique, on s’attend à ce que les femmes soient sérieuses, mais pas trop. Élégantes, mais pas trop. Féminines, mais pas trop. Cette ligne totalement arbitraire à ne pas franchir est à la fois absurde et frustrante.

Des figures comme Chrystia Freeland, ministre des Finances et vice-première ministre du Canada, ont régulièrement dû jongler avec ces attentes, subissant parfois des critiques pour des tenues «trop simples» ou «trop féminines».

Le débat autour des choix vestimentaires des femmes en politique n’est pas un simple affrontement de gouts, mais bien une manifestation profonde de la manière dont les femmes sont perçues dans les sphères de pouvoir.

Derrière les commentaires sur les tenues des femmes politiques se cache une vision patriarcale et profondément sexiste, qui lie l’apparence à la compétence et la crédibilité.

Un jeu aux règles invisibles

Le résultat de cette inégalité de traitement et de ces règles floues est que les femmes en politique doivent non seulement prouver leurs compétences, mais aussi gérer leur apparence avec une précision quasi chirurgicale. Si elles ne respectent pas les codes vestimentaires implicites, elles risquent de voir leur crédibilité remise en question.

En politique, on s’attend à ce que les femmes soient sérieuses, mais pas trop. Élégantes, mais pas trop. Féminines, mais pas trop… 

Photo : Pavel Danilyuk – Pexels

Dans ce contexte, l’apparence vestimentaire devient un enjeu politique, un espace où se jouent des luttes de pouvoir qui ne concernent pas uniquement les idées, mais aussi la manière dont les femmes peuvent – ou ne peuvent pas – occuper l’espace public.

Le fait d’avoir deux poids, deux mesures en matière vestimentaire sert non seulement à limiter l’expression des femmes dans l’espace public, mais aussi à les renvoyer constamment à leur corporalité, les réduisant ainsi à des objets du regard.

Il est temps que nous arrêtions de juger les femmes politiques sur ce qu’elles portent et que nous nous concentrions enfin sur ce qui compte vraiment : leurs idées, leurs politiques et leur capacité à diriger.

Parce que, franchement, que Kamala Harris porte des Converse ou que Catherine Dorion préfère les cotons ouatés, ce n’est pas cela qui va résoudre les défis auxquels sont confrontées nos sociétés.

Originaire de Belgique, Julie Gillet est titulaire d’une maitrise en journalisme. Militante éprise de justice sociale, voici près de quinze ans qu’elle travaille dans le secteur communautaire francophone et s’intéresse aux questions d’égalité entre les genres. Elle tire la force de son engagement dans la convergence des luttes féministes, environnementales et antiracistes. Elle vit aujourd’hui à Moncton, au Nouveau-Brunswick.

Les décisions rendues par la Cour suprême avant 1970 sont disponibles en ligne depuis quelques années, mais pas dans les deux langues officielles.

C’est la deuxième fois que la Cour suprême est visée par une plainte sur la traduction de ses anciens jugements et la deuxième fois que le commissaire aux langues officielles (CLO), Raymond Théberge, conclut que le plus haut tribunal du pays ne respecte pas la Loi sur les langues officielles.

«Je conclus que toutes les décisions que la Cour suprême publie sur son site Web devraient être dans les deux langues officielles puisque cette offre en ligne constitue une communication au public faite par une institution fédérale», écrit-il dans son rapport final, dont Francopresse a obtenu une copie.

Rappel de la première plainte

En 2023, en réponse à une première plainte, le commissaire aux langues officielles avait conclu que la Cour suprême avait enfreint la Loi sur les langues officielles en ne rendant pas disponibles dans les deux langues officielles ses anciennes décisions.

Mais la Cour suprême avait évoqué un manque de ressources et avait indiqué qu’elle ne traduirait pas les anciens jugements.

L’organisme Droits collectifs Québec a par la suite décidé, lui aussi, de porter plainte en décembre dernier.

La partie IV de la Loi sur les langues officielles «s’applique à tout contenu produit par les institutions fédérales publié sur leurs sites Web», que ce contenu soit «historique» ou non, assure Raymond Théberge dans son rapport. 

Photo : Courtoisie CLO

Plainte fondée

La plainte déposée par ​​Droits collectifs Québec est donc fondée, estime le commissaire, conformément à la partie IV de la Loi, qui stipule que les Canadiens ont le droit de communiquer avec les institutions fédérales et d’en recevoir les services dans la langue officielle de leur choix.

«L’affichage de documents sur un site Web par une institution fédérale relève manifestement de la partie IV de la Loi dans la mesure où il s’agit bien d’un service ou d’une communication au public.»

Raymond Théberge propose un échéancier : la Cour suprême a 18 mois pour se conformer à ses obligations et veiller à ce que toutes les décisions publiées sur son site Internet soient dans les deux langues officielles.

«Il reste à l’institution fédérale de réagir à cette recommandation. […] Il est trop tôt pour parler de ce qui va se passer dans 18 mois, mais c’est certainement quelque chose qu’on pourra revisiter à ce moment-là», indique le commissaire en entrevue avec Francopresse.

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«Absolument inacceptable»

Si jamais la Cour suprême refuse de se conformer dans le délai établi, le plaignant, Droits collectifs Québec, pourrait mener le dossier devant la Cour fédérale du Canada. Le directeur général de l’organisme, Etienne-Alexis Boucher, le confirme en entrevue avec Francopresse.

C’est absolument inacceptable dans un État de droit que la Cour suprême du Canada n’accepte pas de respecter l’ensemble des lois et des règlements qu’elle a le devoir d’interpréter.

— Etienne-Alexis Boucher

«On n’est pas devant un défi comme aller sur la lune. On parle de traduire des jugements. […] On serait tout à fait renversés de devoir poursuivre la Cour suprême devant les tribunaux pour la forcer à respecter l’État de droit. Ce serait une situation exceptionnelle», dit-il.

Selon lui, l’absence de traduction pour d’anciens jugements engendre une discrimination à l’égard des juristes francophones qui se servent des anciennes décisions comme ressources.

Selon Etienne-Alexis Boucher, la non-disponibilité des anciennes décisions dans les deux langues discrimine les juristes francophones. 

Photo : Mouvement national des Québécois et Québécoises

«Le droit, c’est bien sur les textes des lois, mais c’est aussi ce qu’en ont pensé les juges à travers des décisions rendues précédemment. C’est ce qu’on appelle la jurisprudence, ajoute M. Boucher. Les jugements rendus avant 1969, c’est le socle du droit canadien.»

En juin dernier, lors d’une conférence de presse, le juge en chef de la Cour suprême avait évoqué un manque de ressources financières et humaines pour expliquer la non-conformité à la Loi.

«Depuis quand le respect de la Loi dépend des ressources financières ou humaines dont dispose un individu, un organisme ou une entreprise?», demande Etienne-Alexis Boucher. «Ça n’a pas de bons sens.»

Conscient de la lourdeur de la tâche qui s’impose devant l’institution, il suggère de considérer les nouvelles techniques en traduction et de faire appel à des experts en la matière.

Contactée pour une demande d’entrevue, la Cour suprême a indiqué par courriel qu’elle ne fera pas de mise à jour sur cette question.

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«Exemplaire» depuis 1970

«Je tiens à souligner que, depuis 1970, la Cour suprême a été, parmi les tribunaux fédéraux, exemplaire en publiant simultanément ses décisions dans les deux langues officielles», note toutefois Raymond Théberge dans son rapport.

Il reconnait également les «difficultés» que connait la Cour pour rendre accessibles dans les deux langues les décisions historiques.

«Le comment relève toujours de l’institution fédérale, rappelle-t-il en entrevue. Je soupçonne qu’il y a des moyens à la disposition de la Cour, mais ça revient, encore une fois, à l’institution de décider de la démarche à prendre.»

Théberge espère que, peu importe la lourdeur de la tâche, la Cour suprême réussira à se conformer. Non seulement le respect de la Loi sur les langues officielles reste crucial, mais ces décisions ont aussi «un impact historique [et] peuvent alimenter et éclairer les décisions d’aujourd’hui».

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Le député franco-ontarien Francis Drouin confirme que la francophonie et les dossiers connexes n’ont pas été «un symptôme du caucus» libéral qui s’est tenu juste avant la rentrée parlementaire. En revanche, «ça donne toujours une chance aux [députés francophones] de se rencontrer», affirme-t-il.

Même si Francis Drouin ne se représentera pas aux prochaines élections, il affirme que le plan des libéraux pour la prochaine session parlementaire reste «le meilleur». 

Photo : Marianne Dépelteau – Francopresse

Après une discussion avec les ministres des Langues officielles, Randy Boissonnault, et de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Marc Miller, Francis Drouin veut surtout «s’assurer qu’on a compris ce qu’on allait faire», soit avancer sur les dossiers plutôt que d’accorder trop de temps aux «crises qui agitent les bureaux de ministres».

Francis Drouin fait une référence à peine voilée à la controverse dont il a été le point de départ au printemps, après ses propos à l’endroit de témoins lors d’une réunion du Comité permanent des langues officielles.

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Si les conservateurs spéculent sur le retour ou l’absence de Francis Drouin au Comité, l’élu ne semble pas s’en préoccuper.

«À ce que je sache, je suis encore là, rappelle-t-il, légèrement agacé. Je contesterais la volonté de certains collègues membres du Comité des langues officielles à continuer à parler de moi. Je ne vois pas comment cela va servir la situation minoritaire dans le pays. Je ne suis pas à Ottawa pour me représenter [mais] pour représenter mes concitoyens. Je n’ai pas un chat qui me parle de ça chez nous.»

Toujours des travaux en langues officielles

Du côté des autres partis, rien de concret ni de nouveau sur la francophonie n’est à l’agenda pour la rentrée parlementaire, à part les dossiers en cours.

Joël Godin, le député québécois à qui Pierre Poilievre a confié le dossier francophone au sein du Parti conservateur, assure qu’il souhaite mettre la pression sur la règlementation de la partie VII de la Loi sur les langues officielles «adoptée depuis un bout de temps maintenant».

Le règlement sur la partie VII

Le règlement sur la partie VII de la Loi sur les langues officielles, rédigé par le Conseil du Trésor, touche à l’application de la Loi en ce qui concerne l’obligation des institutions fédérales de faire la promotion de l’égalité du français et de l’anglais au sein de la société, autant le statut que l’usage.

Le député du Bloc québécois, Mario Beaulieu, assure que son parti ne souhaite pas faire tomber le gouvernement Trudeau à tout prix. 

Photo : Courtoisie

Le porte-parole du Bloc québécois en matière de langues officielles, Mario Beaulieu, manifeste le même désir : «On continue avec la même approche, c’est-à-dire que tout ce qui est bon pour le Québec, on l’appuie. Ce qui est mauvais, on va voter contre.»

Il assure qu’une étude sur le continuum en éducation en français sera sur la table du Comité des langues officielles.

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Une ambiance préélectorale

Le député québécois rappelle ce qui a été dit au caucus du Bloc la semaine dernière : la priorité d’Yves-François Blanchet n’est pas de faire tomber le gouvernement, mais de voter pour les intérêts du Québec. «Le caucus va évaluer ça à mesure que [la session] avance», garantit Mario Beaulieu.

Au premier jour de session le 16 septembre, la leadeure du gouvernement à la Chambre des communes, Karina Gould, a ouvert les hostilités en qualifiant Pierre Poilievre d’«imposteur», car il «ne dit jamais la vérité».

Elle a notamment assuré que, quelles que soient les menaces de motion de censure des conservateurs contre le gouvernement libéral minoritaire, son parti continuera de faire avancer les projets de loi en cours.

Joël Godin assure que les francophones au Canada peuvent être rassurés s’ils «embarquent en auto avec Pierre Poilievre». 

Photo : Courtoisie Twitter

Sur les sept jours auxquels auront droit les partis d’opposition pendant la session qui s’amorce, cinq sont destinés au parti conservateur. C’est à cette occasion que Pierre Poilievre pourra déposer sa motion de censure sur la taxe carbone. Ce qu’il promet de faire depuis plusieurs semaines, notamment depuis que Jagmeet Singh, le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), a rompu son pacte avec le Parti libéral. Cette entente devait maintenir les libéraux au pouvoir au moins jusqu’en juin 2025.

Joël Godin affirme que la motion sera déposée lors d’une journée d’opposition, sans donner de date : «C’est le gouvernement qui est à l’agenda». 

«Il y a sept journées d’opposition. On va donner les jours d’opposition dans le processus normal, comme on l’a fait d’habitude», a confirmé Karina Gould en conférence de presse lundi. 

Sur la question, le nouveau chef de cabinet de Jagmeet Singh, Jonathan Gauvin, affirme que les députés du NPD «n’excluent aucune option» quant à leur vote sur une prochaine motion de censure qui serait déposée par les conservateurs.

«Tous nos postes d’enseignants sont pourvus, mais c’était très serré, certains étaient encore vacants quelques jours avant la rentrée», témoigne le directeur général du District scolaire francophone du Nord-Ouest (DSF-NO), au Nouveau-Brunswick, Luc Caron. 

Selon Luc Caron, directeur du DSF-NO, au Nouveau-Brunswick, «le stress» lié à la pénurie d’enseignants «va s’agrandir» dans les années à venir. 

Photo : Courtoisie

À l’évocation du recrutement, le responsable n’hésite pas à parler de «casse-tête» et de «stress continuel».

En Nouvelle-Écosse, le Conseil scolaire acadien provincial (CSAP) espérait dénicher quelque 170 enseignants; une vingtaine de postes demeurent inoccupés. En attendant, toutes les classes ont un suppléant à temps plein certifié par la province, assure le directeur général, Michel Collette.

Même son de cloche du côté du Conseil des écoles fransaskoises (CÉF), où une dizaine de postes ne sont toujours pas pourvus. Le CÉF a, lui, été contraint de faire appel à des individus non certifiés, des retraités de l’enseignement dans le meilleur des cas.

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Apprentissage des élèves fragilisé

Le recours à des enseignants non qualifiés est nécessaire dans plusieurs provinces. Au Nouveau-Brunswick, Luc Caron a dû se tourner vers neuf personnes sans brevet d’enseignement.

En Ontario, 150 personnes étaient non certifiées en 2015-2016, contre 700 en 2021-2022, rapporte l’Association des enseignants et des enseignantes franco-ontariens (AEFO).

En Ontario, Gabrielle Lemieux estime que le manque d’enseignants est «critique» et fragilise l’éducation francophone. 

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Tous les directeurs de conseil scolaire affirment offrir un soutien accru aux novices, comme des formations, des ressources pédagogiques ou un accompagnement en gestion de classe.

Mais ces arguments ne convainquent pas les syndicats. «Ça ne donne pas aux apprenants les compétences et les connaissances dont ils ont besoin pour réussir dans le futur», déplore la présidente de l’Association des enseignantes et des enseignants francophones du Nouveau-Brunswick (AEFNB), Stéphanie Babineau.

«Ça alourdit la tâche de travail des enseignants qui doivent souvent aider ces recrues inexpérimentées», poursuit la présidente de l’AEFO, Gabrielle Lemieux.

En Saskatchewan, le directeur du CÉF, Ronald Ajavon, reconnait que «ce n’est pas l’idéal». «Mais nous n’avons pas le choix, la pénurie, omniprésente depuis dix ans, s’est aggravée au cours des trois dernières années.»

Plus de retraités que de recrues

De nombreux facteurs expliquent la pénurie. Les acteurs de l’éducation mettent en cause les départs à la retraite massifs des générations du babyboum.

«À la suite de la pandémie de COVID-19, on a aussi commencé à voir des mouvements de départ à la retraite anticipée», rapporte le directeur général de la Commission scolaire francophone du Yukon, Marc Champagne.

Au même moment, les jeunes désertent les formations postsecondaires en enseignement. «Ça crée un déséquilibre naturel, il y a plus d’enseignants qui quittent le métier que de nouvelles recrues à même de les remplacer», résume Marc Champagne.

Les besoins n’ont pourtant jamais été aussi pressants. «L’éducation en français n’a jamais été autant populaire et le nombre d’élèves dans nos écoles grandit constamment», affirme Ghislain Bernard à la Commission scolaire de langue française de l’Î.-P.-É.

La pénurie gagne les villes 

Les difficultés de recrutement sont encore plus grandes en milieu rural. À l’Île-du-Prince-Édouard (Î.-P.-É.), le directeur général de la Commission scolaire de langue française (CSLF), Ghislain Bernard, évoque un «processus compétitif» en ville, avec souvent cinq à douze candidatures pour un poste. À l’inverse, à la campagne, les postes suscitent peu d’intérêt et «peuvent rester ouverts plusieurs mois».

Dans les Territoires du Nord-Ouest, Yvonne Careen regrette que le métier d’enseignant ait une «connotation négative». 

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La pénurie gagne cependant les villes. «C’est rendu difficile partout», explique Michel Collette. De la même manière, le directeur des ressources humaines du Conseil scolaire public du Grand Nord de l’Ontario (CSPGNO), Éric Despatie, parle d’un manque de personnel qui «affecte pas mal toute la région».

Néanmoins, certains conseils scolaires s’en sortent mieux que d’autres. À l’Î.-P.-É., la CSLF a réussi à engager les 15 nouveaux enseignants qualifiés dont elle avait besoin. Ghislain Bernard note tout de même des embauches «de plus en plus dernière minute». «Il y a dix ans, tous les postes étaient remplis en juin. Aujourd’hui, le processus dure jusqu’en septembre.»

Les responsables de l’éducation dans le Grand Nord canadien s’estiment également chanceux. Aucun enseignant ne manque à l’appel au sein de la Commission scolaire francophone des Territoires du Nord-Ouest (CSFTNO) et de la Commission scolaire francophone du Yukon (CSFY).

«Ça reste difficile, ça prend plus de temps qu’avant, mais la pénurie ne nous affecte pas autant que les gros districts scolaires de l’Ontario ou du Nouveau-Brunswick», relève la directrice générale de la CSFTNO, Yvonne Careen.

Le directeur général de la CSFY, Marc Champagne, fait le même constat : «Sur les cinq dernières années, on a de moins en moins de candidats qui appliquent.»

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Dans le nord de l’Ontario, Éric Despatie rapporte que son conseil scolaire a été forcé d’embaucher deux personnes non qualifiées, avec la permission du gouvernement provincial. 

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En Saskatchewan, Ronald Ajavon explique que le CÉF songe à payer les frais de scolarité du baccalauréat en éducation à certains aides-enseignants et assistants en éducation. 

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Michel Collette, directeur du CSAP en Nouvelle-Écosse, explique que la pénurie touche désormais aussi bien les régions rurales que les campagnes. 

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Travail de prospection

Dans ce marché du travail particulièrement tendu, les conseils scolaires sont présents sur tous les fronts. Ils écument les foires d’emploi et les campus universitaires à travers le pays, se font connaitre sur les réseaux sociaux.

Au Yukon, Marc Champagne s’inquiète aussi de la difficulté de trouver des suppléants : «C’est la catastrophe, ça apporte beaucoup de stress au quotidien.» 

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Ils rivalisent aussi de propositions alléchantes pour attirer les candidats. Le CSAP et le CÉF offrent des bourses d’études, d’autres développent du mentorat et tous approchent les futurs diplômés en éducation avec des contrats permanents.

Le CSPGNO couvre les frais de déménagement au-delà de 200 kilomètres. Le CÉF travaille avec les universités saskatchewanaises pour rendre leurs formations plus accessibles aux jeunes des régions rurales.

Le CSFY a lancé un projet pilote de séjour exploratoire en partenariat avec l’Association franco-yukonaise. Les candidats intéressés ont été invités à visiter le Yukon. «Ça nous a donné beaucoup de visibilité à l’échelle du pays, nous avons reçu plus de 80 CV», se réjouit Marc Champagne.

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Le recrutement à l’international reste une autre solution privilégiée. L’an dernier, le CSPGNO a embauché 11 personnes à l’étranger.

Dans les Territoires du Nord-Ouest, Yvonne Careen compte, elle, sur le bouche-à-oreille : «Les meilleurs vendeurs, ce sont les professionnels qui ont déjà travaillé avec nous.»

Une pénurie qui va durer 

Pour les syndicats, ces efforts ne règlent pas le problème à long terme. Selon eux, le monde de l’éducation doit avant tout s’attaquer au problème de l’attractivité du métier.

«On n’a pas une grande banque de candidats qui postulent, mais on n’a pas non plus besoin d’aller les chercher», observe Ghislain Bernard, directeur général de la CSLF à l’Î.-P.-É. 

Photo : Courtoisie

«L’attitude négative de la société, la remise en question de l’école publique, du professionnalisme et de la compétence des enseignants crée une tempête parfaite. Les jeunes ne choisissent plus cette profession», analyse Stéphanie Babineau.

Elle pointe également la charge de travail «qui s’alourdit de façon alarmante», ou encore la violence en hausse.

Les directions scolaires appellent de leur côté à réduire le nombre d’années d’études pour le baccalauréat en éducation, tout en revoyant à la hausse les financements des facultés et le nombre de places dans les programmes de formation.

Car la pénurie n’est pas prête de s’arrêter, bien au contraire. D’après les données de l’AEFO, les besoins sont tels en Ontario que 1000 étudiants devraient être formés annuellement durant les quatre prochaines années. Seulement 450 nouveaux enseignants sont diplômés chaque année.

«La pérennité du système francophone est en jeu, alerte Gabrielle Lemieux. C’est un cercle vicieux, la pénurie ajoute un fardeau aux enseignants en place, ce qui les incite à quitter la profession.»

Au Nouveau-Brunswick, Luc Caron anticipe 200 postes à combler d’ici 2031 : «C’est impossible que l’Université de Moncton nous fournisse autant de monde, il va falloir réfléchir à de nouvelles stratégies.»

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Francopresse a tenté de rejoindre des intervenants de toutes les régions. L’article a été produit avec ceux qui ont été en mesure de répondre avant la date de tombée.

Les débats sur les «témoins pleins de marde» et le Québec bilingue occasionnés par les députés libéraux Francis Drouin et Angelo Iacono ont amplifié la discussion sur la défense du français.

«La solution est dans la solidarité. La solution c’est de travailler ensemble pour le français», dit Mario Beaulieu. 

Photo : Marianne Dépelteau – Francopresse

Si les élus ne sont pas tous d’accord sur le diagnostic et la manière de régler l’enjeu, le besoin d’agir fait consensus.

«Pour les francophones hors Québec, je considère [que le gouvernement] devrait en faire beaucoup plus», statue le porte-parole du Bloc québécois en matière de langues officielles, Mario Beaulieu. Il rappelle que les chiffres du dernier recensement de Statistique Canada démontrent un déclin de leur poids démographique partout au pays.

«Je pense que tous les francophones doivent être solidaires contre le déclin du français et on va continuer à travailler encore davantage avec les communautés francophones et acadiennes», ajoute-t-il.

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Une règlementation qui se fait toujours attendre

La porte-parole néodémocrate en matière de langues officielles, Niki Ashton, presse quant à elle le gouvernement de présenter le règlement d’application de la nouvelle Loi sur les langues officielles : «Le projet de loi est essentiel, mais relié à ça, on a besoin de financement, de soutien.»

Le ministre fantôme des langues officielles du Parti conservateur, Joël Godin, trouve aussi le gouvernement libéral lent, surtout à l’égard de la règlementation de la nouvelle Loi.

«C’est notre travail de défendre les langues officielles, parce que moi je ne mets pas en opposition l’anglais et le français. Je veux défendre les deux langues officielles et le français est la langue vulnérable, alors c’est à elle qu’il faut investir beaucoup d’énergie.»

L’immigration francophone

Joël Godin rappelle que le Comité a mené une étude sur ce thème et a «réussi à mettre dans un rapport l’obligation au ministère de l’Immigration de trouver des solutions pour augmenter les cibles en immigration francophone».

Darrell Samson a été surintendant des écoles du Conseil scolaire acadien provincial, le seul conseil scolaire francophone de la Nouvelle-Écosse. 

Photo : Courtoisie

Le député libéral Darrell Samson, qui siège au Comité, est d’accord : il faut plus d’immigration francophone. C’est d’ailleurs un dossier dont il a discuté en privé avec le ministre de l’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté, Marc Miller. «Ma discussion avec le ministre [en juin] m’avise qu’on devrait être très solide pour réaliser la cible cette année, et même la dépasser.»

En novembre 2023, Marc Miller a annoncé de nouvelles cibles progressives : 6 % en 2024 et 8 % en 2026.

La nouvelle a été plutôt mal accueillie par les organismes francophones, qui demandaient une cible plus ambitieuse. «On a juste pris une approche différente», explique Darrell Samson, qui était lui aussi «un peu déçu» sur le coup.

«On donne un minimum et on s’assure de réaliser le minimum comme on ne l’a jamais fait pendant 20 ans. Si on réussit, les gens seront encore plus fiers.»

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L’éducation en français

«J’ai proposé une étude sur le continuum en éducation que l’ensemble des organismes réclament depuis plusieurs années. On a réussi à le faire accepter par le Comité des langues officielles. Alors ça, pour moi, c’est une victoire», dit Joël Godin.

Le conservateur Joël Godin affirme qu’il profite d’une «belle et grande» réceptivité de son parti et de son chef en réponse à son travail de défense des francophones hors Québec. 

Photo : Facebook

«Le résultat final est que des familles à travers l’Ouest canadien qui veulent, soit comme ayant droit soit comme anglophones, que leurs enfants apprennent le français n’ont pas la possibilité [de le faire].»

«Le financement doit être là pour le secteur de petite enfance, l’éducation et le postsecondaire en français, ajoute-t-elle. On est préoccupé que les établissements postsecondaires n’aient toujours pas le financement stable, adéquat et à long terme dont ils ont besoin.»

Le Comité a quasiment terminé son étude sur le financement fédéral pour les institutions postsecondaires de la minorité de langues officielles, rappelle Darrell Samson, qui admet que «nos universités ont besoin d’aide».

C’est un dossier chaud pour Mario Beaulieu, qui estime que les établissements postsecondaires anglophones au Québec sont surfinancés.

À quelques reprises lors de réunions du comité, il a critiqué le fait que leur financement était disproportionnellement élevé par rapport à leur poids démographique, alors que le contraire prévaut pour les francophones hors Québec.

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Financement et développement économique

«Les promesses pour adopter des mesures pour protéger le français au Québec, c’était de la poudre aux yeux. Par exemple, le programme d’appui aux langues officielles au Québec continue essentiellement à appuyer l’anglais, on ne voit pas de changement», déplore encore l’élu.

Niki Ashton souhaite entendre les réalités du terrain, en particulier de la part des francophones de l’Ouest canadien. 

Photo : Courtoisie

À l’extérieur du Québec, «le gouvernement a fait un investissement supposément de 300 millions [de dollars] supplémentaires aux organismes en milieu minoritaire pour leur permettre d’être plus outillés et de faire leur travail. Je peux vous dire que les organismes courent après cet argent-là, ils n’en voient pas la couleur», assure Joël Godin.

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Le Comité mène une étude sur le développement économique des communautés de langue officielle en situation minoritaire qui, selon Darrell Samson, «va donner d’autres outils importants pour faire avancer vers le progrès puis les objectifs de C-13», devenu la nouvelle Loi sur les langues officielles.

«On n’a pas eu le temps de la finir à cause du dégât avec nos collègues, déclare-t-il en faisant référence aux débats entourant Francis Drouin et Angelo Iacono. Mais on est prêts à finaliser celle-là.»

«Il y a de plus en plus une poussée pour aller vers les plateaux verts», confirme Xavier Léger, directeur général des Productions du milieu, une boite indépendante située à Moncton, au Nouveau-Brunswick.

D’après Xavier Léger, s’ouvrir à de nouvelles façons de tourner reste essentiel, non seulement pour réduire le budget, mais aussi pour éviter le gaspillage autant que possible. 

Photo : Denis Duquette

Cela fait partie des objectifs de la plupart des sociétés de production, mais aussi des conditions imposées par les bailleurs de fonds, explique-t-il.

«Ça nous force de repenser comment on approche le tournage, de la préproduction jusqu’à la postproduction, puis comment l’industrie fonctionne, parce qu’on s’entend que c’est une industrie qui demande énormément d’énergie pour produire et pour diffuser.»

«Ça sera jamais un impact zéro, comme on dit, mais c’est simplement d’être conscients de ce qu’on fait et comment on peut approcher ça autrement», dit-il.

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Une industrie polluante

Un rapport de 2023, commandé par Téléfilm Canada et produit par le Green Spark Group, une agence fondée à Vancouver qui accompagne les artisans de l’industrie dans leur transition écologique, examine l’impact environnemental des productions audiovisuelles au Canada.

L’empreinte carbone annuelle totale du contenu audiovisuel financé au Canada est ainsi estimée à 7 126 t CO2e (équivalent dioxyde de carbone) pour la production de longs métrages et à 260 843 t CO2e pour les séries télévisées, soit la consommation d’énergie de respectivement 1 669 et 61 087 foyers par an.

Parmi les sources d’émissions les plus polluantes, on retrouve le transport (58 %), notamment les déplacements routiers, suivi du matériel (23 %), avec, entre autres, la nourriture et le textile.

Former et informer

Aux Productions du milieu, les équipes réfléchissent aux façons de rendre le tournage le plus écologique possible dès la préproduction. «Si t’établis un protocole dès le départ, y’a pas de surprise. Les gens s’habituent, puis on s’adapte», témoigne Xavier Léger.

Dans le domaine de l’écoresponsabilité , «le Canada devance les États-Unis et l’Australie, mais peut-être qu’on n’a pas autant de progrès qu’en France et qu’en Allemagne. Mais il y a beaucoup de choses qui bougent», remarque Andrew Robinson. 

Photo : Jeff Gibbs

Les professionnels du milieu sont aussi de plus en plus nombreux à suivre des formations sur le sujet, comme celles du programme On tourne vert. Ils utilisent aussi des outils, comme le calculateur Albert, pour mesurer l’empreinte carbone d’une production.

Andrew Robinson est conseiller principal au Green Spark Group : «C’est important de s’assurer que les maisons de production et les télédiffuseurs et les studios puissent donner des guides, des mandates, une structure pour des équipes de production qui eux autres sont embauchés pour créer du contenu.»

«Ils ne sont pas embauchés pour être des environnementalistes et ce n’est pas leur expertise. Donc, ils ont besoin de soutien», ajoute-t-il.

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Est-ce que ça coute plus cher?

Mais finalement, est-ce que ça coute plus cher de tourner au vert? «Ça dépend», nuance Xavier Léger.

«En documentaire, c’est très difficile de modifier les couts pour adopter des méthodes écoresponsables. Alors, on cherche des méthodes qui sont faciles à incorporer.»

Même si les équipes sont souvent réduites, il faut quand même les déplacer. «C’est là où ça devient important d’être efficace et de pas avoir à retourner à plusieurs reprises [au même endroit].»

Aux yeux de Rayne Zukerman, un tournage responsable enrichit aussi la communauté. 

Photo : Luke Fillion

Sur les gros plateaux, la recette diffère. «S’il faut calculer notre impact – quelque chose qui est demandé dans des gros projets de 2 millions et plus – on engage quelqu’un qui devient genre un coordonnateur du tournage vert, qui doit aller chercher toutes les données et s’assurer qu’il y a un plan et que celui-ci est exécuté», précise Xavier Léger.

Pour Rayne Zukerman, productrice et cofondatrice de la compagnie francophone torontoise Zazie Films, sur des petites productions comme les siennes, «aider l’environnement et sauver de l’argent, ça va main [dans] la main».

«Les grands tournages, ils ont des villages avec des camions. La location coute une fortune, l’essence aussi. Et puis ça consomme, parce qu’il faut que tous les équipements aient de l’électricité toute la journée. C’est énorme», observe-t-elle.

Penser que tout ce qui touche à l’écoresponsabilité coute plus cher est une «fausse idée», signale Andrew Robinson. Certes, investir dans de nouvelles technologies reste dispendieux, «mais pour le reste, mieux gérer ses déchets, son transport, l’hébergement, la nourriture, ça peut être moins cher», assure le spécialiste.

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Une priorité chez les diffuseurs

Avoir des productions écoresponsables constitue un des piliers stratégiques des chaines TV5 et Unis TV, rapporte le directeur des contenus, Jérôme Hellio. «On est d’ailleurs en train de faire notre bilan carbone à l’interne.»

Un des objectifs de l’entreprise est d’atteindre ou du moins de tendre vers la carboneutralité. «C’est un chemin qui va prendre du temps, mais qui se déploie quand même assez rapidement.»

Certaines productions achètent par exemple leurs crédits de carbone pour compenser leurs voyages en avion. La chaine demande aussi à ses collaborateurs de calculer l’empreinte carbone de leurs programmes.

«Faire plus avec moins»

Côté transport, le rapport du Green Spark Group (voir encadré) suggère d’utiliser des véhicules électriques et hybrides quand cela est possible, ainsi que de limiter les lieux de tournage en extérieur pour réduire les déplacements.

Mais toutes les productions ne sont pas logées à la même enseigne. «La plupart de nos tournages sont en région, […] on a beaucoup moins de ressources, il faut se déplacer beaucoup plus pour trouver nos scènes de tournage. Tout ça, ça apporte plusieurs couts, non seulement financiers, mais aussi en termes de pollution», souligne Xavier Léger.

«On ne crée pas de décors supplémentaires, on utilise les lieux qui existent déjà. C’est la même chose pour les décors et pour les garde-robes», explique Ania Jamila. 

Photo : Catherine Giroux

«C’est un grand défi pour nous de devoir jongler entre les deux : produire de plus grande qualité et avoir des plateaux écoresponsables […] On doit toujours considérer le budget en premier parce qu’on essaie de faire plus avec moins.»

«[Sur le tournage de la série Paris Paris], il y a beaucoup de choses qu’on achetait pour aider l’environnement, mais malheureusement, le kilométrage, c’était comme la seule chose qu’on n’était pas vraiment capables de contrôler», admet Rayne Zukerman.

«On n’avait pas le budget pour louer des voitures électriques. On a besoin de grandes voitures, souvent des minivans, et ce sont des véhicules qui ne sont pas encore disponibles à un budget abordable.»

La réalisatrice, productrice et scénariste franco-ontarienne Ania Jamila se veut également lucide. «On est vraiment coupables dans le sens où on fait des coproductions interprovinciales, donc on a beaucoup de trajets à faire. […] On privilégie le covoiturage et on encourage l’utilisation des transports en commun.»

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Réutiliser pour ne pas gaspiller

«Dans les productions francophones, on a des moins grands budgets. Il faut qu’on soit beaucoup plus créatifs», remarque Rayne Zukerman.

Sur le plan du matériel, les articles de seconde main tiennent le haut de l’affiche. Sur le tournage de la série Paris Paris, la plupart des costumes avaient déjà vécu, les décors et les accessoires aussi.

«Le bois et toutes les choses qui sont utilisées dans les matériaux de construction, c’est utilisé pour une semaine, deux semaines, puis c’est dans la poubelle. C’est assez problématique», déplore-t-elle.

«On a fait un petit peu de construction parce qu’il fallait qu’on ait des murs qu’on puisse bouger. Mais sinon, on préfère tourner dans des vrais lieux où on n’a pas ces couts», poursuit-elle.

Le tournage de la série Paris Paris a principalement eu lieu dans une église qui sera reconvertie en salle de musique à Hamilton en Ontario.

Photo : Luke Fillion

«Ce qui serait bien, c’est qu’il y ait un incitatif», glisse Ania Jamila, comme un crédit d’impôt supplémentaire.

La réalisatrice rappelle par ailleurs l’importance de «conscientiser les personnes». «Il y a plein de moyens de s’améliorer, et on est tous capables de le faire.»

Et devant l’écran?

Qu’en est-il des histoires racontées à l’écran; montrent-elles des pratiques, des comportements écoresponsables?

Le Conseil québécois des évènements écoresponsables a analysé plusieurs épisodes de séries de fiction pour examiner la présence – ou non – d’écogestes à l’écran.

«Ça dépend de l’histoire et ça dépend des personnages», observe Rayne Zukerman. La productrice essaie toutefois d’inclure ces gestes quand un projet le permet.

Parler davantage d’environnement fait aussi partie des prérogatives de certaines chaines. «On traite des sujets comme les modes de vie alternatifs […] On se dit qu’on peut modifier nos comportements, mais en parler fait aussi partie de la mission de rendre ça finalement très ordinaire pour tout le monde», défend Jérôme Hellio, directeur des contenus chez TV5 et Unis TV.

Responsabilité sociale

«En tant que productrice, je pense qu’il y a une responsabilité qui vient avec l’argent et d’essayer de l’utiliser d’une façon responsable», estime Rayne Zukerman. Une responsabilité écologique, mais aussi sociale.

Le transport reste le secteur qui produit le plus de gaz à effet de serre lors des tournages. 

Photo : Luke Fillion

Certaines scènes de Paris Paris ont notamment été tournées dans un centre communautaire de Hamilton, en Ontario, où sont offerts des programmes pour les jeunes et les sans-abris.

«On essaie de vraiment créer un écosystème, de travailler avec des organismes qui ont une valeur exceptionnelle dans la communauté. Comme ça, on se sent comme si l’argent qu’on dépense sur la production est en train d’enrichir la communauté où on a tourné.» Une source de fierté pour la productrice.

L’ancien ministre libéral québécois Pierre Moreau a été nommé sénateur par Justin Trudeau. Il siègera au sein du groupe indépendant. 

Photo : Wikimedia Commons

Plus sur la francophonie

À 66 ans, Pierre Moreau, ancien ministre libéral provincial du Québec sous les gouvernements de Philippe Couillard et de Jean Charest, a été nommé sénateur cette semaine par Justin Trudeau. Il siègera à titre indépendant.

Député des circonscriptions de Marguerite-D’Youville et de Châteauguay, près de Montréal, entre 2003 et 2018, Pierre Moreau a notamment occupé les postes de ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles et de président du Conseil du Trésor.

Il ne reste désormais plus qu’un seul siège de sénateur vacant au Québec, ainsi que deux en Colombie-Britannique, un au Nunavut et un en Ontario.

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Rentrée des partis fédéraux, fonctionnaires au bureau et grève chez Air Canada

Les quatre principaux partis officiels ont préparé leur rentrée parlementaire cette semaine. Tandis que le Parti libéral s’est éloigné d’Ottawa pour tenir sa réunion sur les rives du Pacifique à Nanaimo, en Colombie-Britannique, le Bloc québécois et le Nouveau Parti démocratique (NPD) ont choisi de se réunir au Québec. Le Parti conservateur, dont le caucus se tiendra dimanche, est le seul à réunir ses troupes à Ottawa.

La toile de fond de ces rencontres concerne la possibilité que des élections fédérales soient déclenchées à tout moment, maintenant que le NPD a mis fin à son entente avec les libéraux.

Mercredi en conférence de presse, le chef du Parti conservateur du Canada a lancé un défi au Bloc québécois en français et un autre au NPD, en anglais, leur demandant d’appuyer la motion de censure qu’il dit vouloir déposer en Chambre dès qu’il peut afin de faire tomber le gouvernement.

Cette motion, qui portera sur la taxe carbone, pourrait être déposée à tout moment.

Jeudi, le chef de cabinet de Jagmeet Singh, Jonathan Gauvin, a assuré n’exclure aucune option relative à un vote de confiance du parti conservateur sur la taxe carbone. 

Une source proche du Bloc québécois a affirmé qu’ils n’appuieraient pas une telle motion.

Plusieurs centaines de fonctionnaires se sont rassemblés cette semaine à Ottawa pour protester contre leur retour au bureau trois jours par semaine. 

Photo : Courtoisie ACEP

Près de 200 fonctionnaires fédéraux ont manifesté à Ottawa, et ailleurs au pays, lundi contre la directive qui les oblige à retourner au bureau trois jours par semaine, adoptée le 9 mai dernier.

«Nos membres vont encombrer les routes et les transports en commun pour se rendre dans des bureaux dégoutants où il n’y a pas de place pour s’installer et faire des appels vidéos, alors que ce serait si facile de faire tout ça depuis la maison», a déclaré le président de l’Association canadienne des employés professionnels, Nathan  Prier.

En cas de non-respect de la directive, les sanctions peuvent aller de l’avertissement verbal à la cessation d’emploi.

Comme l’a rapporté Le Droit, le secrétariat du Conseil du Trésor estime que cette nouvelle mesure ne représente pas un «changement significatif» pour les fonctionnaires qui devaient déjà être deux jours par semaine au bureau.

Goldy Hyder, président et chef de la direction du Conseil canadien des affaires, et Candace Laing, directrice de la Chambre de commerce du Canada, ainsi que plusieurs PDG se sont alignés avec Air Canada et ont pressé le gouvernement de recourir à l’arbitrage exécutoire. 

Photo : Inès Lombardo – Francopresse

La principale compagnie aérienne du pays a demandé au gouvernement d’intervenir pour empêcher un arrêt de travail dans une lettre transmise au ministre du Travail et des Ainés, Steven MacKinnon, le 7 septembre. C’est aussi ce que demandent les principales organisations d’affaires canadiennes dans une missive envoyée mercredi.

Air Canada et la Chambre de commerce du Canada, qui représente plusieurs milliers d’entreprises au pays, souhaitent que le gouvernement impose le recours à un arbitrage exécutoire pour éviter la grève des 5400 pilotes de la compagnie, représentés par l’Association internationale des pilotes de ligne (ALPA). La grève doit commencer le 18 septembre.

Les deux entités enjoignent le ministre à utiliser l’article 107 du Code canadien du travail. Celui-ci permettrait au ministre de demander au Conseil canadien des relations industrielles (CCRI) de prendre les mesures qu’il juge nécessaires pour éviter une grève. Ils souhaitent une intervention d’ici dimanche. 

Fin aout, Steven MacKinnon avait déjà décidé d’user de son autorité pour demander un arbitrage exécutoire et forcer le retour au travail des employés de la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN) et de Canadien Pacifique Kansas City (CPKC). 

Cette décision est actuellement contestée devant la Cour fédérale, à la demande du syndicat des deux compagnies ferroviaires, la Conférence ferroviaire de Teamsters Canada. «Si ces décisions ne sont pas contestées, elles établiront un précédent dangereux où un seul politicien pourra briser un syndicat à sa guise», avait estimé le président du syndicat, Paul Boucher, dans un communiqué le 30 aout.

La survivante de la tuerie de Polytechnique à Montréal en 1989 et porte-parole de l’association PolySeSouvient, Nathalie Provost, a critiqué le gouvernement Trudeau, car le programme de rachat des armes à feu «ne sert à rien». 

Photo : Marianne Dépelteau – Francopresse

Armes à feu et nouveau conseiller libéral

Dans un communiqué publié mercredi, l’association PolySeSouvient – en référence à la tuerie de 14 femmes à l’École Polytechnique de Montréal en décembre 1989 – a déploré que le programme de rachat d’armes à feu bannies par le gouvernement Trudeau n’allait pas assez loin.

L’association dénonce une loi trop facile à contourner pour les fabricants et qui «ne change rien».

Nathalie Provost, porte-parole de PolySeSouveint, blessée par balles lors du massacre de 1989, explique que les propriétaires d’une arme à feu interdite par le gouvernement Trudeau peuvent utiliser l’argent du rachat d’armes pour s’en procurer d’autres, équivalentes, qui sont légales et qu’il est possible d’acheter en ligne.

Mark Carney devient le conseiller économique du Parti libéral, tandis que les spéculations sur sa candidature en tant que député ou chef de parti, en remplacement de Justin Trudeau, vont toujours bon train. 

Photo : Flickr

Mark Carney, l’ancien gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque du Royaume-Uni, pressenti depuis plusieurs semaines comme un possible remplaçant de Justin Trudeau à la tête du Parti libéral, s’en tiendra pour l’instant au rôle de conseiller économique du parti.

Cette annonce a donné du grain à moudre au Parti conservateur : son chef, Pierre Poilievre, s’est empressé de rebaptiser Mark Carney «Carbon Tax Carney», en conférence de presse cette semaine.

L’évènement virtuel qui célèbre les langues officielles le 12 septembre, sous le thème «Nos langues en ACTION!», est organisé, entre autres, par Patrimoine canadien pour le public.

De deux sous-ministres fédéraux au commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge, en passant par des «champions» régionaux en la matière, les animateurs de cette édition ont les langues officielles au cœur de leur travail.

Des champions des langues officielles?

Les champions des langues officielles appuient l’administrateur général d’une agence fédérale donnée «dans le développement d’une vision intégrée du programme des langues officielles au sein de son institution».

Ils ont aussi comme rôle de promouvoir les langues officielles et de veiller à ce qu’elles soient prises en compte dans les processus décisionnels, selon la Politique sur les langues officielles du gouvernement fédéral.

Ils sont une sorte de relai entre le gestionnaire d’un service de la fonction publique et les employés.

Le président de l’Association canadienne des employés professionnels (ACEP), Nathan Prier, le confirme : aucune célébration, aucune note sur la Journée des langues officielles n’a été reçue par les fonctionnaires qu’il représente.

La Journée, créée par le gouvernement en 2009, est surtout une «opportunité de rappeler tous les besoins qui ne sont pas complètement atteints de la protection des langues officielles», souligne-t-il.

C’est une bonne journée pour exhorter le gouvernement du Canada à faire plus.

— Nathan Prier

Nathan Prier dénonce le fait que certains fonctionnaires francophones rapportent toujours «une protection différenciée» dans la fonction publique par rapport aux langues officielles. 

Photo : Courtoisie ACEP

L’ACEP connait bien le sujet puisqu’elle représente des membres du Bureau de la traduction, censé garantir le droit d’accès aux deux langues à la population canadienne.

Nathan Prier souhaite que le Bureau reçoive davantage de ressources financières et humaines du gouvernement pour qu’il redevienne «le centre d’excellence en langues officielles du gouvernement fédéral qu’il était en 1994».

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«Plus facile en anglais»

Jean-Bernard Bitchoka, évaluateur principal à la Direction des instruments médicaux (DIM) de Santé Canada, confirme lui aussi qu’il n’a pas reçu de directive de son ministère ou de courriel quelconque pour marquer la Journée des langues officielles au sein de son service.

Rien n’est organisé à l’avance, mais il rappelle que c’est aux champions des langues officielles dans chaque région du pays de garantir la protection et la promotion des deux langues parmi les employés.

S’il assure qu’il ne s’est «jamais senti opprimé» sur son droit d’utiliser le français dans son travail, Jean-Bernard Bitchoka, qui est bilingue, explique qu’utiliser l’anglais pour rédiger des conclusions de rapports est «plus facile», car «les mots sont déjà dans le texte, notamment avec les variations des produits thérapeutiques».

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Appel à de l’action concrète

De son côté, l’ACEP demande notamment au gouvernement fédéral un plan d’action pour «donner aux fonctionnaires la possibilité d’améliorer leur maitrise d’une deuxième langue officielle et de maintenir leur niveau de compétence».

Sans les ressources et un plan, les traducteurs représentés par l’association «ne sont pas toujours habilités à fournir une réponse à la hauteur des attentes de l’employeur et des Canadiens, qui s’attendent à recevoir des communications de grande qualité dans les deux langues officielles», estime Nathan Prier.

L’ACEP dénonce également l’absence de contrôle et de surveillance du gouvernement fédéral sur la performance linguistique des membres de direction dans la fonction publique.

Mise à jour 9 h : Dans une réponse par courriel, le ministère des Langues officielles précise que des évènements ont lieu et visent «à souligner le rôle important que jouent les langues officielles du Canada dans l’édification de notre identité nationale et l’établissement de relations avec un vaste monde».