Sophie Montreuil, directrice générale, Acfas
Martin Maltais, président, Acfas
Jean-Pierre Perreault, président sortant, Acfas
Il est urgent que le gouvernement fédéral reconnaisse la contribution fondamentale des scientifiques francophones et qu’il adopte des mesures concrètes pour soutenir et valoriser leur travail.
Sophie Montreuil est la directrice générale de l’Acfas.
La science en français n’est ni un caprice ni un particularisme régional ou folklorique. Elle est l’expression d’une des deux langues officielles du Canada, le reflet d’une culture vivante, dynamique et, surtout, d’une communauté de recherche qui contribue activement à l’avancement des savoirs et à leur mobilisation, tant au pays qu’à l’international. Pourtant, cette communauté se heurte à une série d’obstacles qui freinent son développement et compromettent la vitalité économique de la nation canadienne.
Les données parlent d’elles-mêmes : alors que les francophones représentent environ 21 % de la population universitaire canadienne en recherche, à peine 5 % à 12 % des demandes de subvention aux grands conseils fédéraux sont rédigées en français.
Ce déséquilibre flagrant n’est pas dû à un manque d’intérêt ou de compétence des chercheurs, mais bien à un système qui, dans ses pratiques, décourage l’usage du français. Les craintes de malentendus, d’évaluations biaisées ou inéquitables, de même que l’absence de mécanismes de soutien adaptés, poussent bon nombre de scientifiques et de jeunes chercheurs à se détourner de leur langue maternelle pour pouvoir être entendus.
Depuis plusieurs années, l’Acfas tire la sonnette d’alarme. Son rapport de 2021, largement diffusé, documente en détail les freins institutionnels, structurels et linguistiques qui minent la recherche en français au Canada1.
D’autres organisations, comme l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne et le Réseau de l’Université du Québec, ont aussi pris position. Malgré ces démarches, les gestes posés par le gouvernement fédéral demeurent timides, voire symboliques.
Jean-Pierre Perreault est le président sortant de l’Acfas.
Prenons l’exemple de la réforme du système de soutien à la recherche, amorcée à l’automne 2022. Un premier rapport, en mars 2023, inclut une recommandation sur le français… sur 21! Pire encore : sur les 10 000 mots d’un autre rapport, paru en octobre 2024, à peine 184 sont consacrés à la question de la recherche en français. Ce traitement marginal reflète une tendance constante : considérer la science francophone comme périphérique, voire accessoire.
Il serait injuste de ne pas reconnaitre certains efforts. Patrimoine canadien, en particulier, a manifesté une réelle volonté d’agir. Il a mis en place un groupe consultatif externe sur la recherche en français à l’automne 2024 et appuyé des initiatives concrètes, notamment à travers le Plan d’action sur les langues officielles 2023-2028.
Mais avec un financement de seulement 8,5 millions de dollars sur cinq ans pour l’ensemble des sciences en français au Canada – soit moins de 1,7 million par année –, on est loin d’un engagement structurant. Surtout, Patrimoine canadien ne peut pas porter seul cette responsabilité. Les trois grands conseils subventionnaires (CRSH, CRSNG, IRSC), qui gèrent ensemble plus de 3,1 milliards en financement annuel, doivent impérativement faire leur part.
Il est temps de passer des constats aux actions. Le gouvernement a tous les outils en main : des rapports clairs, des recommandations précises et un cadre législatif – la Loi sur les langues officielles – qui lui impose d’agir.
Ce qu’on attend, c’est un engagement fort et structurant pour la recherche en français, à la hauteur de ce qu’elle représente pour le pays.
Concrètement, cela signifie revoir les processus d’évaluation pour garantir un traitement équitable des demandes soumises en français; assurer une représentativité adéquate des chercheurs francophones dans les comités décisionnels; allouer un financement récurrent et significatif à la recherche menée en français; surtout, intégrer la dualité linguistique dès la conception des nouvelles structures de gouvernance scientifique.
La science en français n’est pas un luxe. Elle est un levier stratégique pour l’innovation, l’inclusion et les relations internationales du Canada. Notre pays a une occasion unique : bâtir un système de recherche réellement bilingue, équitable et ouvert sur le monde.
Il faut maintenant avoir le courage d’agir. L’audace de l’égalité linguistique doit devenir la norme. Elle doit être le moteur du repositionnement national du Canada face à l’obscurantisme consommé que l’on observe au sud de nos frontières.
* Le 17 juin dernier, l’Acfas a envoyé une lettre aux ministres Mélanie Joly et Marjorie Michel et à la Dre Mona Nemer. Cette lettre inclut les signatures de 1062 personnes, qui ont appuyé les constats et les demandes de l’Acfas.
La formation terre-neuvienne Port-Aux-Poutines s’est fait un devoir de garder la langue française vivante en terre d’Amérique, où la francophonie est souvent un combat de tous les jours. Avec son nouvel album Oui B’y, le groupe veut plus que jamais la partager et l’enseigner à la jeunesse.
Les membres de la formation veulent rendre hommage aux gens qui ont défendu le français, notamment à Terre-Neuve, perdue au milieu de l’Atlantique Nord.
Pochette de l’album Oui B’y.
Le tout débute avec Chapeau, un hommage non seulement aux Français de l’ile, mais aussi de partout en Amérique. Ports-Aux-Poutines célèbre également les pêcheurs, avec une superbe valse country, Mon Grand-Père, l’un des plus beaux textes du disque. Ils n’oublient pas le territoire rude auquel il faut s’adapter, comme le démontrent les chansons Les Aurores Du Labrador et Les Bancs De Terre-Neuve.
Quelques pièces m’ont beaucoup touché, comme Le Héros, qui nous parle des premiers matelots à toucher terre en Amérique, sur un fond musical breton. Il y a aussi une magnifique version de Le Rossignol, avec un superbe trio vocal des plus captivants.
J’aimerais enfin faire une mention spéciale à la version revisitée d’une chanson traditionnelle popularisée par Zachary Richard dans les années 1970 : L’Arbre Est Dans Ses Feuilles, tout à fait savoureux.
Sur ce disque, Ports-Aux-Poutines nous offre une douzaine de chansons de style folklorique; un ensemble de pièces originales et de reprises qui saura captiver l’attention des auditeurs tout en nourrissant la fierté francophone.
L’une des voix les plus emblématiques de l’Acadie nous revient avec un autre moment de tendresse. Daniel Léger nous présente Acadienneté, un 6e opus à l’image de son grand talent de conteur.
Depuis 2004, il n’a cessé de progresser, nous offrant des textes magnifiques qui nous interpellent sur l’histoire, l’amour, le quotidien du village et les légendes. Cette variété de sujets est déposée sur de superbes mélodies country, bluegrass et folk.
Daniel Léger a sorti un nouvel album, Acadienneté.
L’auteur-compositeur-interprète acadien réussit encore une fois à nous captiver en nous livrant des mélodies profondes d’une musicalité hors du commun.
Lorsque l’on pense à Daniel Léger, on pense à des chansons puissantes. Eh bien, sur Acadienneté, on n’est pas en reste. Il y a deux hymnes à l’Acadie sur ce disque, Je renais de mes cendres et L’Acadie, je l’ai dans le tchoeur, deux textes extrêmement puissants sur la fierté acadienne. Mention spéciale pour la pièce Reviens-t’en, une valse country très touchante due à la richesse de son arrangement.
Le 15 aout, jour de la Fête nationale de l’Acadie, pourquoi ne pas s’offrir un nouveau produit rempli de richesses musicales. Grâce à sa voix paisible, l’interprète nous captive encore une fois par la force de ses mélodies et la profondeur de ses textes.
Après les Maritimes, je termine en souvenir, dans les Prairies. Il y a quelques mois je vous parlais d’une voix forte et captivante, d’un univers particulier.
Pochète de l’album L’autre bord du mur.
Née dans une famille de musiciens, c’était naturel pour Flora Luna de vouloir ouvrir ses ailes et de prendre la place qui lui revient. Elle nous présentait à la fin mars 2024, un premier microalbum dont elle signait paroles et musiques, avec quelques collaborations d’Anique Granger et Éric Burke. La jeune Franco-Manitobaine nous invitait dans son univers, L’autre bord du mur.
Tout au long de ce microalbum, elle nous interpelle sur des thèmes profonds, comme la maladie mentale, l’exploitation de l’image et la persévérance. La force des mots est gage d’une auteure dotée d’une sensibilité indéniable.
Ce microalbum dévoile six pièces aux arrangements puissants. De Mon sort à I’m Gonna let You in – l’unique pièce anglophone –, nous sommes séduits par d’excellentes trames de piano et de guitare, signes d’une grande compositrice.
L’autre bord du mur, une carte de visite impressionnante, met en valeur tout le talent de Flora Luna. Une voix exceptionnelle nous livre de superbes textes qui nous touchent les uns après les autres.
Raymond Théberge a accepté de rester au Commissariat des langues officielles le temps que le bureau du Conseil privé lui trouve un ou une successeure.
Raymond Théberge a accepté de rester en poste comme commissaire intérimaire aux langues officielles «jusqu’à la nomination de son successeur ou jusqu’au 28 janvier 2026, selon la première éventualité», a confirmé son équipe média lundi, par courriel à Francopresse.
En poste depuis le 29 janvier 2018, il voit son mandat étiré une seconde fois.
À lire : Raymond Théberge : «C’était un honneur d’occuper ce poste pendant sept ans»
La Cour suprême du Canada a sélectionné 24 décisions historiques à traduire, sur les quelque 6000 rendues avant 1970 et disponibles qui ne sont pas disponibles entièrement en français. C’est un comité indépendant qui a établi cette liste.
Le hic : Ces traductions ne seront pas officielles, ce qui suscite des critiques. La Cour suprême affirme en outre que traduire toutes ses anciennes décisions couterait trop cher, mais cette position est contestée par plusieurs juristes et organisations, dont Droits collectifs Québec (DCQ).
L’organisme poursuit la Cour pour non-respect de la Loi sur les langues officielles. Le Commissaire aux langues officielles a également conclu que la Cour avait enfreint cette loi en n’offrant pas ses anciens jugements dans les deux langues officielles.
À lire aussi : Cour suprême : traduire 24 jugements n’est pas suffisant pour des organismes
Lundi, le premier ministre Mark Carney a annoncé à l’Île-du-Prince-Édouard plusieurs réductions des couts pour le transport au Canada à compter du 1er aout.
Moitié moins cher : La première réduction concerne les droits de péage, qui passent de 50 à 20 $ pour tous les véhicules qui empruntent le pont de la Confédération, entre le Nouveau-Brunswick et l’Île-du-Prince-Édouard. Ce tarif réduit sera en vigueur jusqu’en 2032. Une réduction de 50 % s’applique aussi sur les services de traversiers de l’est du Canada.
Le pont de la Confédération relie l’Île-du-Prince-Édouard avec le reste du Canada.
Le gouvernement fédéral réduit aussi de 50 % les tarifs pour les passagers et les véhicules de promenade sur les deux trajets de traversier à Terre-Neuve-et-Labrador, ainsi qu’un gel des prix pour le transport commercial.
Combien ça coute? : Cette mesure va couter 100 millions de dollars au Canada, a affirmé Mark Carney, qui a assuré que cet argent sera réinjecté dans l’économie canadienne, dans les «petites entreprises», en compensation des réductions.
Le président des États-Unis a signé un décret jeudi qui fait passer les tarifs douaniers des importations canadiennes de 25 à 35 % dès vendredi. Il avait imposé la date limite du 1er aout à tous les pays pour que des accords soient concluent et pour éviter un tarif plus élevé.
Moins de 20 % des exportations : La hausse vise seulement les produits qui ne sont pas protégés par l’Accord commercial Canada-États-Unis-Mexique. Selon l’analyse de plusieurs experts, de 80 à 90 % des exportations canadiennes aux États-Unis sont protégés par l’Accord.
«Alors que nous poursuivons nos négociations commerciales avec les États-Unis, le gouvernement du Canada se concentre résolument sur ce qu’il peut contrôler : bâtir un Canada Ford», affirme le premier ministre Mark Carney dans une déclaration écrite.
Depuis lundi et jusqu’au 5 aout, les quelque 10 000 agents de bord d’Air Canada et d’Air Canada Rouge tiennent un vote de grève. Après des semaines de négociation, aucune d’entente n’a été conclue entre le transporteur et le Syndicat canadien de la fonction publique. Ce dernier recommande à ses membres de voter en faveur de la grève et organise des séances d’information virtuelles.
Pourquoi une grève? Les revendications portent sur la rémunération, les indemnités, le travail non payé, le régime de retraite et le repos en escale.
Le salaire mensuel de départ d’un agent de bord est de 1951,30 $, un montant jugé insuffisant par le syndicat.
Air Canada affirme poursuivre les négociations en vue d’une entente équitable. Un vote favorable ne signifie pas une grève immédiate; un préavis de 72 heures est requis, ce qui repousse le début possible d’un débrayage au 16 aout.
La Banque du Canada a maintenu mercredi son taux directeur à 2,75 %. Elle explique sa décision par l’instabilité économique qui persiste au pays.
En conférence de presse mardi, une organisation non gouvernementale formée de quatre groupes propalestiniens a présenté un rapport détaillé présentant des preuves que le Canada aurait menti lorsqu’il affirmait avoir suspendu les exportations d’armes vers Israël.
Le rapport dévoile les itinéraires maritimes depuis les villes canadiennes vers différentes villes de transbordement avant d’atteindre Israël. Photo : Capture d’écran
Affaires mondiales nie : Le rapport explique qu’en septembre 2024, des cargaisons de cartouches ont quitté l’usine de General Dynamics à Repentigny, au Québec, à destination d’Israël, via les États-Unis. Or, neuf jours auparavant, Mélanie Joly, alors ministre d’Affaires mondiales Canada (AMC), avait publiquement promis que le Canada bloquait les exportations de munitions depuis l’été 2024, notamment celles de cette entreprise.
Dans un courriel à Francopresse, AMC répond : «Le rapport fait référence à un certain nombre d’expéditions d’articles vers Israël ainsi qu’à leur mode de transport. AMC ne peut pas confirmer le nombre d’expéditions ni d’autres détails du rapport.»
Le ministère affirme que le Canada n’envoie actuellement à Israël que «des cartouches d’entrainement non contrôlées (de type paintball)» qui ne nécessitent pas de permis. Toutefois, ces équipements peuvent être mortels, ont affirmé les auteurs du rapport en conférence de presse.
Le Bloc québécois a exigé l’ouverture d’une enquête sur l’envoi d’armes par le Canada à Israël.
En conférence de presse mercredi, le premier ministre Mark Carney a affirmé que le Canada reconnaitra l’État de Palestine à l’Assemblée générale des Nations Unies qui se tiendra en septembre, à l’instar de la France et du Royaume-Uni.
Mark Carney a toutefois posé quelques conditions : l’Autorité nationale palestinienne devra organiser des élections en 2026, le Hamas ne devra y jouer aucun rôle et la Palestine devra être démilitarisée.
Aucune question n’a toutefois été posée sur le rapport rendu public la veille concernant les exportations d’armes du Canada vers Israël qui auraient continué malgré les promesses du gouvernement.
La famine à Gaza : Cette semaine, le «pire niveau de famine» à Gaza a été dénoncé dans un rapport de l’ONU.
Le blocus israélien qui dure depuis mars 2025 et qui touche tous les produits a été levé cette fin de semaine dans des «pauses humanitaires» annoncées par Israël, mais l’aide ne suffit pas, juge le Programme alimentaire mondial (PAM), dans un communiqué publié le 27 juillet.
Le 23 juillet 2025, le ministère de la Santé palestinien a rapporté qu’au moins 59 219 Palestiniens ont été tués et 143 045 avaient été blessés à Gaza depuis le 7 octobre 2023.
La Cour interaméricaine des droits de l’homme et la Cour internationale de justice ont toutes deux reconnu, dans des décisions récentes, le lien entre changements climatiques et droits de la personne.
Les deux cours affirment que les pays peuvent être tenus légalement responsables de leur inaction climatique. Ceci ouvre la voie aux sanctions contre les États inactifs en matière de climat.
Le Canada aussi : Le Parti vert du Canada a souligné cette semaine que ces décisions marquent la fin de l’impunité climatique et appellent le Canada à réagir.
Malgré ces développements majeurs, la cheffe du parti, Elizabeth May, a déploré mardi le silence du gouvernement canadien, en l’absence de réaction officielle de la ministre de l’Environnement et du premier ministre.
En début d’année, la Cour suprême du Canada (CSC) a mis sur pied un comité indépendant chargé d’établir une liste d’une vingtaine de jugements à traduire.
Le comité a dû établir une méthodologie lui «permettant d’identifier les décisions qui sont les plus pertinentes jurisprudentiellement pour le développement du droit contemporain», explique le comité dans son rapport final.
À partir de consultations auprès de juristes, de listes existantes et de sondages, la sélection initiale a permis d’identifier 373 décisions régulièrement citées ou consultées par des juges, des avocats, des professeurs, des étudiants et le grand public.
Ces décisions ont été réparties en cinq catégories. En recoupant les listes, le comité a retenu celles qui revenaient le plus souvent et celles jugées les plus pertinentes pour le droit moderne.
Parmi les 24 jugements choisis, 17 ont été rédigés uniquement en anglais à l’origine. Les sept autres contiennent des sections en anglais et en français. Depuis 1970, la CSC publie toujours ses décisions dans les deux langues officielles.
Aucune décision ne touche directement une cause concernant les langues officielles, puisque lorsque la CSC a commencé à entendre des causes concernant la Chartes des droits et libertés et la Loi sur les langues officielles, elle publiait déjà ses jugements dans les deux langues officielles.
Une des décisions sélectionnées était déjà en cours de traduction. Il s’agit de Roncarelli v. Duplessis, [1959] S.C.R. 121, qui établit que les autorités publiques ne peuvent pas abuser de leur pouvoir discrétionnaire. Elle devrait être disponible au cours de l’automne.
Seul bémol, ces traductions ne seront pas officielles. La CSC soutient que c’est impossible, puisque les juges qui les ont rendues ne pourront pas les approuver. Les versions originales seront les seules qui auront encore force de droit.
Ce progrès est «modeste», selon la Fédération des associations de juristes d’expression française de common law inc., puisqu’il s’agit de 24 décisions sur 6000.
«La Fédération croit qu’à titre de juridiction de dernier ressort depuis 1949, la Cour suprême du Canada a le devoir de rendre accessible en français toutes ses décisions avant 1970 puisque celles-ci sont importantes pour des fins juridiques, ainsi qu’historiques ou éducatives», indique le directeur général, Rénald Rémillard, par courriel.
La présidente de l’Association des juristes d’expression française de l’Alberta partage cette opinion. «L’AJEFA croit aussi que l’absence de la traduction de ces milliers de décisions uniquement en anglais continuera de soulever des débats vifs sur la place publique», écrit Maitre Elsy Gagné à Francopresse.
À lire : La Cour suprême traduira quelques anciennes décisions : «insuffisant» pour certains
Raymond Théberge a statué deux fois que la Cour suprême devait afficher ses jugements d’avant 1970 dans les deux langues officielles.
Le commissaire aux langues officielles (CLO), Raymond Théberge, a statué deux fois – en 2023 et 2024 – que la CSC ne respectait pas la Loi sur les langues officielles (LLO), puisque les 6000 décisions rendues par la Cour avant 1970 n’étaient pas disponibles dans les deux langues officielles sur son site Web.
«Je conclus que toutes les décisions que la Cour suprême publie sur son site Web devraient être dans les deux langues officielles puisque cette offre en ligne constitue une communication au public faite par une institution fédérale», avait écrit le commissaire dans son rapport final.
En réponse, la CSC a toujours soutenu que les couts de traduction de ses anciens jugements seraient beaucoup trop élevés. Une position qui va à l’encontre de certaines anciennes décisions de la Cour elle-même : les ressources financières ne constituent pas un argument valable pour contrevenir à la LLO.
Après le dépôt du deuxième rapport du CLO, la CSC a retiré de son site, le 8 novembre 2024, toutes les décisions rendues avant 1970. Elle avait alors annoncé son intention d’en traduire certaines.
À lire : Langues officielles : la Cour suprême à nouveau priée de traduire ses anciennes décisions
Selon Étienne-Alexis Boucher, la non-disponibilité des anciennes décisions dans les deux langues discrimine les juristes francophones.
L’organisme Droits collectifs Québec (DCQ) était à l’origine de la deuxième plainte au Commissariat.
Quelques jours avant le retrait des anciennes décisions du site de la CSC, DCQ a déposé une poursuite en Cour fédérale contre le Bureau de la registraire de la Cour suprême du Canada, pour non-respect de la LLO et pour forcer la traduction de tous les jugements.
Cette annonce de 24 traductions ne refroidit en rien les ardeurs de DCQ. «On va poursuivre nos procédures, ça ne change absolument rien à ce qu’on a initié», affirme son directeur général, Étienne-Alexis Boucher.
Ils ont d’ailleurs déposé leur argumentaire de 600 pages à la Cour fédérale le 28 juillet, la veille de l’annonce de la CSC.
Non seulement le nombre de traductions est insuffisant, mais DCQ conteste aussi le fait que les traductions ne seront pas officielles. Étienne-Alexis Boucher rappelle que la LLO exige que l’anglais et le français doivent avoir un poids égal au Canada.
Il s’élève aussi contre l’argument de la CSC selon lequel les traductions ne peuvent pas être approuvées par les juges qui les ont rendues.
Quand la Cour suprême du Canada a exigé que la province du Manitoba traduise l’ensemble de ses lois, ils n’ont jamais pensé demander de consulter le fantôme de Louis Riel.
Néanmoins, Étienne-Alexis Boucher se dit encouragé par ce pas en avant, car DCQ «pense y voir là la démonstration de la force de notre position juridique» : «La Cour suprême n’aurait pas bougé si on avait tort, si on disait n’importe quoi. Donc, on salue ce premier geste.»
À lire : La Cour suprême poursuivie pour la non-traduction de ses anciennes décisions
Presque tous les médias se demandent en ce moment comment utiliser l’intelligence artificielle (IA) pour maximiser l’efficacité de leur fonctionnement. De quelle façon peut-elle servir à améliorer la couverture médiatique, à accélérer le travail, à accroitre l’auditoire et à augmenter les revenus?
Or, il est impossible de se poser ces questions en faisant fi du fait que cette technologie existe grâce aux contenus qu’elle a volés, que ses immenses centres de données polluent énormément et que les hallucinations qu’elle génère donnent l’impression qu’elle est alimentée aux champignons magiques.
Pour les médias en milieu minoritaire, un défi s’ajoute. La performance des grands modèles de langage (GML) – les ChatGPT, Gemini et Claude de ce monde qui peuvent produire des textes – est supérieure lorsqu’ils ont été entrainés à partir d’une grande quantité d’information.
L’information qui existe sur le Web concernant les communautés francophones en milieu minoritaire est cependant loin de répondre aux critères de ce qui constitue une «grande quantité d’information».
Les GML sont plus performants maintenant qu’ils peuvent parcourir le Web et voler du contenu en temps réel. Malgré cela, ChatGPT a répondu à une requête toute récente que Michel Ouellette avait fondé le Théâtre du Nouvel-Ontario de Sudbury, en Ontario.
Pourtant, en 1971, année de fondation du Théâtre, Michel Ouellette avait 10 ans et vivait à Smooth Rock Falls, à 400 km au nord de Sudbury.
En toute transparence : d’autres GML à qui la même requête a été soumise ont fourni une bonne réponse, soit que le Théâtre a été fondé par un collectif de jeune issu de l’Université Laurentienne, dont André Paiement. L’un des modèles interrogés précise même avoir pris de l’information auprès de sources fiables, comme Francopresse…
À lire : Intelligence artificielle : les véritables enjeux au-delà des craintes
Chaque média doit trouver la limite qu’il ne veut pas franchir quant à la production de contenu et l’expliquer à ses lecteurs et ses lectrices.
Les nouvelles technologies ont de tout temps modifié le travail des journalistes. L’IA aura aussi un effet. Quelques outils permettent déjà d’économiser du temps pour résumer des documents ou retranscrire des entrevues audios, par exemple.
Mais ces outils et les GML ne changent pas l’un des principes de base du journalisme : parler de l’expérience humaine en connexion avec la société dans laquelle nous évoluons.
Les GML peuvent écrire rapidement et avec précision la description d’un match de hockey, déchiffrer un rapport de police ou résumer un rapport économique. Ils ne peuvent cependant pas interroger des spécialistes et des gens lors d’un évènement.
La francophonie minoritaire a survécu parce que les êtres humains qui la composent se sont serré les coudes. Ils ont crié pour dénoncer les injustices, ils se sont levés pour raconter leurs histoires et rappeler leurs succès.
Pendant que chaque média explore quel rôle les outils d’IA peuvent jouer dans la salle de nouvelles, il ne faut pas perdre de vue ce qui distingue les journalistes d’une machine à recracher des mots.
Les journaux en milieu minoritaire sont le reflet de leur communauté. Vos médias ont besoin de vous pour y arriver. Ils ont besoin que vous les lisiez, mais surtout que vous leur parliez, aussi bien pour les remercier que pour les inviter à faire mieux, et que vous leur transmettiez de l’information.
Les IA ne pourront jamais jouer ce rôle de façon empathique. Elles ne seront jamais par et pour la francophonie minoritaire.
Et si les médias francophones disparaissaient, les GML n’auraient plus de sites où tirer les actualités de la francophonie. Dans ce cas, où allez-vous les trouver?
À lire : Bonjour Gemini, au revoir nouvelles sur la francophonie (Éditorial)
Francopresse a toujours mis les enjeux et les êtres humains de la francophonie de l’avant. Ce désir reste une priorité. Nous ne croyons pas que l’information est authentique si le texte qui présente aux lecteurs et lectrices l’expérience d’une personne était écrit par une machine.
Francopresse n’a jamais publié de texte écrit par une IA et ne prévoit pas emprunter cette voie.
Cela dit, l’équipe de Francopresse utilise à l’occasion certains outils alimentés par l’IA pour faciliter certaines tâches. La transparence étant au cœur de la confiance, Francopresse affichera dorénavant de quelle façon ces outils ont été utilisés dans la production et la révision d’un texte.
Si un outil a servi à résumer un rapport, à transcrire une entrevue menée par un ou une journaliste ou à raccourcir un paragraphe, nous le préciserons en fin de texte. Nous n’allons pas privilégier les images faites par l’IA, mais si nous devons en utiliser une, nous l’indiquerons.
Des êtres humains en chair et en os continueront d’écrire tous les textes, et les informations trouvées grâce à des outils d’IA feront toujours l’objet d’une vérification.
Cette façon de faire respecte nos valeurs de rigueur, d’exactitude et d’esprit critique. Elle constitue aussi une façon de rester branchés à notre humanité collective et à notre instinct de défense de nos droits en tant que minorité linguistique.
À lire : L’IA est-elle une menace pour la création littéraire francophone?
«Je réfléchis toujours à comment réduire mes émissions polluantes et à préserver la santé de mes sols», raconte le propriétaire de la ferme Les racines Légère à Caraquet au Nouveau-Brunswick, Alexis Légère.
«Je suis capable de bien vivre. Je génère des marges de profit probablement meilleures qu’un agriculteur conventionnel, car mes couts initiaux d’investissement, d’achat d’équipement sont plus faibles», affirme le maraicher Alexis Légère, au Nouveau-Brunswick.
Depuis quatre ans, l’Acadien possède un demi-acre de champ en modèle bio-intensif. Autrement dit, il cultive en rotation une trentaine de variétés de légumes qu’il vend en circuit court.
Sur son lopin de terre, l’ancien militant écologiste ne met ni engrais de synthèse ni pesticides dérivés du pétrole. Il privilégie du compost «organique et local». Mis à part son camion de livraison, il n’utilise aucune machinerie à essence.
«J’ai réalisé que l’agriculture était l’un des secteurs les plus polluants de la planète et j’ai pris des actions concrètes pour changer les choses et faire le plus durablement possible», partage le trentenaire, qui dit parvenir à dégager 60 000 dollars de revenus par an.
Selon le gouvernement, l’agriculture est responsable de 10 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) au Canada – exclusion faite du transport agricole et de la production d’engrais. Elle dégage principalement du dioxyde de carbone (CO2), du méthane et de l’oxyde nitreux.
À lire aussi : Quelle place pour les jeunes sur les fermes? (Acadie Nouvelle)
Les rejets d’oxyde nitreux, «en augmentation», sont attribuables à l’utilisation d’engrais azotés «pour fertiliser le canola dans les Prairies et le maïs en Ontario et au Québec», explique le directeur du Centre pour la gestion durable des sols de l’Université Dalhousie, en Nouvelle-Écosse, David Burton.
«En augmentant la matière organique dans le sol pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, on améliore également la capacité du sol à retenir l’eau, ce qui lui confère une résistance à la sècheresse», détaille David Burton de l’Université Dalhousie.
Sous-produit de la digestion des animaux, le méthane est, lui, libéré dans l’air par les flatulences et les rots des ruminants et le stockage à long terme du fumier.
Selon David Burton, l’Alberta est la province qui arrive en tête des émissions de ce gaz au pouvoir réchauffant bien plus élevé que le CO2, puisqu’elle est l’une des plus grandes régions d’élevage de bétail au pays.
Le Canada s’est fixé comme objectif de réduire de 30 % ses rejets d’oxyde nitreux et de méthane d’ici 2030, par rapport aux niveaux de 2020.
«C’est tout à fait faisable, mais pour y parvenir, nous devrons modifier un grand nombre de nos pratiques agricoles, nous concentrer sur l’efficacité de la production plutôt que sur son ampleur», avance David Burton.
Il existe de nombreuses pistes prometteuses si l’on veut accélérer la décarbonation du secteur. Le chercheur basé en Alberta d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, Roland Kroebel, évoque par exemple le semis direct plutôt que le labour conventionnel, l’utilisation plus efficace des engrais azotés selon la règle de la bonne source, la bonne dose, au bon moment et au bon endroit.
«Mais dans le contexte agricole actuel au Canada, je ne pense pas que l’agriculture telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui puisse se passer d’engrais», précise Roland Kroebel.
Un avis que partage le vice-président de l’Union des cultivateurs franco-ontariens, Michel Dignard : «Grâce à l’amélioration des machineries et aux nouvelles technologies GPS plus précises, on a réduit la quantité d’engrais et d’herbicides qu’on utilise, mais c’est impossible de tout enlever.»
Dans le domaine de la production animale, le professeur associé à la Faculté de Sciences de l’agriculture et de l’alimentation de l’Université Laval, à Québec, Stéphane Godbout, conseille de modifier le régime alimentaire du bétail.
Une étude européenne de 2016 avait montré que remplacer l’ensilage de maïs ou le soja dans l’alimentation des vaches par des grains de lin cuit, riches en oméga 3, de la luzerne ou encore du foin permet de réduire leurs émissions de méthane et d’augmenter leur production de lait.
Stéphane Godbout recommande également une meilleure gestion du fumier, avec un entreposage couvert à température plus basse, un temps de stockage moins long, etc.
Plusieurs programmes, à l’image du Fonds fédéral d’action à la ferme pour le climat, aident financièrement les exploitants à mettre en œuvre ces meilleures pratiques.
Depuis 2021 et la création de 14 Laboratoires vivants, producteurs et scientifiques élaboreront et testent également conjointement des pratiques innovantes visant à réduire les émissions de GES.
«Ce sont des outils très efficaces pour convaincre les agriculteurs, car ils voient ces pratiques mises en œuvre par leurs confrères et fonctionner sur le terrain», salue Stéphane Godbout.
Les grandes exploitations agricoles émettent-elles plus de GES que les petites? Pour Roland Kroebel d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, «il n’y a pas de relation directe entre la taille d’une ferme et ses émissions.»
«Vous pouvez trouver des petites exploitations qui sont absolument efficaces et d’autres qui ne le sont pas du tout», estime le chercheur.
«Plusieurs petites fermes qui émettent un peu relâcheront plus qu’une grande qui a adopté de bonnes pratiques pour réduire les gaz à effet de serre», renchérit Stéphane Godbout de l’Université Laval.
En revanche, David Burton de l’Université Dalhousie croit que «les grandes exploitations ne sont pas les meilleures, car elles sont très dépendantes des engrais et des herbicides et consomment beaucoup de carburant.»
«Je pense que les petites exploitations pensent plus à la santé de leur sol, à réduire les intrants et à utiliser des ressources comme le fumier animal et le compost», poursuit-il.
«Le modèle des grandes fermes est une anomalie mondiale, la majorité de la planète est nourrie par de petites fermes», appuie le maraicher Alexis Légère.
David Burton estime que la réduction des émissions de GES ne constitue pas «la première des priorités» des fermiers : «Ils s’inquiètent davantage de la sècheresse dans les Prairies, de leur situation financière.»
«Avant, on avait tendance à mettre l’engrais de bonne heure en une seule fois au printemps sur tout le champ. Aujourd’hui, avec l’aide de la technologie, on a le souci d’en mettre moins», assure l’agriculteur franco-ontarien, Michel Dignard.
«Nous n’avons pas réussi à leur faire comprendre qu’en diminuant leurs émissions, ils maintiendront leurs rendements, augmenteront leur rentabilité et deviendront moins sensibles aux aléas climatiques», regrette-t-il.
Michel Dignard considère pour sa part que les agriculteurs «essaient le plus possible de réduire leurs émissions, mais à des couts raisonnables», afin de maintenir leur exploitation à flot, dans un contexte de «compétition à l’international avec des marges de profit toujours plus petites».
«Réduire les rejets polluants est une priorité pour la relève, surtout pour la nouvelle génération d’agriculteurs qui n’hérite pas de la ferme et des pratiques des parents», renchérit Alexis Légère.
«La vieille génération y pense aussi, mais c’est moins accessible. La transition leur couterait trop cher. Ils seraient obligés de s’endetter, surtout s’ils produisent sur de grandes surfaces», ajoute celui qui est aussi président jeunesse de l’Union nationale des fermiers du Nouveau-Brunswick.
Se contenter de montrer du doigt le secteur agricole serait en outre trop facile : il n’est pas seulement un secteur émetteur, il est aussi l’une des solutions pour stocker massivement du carbone et lutter contre le changement climatique.
«En nourrissant les sols avec de la matière organique, le carbone se retrouve dans le sol plutôt que dans l’atmosphère, explique David Burton. Mais cela suppose que l’on perturbe la terre le moins possible.»
En dehors des standards de l’agriculture conventionnelle, Alexis Légère prône ainsi des cultures sans labour, «qui augmentent la matière organique souterraine, reconstruient la vie des sols et réduisent l’érosion».
Pour Roland Kroebel d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, «la communauté agricole est beaucoup plus sensibilisée qu’auparavant» à la nécessité de réduire les GES.
Sur sa ferme, l’Acadien ne laisse presque jamais sa terre à nu : «Elle est toujours couverte avec des cultures qui lui permettent de rester en place, malgré les intempéries, et qui fixent l’azote et la matière organique.»
En Ontario, Michel Dignard assure que beaucoup de paysans travaillent désormais leur sol à minima et recourent «aux plantes de couverture durant l’automne pour capturer le carbone».
Qu’elle soit une source ou un puits de carbone, l’agriculture canadienne est déjà victime des changements climatiques. Les sècheresses, les inondations et les tempêtes ont des impacts sur les rendements agricoles et les pratiques des professionnels.
«Ça vient d’une passion pour la ville de Tofino, l’Île de Vancouver, et du caractère assez unique du surf ici. Il y a aussi ce côté mystique, le brouillard en permanence», amorce le coproducteur et idéateur de la série, Anthony Cauchy, qui vit dans la région depuis plus de 15 ans.
Car si vous pensiez voir des peaux brulées par le soleil et des plages de sable chaud, passez votre chemin. Loin des clichés californiens ou hawaïens, la nouvelle série d’Unis TV s’attache à montrer le surf côté Ouest canadien, où l’eau avoisine les 14 °C en plein été et où les combinaisons vont de la tête jusqu’aux pieds.
Surf Bay suit le parcours d’une surfeuse renommée, Margot Swann (Camille Felton), profondément attachée à son village natal, Surf Bay. Mais lorsqu’un projet touristique menace la forêt centenaire, elle prend position, au risque de compromettre sa carrière et de se mettre à dos ses proches.
«C’est la première série dramatique filmée en français en Colombie-Britannique, donc c’est là où, d’une certaine manière, on fait déjà l’histoire», souligne fièrement Anthony Cauchy.
«On est allé chercher vraiment beaucoup de francophones sur place qui travaillaient déjà dans l’industrie», complète le réalisateur, Dominic Desjardins.
Une partie de la distribution de Surf Bay, côte Ouest. De gauche à droite et de haut en bas : Mia Wistaff, Henri Picard, Camille Felton, Karl Walcott, Jessica Heafey, France Perras, Tony Hiu Joong Giroux et Émilie Leclerc.
«Il y a des francophones qui rêvaient de travailler sur un projet en français qui se sont joints à l’équipe. On a à peu près un 50 % de l’équipe qui parle français, et ça, c’est formidable parce que sur le plateau ça a créé une dynamique.»
Une dynamique où l’on passe du français à l’anglais naturellement, sans jugement. «Ça reflète bien l’identité francophone d’ici, où l’anglais fait partie de l’environnement. Les francophones se retrouvent un peu comme des aimants, à s’agglomérer ensemble par affinité naturelle», commente-t-il.
Dominic Desjardins rappelle que la ville fictive de Surf Bay n’est pas une communauté francophone, mais que ceux-ci «se sont retrouvés comme un petit noyau autour du surf professionnel». Certaines scènes ont d’ailleurs été tournées dans la langue de Shakespeare.
L’actrice québécoise Camille Felton campe le personnage de Margot Swann, une surfeuse aux ambitions olympiques.
«C’était mon premier tournage en anglais!», témoigne de son côté l’actrice Camille Felton. «Ça a été un beau travail d’équipe, des deux côtés, de s’aider avec la langue.»
La Québécoise a dû relever d’autres défis pour cette production pas comme les autres, où la nature tient aussi l’un des rôles principaux.
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Même si elles avaient, pour la plupart des séquences de surf, des doublures, les deux actrices principales – Camille Felton et Mia Wistaff – se sont quand même (littéralement) jetées à l’eau.
L’interprète de Margot n’avait jamais mis un pied sur une planche de surf et elle l’affirme sans détour : «C’est le plus gros et beau show que j’ai fait. Celui qui m’a amenée plus loin dans mon jeu, dans ma préparation d’actrice, dans le leadeurship.»
Montagne, forêts, océan : «C’est un show très riche visuellement, un choc de nature. Tous les endroits où on a tourné étaient impressionnants», appuie Dominic Desjardins.
«C’est aussi un endroit qui est connu pour la défense de l’environnement. On a décidé d’inclure cet élément-là dans la série», indique Anthony Cauchy.
«C’est un enjeu qu’on retrouve énormément au niveau local ici. On sait qu’il y a de plus en plus de touristes qui viennent en Colombie-Britannique, donc c’est toujours le dilemme entre l’essor touristique, le développement, puis la préservation de l’environnement.»
C’est justement cette vision positive que Dominic Desjardins a voulu insuffler à la série.
On pense parfois que l’éco-activisme est mêlé d’angoisse, qui fait que les gens seraient peut-être portés à être désenchantés, passifs et déprimés. Ça fait du bien de voir qu’en fait, on n’est pas passifs, on n’est pas victimes, qu’il y a moyen, en fait, de prendre les choses en main.
L’équipe de tournage a elle-même essayé de réduire son empreinte carbone au maximum, avec l’aide d’une conseillère.
Zoélie (Mia Wistaff) et Margot (Camille Felton), deux des personnages principaux de Surf Bay.
«On n’était pas en train de faire quelque chose qui se rapportait au surf qu’on voit d’habitude à la télé, décrit le réalisateur de la série, Dominic Desjardins. C’est du surf au Canada. L’océan est froid tout le temps, même l’été; on voit des sapins de la brume.»
Avant de poser sa caméra, il a regardé beaucoup de documentaires et discuté avec des professionnels qui ont l’habitude d’évoluer dans cet environnement-là. Il s’est aussi inspiré des sœurs Olin, deux surfeuses professionnelles de la région. L’une d’entre elles, Mathea, est d’ailleurs la doublure de l’actrice principale, Camille Felton.
«On est allé chercher cette expérience-là pour pouvoir être authentique et aller chercher les plus belles prises possibles dans l’océan.»
La série marque aussi la première collaboration entre les deux diffuseurs TV5Unis et Crave, où la série sera sous-titrée en anglais. «On va pouvoir toucher le plus de monde possible à travers le Canada. Donc c’est sûr qu’au niveau de la visibilité on est gagnant», se réjouit Anthony Cauchy.
Pour Jérôme Hellio, directeur des contenus pour TV5 et Unis TV, cette série est parfaite pour la tranche d’âge de téléspectateurs qu’il vise : les jeunes de moins de 25 ans.
Le producteur Anthony Cauchy n’hésite pas à qualifier Surf Bay, côte Ouest de projet historique.
«C’est très important de soutenir la relève partout au pays en français», ajoute-t-il, citant de nouvelles boites de production comme Locomotive Media – qui coproduit Surf Bay –, fondée par Anthony Cauchy et basée à Vancouver.
«C’est un projet risqué, un projet audacieux. On mêlait action avec un tournage très serré par rapport à tout le volume de contenu qu’on devait filmer. Ça demandait une gymnastique énorme. Je ne sais pas si on y serait arrivé s’il n’y avait pas eu toute cette fierté partagée de faire ce premier projet ici en langue française», relève Anthony Cauchy.
Il espère que cette première ouvrira la voie à d’autres projets en français dans l’Ouest. «Parce qu’on sait qu’il y en a plus à l’Est, à Winnipeg par exemple, mais ici c’était assez restreint quand même.»
«Dans les différentes régions du Canada, il y a de la production francophone qui se fait. Il y a des petites familles qui se retrouvent sur le plateau. En arrivant de Toronto, j’ai rencontré ici une nouvelle famille à laquelle se sont joints des acteurs qui venaient du Québec et d’ailleurs», livre Dominic Desjardins.
Lui aussi espère que d’autres Surf Bay verront le jour, pour mettre en valeur la réalité francophone hors Québec, «qui existe, qui est forte et qui a de belles choses à raconter».
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Les dix épisodes de 23 minutes de Surf Bay, côte Ouest, coproduits par Reign Films et Locomotive Média, seront disponibles sur TV5Unis au printemps 2026 et sur la plateforme Crave en 2027.
La Société Santé en français (SSF), l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC) et cinq établissements postsecondaires de la région atlantique se partagent 78 millions de dollars sur cinq ans pour améliorer l’accès aux soins de santé en français dans les communautés de langue officielle en situation minoritaire.
L’argent provient du Programme pour les langues officielles en santé et du Plan d’action pour les langues officielles.
Le partage : La SSF reçoit la plus grande part, avec 37 millions de dollars. En partie redistribué dans les 16 réseaux régionaux, l’argent sera utilisé pour l’intégration de travailleurs bilingues et pour adapter des services existants.
Avec 9,4 millions, l’ACUFC et son Secrétariat national du Consortium national de formation en santé tenteront d’améliorer l’accès, le recrutement et la formation dans les programmes de santé des établissements postsecondaires francophones. Ils chercheront aussi à créer davantage d’occasions de stages en milieu minoritaire.
Finalement, l’Université de Moncton, le Centre de formation médicale du Nouveau-Brunswick, le Collège communautaire du Nouveau-Brunswick, l’Université Sainte-Anne (Nouvelle-Écosse) et le Collège de l’Île (Île-du-Prince-Édouard) se partagent 32 millions afin d’augmenter le nombre d’étudiants dans divers programmes de formation en santé.
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Le gouvernement du Nouveau-Brunswick rejoint celui du Canada pour demander à la Cour suprême du Canada de rejeter l’appel de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB) concernant la nomination de lieutenants-gouverneurs unilingues dans la province.
La SANB demande l’annulation de la nomination, en 2019, de l’ancienne lieutenante-gouverneure du Nouveau-Brunswick, Brenda Murphy – qui ne parlait pas français lors de son entrée en fonction –, et de suspendre la décision pendant 12 mois pour ne pas déstabiliser le système juridique de la province.
Le nœud du problème : La SANB a remporté sa cause en première instance, mais a perdu devant la Cour d’appel du Nouveau-Brunswick. Le juge a statué que c’est l’institution qui doit être bilingue – bureau et relations avec le public. S’il est préférable que la personne qui occupe le poste le soit aussi, ce ne serait pas obligatoire. La province affirme que cette interprétation est la bonne.
Le gouvernement fédéral qualifie le projet «T.N.-O. : Notre territoire pour l’avenir» comme «l’une des plus importantes initiatives de conservation des terres dirigées par des Autochtones dans le monde», peut-on lire dans un communiqué.
La ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Julie Dabrusin, a annoncé qu’Ottawa investira 300 millions de dollars pour protéger le territoire et qu’un montant supplémentaire de 75 millions, provenant de partenaires philanthropiques, s’y ajoutera.
2 % du Canada : Ce financement appuiera le travail des Premières Nations des Territoires du Nord-Ouest dans la protection et la conservation de 380 000 km2 de terres, ce qui représente près de 30 % du territoire, soit 2 % de la superficie du Canada.
L’argent pourra être utilisé pour le programme des gardiens autochtones, la gestion des aires protégées, des actions climatiques et le développement économique reliés à la conservation.
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La première ministre du Nouveau-Brunswick, Susan Holt (à gauche) a souligné que les dirigeants des provinces et territoires «se sont rencontrés beaucoup plus souvent» depuis le début des hostilités déclenchées par Donald Trump. David Eby de la Colombie-Britannique et Scott Moe de la Saskatchewan étaient assis à sa gauche. Photo : Capture d’écran – YouTube
Mercredi, à Huntsville, en Ontario, les premiers et premières ministres des provinces et des territoires ont mis de l’avant leurs principales priorités et demandes au gouvernement fédéral, à l’issue du Conseil de la fédération, qui a duré trois jours.
Les discussions ont notamment porté sur les feux de forêt, les projets d’intérêt national et des relations avec les États-Unis. Mark Carney a d’ailleurs participé à la rencontre de mardi, une présence rare du premier ministre canadien, qui ne participe habituellement pas à cette rencontre annuelle.
Économie : Le travail a déjà commencé, mais les dirigeants se sont tous engagés à faire tomber le maximum de barrières au commerce intérieur, comme celles concernant la vente d’alcool et la reconnaissance des compétences des travailleurs. Un nouvel accord de reconnaissance mutuelle sur les biens de consommation devrait entrer en vigueur avant la fin de l’année.
L’Ontario, la Saskatchewan et l’Alberta ont également signé un protocole d’entente en vue de construire de nouveaux oléoducs, des voies ferrées et d’autres infrastructures énergétiques et commerciales. Pour l’instant, le Manitoba, qui se trouve entre des trois provinces, ne fait pas partie de l’accord.
De gauche à droite : P. J. Akeeagok du Nunavut, Danielle Smith de l’Alberta et Rob Lantz de l’Île-du-Prince-Édouard. Ce dernier sera le président du Conseil de la fédération pour les douze prochains mois.
Immigration : Les provinces réclament un plus grand contrôle des cibles en immigration sur leur territoire, un peu comme le Québec. «Nous connaissons mieux notre marché du travail», a déclaré le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, lors de la conférence de presse de clôture. Il a même affirmé que sa province allait commencer à délivrer ses propres permis de travail.
Sécurité publique : Le Conseil demande au gouvernement fédéral de modifier le Code criminel pour réformer le système de liberté sous caution et ainsi lutter contre les récidives et les infractions violentes, tout en prenant en compte des enjeux comme la pauvreté, l’itinérance, les dépendances et les problèmes de santé mentale.
Santé : Les membres du Conseil demandent d’augmenter les transferts pour le financement des systèmes de santé des provinces et territoires. Une demande qui revient chaque année, mais qui est martelée moins vigoureusement cette année.
La sénatrice républicaine de l’Alaska, Lisa Murkowski, a dit ne pas pouvoir expliquer la rhétorique du «51e État» de Donald Trump.
Trois sénatrices et un sénateur des États-Unis – trois démocrates et une républicaine – étaient à Ottawa lundi pour rencontrer le premier ministre Mark Carney. En mêlée de presse, ils ont partagé leur désir de poursuivre la relation commerciale avec leur pays voisin et le partenariat pour la sécurité du continent. Ils aimeraient surtout voir la fin du mouvement de boycottage des produits des États-Unis et le retour des touristes du Canada.
Peu de progrès : Les sénateurs ont qualifié la discussion de constructive. Malgré toute leur bonne volonté et leur ouverture, les quatre n’ont pas pu faire de promesses ou de commentaires en lien avec les décisions de leur président qui sont à l’origine de l’instabilité commerciale entre les deux pays.
Dans un communiqué publié après la rencontre, Mark Carney a souligné les mêmes éléments et indiqué que les négociations commerciales se poursuivaient. Le ministre responsable du Commerce Canada–États-Unis, Dominic LeBlanc, s’est d’ailleurs rendu à Washington cette semaine.
Le président des États-Unis a annoncé il y a deux semaines que de nouveaux tarifs douaniers de 35 % seraient imposés à partir du 1er aout sur les produits canadiens qui ne respectent pas l’Accord Canada–États-Unis–Mexique.
«Comme entrepreneuse francophone en situation minoritaire, je me sens un peu comme une pionnière. Un monde de possibilités s’offre à moi, car je suis la seule à offrir ce type de services», affirme la fondatrice de Black Lantern, Murielle Jassinthe.
Au Nunavut, Murielle Jassinthe a fondé l’entreprise de conseil Black Lantern Inc. Elle aimerait que les ressources disponibles pour aider les femmes soient plus facilement accessibles.
La Québécoise, arrivée au Nunavut il y a 11 ans, a lancé sa société de conseil en arts et culture en 2019. Gestion des relations publiques et de l’image de marque, soutien au développement stratégique et créatif, elle offre une multitude de services à des artistes, des organisations culturelles et des entreprises.
Elle propose également du mentorat sur la diversité, l’équité et l’inclusion ainsi que des ateliers de sensibilisation au racisme systémique.
«Ce que j’aime dans l’entrepreneuriat, c’est la liberté de faire ce que je veux, de développer mes propres idées. Quel que soit son domaine d’expertise, on défriche beaucoup quand on est son propre patron», assure l’artiste interdisciplinaire de 43 ans.
Murielle Jassinthe ne cache pas les nombreux obstacles auxquels elle a été confrontée pour en arriver là : «En tant que femme noire entrepreneuse, qui en plus est francophone en situation minoritaire, le défi est de faire entendre sa voix.»
«À partir du moment où tu apprends à te positionner en tant que spécialiste, à exiger un prix juste pour tes activités, on te regarde différemment, on commence à t’écouter», poursuit-elle.
Élargir sa clientèle et convaincre de la pertinence de ses idées restent un travail de tous les instants.
Quand on est à son compte, on porte toutes les casquettes. On doit créer son marché, sa marque. Il faut être là constamment à faire de la publicité, du réseautage. Ça demande beaucoup de résilience et de créativité
«Quand on est à son compte, on porte toutes les casquettes. On doit créer son marché, sa marque. Il faut être là constamment à faire de la publicité, du réseautage. Ça demande beaucoup de résilience et de créativité», témoigne une autre entrepreneuse, .
La Guadeloupéenne, arrivée à Vancouver en Colombie-Britannique en 2017, a créé Griottes Polyglottes en 2020 en pleine pandémie de COVID-19. L’organisme permet à sa clientèle d’améliorer son français ou son anglais grâce au théâtre et à l’improvisation.
«Au début, je voulais y arriver toute seule, mais il ne faut pas être isolée quand on est entrepreneure. On se rend vite compte que l’on a besoin d’aide», rapporte-t-elle.
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Ingrid Broussillon n’hésite pas à frapper à toutes les portes : la Société de développement économique de la Colombie-Britannique, Futurpreneur, le Réseau de développement économique et d’employabilité (RDÉE), The Black Business Association of British-Columbia, Women Entrepreneurs in BC ou encore la Chambre de commerce francophone de Vancouver.
En Colombie-Britannique, Ingrid Broussillon a créé Griottes Polyglottes et The WoW Culture. Elle se dit chanceuse d’avoir eu de nombreux appuis.
Ces organismes lui offrent du mentorat et de la formation dans les domaines de la vente, du markéting et de la comptabilité. Elle a également reçu des prix qui l’ont fait connaitre.
«Je me sens très reconnaissante et privilégiée. J’ai pu bénéficier d’aides en tant que femme, en tant que francophone, en tant qu’immigrante et en tant que noire», insiste la quadragénaire.
À ses débuts, Murielle Jassinthe, qui se qualifie elle-même d’«autodidacte», a aussi dû apprendre à naviguer dans les méandres de la bureaucratie. Choisir la forme sociale de sa compagnie, monter son plan d’affaires, faire sa comptabilité, autant d’épreuves à surmonter.
«Et puis en milieu minoritaire, trouver des comptables, des avocats capables de t’aider dans ta langue maternelle est un autre grand défi», relève Murielle Jassinthe.
Pour l’instant, le site internet de Black Lantern est uniquement en anglais, car «mon gars de l’IT est unilingue anglophone» : «Je pense engager quelqu’un pour le traduire, mais ça coute cher.»
Le fait de travailler en français à l’extérieur du Québec présente cependant des avantages. «On est comme une petite famille plus solidaire, on s’entraide, estime Ingrid Broussillon. Les organismes francophones me donnent de la visibilité et m’embauchent pour donner des ateliers. Ça m’aide à maintenir mon bizness.»
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Murielle Jassinthe a, elle, bénéficié de l’accompagnement de Carrefour Nunavut, l’organisme nunavois de développement économique. Elle considère néanmoins qu’il faut «davantage de soutien en personne» et «plus de programmes de financements clairement identifiés.»
«L’entrepreneuriat est encore plus difficile pour les nouvelles arrivantes qui ne maitrisent pas les codes sociaux et la culture de l’entreprise au Canada», explique Soukaina Boutiyeb de l’AFFC.
«Il n’y a pas assez de ressources adaptées aux réalités des entrepreneuses francophones, qui souffrent d’une vulnérabilité économique accrue et de difficultés d’accès à un réseau professionnel local», confirme la directrice générale de l’Alliance des femmes de la francophonie canadienne (AFFC), Soukaina Boutiyeb.
Dans un courriel de réponse, le RDÉE Canada reconnait que «l’accès au capital, le manque de ressources entrepreneuriales disponibles en français et la rareté des réseaux de femmes entrepreneuses à l’extérieur du Québec» constituent des «freins» à la réussite entrepreneuriale des femmes en situation minoritaire.
Mais l’organisme national assure les appuyer «à travers plusieurs leviers, qu’ils soient nationaux ou portés par ses membres dans les provinces et territoires».
«Dans tout le réseau, nos membres offrent du mentorat d’affaires, des services de démarrage, des webinaires et des activités de réseautage, incluant un appui spécifique aux femmes», précise le courriel.
La Société économique de l’Ontario propose par exemple les programmes d’entrepreneuriat Ambitions au féminin et Élan F, tandis que le RDÉE Nouveau-Brunswick appuie les femmes dans la reprise d’entreprises existantes à travers l’initiative Solution Repreneuriat.
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Aujourd’hui, Murielle Jassinthe ne parvient pas encore à vivre de son activité d’entrepreneuse. Elle est obligée de conserver un «travail de jour» dans le domaine de la communication.
«En situation minoritaire et en région reculée, le bassin de clientèle est forcément plus petit, mais mon objectif reste de faire grossir Black Lantern, notamment l’activité d’agente d’artistes», indique-t-elle.
En Colombie-Britannique, Griottes Polyglottes est plus florissante. La société compte cinq membres du personnel à temps partiel et enregistre plus de 200 clients et clientes depuis sa création. Ingrid Broussillon a par ailleurs fini de rembourser le prêt que l’organisme Futurpreneur lui avait consenti.
C’est rentable, mais c’est difficile de maintenir la balance entre ma vie privée et ma vie professionnelle. Je fais de très longues journées, parfois de 7 h à 2 h du matin
Passionnée, la Franco-Canadienne a démarré une nouvelle entreprise il y a deux ans, The WoW Culture. Elle donne désormais des ateliers de théâtre et d’improvisation afin de former à la diversité et à l’inclusion.
«L’entrepreneuriat amène un vrai dynamisme, renforce l’esprit de communauté. Ça donne de la visibilité économique à la francophonie», observe-t-elle.
Pour Soukaina Boutiyeb, les femmes offrent plus que jamais des «modèles inspirants» et contribuent à diversifier l’écosystème entrepreneurial, «souvent avec une approche inclusive et innovante».
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