Heather McPhreson propose entre autres d’étendre le programme de financement d’emploi étudiant du gouvernement fédéral sur toute l’année.
Heather McPherson et Avi Lewis se sont démarqués mercredi par leur meilleure maitrise du français. La première a parlé 7 minutes et 20 secondes dans la langue de Molière, tandis qu’Avi Lewis comptabilise un peu plus de 6 minutes. Tous les prétendants lisaient des textes pour lesquels ils s’étaient pratiqués.
Le débat avait pour objectif d’offrir un total de 60 % de français et 40 % d’anglais. D’après le chronométrage de Francopresse, la cible n’a pas été atteinte.
Si Rob Ashton s’est excusé plusieurs fois et a fait valoir qu’il travaillait son français, lui et Tanille Johnston ont affirmé qu’il fallait voir «au-delà» de la barrière de la langue.
«Je suis chanceux, car la langue des travailleurs va au-delà de toute langue. On a travaillé pour le Québec. […] Je vais essayer de toujours mentionner une phrase ou deux en français dans les débats publics», a-t-il offert en anglais, lors d’un débat ouvert.
Avi Lewis est revenu très souvent sur le sujet du cout de la vie. Il dit vouloir imposer «une taxe de 1 % sur le 1 %» des Canadiens les plus riches.
Tanille Johnston a abondé dans son sens, avec une touche personnelle, aussi en anglais : «On peut aller au-delà de la barrière de la langue, si on se lie aux champions locaux. […] Toute ma vie d’adulte, j’ai essayé de réapprendre ma langue autochtone. On est 6 à 10 personnes qui parlent couramment cette langue dans ma communauté, alors je ressens vraiment cet engagement […], comme les Québécois et les francophones avec leur langue. Je sais ce que ça représente d’être menacé.»
La jeune femme Liǧʷiłdax̌ʷ, de la Première Nation WeWaiKai, en Colombie-Britannique, a aussi assuré qu’elle respectait la langue française et qu’elle allait l’apprendre.
Tard dans le débat, Avi Lewis a lancé une flèche pour ses collègues moins à l’aise en français : «On a besoin de parler aux Québécois dans leur langue. Soyons honnêtes : nous ne sommes pas à la hauteur actuellement […]. Cela nous prendra un peu de temps.»
Tanille Johnston dit comprendre les défis des francophones pour conserver leur langue, puisqu’elle fait partie d’un trop petit groupe de personnes – une dizaine – qui parle la Likʷala, la langue de la Première Nation We Wai Kai.
À ce propos sur la réconciliation, Tanille Johnston a suggéré qu’il fallait arrêter la «paternalisation» envers les Premières Nations en commençant par leur donner accès à de l’eau potable.
Tony McQuail et Heather McPherson ont également condamné le projet de loi C-5, voté en juin, et qui a pour but d’accélérer la construction de grands projets en donnant la permission au gouvernement de passer par-dessus des règles environnementales et de consultation des Autochtones.
Ils ont aussi appuyé la mise en œuvre des appels à l’action de la Commission vérité et réconciliation.
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Interrogés sur le cout de la vie, Avi Lewis et Heather McPherson ont proposé de déclarer l’état d’urgence nationale. Le premier pour le cout de la vie. La seconde pour le logement, afin de «mobiliser les fonds» pour construire.
La députée fédérale d’Edmonton–Strathcona a proposé notamment de créer plus de coopératives de logement.
Avi Lewis a suggéré quant à lui rendre les «denrées essentielles abordables et limiter le prix des grands magasins».
Rob Ashton s’est excusé plus d’une fois de sa faible connaissance du français, mais a promis qu’il allait l’apprendre.
Tandis que Tanille Johnston a affirmé qu’il fallait surmonter les «obstacles interprovinciaux», Rob Ashton a soutenu qu’il fallait demander à la Banque du Canada de prendre en compte l’effet sur les emplois quand elle prend des décisions sur le taux directeur. «On s’en fout de l’inflation faible s’il n’y a aucun emploi!», a-t-il tonné.
Avi Lewis est celui qui a le plus attaqué Mark Carney, en commençant par le fait que son plan est de «donner de l’argent aux corporations et aux entreprises».
L’annonce de l’accord signé entre Ottawa et l’Alberta pour un oléoduc de qui traverserait la Colombie-Britannique, malgré le refus de cette province, a donné l’occasion à Tony McQuail tendre la main aux «libéraux déçus, comme M. Guilbeault».
Ce dernier faisait référence au départ du désormais ex-ministre de l’Identité et de la Culture canadiennes, responsable également des Langues officielles. Avant ce rôle, il avait été ministre de l’Environnement du Changement climatique sous Justin Trudeau. L’entente pouvant mener à la construction d’un oléoduc et les détails qui l’accompagnent ont été l’ultime couleuvre pour l’ex-ministre.
Sans s’opposer frontalement, les candidats et candidates à la chefferie du NPD ont chacun insisté sur des points différents. Comme Tony McQuail, le doyen des cinq, qui a proposé à plusieurs reprises de réformer le système électoral. Il privilégie d’abandonner l’uninominal à un tour pour la représentation proportionnelle. Tanille Johnston a proposé la même chose.
Tony McQuail est revenu à plusieurs reprises sur le besoin de changer le mode de scrutin au Canada. Selon lui, rien d’autre ne pourra changer sans cette transformation de base.
Interrogé sur le futur du NPD au Québec et ce que le parti pourrait apporter, Heather McPherson a fait valoir en français que «notre route vers la victoire passe par le Québec, par chaque communauté francophone, incluant la mienne».
Elle a mis son expérience de députée fédérale de l’avant et a remercié Alexandre Boulerice, le seul député du parti de la province francophone. Heather McPherson a aussi misé sur les soins de santé publics, tout comme son collègue Avis Lewis, qui souhaite que ces derniers soient gratuits, de même que les transports publics.
Son collègue Rob Ashton a affirmé de son côté que le parti devait être la voix «des travailleurs et des régions» et qu’il est nécessaire de «ramener [le NPD] à ses sources, les travailleurs».
Tony McQuail a mis de l’avant une «coalition verte» dans un français laborieux. Avi Lewis a expliqué dans la même langue que les Québécois «veulent un champion de l’action climatique. Le Québec est le cimetière des pipelines sales».
Avi Lewis croit que le chemin de retour du parti vers la victoire passait par le bannissement du pétrole, du gaz et des énergies fossiles. «Mais avant, il faut créer des emplois dans les énergies propres», a-t-il ajouté.
TV5 Québec Canada a déjà été contraint de réduire récemment ses effectifs de 20 %, en supprimant 15 postes. «Ce qui est important pour une petite entreprise comme la nôtre», rappelle le président-directeur général, Yann Paquet.
«On va continuer aussi la conversation avec nos partenaires au niveau du gouvernement fédéral et du gouvernement du Québec. Je pense que tout le monde est très conscient de la fragilité de la situation», dit Yann Paquet.
«On a travaillé très fort dans les derniers mois à réduire nos couts d’opération […] On avait besoin de cette aide supplémentaire-là pour pouvoir maintenir nos investissements en contenus originaux. Ça va être difficile de le faire», poursuit-il.
Cette augmentation de 0,02 $ devait permettre à l’organisme d’assurer son équilibre financier et de poursuivre la mission de diffusion de ses deux chaines : TV5, consacrée à la francophonie internationale, et Unis TV, qui a pour mandat de refléter la diversité des francophonies canadiennes.
Actuellement, les abonnés du marché francophone paient 0,28 $ par mois, ceux de langue anglaise 0,24 $.
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En 2023, les revenus de TV5 Québec Canada s’élevaient à un peu plus de 34 millions de dollars, soit une baisse d’environ 6 % depuis 2019.
C’est en baisse d’année en année. On travaille actuellement à essayer de ramener davantage de revenus publicitaires dans notre organisation. On poursuit le travail avec nos partenaires, mais c’est certain qu’on a besoin qu’il y ait des choses qui bougent rapidement.
Le PDG souligne que cette décision fragilise tout l’écosystème de créateurs et de producteurs francophones d’un océan à l’autre. «Cela risque d’empêcher des gens de pouvoir travailler, créer des émissions de télévision dans leur langue un peu partout.»
Carol Ann Pilon de l’APFC rappelle le rôle essentiel des télédiffuseurs dans l’écosystème audiovisuel francophone.
Moins les diffuseurs ont de revenus, «moins ils sont en mesure de déclencher des projets et de commander de nouvelles émissions», commente la directrice générale de l’Association des producteurs francophones du Canada (APFC), Carol Ann Pilon.
«Ils sont une maille de la chaine très importante […] Ils représentent entre 30 et 35 % du financement d’un projet», ajoute-t-elle. Les montants qu’ils sont capables d’injecter peuvent avoir un impact sur la qualité et l’offre disponible.
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Bien que le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) reconnaisse «l’importance exceptionnelle» de TV5 et Unis TV pour le système de radiodiffusion canadien, il a choisi de reporter l’examen des tarifs «afin de pouvoir les évaluer à la lumière de cadres règlementaires actualisés», écrit sa porte-parole par courriel.
Dans un contexte de mise en œuvre de la Loi sur la radiodiffusion modernisée, le CRTC mène actuellement plusieurs consultations afin de réviser et d’actualiser ses cadres règlementaires. Celles-ci «pourraient influencer les demandes d’augmentation des tarifs de gros, dont celle de TV5/UNIS», explique-t-il.
Le 18 novembre, le CRTC a rendu une première décision issue d’une consultation sur le soutien de la programmation canadienne. Une seconde, portant notamment sur les dépenses en émissions canadiennes, «sera publiée sous peu», promet le CRTC.
Le bateau chavire, mais il ne coule pas. Bien que la situation soit urgente, TV5 Québec Canada reste à flot, assure Yann Paquet.
L’impact à court terme, ce ne sera pas la fermeture de TV5 Québec Canada; ça va être qu’on ne sera pas en mesure de continuer à remplir notre mission, particulièrement auprès des producteurs de contenus originaux.
L’organisme risque aussi de ne pas pouvoir respecter les obligations règlementaires qui lui sont imposées par le CRTC, comme investir 55 % de ses revenus de l’année précédente en contenu canadien.
«C’est notre mission, on la prend à cœur, mais ça va devenir difficile de respecter cette condition-là puis de continuer à jouer notre rôle dans l’écosystème», déplore Yann Paquet.
«C’est sûr qu’on va poursuivre la conversation avec le CRTC. C’est un partenaire essentiel. On comprend qu’il y a d’autres décisions qui doivent venir. On espère qu’elles vont nous permettre de trouver des solutions pérennes», indique Yann Paquet.
Deux voix sortent néanmoins du lot au sein des membres du CRTC : celles du vice-président des Télécommunications, Adam Scott, et du conseiller Bram Abramson.
«Tout le système de radiodiffusion est en transition et fait face à des perturbations et incertitudes importantes. C’est aussi vrai pour nos demandeurs. Cela nous incite davantage à prendre des décisions maintenant, plutôt que de les reporter», peut-on lire dans la décision rendue le 21 novembre.
Ces opinions divergentes restent révélatrices aux yeux de Yann Paquet : «Elles soulignent quand même que pour eux, il y a une décision qui aurait dû être rendue maintenant et que si quelque chose de différent s’avérait nécessaire plus tard en fonction des autres décisions qui seront prises, il y aura toujours moyen d’adapter en conséquence.»
«On n’a pas été rassuré par le CRTC, mais on pense quand même que la table est mise pour qu’on puisse avancer en collaboration avec eux», résume-t-il.
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L’un des trois règlements attendus par les communautés de langue officielle minoritaires (CLOSM) a été déposé le 26 novembre à la Chambre des Communes. Le ministre responsable des langues officielles, Steven Guilbeault, a déposé l’avant-projet de règlement.
Trois catégories de sanctions sont mises en place. Le Type A correspond à des violations liées aux services conventionnés et est associé à des amendes pouvant aller jusqu’à 25 000 $.
Le Type B vise d’autres les «manquements à la partie IV (communications et services au public)» de la Loi sur les langues officielles. Ils peuvent faire l’objet d’une pénalité jusqu’à 50 000 $.
Le Type C couvre des violations touchant la santé ou la sécurité du public. Ce dernier dispose d’une palette de sanction très large puisque les entités visées pourraient devoir débourser entre 5000 et 50 000 $.
– Mise à jour le jeudi 27 novembre à 15 h 21 –
La Loi mentionne que le plafond des sanctions administratives pécuniaires est de 25 000 $.
Dans ce nouveau règlement, si le gouvernement double la sanction pécuniaire à 50 000 $, par rapport à la limite de 25 000 $ évoqué dans la Loi sur les langues officielles, les sanctions imposées en vertu du règlement pourront être contestées en cour.
En entrevue avec Francopresse, le ministre de l’Identité et de la Culture canadiennes et ministre responsable des Langues officielles, Steven Guilbeault, ne commente pas directement cette disparité.
En revanche, il affirme que le règlement est modifiable pour aider le commissaire à encadrer ses nouveaux pouvoirs : «Comme gouvernement responsable, si jamais je vois qu’il y a une organisation dans le portefeuille où ça ne va pas, il y a trop de demandes, où il n’y a pas assez de ressources, on est capable de corriger le tir. […] Et si au besoin, on voit que ça ne fonctionne pas, qu’il faut faire des changements, on est prêt à le faire.»
– –
Le projet de règlement donne le pouvoir au commissaire aux langues officielles de déterminer le montant d’une sanction en fonction d’une liste de critères aggravants ou atténuants. Ils comprennent la fréquence ou la répétition de la violation, ses impacts réels ou potentiels sur les personnes concernées, les efforts déployés pour corriger la situation, ainsi que la taille et la capacité d’action de l’organisation.
La liste de ces critères vise à assurer une application des sanctions adaptée à chaque situation d’infraction de la Loi.
La période de consultation publique pour le projet de règlement est lancée. Il entrera officiellement en vigueur lorsqu’il pourra être adopté après cette période.
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Le commissaire aux langues officielles aura de nouveaux pouvoirs de sanctions grâce à une nouvelle application de la Loi sur les langues officielles, publiée le 26 novembre.
Le commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge, a réagi par écrit dans un courriel à Francopresse au dépôt. «Mon équipe et moi ferons une analyse approfondie de l’avant-projet de règlement afin d’en comprendre la nature et la portée sur les opérations du Commissariat, les communautés de langue officielle en situation minoritaire et la population canadienne.»
«Les attentes envers le régime linguistique modernisé sont élevées, et il est essentiel que le gouvernement se donne les moyens de les rencontrer. Les règlements sont fondamentaux à la mise en œuvre de mes pouvoirs, qui protègeront davantage les communautés de langue officielle en situation minoritaire et la population canadienne.»
«J’attends encore avec impatience le dépôt au Parlement des avant-projets de règlements sur la Loi sur l’usage du français au sein des entreprises privées de compétence fédérale (LUFEP) ainsi que sur la partie VII de la Loi sur les langues officielles afin de pouvoir tirer pleinement parti de tous les pouvoirs que me confère la Loi sur les langues officielles modernisée.»
À travers ces amendes, ce sont davantage la confiance des voyageurs que le gouvernement tente de rétablir. Le projet de règlement mentionne qu’il a pour but de «réduire la fréquence des manquements à la Loi sur les langues officielles et renforcer la confiance du public envers les institutions fédérales».
Le commissaire aux langues officielles avait jusqu’à présent seulement le pouvoir de traiter les plaintes et d’émettre des recommandations avant que le les personnes qui portent plainte n’aient le choix de saisir la justice. Ces pouvoirs de sanctions monétaires sont donc tous nouveaux.
L’affaire qui avait déclenché la fureur des francophones et qui est en bonne partie à l’origine de ce règlement concerne le PDG d’Air Canada, Michael Rousseau, qui avait prononcé un discours à la Chambre de commerce de Montréal exclusivement en anglais. Il avait aussi affirmé qu’il ne rencontrait pas de problème à Montréal sans parler français.
Une semaine plus tard, le Commissariat aux langues officielles avait reçu plus de 2000 plaintes à propos du transporteur aérien.
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L’annonce du budget du gouvernement de Mark Carney n’a pas changé grand-chose, amorce Emmanuelle Billaux, directrice générale chez Actions Femmes Île-du-Prince-Édouard.
Quelques jours avant le dépôt du budget, plus de 660 millions de dollars sur cinq ans ont été annoncés pour le ministère des Femmes et de l’Égalité des genres (FEGC). «C’est plus gros que ce qui était annoncé avant les coupures – mais c’est plus petit que ce qu’on avait sur les dernières années», dit-elle.
Selon l’Union culturelle des Franco-Ontariennes (UCFO), cette enveloppe équivaut à 120 millions de dollars par année, contre 427 millions l’année précédente. Soit une réduction de 72 %.
Surtout, ce qui nous garde dans la crainte, c’est qu’il n’y a aucune mention des femmes francophones dans le budget, il n’y a aucune target spécifique pour la minorité linguistique.
La directrice générale de l’Alliance des femmes de la francophonie canadienne (AFFC), Soukaina Boutiyeb, abonde dans le même sens : «Il y a eu un manque d’explication sur comment ce budget serait associé par rapport à la francophonie canadienne.»
L’AFFC discute actuellement avec Ottawa, «mais à l’heure où on parle, rien ne nous garantit que justement des financements seront accordés aux organisations de femmes de la francophonie canadienne», statue-t-elle.
L’UCFO craint une baisse des services et des programmes de soutien pour les femmes vivant de la violence et un affaiblissement du tissu associatif rural.
Pour Sylvie Gravelle de l’UCFO, le gouvernement fédéral ne prend pas en compte les besoins des minorités linguistiques.
«On a toujours des isolements linguistiques dans nos villages. Quand on est rural, on a déjà des services qui ne sont plus là, puis les dames sont inquiètes que les services soient encore coupés, rapporte la présidente de l’organisme, Sylvie Gravelle. Elles ont l’impression d’être des citoyennes de seconde zone.»
La responsable trouve que le fédéral oublie les femmes et les francophones. «S’ils veulent avoir un Canada fort, c’est un pays où les femmes francophones vivent en sécurité […] Ce sont nos subventions qui peuvent aider ça, on ne veut pas devenir invisibles. On ne veut pas perdre notre langue.»
«Le gouvernement du Canada est déterminé à soutenir les femmes partout au pays, y compris dans les communautés francophones», assure le ministère FEGC dans un courriel à Francopresse.
Il rappelle que le gouvernement du Canada applique l’Analyse comparative entre les sexes plus pour s’assurer que ses programmes et initiatives tiennent compte de la diversité des identités et des contextes, y compris des communautés francophones.
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«Malgré les discours sur la vitalité du français et les promesses en matière d’immigration francophone, aucune mesure concrète n’est prévue pour renforcer les services en français dans les régions où les besoins sont criants», dénonce encore l’UCFO dans un communiqué.
L’organisme demande une ventilation annuelle transparente des montants annoncés, le maintien des budgets opérationnels accordés aux programmes d’égalité et aux organismes communautaires et un fonds protégé pour les services en français en milieu minoritaire.
«On est inquiètes, mais en même temps, on est résilientes, témoigne de son côté Emmanuelle Billaux. Depuis le début de l’été, je cherche des fonds pour l’année prochaine ailleurs qu’à FEGC tant que je ne sais pas quel est le projet applicable.»
Car pour avoir accès aux subventions, encore faut-il rentrer dans les bonnes cases.
Les femmes francophones, ce n’est pas un groupe homogène; c’est une petite partie de femmes en situation de handicap, une petite partie racialisée, une partie immigrante. Déposer un projet pour recevoir peut-être 5, 7, 8000 dollars, finalement, ça ne prend pas en compte le reste de nos femmes. Ce n’est vraiment pas assez.
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C’est pourquoi Actions Femmes I.P.É plaide pour un financement de base. «Le problème des projets, on le sait, c’est que c’est chronophage, c’est de nouvelles idées qu’on doit réinventer et qui ne peuvent pas être réutilisées», détaille Emmanuelle Billaux.
On ne sait pas si nos projets vont être renouvelés ou si les nouveaux vont être acceptés. Donc de la période de février à avril, je ne peux pas garantir un emploi à mon personnel comme à moi.
«On a l’impression que le gouvernement ne nous entend pas depuis des années quand on leur explique qu’on a besoin d’un financement de base qui garantit un minimum vital», soupire la responsable.
Cela fait deux ans que l’organisme travaille sur une diversification financière, notamment pour ne pas être à la merci des changements politiques.
«On sait très bien qu’au moment des élections, il faudra probablement aller chercher des sous ailleurs et on ne peut pas, dans un avenir proche et éloigné, être financé que par le gouvernement. On voit bien que ça ne fonctionne pas. Pour un mouvement féministe minoritaire, c’est trop de chance de ne pas avoir de financement d’une année sur l’autre.»
«Quand on ne donne pas des ressources aux femmes, concrètement sur terrain, ça veut dire qu’on enlève la voix aux femmes», prévient Soukaina Boutiyeb.
«La réalité sur le terrain, c’est que certaines organisations de femmes francophones canadiennes sont en mode de survie, confirme Soukaina Boutiyeb. Elles travaillent sur un essoufflement des bénévoles.»
Pour elle, l’idéal est d’avoir deux types de financement : un à projet pour répondre à des besoins particuliers et un de base, afin d’apporter des changements systémiques.
Créer des partenariats avec d’autres organismes fait également partie de la solution. Emmanuelle Billaux cite en ce sens le rôle de l’AFFC. «Je n’ai pas l’impression de me battre toute seule contre Ottawa.» Actions Femmes I.P.É et les autres associations féministes de la province se serrent aussi les coudes.
La pétition lancée par l’AFFC à la veille du budget pour mobiliser la population canadienne a récolté plus de 900 signatures. «On a été très contentes de voir l’appui qu’on a reçu», signale Soukaina Boutiyeb.
Le rapport du Commissariat aux langues officielles (CLO) rappelle que l’actuel Plan d’action pour les langues officielles a consacré 4,1 milliards de dollars dans divers programmes et secteurs relatifs aux deux langues officielles du Canada.
Malgré cela, son constat reste le même, rapport après rapport : le gouvernement a du pain sur la planche dans plusieurs dossiers.
Là où le bât blesse, ce sont les montants attribués aux communautés de langue officielle en situation minoritaire (CLOSM) note le rapport : des sommes, comme pour l’éducation, ne correspondent pas aux besoins rapportés par les organismes sur le terrain.
Certains fonds n’ont pas été indexés depuis plus de 10 ans, comme a expliqué au commissaire la Fédération nationale des conseils scolaires francophones, «qui a revendiqué pendant plusieurs années une majoration des fonds fédéraux, car plusieurs conseils scolaires de langue française se trouvent en difficulté», rapporte le document.
Pour corriger cette situation – en éducation et dans d’autres secteurs –, le commissaire demande que les fonds fédéraux soient versés directement aux communautés et non aux provinces ou territoires, «à défaut de clauses et d’ententes contraignantes».
Cette demande est notamment faite par le milieu de l’éducation francophone en situation minoritaire depuis des années, comme l’a rapporté Francopresse.
À l’instar du Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique, certains intervenants craignent que les provinces et territoires gardent une part d’une augmentation du financement pour les langues officielles et l’assignent d’autres postes budgétaires.
Selon le CLO, le financement fédéral devrait, dans la mesure du possible, être versé directement aux communautés, sauf si des clauses contraignantes dans des ententes offrent plus d’assurances que les fonds serviront bien aux CLOSM.
La Loi sur les langues officielles modernisée en 2023 demande au gouvernement d’adopter des politiques qui rétabliront le poids démographique des communautés francophones hors Québec à 6,1 %, rappelle le rapport. Il déplore du même souffle qu’aucune échéance n’ait été établie par le gouvernement pour atteindre cet objectif.
Une cible accrue de 12 % de nouveaux résidents permanents d’expression française par année d’ici 2029 constitue toutefois un «progrès», salue le commissaire.
Ce dernier affirme que la réussite dépend d’une bonne intégration et de la rétention des nouveaux arrivants.
Enfin, il manifeste son inquiétude quant au décalage entre l’information fournie à l’étranger par Immigration, réfugiés et citoyenneté Canada (IRCC) et la réalité des défis de vivre dans les communautés francophones minoritaires.
Plusieurs intervenants ont avoué leur embarras de voir le personnel d’IRCC offrir aux nouveaux arrivants potentiels une vision du “vivre en français” qui minimise les difficultés auxquelles ils feront face en milieu linguistique minoritaire. Je crains que cette situation décourage plusieurs nouveaux arrivants et influence leur décision de quitter leur région d’accueil, ou même le Canada
En conférence de presse mardi, il précise qu’IRCC doit «être clair à propos des réalités sur le terrain dans nos communautés minoritaires. Il y a des défis au niveau de l’employabilité, d’être en mesure de travailler en français dans certaines communautés. Trop souvent, on crée l’impression qu’on peut […] tout de suite commencer à travailler en français.»
Une telle attitude de la part du gouvernement pourrait nuire à l’attraction et à la durabilité de l’immigration francophone, ajoute-t-il.
Dans son rapport, le commissaire aux langues officielles est très clair sur un autre enjeu : les retards dans l’attribution des fonds ne font qu’exacerber l’instabilité des organismes communautaires. En découlent parfois des mises à pied et des services réduits. Des demandes de subventions sont parfois confirmées à quelques mois ou semaine de l’échéance pour faire les dépenser.
Ce problème rejoint l’une des critiques principales du commissaire dans son bilan : «Il n’y a pas d’approche commune au sein du Plan d’action» dans la manière d’attribuer les fonds.
Il reproche également la rigidité et la complexité de la reddition de compte opérée par les institutions fédérales. Le commissaire a d’ailleurs récemment réprimandé le Conseil du Trésor lors d’un passage devant le comité sénatorial des langues officielles, le 6 octobre, pour le manque d’engagement de ce ministère.
Le Conseil du Trésor «continue d’émettre des directives qui n’en sont pas», avait-il déploré. «Il y a trop de flexibilité des institutions fédérales pour faire la mise en œuvre de la Loi sur les langues officielles», avait-il poursuivi.
Dans le rapport, Raymond Théberge cite l’exemple du Programme pour les langues officielles en santé (PLOS), qui émane du plan d’action.
Ce programme dispose de 206,7 millions de dollars entre 2023 et 2028, mais les conditions de reddition de compte affectent négativement la capacité des organismes à servir les communautés. Sans compter que la bonification de 10 % de son financement ne suffit pas à contrer l’augmentation du cout de la vie, fait valoir Raymond Théberge.
Ainsi, le commissaire invite le gouvernement à intégrer une plus grande souplesse dans la mise en œuvre du Plan d’action d’ici son échéance. Il recommande aussi de prendre en compte les incidences de chaque initiative prise par les différentes institutions.
Pour cela, le document interpelle le gouvernement sur l’un des trois règlements les plus attendus : la partie VII de la Loi sur les langues officielles, celui qui concerne la promotion du français et de l’anglais. Il devra être au cœur de l’action gouvernementale pour la deuxième partie du plan d’action, prévient Raymond Théberge.
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Selon les informations de Francopresse, la nomination de Kelly Burke aurait été recommandée pour le poste, mais sa nomination officielle n’a pas encore été confirmée.
Raymond Théberge est en poste depuis 2017 et a vu son mandat prolongé deux fois cette année. La première fois en raison du changement de direction du Parti libéral du Canada et la deuxième fois parce que le gouvernement venait d’être élu.
Kelly Burke est une Franco-Ontarienne originaire de Cornwall. Elle est surtout connue comme ex-commissaire aux services en français de l’Ontario, de 2020 à 2023. Elle relevait à ce titre du Bureau de l’Ombudsman en tant qu’ombudsman adjointe. Elle a été la première à occuper ce poste puisque le premier ministre ontarien, Doug Ford, avait aboli le Commissariat aux services en français en 2019 pour le placer sous la responsabilité de l’Ombudsman.
Durant son mandat, Kelly Burke a résolu plus d’un millier de plaintes et enquêté sur les coupes dans les programmes en français de l’Université Laurentienne, à Sudbury.
Elle avait soudainement quitté son poste en mars 2023. Ni elle ni l’Ombudsman n’avait fourni d’explications sur la raison de son départ.
La nouvelle commissaire aux langues officielles avait ensuite occupé le poste de directrice générale du bureau de la vice-rectrice de l’Université Western.
L’avocate de formation possède une solide connaissance des droits linguistiques en Ontario, puisqu’elle a également été sous-ministre adjointe au ministère des Affaires francophones de 2014 à 2019 et sous-ministre adjointe au ministère des Collèges et Universités.
Un règlement concernant les pouvoirs du commissaire est attendu d’ici Noël.
Depuis 2022, l’introduction des outils d’intelligence artificielle (IA) générative a provoqué «une panique totale» au sein des établissements postsecondaires canadiens, estime Martine Pellerin, professeure titulaire au Campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta et spécialiste en technologie éducative et de l’IA en éducation.
La professeure à temps partiel au département de français à l’Université d’Ottawa, Agathe Rhéaume, dit recevoir des textes qui ne semblent pas écrits par les étudiants, mais plutôt par «un critique littéraire qui a fait plusieurs doctorats en littérature».
Elle leur recommande de ne pas sous-estimer le jugement du corps professoral, qui est tout à fait capable de détecter si les travaux ont été rédigés par une IA générative ou non.
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Geneviève Tellier note que l’IA économise du temps et augmente l’efficacité, comme pour faire des calculs rapides dans un tableau de données.
«On n’a pas le choix de s’adapter parce que les étudiants utilisent très largement l’intelligence artificielle. Trop, je vous dirais», confie de son côté la professeure en administration publique à l’Université d’Ottawa, Geneviève Tellier.
Néanmoins, Christian Blouin, le chef de la stratégie pour l’IA à l’Université Dalhousie, en Nouvelle-Écosse, met en garde contre l’argument que «ce texte-là semble trop bien pour cet étudiant».
Selon lui, ce critère peut entrainer le corps professoral à se méfier de façon disproportionnée des étudiants dont le français est la langue seconde, puisque l’on a tendance à croire qu’ils s’expriment moins bien que ceux qui ont le français comme langue maternelle. Il faut éviter d’être trop «agressif» lorsqu’on tente de démontrer si une IA a effectué le travail, souligne l’expert.
Il est d’avis que cette technologie ne remplace pas la capacité d’analyse et de jugement. Le rôle du personnel enseignant, selon Geneviève Tellier, est d’amener les élèves à être capables de dire : «Oui, ça a de l’allure. Non, ça n’a pas d’allure» dans ce contexte.
En octobre, la firme KPMG publiait les résultats d’un sondage pancanadien réalisé en ligne. Sur les 684 étudiants sondés, 73 % ont répondu utiliser des outils d’IA pour effectuer leurs travaux scolaires. De plus, 48 % ont l’impression que leur pensée critique s’est détériorée.
L’IA générative serait également vue positivement par des étudiants et des étudiantes de l’Université d’Ottawa. Selon les réponses à un questionnaire distribué par Francopresse*, environ 61 % des répondants et des répondantes se disent en faveur de son intégration dans l’enseignement et l’apprentissage à l’université. Une majorité, soit presque 70 %, croit apprendre «mieux» ou «plus» avec l’IA générative.
L’étudiant en première année en comptabilité à l’Université d’Ottawa, Kouakou Carl Othniel, explique qu’il utilise l’IA générative à la maison après ses cours. Il la compare à un «petit professeur» qui connait un peu tout et qui l’aide à consolider ses connaissances.
Néanmoins, 13 % des répondants croient que l’IA générative pourrait nuire à leur apprentissage : certaines personnes soutiennent que cette technologie incite à la surdépendance, la paresse et peut diminuer la créativité de ceux qui s’en servent.
Pour Kouakou Carl Othniel, l’IA générative est utile pour évaluer les étudiants, mais on doit s’en servir avec prudence pour éviter tout abus.
L’étudiant en comptabilité Kouakou Carl Othniel explique qu’il utilise l’IA pour vérifier ses devoirs et, lorsqu’il commet des erreurs, pour recevoir des explications détaillées sur celles-ci, ce qui lui permet d’améliorer ses compétences.
Selon d’autres personnes qui ont répondu au questionnaire de Francopresse, l’IA générative est capable de créer des questions pratiques à partir de leurs notes de cours pour les examens. Ils l’utilisent comme une ressource de recherche efficace permettant d’obtenir rapidement une réponse ou pour créer des cartes mémoire et des jeux-questionnaires afin de tester leurs connaissances.
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Christian Blouin croit qu’il y a un risque à continuer d’éduquer les étudiants pour un monde qui n’existe plus. Pour lui, le corps enseignant doit donc trouver le juste milieu.
La professeure Agathe Rhéaume encourage l’utilisation du papier et du crayon et la présence en personne pour ses examens. Elle est convaincue que c’est la seule manière de vérifier quelles sont les «vraies» compétences de rédaction des étudiants.
Geneviève Tellier estime constater que les enseignants en littérature et en histoire proposent plus d’examens oraux à leurs étudiants afin d’éviter des travaux écrits par l’IA générative.
D’après la professeure en administration publique, un des principaux défis pour les professeurs est l’absence d’outils de détection fiables. Elle indique que les logiciels existants pour détecter l’IA générative «ne sont pas fiables à 100 %», contrairement à ceux utilisés pour repérer du plagiat.
Christian Blouin affirme qu’il faut éviter de rendre les évaluations «AI proof». À son avis, cela «stigmatise les étudiants en les exposant au fait qu’on pourrait les percevoir comme susceptibles de tricher». Il met l’accent sur l’importance de centrer l’évaluation sur la compréhension, plutôt que de se concentrer sur leur travail ou sa qualité.
Le spécialiste rappelle qu’on a «toujours imaginé qu’il y a des choses que seuls les humains étaient capables de faire. Maintenant, on a des logiciels capables de faire ce qu’on croyait être unique aux humains. Donc, la question est : […] “Comment est-ce qu’on s’adapte aux changements sans perdre notre humanité?”»
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Martine Pellerin constate que les informations sur la francophonie en contexte minoritaire sont insuffisantes dans la base de données de l’IA générative, ce qui entraine des biais dans les résultats.
«Beaucoup d’enseignants n’ont pas vraiment les outils ou le temps pour explorer quelles sont les implications de l’IA dans leur domaine», souligne Christian Blouin.
Martine Pellerin ajoute que les formations en IA pour les professeurs et étudiants sont rares, ainsi que les cadres de référence pour son utilisation dans l’enseignement supérieur. Chaque enseignant peut décider d’autoriser ou d’interdire l’IA dans la plupart des établissements.
D’autres entrent les travaux des étudiants dans ChatGPT pour en faire la révision, puis donnent des commentaires inadaptés au profil de leurs étudiants, raconte la professeure. Elle explique que les enseignants ne devraient pas utiliser ChatGPT de cette façon sans autorisation des étudiants, car ces données peuvent servir à entrainer l’IA, ce qui amène des enjeux de sécurité et d’éthique.
Christian Blouin et Martine Pellerin recommandent aux professeurs de discuter avec leurs étudiants et étudiantes pour comprendre leurs motivations et identifier les stratégies à mettre en place.
Geneviève Tellier raconte qu’elle propose, depuis deux ans, des travaux optionnels sur l’IA générative. Ses étudiants et étudiantes voient d’abord la réponse de l’IA, puis cherchent dans des textes scientifiques ce que les chercheurs disent sur le sujet pour faire une comparaison. En général, l’IA ne va pas assez loin, révèle la professeure.
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Le rêve d’organiser cet évènement, Livia l’avait depuis longtemps. «L’idée m’est venue il y a deux ans. Je voulais faire découvrir aux jeunes de La Tuque ce qu’est un pow-wow, parce qu’il n’y en avait jamais eu ici».
Avant l’initiative de Livia, les pow-wow les plus proches se déroulaient dans la communauté Atikamekw de Wemotaci, à environ 1 h 30 de La Tuque, en Mauricie. La jeune fille souhaitait que les jeunes qui ne pouvaient pas se déplacer aussi loin puissent vivre, eux aussi, cette expérience.
Mais organiser un pow-wow, ce n’est pas si simple! Livia a dû relever certains défis, comme trouver des danseurs, des joueurs de tambours, et assez d’argent pour réaliser son projet. «Au début, je n’avais pas beaucoup de contacts, c’était difficile», confie-t-elle.
Puis, grâce à ses efforts, Livia a réussi à contacter plusieurs groupes pour l’aider à organiser l’évènement.
Par exemple, la ville de La Tuque a fourni de l’argent à travers son budget jeunesse, et la Maison des jeunes de La Tuque et le Centre d’amitié autochtone Capetciwotakanik ont aidé à préparer les activités. L’école secondaire de Livia a même offert le terrain pour accueillir tous les participants!
Livia et Lucie Geneviève, l’animatrice de la journée.
Le 28 aout dernier, la grande journée est enfin arrivée. Plus de 500 jeunes se sont rassemblés pour le pow-wow jeunesse organisé par Livia.
«Au début, j’étais un peu stressée parce que l’autobus qui amenait les danseurs est parti en retard. Mais finalement, tout s’est bien passé», raconte-t-elle.
Au programme : danses, tambours et partage! «Mon moment préféré, c’est quand tout le monde s’est mis à danser ensemble, dans un cercle. C’était très respectueux et vraiment magique», se souvient Livia.
Pour Livia, cette journée est une vraie fierté : «J’aimerais que les jeunes retiennent qu’il faut être fiers d’être qui on est et assumer qui on est». La suite? Livia aimerait faire une deuxième édition du pow-wow jeunesse, avec encore plus de danseurs et de participants!
Et toi, si tu organisais un évènement, que ferais-tu?
Cette histoire commence en 1985. Un plongeur du nom d’Henri Cosquer explore la mer près des Calanques, un endroit plein de falaises et de plages. En descendant profondément sous l’eau (à plus de 36 mètres!), il aperçoit un tunnel dans la roche.
Ce tunnel pique la curiosité de notre plongeur. Il décide donc d’y entrer, mais le passage est étroit et sombre. Il ne faudrait pas que ses bonbonnes d’air se vident pendant son exploration!
C’est ainsi que pendant plusieurs années, Henri Cosquer y retourne, en se rendant un peu plus loin à chaque fois. Il veut savoir où mène ce long couloir sous-marin.
Celui-ci débouche sur une grande grotte. Le plongeur pose sa lampe sur le sol, et la lumière éclaire quelque chose d’incroyable: le dessin d’une main sur la paroi!
Henri vient de découvrir un véritable trésor. Sur les murs, on peut voir des peintures et des gravures faites par des humains, il y a plus de 30 000 ans!
Mais il y a aujourd’hui un problème : la grotte est en train d’être engloutie peu à peu par la mer, puisque le niveau de l’eau augmente chaque année, à cause des changements climatiques. Si rien n’est fait, ces dessins risquent de disparaitre à jamais.
Une solution a été trouvée : recréer la grotte dans un musée, pour permettre à tout le monde de visiter cet endroit unique, sans plonger sous la mer!
Pour ça, des spécialistes (architectes, photographes, géologues, historiens) sont descendus dans la vraie grotte pour prendre toutes ses mesures. Avec ces données, ils ont construit une grotte absolument identique… dans un musée!
Ensuite, des artistes ont recopié les peintures anciennes, en utilisant les mêmes matériaux que les humains de la préhistoire : du charbon, de l’ocre, de la pierre.
Ainsi, chaque mur, chaque relief, chaque dessin a été enregistré avec une précision incroyable.
La grotte Cosquer se trouve dans le sud-est de la France, près de Marseille.
La visite du musée était très impressionnante. On embarque à bord de petits véhicules qui avancent dans l’obscurité de la grotte. Dans des écouteurs, une voix raconte l’histoire d’Henri Cosquer et nous guide en décrivant les empreintes de mains, les dessins d’animaux et de chasse.
Moi, j’ai eu l’impression d’être dans la véritable grotte Cosquer d’il y a 30 000 ans!
Toi, si tu découvrais une grotte secrète, qu’aimerais-tu y trouver ?