Pierre Poilievre avait été élu à la tête du Parti conservateur du Canada avec l’appui de 68 % des membres. Justin Trudeau, lui, avait obtenu 80 % des votes de son parti. Dans les deux cas, il s’agissait de résultats plus qu’honorables.
Dès le début de la course à la chefferie libérale, plusieurs signes montraient que Mark Carney était le favori. Certains sondages auprès des membres du Parti libéral laissaient entendre qu’il était en avance sur ses adversaires. Cependant, la marge d’erreur de ces sondages est généralement élevée, il faut donc les analyser avec prudence.
D’autres sondages menés, eux, auprès de l’ensemble de la population, montraient une augmentation des appuis au Parti libéral si Mark Carney était à sa tête. De quoi faire très certainement réfléchir plus d’un militant libéral.
Puis il y a eu les contributions financières. Chaque candidat et candidate devait verser 350 000 $ au Parti pour s’inscrire dans la course.
Après un mois de campagne, Mark Carney avait déjà récolté 1,9 million de dollars auprès de plus de 11 000 donateurs et donatrices. Il devançait ainsi largement ses adversaires. Karina Gould, Chrystia Freeland et Frank Baylis. Les trois avaient récolté moins de 700 000 $ auprès d’environ 1900 personnes à la même date.
Il y a donc eu un effet Carney dès les débuts de la campagne.
À lire : Mark Carney couronné chef du Parti libéral du Canada : et maintenant?
Il existe au moins deux raisons qui peuvent expliquer le succès obtenu par Mark Carney. La première est qu’il n’a pas fait partie du gouvernement Trudeau.
Si le premier ministre Justin Trudeau a été forcé de démissionner, c’est en raison de son impopularité grandissante, tant dans la population qu’au sein des troupes libérales.
Mark Carney est synonyme de nouveauté, de changement. C’est ce que la base libérale, et aussi une partie de l’électorat canadien, recherche.
La seconde raison est bien entendu le retour de Donald Trump à la présidence américaine. Un retour accompagné par des relations commerciales sous très haute tension entre le Canada et les États-Unis.
Mark Carney est vite devenu la personne que l’on considère comme ayant le meilleur savoir-faire pour gérer cette crise que plusieurs jugent existentielle pour le Canada.
En fait, les menaces constantes de guerre commerciale canado-américaine ont provoqué une situation exceptionnelle. Rarement a-t-on vu un élan de patriotisme aussi fort dans toutes les régions du pays. On sent que pour beaucoup de personnes dans la population canadienne, il y a urgence d’agir. Il faut se montrer ferme face aux États-Unis.
Mark Carney profite ainsi de circonstances inédites. Il arrive en politique avec une expertise et des réalisations passées qui semblent rassurer la population canadienne au moment où une crise sans précédent survient.
Il n’est pas certain qu’il aurait eu de tels appuis sans la présence de Donald Trump et de ses menaces de tarifs douaniers.
À lire : Tarifs américains : le Canada peut se passer de Parlement, estime un expert
Est-ce que les circonstances exceptionnelles actuelles lui permettront de remporter la prochaine élection fédérale? Plusieurs estiment que la partie ne sera pas facile à gagner. Mark Carney n’a aucune expérience politique.
Pour être plus précis, il a l’habitude de travailler avec des figures politiques, une expérience qu’il a notamment acquise lorsqu’il a dirigé la Banque du Canada puis la Banque d’Angleterre, mais pas celle d’agir comme un politicien. La différence est importante.
Mark Carney n’est pas non plus très charismatique. On l’a bien vu dimanche lors de son élection à Ottawa. Prenant la parole après Justin Trudeau et Jean Chrétien, il a été facile de constater qu’il n’a pas la même aisance, le même charme, ni même une petite pointe d’arrogance qu’on aime bien voir chez nos politiciens.
Même s’il possède un certain sens de l’humour, Mark Carney se présente avant tout comme une personne posée, réfléchie, qui tente d’expliquer les choses plutôt que de convaincre les gens de la justesse de ses arguments.
Il n’a pas eu le temps non plus d’élaborer une véritable plateforme électorale. Il a certainement des idées. On sait qu’il veut mieux gérer les finances publiques, aider l’économie canadienne, maintenir les programmes sociaux et, surtout, diminuer notre dépendance à l’égard des États-Unis. Toutefois, les propositions concrètes pour y arriver manquent encore.
Mark Carney pourra cependant compter sur l’aide d’un parti politique qui a de l’expérience et des ressources.
Par contre, il lui reste beaucoup de travail à accomplir avant de se lancer en campagne électorale : s’assurer d’avoir des candidats et des candidates dans toutes les circonscriptions, mettre en place une équipe de terrain, recruter des bénévoles, poursuivre les activités de financement, etc. Le temps pourrait bien manquer.
Pour toutes ces raisons, plusieurs pourraient croire qu’il sera très difficile pour le nouveau chef libéral de remporter la prochaine élection fédérale.
Toutefois, sans vouloir minimiser l’importance des facteurs énumérés ci-dessus, il faut aussi prendre en considération un autre élément. Au risque de se répéter, nous vivons une période exceptionnelle. La population pourrait donc vouloir obtenir des réponses elles aussi exceptionnelles.
Est-il nécessaire d’avoir un premier ministre charismatique, issu de la classe politique, qui a un plan détaillé et des ressources?
La réponse pourrait bien être non.
C’est une des leçons qu’il faudrait sans doute tirer de l’écrasante victoire de Mark Carney. L’incertitude actuelle provoquée par Donald Trump a mené les membres du Parti libéral à s’unir derrière un seul homme et à lui donner un très large appui.
Il se pourrait bien que cette volonté d’unité existe aussi pour l’ensemble de la population canadienne. Pour le moment, seul Mark Carney semble avoir la réponse pour rassurer l’électorat et pour l’unifier.
C’est à cet aspect que devraient réfléchir les autres chefs de parti en vue de la prochaine élection… qui viendra certainement plus tôt que tard.
À lire : Course libérale : un débat en français qui parle peu du français
Geneviève Tellier est professeure à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa. Ses recherches portent sur les politiques budgétaires des gouvernements canadiens. Elle commente régulièrement l’actualité politique et les enjeux liés à la francophonie dans les médias de tout le pays.
La francophonie canadienne manque de données sur de nombreux aspects.
Alors que Mark Carney est devenu le chef du Parti libéral du Canada (PLC) le 9 mars et qu’il s’apprête à devenir premier ministre, le déclenchement d’une campagne électorale fédérale est attendu avant la fin du mois.
L’équipe de Francopresse souhaite connaitre les intentions de vote des francophones qui vivent en contexte linguistique minoritaire partout au Canada.
L’objectif est de recueillir et d’analyser les résultats du sondage pour dresser le portrait d’un moment particulier de l’histoire politique canadienne, avec une lentille francophone. Voici le lien pour participer au sondage. N’hésitez pas à le partager.
Simon Forgues observe le milieu de la radio communautaire dans les francophonies canadiennes depuis plus de 30 ans. Pour lui, cela ne fait pas de doute : lorsque les mesures sanitaires sont venues transformer la vie sociale de la population canadienne, «les bingos à la radio ont connu un immense boum», remarque ce conseiller en stratégie et communication à l’Alliance des radios communautaires du Canada depuis 2007.
Certaines personnes cherchaient à se divertir, d’autres à joindre l’utile à l’agréable en remportant des lots intéressants. Le bingo radio a été une activité sociale essentielle pendant la COVID-19 et est resté une tradition bien ancrée dans de nombreuses collectivités, même si le niveau de fréquentation est parfois revenu aux niveaux d’avant la pandémie.
À lire aussi : La promotion du radio bingo depuis le blocage de Meta (Le Courrier de la Nouvelle-Écosse)
Le phénomène a été observé à Hearst, dans le Nord de l’Ontario, où le bingo se joue hebdomadairement depuis 1995. Au plus fort de la pandémie, les recettes provenant du bingo ont grimpé de 30 à 35 %, ce qui peut représenter 250 joueurs de plus par semaine, dans cette petite ville où le bingo est devenu une tradition.
Pour Simon Forgues, les bingos à la radio ont connu «un immense boum» lors de la pandémie de COVID-19.
Dans plusieurs communautés de l’Ontario et de l’Atlantique, le modèle du bingo à la radio est connu et éprouvé. Hearst, Kapuskasing, l’Est ontarien, Pokemouche au Nouveau-Brunswick et Clare en Nouvelle-Écosse y jouent abondamment. «C’est le genre de place où le monde se fait des réunions pour jouer au bingo ensemble», illustre Simon Forgues.
Nicholas Monette, originaire de l’Est ontarien et directeur des opérations chez Unique FM, à Ottawa, acquiesce : «C’est une institution, pratiquement.»
À Hearst, le taux de participation et les recettes sont revenus à leurs niveaux pré-pandémiques, mais le bingo a sauvé les emplois du personnel des Médias de l’épinette noire, estime son directeur général, Steve McInnis. Les publicités gouvernementales et le bingo ont permis de garder l’organisme à flot, soutient-il.
Aujourd’hui, environ 850 cartes se vendent par semaine (1200 lorsque les lots sont plus élevés). Le bingo représente environ le tiers des revenus de l’organisme, soit entre 250 000 et 300 000 $ par année.
Nicholas Monette y voit un phénomène social : «Je ne sais pas, peut-être que le bingo vient jouer un certain rôle communautaire. Ça devient une façon d’aller rencontrer tout le monde une fois par semaine», même si c’est par les ondes.
À lire aussi : Radiodiffusion : vers une consultation accrue des francophones?
Devant un tel succès et l’engouement décuplé en temps de pandémie, d’autres radios ont aussi voulu tenter l’expérience du bingo, comme Nord-Ouest FM à Falher, dans le nord de l’Alberta, et Unique FM.
Natalie Aloessode-Bernardin a remarqué que certains de ses amis et amies originaires de pays étrangers ne connaissaient pas le bingo radio.
«J’ai l’impression que la radio, notre radio en tout cas, cherchait à “ride the wave”», commente la directrice générale de la radio ottavienne, Natalie Aloessode-Bernardin.
Unique FM a cependant coupé court à l’aventure en septembre 2024. Cette radio urbaine a eu du mal à s’imposer dans un marché où l’offre culturelle et récréative abonde. Même si elle a réussi à présenter un bingo qui n’était plus déficitaire, les recettes ne justifiaient pas l’énergie qu’il fallait y mettre, indique la directrice.
L’équipe de direction lance l’hypothèse suivante : les changements démographiques ont peut-être été un frein au bingo de la radio. Natalie Aloessode-Bernardin a constaté que, pour ses amis et amies du Bénin et du Mali, ce jeu leur était complètement inconnu.
«Nous, on joue au bingo à la maternelle. C’est comme si ça faisait partie de nos mœurs canadiennes-françaises. Mais eux, ils ont zéro cette référence-là.»
À Falher, le bingo en est aujourd’hui à sa deuxième année d’existence. Il s’agit de l’un des deux organisés dans la province, l’autre étant animé par une radio communautaire autochtone.
En janvier, Nord-Ouest FM a vendu environ 300 cartes, apportant des revenus autonomes essentiels, estime l’adjointe administrative de la radio, Marianne L. Houle. Les subventions n’étant jamais garanties, «la radio bingo, c’est notre propre argent», souligne-t-elle.
À Hearst, grâce à la diffusion en ligne et l’accès à Internet haute vitesse, CINN FM vend maintenant des cartes de bingo à Hornepayne et à Greenstone, des communautés situées à 125 et à 250 km du studio. Avec peu de promotion, les ventes ont déjà augmenté de 10 %.
Néanmoins, la communauté, même fidèle, est plus difficile à engager depuis aout 2023, rappelle Simon Forgues. L’entreprise américaine Meta, en bloquant l’accès aux contenus des médias canadiens sur Facebook et Instagram, a sabré le plus grand canal de promotion des radios.
Celles-ci ont dû repenser leurs stratégies de communication et faire preuve de créativité pour rejoindre les gens, leur page Facebook comptant souvent des milliers d’abonnés et d’abonnées «gagnés tranquillement au fil des années», témoigne le conseiller. «Ç’a frappé fort pour plusieurs radios», se souvient-il.
Certaines radios ont créé une nouvelle page, identifiée autrement et qui n’est pas bloquée, utilisent des pages communautaires, les pages des membres de leur personnel ou de leurs bénévoles, mais «c’est sûr que ça demande beaucoup d’effort de se reconstruire un noyau de fidèles abonnés avec une nouvelle page Facebook».
En Alberta, l’équipe de Nord-Ouest FM demeure optimiste et patiente : la croissance est lente, mais constante. Marianne Houle souhaite d’ailleurs élargir la zone où il est possible de se procurer des cartes de bingo, un défi compte tenu de l’immensité du territoire couvert par la radio. «Mais c’est pas mal populaire. Le mot se passe. On a toujours de nouveaux joueurs à toutes les semaines.»
En majorité, les personnes qui jouent ont moins de 40 ans et jouent avec leurs parents ou leurs grands-parents. C’est aussi le cas à Hearst, où des groupes de personnes ainées se rassemblent aussi pour jouer ensemble. «C’est rare qu’il y ait un qui joue tout seul», ajoute Marianne L. Houle.
Le président-directeur général de l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC), Martin Normand, a insisté sur l’apport des étudiants étrangers sur le plan académique.
Martin Normand souligne l’importance des étudiants étrangers francophones au sein de l’écosystème postsecondaire canadien.
«Leur présence permet d’élargir l’offre de programmes, en compensant le faible nombre d’inscriptions locales qui, à lui seul, ne suffirait pas à justifier la création de nouveaux cursus. Cet apport contribue à renforcer un écosystème universitaire dynamique et compétitif, tant sur le plan national qu’international», a-t-il expliqué lors d’un des trois panel du symposium Dynamiques institutionnelles et population étudiante en changement.
«C’est pourquoi les établissements francophones cherchent à se démarquer face aux changements de politique fédérale. Ils saisissent ces opportunités pour renforcer leur positionnement en mettant en place des stratégies de proximité et d’accompagnement sur le terrain à l’étranger.»
À lire : Épargner les établissements francophones du plafond d’étudiants étrangers
Le symposium a également mis en lumière la contribution des étudiants étrangers au rayonnement des universités canadiennes. Selon le Bureau canadien de l’éducation internationale (BCEI), le Canada en comptait 1 041 000 à la fin de l’année 2023.
La même année, les dépenses de ces étudiants, ainsi que celles de leurs familles et amis en visite, ont contribué à hauteur de 37 milliards de dollars à l’activité économique du Canada, se traduisant par une contribution de 40 milliards de dollars (soit 1,2 %) au Produit intérieur brut canadien, rapporte Affaires mondiales Canada.
De leur côté, ces étudiants et étudiantes choisissent le Canada pour des raisons très personnelles. Deux ont participé à la discussion coorganisée par l’Observatoire sur l’éducation en contexte linguistique minoritaire (OÉCLM), le Centre interdisciplinaire de recherche sur la citoyenneté et les minorités (CIRCEM) et le Collège des chaires de recherche sur le monde francophone (CCRMF).
Adjmal Younoussa, étudiant en informatique à l’Université d’Ottawa, partage son expérience des défis rencontrés par les étudiants étrangers francophones.
Étudiant au baccalauréat en informatique à l’Université d’Ottawa, Adjmal Younoussa a choisi le Canada pour son «rapport qualité-prix», surtout comparé à son voisin américain. Le bilinguisme français-anglais est également un atout majeur pour cet étudiant originaire des Comores.
Pour sa part, Clémence Gnintedem, candidate au doctorat en littérature française, souligne la disponibilité des moyens didactiques qui permettent aux étudiants de s’épanouir dans leurs recherches.
Barrières linguistiques, contraintes administratives, difficultés d’accès au marché du travail : la communauté étudiante internationale francophone doit surmonter plusieurs défis, notamment l’adaptation au système éducatif, «qui diffère grandement de celui des Comores», explique Adjmal Younoussa. «Le système financier est également très différent de ce que l’on retrouve dans d’autres pays.»
Celui qui assure la présidence de l’Association des étudiants internationaux de l’université d’Ottawa (UO-ISA) souligne également la difficulté d’accès à l’information. «Il y a une période d’adaptation qui est nécessaire. Je connais un étudiant qui a raté un devoir parce qu’il ne savait pas où aller chercher l’information sur le campus virtuel (Brightspace)», explique-t-il.
À lire aussi : La littératie financière, un levier essentiel pour l’intégration des immigrants
Clémence Gnintedem souligne la barrière linguistique liée à la proximité entre le français et l’anglais, qui entraine parfois un glissement de certains mots et expressions, pouvant prêter à confusion pour les étudiants.
Christine Rwayongwe évoque les défis d’intégration rencontrés par les étudiants, comme la maitrise de l’anglais.
Ne pas maitriser l’anglais entraine aussi son lot de complications. «Les étudiants doivent souvent travailler pour subvenir à leurs besoins, mais, à Ottawa, la plupart des employeurs exigent le bilinguisme», explique Christine Rwayongwe, coordonnatrice des services d’établissement au Centre d’établissement, de soutien et d’orientation communautaire (CÉSOC). «Nous les orientons donc vers des employeurs à Gatineau.»
La situation est encore plus complexe pour les étudiants établis dans d’autres provinces canadiennes. «Par exemple, un étudiant international au Campus Saint-Jean en Alberta, dont la formation exige un stage en entreprise, risque de compromettre sa réussite s’il ne parvient pas à trouver un milieu de pratique», avertit Martin Normand.
La crise du logement affecte particulièrement les étudiants étrangers, qui rencontrent des difficultés à accéder aux logements. «À Ottawa, nous les orientons également vers des prestataires privés», précise Christine Rwayongwe.
Certains se retrouvent également en perte de statut d’immigration en raison de la lenteur du traitement de leurs demandes de résidence permanente. «Ils ne peuvent même pas quitter le Canada faute de lettre de refus. Certains ont essayé, sans succès, de faire une demande de permis de travail, car ils doivent continuer à vivre en attendant une réponse d’IRCC [Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada]», déplore la coordinatrice.
À lire : Les étudiants étrangers face au mur de l’emploi
Pour améliorer la situation de la population étudiante internationale francophone, Martin Normand recommande à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) de clarifier la politique d’immigration et de mieux informer les personnes intéressées, «afin d’éviter que des étudiants arrivent au Canada avec de faux permis d’études», souligne-t-il.
Christine Rwayongwe prône pour sa part une synergie entre les établissements d’enseignement supérieur, les organismes communautaires et les autorités responsables de l’immigration pour mieux orienter les étudiants francophones qui choisissent le Canada.
À lire : Des étudiants étrangers francophones engagés dans la vie universitaire
Près de 2000 personnes se sont rassemblées pour assister au couronnement de Mark Carney. Chrystia Freeland termine deuxième, quand même loin derrière, avec 8 % des votes. Karina Gould obtient 3,2 % des voix et Frank Baylis 3 %.
L’ancien banquier devrait être assermenté comme premier ministre mercredi 12 mars. Des élections pourraient être déclenchées d’ici la semaine prochaine, selon plusieurs sources libérales consultées par Francopresse.
Résultat des votes
Mark Carney a pris le temps de remercier Justin Trudeau pour quelques-unes de ses réalisations, comme avoir diminué la pauvreté des enfants et fait avancer la réconciliation avec les Premières Nations.
Il a assuré aux libéraux que son gouvernement mettra en action un plan pour bâtir une économie plus forte, des relations commerciales entre les provinces et pour protéger les frontières du pays. «Ça demandera de grands changements», a-t-il prévenu.
Il a déjà annoncé vouloir supprimer la taxe carbone et de «construire un Canada plus fort» dans un contexte de «division».
Le nouveau chef a remercié ses trois adversaires, qui ont amené «une belle énergie» à la campagne, a-t-il souligné.
À lire aussi : Course libérale : un débat en français qui parle peu de français
Justin Trudeau a reçu un accueil chaleureux pour son dernier discours en tant que chef du Parti libéral.
Le couronnement de Mark Carney marque la fin de l’ère de Justin Trudeau.
Avant l’annonce du gagnant, Justin Trudeau a livré un discours d’adieu aux partisans libéraux. Introduit avec émotion par sa fille, Ella Grace Trudeau, le désormais ancien chef du PLC a rappelé aux libéraux du pays que «le futur est désormais entre vos mains».
Puis, en ciblant les conservateurs indirectement : «C’est quand on essaie de mettre les libéraux sur la touche que nous, les libéraux, on montre nos vraies couleurs!»
Contre Trump et Poilievre
Lena Metlege Diab, députée francophile de Halifax Ouest et qui soutenait Chrystia Freeland, assurait avant l’annonce des résultats : «Qu’importe le nom du gagnant, nous sommes des libéraux. Nous devons nous serrer les coudes.»
«Aux États-Unis, la santé est une grosse business. Au Canada, c’est un droit», a dit Mark Carney pendant son discours.
Pour elle, la ministre Chrystia Freeland avait l’expérience, notamment face à Donald Trump qui, selon elle, reste la principale menace actuelle pour le Canada. «Pierre Poilievre n’est pas l’homme pour cette situation», a-t-elle assuré.
Une idée mise en valeur par le nouveau chef dans son premier discours : «Pierre Poilievre laissera notre planète bruler. Ce n’est pas du leadeurship, mais de l’idéologie qui trahit les valeurs canadiennes. Contrairement à lui, j’ai travaillé dans le secteur privé […] cette connaissance est particulièrement utile maintenant, au moment où […] on construit de nouvelles relations», a déclaré l’ancien gouverneur de la Banque du Canada.
À gauche, Elaine Tracey. À droite, Rosemary Flood.
Elaine Tracey, une militante ontarienne, a voté pour Mark Carney. Elle n’a pas aimé la façon dont Chrystia Freeland a quitté le cabinet de Justin Trudeau et estime que le leadeurship libéral a besoin d’un nouveau visage. Elle a confiance dans l’expertise économique du nouveau chef.
«Je pense toujours que Trudeau pourrait faire la job, je le soutiens toujours. Mais je suis contente de voir Carney dans la course.»
Une autre militante ontarienne, Rosemary Flood, était venue soutenir Chrystia Freeland. D’après elle, l’ex-ministre était la bonne personne pour faire face à Pierre Poilievre, à Donald Trump et à Vladimir Poutine.
«Tous les candidats sont excellents, mais elle a de l’expérience comme ministre et elle a de l’expérience à l’international. […] Elle a un leadeurship horizontal et non vertical. Elle va consulter et elle pense à la base libérale, comme nous.»
Jean Chrétien a invité le prochain chef à recruter les premiers ministres des provinces et les dirigeants d’autres pays pour tenir tête à Donald Trump.
Dans son discours, le nouveau chef libéral a affirmé que si le Canada devient le 51e État américain, «il n’y aura jamais de droits à la langue française». «La joie de vivre, la culture et la langue française font partie de notre identité. Il faut les protéger, les promouvoir. On ne les échangera jamais contre n’importe quel accord commercial.»
En entrevue avec Francopresse, la députée libérale franco-ontarienne Marie-France Lalonde a confirmé son appui envers Mark Carney. «C’est la personne dont je crois que le Canada a besoin pour les semaines, les mois et les années à venir, dit-elle. En politique, des fois, c’est tout à propos du timing, du bon moment.»
Mark Carney n’a pas d’expérience à propos des dossiers des langues officielles, mais cela n’effraie par la députée, qui estime que le nouveau chef est «entouré d’excellents députés, membres du caucus et autres gens qui l’entourent dans son équipe».
Il comprend très bien l’enjeu du déclin du français, non seulement au Canada, mais aussi au Québec.
Rappelant qu’Ottawa vient de dépasser sa cible d’immigration francophone dans les communautés de langue minoritaire, elle ajoute que Mark Carney est au fait des enjeux concernant l’immigration francophone hors Québec.
«Il va falloir qu’il améliore son parler, c’est sûr […], mais quand je lui parle, il me parle en français et on se comprend très bien.»
À lire : Dépassement de la cible en immigration francophone : «On veut s’assurer des ressources»
Son collègue, le député libéral franco-ontarien Marc Serré, a lui aussi soutenu l’ancien banquier. En plus de l’expérience économique et de sa capacité à gérer la relation tumultueuse avec les États-Unis, il saura ramener le PLC au centre, estime-t-il.
Marc Serré soutient Mark Carney.
Dans le Nord de l’Ontario, où se trouve sa circonscription de Nickel Belt, les enjeux de foresterie, de minéraux critiques et de l’emploi sont cruciaux. Mark Carney, avec son expérience en économie, le rassure.
«Je pense qu’on a besoin de quelqu’un comme Mark Carney, qui a de l’expérience au niveau international avec l’Angleterre, évidemment la Banque du Canada, et aussi au niveau des Nations Unies, au niveau du changement climatique, mais relié à l’emploi, lié aux investissements verts, aller chercher des argents», explique le député.
La question de l’investissement sera particulièrement importante pour les communautés francophones en situation minoritaire, relève-t-il. C’est la prochaine étape maintenant que la Loi sur les langues officielles a été modernisée : investir.
Pour le postsecondaire francophone, il faut selon lui «des investissements au niveau de la recherche, du personnel, de la programmation».
«Les francophones n’ont pas le choix de cours. Alors, il y a un besoin d’une concertation avec les institutions. […] Ensuite, quels sont les défis, les lacunes, [où] le fédéral devrait-il aider? Sans oublier le rôle des provinces.»
Marc Serré serait content de voir Frank Baylis, Chrystia Freeland et Karina Gould dans le cabinet ministériel de Mark Carney.
À lire aussi : Course libérale : Frank Baylis évite le débat sur le déclin du français
Ariane Millette a grandi en tant que personne malentendante dans l’Est ontarien, un milieu où la majorité des échanges se faisaient en anglais. Comment a-t-elle vécu cette expérience? «Difficilement», répond-elle simplement.
Ariane Millette a écrit un roman pour expliquer le quotidien des personnes sourdes.
«Tout le monde parlait anglais autour de moi à Ottawa. Sauf ma famille. Même à l’école, durant les pauses, mes amis étaient bien plus à l’aise en anglais. Ils pouvaient facilement changer d’une langue à l’autre. Pas moi», raconte-t-elle par écrit.
Dépendante de sa mère pour les services en français, elle a mis des années avant de gagner de la confiance en elle et de réussir à interagir avec des anglophones.
Ce n’est pas l’écoute ou les cours qui l’ont aidée à devenir bilingue, mais bien la lecture. «Je me suis décidée à lire en anglais parce que je n’étais pas tentée d’attendre après la traduction française d’une série», confie-t-elle. Une immersion linguistique contrainte, mais nécessaire pour évoluer dans un environnement largement anglophone.
Si l’apprentissage de l’anglais était un défi, l’accès aux services dans sa langue maternelle en était un autre.
Rares étaient les activités sportives auxquelles mes parents m’inscrivaient qui avaient un entraineur parlant français.
Dépendre des indices visuels devenait alors sa stratégie d’adaptation.
À lire : Repenser une société juste pour les personnes handicapées ou malades (chronique)
Même dans la communauté sourde, être francophone apporte son lot d’obstacles supplémentaires.
En Ontario, la majorité des malentendants utilisent l’American Sign Language (ASL), car elle est liée à l’anglais, langue majoritaire de la province. «Il est donc beaucoup plus difficile de recevoir des services en LSQ [langue des signes québécoise, NDLR] ou de trouver des interprètes FR-LSQ», commente Ariane Millette.
Une réalité que le directeur général de l’Association des Sourds du Canada, Richard Belzile, confirme.
Dans un contexte minoritaire, le défi devient la pénurie d’interprètes en LSQ. Les employeurs ou les institutions qui disposent de budgets conséquents, comme les universités ou les hôpitaux, peuvent se permettre d’embaucher des interprètes, mais dans de nombreuses régions, l’offre est quasi inexistante.
Au-delà du manque de services, le problème réside aussi dans la formation des interprètes en milieu minoritaire.
«Que ce soit pour réussir économiquement, socialement ou même dans sa vie familiale, la communication est essentielle», souligne Richard Belzile.
«Former un interprète en LSQ prend des années», explique Richard Belzile. «Il faut être bilingue français-anglais, comprendre la culture sourde et celle des entendants, et savoir adapter le message pour le rendre accessible. Or, les budgets étant souvent limités, cela crée une barrière énorme pour les personnes sourdes qui souhaitent des services en français.»
Il cite l’exemple d’un malentendant francophone vivant dans une région où l’ASL domine. «La seule option, souvent, est d’apprendre la langue des signes de la majorité, l’ASL. Ce n’est pas impossible, mais cela demande un effort supplémentaire considérable.»
Le principal défi des personnes sourdes et malentendantes reste donc l’accès à la communication. «Que ce soit pour réussir économiquement, socialement ou même dans sa vie familiale, la communication est essentielle», souligne-t-il.
Or, si la Charte canadienne des droits et libertés interdit la discrimination fondée sur le handicap, certaines limites sont permises. Le directeur évoque le concept juridique de «préjudice injustifié», qui sert à déterminer quelles adaptations sont essentielles et lesquelles peuvent être ignorées si elles engendrent un cout ou une contrainte excessive pour une entreprise.
«Cela signifie qu’un petit commerce, par exemple, n’est pas tenu d’engager un interprète en LSQ ou ASL pour accueillir un client sourd», illustre-t-il.
À lire : Ottawa : Mieux comprendre la «culture sourde», selon le Théâtre Tremplin (Le Droit)
Carine Jacques Lafrance, directrice générale du Regroupement des parents et amis des enfants sourds et malentendants franco-ontariens (RESO), souligne que l’accès aux ressources éducatives en LSQ pour les enfants sourds francophones est insuffisant.
Selon Carine Jacques Lafrance, il est crucial de donner aux enfants sourds et malentendants les moyens d’accéder à une langue, dès le plus jeune âge, pour garantir leur épanouissement futur.
«Combien de services de garde en Ontario ont des éducateurs capables de communiquer en LSQ? Très, très peu», déplore-t-elle.
La surdité touche environ 700 à 1000 enfants francophones en Ontario, dont une centaine avec une surdité sévère ou profonde, rapporte-t-elle. Or, pour assurer un développement linguistique et cognitif équilibré, il est crucial que ces enfants aient accès à une langue visuelle dès le plus jeune âge.
«S’ils ne sont pas exposés à une langue visuelle avant l’âge de 6 ans, ils risquent une privation langagière qui aura des conséquences sur leur développement cognitif, social et affectif», alerte-t-elle.
Elle insiste sur la nécessité de former des professionnels capables de répondre aux besoins des enfants sourds et malentendants en milieu minoritaire.
Un roman pour sensibiliser
Ariane Millette est aussi autrice. Son roman, Déchiffrer la tempête, paru aux éditions Hurtubise en octobre 2024, plonge le lecteur dans la réalité des personnes malentendantes.
À travers ce récit, elle souhaite permettre aux lecteurs d’avoir une idée de ce que vivent les personnes sourdes et malentendantes. «Mon roman donne un aperçu littéralement visuel de la déformation de la parole qu’entend une personne malentendante, et ce, dès le prologue», indique-t-elle.
«J’entends par cela non seulement les barrières communicatives, mais aussi le parcours d’acceptation de sa différence, l’impact social sur l’individu et sur son entourage, les visites chez l’audiologiste et l’audioprothésiste», précise-t-elle.
À lire : Vers une revitalisation de la langue des signes inuite (Le Nunavoix)
La Française Jeanne Mance arrive à Ville-Marie (Montréal) en 1642 pour y établir une mission avec l’intention d’évangéliser et de sédentariser les Autochtones. Elle fonde un dispensaire qui devient un hôpital de huit lits, l’Hôtel-Dieu, en 1645. Pour soutenir les activités de l’hôpital, elle recrute en France des religieuses de Saint-Joseph.
Le Musée Pointe-à-Callière, à Montréal, est aménagé tout près du dispensaire ouvert par Jeanne Mance et possède une collection dédiée à celle-ci, dont une statue de cire.
Après le décès de Jeanne Mance (qui est laïque) en 1673, ces sœurs hospitalières poursuivent le travail. Elles fondèrent, plus tard, des hôpitaux en Ontario (Kingston, Windsor et Chatham) et au Nouveau-Brunswick (Tracadie, Campbellton et Saint-Basile).
Peu d’informations sont disponibles sur ses relations avec les Autochtones, outre le fait qu’elle ouvrait son dispensaire à «tous». Une lettre authentifiée en 2024 prouve cependant qu’elle était à Ville-Marie en pleines guerres franco-iroquoises, lorsque la Confédération cherchait à chasser la colonie française. Cette lettre implore Paul de Chomedey de Maisonneuve d’envoyer des soldats pour les repousser. Ce qui fut fait.
Jeanne Mance a fondé l’Hôtel-Dieu, mais a joué un rôle plus essentiel dans l’établissement de la colonie. Elle était de facto l’intendante, veillant à la gestion des finances et au recrutement de colons. Cependant, elle n’a pas été reconnue comme cofondatrice de Ville-Marie avant 2012 par la Ville de Montréal. Elle a aussi été intronisée au Temple de la renommée médicale canadienne en 2020.
Figure de la première période d’esclavage des personnes noires au Canada, Marie Marguerite Rose a passé 19 ans en servitude chez une élite coloniale de Louisbourg, à l’ile Royale (aujourd’hui le Cap-Breton).
Depuis une vingtaine d’années, Charlene Chassé incarne Marie Marguerite Rose au Lieu historique national de la Forteresse-de-Louisbourg.
Affranchie en 1755, elle épouse un Mi’kmaq et ouvre une taverne et une pension. Elle se hisse ainsi au rang de commerçante. Elle fait partie des trois seules femmes esclaves qui seront affranchies à l’ile Royale.
Capturée en Afrique de l’Ouest, aujourd’hui la Guinée, Marie Marguerite Rose arrive à l’ile Royale en 1736, à 19 ans environ. Elle y est vendue à un officier à Louisbourg; elle est renommée et baptisée. Dans la résidence de la famille Loppinot, elle est la principale domestique et elle veille à la cuisine et à l’entretien ménager.
Entre 1713 et 1758, au moins 268 personnes auraient été esclaves à Louisbourg. Selon l’historien Ken Donovan, l’ile Royale en comptait 125 en 1757, ce qui représentait 3 % de la population. Sous le Régime français, 1 375 personnes noires auraient été esclaves.
Marie Marguerite Rose a été reconnue comme personnage historique national du Canada en 2008 puisqu’elle aurait été une des premières femmes d’affaires noires au Canada.
Dorimène Desjardins s’implique activement dans la mise sur pied des caisses populaires. Son mari Alphonse, inspiré par un débat à la Chambre des Communes où il travaille comme sténographe, s’intéresse au crédit coopératif et imagine – avec elle – un pacte social.
Dorimène, Alphonse et leur fille Albertine devant le Parlement à Ottawa en 1913.
En 1900, 132 personnes signent ce pacte. Une caisse d’épargne et de crédit voit ainsi le jour dans le domicile de la famille Desjardins, à Lévis, au Québec.
Dorimène Desjardins travaille concrètement à la fondation des caisses. À une époque où les femmes n’avaient pas le droit d’ouvrir un compte bancaire sans le consentement de leur mari, elle gère les activités quotidiennes de la caisse et prend part à l’orientation et à l’expansion du mouvement.
Avant 1920, elle participe à la fondation de 187 caisses d’économie au Québec, 24 en Ontario et 9 aux États-Unis. Le mouvement coopératif prend racine, partout au pays. L’historienne Maude-Emmanuelle Lambert écrit que plusieurs de ces comptoirs sont établis dans des foyers et tenus par des femmes.
Le décès de son mari, en 1920, révèle l’important rôle de Dorimène Desjardins. «Elle aura été assurément l’une des femmes les plus au courant de la question économique considérée au point de vue social», peut-on lire dans L’Action catholique à son décès, en 1932.
Sa contribution, peu documentée, est reconnue de son vivant. Tombée ensuite dans l’ombre, Dorimène Desjardins est depuis passée à l’histoire comme cofondatrice du mouvement.
À lire : Le Mouvement Desjardins en Ontario : 100 ans d’histoire (L’Express.ca)
La Franco-Manitobaine Gabrielle Roy écrit son premier roman à Montréal, Bonheur d’occasion. Inspirée par des promenades à pied dans un quartier défavorisé, la romancière décrit dans son livre la misère de la ville, une première. Son œuvre obtient un succès populaire et critique instantané.
Gabrielle Roy, en 1946.
Gabrielle Roy est née en 1909 à Saint-Boniface, au Manitoba. Enseignante de jour, elle consacre ses temps libres au théâtre, au Cercle Molière. Cette passion la mène à Paris et à Londres, où elle étudie l’art dramatique. Elle s’installe à Montréal au tournant des années 1940 et y travaille comme journaliste.
Bonheur d’occasion vaut maints prix à Gabrielle Roy. Elle sera la première personne à recevoir la médaille de l’Académie des lettres du Québec. Elle devient ensuite la première Canadienne à remporter le prestigieux Prix Femina, un prix littéraire établi en 1904. Le Prix littéraire du Gouverneur général sera décerné à la version anglaise du roman, intitulé The Tin Flute.
On dit que Bonheur d’occasion a contribué à renouveler le roman au Québec et au Canada en y introduisant le réalisme urbain. N’empêche, le Manitoba constitue pour Gabrielle Roy «un réservoir de souvenirs et d’images ineffaçables», écrit le spécialiste François Ricard.
Gabrielle Roy demeure une figure dominante de la littérature contemporaine et est reconnue comme une grande auteure sur la condition humaine.
À lire : Trois autrices qui ont marqué la littérature (Chronique)
Jeanne Sauvé est la première femme désignée présidente de la Chambre des Communes, en 1980. Devant la Chambre, elle se montre ferme – elle doit veiller au maintien de l’ordre et du décorum – et impartiale. Mais dans les coulisses, elle revoit des pratiques inefficaces et allège la bureaucratie.
Jeanne Sauvé, gouverneur général, et son mari Maurice Sauvé, à Ottawa, en 1984.
Jeanne Sauvé est née en Saskatchewan en 1922 et a grandi à Ottawa. De retour au Canada après un séjour en Europe, elle mène une carrière de journaliste et de commentatrice politique pendant 20 ans.
Elle fait le saut en politique fédérale en 1972 en se faisant élire dans une circonscription du Grand Montréal. Elle devient la première femme francophone à entrer dans le Cabinet du gouvernement fédéral, notamment à titre de ministre de l’Environnement et aussi des Communications.
En 1984, elle est assermentée comme gouverneur général du Canada et devient la première femme à représenter la couronne britannique au Canada. C’est aussi à Jeanne Sauvé que l’on doit la première garderie sur la colline du Parlement.
Soulignons qu’en 1980, la présidence de la Chambre n’est pas choisie par la Chambre, comme c’est le cas depuis 1986. C’est plutôt le premier ministre qui propose une nomination à la Chambre.
Le 6 mars 2025, Parcs Canada a désigné Jeanne Sauvé comme une personne d’importance historique nationale.
Pour lire les articles complets : https://francopresse.ca/
Université d’Ottawa : Des lettres dénoncent un «démantèlement» de la francophonie à la Faculté de médecine
Un «climat hostile» envers les francophones à la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa
Rachel Bendayan : «Les langues officielles ont toute leur place»
Dépassement de la cible en immigration francophone : «On veut s’assurer des ressources»
Ces femmes francophones qui accouchent en anglais
Le retour de Damien et de Calamity Jane
La parité hommes-femmes en politique, encore loin du compte au Canada
Troubles physiques résultant d’agressions sexuelles, «douleurs physiques de longue durée», difficultés liées à la reproduction et aux menstruations : «Les problèmes spécifiques aux femmes sont invisibles», déclare une vétérane nommée Christine Wood dans un rapport d’étude du Comité permanent des anciens combattants.
«Il existe un énorme manque de connaissances sur la manière de soutenir les femmes, tant en matière de performance que de médecine et de soins de santé», appuie la chercheuse Chris Edwards, qui étudie les considérations sexospécifiques relatives à la performance et aux blessures chez les militaires et intervenants d’urgence, en entrevue avec Francopresse.
À lire aussi : Vétéranes de l’armée : un long chemin vers la reconnaissance
Malgré les lacunes qui persistent en santé féminine, Chris Edwards, qui a témoigné devant le Comité, remarque une évolution au sein des Forces armées canadiennes (FAC).
«L’“unisexe” est un mythe créé par la maitrise des couts, explique Rebecca Patterson. Dans le contexte militaire, si l’équipement te fait mal, tu es plus à risque d’être blessée.»
«Depuis le comité en fait, il y a eu une poussée d’efforts, observe-t-elle. Les [FAC] ont récemment fait leur premier entrainement avec un avatar féminin.» Avant cette année, les soins de santé étaient seulement pratiqués sur l’avatar d’un corps masculin.
«Si quelqu’un n’a pas été formé à retirer un soutien-gorge pour vérifier des blessures à la poitrine… dans ces moments [de haut stress], c’est la mémoire musculaire qui prend contrôle, explique Chris Edwards. Il faut donc répéter et répéter lors des entrainements. Comme ça, quand ça arrive pour de vrai, on le fait sans même y penser.»
Un autre exemple concerne les changements corporels liés à la périménopause et à la ménopause, pour lesquels il existe désormais des «guides très clairs». «C’est très important que nous regardions le sexe biologique quand on considère la santé», dit-elle.
«Du travail se fait», reconnait de son côté la vétérane et sénatrice Rebecca Patterson, notamment au niveau de l’accès aux culottes et produits menstruels. «Des appareils urinaires pour permettre aux femmes d’uriner debout lorsqu’elles sont sur le terrain ont aussi fait leur apparition dans les dernières années», ajoute-t-elle.
Le comité parlementaire a rapporté les témoignages de vétéranes ayant subi une ablation des seins afin de pouvoir porter l’uniforme militaire, conçu pour un corps typiquement masculin, confortablement.
La directrice de la branche «Santé des femmes et de la diversité» des FAC, Helen Wright, confie en entrevue avec Francopresse qu’elle et les collègues qu’elle a consultés n’avaient jamais entendu parler d’ablation des seins avant le rapport du comité.
Helen Wright estime que l’équité permet de considérer les spécificités des femmes. C’est le principe qui guide la branche qu’elle dirige, «Santé des femmes et de la diversité», au sein des FAC.
Selon elle, la décision d’effectuer cette modification corporelle résulte d’une réflexion plus «large» et «compliquée» qu’un uniforme mal adapté.
Pourtant, Le Droit rapportait il y a quelques semaines que certaines femmes qui travaillent actuellement au sein des FAC songent, encore aujourd’hui, à réduire la taille de leurs seins à cause de l’uniforme.
Helen Wright assure que de la recherche est présentement menée sur le remodelage d’uniformes, de la protection balistique, de sacs à dos spéciaux et sur la santé des femmes en général. Du personnel spécialisé en santé féminine a aussi été intégré aux FAC.
«Il demeure encore du travail à faire […] Mais je dirais qu’à partir du moment où on est assis devant un médecin ou autre professionnel de la santé, on reçoit le même niveau de qualité dans les soins, que l’on s’identifie comme une femme, un homme ou à une diversité de genre», assure Helen Wright.
À son avis, le problème n’est pas dans la qualité des soins, mais dans la manière dont le système est conçu. Par exemple, le dépistage du cancer du col de l’utérus peut s’avérer difficile quand on fait de longs séjours à l’étranger, car les rendez-vous de dépistage peuvent devoir attendre, illustre Helen Wright.
À lire ailleurs : DOULEURS AU SEIN DE L’ARMÉE | «Mon corps a dû être modifié» (Le Droit)
«La neutralité de genre exclut les femmes», a statué Rebecca Patterson devant le comité parlementaire. Pendant longtemps, cette neutralité résultait de la prédominance masculine au sein des FAC.
C’est ce qui faisait en sorte, par exemple, que les uniformes n’étaient pas adaptés au corps typiquement féminin, explique-t-elle en entrevue avec Francopresse. «Les femelles et les femmes ont des différences biologiques et sociales qui doivent être prises en compte.»
Aujourd’hui, la neutralité de genre a une tout autre signification.
Maya Eichler est professeure agrégée d’études politiques et d’études féminines. Elle est également directrice du Centre pour l’innovation sociale et l’engagement communautaire dans les affaires militaires à l’Université Mount Saint Vincent.
La chercheuse Maya Eichler a étudié le genre au sein des FAC. L’approche de neutralité de genre était au départ une manière d’éviter les politiques discriminatoires, explique-t-elle. «C’était plus comme une cécité au genre.»
Les enjeux spécifiques aux femmes étant ainsi ignorés, les choses ont changé, notamment par le financement de recherches sur la santé des femmes. Ce qui est encore plus nouveau, dit-elle, c’est l’ajout des questions de diversité de genre.
«Dans un sens, ça vient d’une bonne place parce qu’ils tentent d’être inclusifs, mais je crois aussi que c’est potentiellement problématique parce que c’est peut-être en train de réduire la visibilité des expériences distinctes des femmes.»
«Souvent, ils vont mettre les femmes, 2SLGBTQI+ et la diversité de genre, bref, tous ceux qui ne sont pas des hommes, dans un même panier. Je vois là une nouvelle façon par laquelle les femmes sont potentiellement invisibilisées, poursuit Maya Eichler. Il faut trouver un équilibre.»
Des vétéranes ont exprimé à Helen Wright une préoccupation similaire quant au titre de la branche «Santé des femmes et de la diversité» : «Certaines ne sont pas très contentes que l’on ait ajouté “diversité”, parce qu’elles pensent que ça retire de l’attention aux femmes.»
À son avis, il n’y a pas de risque d’invisibiliser les femmes, parce qu’il y a justement une emphase sur la diversité des besoins, y compris ceux des femmes. «Ce qu’est une femme au sein des FAC englobe en fait un large éventail d’individus. On ne peut pas séparer les autres éléments de l’identité de quelqu’un pour dire que c’est juste une femme.»
À lire aussi : Purge LGBT au Canada : en parler «pour ne pas que l’histoire se répète»