La pauvreté d’information et le désert médiatique se définissent par l’absence de médias qui couvrent les institutions communautaires ou la faible couverture journalistique des divers enjeux qui touchent une communauté ou une région.
Les institutions communautaires renvoient notamment aux conseils municipaux, aux conseils scolaires, aux établissements d’enseignement ou aux associations qui représentent divers intérêts pour les collectivités.
Les médias locaux rapportent bien sûr les changements d’horaire de la collecte des ordures, l’augmentation des impôts fonciers ou le changement de nom d’une école. Ce sont là des informations d’intérêt public qui ont une incidence directe sur le quotidien d’une collectivité.
Mais les médias locaux ont aussi un important rôle de chien de garde, un rôle trop souvent mésestimé. Ils surveillent les décisions et actions des institutions de proximité pour veiller à ce qu’elles s’acquittent en bonne et due forme de leur devoir de transparence et de leur obligation de rendre des comptes aux citoyens ou aux administrations gouvernementales.
C’est souvent grâce au travail de journalistes locaux que la population découvre, par exemple, que la personne à la tête de la municipalité a accordé un contrat faramineux à un membre de sa famille.
Sans la présence de journalistes sur le terrain, ce genre de situation peut passer sous silence et laisser une trop grande liberté d’action aux élus.
Moins de médias, moins de couverture journalistique
En tant que francophones vivant en contexte minoritaire, nous nous retrouvons souvent dans une zone de pauvreté de nouvelles ou dans un désert médiatique.
Pourquoi? Les médias francophones en milieu minoritaire sont moins nombreux que leurs contreparties anglophones. Aussi, ils ont souvent moins de ressources ; c’est une réalité avec laquelle même Radio-Canada doit composer.
Et, c’est un secret de Polichinelle que le francophone en contexte minoritaire est généralement bilingue et s’abreuve aussi d’informations en anglais.
La couverture des institutions locales est d’ailleurs souvent assurée par les médias anglophones, vu qu’ils sont plus nombreux. En revanche, la perspective journalistique francophone risque de passer sous le tapis.
Par exemple, s’il est question d’octroyer des fonds municipaux à une activité destinée aux francophones, il est probable que le journaliste d’un média anglophone ne traite pas de la nouvelle parce qu’elle ne s’adresse pas à la majorité de son lectorat. Voilà à quoi peut ressembler la pauvreté de nouvelles.
Comprenons-nous bien, ce n’est pas par manque de volonté de la part de votre journal ou de votre radio s’il y a des zones ou des thèmes qui ne sont pas couverts. Tout est une question de ressources humaines et financières.
Les journalistes locaux sont souvent des hommes-orchestres et des femmes-orchestres. En plus de produire des textes journalistiques – ce qui n’est déjà pas une mince affaire –, ils doivent souvent assumer d’autres tâches, comme la mise en ligne des articles, les publications dans les médias sociaux et la parution de l’infolettre.
Pour accomplir toutes ces tâches, les journalistes doivent parfois sacrifier la couverture de certains évènements. Après tout, il n’y a que 24 heures dans une journée… même pour les journalistes les plus dévoués.
Les citoyens font partie de la solution
L’une des clés du succès en journalisme est d’avoir un réseau de contacts. Ces personnes-ressources jouent souvent un rôle officiel auprès d’une institution. Elles permettent au journaliste de confirmer des informations ou de faire le point sur divers dossiers.
Cependant, dans le respect de leurs compétences, ces personnes livrent rarement des informations en dehors du discours officiel de l’institution qu’elles représentent.
C’est ici que la population entre en jeu. L’information ne se fait pas à sens unique, c’est-à-dire du média vers le citoyen. Le citoyen est un observateur important de l’actualité locale et prête mainforte aux journalistes.
Vous l’ignorez peut-être, mais vous êtes sans doute déjà une sentinelle de l’information locale.
Les journalistes n’ont souvent pas la possibilité de sillonner continuellement toute la région à laquelle ils s’adressent – surtout s’il s’agit d’une province ou d’un territoire en entier – et d’entretenir constamment leurs réseaux de contacts.
Parfois, ils doivent se rabattre sur les réseaux sociaux, comme les divers groupes Facebook, pour savoir ce qui se passe en dehors de leur zone de mobilité.
Il s’agit d’une façon de développer un réseau de contacts et de profiter de vos yeux et de vos oreilles pour savoir ce qui se passe dans votre coin du monde.
Mais l’engagement citoyen dans le monde de l’information peut aller encore plus loin. Vous pouvez prendre le téléphone, envoyer un courriel et communiquer directement avec les journalistes.
Étant des bêtes de nature curieuse, ils vont porter attention à ce que vous avez à raconter. Ils iront enquêter, poser des questions et finiront peut-être par écrire un article. Par un simple geste, vous aurez, à votre façon, participé à la vitalité de l’information locale.
Finalement, vous faites partie de la solution pour assurer la couverture journalistique en français.
Le 15 mars, Francopresse est devenu le premier partenaire francophone au Canada à obtenir la Marque Trust de l’organisme The Trust Project, un consortium international d’organismes de presse qui fait la promotion des normes de transparence en journalisme. L’objectif est de permettre au public de faire des choix éclairés en matière d’information.
En d’autres termes, les politiques d’information de Francopresse ont été évaluées par un comité de pairs confirmant que notre média respecte les huit indicateurs de confiance [en anglais seulement] établis comme des normes mondiales de transparence. Ces indicateurs permettent au public de savoir ce qui se trouve derrière un article d’actualité, une analyse ou une chronique.
Vous avez le droit de savoir
Nous avons tous vu apparaitre dans nos circuits, bien malgré nous, des informations non vérifiées, des nouvelles incomplètes ou encore mal interprétées, de la réappropriation de textes ou encore des nouvelles modifiées. À un point tel que même les lecteurs les plus aguerris peuvent se faire prendre au piège.
De manière générale, les journalistes respectent un code de déontologie et les politiques d’information de leur média. Ce qui, depuis fort longtemps, confirme leur engagement envers une offre d’information rigoureuse et de qualité. Mais, toutes ces mesures n’ont pas empêché la désinformation de prendre plus de place.
Il fallait donc prendre les grands moyens!
Vous avez le droit de savoir ce que vous lisez. Est-ce un publireportage, un article, une chronique? Vous avez aussi le droit de savoir ce que ces termes signifient. Vous avez le droit de savoir si vous avez affaire à du contenu d’opinion, du contenu commandité ou du contenu journalistique. Vous avez aussi le droit de savoir qui a écrit une nouvelle, pour quelles raisons un texte a été publié et quelle a été la démarche de production.
Pour lutter contre la désinformation, nous nous devons plus que jamais d’être transparents.
Ceci est un éditorial
Par exemple, en ce moment, vous lisez un éditorial, c’est-à-dire un contenu qui représente le point de vue de Francopresse. En cliquant sur la signature du texte, en haut à gauche, vous avez accès à mon profil où vous y trouverez notamment mon parcours professionnel et mes coordonnées. Depuis le 15 mars 2023, tous les contenus publiés sur Francopresse.ca contiennent ces marques de transparence conformément aux indicateurs de confiance de Trust Project. Pourquoi? Parce que vous avez le droit de savoir.
Partout dans le monde plus de 250 médias sont partenaires de Trust Projec. Ils se conforment aux huit indicateurs de confiance et appliquent la Marque Trust.
Tous les sites Web de ces médias contiennent aussi des balises numériques, reconnues notamment par Google, Facebook et Bing, permettant d’identifier des informations fiables provenant de médias dignes de confiance pour leurs utilisateurs. Ils participent ainsi à la lutte à la désinformation.
Et les journaux membres de Réseau.Presse dans tout ça?
Francopresse est unique. Il œuvre en complémentarité et en étroite collaboration avec un réseau de journaux locaux qui desservent les populations francophones en situation minoritaire dans huit provinces et trois territoires.
Malgré leur enracinement profond et leur proximité avec leurs communautés respectives, ces journaux ont fait face à l’adversité et ont dû déployer des efforts additionnels pour se faire reconnaitre comme des médias à part entière et non des courroies de transmission. En 2017, tous les journaux membres de Réseau.Presse ont unanimement adopté la Charte de la presse francophone en situation minoritaire. Un texte qui définit clairement les grands principes journalistiques qui les guident.
Cette charte a servi de levier afin que les membres de Réseau.Presse adoptent leur propre guide de déontologie et poursuivent leur développement. Le résultat a été concluant : ces journaux locaux jouent un rôle essentiel dans l’essor, la vitalité et l’évolution des communautés qu’ils desservent.
La participation de Francopresse au Trust Project s’inscrit dans cette même foulée. Elle permettra aux journaux membres de notre réseau qui le souhaitent de franchir une nouvelle étape vers une relation de confiance accrue avec leur lectorat.