le Jeudi 3 juillet 2025
le Jeudi 3 juillet 2025 15:00 Politique

Loi sur les langues officielles : Steven Guilbeault promet des règlements d’ici Noël

Pourquoi faire confiance à Francopresse.
Le ministre responsable des Langues officielles a surtout brossé un portrait positif des Langues officielles sous Justin Trudeau. — Flickr – Creative Commons Attribution 2.0 Generic
Le ministre responsable des Langues officielles a surtout brossé un portrait positif des Langues officielles sous Justin Trudeau.
Flickr – Creative Commons Attribution 2.0 Generic
ENTRETIEN – Le ministre responsable des Langues officielles, Steven Guilbeault, s’engage à déposer les règlements clés liés à la loi modernisée d’ici la fin de l’année. Il dresse aussi le bilan de l’ère Trudeau en matière de francophonie.
Loi sur les langues officielles : Steven Guilbeault promet des règlements d’ici Noël
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De retour à un portefeuille qu’il connait en partie pour avoir été ministre du Patrimoine canadien de novembre 2019 à octobre 2021, Steven Guilbeault a ensuite été ministre de l’Environnement et du Changement climatique de 2021 à 2024 sous Justin Trudeau.

Désormais ministre de l’Identité et de la Culture canadiennes, responsable des Langues officielles, il se dit «en apprentissage», mais promet d’agir rapidement.

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Francopresse : Bonjour M. le ministre. Comment vivez-vous le passage de l’Environnement à la Culture et aux Langues officielles?

Steven Guilbeault : Vous vous rappellerez probablement que lorsque j’ai été élu député la première fois en 2019, j’étais ministre de Patrimoine canadien [le ministère relève aujourd’hui du portefeuille intitulé «Identité et Culture canadiennes», NDRL], donc les arts, la culture, les langues autochtones; mais je n’avais pas les Langues officielles.

Il y a une partie du portefeuille que je connais et que j’apprécie beaucoup pour l’avoir fait une première fois pendant deux ans.

C’est vrai que les Langues officielles, c’est nouveau pour moi. Alors, j’apprends encore beaucoup et cette rencontre [des ministres de la francophonie, NDLR] à Yellowknife était très intéressante de ce point de vue-là, à la fois pour rencontrer mes homologues des provinces, des territoires, les intervenants et intervenantes, mais aussi pour me familiariser de plus en plus avec le dossier.

Les ministres responsables de la francophonie au Canada se sont réunis à Yellowknife, dans les Territoires du Nord-Ouest, les 26 et 27 juin 2025, pour notamment parler d’économie francophone.

À lire ailleurs : Le français, moteur économique : les ministres veulent passer à l’action (L’Aquilon)

Quand Mark Carney a formé son premier Cabinet, aucun portefeuille ne portait officiellement le titre de Langues officielles, ce qui a semé la confusion chez plusieurs francophones. Est-ce que cela témoigne d’un manque de considération pour les langues officielles et la francophonie en situation minoritaire, selon vous?

Non, je ne crois pas. Évidemment, j’avais la responsabilité des Langues officielles, mais je n’avais pas eu de titre [M. Guilbeault était alors ministre de la Culture et de l’Identité canadiennes, Parcs Canada, NDRL]. Ça a été corrigé en quelques semaines.

C’est vrai que les titres sont des symboles importants, mais ce qui est important, c’est ce qu’on fait.

— Steven Guilbeault, ministre de l’Identité et de la Culture canadiennes, responsable des Langues officielles

Et notre gouvernement [sous Justin Trudeau, NDLR] en a fait plus pour la modernisation de la loi et les langues officielles que n’importe quel autre, avec des investissements dans le Plan d’action historiques, qui vont atteindre 4,1 milliards au cours des prochaines années, et avec l’atteinte des cibles d’immigration francophones hors Québec.

On n’avait jamais réussi à atteindre 4 % et on a dépassé 6 % et on veut se rendre à 12 %. Ça, ça compte.

Je pense que ça démontre notre engagement profond envers la francophonie partout au pays.

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Trois règlements censés mettre en œuvre la nouvelle Loi sur les langues officielles sont encore en attente. Le plus attendu devrait inclure des clauses linguistiques dans les ententes entre le fédéral et les provinces et territoires. En tant que ministre, comment pouvez-vous garantir que ce type de clause figurera bien dans les règlements?

Beaucoup de gens attendent les règlements avec impatience et je tiens à [les] rassurer : ça ne va pas trainer encore très longtemps.

Il faut dire qu’entre la prorogation du Parlement, la course à la chefferie du Parti [libéral, NDRL], le fait d’avoir un nouveau chef; toutes ces choses-là ont ralenti le déploiement de ces règlements-là.

Nous avions une très courte période parlementaire pour pouvoir déposer ça, mais au retour [du Parlement, en septembre, NDLR], c’est un sujet sur lequel je vais avancer rapidement.

— Steven Guilbeault, ministre de l’Identité et de la Culture canadiennes, responsable des Langues officielles

Les symboles des titres de ministères sont «importants», mais ne font pas tout, rappelle Steven Guilbeaut, faisant référence à l’absence de portefeuille dédié aux Langues officielles lors du premier Cabinet de Mark Carney.

Inès Lombardo – Francopresse

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Allez-vous les déposer avant Noël?

Oui, absolument.

Est-ce que tous les règlements seront déposés ou allez-vous en prioriser?

Chaque dépôt de règlement s’accompagne d’une période de consultation de 30 jours. Si on les dépose tous les trois en même temps, ça veut dire une période de consultation de 30 jours, si on les dépose les uns à la suite de l’autre, ça veut dire quatre semaines de consultation [à chaque fois, NDLR].

Moi, j’ai entendu des intervenants dire : «On voudrait avoir plus de temps de consultation», et d’autres : «Non, déposez-les tous en même temps, on veut toutes les voir.»

Alors, on va continuer de discuter avec le milieu francophone au cours de l’été et d’essayer de trouver la meilleure façon de faire ça.

Le dernier rapport du commissaire aux langues officielles souligne que le Conseil du Trésor n’a jamais pleinement appliqué les recommandations visant à faire respecter les obligations en matière de langues officielles de dix 10 institutions fédérales. Comment travaillez-vous avec le Conseil pour vous assurer que ces exigences sont respectées?

Nous sommes en discussion avec le Conseil du Trésor pour nous assurer que les lacunes qui ont été identifiées par le passé par le commissaire et par les intervenants soient corrigées dans la nouvelle mesure. C’est certainement notre intention.

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Sur l’éducation, il y a des enfants francophones qui font cours dans des salles de classe préfabriquées, notamment en Colombie-Britannique. Comment le gouvernement fédéral peut-il faire en sorte d’éviter de telles situations?

Vous soulignez un problème qui est important, mais qui ne concerne pas seulement les élèves qui sont dans les cours de français ou dans les communautés francophones en situation minoritaire.

Dans les écoles francophones au Québec, il y a beaucoup d’enfants qui sont dans des classes préfabriquées, il y a des manques d’espace. Alors, il y a des besoins d’investissement important dans le secteur de l’éducation.

Est-ce que le gouvernement fédéral peut faire mieux en matière d’entente fédérale, provinciale, territoriale pour s’assurer que les fonds qui sont destinés à certaines choses aillent vraiment là où les ententes le prévoient? Je pense que oui.

— Steven Guilbeault, ministre de l’Identité et de la Culture canadiennes, responsable des Langues officielles

Si vous regardez le renouvèlement de l’entente sur la santé par exemple, que le gouvernement précédent a fait, il y a eu des exigences sur la nécessité de communiquer un certain nombre d’informations sur l’utilisation des fonds.

Je pense que par le passé, ça ne se faisait pas toujours. On va devoir être plus vigilants sur cette question-là.

Les propos ont été réorganisés pour des raisons de longueur et de clarté.

Type: Actualités

Actualités: Contenu fondé sur des faits, soit observés et vérifiés de première main par le ou la journaliste, soit rapportés et vérifiés par des sources bien informées.

Ottawa

Inès Lombardo

Correspondante parlementaire

Adresse électronique: