Au début du mois de décembre, le campus d’Edmundston (UMCE) de l’Université de Moncton a remis à 65 étudiants étrangers fraichement débarqués au Nouveau-Brunswick une attestation de réussite pour des ateliers sur l’apprentissage de la vie canadienne.
Le programme offre notamment une initiation aux réalités administratives de leur nouveau milieu de vie, mais aussi des conseils praticopratiques sur la santé et le bienêtre.
«On a un atelier sur l’entretien du logement où on présente quels produits on peut trouver en magasin, développe Natacha Sirois, directrice des services à la vie étudiante et du recrutement à l’UMCE. Dans d’autres, on leur explique comment on s’habille pour l’hiver, comment fonctionne le système bancaire canadien ou encore quels sont les aliments dans les épiceries.»
Elle a noté que «souvent, les étudiants sont déboussolés, cherchent des produits qui n’existent pas ou [qui existent] sous une autre forme.»
D’autres cours offerts dans le programme se rapportent à la culture acadienne et aux peuples autochtones «Les étudiants étrangers ont souvent une image des Autochtones qui diffère la réalité, qui tombe dans la caricature. C’est important de les sensibiliser pour qu’ils aient une vision plus réaliste», considère-t-elle.
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Une formation «absolument essentielle»
Cette année, 65 étudiants ont obtenu leur attestation de réussite du programme. «À la remise des diplômes, les étudiants sont venus témoigner de ce qu’ils avaient appris, relate Natacha Sirois. Chacun a donné une appréciation. Pour eux, c’est une formation utile qui leur donne un très gros coup de pouce.»
Elle considère que cette formation est «absolument essentielle» pour attirer davantage d’étudiants étrangers. «La prochaine étape serait de former l’ensemble du personnel de l’université sur les perspectives des étudiants internationaux, mais qu’il est possible d’aller encore plus loin pour les aider à se sentir bien au Canada. Que les étudiants prennent la parole et expliquent ce qu’est la réalité d’une salle de classe dans leur pays. Le fardeau de l’adaptation ne doit pas être uniquement sur l’arrivant.»
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L’intégration communautaire, enjeu majeur
Ailleurs au pays, des centres francophones et d’accueil des nouveaux arrivants ont aussi mis sur pied des programmes similaires.
Diana Romero est agente de projets en immigration à l’Association franco-yukonnaise (AFY) : «On fait de l’aiguillage, on donne des pistes pour que les arrivants trouvent l’information pour le logement, la banque, les démarches administratives.» L’organisme offre notamment du tutorat aux immigrants francophones afin de les aider à maitriser l’anglais.
Il y a aussi des services d’accueil aux immigrants aux Territoires du Nord-Ouest, où le Centre interculturel a vu le jour en 2020. «On a deux personnes qui s’occupent du projet “Connexion communautaire” pour permettre aux nouveaux arrivants de tisser des liens dans leur communauté», précise Marie-Pierre Poirier, coordonnatrice du Centre interculturel TNO.
Elle ajoute que le Centre leur propose aussi «des activités à saveur nordique pour leur permettre d’en savoir un peu plus sur leur nouvelle culture, comme la chasse aux aurores boréales, la pêche sur glace ou encore la cueillette de baies.»
«La plupart des nouveaux arrivants ne savent même pas qu’il y a une communauté francophone, et c’est un souci», témoigne de son côté Till Kohlen, agent d’accueil au parcours francophone au Service d’accueil et d’inclusion francophone de la Saskatchewan (SAIF-SK).
Son travail est justement de faire connaitre son service et les activités qu’il propose, comme le programme de bénévolat qui permet aux organisations francophones de la province d’obtenir un coup de main.
«C’est gagnant-gagnant, assure-t-il. Pour le nouvel arrivant, c’est la possibilité de gagner un peu d’expérience dans le milieu du travail, et on lui fournit un certificat qui atteste du bénévolat.» Il ajoute qu’un cours sur la francophonie en Saskatchewan va voir le jour en 2023.
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Vivre en environnement chaleureux pour faire grandir la communauté
Les organismes d’accueil des nouveaux arrivants ont tous un objectif clair avoué : l’installation à long terme de ces gens dans la communauté.
«Je pense que la rétention était l’une des motivations derrière la création du Centre interculturel, reconnait Marie-Pierre Poirier. Parce que les Territoires du Nord-Ouest – et le Nord en général – est un territoire très transitoire. Si on est capable de guider les gens dans leur nouvelle communauté, de les aider à vraiment s’installer et à tisser des liens, je pense que les chances qu’ils restent sont quand même plus hautes.»
«Le fil conducteur est le processus d’immigration, ajoute Natacha Sirois au Nouveau-Brunswick. Ce n’est pas la majorité des étudiants qui restent ici ensuite. On veut essayer de les garder au Nouveau-Brunswick, de les outiller face aux réalités provinciales, car les grands centres, comme Montréal, sont très attractifs.»