«Ce texte permet de s’assurer que les francophones en situation minoritaires restent dans la mire des grandes institutions et il nous permet aussi de pouvoir aider les organismes comme l’ONF [Office national du film du Canada NDRL] ou Téléfilm Canada à atteindre leurs mandats de soutien aux artistes», a déclaré la présidente de la Fédération culturelle canadienne-française (FCCF), Nancy Juneau, lors de la signature officielle pour le renouvèlement de l’entente, le 31 octobre, au Centre national des Arts, à Ottawa.
Les organismes signataires, qui comprennent également le Conseil des arts du Canada, s’engagent à mettre en valeur la culture et les arts francophones partout au pays, à accroitre la visibilité des communautés artistiques minoritaires et à lever les obstacles qui entravent leur accès aux programmes de soutien et de financements.
«On a besoin des [partenaires rassemblés aujourd’hui] pour se faire découvrir en tant que francophones et francophiles, pour célébrer nos racines, mais aussi notre avenir», a souligné le ministre fédéral de l’Emploi, du Développement de la main-d’œuvre et des Langues officielles, Randy Boissonnault.
Pour le rapeur franco-ontarien Yao, présent pour l’annonce, les bienfaits de cette entente sont tangibles. «Nous avons besoin que les gros joueurs comme le gouvernement, mais aussi Radio-Canada, le Centre national des Arts et les autres soient engagés pour nous permettre de mieux rayonner.»
«On voit l’impact de l’entente quand on constate qu’on nous donne de plus en plus la place dans la programmation ou la couverture des évènements culturels, on se fait interviewer, on est écoutés, soutenus.»
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Un nouveau cadre législatif
L’entente a été renouvelée dans le cadre du Plan d’action pour les langues officielles 2023-2028, qui prévoit 4,1 milliards de dollars pour appuyer le développement des communautés de langues officielles minoritaires.
Elle s’inscrit également dans le sillon du nouveau cadre législatif de la Loi sur les langues officielles, modernisée en 2023, qui définit les arts et la culture comme des piliers fondamentaux à l’épanouissement des communautés francophones au pays. Des piliers que le gouvernement a maintenant le devoir d’appuyer par des mesures positives concrètes.
La FCCF espère que ce contexte permettra, entre autres, d’établir prochainement un meilleur portrait du travail déjà effectué dans le domaine. «Nous nous sommes entendus sur l’importance des données pour documenter les progrès qu’on a réalisés ces 20 dernières années et mieux comprendre les besoins», précise Nancy Juneau.
Aucun financement n’est rattaché directement à la nouvelle mouture. «Le financement arrive aux organismes par d’autres entremises. […] En ce qui concerne les organismes d’Art et Culture, ce financement vient directement de Patrimoine Canada et il y a toujours des enveloppes auxquelles les organismes peuvent avoir accès via des demandes ponctuelles à mon bureau», a expliqué le ministre.
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Encore des défis d’accessibilité
Les intervenants réunis le 31 octobre ont tous relevé les difficultés auxquelles le milieu est confronté à l’ère du numérique. Internet est désormais la première destination du grand public pour la consommation de contenus culturels, dont on estime que «seuls 5 % sont en français».
La FCCF soulève par ailleurs que certains partenaires ne sont toujours pas autour de la table, comme les acteurs du domaine des affaires. «Le secteur des arts comporte un volet d’industrie qui opère comme n’importe quelle autre industrie, mais pour qui les programmes de financement et développement économiques ne sont pas vraiment adaptés», a indiqué Nancy Juneau.
Les provinces sont également, pour le moment, absentes de l’Entente de collaboration. À noter cependant qu’en aout 2024, la directrice générale de la FCCF, Marie-Christine Morin, a été pour la première fois conviée à la conférence des ministres provinciaux responsables de la francophonie à Halifax, afin d’expliquer l’importance de l’investissement et de la promotion des arts en français au Canada.
«Les ministres ont nommé un appétit pour un possible projet national dans le domaine. C’est un chantier très récent, en discussion, mais c’est excitant», relate la directrice de la stratégie et des relations gouvernementales de la FCCF, Marion Henrie-Cadieux.
En revanche, les programmes de soutien aux minorités francophones ne sont pas immuables face aux aléas de la politique.