le Mercredi 14 mai 2025
le Mardi 25 février 2025 6:30 Politique

Course libérale : un débat en français qui parle peu du français

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Les candidats à la chefferie du Parti libéral du Canada (de g. à d.) : Mark Carney,, Chrystia Freeland, Karina Gould et Frank Baylis se sont affrontés en français lors du débat tenu à Montréal, le 24 février.  — Photo : Marianne Dépelteau – Francopresse
Les candidats à la chefferie du Parti libéral du Canada (de g. à d.) : Mark Carney,, Chrystia Freeland, Karina Gould et Frank Baylis se sont affrontés en français lors du débat tenu à Montréal, le 24 février.
Photo : Marianne Dépelteau – Francopresse
FRANCOPRESSE – Il a été très peu question des francophones hors Québec pendant le débat en français pour la course à la direction du Parti libéral. Plusieurs questions du modérateur, Pierre Jobin, étaient centrées sur le Québec. Les enjeux concernant les langues minoritaires et les Autochtones ont été mis de l’avant par les candidates et les candidats.
Course libérale : un débat en français qui parle peu du français
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La première mention des francophones en situation minoritaire a été faite après plus d’une heure de débat. La candidate Karina Gould a rappelé que les francophones en milieu minoritaire avaient aussi des besoins en matière d’accès aux soins de santé.

Karina Gould a affirmé que l’on peut bien représenter les intérêts francophones, peu importe son niveau de français. 

Photo : Marianne Dépelteau – Francopresse

Elle a suggéré que le fédéral utilise les transferts aux provinces pour améliorer les services. «C’est la responsabilité des provinces de distribuer cet argent de manière responsable. À mon avis, on a dépensé trop d’argent sans avoir de résultats. […] Les provinces et territoires doivent être honnêtes avec les gens.»

«Il y a un recul du français au Québec et partout au Canada», a reconnu l’ancienne ministre des Finances, Chrystia Freeland. «Je pense que tous les Canadiens comprennent que Trump menace notre pays, notre économie, mais il menace aussi notre identité. Ça inclut notre identité bilingue, ça inclut la langue française.»

Frank Baylis, qui a été député du Parti libéral du Canada (PLC) de 2015 à 2019, a aussi rappelé qu’il y a de «grands défis pour la langue française, ici au Québec», sans mentionner la francophonie en situation minoritaire.

La qualité du français de Mark Carney était une des grandes inconnues avant le débat. Il n’a pas accordé beaucoup d’entrevues en français. Il a fait quelques erreurs, comme «nous sommes d’accord avec Hamas». Une bévue corrigée rapidement par ses collègues, mais reprise en quelques minutes sur les réseaux sociaux par les conservateurs. 

Non seulement les défis des francophones hors Québec ont été très peu abordés, mais il n’y a eu presque aucune question sur les enjeux autochtones. Encore là, Karina Gould a été une des premières à les mentionner. Elle a rappelé que 16 des 60 milliards de dollars du déficit annoncé dans la mise à jour économique de décembre étaient mis de côté pour les réclamations à venir des Autochtones.

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Chrystia Freeland promet de prioriser les garderies francophones dans son plan pour ajouter 100 000 places. 

Photo : Marianne Dépelteau – Francopresse

Une promesse pour les garderies francophones

Pendant le débat, Chrystia Freeland a indiqué avoir un plan pour ajouter 100 000 places dans les garderies partout au Canada.

En mêlée de presse après le débat, l’ex-ministre a promis qu’elle prioriserait les places pour les francophones à l’extérieur du Québec et au Québec. «J’étais la ministre des Finances qui a créé pour la première fois un système national de garderies», a-t-elle rappelé. «Le français est plus que jamais important. La langue commence dans les garderies.»

À lire : Pénurie de garderies francophones : 4 enfants sur 5 sans place en français

Immigration

Rappelant la crise du logement dans laquelle est plongé le Canada, Mark Carney a promis d’instaurer un plafond sur l’immigration de manière générale et de construire «des millions et des millions» de logements afin de rétablir l’équilibre.

Chrystia Freeland a aussi parlé du lien entre immigration et logement, promettant un «équilibre qui sera bon pour les immigrants, pour l’économie».

Frank Baylis (à droite) veut ramener une «discipline budgétaire» à Ottawa, mais assure que cela n’aura pas d’incidence sur les transferts aux provinces pour les francophones. 

Photo : Marianne Dépelteau – Francopresse

Karina Gould a décidé de critiquer son propre gouvernement, en indiquant que celui-ci a eu des cibles «trop ambitieuses» ces dernières années. Elle a aussi rappelé qu’il y a eu beaucoup d’immigration temporaire sous le règne de Justin Trudeau et s’est engagée à consulter les provinces à propos de leurs capacités d’absorption.

Frank Baylis a également parlé des capacités d’accueil, évoquant entre autres l’absorption par les systèmes de santé, de garde et d’éducation du Québec. 

L’immigration francophone hors Québec n’a pas fait partie des sujets.

L’ombre Trump

L’ombre du président américain plane sur la course depuis son inauguration dans ce poste. Les quatre candidats et candidates sont d’accord que le Canada doit garder des cartes dans sa manche pour d’éventuelles négociations. Par contre, l’eau, la culture et la gestion de l’offre des agriculteurs doivent être protégées.

Pour ce qui est de la façon dont ils transigeraient avec Donald Trump, les réponses ont varié. 

Frank Baylis avance pouvoir prédire les actions de Trump. Ce qu’il dit avoir fait dans une lettre publiée dans les journaux, une journée avant l’inauguration, où il affirmait que le président s’attaquerait à l’acier en premier. Ce qui est sur le point de se réaliser.

Chrystia Freeland a rappelé que ce n’était pas son premier affrontement avec Donald Trump. «Je l’ai déjà fait. En bout de ligne, on a eu un meilleur accord» de libre-échange, affirme-t-elle. 

Par contre, Mark Carney rappelle que «ce n’est pas le même qu’avant».

Il est plus unilatéraliste, plus isolationniste, plus agressif. Il faut se concentrer sur les choses que l’on peut contrôler. Il faut renforcer notre économie.

— Mark Carney

En se disant d’accord avec la réponse de Mark Carney, Karina Gould précise que le président respecte la force, et qu’il faudra faire la preuve que le Canada est fort.

À lire aussi : Course libérale : Frank Baylis évite le débat sur le déclin du français

Mark. Carney a été gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre. 

Photo : Marianne Dépelteau – Francopresse

Déclenchement d’élection

Aucun candidat n’a voulu donner une date précise pour le déclenchement d’une élection fédérale après que la nouvelle personne à la tête du parti ait été choisie. Pour les quatre, ce serait imprudent de prendre une décision maintenant, sans connaitre où en seront les menaces de tarifs douaniers du président des États-Unis, qui pourraient être imposés le 4 mars.

Pour Mark Carney, «il ne faut pas prendre de décision avant que ce soit nécessaire».

Chrystia Freeland a souligné qu’elle avait déjà un siège dans la Chambre des communes : «Je ferai mon choix [d’aller en élection] sans me baser sur les sondages, juste sur l’intérêt national».

La prochaine personne qui dirigera le PLC sera choisie le 9 mars et deviendra, au même moment, premier ou première ministre du Canada. 

Un débat en anglais aura lieu le 25 février, à Montréal. 

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Type: Actualités

Actualités: Contenu fondé sur des faits, soit observés et vérifiés de première main par le ou la journaliste, soit rapportés et vérifiés par des sources bien informées.

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