Pour ses vingt ans de carrière solo, Joseph Edgar nous propose un 15e opus éponyme. Au cours de ces deux dernières décennies, l’auteur-compositeur-interprète acadien n’a cessé de nous séduire à chaque album, avec une plume personnelle et un accent chaleureux.
Pochette de l’album Joseph Edgar. Photo : josephedgar.ca
Cette fois, il nous présente un album aux accents folks modernes, coréalisé avec Benoit Bouchard. Le duo nous offre des orchestrations solides et profondes tout au long du disque.
Les prestations vocales de Joseph Edgar sont justes et attendrissantes, créant parfois des moments d’intimité très touchants.
Certaines chansons me rappellent l’univers d’un certain Chris Isaak. «Année après année», un crescendo qui nous berce tendrement, est suivi de «Hang On (Rester là)», un folk pop accrocheur accompagné de l’un des plus beaux textes de l’album. «Les Golden Hours» est un autre succès potentiel.
Un autre extrait radio à surveiller est «Le Heavy Side of Love». Le texte de l’album nous est livré dans les deux langues officielles du pays. C’est le genre de chanson que l’on écoute en boucle. «Juste comme ça» est une autre pièce qui se démarque bien, avec un excellent texte et une voix en plein contrôle.
Joseph Edgar revient avec des textes magnifiques, chantés d’une voix intense. L’artiste acadien a su prendre le temps nécessaire pour livrer un produit magnifique, qui rend justice à son talent.
À la fin du mois d’avril, Reney Ray, autrice-compositrice-interprète de Kapuskasing en Ontario, nous présentait Temporaire, son 4e opus. Cet album, dont elle signe la réalisation, est un effort plus personnel que ses premiers disques.
Pochette de l’album Temporaire.
Dès les premières notes d’«Adam», elle nous propose une trame blues, qui trace la ligne narratrice de cette création. L’artiste franco-ontarienne nous livre ses blessures les plus profondes et sa quête de spiritualité et de paix intérieure. Avec «Cobaye» et «J’t’aime pareil», elle nous dévoile son besoin de tendresse et son mal d’amour.
Elle nous surprend également avec la pièce «Backstab», un duo au style inattendu avec l’artiste David Jalbert. La prière «Oh My Lord» est un autre duo surprenant avec Day Vee. Dans la même veine, on trouve également «Powerful».
Reney Ray termine ce 4e album avec la chanson la plus profonde de toute sa carrière. Dans «T’as grandi», l’artiste se livre dans toute sa vulnérabilité et sa fierté. La trame piano-voix rend cette pièce extrêmement intense et saura venir toucher le cœur des parents.
Ce nouvel opus offre des trames profondes et une certaine recherche de spiritualité au niveau des textes. La Franco-Ontarienne réussit à nous interpeler tout au long du disque avec sa voix un peu rauque et réconfortante.
À l’automne 2019, une belle voix chaude du passé nous revenait, comme celle d’un bon vieux chum. Une voix chaleureuse qui avait bercé notre jeunesse et qui, encore une fois, venait nous séduire avec des mélodies captivantes. Avec Comme un engin, Michel Lalonde, ex-Garolou, revenait nous partager le fruit de ses dernières créations.
Pochette de l’album Comme un engin.
Dès les deux premières pièces, on y retrouve cette chaleur humaine, cette tendresse qui nous berce avec «J’suis fait comme ça» et «Tout ce qu’on avait». Cette dernière est une adaptation francophone d’une chanson de John Prine, qui met en scène la voix de Patricia Richard au niveau des chœurs.
«Marilou» est une autre excellente pièce country folk où la charmante voix de Caroline Bernard vient appuyer celle de Michel Lalonde.
Deux de mes titres préférés me rappellent des univers folks americana classique. «Cap sur l’amour», sur une trame à la Gordon Lightfoot, est le plus beau texte de l’album. Une partition de violon nous dresse une toile de fond nostalgique, alors que le texte respire la tendresse.
«C’est toujours toi» est une autre belle mélodie folk à la Eagles, avec une touche de nostalgie qui vient doucement nous bercer.
Sur cet opus, Michel Lalonde nous offre aussi un p’tit clin d’œil à son époque Garolou avec une belle version de «Joli cœur de rosier».
Je termine par une mention spéciale pour la pièce-titre, «Comme un engin», une road song au texte engagé, très puissante et actuelle.
Marc Lalonde, dit Lalonde des ondes, est chroniqueur musical depuis plus de 25 ans au sein de la francophonie musicale canadienne et animateur de l’émission radiophonique Can-Rock. Il se fait un malin plaisir de partager cette richesse dans 16 stations de radio à travers le pays chaque semaine.
Les électeurs touchés par les inégalités intergénérationnelles sont très courtisés à la fois par les libéraux et par leurs adversaires. Si les libéraux n’ont pas la faveur des électeurs âgés de 30 ans et plus, quelques électeurs âgés de 18-29 ans semblent ouverts à leur message.
Justin Trudeau tente notamment de rebâtir son image pour regagner les appuis des plus jeunes électeurs de plus en plus nombreux – surtout les locataires âgés de 18-29 ans. Il est trop tôt pour savoir si ses efforts porteront fruit.
Les Canadiens sont plutôt divisés sur l’augmentation du taux d’imposition sur le gain en capital – une mesure phare du budget fédéral de 2024. D’un côté, des sondages de la firme Abacus suggèrent que les libéraux regagnent des appuis chez les jeunes de moins de 30 ans, et un autre souligne que plus de jeunes – comparé aux autres groupes d’âge – disent que le budget a amélioré leur perception du gouvernement. D’un autre côté, un sondage réalisé par la firme Léger suggère que les libéraux sont au troisième rang avec seulement 14 % des intentions de vote chez les électeurs de 18-34 ans.
Chez les électeurs dans la trentaine et la quarantaine, les conservateurs de Pierre Poilievre conservent tout de même une longueur d’avance encore très importante selon ces mêmes sondages.
Comme solution à la crise du logement et à la question de l’abordabilité du cout de la vie, le premier ministre tente de taxer davantage ceux qu’il considère être «les riches» pour financer (indirectement) la construction de logements abordables pour les jeunes et les familles de la classe moyenne.
La crise du logement au Canada n’a pas été causé par un seul évènement ou un seul facteur.
Rappelons que la crise du logement au Canada est causée par plusieurs facteurs. Il y a entre autres la planification urbaine, les taux d’intérêt à leur plus bas jusqu’en 2022, la pénurie de main-d’œuvre spécialisée dans la construction, et les politiques de Justin Trudeau, telles que l’augmentation des niveaux d’immigration permanente et temporaire.
Cette dernière politique a rapidement fait augmenter le nombre de nouveaux arrivants, rendant ainsi la vie peu abordable pour bon nombre d’immigrants eux-mêmes ainsi que pour bien d’autres Canadiens.
Une portée difficile à cerner
Justin Trudeau propose de faire passer le taux d’inclusion de l’impôt sur les gains en capital de 50 % à 66,67 % pour des gains de plus de 250 000 $ réalisés par un particulier dans une même année.
Pour les entreprises, l’augmentation touchera en principe tous les gains en capital, même ceux qui permettraient de réinvestir dans la création d’emplois. Il va falloir attendre le texte du projet de loi du Parti libéral pour voir s’il y aura des exceptions.
Justin Trudeau prétend que seulement les contribuables les plus riches seront touchés par la mesure annoncée dans le budget. Il passe sous silence que l’augmentation aura des répercussions sur beaucoup d’ainés qui misaient sur la vente d’un édifice à revenus ou d’actions achetées il y a 30 ans pour financer leur retraite.
Les chiffres qu’il utilise pour faire valoir que peu de contribuables seront affectés sont réfutés par des économistes. Les données du gouvernement soulignent aussi que 300 000 entreprises qui déclarent des gains en capital qui seront touchées par cette nouvelle mesure. Les entrepreneurs auront moins intérêt à investir dans de nouveaux projets et moins de capitaux pour le faire.
Le gouvernement offre un «nouvel incitatif aux entrepreneurs canadiens» pour limiter l’incidence sur les plus petits entrepreneurs. Cependant, les statistiques citées par le gouvernement sont celles des impôts d’une seule année. Ils ne prennent pas en compte les gains en capital qui n’ont pas encore été réalisés par les particuliers et les entreprises et qui seraient assujettis au taux d’inclusion supérieur quand les actifs imposables seront éventuellement vendus.
À lire : Budget 2024 : les riches paieront les nouvelles dépenses d’Ottawa
Les conservateurs coincés?
Plusieurs regroupements de gens d’affaires et des analystes économiques critiquent l’augmentation du taux d’imposition du gain en capital.
En temps normal, on pourrait croire que les conservateurs se porteraient plus à la défense des ainés et des créateurs de richesse. En 1999, nul autre que Pierre Poilievre disait favoriser l’abolition de l’impôt sur les gains en capital. Cependant, en tant que chef du parti, il fait appel aux travailleurs et aux jeunes dans ses messages politiques, plus qu’aux investisseurs dans un contexte où les inégalités de richesse augmentent.
Pierre Poilievre tente de maintenir une image de «Robin des Bois», qui est peu compatible avec la défense des «riches» investisseurs. Il s’abstient de commenter définitivement la mesure, mais il devra se prononcer quand le projet de loi sera déposé, si ce n’est pas avant.
Les conservateurs attendent probablement un changement de narratif ou d’opinion dans le débat public avant de s’avancer. Ou encore l’émergence d’autres détails concernant la portée et l’incidence des mesures, le texte du projet de loi ou même les résultats de sondages.
Comme tous les autres partis politiques, ils tentent d’éviter tout ce qui pourrait contredire ce qui est au cœur de l’image de leur chef. L’intégrité de l’image, voire sa simplicité, est valorisée en communication politique.
Prendre position contre la mesure risquerait d’être difficile à expliquer sans ternir l’image des nouveaux conservateurs, qui favorisent les jeunes travailleurs, et rappeler une image moins flatteuse, même mythique, des vieux riches conservateurs d’antan.
La ministre des Finances, Chrystia Freeland, n’a pas inclus le nouveau taux d’inclusion de l’impôt sur les gains en capital dans le projet de loi budgétaire.
La ministre des Finances, Chrystia Freeland, n’a pas inclus le nouveau taux d’inclusion de l’impôt sur les gains en capital dans le projet de loi budgétaire. Il fera plutôt l’objet d’un autre projet de loi séparé qui sera présenté avant l’été. Cette stratégie protègera les autres mesures budgétaires et assurera leur adoption plus rapide.
La tactique permet aussi au gouvernement d’attirer plus d’attention sur la difficile prise de position de M. Poilievre. Si sa réponse semble nuire à son image, les libéraux n’hésiteront pas à prolonger le débat public.
Est-ce qu’un éventuel gouvernement conservateur renverserait la mesure? Il est assez difficile pour les gouvernements de se priver de revenus qu’ils ont l’habitude de recevoir. La dépendance à ces revenus peut se développer assez rapidement.
Le gouvernement libéral du premier ministre Jean Chrétien a maintenu la TPS du gouvernement progressiste-conservateur précédent, malgré la promesse de l’abolir.
Chez les conservateurs actuels, plusieurs favorisent une simplification des lois concernant les impôts et les taxes. Dans l’éventualité d’un gouvernement majoritaire, ils pourraient aborder la question dans ce contexte, si la volonté ainsi que les conditions politiques et économiques sont réunies.
Au cours des prochaines semaines, on verra si la tendance permet aux libéraux de confirmer la sagesse de leur mesure – et à Pierre Poilievre de se prononcer davantage sur le sujet.
Carl Dholandas est conseiller en politiques publiques et en communication stratégique. Avocat-conseil en droit public et en droit des affaires, il a occupé des postes exécutifs aux ministères des Finances, de l’Industrie, de la Justice, de l’Immigration et des Affaires mondiales.
Ce déclin se trouve encore une fois confirmé par la publication d’un «tableau de bord» que vient de mettre en ligne l’agence statistique pour nous permettre de visualiser les tendances linguistiques sur plusieurs décennies.
Il ne s’agit pas de nouvelles données, mais plutôt d’un nouvel outil permettant d’examiner les tendances lourdes caractérisant l’usage des deux langues officielles à partir des données des recensements depuis 1951.
Grâce à ce tableau, on voit clairement que la situation du français se fragilise. Par exemple, on constate que le pourcentage de personnes déclarant avoir le français comme seule langue maternelle est en diminution constante : il est passé de 24,1 % en 1991 à 19,6 % en 2021.
Cette baisse s’observe dans toutes les régions du pays, mais de manière inégale. Les endroits les plus touchés, déjà hautement vulnérables, sont la Saskatchewan et le Manitoba. Les pourcentages ont diminué de moitié ou presque, passant de 2,1 % à 1,1 % en Saskatchewan et de 4,6 % à 2,8 % au Manitoba.
Au Québec, la baisse est moins marquée, mais néanmoins préoccupante : le pourcentage est passé de 81,6 % à 74,8 %.
Si bon nombre d’observateurs tentent de tirer la sonnette d’alarme depuis des années, bien peu de choses ont été faites par nos gouvernements pour renverser ce déclin. Oui, il y a bien eu des victoires linguistiques de temps à autre, grâce surtout à la vigilance des tribunaux, mais les avancées ont été nettement insuffisantes pour freiner la tendance.
Possible évolution récente
Le gouvernement fédéral a finalement réussi à faire adopter son projet de loi pour moderniser la Loi sur les langues officielles l’année dernière.
Le Commissariat aux langues officielles aura ainsi plus de pouvoirs, incluant la possibilité d’imposer des sanctions financières aux organismes pris en faute et d’émettre des ordonnances pour forcer une institution fédérale à se conformer aux décisions qu’il rendra.
Le principe de l’asymétrie des défis auxquels sont confrontées les communautés minoritaires francophones et anglophones est enfin reconnu.
Le législateur a aussi décidé de cibler davantage la fonction publique fédérale en exigeant le bilinguisme non seulement pour les juges de la Cour suprême, mais aussi pour la haute fonction publique. Les gestionnaires devront pouvoir communiquer avec leur personnel dans les deux langues officielles.
Le gouvernement devra aussi s’engager activement à faire la promotion de l’égalité réelle des deux langues officielles dans la société canadienne.
Qui veillera à l’application de la nouvelle loi?
Cette fonction revient naturellement au Commissariat aux langues officielles. À la lecture de son dernier rapport annuel, déposé au Parlement la semaine dernière, on sent déjà qu’il a hâte de se mettre au travail. C’est déjà fait en partie, comme il le souligne lui-même, à plusieurs reprises, dans son rapport.
Toutefois, il devra attendre encore un certain temps avant de pouvoir pleinement exercer ses nouvelles responsabilités.
En effet, la mise en œuvre de plusieurs dispositions de la loi doit être précisée par voie de règlement et de décret que doit adopter le gouvernement. Par exemple, quels seront les critères utilisés pour déterminer les postes de gestionnaires bilingues?
De quelle façon le gouvernement mesurera-t-il les progrès accomplis en matière d’égalité d’usage des deux langues et les efforts consentis par les institutions fédérales pour y parvenir?
Quelles entités pourront encourir des amendes en cas de non-respect de la loi et quelles seront les sanctions pécuniaires?
Ces règlements, le commissaire voudrait déjà les avoir. Il doit cependant patienter, car le gouvernement n’a pas encore indiqué quand ceux-ci seront prêts. Dans son rapport, le commissaire prévient que cela pourrait être encore long. Rappelons que la loi est adoptée depuis près d’un an maintenant.
En fait, ces règlements pourraient bien constituer la pièce maitresse de la nouvelle loi. C’est qu’ils ont aussi bien la capacité de pouvoir renforcer les nouvelles dispositions de la loi que de les amoindrir.
Ils peuvent forcer le gouvernement à agir en présentant des directives claires, contraignantes et ambitieuses ou, à l’opposé, ils peuvent permettre au gouvernement de ne pas assumer pleinement ses responsabilités en établissant des règles vagues, facultatives et sans envergure.
À lire : La fonction publique réticente au bilinguisme, selon le rapport du commissaire
Deux approches possibles
Tous ceux qui ont à cœur la protection du français espèrent que le gouvernement présentera des règlements clairs, contraignants et ambitieux.
Par contre, ce gouvernement, et plusieurs autres avant lui, ont plutôt montré une propension à préférer une voie plus conciliante.
Il faut dire qu’en politique, les électeurs sont plus enclins à blâmer les gouvernements en cas d’échec qu’à les féliciter lorsqu’il y a des succès. Un plan peu ambitieux permet donc de diminuer les attentes des électeurs et ainsi les risques pour les gouvernements.
Le Commissariat aura donc la responsabilité de talonner le gouvernement pour que ce dernier adopte rapidement des règlements, mais aussi pour que ceux-ci donnent au Commissariat aux langues officielles de vrais pouvoirs d’intervention lui permettant de corriger les situations problématiques.
Le commissaire a déjà commencé à faire pression sur le gouvernement. Dans son rapport, il conclut, à propos de la modernisation de la Loi, que «le gouvernement doit déployer les moyens d’en faire une œuvre durable, en déclenchant une cascade de responsabilités».
Le gouvernement écoutera-t-il? Nous en saurons certainement un peu plus dans son rapport de l’an prochain. Comme le dit le commissaire, l’année qui vient de se terminer a été une année de transition. Il ne faudrait pas que cela ait été en vain.
En me baladant sur le site du quotidien sportif français L’Équipe, je suis récemment tombé sur un texte long format qui en dit beaucoup sur notre société actuelle. Le titre de cette production: «Everest : la cascade de la mort».
Les environs du camp de base du mont Everest portent les lourdes traces du passage des alpinistes.
Depuis que j’ai vu, il y a quelques années, l’excellent documentaire oscarisé Free Solo, qui retrace l’exploit du grimpeur américain Alex Honnold, tout ce qui a trait au milieu de l’aventure – et plus spécialement en montagne – attise ma curiosité.
Dans «Everest : la cascade de la mort», la journaliste de L’Équipe, Christine Thomas, s’intéresse au premier obstacle qui attend les alpinistes au départ du camp de base de l’ascension, situé à 5364 mètres d’altitude. La cascade de glace du Khumbu a la réputation d’être aussi majestueuse que dangereuse.
Depuis la première ascension en 1953, 46 personnes y ont perdu la vie, dont 16 il y a dix ans, le 18 avril 2014. Si les photos des bouchons au sommet de la plus haute montagne du monde ont fait le tour de la planète, c’est bien ce passage de glace qui est le plus meurtrier.
En sous-texte, on comprend qu’outre le danger inhérent à la nature même de la montagne, ce sont les pratiques de certains «alpinistes» qui provoquent ces catastrophes.
J’ai été sidéré d’apprendre que des agences proposaient de gravir l’Everest avec une option tout confort : grandes tentes avec plancher en bois et moquette, médecin personnel, chef cuisinier, bouteilles d’oxygène illimitées… tout ça pour la modique somme de 300 000 $ US.
Et tout ça, surtout, au détriment des sherpas, qui doivent trimbaler tout ce surplus sur leur dos. Écœurant.
Dans ces conditions, quelle est la valeur du défi sportif? Je ne peux m’empêcher de penser que beaucoup s’offrent cette ascension pour impressionner, cocher une case dans leur liste de choses à faire. Parce que ça fait «bien». Sans l’aide de bouteilles d’oxygène, combien y parviendraient? Seuls les alpinistes les plus expérimentés. Et ce serait très bien comme ça.
Ne pas viser le sommet dès le départ
Avec l’émergence des réseaux sociaux, nous sommes constamment exposés aux exploits des autres. Il suffit de faire un tour sur Strava, le réseau social des sportifs, pour voir des personnes faire 400 kilomètres de vélo par-ci, 100 kilomètres de course à pied par-là, ou encore des treks d’une longueur extrême dans un cadre enchanteur.
Le tout enrobé d’un commentaire enthousiaste, soulignant à quel point cette épreuve physique a changé leur vie. Ce que je peux bien comprendre et le problème n’est pas là. Le problème, c’est la nécessité de se comparer sans cesse, de vouloir faire pareil, voire mieux, sans savoir si cela nous convient vraiment.
Et je parle en connaissance de cause. Moi aussi j’ai les yeux écarquillés face aux courses d’ultradistance mythiques comme l’Ultra-trail du Mont-Blanc, qui traverse l’Italie, la Suisse et la France, ou la Diagonale des fous à la Réunion. Moi aussi je rêve d’y prendre part un jour, alors que mon corps ne me le permet pas aujourd’hui.
Et c’est justement là où il faut savoir rester mesurés. Peut-être que nous n’arriverons pas à atteindre ces rêves. Pour des raisons physiques, mentales ou encore d’investissement. Cela ne veut pas dire pour autant que nous ne sommes pas à la hauteur.
La valeur d’un accomplissement ne dépend pas de la hauteur du défi; elle dépend de la hauteur à laquelle nous partons.
Je suis un grand auditeur de balados sur la course à pied. Combien de fois ai-je entendu des néophytes se lancer dans cette pratique en doutant de leurs capacités à boucler ne serait-ce qu’une épreuve de 10 kilomètres? Et combien de fois les ai-je entendus décrire leur profonde émotion une fois la ligne d’arrivée franchie?
Les salles d’entrainement sont souvent plus tranquilles en février.
Parfois, ce petit pas avant leur permet d’en faire un plus grand par la suite. Faire un trop grand pas tout de suite, c’est courir le risque de se bruler et d’abandonner.
Je pense aussi à ces résolutions de la nouvelle année, parfois démesurées. Sans doute poussés par une semaine des Fêtes excessivement caloriques, certains l’affirment haut et fort : «Cette année je m’inscris au gym!»
L’intention est louable et doit être encouragée, mais la mode du gym (ou du yoga, ou du trail…) est-elle la bonne pour nous? À en juger par les taux de fréquentation des gyms en forte diminution après le mois de février, certainement pas pour tous.
Surtout, il ne faut pas oublier que pour réussir n’importe quel défi, il faut se préparer sérieusement. «L’important, ce n’est pas la destination, c’est le voyage», disait l’écrivain écossais Robert Louis Stevenson.
Le voyage, ici, c’est des mois d’entrainement, de découverte de soi par le sport. Avant de foncer tête baissée vers le sommet de l’Everest, certains feraient mieux de se le rappeler.
Vent de douceur de l’Ouest
Pochette de l’album Victoires et défaites.
Une fraicheur nous vient des Rocheuses, une voix douce, qui nous interpelle comme un rendez-vous doux entre deux vieilles connaissances. Paul Cournoyer, bassiste auteur-compositeur-interprète originaire de Calgary, nous propose un deuxième opus solo : Victoires et défaites.
L’artiste franco-albertain résume l’ensemble de ses expériences pour nous offrir onze plages à saveur folk rock et pop-rock où jeux de guitares et trames de piano séduisent.
Paul Cournoyer a conçu des orchestrations dont la profondeur n’a d’égal que celle des textes proposés. Sa plume nous interpelle sur l’essentiel, la vérité, l’instant présent et l’intégrité.
Quelques moments forts de l’album comprennent C’est bien comme ça, qui nous rappelle que malgré les détours, l’important c’est nous. Parfois est une superbe ballade sur le futur et l’inconnu. Avec Ça coule dans notre sang, l’artiste visite également l’univers blues pour nous parler de nos racines et de notre destin. La pièce titre Victoires et défaites nous rappelle de son côté qu’il y a toujours un prix à la réussite et à la victoire.
Chansons traditionnelles revisitées
Prairie Comeau est la rencontre de deux excellents musiciens, maitres de leurs instruments. Benoit Archambault, jadis de la formation Mes aïeux, et Anique Granger, autrice-compositrice-interprète de la Saskatchewan, nous invitent dans le jardin de notre inconscient avec L’emprunt(e) vol.1.
Ce jardin est celui de la bonne chanson traditionnelle d’avant les années 1960. Un effort de sobriété vient ajouter une certaine profondeur au produit final. Les voix de Benoit Archambault et Anique Granger sont un velours pour l’ouïe, on s’en rend compte dès la première pièce du EP; Tout passe.
Pochette de l’album L’emprunt(e) vol.1.
La réussite de ce produit tient aussi aux arrangements proposés. De merveilleux musiciens accompagnent le duo, dont un certain Michel Lalonde de Garolou sur la magnifique chanson Comment veux-tu.
Un autre moment percutant est l’interprétation de la pièce Les amants malheureux. Benoit et Anique nous livrent le texte tout en chuchotement. Ils terminent cet EP en offrant une version à capella tout à fait magistrale de La chère maison.
Un devoir de souvenir, c’est ce que nous offrent Benoit Archambault et Anique Granger. Prairie Comeau effectue un travail de relecture remarquable d’une sélection de chansons traditionnelles inoubliables. L’emprunt(e) vol.1 est un moment de tendresse fort appréciable et on ne peut qu’attendre avec impatience le vol. 2.
Vingt ans de carrière
En guise de célébration pour ses quinze ans de carrière, l’auteur-compositeur-interprète acadien Joseph Edgar nous livrait un album double. 2004-2014 Point picot est une belle sélection des meilleures compositions de cet artiste.
Joseph Edgar est un artiste acadien, auteur de l’album 2004-2014 Point picot.
Comprenant deux disques, cette compilation nous rappelle de beaux souvenirs. L’artiste offre des classiques revisités, en version live et, bien entendu, quelques inédits. On retrouve ainsi les Jo, Jane et Jim, Espionne russe, Oh ma ma! et Y’a un train qui s’en vient et bien d’autres belles chansons.
Quant aux inédits, il y a Black Jetta Blues, qui offre un jeu de guitare captivant, Entre les craques (le calepin d’un flâneur partie II)), l’un des excellents textes de l’album, Mille requiems, une belle trame folk intéressante, et Loin, loin, loin, un petit texte vraiment touchant.
Joseph Edgar, ex-membre de la formation acadienne Zéro Degré Celsius, voulait sortir un album solo. S’attendait-il à une carrière aussi fascinante? Peu importe, l’important est qu’il est l’un des artistes acadiens les plus importants de sa génération.
2004-2014 Point picot est un point d’arrêt pour regarder le chemin parcouru afin de mieux continuer. Pour ses 20 ans de carrière, Joseph Edgar vient tout juste de nous offrir un nouvel album original, que l’on analysera sous peu.
On connait la chanson : «c’est une langue belle» ou encore «c’est la langue de mon cœur»… Les airs ne manquent pas pour professer son amour de la langue française ni pour rappeler qu’elle est en danger.
En effet, l’avenir du français suscite des inquiétudes, qu’elles portent sur la pureté de la langue ou sur sa survie au Canada. Des décennies de politiques culturelles pour protéger cette langue et de sorties publiques dénonçant les phénomènes, et le plus souvent les groupes, qui la menacent nourrissent ces préoccupations.
Amour et crainte
Les deux sentiments – amour et crainte – vont d’ailleurs souvent de pair, comme dans les cris du cœur partagés par le journaliste et politicien Jean-François Lisée et le sociologue Joseph Yvon Thériault.
Joseph Yvon Thériault est professeur à l’Université du Québec à Montréal depuis 2008, après avoir enseigné à l’Université d’Ottawa pendant 30 ans (de 1978 à 2008), où il a notamment été titulaire de la chaire de recherche Identité et francophonie.
Tous deux s’inquiètent du fait que le français n’est pas la langue d’usage autour d’eux, soit à Montréal. Ils témoignent d’une blessure à l’amour-propre des membres de la population québécoise ou francophones blanc·hes dont les familles sont au pays depuis plusieurs générations.
Comme beaucoup de personnes qui commentent l’actualité et l’état des mentalités, Lisée s’appuie sur des récits anecdotiques afin de proposer une théorie qui se veut valable pour expliquer la société et les actions nécessaires.
Or, cette théorie ne peut tenir la route. Lisée commet une erreur fréquente, celle de méprendre une impression individuelle pour une compréhension généralisée.
Ainsi les personnes qu’il mentionne ne peuvent le renseigner que sur leurs propres perceptions et nullement sur ce qui a réellement lieu dans les écoles ou à l’échelle de la société.
De telles impressions, bien qu’elles soient partagées par un grand nombre de personnes, ne sont pas pour autant vraies, puisqu’elles se transmettent et s’amplifient par la discussion et les médias comme un fait ou une interprétation relevant du sens commun.
Le fait de recevoir de nombreux témoignages (par exemple, par courriel) ne permet pas davantage de faire des généralisations, puisqu’il n’y a aucune manière de savoir s’ils sont représentatifs d’une réalité plus large… ni de vérifier leur véracité.
En utilisant la chronique de Lisée comme tremplin, Thériault prend bien soin de tempérer l’élan anti-immigration de ce texte. Il s’éloigne du genre de pensée qui mène Lisée à créer, par exemple, une catégorie de «natifs» qui exclut les enfants nés à Montréal de deux parents nés à l’étranger.
Thériault nous renvoie à une mutation sociale plus large : l’individualisme et les fragmentations des identités collectives.
Toutefois, le message essentiel de son court essai est que les lois linguistiques, malgré leurs succès, ont échoué à faire aimer la langue française et «la culture franco-québécoise».
Sans pouvoir critiquer ici les méthodes de la théorisation sociologique de Thériault ni les articles et livres universitaires qui lui servent d’appui, arrêtons-nous sur ces formules et interrogeons-nous sur leurs conséquences.
À lire : Entretien avec Joseph Yvon Thériault : pour une véritable société franco-canadienne
Est-il possible d’aimer une langue?
Quand on affirme aimer le français, que dit-on au juste?
Une langue n’est pas un invariant, ses formes écrites ont peu à voir avec ses formes parlées et elle n’est pas une, mais toujours multiple.
Aimer le français, ce serait donc aimer ce français, tel qu’il est parlé à un moment, en un endroit. Ce serait alors aimer ses sonorités, le trouver agréable, ce qui n’implique aucunement quelque besoin de le parler.
Ce peut aussi être aimer sa flexibilité, sa diversité – mais dans ce cas, qui revient à aimer le langage en général, il est difficile de dire ce qui le distinguerait des autres langues et créerait la nécessité de le parler… d’autant plus que l’existence du français n’est nullement en danger dans le monde.
Thériault dévoile un autre aspect de l’amour de la langue. Il exprime en effet la nécessité de faire aimer la langue française, mais aussi le besoin de faire aimer la culture franco-québécoise. Il en va de même des cultures acadienne et franco-canadienne en général.
L’amour de la langue renvoie dans ce cas à l’identification à une collectivité. Aimer le français, ce serait donc aimer les personnes qui le parlent à un endroit ou encore aimer le parler avec elles.
Aimer la langue, mais non ses locuteurs?
Thériault et Lisée, malgré les différences importantes dans le type de discours employé et l’attitude face à l’immigration, partagent une même vision.
Tous deux distinguent celles et ceux qui s’identifient à la langue et à la culture des francophones de celles et ceux qui vivent au sein de cette culture et parlent cette langue, sans s’y identifier et sans aimer les personnes qui la parlent.
De part et d’autre, on renforce l’idée d’une unité linguistique et culturelle et d’une harmonie que permettent l’amour de la langue et la culture. Cette unité et cette harmonie sont alors le véritable objet des craintes.
On voit finalement que ce n’est pas le fait de parler français qui leur importe, mais bien l’attitude avec laquelle on le parle.
Il ne suffirait pas de parler français ou de faire que plus de gens parlent français au Canada que ce que nous avons pu voir depuis fort longtemps. Il faudrait également aimer la culture, la langue, la majorité et s’en montrer reconnaissant.
Encore faudrait-il que l’unité et l’harmonie aient déjà existé. Les appels à l’harmonie et à la bonne entente sont des stratégies discursives qui cherchent à enterrer la dissension, à cacher les différends, à masquer la mésentente.
Ces deux textes font abstraction du fait que la dénonciation du racisme dans l’espace public augmente en réponse à des mesures juridiques qui racialisent et excluent des groupes entiers de l’espace public.
Si la dénonciation peut sembler nouvelle, le refus du racisme existe depuis toujours au sein des communautés racisées. L’exclusion n’est donc pas une auto-exclusion.
Au bout du compte, on reproche à des personnes présentées comme externes à ce qui serait une véritable société francophone de ne pas éprouver les sentiments convenables envers cette société et la langue qu’elle privilégie.
Ce faisant, on place comme objet d’amour des phénomènes aux contours mal dessinés, changeants, qui deviennent des critères impossibles à remplir.
Ce faisant, on se permet de mépriser celles et ceux qui, malgré toutes ces opérations de mise à distance, parlent la langue, cohabitent avec le français et participent à une vie commune.
Jérôme Melançon est professeur agrégé en études francophones et interculturelles ainsi qu’en philosophie à l’Université de Regina. Ses recherches portent notamment sur la réconciliation, l’autochtonisation des universités et les relations entre peuples autochtones et non autochtones, sur les communautés francophones en situation minoritaire et plus largement sur les problèmes liés à la coexistence. Il est l’auteur et le directeur de nombreux travaux sur le philosophe Maurice Merleau-Ponty, dont La politique dans l’adversité. Merleau-Ponty aux marges de la philosophie (MétisPresses, 2018).
Panem et circenses (latin pour «du pain et des jeux du cirque»), ce célèbre adage marque plus de 2000 ans de notre histoire. Il est d’un réalisme qui a parfois été, au fil de l’histoire, troublant. Il n’en est pas pour le moins véridique; il suffirait de donner à manger et du divertissement aux peuples pour les cantonner dans une apathie permettant aux grands de ce monde de faire ce qu’ils veulent.
Sauf que dans notre cas d’espèce, plus les Jeux olympiques approchent, plus les Français disent s’en désintéresser. On ne peut pas dire qu’ici, au Canada, on voit ou qu’on ressente une fébrilité à l’approche de la grande messe mondiale du sport.
À lire aussi : Les Jeux olympiques, oui, mais à quel prix?
Du pain et des jeux, vraiment?
Je pense qu’il y a deux explications principales. Premièrement, une explication circonstancielle : les guerres et les difficultés économiques plombent le moral de bien du monde, les temps sont moroses.
Il y a aussi une explication structurelle plus importante : on ne joue plus, nous ne sommes plus des homo ludens. En fait, on assiste à l’avènement d’Homo tentorium («homme écran», que les latinistes me pardonnent ce néologisme). C’est le grand historien néerlandais Johan Huizinga qui, dans les années 1930, a forgé cette l’expression homo ludens.
Dans son livre éponyme, il explique magnifiquement le rôle essentiel du jeu dans toutes les sociétés humaines. Notamment parce que le jeu englobe plusieurs fonctions sociales primaires : apprendre par imitation, apprendre à respecter des règles et les autres (le jeu est communion), apprendre à être libre (le jeu ne peut être imposé sinon il n’est plus jeu) et à profiter de son temps.
Or, aujourd’hui, nos enfants ne jouent plus. Sortez dans la rue, vous ne les verrez pas se passer la puck. À l’école non plus, nos enfants ne jouent plus. Certainement pas dans la cour de récréation, où ils en sont empêchés afin d’éviter tout accident qui mènerait à un procès. Non plus en classe, où l’écran trône désormais à la place des cubes et des livres.
Le peu d’enthousiasme envers ces Jeux olympiques, s’il s’avérait confirmé cet été, nous indiquerait que nos sociétés subissent une transformation profonde et majeure.
D’aucune façon les écrans ne peuvent remplacer les fonctions sociales opérées par le jeu. Comment les générations apprendront-elles alors les règles, le respect des autres et la liberté?
Le risque terroriste
Ces Jeux ne suscitent donc pas beaucoup d’enthousiasme, mais ils font surtout peur. La France a beau avoir une malheureuse et longue histoire avec le terrorisme, elle n’y est pour autant pas immunisée.
Les menaces terroristes qui pèsent sur ces Jeux sont bien réelles et nombreuses; parce que c’est la France qui les accueille et en raison de l’instabilité géopolitique actuelle.
La France, grande défenseure de la laïcité, a bien sûr à craindre tous les groupes terroristes religieux radicaux de tout acabit, la récente attaque dans la banlieue de Moscou nous rappelle que des groupes sont toujours bel et bien actifs.
Moscou justement, parlons-en. Les athlètes russes (et bélarusses) ayant été exclus des cérémonies et devant compétitionner sous drapeau neutre, il faut s’attendre à ce que la Russie vienne perturber ces Jeux. D’ailleurs, le président Macron l’a dit en entrevue. Ce sont surtout des cyberattaques que l’on craint le plus de la part d’acteurs étatiques ou privés russes.
Je pense également – et c’est peut-être le risque le plus sous-estimé à l’heure actuelle en France – que les Jeux pourraient être perturbés de façon malveillante par des acteurs français internes. Notamment l’extrême droite, qui a tout intérêt à ce que ces Jeux soient un échec de façon à continuer à répéter en boucle que rien ne fonctionne en France; que c’est le chaos; et qu’ils sont les seuls à pouvoir remettre de l’ordre.
Notamment l’extrême droite, qui a tout intérêt à ce que ces Jeux soient un échec de façon à continuer à répéter en boucle que rien ne fonctionne en France; que c’est le chaos; et qu’ils sont les seuls à pouvoir remettre de l’ordre.
Ironiquement, l’extrême droite pourrait utiliser ses nombreux infiltrés dans la police et l’armée pour que ces derniers laissent faire les bandes qui ne manqueront pas de sortir de leurs banlieues pour aller dépouiller et molester les touristes et les spectateurs.
D’une pierre deux coups : on enfonce le clou de la «sauvagerie» des jeunes des banlieues (lire pour beaucoup de Français : «des Arabes et des Noirs») et on montre l’incapacité du gouvernement à maintenir l’ordre.
Les Olympiques peuvent-ils encore servir d’outil diplomatique?
L’histoire politique des Jeux olympiques a souvent été analysée. Comme grande rencontre mondiale entre les athlètes et spectateurs venus de tous les États du monde, ils représentent beaucoup de symboles. On peut en citer quelques-uns.
Par exemple, le fait que seuls les États, et non les nations, soient représentés. Ainsi les Écossais et les Gallois compétitionnent sous les couleurs du Royaume-Uni et non sous leurs propres couleurs, comme c’est le cas dans le monde du soccer ou du rugby.
Les Jeux représentent également une belle fenêtre pour exprimer des revendications politiques. Rappelons-nous des athlètes noirs américains qui combattaient la ségrégation ou encore la cérémonie de clôture des Jeux de Sydney en 2000, durant laquelle le groupe Midnight Oil en avait profité pour dénoncer la situation des Autochtones.
On se rappelle également de la prise d’otages des athlètes israéliens lors des Jeux de Munich en 1972. On peut donc s’attendre à quelques coups d’éclat cet été; peut-être concernant l’urgence climatique, sans nul doute à propos de la guerre menée par Israël contre Gaza.
Dans le monde actuel marqué par le retour de la guerre, on ne peut que souhaiter que le pays hôte pense à utiliser tous les instruments diplomatiques possibles pour, en parallèle des compétitions sportives, tenter de ranimer le dialogue nécessaire entre différentes parties prenantes.
Ne ratons pas l’occasion de mettre de l’avant les principes de l’olympisme et la diplomatie du sport.
Ottawa s’apprête à mettre en œuvre une importante réforme de sa fiscalité. Plutôt que de couper dans ses dépenses pour financer ses programmes et équilibrer le budget, le gouvernement augmentera substantiellement ses revenus.
Les quelque 40 000 contribuables les plus fortunés du pays, ceux dont les revenus annuels bruts sont de plus de 1,4 million de dollars en moyenne, se partageront une facture de près de 19,4 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années.
Le gouvernement fait passer la portion imposable des gains en capital de 50 % à 66,6 % à partir du 25 juin. Pour les particuliers, ce changement s’appliquera seulement aux gains en capital dépassant 250 000 dollars.
À lire aussi : Budget 2024 : les riches paieront les nouvelles dépenses d’Ottawa
Le gouvernement a pris soin, dans la mesure du possible, d’exempter les propriétaires de petites entreprises pour aller chercher l’argent dans les poches des plus riches ou de leurs fiducies.
Les gains en capital sont les revenus qu’un particulier ou une entreprise tire de la vente d’un bien immobilier ou d’actifs financiers, comme des actions. Les contribuables les plus riches déclarent davantage de gains en capital que la classe moyenne et bénéficient donc d’un taux d’imposition avantageux.
Autrement dit, ils ne paient pas leur juste part d’impôt.
En faisant entrer en vigueur cette augmentation le 25 juin, le gouvernement fait le pari que les contribuables visés liquideront une part de leurs actifs avant cette date. Ottawa espère de la sorte engranger 6,9 milliards de dollars dès cette année.
Et c’est ainsi que les libéraux ont résolu la quadrature du cercle.
Le déficit que tout le monde voyait exploser, y compris le directeur parlementaire du budget pas plus tard que le mois dernier, restera conforme aux attentes de la mise à jour économique de l’automne pour s’établir à un peu moins de 40 milliards de dollars.
Il n’y a pas de retour à l’équilibre budgétaire en vue, mais le gouvernement prévoit que le déficit se résorbera progressivement.
De toute manière, tant que le déficit se situe autour de 1 % du produit intérieur brut, il n’y aura aucune inquiétude des marchés ou des agences de notation.
À moins que les prévisions économiques les plus pessimistes ne se concrétisent, le gouvernement pourrait même jouir d’une marge de manœuvre pour son budget de 2025, qui annoncera son programme électoral.
À lire aussi : Budget 2024 : Ottawa garde une petite place pour la francophonie
En proposant de financer des programmes couteux, mais populaires, le gouvernement libéral de Justin Trudeau se distinguait déjà de son adversaire conservateur. En le faisant en augmentant massivement les impôts des plus riches plutôt qu’en creusant le déficit, il vient rendre la distinction encore plus nette.
Pierre Poilievre martèle depuis des semaines ses thèmes de campagne. Il souhaite baisser les impôts, équilibrer le budget, bâtir des logements et réduire la criminalité. Il peut bien s’opposer à des programmes sociaux couteux, mais si le déficit est maitrisé, son programme d’austérité sera moins attrayant pour les électeurs.
Il sera aussi difficile pour les conservateurs de s’insurger contre l’augmentation du fardeau fiscal des plus riches.
Dans un tel contexte, que fera Pierre Poilievre? Réduire le déficit est un objectif louable, mais à quel prix? En supprimant le nouveau programme d’assurance dentaire? En reculant sur l’implantation de places en garderie à 10 $ par jour?
Certainement pas en réduisant les nouvelles dépenses militaires annoncées la semaine dernière. Faire des compressions dans la fonction publique sans nuire aux services a ses limites, et trouver des dizaines de milliards de dollars de cette manière est une lubie.
Le gouvernement Trudeau a dans sa mire les électeurs de 40 ans et moins. C’est la tranche démographique la plus susceptible de voter pour lui aux prochaines élections s’il peut réussir à faire sortir leur vote.
La question de l’accès au logement abordable et à la propriété est cruciale pour ces électeurs et le gouvernement multiplie les mesures en ce sens. Il veut construire des logements abordables ou à vocation sociale sur ses terrains inutilisés, faciliter l’accès au financement des premiers acheteurs et se porter à la défense des locataires.
Il manque plus de trois-millions de logements au Canada pour rééquilibrer le marché. Étant donné l’ampleur du problème, les nouvelles sommes consacrées à cet enjeu dans le budget sont étonnamment limitées. Le gouvernement prévoit seulement un à deux-milliards de dollars de nouveaux investissements par an au cours des cinq prochaines années.
La ministre Freeland a déclaré en conférence de presse que la solution à ce problème n’est pas d’octroyer davantage de fonds fédéraux, mais de réduire le fardeau administratif.
En ce sens, le gouvernement Trudeau empiète largement sur les champs de compétence provinciale et municipale. Il rend le financement fédéral conditionnel à l’adoption de ses solutions.
Par exemple, le nouveau Fonds canadien pour les infrastructures liées au logement, qui sert à financer les infrastructures municipales, exige des villes qu’elles adoptent de nouveaux règlements de zonage qui favorisent la densification. C’est une stratégie qui semble calquée sur les propositions des conservateurs.
Le gouvernement met en place ou bonifie un ensemble d’autres mesures qui ciblent spécialement les jeunes adultes : amélioration des programmes de prêts et bourses d’études, investissement dans la formation professionnelle, augmentation du nombre de places abordables en garderie, création d’un programme d’alimentation scolaire, etc.
Les pions sont en place. Reste à voir si la stratégie du gouvernement lui permettra de remonter dans les intentions de vote.
En terminant, mentionnons que même si les perspectives budgétaires semblent bonnes, plusieurs risques pèsent sur les finances du gouvernement.
Si les revenus ne sont pas au rendez-vous dans les prochaines années, le gouvernement pourrait perdre le contrôle de la dette. La planification budgétaire du gouvernement dépend d’une baisse prochaine des taux d’intérêt et d’une croissance régulière de l’économie.
Du côté des dépenses, avec le vieillissement de la population canadienne, les prestations aux personnes âgées pèsent de plus en plus lourd dans les finances du gouvernement. C’est déjà le programme fédéral le plus couteux.
Le gouvernement versera plus de 80 milliards de dollars à plus de 7 millions de personnes âgées en 2024-2025. Cette somme s’élèvera à plus de 100 milliards de dollars par année dans cinq ans.
Les transferts en santé arrivent au deuxième rang des programmes les plus couteux, et la croissance des dépenses dans ce secteur est aussi liée au vieillissement de la population.
David Dagenais est journaliste économique indépendant et entrepreneur. Auparavant, il a été journaliste à Radio-Canada après avoir terminé des études supérieures en économie politique à l’UQAM et à l’Université d’Ottawa.
Parti de France pour m’installer au Canada il y a maintenant un an et demi, j’étais loin de me douter que l’insécurité linguistique était un aussi grand enjeu ici. Parler français au Canada relève de l’acte politique. On ne rigole pas avec les droits linguistiques et chaque transgression suscite de vives réactions.
Un évènement récent dans le monde du sport a justement éveillé les passions des défenseurs de la langue française.
Le 23 mars dernier, l’équipe masculine de soccer du Canada a battu celle de Trinité-et-Tobago en série éliminatoire de la Copa America. Un succès important, puisqu’il a permis aux Canadiens de se qualifier pour la phase finale de la prestigieuse compétition, qui se déroulera cet été aux États-Unis.
Pourtant, plus que le résultat, c’est l’entrevue d’après-match qui a fait jaser sur les réseaux sociaux.
En conférence de presse, le journaliste de RDS, Nicolas Landry, a posé une question en français à l’entraineur de l’équipe canadienne, Mauro Biello. Ce dernier a commencé à répondre dans la langue de Molière avant d’être interrompu par un officiel de la Confédération de football d’Amérique du Nord, d’Amérique centrale et des Caraïbes (CONCACAF) qui lui a demandé de parler en anglais : «In English please» («En anglais s’il vous plait»).
Mauro Biello, le sélectionneur du Canada, interdit de parler en français par l'attaché de presse de la CONCACAF lors du point presse avant le match face à Trinité-et-Tobago. Question de @NicLandryRDS #scandaleux pic.twitter.com/zZobgPXLT1
— Mike Laviolle ONFR/Raps (@MikeLav_ONFRaps) March 22, 2024
Excuses et problème d’identification
Immédiatement, plusieurs internautes se sont indignés. Précisons que Soccer Canada n’a rien à voir dans cette maladresse et que la CONCACAF s’est rapidement excusée.
J’ai examiné cette affaire et vous présente mes sincères excuses au nom de la Concacaf. Cela n'aurait pas dû se produire et ne se reproduira pas Nous apprécions bien sûr fortement l'intérêt et la couverture des médias et des supporteurs francophones au Canada et dans notre région
— Nick Noble (@njknoble) March 23, 2024
Ce qui pourrait être une simple anecdote classée et sans suite semble pourtant révélateur d’une chose : hors de ses frontières, le Canada est difficilement identifié comme un pays officiellement bilingue.
Dans d’autres cas, s’exprimer en français en conférence de presse pose beaucoup moins de problèmes.
Prenez par exemple Victor Wembanyama, le basketteur français des Spurs de San Antonio, appelé à régner sur la NBA ces prochaines années avec ses 2,22 mètres (7,3 pieds).
Des journalistes français font le voyage jusqu’au Texas pour s’entretenir avec la fierté de France. Ils posent leurs questions en français, «Wemby» leur répond en français. Fin de l’histoire.
La différence? Wembanyama est clairement identifié comme un joueur français. Il est venu jouer avec une équipe parisienne aux États-Unis il y a deux ans.
Les débats linguistiques pénètrent donc toutes les strates de la société, jusque dans celles qui pourraient sembler plus secondaires, comme le sport. Cette polémique fait écho à un autre évènement qui a eu lieu en fin d’année dernière, au Québec.
«Gardez-le votre anglais»
Le 19 novembre dernier, juste après la victoire de l’équipe de football des Alouettes de Montréal en finale de la Coupe Grey contre les Blue Bombers de Winnipeg, le joueur québécois Marc-Antoine Dequoy, vexé du manque de considération des pronostiqueurs, s’est écrié : «Gardez-le votre anglais parce qu’on a gagné ces coupes puis on va [les] ramener à Montréal, au Québec!»
L’affaire avait fait grand bruit et avait même été reprise par la presse française, pourtant peu friande de football canadien.
En entrevue au Devoir, Marc-Antoine Dequoy avait ensuite développé sa pensée : «C’est intéressant de voir comment une injustice que je ressentais a été ressentie par plusieurs milliers de Québécois. Ce n’est pas la même injustice, mais des injustices similaires : le parler dans leur compagnie, ou dans leur sport à eux. Tout le monde s’est approprié la situation.»
Marc-Antoine Dequoy est également revenu sur l’importance du français au sein de l’équipe. En début de saison 2023, l’entraineur des Alouettes avait forcé tous ses athlètes à apprendre les mots de base du français, comme «bonjour», «merci», «en forme».
«Ça avait toute l’importance du monde. Ce n’est pas ça qui a fait le touché gagnant, mais c’est une chose qui fait que moi, je sens que je fais partie de l’équipe», a déclaré Dequoy.
Que les joueurs étrangers qui font partie d’un club dans une ville francophone fassent l’effort de dire quelques mots en français n’est pas seulement important pour la cohésion d’équipe : ça a aussi de la valeur pour les amateurs.
J’en ai moi-même fait l’expérience. Inconsciemment ou non, on s’attache davantage à un joueur qui vous fait sentir qu’il veut s’intégrer à votre culture et qu’il n’est pas seulement de passage, tel un mercenaire.
J’ai par exemple toujours été admiratif de l’effort que faisait le Serbe Novak Djokovic, polyglotte reconnu, pour s’adresser en français aux spectateurs venus le voir jouer à Roland-Garros. «C’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup», chantait France Gall.
C’est admirable qu’il ait pris du temps d’acquérir une compétence qui lui servira peu dans la vie – soyons honnêtes –, juste pour le plaisir de ses fans francophones. Et ce doit être apprécié à sa juste valeur.
Terminons sur une bonne nouvelle concernant l’équipe masculine de soccer du Canada. Pour la deuxième fois de son histoire, après 1986, elle devrait affronter la France cet été. En toute logique, Mauro Biello devrait avoir toute la liberté de répondre en français aux questions des journalistes.
Timothée Loubière est journaliste pupitreur au quotidien Le Devoir. Avant de poser ses valises au Québec en 2022, il était journaliste sportif en France, notamment au journal L’Équipe.
Le Jour de la Terre nous invite chaque année à réfléchir à notre rapport à la planète, aux crises environnementales que nous affrontons et aux actions nécessaires pour y remédier. Cependant, une analyse profonde de ces crises révèle qu’elles ne sont pas seulement écologiques, mais aussi profondément enracinées dans les structures sociales et de genre.
Les données sont claires : les femmes et les minorités de genre – surtout celles appartenant à des groupes marginalisés comme les femmes autochtones, racisées, porteuses d’un handicap – vivent de manière disproportionnée les impacts des crises environnementales. Ces groupes sont les plus affectés par les répercussions socioéconomiques, culturelles et sanitaires des désastres écologiques.
La précarité économique, accentuée par un système patriarcal et capitaliste, rend ces populations plus vulnérables aux effets des changements climatiques, tels que les catastrophes naturelles, l’insécurité alimentaire et les migrations forcées dues à des raisons climatiques.
Cela s’explique notamment par la présence disproportionnée des femmes dans les groupes les plus pauvres de la population. Comme le soulignent les Nations unies, sur 1,3 milliard de personnes vivant dans des conditions de pauvreté dans le monde, 70 % sont des femmes.
Dans les zones urbaines, près de 40 % des foyers les plus démunis sont dirigés par une femme.
Bien que les femmes soient essentielles à la production alimentaire mondiale et qu’elles représentent entre 50 % et 80 % de la force de travail de ce secteur, elles possèdent moins de 10 % des terres agricoles.
Ces inégalités les exposent à des risques accrus et limitent leur capacité à répondre efficacement aux défis posés par les changements climatiques.
Françoise d’Eaubonne, écrivaine, pionnière de l’écoféminisme.
En se voyant refuser un accès égal aux ressources, telles que la terre et l’eau, ainsi qu’à la prise de décisions et à l’éducation, les femmes se trouvent dans une position où elles peuvent moins facilement se protéger et protéger leur famille contre les conséquences des phénomènes climatiques extrêmes.
Dans de nombreuses régions d’Afrique subsaharienne, par exemple, les femmes sont majoritairement responsables de l’agriculture de subsistance.
Les effets des changements climatiques, tels que les sècheresses prolongées ou les pluies irrégulières, compromettent directement leur capacité à nourrir leur famille, renforçant l’insécurité alimentaire. De plus, la raréfaction des ressources entraine des migrations forcées, plaçant les femmes dans des situations de grande vulnérabilité.
Plus près de nous, citons le cas des communautés autochtones du Canada, où les femmes sont tout particulièrement affectées par l’exploitation intensive des ressources naturelles.
Les projets d’extraction minière et pétrolière menacent non seulement leur environnement, mais aussi leur sécurité, avec une augmentation des cas de violence envers les femmes dans les zones d’exploitation. Ce phénomène est exacerbé par l’isolement des communautés et le manque d’accès à des services de soutien.
Pensons également aux catastrophes comme les ouragans Katrina et Harvey, qui ont mis au jour des disparités flagrantes aux États-Unis. Les femmes, en particulier celles de communautés racisées et à faible revenu, ont subi des pertes disproportionnées en termes de logement, d’emploi et d’accès aux soins.
L’écoféminisme offre une perspective critique et enrichissante pour comprendre ces enjeux et agir.
Ce mouvement, qui lie étroitement la lutte pour la justice climatique à celle pour l’égalité des genres, postule que les racines du patriarcat et celles des crises environnementales sont intimement liées.
Cette perspective permet de comprendre comment l’oppression systémique des femmes, celle des minorités de genre et celle de la nature sont interconnectées à travers les dynamiques du pouvoir capitaliste et patriarcal.
Cette analyse révèle également comment la gestion actuelle des ressources et des crises environnementales néglige les spécificités de genre, aggravant ainsi les inégalités existantes.
Les catastrophes climatiques exacerbent non seulement les vulnérabilités économiques et sociales, mais renforcent également les stéréotypes de genre et la division sexuelle du travail, confinant davantage les femmes à des rôles de soignantes, souvent non rémunérées et sous-évaluées.
Face à ce constat, il est impératif d’intégrer une analyse de genre intersectionnelle dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques publiques environnementales.
Cela signifie non seulement de reconnaitre les impacts différenciés des crises climatiques sur les genres, mais aussi de valoriser les savoirs et les compétences spécifiques des femmes et des minorités de genre dans la lutte contre le changement climatique.
Comme nous le rappelle Françoise d’Eaubonne, pionnière de l’écoféminisme dans les années 1970, l’urgence d’une prise de conscience féministe est cruciale pour sauvegarder l’avenir de notre planète. Sa formule percutante, «le féminisme ou la mort», est plus que jamais d’actualité.
Originaire de Belgique, Julie Gillet est titulaire d’une maitrise en journalisme. Militante éprise de justice sociale, voici près de quinze ans qu’elle travaille dans le secteur communautaire francophone et s’intéresse aux questions d’égalité entre les genres. Elle tire la force de son engagement dans la convergence des luttes féministes, environnementales et antiracistes. Elle vit aujourd’hui à Moncton, au Nouveau-Brunswick.