le Vendredi 23 mai 2025

Je vais mieux. Non pas parce que le printemps commence à pointer le bout de son nez, bien au contraire (j’aime l’hiver!), mais parce que l’équipe française de soccer que j’encourage, l’Olympique lyonnais, enchaine les victoires et s’éloigne d’une relégation en deuxième division française qui lui pendait au nez après une fin d’année 2023 catastrophique.

Car, oui, le supporteur de soccer en Europe vit rarement dans l’indifférence. Les matchs «pour du beurre» sont rares. Si dans les ligues sportives nord-américaines l’excitation monte en cas de qualification pour les séries, par exemple, les championnats de soccer européens sont beaucoup plus punitifs en cas de mauvais résultats.

Pas de prix de consolation avec des choix de repêchage, non, non! C’est le déclassement qui vous attend. Une année de purgatoire dans une division inférieure avec l’espoir, si vous le méritez sportivement, d’une résurrection l’année suivante, qui se traduit par une «remontée» dans la division supérieure.

Il n’y a donc rien d’étonnant à voir les spectateurs en tribune prier lorsque tout va mal. Pour certains, le soccer est une forme de religion. Pas seulement en Europe, le berceau de ce sport, mais aussi en Afrique et en Amérique du Sud. Surtout en Afrique et en Amérique du Sud, devrais-je dire.

Le Brésil, terre sacrée du soccer

Je me souviens que, lors d’un voyage de plusieurs mois en Amérique latine, le moyen le plus efficace que j’ai eu pour apprendre l’espagnol a été d’engager la conversation avec les chauffeurs de taxi en parlant de soccer. Tous avaient un club préféré, un avis à donner sur le départ ou non de Kylian Mbappé au Real Madrid ou sur les chances de leur équipe nationale de bien figurer à la Coupe du monde 2022, au Qatar.

Je pense aussi au Brésil, où le soccer forme, avec le christianisme et le carnaval, une sorte de Sainte Trinité culturelle nationale. La religion – la vraie cette fois – a même largement pénétré les rangs de l’équipe nationale, dont les joueurs affichent librement leur foi. À l’image de la star Neymar, qui avait arboré un bandeau «100 % Jesus» après la victoire du Brésil aux Jeux olympiques de Rio, en 2016.

Plus récemment, la Coupe d’Afrique des nations disputée en février a été un franc succès, battant des records d’audience, avec près de 2 milliards de téléspectateurs cumulés. Le parcours de la Côte d’Ivoire, pays hôte et vainqueur de la compétition, miraculée après être passée près d’une élimination au premier tour, a rappelé à tous qu’il fallait garder la foi en son équipe. Contre vents et marées.

En arrivant au Canada, j’ai rapidement constaté que les adeptes de ma «religion» étaient bien plus rares.

Difficile d’engager une discussion sur le CF Montréal avec un Québécois. Même la présence du Canada à la Coupe du monde 2022 n’a pas vraiment soulevé les passions.

En fait, depuis les années 1970 où quelques stars du ballon rond comme Pelé ou Franz Beckenbauer ont posé leurs valises dans des clubs des États-Unis, on ne peut pas vraiment dire que le soccer se soit imposé comme un sport majeur en Amérique du Nord. Et ce en dépit des très bons résultats des équipes féminines des États-Unis et du Canada au cours des dernières années.

La Coupe du monde 1994, disputée au sud de la frontière canadienne, se voulait un accélérateur à la pratique et a d’ailleurs coïncidé avec la création de la Major League Soccer (MLS) en 1993.

Reste que, trois décennies plus tard, la MLS est considérée comme une ligue mineure dans le monde, tout juste bonne, aux yeux des Européens, à prolonger les carrières de quelques anciens grands joueurs en préretraite.

La Coupe du monde 2026 sera-t-elle décisive?

Pourtant, je pense que le terreau est fertile pour faire passer le soccer dans une autre dimension de ce côté de l’Atlantique. La population nord-américaine n’est pas totalement indifférente à ce sport, preuve en est l’arrivée l’an dernier à l’Inter Miami de Leo Messi, la superstar argentine qui peut être considérée comme le meilleur joueur du XXIe siècle.

À Montréal, la visite du «Dieu du soccer» est attendue le 11 mai prochain. Il faut être prêt à payer un minimum de 450 $ pour assister à la rencontre. Pourtant, il ne fait aucun doute que les 19 000 places du stade Saputo trouveront preneur.

Autre tendance intéressante : le soccer est désormais le sport le plus pratiqué par les jeunes au Canada. Soccer Canada revendique près d’un million de personnes actives inscrites dans 1200 clubs. À titre comparatif, Hockey Canada rapportait 521 300 joueurs et joueuses de tout âge en 2021-2022.

La Coupe du monde 2026, organisée conjointement par les États-Unis, le Mexique et le Canada, arrive donc à point nommé pour transformer ce frémissement indéniable en véritable passion, même si le Canada n’accueillera finalement que 13 matchs, partagés entre Toronto et Vancouver.

Si le Mondial de 1994 voulait faire connaitre le soccer en Amérique du Nord, l’édition 2026 doit lui permettre de se faire adorer.

Je rêve personnellement de voir une démocratisation de la ferveur. S’installer dans un bar avec des supporteurs du CF Montréal, arborer fièrement ses couleurs, siroter une bonne bière, disserter avec plus ou moins de mauvaise foi des choix tactiques de l’entraineur : c’est ça la vraie messe du fan de soccer.

Timothée Loubière est journaliste pupitreur au quotidien Le Devoir. Avant de poser ses valises au Québec en 2022, il était journaliste sportif en France, notamment au journal L’Équipe.

La sortie décriée du président français

Le président Macron a brisé un tabou le 26 février en affirmant que des troupes occidentales pourraient un jour être envoyées en Ukraine, car «en dynamique, rien ne doit être exclu. Nous ferons tout ce qu’il faut pour que la Russie ne puisse pas gagner cette guerre».

Dès le lendemain, tous les alliés occidentaux sont montés au créneau pour dire qu’il n’en était absolument pas question. Le Canada, par exemple, par la voix de son ministre de la Défense, Bill Blair, a signalé que cela n’était pas dans ses intentions.

On savait de toute façon que le Canada n’avait pas l’intention de faire grand-chose sur le plan militaire, comme le montre le fait que le pays n’a livré que la moitié de ce qu’il a promis comme aide militaire à l’Ukraine.

Cette joute rhétorique à laquelle se sont livrés les dirigeants occidentaux pour marquer très maladroitement l’entrée dans une troisième année de guerre nous révèle encore une fois le manque de profondeur et de connaissances de l’histoire de nos dirigeants.

Des parallèles du passé importants à saisir

Pour qui connait son histoire, le parallèle est immanquable : ne pas appuyer réellement l’Ukraine comme les Occidentaux le font aujourd’hui est l’équivalent de choisir l’abandon de la Tchécoslovaquie en 1938. D’ailleurs, ce qui est fascinant, c’est que les discours sont les mêmes.

Par exemple, les pseudo-intellectuels qui défilent sur les réseaux sociaux et les chaines d’information en continu ne cessent de raconter que «l’invasion russe n’était que défensive, que l’Ukraine l’a bien cherché et que, finalement, c’est de sa faute (et celle de Washington). Elle n’avait qu’à pas vouloir s’arrimer à l’Ouest».

En d’autres termes, ces personnes confondent l’explication et la justification. Comme politologue, j’ai souvent dit et écrit que l’élargissement à l’est de l’OTAN était une erreur, mais pour moi, cela n’a jamais justifié l’invasion russe de l’Ukraine. Invasion que je n’avais absolument pas envisagée par ailleurs.

Parallèle 1 : C’est comme si vous justifiez les actions d’Hitler parce que le Traité de Versailles était trop injuste et trop dur envers l’Allemagne (ce qui est un fait et non une justification).

Parallèle 2 : Les accords de Munich. En fin de compte, les sorties outrées des dirigeants occidentaux le 27 février 2024 contre les propos de Macron signifient que, pour eux, il n’y a pas de ligne rouge quant à ce que Poutine peut faire en Ukraine.

Ils disent : jamais de troupes au sol. Jamais si Kiev était rasée par des bombardements aériens massifs? Jamais si les Russes installaient des camps de concentration (après tout il y a déjà un génocide en cours avec le transfert forcé de milliers d’enfants ukrainiens)? Jamais s’il ne restait que Lviv encerclée à résister? Jamais? Ils ont déjà abandonné l’Ukraine et ils espèrent que Poutine s’arrête là.

Comme en 1938, les dirigeants européens avaient scellé les accords de Munich avec Hitler et Mussolini en se disant qu’Hitler s’arrêterait après l’obtention des Sudètes. La France, qui avait pourtant un traité d’alliance avec la Tchécoslovaquie, avait choisi la voie du déshonneur.

Il faut souligner le courage, mais aussi, et surtout la cohérence, d’Emmanuel Macron qui, après avoir signé un accord de sécurité avec l’Ukraine, en tire les conséquences qui s’imposent.

Que vaut d’ailleurs l’accord bilatéral de sécurité signé en grande pompe par notre premier ministre et le président Zelensky si, quand l’Ukraine est envahie, nous ne sommes même pas capables d’envoyer les vêtements et le matériel d’hiver promis en octobre 2023?

L’urgence d’agir, vraiment

Les lecteurs auront vu venir le parallèle 3. Tout comme Hitler ne s’est pas arrêté aux Sudètes, Poutine ne s’arrêtera pas à l’Ukraine. Les mêmes qui justifient l’invasion de l’Ukraine diront que «mais si, Poutine n’est pas Hitler, c’est différent».

Mais même si on ne peut être certains des intentions du maitre du Kremlin, veut-on prendre un risque ou lui envoyer un message clair? Peut-on tirer une fois encore les leçons du passé?

Moscou est engagé dans un processus de reconstruction de l’Empire en se servant de la présence de minorités russophones pour justifier l’agression. Par conséquent, on peut fortement présumer que la Moldavie et les pays baltes seront les prochains sur la liste.

Il est urgent que l’Europe se réarme, de même que le Canada, car le monde a changé. Le retour de la guerre est bien là. Les dictatures investissent dans leur arsenal. La démocratie est en danger.

La perspective d’un parlement européen où l’extrême droite sera une force de premier plan en juin prochain, tout comme celle de la réélection de Donald Trump aux États-Unis, ne feront qu’accélérer ces processus déjà en cours dans le monde.

Ne faisons pas l’autruche. Soyons réalistes et courageux.

Aurélie Lacassagne est politicologue de formation et doyenne des Facultés de sciences humaines et de philosophie de l’Université Saint-Paul à Ottawa. Elle est membre du Comité de gouvernance du Partenariat Voies vers la prospérité.

Un vaste chantier, selon ONU Femmes, qui estime qu’il faudra près de 300 ans pour atteindre cette égalité si nous n’accélérons pas les efforts. Mais ce thème m’inspire également une tout autre réflexion, plus personnelle, sur l’importance vitale du repos dans nos luttes.  

Depuis que j’ai souffert d’épuisement l’année dernière et depuis les épisodes dépressifs qui ont suivi, j’éprouve beaucoup de difficultés à me concentrer. Mon rythme de vie s’en est trouvé fortement affecté.

Finies les longues périodes de travail intensif. Terminé l’agenda rempli du matin au soir. Au revoir les sorties organisées plusieurs mois à l’avance.

Je passe désormais plus de temps à scroller sur Instagram qu’à lire des essais sociologiques, et mes leçons de piano se sont faites aussi rares que des prévisions budgétaires exactes au Nouveau-Brunswick.

Certaines activités, cependant, ont pris davantage de place dans ma vie : jardiner, écrire, cuisiner, discuter avec mes amies et amis, danser, faire l’amour. Des choses simples, qui s’inscrivent dans la durée et la répétition.

J’ai réalisé que ce rythme me convenait davantage et me permettait de mieux ressentir la joie, dans le sens spinozien du terme, c’est-à-dire comme un état mental profond qui découle de ma compréhension de la façon dont le monde fonctionne, plutôt que de mes possessions matérielles ou de l’assouvissement de mes désirs.

Qu’allons-nous faire collectivement de notre surmenage?

L’épuisement professionnel n’est pas simplement le résultat d’une charge de travail excessive ou de responsabilités accablantes. C’est le symptôme d’un système capitaliste malade.

Dans nos sociétés où la productivité et la réussite sont constamment valorisées, il est facile de se retrouver piégé dans un cycle incessant de travail et de stress. Dans un sentiment d’urgence qui nous donne l’impression d’exister, le cerveau noyé sous les endorphines.

Mais combien d’entre nous font face à de réelles urgences? Un rapport administratif à remettre ou une présentation n’ont rien de foncièrement urgent, selon moi.

Nous sommes constamment poussés à en faire plus, à être plus performants, sans jamais prendre le temps de nous reposer ou de nous ressourcer. Résultat : aujourd’hui, au Canada, un adulte sur quatre souffre de dépression, d’anxiété ou de trouble de stress posttraumatique.

Le paradoxe est frappant : nos sociétés sont de plus en plus riches matériellement, mais nous-mêmes sommes de plus en plus déprimés et épuisés. Nous sommes conditionnés à croire que notre valeur dépend de notre productivité et de notre succès matériel, ce qui entraine un sentiment constant d’insatisfaction et d’anxiété.

Le repos comme un acte de résistance radical

La poétesse et militante américaine Tricia Hersey, également connue sous le nom de Nap Bishop, défend le repos comme un acte de résistance radical contre la culture de l’hyperproductivité actuelle.

Selon elle, le repos est bien plus qu’un simple moment de détente : c’est une affirmation de notre droit fondamental à une existence pleine et équilibrée. Dans son ouvrage Rest is Resistance: A Manifesto (Le repos est résistance : un manifeste), elle explore comment le repos perturbe et repousse les systèmes oppressifs du capitalisme et de la suprématie blanche.

Elle avance que le repos est une pratique qui nous permet de nous reconnecter avec notre humanité profonde. En choisissant de nous reposer, nous affirmons notre autonomie et notre valeur intrinsèque en tant qu’êtres humains. C’est un refus de nous laisser définir par notre productivité et notre utilité aux yeux des autres.

En cette Journée internationale des droits des femmes, alors que nous investissons en faveur des femmes et de leur émancipation, rappelons-nous l’importance vitale du repos dans cette lutte.

Le repos nous permet de reprendre notre pouvoir, de réclamer notre temps et notre énergie pour nous-mêmes. C’est une forme de résistance contre les systèmes oppressifs qui cherchent à nous exploiter et à nous aliéner.

Ainsi, en célébrant le 8 mars, engageons-nous à accélérer le rythme vers l’égalité des genres, certes, mais aussi, et peut-être surtout, à nous reposer lorsque cela est nécessaire. Car dans ce repos réside une puissante forme de résistance, une affirmation de notre humanité et de notre droit à une vie pleine de joie, de créativité et de connexion avec nous-mêmes et avec les autres.

Originaire de Belgique, Julie Gillet est titulaire d’une maitrise en journalisme. Militante éprise de justice sociale, voici près de quinze ans qu’elle travaille dans le secteur communautaire francophone et s’intéresse aux questions d’égalité entre les genres. Elle tire la force de son engagement dans la convergence des luttes féministes, environnementales et antiracistes. Elle vit aujourd’hui à Moncton, au Nouveau-Brunswick.

Ce programme d’assurance médicaments faisait partie des principales exigences formulées par le Nouveau Parti démocratique (NPD) pour maintenir son alliance avec le Parti libéral.

Mais ce programme coute cher.

Le directeur parlementaire du budget avait estimé l’automne passé qu’un régime universel d’assurance médicaments couterait plus de 11 milliards de dollars dès la première année.

Par ailleurs, la plupart des provinces n’en veulent pas, jugeant plus important d’augmenter les budgets consacrés aux services de santé actuels que d’en financer de nouveaux.

On est cependant parvenu à un accord. La perspective d’un déclenchement d’élections fédérales anticipées semble être évitée pour le moment.

Mais c’est en théorie seulement, car rien n’empêche l’un des deux partis de mettre fin à l’entente de façon unilatérale quand bon lui semble. C’est d’ailleurs la menace qu’avait brandie le chef néodémocrate, Jagmeet Singh, il y a quelques semaines à peine devant la lenteur des négociations au sujet de l’assurance médicaments.

Mais maintenant que le dossier de l’assurance médicaments est en voie d’être réglé, quelles seront les prochaines étapes pour le NPD?

Une entente peut-être vaine

Le gouvernement libéral a répondu à la plupart des demandes des néodémocrates.

Il a adopté une loi antibriseurs de grève, a fourni de l’aide financière pour aider la population canadienne à faire face à l’inflation, a créé un programme national de garderies à 10 dollars par jour ainsi qu’un programme national de soins dentaires, s’est engagé à atteindre la carboneutralité d’ici 2050, a annoncé la fin des subventions au secteur des combustibles fossiles, a imposé une surtaxe aux banques et aux compagnies d’assurance, et finance actuellement la construction accélérée de logements, notamment des logements sociaux.

Il reste donc maintenant bien peu d’éléments de l’entente à mettre en œuvre.

On devrait sans doute voir le NPD revenir à la charge pour faire pression sur le gouvernement pour qu’une loi sur les soins de longue durée soit adoptée.

Mais les libéraux ont déjà annoncé qu’ils appuyaient une telle initiative. Le NPD pourrait aussi se montrer impatient envers la lenteur des progrès obtenus en matière de réconciliation et d’aide aux communautés autochtones. Par contre, ils n’ont pas vraiment de solutions à offrir pour régler ce problème.

Il sera donc difficile pour les néodémocrates de mettre de la pression sur les libéraux pendant les quelque 18 mois restants avant la prochaine élection, puisque la plupart de leurs demandes ont maintenant été satisfaites.

Il y aura ainsi peu d’occasions pour faire la démonstration aux électeurs que le NPD parvient à accomplir de nombreuses choses.

Une situation problématique?

Mais en même temps, on peut se demander si cette situation ne pourrait pas être avantageuse pour les néodémocrates.

Ceux-ci pourraient se démarquer davantage des libéraux et présenter leurs propres initiatives. Ils pourraient aussi être plus critiques vis-à-vis des actions du gouvernement, ce qui est difficile à faire quand celui-ci répond à nos demandes.

On l’oublie souvent, mais le rôle des partis d’opposition est non seulement d’exiger que le gouvernement rende des comptes sur ses actions, mais aussi d’offrir à l’électorat une solution de rechange au parti politique actuellement au pouvoir.

À en croire les récents sondages, la population canadienne serait justement à la recherche d’une autre voie que celle des libéraux de Justin Trudeau.

Cependant, la plupart des électeurs canadiens ne perçoivent pas le NPD comme étant cette solution de rechange.

Les sondages les plus récents montrent que le NPD demeure toujours au troisième rang des intentions de vote, recevant près de 20 % des appuis, derrière les libéraux qui, eux, en obtiennent autour de 25 % et les conservateurs plus de 40 %.

Rappelons qu’aux dernières élections fédérales, les néodémocrates avaient obtenu 18 % des votes, les libéraux 33 % et les conservateurs 34 %.

Que faire en 2024?

Cependant, il reste encore passablement de temps avant les prochaines élections. L’année 2024 pourrait donc être l’occasion pour le NPD de se redéfinir.

La tâche ne sera pas facile, car il lui faudra à la fois se démarquer des libéraux, qui ont pris l’habitude ces dernières années de s’inspirer des idées proposées par les néodémocrates, et convaincre les électeurs de ne pas appuyer le Parti conservateur.

Plusieurs électeurs qui ont voté pour les libéraux en 2019 et en 2021 semblent maintenant prêts à soutenir les conservateurs de Pierre Poilievre. Ce dernier cependant espère aussi attirer les travailleurs, notamment ceux des milieux manufacturiers.

Il faut dire que plusieurs syndicats, mais pas tous, ont appuyé le conservateur Doug Ford lors des élections provinciales ontariennes de 2022. Cet appui n’a certainement pas échappé à Pierre Poilievre. Le NPD devra aussi y prêter attention.

Comment le NPD peut-il donc se distinguer à la fois des libéraux et des conservateurs? La réponse se trouve sans doute dans le dossier de l’environnement.

Les changements climatiques sont réels et bien des Canadiens en sont maintenant conscients. Pourtant, peu de propositions intéressantes ont été avancées par les libéraux et par les conservateurs jusqu’à présent. Avec un Parti vert qui ne parvient pas à séduire l’électorat canadien, le NPD pourrait devenir le parti de la cause environnementale.

En somme, l’année 2024 pourrait bien profiter au NPD. Au lieu de devoir défendre constamment l’entente qu’il a conclue avec les libéraux, le NPD pourra se concentrer sur ses propres idées et monter sa propre stratégie pour la prochaine élection. En commençant avec l’enjeu des changements climatiques.

Geneviève Tellier est professeure à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa. Ses recherches portent sur les politiques budgétaires des gouvernements canadiens. Elle commente régulièrement l’actualité politique et les enjeux liés à la francophonie dans les médias de tout le pays.

L’immigration au Canada vise à servir les intérêts du pays et, avant tout, ses intérêts économiques. Les critères de sélection favorisent les personnes immigrantes qui peuvent répondre rapidement aux besoins de main-d’œuvre – même si leurs diplômes ne sont souvent pas reconnus.

Il demeure difficile d’obtenir le statut de réfugié, surtout dans les cas où les candidats et candidates n’ont pas encore eu à quitter leur pays. Et si l’immigration initiale mène à des séparations familiales, de longs délais alourdissent le programme de réunification et posent un poids important sur la vie des familles.

La Politique en matière d’immigration francophone vise elle aussi l’immigration économique et cherche à la diriger vers les communautés francophones en situation minoritaire (CFSM).

Son but premier est de contribuer à la vitalité et à l’épanouissement de ces communautés, ainsi qu’à leur développement, tandis que son but second est d’assurer l’intégration au sein de ces communautés et de veiller à renforcer leur capacité d’accueil.

L’approche actuelle est pensée comme un continuum. Celui-ci est généralement présenté comme passant du recrutement à l’accueil puis à la rétention.

En participant aux efforts d’augmentation du nombre de candidats et candidates à l’immigration et à leur rétention, les CFSM cherchent à convaincre des francophones de s’établir chez elles et à leur offrir des perspectives qui leur permettront de s’y installer plutôt que d’aller ailleurs.

S’il n’est pas surprenant que l’intérêt canadien ou communautaire prime dans les lois et politiques du pays, rien dans cette perspective n’assure que les intérêts et besoins des personnes immigrantes trouveront réponse. Rien ne prévoit non plus que leurs désirs seront satisfaits.

À lire : Immigration francophone : Ottawa dépasse sa cible et annonce de nouvelles mesures

Adopter la perspective des personnes immigrantes

L’initiative Communautés francophones accueillantes a pour objectif de mettre en place des stratégies développées au niveau local afin de retenir les immigrants et immigrantes dans les communautés de petite taille et souvent rurales. L’un des succès de cette initiative semble être son appui direct aux groupes ethnoculturels.

Ce succès devrait montrer l’importance non seulement d’une approche localisée, mais également de la participation des personnes immigrantes déjà établies et actives au sein des CFSM et de la société canadienne.

Toutefois, la Politique en matière d’immigration francophone se concentre sur les liens entre les ministères et avec les organismes communautaires, sans faire une place à celles et ceux qui connaissent le mieux les réalités de l’immigration francophone.

À lire : Régulariser l’immigration au Canada (Chronique)

Permettre aux organismes ethnoculturels de s’outiller

Une étude que j’ai menée avec deux collègues a montré que certains des besoins liés à l’ajustement des immigrants et immigrantes à un nouvel environnement de vie et leurs besoins de participer de manière diverse à la vie communautaire francophone, mais aussi au-delà de la francophonie passent généralement inaperçus.

Nous avons également pu voir qu’en fait, une grande partie de l’accompagnement à l’établissement se fait par les membres bénévoles d’organismes ethnoculturels, qui se concentrent sur l’ajustement à la vie au Canada.

Les organismes ethnoculturels, en organisant des regroupements, donnent la possibilité à leurs membres d’apprendre des trucs et astuces pour répondre à leur nouvelle situation et leur offrent aussi des occasions de se retrouver en compagnie de personnes qui ont de longues expériences de vie similaires.

Ces organismes vont au-delà de ce qui est possible en atelier. En plus de la possibilité de continuer ses pratiques culturelles, ils permettent à ceux et celles qui les fréquentent de bénéficier d’un répit d’avoir à parler une nouvelle langue, à s’adapter aux attentes des autres et à deviner les comportements d’autrui et les codes sociaux. On peut même y obtenir de l’aide pour trouver de nouveaux repères culinaires.

De tels répits sont importants pour se sentir à l’aise et maintenir l’énergie pour s’ajuster et s’habituer à un nouveau milieu.

L’entraide qui a lieu au sein de plusieurs de ces organismes permet par ailleurs aux personnes immigrantes établies de contribuer à l’ajustement des nouveaux arrivants, d’offrir en retour ce qui leur a été donné – le tout, sans les limites imposées par les structures bureaucratiques formelles.

Une telle souplesse est essentielle étant donné que chaque personne a un parcours distinct et doit s’ajuster à différents aspects de la vie en communauté.

Plus encore, des organismes actifs permettent une participation citoyenne. Cette participation peut avoir lieu en leur sein sans que les personnes immigrantes doivent s’adapter à de nouvelles manières de s’associer, de travailler en groupe, d’établir des buts et de poursuivre des objectifs, ou même d’argumenter et d’écouter les autres.

Cette participation aide également les personnes immigrantes à apprendre de celles et ceux qui sont déjà en action dans d’autres organismes communautaires.

De telles occasions de partager sont surtout importantes pour les personnes qui ne sont pas originaires d’Europe, dont les modes de vie diffèrent davantage de ceux de leur communauté francophone d’accueil, pour qui de longues habitudes d’intégration n’existent pas et qui sont moins valorisées.

Les organismes ethnoculturels fournissent également un milieu important pour contrer les pratiques discriminatoires en place au Canada et dans le recrutement, qui pourraient limiter le succès de la nouvelle politique d’immigration francophone.

Une force à maintenir

C’est souvent par le biais des relations que l’on s’inscrit dans une nouvelle communauté. Or, les relations avec la population majoritaire (y compris au sein des CFSM) sont plus difficiles à établir, tant du fait des différences que de la résistance à l’immigration et du racisme qui existent dans nos sociétés.

De la sorte, une part de l’intégration dans un pays d’immigration passe par les groupes ethnoculturels.

Toute personne appartient à plusieurs groupes à la fois et il ne peut être question d’exiger une appartenance première ou exclusive aux espaces francophones.

En reconnaissant l’engagement de ces organismes dans les processus formels d’immigration, on doit toutefois éviter deux risques.

D’abord, il est probable que le gouvernement et des organismes communautaires plus solidement établis servent de gardiens à l’accès au financement et décident des organismes ethnoculturels qui recevront un soutien, ce qui pourrait amener ces derniers à se transformer pour répondre aux objectifs d’autres entités plutôt qu’à ceux qui ont fait leur succès.

Ensuite, le besoin de spécialisation dans l’accueil et l’établissement risque lui aussi de détourner les organismes de leurs forces. L’engagement bénévole qui existe déjà offre tout autre chose que la professionnalisation et il doit être vu comme une force à ne pas abandonner.

Jérôme Melançon est professeur agrégé en études francophones et interculturelles ainsi qu’en philosophie à l’Université de Regina. Ses recherches portent notamment sur la réconciliation, l’autochtonisation des universités et les relations entre peuples autochtones et non autochtones, sur les communautés francophones en situation minoritaire et plus largement sur les problèmes liés à la coexistence. Il est l’auteur et le directeur de nombreux travaux sur le philosophe Maurice Merleau-Ponty, dont La politique dans l’adversité. Merleau-Ponty aux marges de la philosophie (MétisPresses, 2018).

En préparation d’une récente entrevue pour la troisième édition de l’indice pâté chinois de Francopresse, j’ai eu l’occasion de me replonger dans les données de l’inflation alimentaire.

Après deux ans d’inflation anormalement élevée, il est rassurant de constater que le prix des denrées se stabilise. Nous avons tous pu constater combien une hausse des prix de 10 ou 20 % pouvait faire mal au portefeuille.

Mais un danger drôlement plus important qu’une pandémie ou qu’un conflit à l’autre bout du monde menace le prix de nos aliments et même l’offre : les changements climatiques.

Aura-t-on encore du café au déjeuner?

Le café, le chocolat ou le vin, tels qu’on les connait, sont appelés à disparaitre, ou du moins à connaitre des baisses de production tellement fortes qu’ils pourraient devenir hors de prix.

Ce n’est pas un scénario de science-fiction ni une hypothèse pour le XXIIe siècle.

La hausse des températures dans le monde affecte déjà la production des fruits qui servent à fabriquer le café, le vin ou le chocolat, et il faut s’attendre au cours des prochaines années à voir les prix monter à mesure que les récoltes seront affectées.

Quand on parle de changements climatiques, on fait souvent référence à la hausse moyenne des températures. Selon l’ONU, le monde s’est déjà réchauffé de 1,2 °C par rapport à l’ère préindustrielle et il faut limiter le réchauffement à 1,5 °C pour en éviter les pires effets.

Dans la réalité cependant, les changements climatiques n’entrainent pas une hausse égale et continue des températures, mais plutôt une croissance des évènements météorologiques extrêmes. Pensez par exemple aux feux de forêt qui ont dévasté de grandes régions du pays à l’été 2023.

Les sècheresses, les pluies abondantes, les périodes de canicule exceptionnelles… tout cela affecte les plantes que l’on cultive ou les animaux que l’on pêche ou élève.

Normalement, la nature a un moyen de défense efficace contre des transformations radicales de l’environnement : la diversité génétique. Si une variété de café supporte mal la chaleur extrême, elle finira généralement par disparaitre au profit d’une autre qui est plus résistante.

Or, pour maximiser la productivité des cultures, on a eu tendance à faire exactement l’inverse et à miser sur un nombre très limité de cultivars, ce qui accroit notre vulnérabilité aux changements climatiques.

La vaste majorité du café (Arabica), des bananes (Cavendish) et des avocats (Hass) consommés chez nous et aux quatre coins du monde proviennent d’un seul cultivar.

D’ici 2050, la moitié de toutes les terres où pousse le café aujourd’hui sera impropre à sa culture.

Cette transformation n’arrivera pas du jour au lendemain. On peut supposer que le prix augmentera graduellement à mesure que les changements climatiques affecteront les zones de production en Afrique et en Amérique centrale.

Le Canada est-il prêt à faire face à ces changements?

Le Canada, grâce à sa géographie diversifiée, à son vaste territoire et à l’importance de son industrie agroalimentaire, est moins vulnérable que d’autres pays à l’insécurité alimentaire.

Cela n’empêche pas qu’il y aura d’importantes transformations dans nos pratiques agricoles et dans notre assiette au cours des prochaines années. Une partie de ces changements seront dictés par les prix. Il faudra accepter que certains aliments deviennent inabordables.

La variété à laquelle nous avons été habitués pourrait en souffrir. La vaste majorité des fruits et légumes que nous mangeons sont importés des États-Unis et du Mexique, ce qui nous rend vulnérables aux transformations du climat dans ces pays.

Le prix de certains aliments est aussi déterminé par des marchés mondiaux. L’année dernière, le prix du blé a presque doublé sous la pression combinée de la guerre en Ukraine et des conditions météo extrêmes au Canada. C’était vrai chez nous comme ailleurs.

Déjà, après une hausse modeste des prix au cours des dernières années, nos habitudes de consommation se sont transformées. Les épiceries au rabais sont plus populaires que jamais. Un ménage sur dix au Canada dépend des banques alimentaires pour se nourrir convenablement, presque le double d’il y a cinq ans.

À lire aussi : Une année record pour l’insécurité alimentaire

Ce n’est qu’un début. Il faut se préparer à une hausse des prix de certains aliments bien plus importante dans un avenir rapproché.

Je ne suis pas certain que nous soyons prêts en tant que société à ce choc des prix. Nous avons vécu dans un monde où tout était offert dans nos épiceries et dans nos restaurants.

Nous n’avons pas l’habitude de nous plier à des restrictions ni à une régression de nos conditions de vie. Mais à moins d’une transformation radicale de nos modes de vie, il est peu probable que nos assiettes échappent à l’incidence des changements climatiques.

David Dagenais est journaliste économique indépendant et entrepreneur. Auparavant, il a été journaliste à Radio-Canada après avoir terminé des études supérieures en économie politique à l’UQAM et à l’Université d’Ottawa.

Le Diefenbunker est un grand complexe sous-terrain qui devait servir d’abri nucléaire aux dirigeants du Canada – juste au cas. Il a été construit au début des années 1960, en pleine guerre froide.

John Diefenbaker, alors qu’il était premier ministre du Canada, 1960. 

Photo : Wikimedia Commons, domaine public

Le site choisi se trouve sous les terres d’une ancienne ferme dans la localité de Carp, située à une trentaine de kilomètres à l’ouest d’Ottawa et aujourd’hui incluse dans l’agglomération de la capitale nationale.

Les bombes ne sont jamais venues. Le premier ministre canadien John Diefenbaker – d’où le surnom de Diefenbunker – qui en avait ordonné la construction, ne l’a même jamais visité.

Petite mise en contexte.

Vers la fin des années 1950, les tensions entre les pays dits «occidentaux», avec en tête les États-Unis, et les nations communistes, menées par l’Union soviétique, ne cessent de croitre. Cette «guerre froide», comme on l’a appelée, suscite de plus en plus la crainte d’un conflit nucléaire.

En réponse à cette menace, plusieurs pays construisent des bunkers pour fournir aux dirigeants un abri sûr qui leur permettra de sauver leur peau… autrement dit de continuer à gérer le pays. Ou les deux.

Et Diefenbaker créa le Diefenbunker

Le Canada n’est pas en reste. En 1958, le premier ministre John Diefenbaker lance la construction d’une cinquantaine d’abris nucléaires aux quatre coins du pays. Au public, on présente le tout comme un «système fédéral décentralisé de gouvernement d’urgence avec des éléments centraux, régionaux et locaux.» La langue de bois ne date pas d’hier…

L’une des affiches du programme de sensibilisation du public à la menace nucléaire lors de la guerre froide. 

Photo : Diefenbunker : Musée canadien de la guerre froide, 2010A/00A/009C

Le projet est nommé «Centre expérimental des transmissions de l’armée».

Bref, le gouvernement souhaite garder ces bunkers ultrasecrets. Mais c’est sans compter la perspicacité et la ténacité d’un journaliste du nom de George Brimmell, du Toronto Evening Telegram, un journal aujourd’hui disparu.

George Brimmell trouve suspects les travaux de construction qui se déroulent à Carp. Il pose des questions aux autorités, mais n’obtient que des réponses évasives. On est muets comme une carpe.

Le journaliste décide de survoler le site en avion. Il aperçoit 78 toilettes qui se font engouffrer sous terre. Après avoir gratté un peu, Brimmell découvre la véritable nature du projet… et dévoile le tout dans son journal en septembre 1961. Ah, les journalistes! Ils trouvent toujours le moyen de foutre le bordel. Une chance.

Un complexe imposant

La révélation du journal met Diefenbaker en furie. C’est à ça aussi que servent les médias!

La construction du Diefenbunker s’achève en 1961. Elle a nécessité 32 000 verges cubes de béton et 5 000 tonnes d’acier. Le cout : 22 millions de dollars. Une fortune pour l’époque.

Porte de la chambre forte de la Banque du Canada aménagé au dernier sous-sol du Diefenbunker et destiné à entreposer les réserves d’or du pays en cas d’attaque nucléaire.

Photo : Wikimedia Commons, Attribution-Share Alike 2.0 Generic

L’abri est conçu pour résister à une attaque nucléaire de 5 mégatonnes, soit 250 fois la puissance des bombes atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki. Il a une superficie de plus de 30 000 mètres carrés répartis sur quatre étages et peut accueillir plus de 500 personnes. On y retrouve notamment :

Le dernier sous-sol abrite une chambre forte dans laquelle la Banque du Canada aurait pu entreposer les réserves d’or du pays.

Le bunker est aussi doté de puits souterrains pouvant fournir jusqu’à 1 800 litres d’eau. Des générateurs ont été aménagés avec de grands réservoirs de carburant pour assurer une alimentation en énergie. La machinerie et la plomberie étaient protégées par un système de ressorts et de tuyaux flexibles capable de soutenir le choc d’une explosion.

Mais ce bunker n’a jamais servi.

Difficile de deviner de la surface qu’un énorme bunker se trouve sous terre.

Photo : Dennis Jarvis, Wikimedia Commons, Share Alike 2.0

Tunnel d’entrée du Diefenbunker.

Photo : Wikimedia Commons, Share Alike 3.0

Le bureau du premier ministre à l’intérieur du Diefenbunker. 

Photo : Jonathon Simister, Wikimedia Commons, Share Alike 3.0 Unported

Pas de bombe, pas de problème!

La seule occasion où l’on a envisagé sérieusement d’envoyer les dirigeants et l’or du pays sous terre est survenue en 1962, lors de la crise des missiles de Cuba.

Par la suite, comme la nature a horreur du vide, le bunker a abrité une station des Forces armées canadiennes, en tant que quartier général d’urgence du gouvernement du Canada.

En 1997, le Diefenbunker est devenu un lieu historique national et le site du Musée canadien de la guerre froide.

Le nom Diefenbunker perdure encore, et il est aujourd’hui possible de visiter l’endroit pour y voir du matériel, des photographies, des films, des plans, des cartes ainsi que des meubles de l’époque. Pas besoin d’attendre la prochaine attaque!

Le complexe offre même une activité de simulation de type «salle d’évasion», au cours de laquelle les participants doivent tenter d’arrêter la séquence de lancement d’une bombe et de transmettre une alerte au monde extérieur. Tout pour un dimanche après-midi bien rempli!

Le bunker a également servi pour le tournage d’une scène dans le film La Somme de toutes les peurs (The Sum of All Fears). Eh oui, si aucun premier ministre du Canada – sauf Pierre Elliott Trudeau en 1977 – n’a mis les pieds dans le Diefenbunker, ce n’est pas le cas pour de grands acteurs, comme Morgan Freeman, Ben Affleck et d’autres.

Quant aux autres bunkers prévus à l’origine par Diefenbaker, seulement six seront construits, Pierre Elliot Trudeau ayant mis fin aux autres projets.

Deux sont encore en activité : celui de la base militaire de Val Cartier, près de Québec, sert de centre de simulation et abrite les bureaux de l’administration de la base, et celui de Debert, non loin de Truro, en Nouvelle-Écosse, a été rénové et est ouvert aux visiteurs.

Pour terminer, un clin d’œil aux Trudeau. Pendant la guerre froide, le gouvernement fédéral a mené une campagne au moyen de dépliants et d’affiches pour encourager la population à se préparer à la possibilité d’une attaque nucléaire, juste au cas. L’un des personnages utilisés pour transmettre ces messages s’appelait… «Justin Case». Ça s’invente pas.

Une autre annonce faite au même moment aurait mérité que l’on s’y attarde. Cette annonce a été faite par le ministre fédéral de l’Immigration, Marc Miller, qui a dévoilé la nouvelle stratégie de son gouvernement pour accueillir les nouveaux arrivants francophones hors Québec.

Ce plan veut principalement favoriser le recrutement d’une main-d’œuvre étrangère francophone. On peut supposer que le gouvernement cherche notamment à pourvoir des postes francophones en santé et en éducation.

Le gouvernement affirme aussi vouloir aider des communautés à «bâtir des milieux propices à l’intégration économique et socioculturelle des nouveaux arrivants francophones».

Près d’une trentaine de communautés bénéficieront de ce programme. Cependant, sans plus de détails, il est difficile de savoir de quoi il s’agit exactement pour l’instant.

Une annonce bien accueillie

Cette annonce a cependant été bien accueillie par des représentants de communautés francophones. Comme le soulignait la présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada, Liane Roy, «on est quand même content[s] de voir que le gouvernement fédéral nous a entendus».

Mais vous aurez peut-être remarqué comme moi le «quand même» dans cette déclaration. C’est que cette annonce a de bons et de moins bons aspects.

Commençons par les éléments intéressants.

Ce qui est bien dans l’approche du gouvernement fédéral, c’est qu’il semble reconnaitre l’importance d’appuyer des initiatives locales, et que ces initiatives locales peuvent différer les unes des autres, notamment d’une région à l’autre.

Cette flexibilité n’est pas une chose qui vient naturellement aux gouvernements, qui sont souvent critiqués pour leur manque de souplesse.

Avec cette annonce, on a l’impression que le gouvernement a compris que les besoins des francophones en situation minoritaire étaient multiples et variés d’un bout à l’autre du pays et qu’il était important de tenir compte de cette diversité.

On peut aussi se réjouir que l’attention du gouvernement se porte pour le moment sur les domaines de la santé et l’éducation, deux secteurs aux prises avec d’importants défis. On rapporte régulièrement des cas de personnes qui n’ont pas pu recevoir des services en santé ou en éducation en français.

Un rapport présenté l’automne dernier par le directeur de la responsabilité financière de l’Ontario indique, par exemple, que le nombre de places disponibles dans le réseau d’éducation francophone de cette province ne permettait d’accueillir que 59 % des enfants ayant droit à une éducation en français.

L’immigration, la solution au déclin du français?

C’est une chose d’accueillir de nouveaux arrivants francophones, mais cela en est une autre de montrer qu’il est possible de faire sa vie en français au Canada.

Si on a beaucoup présenté l’immigration comme étant une solution pour freiner le déclin de la population francophone au pays, on ne s’est pas encore sérieusement pencher sur la véritable question : est-ce que cette stratégie peut fonctionner?

Peu de données existent pour répondre à cette question. Celles du recensement permettent de constater que l’usage du français est en déclin partout au pays depuis de nombreuses années, mais sans plus. Heureusement, il semble que Statistique Canada commence à se pencher plus sérieusement sur cette question.

Ainsi, l’agence fédérale a publié en décembre 2023 les premiers résultats d’une enquête sur les changements de comportement linguistique à la maison.

Ces résultats proviennent d’un sondage mené auprès de 36 000 répondants de 15 ans et plus entre avril 2022 et juin 2023. Bien que l’ensemble des données ne soit pas encore publié (elles le seront probablement dans deux ou trois ans), on nous présente déjà quelques éléments d’analyse intéressants.

Pour commencer, nous apprenons que près de 12 % de la population canadienne ne parlait ni français ni anglais à la maison il y a cinq ans. Sans surprise, les immigrants forment la majorité de ce groupe (80 %).

Au cours des cinq dernières années cependant, 15 % de ces immigrants ont adopté l’une des deux langues officielles du Canada à la maison. Ces changements s’observent surtout chez les jeunes immigrants ainsi que chez les immigrants arrivés récemment au pays.

Le pouvoir d’attraction de l’anglais

Les résultats de l’enquête indiquent aussi que l’anglais exerce un fort pouvoir d’attraction, même au Québec. Dans cette province, 9 % des immigrants qui n’utilisaient aucune des deux langues officielles à la maison ont adopté le français au cours des cinq dernières années, mais 4 % ont tout de même adopté l’anglais.

C’est donc une personne immigrante sur deux qui choisit l’anglais comme langue d’usage à la maison au Québec.

Ailleurs au Canada, les écarts sont nettement plus substantiels : 15 % des immigrants ont adopté l’anglais à la maison contre 0,1 % pour le français durant la même période.

Par ailleurs, les francophones hors Québec (qu’ils soient immigrants ou non) sont plus susceptibles de modifier leur comportement linguistique à la maison que ceux du Québec : ils sont 13 % à avoir choisi d’utiliser l’anglais à la maison au cours des cinq dernières années, comparativement à moins de 2 % de francophones au Québec.

Ces données ne sont pas complètes et il est à espérer que d’autres enquêtes seront menées sur les questions linguistiques. Il serait notamment très utile de savoir si ces tendances s’observent dans toutes les régions du pays, dans tous les milieux socioéconomiques, dans tous les contextes familiaux, etc.

Cependant, ce que cette enquête révèle clairement c’est que certains changements se produisent après l’établissement des nouveaux arrivants au pays. Pourquoi ces changements surviennent-ils et comment peut-on les anticiper? Le gouvernement devrait aussi se pencher sur ces questions lorsqu’il élabore ses politiques linguistiques.

Geneviève Tellier est professeure à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa. Ses recherches portent sur les politiques budgétaires des gouvernements canadiens. Elle commente régulièrement l’actualité politique et les enjeux liés à la francophonie dans les médias de tout le pays.

Et si, cette fois, c’était la bonne?

Après les disparitions successives de la Ligue nationale de hockey féminin (1999-2007), de la Ligue canadienne de hockey féminin (2007-2019) et de la Fédération première de hockey (2015-2023), les hockeyeuses professionnelles ont, depuis le 1er janvier, une nouvelle organisation : la Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF).

Pas facile de s’y retrouver avec tous ces changements?

Pour la faire courte, la LPHF regroupe six équipes (Ottawa, Montréal, Toronto, Boston, New York et Minnesota), qui s’affrontent durant 24 matchs de saison régulière. Les quatre plus performantes rejoindront les séries, qui seront disputées au meilleur des cinq matchs. Un fonctionnement somme toute classique pour une ligue sportive nord-américaine.

Ce qui m’a semblé plus inattendu, c’est l’engouement qui l’entoure. Pour être tout à fait honnête, je n’avais que vaguement entendu parler de la ligue qui la précédait, la Fédération première de hockey, même si une équipe de la ville où j’habite, Montréal, en faisait partie.

En revanche, à l’approche du lancement de la saison de la LPHF, le 1er janvier, je n’ai pu que constater l’abondance d’articles entourant l’évènement qui ont fleuri dans les médias spécialisés – comme le site américain The Athletic, qui a une journaliste pour couvrir à plein temps la compétition, Hailey Salvian – mais aussi dans ceux d’actualité générale.

J’ai ainsi lu avec intérêt ces différents articles. Dans celui du Devoir, la vice-présidente principale des opérations hockey de la LPHF, Jayna Hefford, n’hésite pas à qualifier le lancement de cette nouvelle compétition comme «le moment le plus important» à ce jour pour le hockey féminin.

Guylaine Demers, professeure au Département d’éducation physique de l’Université Laval, à Québec, estime même qu’en cas de réussite, cette nouvelle ligue pourrait avoir un «effet boule de neige» sur tout le sport féminin canadien.

Des records d’affluence

Les premiers matchs de la saison ont montré que cette belle ambition n’est pas que le fruit de l’imagination des organisateurs. Le public est au rendez-vous.

Dès le deuxième jour de compétition, la rencontre entre Ottawa et Montréal avait réuni 8 318 spectateurs dans les gradins de la Place TD, à Ottawa, un record pour un match de hockey féminin professionnel. Un record qui a depuis été largement battu par le match entre Minnesota et Montréal, avec une affluence de 13 316 personnes.

La couverture télé est, elle, à la hauteur de l’évènement, surtout du côté canadien. Plusieurs chaines diffusent les rencontres (CBC/Radio-Canada, RDS, TSN, Sportsnet). Aux États-Unis cependant, la compétition est cantonnée aux chaines régionales.

Malgré un développement express – il n’y a eu que six mois entre l’annonce de la création de la LPHF, fin juin 2023, et le premier match de la compétition, le 1er janvier dernier –, la nouvelle organisation repose sur des bases solides, du moins en apparence.

Propriété de l’homme d’affaires américain Mark Walter, qui est également copropriétaire de la franchise de baseball des Dodgers de Los Angeles, la LPHF a reçu le soutien de l’ex-joueuse de tennis Billie Jean King, figure majeure du développement du sport féminin (je ne peux d’ailleurs que vous recommander le très bon film sur son combat, La Bataille des sexes).

De plus, les joueuses ont été inscrites au centre du processus de création de la nouvelle compétition. Fait rarissime, elles se sont mises d’accord sur leur convention collective, avant même que la ligue soit sur pied. «Le soutien que ces athlètes recevront ne ressemble à rien de ce que nous avons vu auparavant dans notre sport», estime Jayna Hefford.

Les filles s’offrent le droit de rêver

Toutefois, pour assurer un succès à long terme, il reste beaucoup de travail. Pour le moment, aucune équipe na encore de nom et de logo, éléments indispensables à un développement marketing.

D’autre part, le hockey féminin ne pourra sans doute pas s’épanouir totalement sans la création d’un Championnat du monde de hockey junior, comme il y en a un du côté masculin.

Cette compétition, qui s’adresse aux joueurs de moins de 20 ans, offre la possibilité de continuer à progresser et à montrer sa valeur avant de passer au monde professionnel. L’exemple de Connor Bédard, qui avait survolé la compétition en 2023, est une preuve de l’importance de ce championnat.

Surtout que la LPHF a offert la possibilité aux filles de rêver en grand et c’est une très bonne chose.

«Mon objectif, avant, c’était de faire les Jeux du Québec. Là, ça me donne un autre objectif d’une couche plus haute, et ça me permet de m’entrainer plus fort», se réjouit Victoria Beaudoin, joueuse de 14 ans des Remparts de Richelieu, au Québec, interrogée par Radio-Canada.

Il y a désormais un avenir pour elles, la possibilité de vivre de leur passion.

Pour finir, je ne peux m’empêcher d’établir une comparaison avec la première division de soccer féminin en France, qui fait également figure de fer de lance du sport professionnel féminin dans l’Hexagone.

Malgré une longue existence – elle a été créée en 1974 – et la présence de deux clubs d’envergure internationale (l’Olympique lyonnais et le Paris Saint-Germain), la compétition a traversé une zone de turbulences l’an passé. La qualité des pelouses et de la retransmission des matchs ont été pointées du doigt, et le milieu n’a de cesse de réclamer plus de considération.

Le niveau des rencontres s’améliore incontestablement, mais le soccer féminin peine encore à atteindre la popularité du soccer masculin en Europe, à cause d’infrastructures défaillantes, mais pas seulement.

Même quand les Espagnoles triomphent sur la scène mondiale, leur heure de gloire passe au second plan à cause de lagression du président de la Fédération contre l’une de ses joueuses. Le chemin pour une vraie égalité des sexes dans le sport est encore long…

Je ne peux que souhaiter à la LPHF d’éviter tous ces écueils. Elle y gagnera un temps précieux dans son ambitieux développement.

Timothée Loubière est journaliste pupitreur au quotidien Le Devoir. Avant de poser ses valises au Québec en 2022, il était journaliste sportif en France, notamment au journal L’Équipe.

Pour de nombreux actes de destruction environnementale, il ne suffit pas de parler de pollution.

Le terme d’écocide a été utilisé pour parler de la disparition des caribous en Abitibi, au Québec; de la destruction de milieux humides et de tourbières; de la dégradation à grande échelle et à long terme de l’environnement autour des sites d’exploitation des sables bitumineux; ou encore de l’inondation de territoires et du déplacement de populations à la suite de la construction de mégabarrages.

Aucune définition officielle n’existe pour l’écocide.

L’organisme Stop Ecocide définit l’écocide comme «une destruction et un dommage massifs des écosystèmes, un dommage grave à la nature, qui est étendu ou durable».

À Vienne, l’European Law Institute le définit plutôt comme la «dévastation et la destruction de l’environnement au détriment de la vie».

Le Parlement européen parle quant à lui «d’infractions comparables à l’écocide avec des conséquences catastrophiques telles qu’une pollution généralisée ou des incendies de forêt à grande échelle».

Si la définition reste à déterminer, c’est que le concept demeure en cours d’élaboration, tant au niveau de la pensée que dans le droit international.

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Criminaliser plutôt que régulariser

Le défi essentiel de toute législation contre l’écocide est de criminaliser la destruction proprement dite de l’environnement, peu importe les lois et règles en place, plutôt que de seulement punir les entreprises qui contreviennent à des lois possiblement vagues ou trop étroites.

Une telle criminalisation est dite nécessaire parce que les entreprises polluantes tendent à planifier le cout des amendes, qui deviennent une forme de taxe aux pollueurs. C’est sans compter que très peu de délits reçoivent des sanctions, comme on peut le voir dans le secteur minier en Abitibi.

Et même dans le cadre d’un projet législatif à l’échelle européenne, les amendes ne sont pas suffisamment lourdes pour être dissuasives. Mais le dommage sur les écosystèmes est souvent irréparable.

Et ces dommages sont souvent volontaires, c’est-à-dire que les personnes qui prennent des décisions qui les causent savent que leurs actions entraineront une destruction environnementale.

Or, la criminalisation au niveau des entreprises a ses limites, étant donné qu’elle ne touche pas directement les personnes responsables des décisions destructrices… ni celles qui bénéficient des profits qui en découlent.

À lire aussi : Conférences sur le climat : un échec annoncé (Chronique)

L’écocide et ses liens au génocide

L’écocide est aussi lié indirectement au génocide dans le contexte du Statut de Rome de la Cour pénale internationale. Si la destruction d’un environnement est un moyen de cibler un groupe que l’on cherche à détruire, cette destruction devient une attaque et un crime de guerre.

D’ailleurs, au niveau des relations entre nations, l’écocide a d’abord été vu comme une arme de guerre, en réaction à l’utilisation par les États-Unis de l’agent orange au Vietnam, un défoliant qui a eu des conséquences à long terme.

Les actions qui pourraient être vues comme constituant un écocide dans le cadre de conflits armés apparaissent donc dans le droit international comme un crime de guerre dommageable à l’environnement.

L’Ukraine a accusé la Russie d’écocide en relation à la destruction d’un barrage et à la contamination des sols, et mène une enquête criminelle à ce sujet suivant ses propres lois.

Au Canada comme ailleurs, la destruction d’écosystèmes est par ailleurs liée au génocide des peuples autochtones. Après tout, elle contribue à la destruction des conditions d’existence de certaines formes de vie et de culture, et avant tout des modes de vie qui dépendent de la relation à la terre et à un environnement spécifique pour la transmission des connaissances et de la langue.

Mais la destruction d’écosystèmes continue aussi de gravement plomber les économies autochtones – pourtant névralgiques pour atteindre l’autonomie face à l’État colonial –, comme cela a été le cas lors de l’élimination des bisons sur les plaines.

Cette dévastation force plusieurs communautés ou peuples entiers à abandonner leur territoire pour vivre ailleurs. Et les désastres continuent.

Un crime contre la vie

Des destructions de cette ampleur, qui ont lieu régulièrement, menacent ainsi la vie elle-même, qu’elle soit végétale ou animale (et humaine), ainsi que les processus liés aux sols et aux eaux.

Étant donné que le changement climatique n’est que l’une des neuf limites planétaires, nous devons développer une réponse à la destruction d’environnements et d’écosystèmes. Parler d’écocide nous permet de le faire et de prendre la mesure de la gravité de notre situation actuelle.

Au final, le problème de la lutte contre l’écocide n’est peut-être pas tant, ou seulement, de légiférer afin de mieux pouvoir le sanctionner ou le punir, ou même de le prévenir.

Le problème semble plutôt être le manque de volonté de l’État d’empêcher de telles destructions.

Pire encore, au Canada, c’est l’État qui subventionne les mêmes entreprises qui détruisent des écosystèmes et créent des dangers pour la vie (et ce également hors du pays). Tandis que ces subventions doivent se tarir en 2024, il nous reste encore à en voir véritablement la fin – et l’écocide est loin d’être perpétré par les seules industries fossiles.

Sans une volonté claire à tous les niveaux de gouvernement, nous ne sommes pas près de voir la fin des écocides.

Jérôme Melançon est professeur agrégé en études francophones et interculturelles ainsi qu’en philosophie à l’Université de Regina. Ses recherches portent notamment sur la réconciliation, l’autochtonisation des universités et les relations entre peuples autochtones et non autochtones, sur les communautés francophones en situation minoritaire et plus largement sur les problèmes liés à la coexistence. Il est l’auteur et le directeur de nombreux travaux sur le philosophe Maurice Merleau-Ponty, dont «La politique dans l’adversité. Merleau-Ponty aux marges de la philosophie» (Metispresses, 2018).