le Samedi 15 novembre 2025

L’usine de St. Thomas devrait être opérationnelle en 2027 et pourrait créer jusqu’à 3 000 emplois. Une petite règle de trois permet vite de conclure que chacun de ses présumés emplois coutera un peu plus de 4,5 millions de dollars. Ça fait cher la job… mais il serait réducteur d’analyser cette subvention seulement à la lumière des emplois créés.

Parier sur l’effet structurant

L’objectif du gouvernement fédéral est de créer un maillon clé de la chaine de production des véhicules électriques au pays. Le Canada est déjà un joueur majeur dans l’industrie automobile nord-américaine, mais rien ne garantit que cette position enviable se perpétuera avec l’électrification du secteur.

Les batteries sont la principale composante technologique des véhicules électriques. Le Canada a les ressources nécessaires à la production des cellules de batteries – lithium, graphite, cobalt, etc. –, mais sans une industrie de transformation locale de ces composants, le pays risque de devenir un simple exportateur de matières premières et de passer à côté de la plus-value importante générée par leur transformation.

Plus de 75 % des batteries conçues pour les véhicules électriques dans le monde sont produites en Chine. La domination chinoise sur toute la chaine de production est sans commune mesure.

C’est donc la crainte de devenir une simple succursale minière qui a poussé le gouvernement fédéral à sortir le chéquier. À cette raison s’ajoutait aussi la concurrence créée par les Américains avec leurs subventions à cout de centaines de milliards de dollars au secteur des énergies vertes.

L’Inflation Reduction Act américain adopté à l’été 2022 pose un défi unique au Canada. C’est que les Américains ont prévu de généreuses subventions à la production ; le gouvernement octroie un montant pour chaque éolienne, panneau solaire, voiture électrique qu’une entreprise produit.

Traditionnellement, le gouvernement canadien subventionne les investissements en capitaux ou en recherche et développement des entreprises. Vous voulez construire une usine ou remplacer votre machinerie, vous obtenez un crédit d’impôt.

Ce type de subvention est moins onéreux et plus propice à générer des investissements à long terme, mais leur montant total est bien moins grand que ce qui est prévu dans la loi américaine.

Le gouvernement Trudeau a donc décidé de jouer à armes égales avec Washington et prévoit des subventions à la production pour l’usine de Volkswagen, ce qui fait gonfler la facture.

D’un autre côté, Ottawa a limité ses risques en prévoyant une clause d’arrimage de ses subventions à celles des États-Unis. Si le gouvernement de l’Oncle Sam change et revoit à la baisse le montant de son aide financière, les sommes versées par Ottawa à Volkswagen seront réduites d’autant.

Un jeu risqué

Néanmoins, le jeu est risqué pour le gouvernement fédéral qui allonge l’essentiel de l’argent. Il avance des retombées de 30 000 emplois indirects, des investissements dans l’extraction des matières premières, dans le développement des piles qui composent les batteries ou dans l’assemblage de véhicules, mais rien ne garantit que tous ces investissements se réaliseront.

Vous vous attendriez peut-être à ce que les gouvernements examinent attentivement si les subventions sont rentables avant de distribuer des milliards de dollars à une entreprise privée comme Volkswagen.

Les plus cyniques d’entre vous ne seront pas surpris d’apprendre qu’il n’en est rien.

Le gouvernement ne fournit aucune information à ce sujet. La littérature économique nous met en garde contre ce genre de subvention, mais de s’attarder sur ces questions rationnelles et scientifiques serait mal comprendre la nature de la bête.

Dans les secteurs économiques mondialisés comme l’automobile, non seulement les entreprises magasinent les subventions, mais elles en tiennent compte dans leur cout de production.

Les gouvernements nationaux sont divisés en deux camps : soit ils sont dans le groupe des pays qui peuvent compétitionner pour obtenir l’usine, soit ils sont dans le groupe des pays moins développés qui ne peuvent pas se le permettre.

On peut certainement déplorer cette situation qui donne un pouvoir démesuré aux grandes multinationales, mais c’est un fait.

Ce qui n’empêche pas de se demander si le Canada peut se permettre de jouer ce jeu.

Il y a deux grands joueurs dans le secteur des énergies vertes. La Chine a un avantage concurrentiel évident, avec son gouvernement totalitaire qui dirige ses énormes ressources où bon lui semble et qui fait peu de cas des droits des travailleurs ou de l’environnement.

De l’autre côté, les États-Unis peuvent se permettre de payer la facture à cause du rôle du dollar américain comme devise de réserve. Il n’y a presque aucune conséquence aux déficits budgétaires astronomiques que Washington accumule année après année.

Le Canada n’est pas du même calibre. Le gouvernement fédéral fait cependant le pari qu’il peut compétitionner coup pour coup dans des secteurs précis de l’économie.

Espérons qu’il ait raison, parce que le nombre de subventions de cette ampleur qu’Ottawa peut sortir de sa bourse est limité. Le Canada n’a pas le luxe de manquer son coup dans ce genre de jeu.

David Dagenais est journaliste économique indépendant et entrepreneur. Auparavant, il a été journaliste à Radio-Canada après des études supérieures en économie politique à l’Université du Québec à Montréal et à l’Université d’Ottawa.

À la mi-avril, l’UNICEF faisait état de son inquiétude dans un rapport soulignant qu’au Canada 82,5 % des Canadiens interrogés pensaient que la vaccination était importante contre 90,5 % en 2019, des chiffres comparables à ceux de l’Allemagne, mais une baisse modérée comparée à celle de 13,6 points de pourcentage observés aux États-Unis ou encore de 20,6 points aux Pays-Bas.

Cet effritement de la confiance se retrouve également dans certains pays africains, mais aussi dans les pays riches d’Asie (-33,1 points au Japon par exemple).

On remarque que, c’est heureux, les deux pays les plus peuplés de la planète, voient eux une augmentation de la confiance envers les vaccins : la confiance est passée de 86 à 94,9 % en Chine et de 95,1 à 97,6 % en Inde.

Le rapport de l’UNICEF montre aussi que cette tendance inquiétante est plus marquée chez les moins de 35 ans, ceux qui naturellement sont plus susceptibles d’avoir des enfants qu’il faudrait vacciner.

Comment expliquer cette détérioration?

Les vaccins traditionnels (rougeole-oreillons-rubéole (ROR), diphtérie-tétanos-coqueluche (DTC) et poliomyélite) ont fait les frais des doutes farfelus exprimés à l’encontre des vaccins contre la COVID-19. Il y a eu une libération de la parole délétère antivaccin et beaucoup de confusion.

Si l’on peut comprendre des doutes exprimés sur des vaccins efficaces à 60 ou 70 %, produits très rapidement et sans que l’on soit en mesure d’en connaitre tous les effets à long terme, cela n’a strictement rien de comparable avec les vaccins infantiles utilisés depuis des décennies et dont l’efficacité se situe bien au-delà de 90 %.

La pandémie de COVID a entrainé un déchainement des discours antiscientifique et les médias sociaux avec leurs chambres d’écho ont fait le reste. Ajoutez à cela la montée du populisme et un individualisme postmoderne forcené promouvant l’idée que seule sa personne compte et que toutes les opinions se valent et vous avez tous les ingrédients réunis.

Il y a là une importante leçon à retenir pour les décideurs publics. Plutôt que des injonctions, il aurait fallu beaucoup plus de sensibilisation auprès des citoyens pendant la pandémie. Certains gouvernements ont aussi fait preuve d’antiscience pour défendre leurs mesures prises à la hâte.

Pourquoi l’enjeu est-il important?

Il faut tout d’abord souligner que ces mauvais chiffres sur la confiance vaccinale arrivent au pire moment puisqu’en raison de la pandémie, l’accès aux réseaux de la santé a diminué et que donc la couverture vaccinale a elle aussi baissé.

Dans beaucoup de pays, les services de vaccination ont été mis sur pause, tout comme les grandes campagnes de vaccination dans les pays pauvres.

En juillet 2022, l’OMS et l’UNICEF tiraient déjà la sonnette d’alarme sur le fait que la pandémie était responsable du plus grand recul en 30 ans de la vaccination dans le monde. Ils soulignaient qu’en 2021, 25 millions de nourrissons n’avaient pas reçu les vaccins vitaux.

Le rapport d’avril 2023 de l’UNICEF a actualisé ces chiffres : 67 millions d’enfants ont été privés de leurs vaccins entre 2019 et 2021. La couverture vaccinale a baissé dans 112 pays, y compris au Canada.

Or, si l’on prend le cas de la rougeole, maladie extrêmement contagieuse et mortelle, il faut que 95 personnes dans un groupe de 100 soient vaccinées pour éviter la propagation de la maladie.

Il y a donc un important effort de rattrapage à effectuer dans un contexte difficile étant donné que les systèmes de santé sont tous, et partout, en déliquescence, et justement en mode rattrapage dans tous les domaines.

Les conséquences sanitaires n’ont pas tardé à se manifester. Toujours d’après le rapport de l’UNICEF, en 2022, les cas de rougeole ont été multipliés par deux par rapport à l’année précédente. La polio est elle aussi en forte augmentation.

On assiste, notamment en Afrique, à une multiplication des épidémies, car seuls 67 % des enfants d’Afrique de l’Ouest et du Centre ont reçu leur vaccination contre la DTC, par rapport à 80 % en moyenne dans le monde.

Faut-il rappeler que ces maladies infantiles sont mortelles dans de nombreux cas et laissent de très graves séquelles dans bien d’autres?

Comment remédier au problème?

Dans les pays riches comme le Canada, ces maladies ont été quasiment éradiquées grâce à la vaccination. Dans les pays pauvres, des millions d’enfants meurent encore chaque année de ces maladies.

Cette iniquité est une des plus grandes injustices du monde.

Il faudrait vraiment peu si l’on voulait sincèrement vacciner tous les enfants dans le monde. Il suffirait de quelques voyages en moins dans l’espace. Ce serait bien peu cher payé.

Alors voilà que, pour des raisons parfaitement absconses, la population dans les pays du Nord fait maintenant la fine bouche sur des vaccins qui lui sont offerts gratuitement.

C’est le symbole même de l’hyperindividualisme crasse. Sous prétexte d’avoir le droit de «croire ce que l’on veut», on fait fi de l’intérêt général. Se faire vacciner sert d’abord et avant tout à protéger les autres.

Il y a plusieurs pistes d’action possibles. La première consiste à revenir à de véritables politiques de vaccination obligatoire pour la fréquentation des établissements scolaires. Il ne devrait pas être possible de contourner cette obligation en signant une simple lettre argüant de motifs religieux ou pseudoreligieux.

La France, par exemple, exige que les enfants soient vaccinés pour l’entrée à l’école, sans dérogation possible «sauf contrindication médicale».

Certains trouveront qu’il s’agit d’une mesure qui va trop loin, mais pensons-y un instant. Quand les employeurs, notamment le gouvernement canadien, ont rendu la vaccination de leurs employés obligatoire pendant la pandémie, les tribunaux leur ont donné raison.

La deuxième piste d’action concerne la mobilisation des chefs de file cultuels pour que l’argument religieux ne soit pas utilisé à des fins d’évitement de la vaccination.

La troisième piste, plus radicale certes, mais très séduisante, a trait à un aspect pécuniaire et repose sur une logique simple. Si une personne refuse de faire vacciner son enfant, elle doit payer une taxe (quand le gouvernement du Québec avait proposé une telle taxe pour le vaccin contre la COVID, avant de faire marche arrière, les sondages montraient qu’une forte majorité de Québécois appuyaient cette idée).

Les sommes perçues par cette taxe seront entièrement affectées à l’achat de vaccins pour les enfants des pays pauvres.

Selon l’OMS, 33 millions d’enfants africains doivent être vaccinés d’ici à 2025 pour atteindre «les objectifs mondiaux de vaccination pour 2030, notamment la réduction de la morbidité et de la mortalité dues aux maladies évitables par la vaccination».

Aurélie Lacassagne est politicologue de formation et doyenne des facultés de Sciences humaines et de Philosophie de l’Université Saint-Paul à Ottawa. Elle est membre du Comité de gouvernance du Partenariat Voies vers la prospérité.

Avec des informations de Mélanie Tremblay

Les organismes qui desservent les francophones en situation minoritaire au pays s’accordent pour dire que les investissements du Plan d’action pour les langues officielles 2023—2028 n’ont jamais été aussi forts.

Sur cinq ans, 1,4 milliard de dollars s’ajoute aux 2,7 milliards du Plan précédent qui sont devenus permanents. Les nouvelles sommes sont toutefois temporaires.

Une communauté «entendue»

La directrice de la FCCF, Marie-Christine Morin, a assuré vouloir plus de travail intersectoriel pour son organisme dans la mise en oeuvre du Plan d’action. 

Photo : Courtoisie

Liane Roy, présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, se sent «entendue» par le gouvernement avec ce nouveau Plan : «Lors des consultations avec la ministre, on avait identifié quatre axes et on les retrouve presque tous dans le Plan d’action!»

Même réaction du côté de la Fédération culturelle canadienne-française (FCCF) : «Assez heureuse de voir quand même des investissements significatifs, nouveaux aussi», lance Marie-Christine Morin, directrice générale de l’organisme.

Cette dernière se réjouit surtout de la reconduction de programmes comme PassepART et , ainsi que de la bonification de l’enveloppe pour le projet La Ruchée, une «avenue intéressante» pour travailler de façon intersectorielle avec le milieu de l’éducation.

La présidente de la Fédération de la jeunesse canadienne-française (FJCF), Marguerite Tölgyesi, se dit reconnaissante du premier investissement de 5 millions de dollars pour la mise en place d’une stratégie jeunesse visant le rapprochement des communautés linguistiques. «Je pense que ça va avoir un réel impact si la mise en œuvre est bien faite», affirme-t-elle.

L’immigration prend la part du lion

Pour Liane Roy, le «grand gagnant» est le secteur de l’immigration, qui reçoit des investissements totaux de 221,5 millions dans le Plan.

  

Pour Liane Roy, «une part d’inconnu» subsiste dans le Plan d’action, puisqu’il reste «beaucoup de travail à faire» pour la mise en oeuvre du Plan. 

Photo : Courtoisie FCFA

La présidente de la FCFA sent un changement de ton : «On n’a jamais autant entendu parler de rétablissement de poids démographique. Avec C-13, et avec le Plan d’action, on est sur la bonne voie pour attaquer le déclin du poids démographique. Certains éléments du Plan devraient aider à atteindre des cibles plus hautes [que le 4,4 % d’immigration francophone hors Québec, NDLR].»

Mais pour la FCFA, le Plan n’est pas l’endroit pour l’annonce de nouvelles cibles. Il y a un an, l’organisme avait demandé des cibles «de réparation» progressives au gouvernement fédéral de 12 % en 2024, puis de 20 % d’ici 2036.

En outre, la ministre des Langues officielles a mentionné une cible annuelle en immigration francophone lors du dévoilement du Plan d’action. Ça annonce un «changement de cap intéressant», selon la direction de la FCFA, qui espère une cible bien «plus haute» que les 4,4 % annoncés en 2003 et atteints en 2022.

«On n’appuiera pas de cible en dessous de 8 %», affirme Liane Roy.

— Liane Roy, présidente de la FCFA

Inquiétudes autour du financement des organismes

Le Plan d’action a dévoilé 62,5 millions de dollars en financement de base pour les organismes pour les cinq prochaines années. L’augmentation du financement pourrait aller jusqu’à 25 % d’augmentation.

Extrait de la conférence de presse de ministre des Langues officielles, Ginette Petitpas Taylor, lors de la présentation du Plan d’action pour les langues officielles 2023-2028, le 26 avril 2023.
Francopresse

La FCFA se dit malgré tout inquiète, car le financement «ne change pas les défis structurels que connaissent nos organismes».

Marie-Christine Morin soulève aussi un «soupçon d’inquiétude», notamment pour des organismes qui n’ont pas accès au financement de base.

Marguerite Tölgyesi est «reconnaissante» des sommes dévoilées dans le nouveau Plan d’action. 

Photo : Marianne Dépelteau - Francopresse

«Les montants pour le financement de base, donc les opérations des organismes, sont quand même limités. Ça ne répond pas à l’ensemble des besoins de ces organisations qui sont un peu les metteurs en œuvre du Plan d’action sur le plan local, régional, national, en déployant des activités très concrètes pour que les gens puissent continuer à vivre en français», lance-t-elle.

La FJCF pose le même frein : «La prochaine étape va être de participer aux consultations pour savoir si nos organismes peuvent avoir le 25 % d’augmentation. On veut s’assurer que les jeunes vont avoir leur place pour la mise en œuvre de ce plan-là», a fait savoir Marguerite Tölgyesi.

Le postsecondaire en français «partagé»

Martin Normand, directeur de la recherche stratégique et des relations internationales à l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC), se dit plutôt «partagé» quant au nouveau Plan d’action.

L’organisme a été «entendu d’une certaine manière» sur plusieurs de ses demandes, comme l’appui à la recherche en français, une nouveauté financée à hauteur de 8,5 millions dans le Plan d’action et plusieurs programmes de formation en petite enfance ou en santé.

«Le bémol, c’est que toutes ces initiatives-là ne sont pas permanentes», déplore le directeur.

Martin Normand, directeur aux relations stratégiques de l’ACUFC, est déçu de ne pas voir de place pour les étudiants internationaux francophones dans le nouveau Plan d’action. 

Photo : Guillaume Lamy

Mais l’immense déception concerne davantage la promesse non tenue des libéraux pendant la campagne électorale de 2021 d’octroyer 80 millions par an de façon permanente pour le postsecondaire en français. Ce ne sont plus que 32 millions par année pendant quatre ans qui se retrouvent dans le Plan d’action.

Le gouvernement ouvre la porte en reconnaissant qu’il devra faire des efforts pour appuyer le secteur à long terme. 

À lire aussi : Le postsecondaire en français grand perdant du Plan d’action pour les langues officielles

Par ailleurs, le gouvernement n’a pas corrigé le tir en finançant un programme de bourse de français langue première pour les étudiants francophones qui souhaitent fréquenter un établissement postsecondaire en français. Ce programme existe pourtant pour les étudiants anglophones depuis le Plan 2018 – 2023.

Martin Normand déplore également l’absence de référence aux étudiants étrangers dans le Plan : «On espérait des mesures pour attirer, retenir et appuyer les étudiants internationaux vers l’obtention de la résidence permanente.»

Ceci, dans un contexte où les étudiants étrangers francophones ont connu bien du mal pour rester au Canada, entre racisme de la part d’IRCC, reconnu l’an dernier par le ministre de l’Immigration, et obstacles administratifs.

La ministre des Langues officielles a publié son Plan d’action 2023—2028. Ce plan était attendu depuis près d’un mois après l’expiration du précédent, le 31 mars. 

Photo : Mélanie Tremblay - Francopresse

Le secteur postsecondaire francophone recevra 32 millions par année, totalisant 128 millions pendant quatre ans au lieu des 80 millions annuels permanents promis par les libéraux en campagne électorale. Cette somme devait faire suite aux 121,3 millions octroyés au secteur en 2021.

Le budget fédéral de 2023 prévoyait 1,1 milliard de dollars pour les langues officielles, dont 679 millions pour l’éducation dans la langue de la minorité.

Comme le budget de 2021 accordait 30,4 millions au secteur postsecondaire pour l’année 2023-2024, la distribution des 128 millions prévus au Plan d’action débutera en avril 2024. Le postsecondaire en français est donc confronté à un manque à gagner de près de 300 millions, alors que le secteur en attendait 400 millions, soit 80 millions annuels sur cinq ans.

Selon une source, le gouvernement a choisi de ne pas octroyer les fonds promis tant que l’enveloppe de 121,3 millions de dollars n’était pas épuisée.  

«Dans le budget 2021, nous avons fait un investissement de 121 millions de dollars sur une période de trois ans. À ce point-ci, nous sommes en train, encore, de faire des annonces à ce sujet», a déclaré la ministre des Langues officielles, Ginette Petitpas Taylor en conférence de presse. 

Peu d’engagements pour les services de garde en français

Toujours dans le domaine de l’éducation, la petite-enfance bénéficiera notamment de 50 millions de dollars sur cinq pour appuyer les réseaux d’intervenants.

Le Plan d’action ne fait pas référence aux clauses linguistiques lors des ententes entre le fédéral et les provinces, alors qu’un « leadership » est attendu du fédéral de la part des organismes. La ministre des Langues officielles a indiqué qu’il faudra attendre l’adoption de la nouvelle Loi sur les langues officielles. Le Plan d’action ne financera d’ailleurs pas la mise en oeuvre de cette dernière.

À lire aussi : Garderies à 10 $ : pas de clause linguistique pour les francophones

L’appui à l’enseignement dans la langue de la minorité bénéficie de 147,8 millions de dollars sur cinq ans. En tout, 275,8 millions de dollars sur cinq ans iront à l’appui de l’éducation dans la langue de la minorité. L’enveloppe d’appui pour l’immersion s’élève de son côté à 242, 8 millions de dollars.

À noter que le gouvernement injecte 2 millions de dollars sur cinq ans pour aider Statistique Canada à mieux recueillir les données sur les enfants admissibles à l’instruction dans la langue officielle minoritaire [les ayants droit, NDLR].

Cela permettra « aux provinces, territoires, conseils scolaires et communautés de langue officielle en situation minoritaire de mieux planifier la mise en œuvre de ce droit », selon le document.

Capture d'écran — Patrimoine canadien 

Immigration pour contrer le déclin démographique

L’enveloppe de l’immigration francophone sur la période 2023-2028 passe de 123,3 millions de dollars, annoncés dans le dernier budget fédéral, à 221,5 millions au total. Un montant développé pour rétablir le poids démographique des francophones au pays. 

Un haut fonctionnaire a assuré que l’enveloppe du Plan se concentrera sur l’intensification de l’ensemble du continuum en immigration: « Le ministère a entendu le souci en lien avec l’enjeu démographique. On a tous senti le sol trembler à l’annonce du recensement. »

C’est avant tout la répartition exacte de cette somme d’un milliard de dollars qui intéresse la francophonie canadienne, car une partie de l’enveloppe pourrait aussi aller à la mise en œuvre de la nouvelle Loi sur les langues officielles.

L’automne dernier, les organismes francophones en milieu minoritaire ont réclamé 300 millions de dollars par le biais de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA), pour combler un manque de financement fédéral latent depuis des années.

Dans un rapport intitulé «Éviter le point de rupture», dévoilé en octobre 2022, plusieurs de ces organismes ont fait état de leur mauvaise santé financière, minée par un financement fédéral trop maigre depuis «deux décennies», selon Liane Roy, présidente de la FCFA.

La francophonie en milieu minoritaire est proche, trop proche du point de bascule où plusieurs organismes pourraient simplement disparaitre, faute de ressources.

— Rapport «Éviter le point de rupture»

Par ailleurs, les retards chroniques du dévoilement du Plan d’action pour les langues officielles empêchent les organismes francophones en milieu minoritaire d’anticiper leur programmation et les postes nécessaires à l’interne. Le Plan pour la période 2018 à 2023 est arrivé à expiration le 31 mars dernier.

À lire aussi : Langues officielles : les organismes francophones mis à genoux à chaque Plan d’action

Services et éducation dans la langue de la minorité

Le rapport sur les consultations pancanadiennes que la ministre Petitpas Taylor a menées l’été dernier démontre que les francophones ont avant tout besoin d’un «financement de base», par le biais des organismes en milieu minoritaire.

Des demandes pour effectuer un «rattrapage du financement fédéral à l’éducation minoritaire» figurent également dans ce rapport. Ce à quoi le budget 2023 a tenté de répondre en octroyant plus de 672 millions de dollars sur cinq ans à ce secteur.

Pour 45,1 % des 5 200 répondants au questionnaire des consultations pancanadiennes, ce financement permettrait notamment d’assurer un apprentissage dans leur langue officielle «de la petite enfance au postsecondaire», précise le rapport.

Le document indique aussi que 62 % des répondants identifient «la capacité de vivre, d’apprendre et de travailler en français dans la vie de tous les jours comme l’un des cinq plus grands défis des communautés francophones en situation minoritaire».

Lors des consultations à Sudbury, des définitions identitaires plus claires de «francophones» et de «l’identité bilingue» ont également été exposées.

À lire aussi : Les Canadiens cherchent leur identité linguistique

Ce qu’on sait

La part du milliard de dollars sera déjà divisée entre plusieurs piliers révélés dans le Budget fédéral 2023.

Il y a d’abord l’enseignement de la langue de la minorité, qui bénéficie de 679,2 millions sur cinq ans dès 2023-2024, suivi de l’immigration et du développement économique dans les deux langues officielles.

La division du milliard de dollars du fédéral pour les langues officielles sur cinq ans par secteur, dès 2023.

Photo : Montage Mélanie Tremblay – Francopresse

Depuis 2003, les gouvernements successifs ont bonifié l’enveloppe dédiée aux Plans d’action, sauf pour le Plan adopté en 2008.

Le premier Plan d’action demeure celui qui a bénéficié du supplément fédéral le plus enviable, avec un ajout de 800 millions au financement de base de 1,1 milliard attribué aux langues officielles avant 2003.

Le Plan 2018-2023 a quant à lui reçu un financement supplémentaire de près de 500 millions sur cinq ans comparativement au Plan précédent. C’est donc sans commune mesure avec le Plan prévu entre 2023 et 2028.

Si le plus gros de l’annonce a été fait, c’est la répartition des sommes que le Plan détaillera le 26 avril.

Les investissements fédéraux à chaque Plan d’action pour les langues officielles depuis le premier, adopté en 2003 sous les libéraux.

Photo : Capture d’écran — Patrimoine canadien

En petite enfance comme ailleurs, les défis ne manquent pas. Il y a notamment d’importantes difficultés de recrutement. «Il existe actuellement près d’une cinquantaine de postes non comblés dans les garderies francophones en Colombie-Britannique», constate Marie-Andrée Asselin, directrice générale de la Fédération des parents francophones de Colombie-Britannique (FPFCB).

À lire aussi : L’«hécatombe» dans les services de garde francophones

Et la demande ne faiblit pas. «Il y a plus d’immigrants francophones qui viennent s’installer ici», rapporte Isabelle Thibault, vice-présidente à l’enseignement au Collège Éducacentre, le seul collège francophone de la province.

Qui dit plus d’enfants dit plus de demandes de places en garderie. «Il y a des listes d’attente impressionnantes, poursuit-elle. Certains mettent leur enfant sur une liste en bas âge ; [quand] l’enfant arrive à l’âge scolaire, ils n’ont pas réussi à trouver une place.» Une situation de plus en plus fréquente selon la vice-présidente.

Des milliers de dollars pour traduire un dossier

Les postes en éducation de la petite enfance qui demandent une certification ne sont pas faciles à pourvoir. Les francophones ayant obtenu leur diplôme à l’extérieur de la province doivent surmonter toute une série d’obstacles pour faire reconnaitre leur formation.

Marie-Andrée Asselin, directrice générale de la Fédération des parents francophones de Colombie-Britannique, rappelle qu’une cinquantaine de postes restent vacants dans les garderies francophones de la province.

Photo : Pascale Cyr

«On peut les embaucher comme éducateurs assistants, comme adultes responsables dans les garderies après l’école, mais ils ne peuvent pas avoir la responsabilité d’un groupe d’enfants d’âge préscolaire», explique Marie-Andrée Asselin.

Deux options s’offrent alors aux personnes qui arrivent en Colombie-Britannique. La première : faire valider leurs acquis scolaires ou professionnels par ECE Registry, un organisme provincial. Mais pour cela, le candidat ou la candidate doit présenter un dossier en anglais, traduit — à ses frais — par une personne agréée en traduction.

Un dossier de candidature peut comporter «une centaine de pages» et couter «des milliers de dollars» en frais de traduction, évalue Marie-Andrée Asselin.

«C’est une aberration»

«C’est une aberration, lâche-t-elle. C’est disproportionné par rapport à la profession. C’est beaucoup demander à des personnes qui arrivent d’une autre province ou de l’immigration.»

La traduction de tous les documents est injuste pour les francophones, alors qu’on est dans un pays bilingue et qu’on a tant besoin de ces éducatrices dans nos centres.

— Marie-Andrée Asselin, directrice générale de la FPFCB

La deuxième option? Suivre une formation au Collège Éducacentre pour obtenir un diplôme en éducation à la petite enfance. Mais in fine, «c’est seulement en moyenne 50 % de la formation [initiale de la personne] qui est reconnue, nuance Marie-Andrée Asselin. On n’est jamais surs du niveau d’équivalence.»

«C’est un long processus pour les employeurs qui cherchent des éducatrices», résume-t-elle. Une attente qui peut conduire à l’impossibilité d’ouvrir un service de garde.

«La situation pour les nouveaux arrivants des autres pays est encore pire, ajoute la directrice générale. S’ils ont un permis de travail temporaire, ils ne peuvent pas suivre de formation en Colombie-Britannique de plus de six mois.»

Isabelle Thibault est vice-présidente à l’enseignement au Collège Éducacentre, seul collège francophone en Colombie-Britannique.

Photo : Courtoisie

Par et pour les francophones

«Les francophones n’ont toujours pas le même accès que les anglophones à la formation», déplore Catherine Rousseau, gestionnaire de programmes en petite enfance à l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC).

L’offre de formation reste inégale selon les provinces et les territoires, et difficile d’accès. «Les francophones sont défavorisés», appuie la gestionnaire.

Selon elle, calquer le modèle anglophone ne fonctionne pas. «Les services éducatifs dans les communautés francophones en situation minoritaire ont un double mandat. Ils ne font pas le même travail que les services éducatifs anglophones. Il y a tout un rapport positif à la langue à développer.»

Une situation à laquelle veut aussi remédier le Collège Éducacentre. Le programme de formation en éducation à la petite enfance proposé par l’établissement est traduit de l’anglais, car il est offert en partenariat avec un collège anglophone, le Northern Lights College.

«Ce n’est pas un programme qui est fait par et pour les francophones, regrette Isabelle Thibault. Il n’est pas tout à fait adapté à la réalité des francophones.»

C’est pourquoi, pour répondre aux besoins de la communauté, le Collège Éducacentre va se doter de son propre programme en petite enfance. «Il est tout en ligne, il est prêt, mais on ne peut pas l’offrir, car on attend l’approbation de la province», assure Isabelle Thibault.

Construction identitaire

La petite enfance est «la porte d’entrée du continuum de l’éducation en français», souligne Catherine Rousseau, gestionnaire de programmes en petite enfance à l’ACUFC.

«Les éducatrices et éducateurs accompagnent aussi les enfants dans leur développement langagier et leur construction identitaire, leur appartenance à la culture francophone.»

Un parent qui ne trouve pas de place dans un service de garde francophone risque de se tourner vers son pendant anglophone, alerte-t-elle.

«À partir du moment où l’enfant est inscrit dans un service d’éducation en anglais, c’est très difficile de le retirer de là.»

Il est alors probable que l’enfant continue le reste de son parcours scolaire, jusqu’au postsecondaire, en anglais. «Alors que s’il se construit des bases solides en français durant sa petite enfance […] il risque de rester dans sa communauté, de devenir un leadeur. Alors ultimement, cela a une incidence sur la vitalité des communautés francophones», observe-t-elle.

«Il ne faut pas oublier que l’acquisition d’une identité culturelle passe également par l’apprentissage de la langue», rappelle Isabelle Thibault, vice-présidente à l’enseignement au Collège Éducacentre.

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Martine Fillion est directrice générale de la Fédération des parents francophones de Terre-Neuve et du Labrador, qui propose depuis trois ans une formation en petite enfance.

Photo : Courtoisie

Une vitrine pour l’immigration

À l’autre bout du pays, la situation est tout aussi déplorable. «Il y a des établissements postsecondaires francophones partout sauf à Terre-Neuve-et-Labrador et dans deux des trois territoires», note Catherine Rousseau.

Depuis 2020, la Fédération des parents francophones de Terre-Neuve et du Labrador (FPFTNL) propose une formation gratuite de 45 heures. «Ce n’est pas un diplôme, mais un certificat, précise Martine Fillion, sa directrice générale. C’est surtout du développement professionnel pour venir soutenir le personnel de la région. […] On y parle de la francophonie à Terre-Neuve-et-Labrador.»

La formation est ouverte aux francophones, mais aussi aux francophiles. Virtuelle, elle reste accessible par-delà les frontières de la province.

Si les résidents de la province sont privilégiés, les futurs immigrants sont aussi les bienvenus. Car pour Martine Fillion, la formation peut constituer «un outil d’attraction», notamment à l’international. «On fait découvrir Terre-Neuve-et-Labrador et la communauté francophone à une francophonie mondiale.»

Car la profession attire les nouveaux arrivants. «Le recrutement dans les services de garde francophones se fait présentement principalement et de plus en plus à l’international», remarque Jean-Luc Racine, directeur général de la Commission nationale des parents francophones (CNPF).

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Manque de volonté politique?

Pour Jean-Luc Racine, directeur général de la Commission nationale des parents francophones, les gouvernements ont parfois de la difficulté à comprendre la réalité des francophones.

Photo : Courtoisie

Pour lui, le problème vient aussi d’en haut. «On a beaucoup de difficultés au niveau des gouvernements provinciaux et territoriaux à comprendre la dynamique francophone.»

Il est également impératif selon lui de soutenir davantage les services de garde en milieu familial, «sinon, progressivement, [les familles] vont glisser du côté anglophone. Et ça, les gouvernements ne comprennent pas parce que ce n’est pas un enjeu majeur du côté anglophone».

Le directeur général de la CNPF a d’ailleurs témoigné en comité parlementaire le 18 avril pour attirer l’attention des élus sur le fait que le projet de loi C-35, relatif à l’apprentissage et à la garde des jeunes enfants au Canada, avait besoin d’amendements pour remédier au manque de «clauses linguistiques robustes» et d’engagements financiers du fédéral dans les ententes provinciales.

Plus sur la francophonie

C’est ce qu’a indiqué le bureau de la ministre des Langues officielles, Ginette Petitpas Taylor mercredi.

La ministre des Langues officielles s’apprête à déposer le Plan d’action pour les langues officielles le 26 avril. 

Photo : Inès Lombardo - Francopresse

Ce Plan, largement attendu par les francophones partout au pays, sera notamment rédigé en fonction des Consultations pancanadiennes sur les langues officielles qui se sont déroulées pendant l’été 2022.

Ces dernières comprennent les demandes et besoins des organismes et des particuliers francophones de chaque province et territoire.

Par ailleurs, l’attente est renforcée depuis que le Budget 2023 a révélé une enveloppe de plus d’un milliard de dollars destinée au Plan.

Il s’agissait de l’une des demandes fortes des organismes francophones du pays, en mauvaise posture financière à chaque fois que le Plan d’action doit être renouvelé, ne serait-ce qu’avec un léger retard.

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Alain Dupuis a témoigné devant le Comité permanent des ressources humaines, développement des compétences, développement social et condition des personnes handicapées pour amender le projet de loi C-35 afin d’assurer des places dans les garderies pour les francophones en situation minoritaire. 

Photo Courtoisie FCFA

C’est ce qu’ont expliqué Alain Dupuis, directeur général de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) et Jean-Luc Racine, directeur général de la Commission nationale des parents francophones (CNPF), lors de leur témoignage en comité parlementaire mardi.

Ils ont attiré l’attention des élus sur le fait que le projet de loi C-35, relatif à l’apprentissage et à la garde des jeunes enfants au Canada, avait besoin d’amendements pour remédier au manque de «clauses linguistiques robustes» et d’engagements financiers du fédéral dans les ententes provinciales.

Une manière d’assurer des places aux 141 635 enfants de 0 à 4 ans qui ont droit à une éducation en français à l’extérieur du Québec.

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La FCFA a rappelé que «seulement 20 %» de ces enfants ont accès à une éducation en français actuellement. «Les parents font un choix déchirant [devant] le manque criant de place dans les garderies en français», a déclaré Alain Dupuis.

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Les deux organismes ont aussi exposé leurs craintes du «facteur de l’assimilation» : par manque de choix, les parents choisissent de placer leurs enfants en garderie anglophone. De là, l’enfant aurait plus de chances de continuer son éducation en anglais qu’en français.

Grève de la fonction publique et attaque de Twitter contre CBC/Radio-Canada

La grève des employés de la fonction publique déclenchée le 19 avril a un impact direct sur plusieurs services destinés aux Canadiens. Les langues officielles n’y échappent pas, selon François Rocher, professeur à l’École des études politiques à l’Université d’Ottawa.

Ce dernier souligne que la mise en œuvre du Plan d’action sur les langues officielles, qui sortira le 26 avril, sera perturbée si la grève dure.

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Les grévistes négocient depuis l’été 2021 avec le Conseil du Trésor pour une hausse des salaires sur trois ans. Le gouvernement a mis sur la table une augmentation salariale de 9 % couvrant cette période. Une offre jugée insuffisante par les syndicats.

Près de 155 000 grévistes revendiquent de meilleures conditions de travail, de la flexibilité en télétravail en plus d’une indexation des salaires. Les négociations se poursuivent.

Le premier ministre Trudeau a assuré aux journalistes qu’il n’était pas au courant du don effectué la famille Green, à la Fondation Trudeau. 

Photo : Inès Lombardo – Francopresse

Les vacances du Nouvel An 2022 du premier ministre et de sa famille chez les Green en Jamaïque auraient couté 160 000 $ aux contribuables canadiens selon des informations de Radio-Canada. Le voyage aurait toutefois été validé par le commissaire à l’éthique.

Les Green, amis de la famille Trudeau depuis les années 70, sont des donateurs de la Fondation Pierre Elliott Trudeau.

Le premier ministre ne semblait pas être au courant de ce don et a assuré en mêlée de presse qu’il n’avait pas de détails sur la gestion de la Fondation.

L’histoire porte un nouveau coup à la Fondation Trudeau, déjà enlisée dans le scandale lié aux ingérences étrangères depuis plusieurs semaines.

«Il y a un manque de jugement et de respect du premier ministre pour le citoyen moyen, dont il sollicite le vote au moment des élections», a déploré Yves-François Blanchet mardi, en point de presse. Le chef du Bloc québécois a de nouveau appelé Justin Trudeau à choisir une personne qui dirigerait une commission éthique sur l’ingérence étrangère.

C’est ainsi que le média a réagi à la décision du réseau social d’apposer l’étiquette de «média financé par le gouvernement» sur son compte Twitter.

Provocant, le réseau social d’Elon Musk avait dans un premier temps étiqueté le média «financé à 70 %» par l’État canadien, avant de corriger par «69 %», en référence à un acte sexuel.

Le réseau répondait ici à une demande de Pierre Poilievre datant de la semaine dernière, qui souhaitait voir la précision de «média financé par le gouvernement» sur son compte Twitter.

Justin Trudeau a qualifié la démarche du chef de l’opposition et la décision de Twitter de «désalignement des valeurs».

Le chef du Bloc québécois a de son côté rappelé que Radio-Canada est «imbriqué» dans la gestion de CBC. Pour cette raison, l’élu s’est inquiété des effets de cette décision pour l’avenir du français dans les communautés francophones hors Québec.

«Les communautés de langue officielle en situation minoritaire sont déjà en déclin, a souligné Yves-François Blanchet. Et sans Radio-Canada, elles vont l’être encore plus vite. Il y a le fait d’amener les arts, la culture et les informations de ces régions périphériques vers les grands centres et le contraire. C’est un mandat fondamental.»

Vendredi dernier, le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre des communes a entendu le témoignage de la cheffe de cabinet de Justin Trudeau, Katie Telford, au sujet des ingérences étrangères lors des dernières élections canadiennes fédérales, selon des informations du Globe and Mail en février. Cette comparution a fait l’objet de tensions entre les libéraux et les conservateurs pendant des semaines.

Assurant que ses réponses seraient limitées en raison des renseignements sensibles entourant le sujet, Katie Telford a assuré que le lien entre les 11 candidats libéraux et un financement de la République populaire de Chine lors des élections fédérales de 2019 était «inexact».

Elle a toutefois assuré qu’il était «possible» que le premier ministre ait été informé d’ingérence pendant les élections de 2019 au début de l’année 2022.

Katie Telford ne s’est pas prononcée sur la pertinence ou non d’une enquête publique sur l’ingérence étrangère, réclamée par les trois partis d’opposition. Finalement, elle a contesté sa présence devant le Comité, assurant qu’elle n’était pas la «bonne personne» pour répondre aux questions du Comité.

La dernière année n’a pas été de tout repos pour la ministre Petitpas Taylor. Au moment du dépôt du projet de loi C-13 modernisant la Loi sur les langues officielles, le 1er mars 2022, peu de personnes s’attendaient à ce qu’un an plus tard, cette mesure législative ne soit toujours pas adoptée.

Après plusieurs retards, et des débats parfois houleux, l’examen du projet de loi au Comité permanent des langues officielles s’est enfin conclu le 31 mars dernier. Le texte de loi pourra maintenant faire l’objet d’un troisième et dernier vote aux Communes avant d’être envoyé au Sénat.

L’élément qui a permis en grande partie de faire débloquer les travaux est une entente entre les gouvernements du Canada et du Québec concernant une série d’amendements sur l’usage du français au sein des entreprises privées de compétence fédérale.

Au départ, le gouvernement québécois souhaitait que les entreprises situées au Québec soient obligatoirement assujetties à la Charte de la langue française du Québec. Ce ne sera pas le cas. Toutefois, les amendements adoptés font en sorte que le projet de loi C-13 comprend désormais des obligations très similaires à la législation québécoise sur ce sujet.

La ministre Petitpas Taylor et le ministre québécois de la Langue française, Jean-François Roberge, ont tous deux mis de l’eau dans leur vin pour trouver un terrain d’entente plutôt que de rester campés sur leur position de départ.

Dans une époque marquée par le cynisme en politique, ce type d’entente est un vent de fraicheur. Ce sont les francophones de partout au pays et la langue française qui en ressortent gagnants.

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Une stratégie politique à point

En obtenant l’appui du gouvernement du Québec à son projet de loi, la ministre Petitpas Taylor s’assure de son adoption aux Communes.

Sur Twitter, le ministre Roberge a qualifié la version amendée du projet C-13 «d’avancée majeure pour la vitalité du français au Québec et au Canada».

Les troupes de Pierre Poilievre souhaitent faire des gains au Québec lors des prochaines élections fédérales. Ce serait partir d’un bien mauvais pied pour eux que de voter contre un projet qui renforce la protection du français, pas seulement selon les dires des libéraux, mais aussi ceux du gouvernement du Québec.

— Guillaume Deschênes-Thériault, chroniqueur - Francopresse

Des élus conservateurs du Québec se sont d’ailleurs posés à plusieurs reprises en tant que défenseurs des communautés francophones au Canada dans les derniers mois.

Cette entente à caractère historique entre Québec et Ottawa sur la protection du français place le Bloc québécois dans une position délicate. La formation politique exploite généralement à son avantage les désaccords entre les deux ordres de gouvernement, en particulier sur les questions linguistiques ou identitaires.

Après cette sortie du ministre Roberge, il serait aussi malaisé pour les bloquistes de voter contre le projet de loi C-13 sans entacher leur crédibilité.

Un vote contre le projet serait associé à une préférence pour la perpétuation des disputes entre Ottawa et Québec plutôt que la recherche de solution gagnant-gagnant.

Enfin, l’appui des néodémocrates au projet ne fait aucun doute.

Un vote unanime?

Rappelons qu’au cours des derniers mois, ce ne sont pas seulement les partis d’opposition qui ont mis des bâtons dans les roues au gouvernement dans le dossier de la modernisation de la Loi sur les langues officielles. Des députés libéraux montréalais ont remis en question publiquement le projet de loi au nom de la protection de la minorité anglophone du Québec.

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Le premier ministre Justin Trudeau devrait imposer la ligne de parti à l’ensemble de son caucus. Il s’agirait d’une reconnaissance du travail accompli par la ministre Petitpas Taylor, qui a mené à bien un engagement électoral du Parti libéral.

De plus, un vote unanime de la Chambre des communes sur le projet de loi C-13 aurait une forte portée symbolique quant à l’importance des langues officielles au Canada. Il serait malvenu que les seuls votes défavorables à ce projet proviennent des rangs des libéraux.

Des fonds supplémentaires pour les langues officielles

Par un concours de circonstances, quelques jours avant la fin des travaux en comité entourant C-13, la ministre des Finances, Chrystia Freeland, a dévoilé le budget fédéral de 2023.

Ce budget prévoit une enveloppe de 1,1 milliard de dollars supplémentaires pour les langues officielles au courant des cinq prochaines années.

Les détails concernant ces nouveaux investissements seront dévoilés lors du dépôt du Plan d’action pour les langues officielles, prévu en principe d’ici la fin avril. Une partie de ces fonds pourrait aussi être consacrée à la mise en œuvre de la loi modernisée.

Pour la ministre Petitpas Taylor, l’obtention de fonds supplémentaires dans cet exercice financier est un autre bon coup. Il s’agit certainement du fruit d’un important travail en coulisses pour s’assurer que les langues officielles obtiennent leur part du gâteau.

NOTICE BIOGRAPHIQUE

Guillaume Deschênes-Thériault est doctorant en science politique à l’Université d’Ottawa. Il détient un baccalauréat de l’Université de Moncton et une maitrise de l’Université d’Ottawa. Dans le cadre de ses recherches, il s’intéresse aux communautés francophones en situation minoritaire, avec un intérêt particulier pour l’enjeu de l’immigration. Depuis mai 2021, il est conseiller à la municipalité de Kedgwick au Nouveau-Brunswick.

La plupart des communautés francophones en situation minoritaire (CFSM) sont mal desservies en formation artistique.

Il s’agit d’une des conclusions d’un rapport publié par Sociopol en 2021, repris par la Fédération culturelle canadienne-française (FCCF) dans son mémoire sur les arts et la culture dans l’éducation postsecondaire en français.

Manque de formation

Ainsi, en dehors de l’Université d’Ottawa et de l’Université de Moncton, «aucune autre n’offre de programmes en théâtre, en arts visuels ou en musique», rapporte la FCCF.

Selon le mémoire, seuls trois autres établissements offrent des programmes en études françaises : l’Université de Saint-Boniface au Manitoba, l’Université Sainte-Anne en Nouvelle-Écosse et le Collège Glendon de l’Université York à Toronto. Le Campus Saint-Jean à Edmonton offre quant à lui un programme en arts dramatiques.

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La FCCF rapporte toutefois que le collège La Cité à Ottawa offre quelques programmes en animation 3D, en design graphique, en arts numériques et en production télévisuelle. Tandis que le Collège communautaire du Nouveau-Brunswick propose un programme de conception graphique et un autre de créativité et innovation.

Problème de rétention

Joël Beddows est professeur de théâtre à l’Université d’Ottawa. Il observe un enjeu géographique dans l’enseignement du théâtre.

Photo : Maud Chauvin

Selon la FCCF, ce manque de formation a de lourdes conséquences sur les communautés francophones en situation minoritaire.

D’une part, «elles se trouvent à perdre ainsi nombre de jeunes francophones qui vont poursuivre leur carrière artistique en anglais ; d’autre part, elles peinent à retenir les autres, qui ont reçu une formation en français, mais qui sont tentés de mener leur carrière ailleurs, au Québec notamment. […] Les artistes formés par les grandes écoles montréalaises ne rentrent presque jamais dans leurs communautés d’origine : ils sont formés en fonction du milieu montréalais, ses besoins et ses normes», déplore la FCCF dans son mémoire.

Selon Joël Beddows, professeur de théâtre à l’Université d’Ottawa, c’est surtout la distribution géographique qui pose problème.

«Notre mandat comme école, ce n’est pas de nourrir le milieu théâtral d’Ottawa et Gatineau uniquement», insiste-t-il. Le professeur encourage souvent les finissants à aller travailler ailleurs, comme dans leur province d’origine pour fournir les théâtres qui les attendent là-bas.

«On se voit comme un berceau, poursuit-il. De rester trois ans dans un lieu avec des profs qui connaissent les réalités d’ailleurs, qui vous forment en fonction d’un choix de rester ou partir […] on est la seule école qui fait ça ; qui dit : “partez, volez, volez!”» Pour lui, l’Université d’Ottawa «est une école franco-canadienne».

Pas d’arts, pas de francophonie

Les arts et la culture ne sont pas un dessert dont on peut se passer. C’est un plat de résistance, surtout en milieu minoritaire.

— Nancy Juneau, présidente de la FCCF

Selon Nancy Juneau, la présidente de la Fédération culturelle canadienne-française (FCCF), l’art permet de faire communauté. 

Photo : Julie D’Amour Léger

«L’art permet de faire communauté. […] Où sont les lieux où on peut faire communauté? Ben, c’est souvent autour d’un spectacle, autour d’un atelier, affirme-t-elle. C’est ce qui permet aux communautés de s’affirmer, d’avoir un sens d’identité, la résistance à l’assimilation, à l’aliénation et à l’acculturation.»

D’après elle, le manque de formation artistique en français peut être un «frein supplémentaire à créer une relève dans la discipline artistique».

La culture fait partie des indicateurs de vitalité des communautés de langue officielle en situation minoritaire de Patrimoine canadien.

Selon le ministère, la vitalité de ces communautés se manifeste notamment par «des activités culturelles et de loisirs.»

Former les formateurs

Dorothée Tölgyesi termine un baccalauréat combiné danse-éducation à l’Université de Calgary. Un programme en anglais qui lui permet d’approfondir sa formation en danse contemporaine tout en étudiant les sciences de l’éducation. Avec cette formation, elle aura la possibilité d’enseigner la danse.

Dorothée Tölgyesi est étudiante au baccalauréat combiné danse-éducation de l’Université de Calgary. 

Photo : Caitlyn Unrau

«C’est important d’avoir des profs de danse qualifiés qui comprennent le développement des enfants [et des adolescents], souligne-t-elle. Les enfants sont déjà des êtres très vulnérables et mettre des gens en charge d’eux, comme modèles, qui ne comprennent pas l’impact qu’ils peuvent avoir sur des gens vulnérables comme ça, je pense que ça peut être très dangereux.»

Dorothée Tölgyesi espère que son programme sera un jour disponible en français. «Il y a tellement une grande vie culturelle francophone, surtout dans le monde de la danse. Le gros est à Montréal. Il y en a beaucoup à Toronto aussi, mais il y a tellement d’artistes francophones qui n’ont pas la chance de pratiquer en français.»

Elle aurait pu poursuivre une carrière en danse sans poursuivre d’études postsecondaires, mais elle a entendu l’appel de l’éducation.

«Je voulais me pousser intellectuellement aussi et je voulais voir les autres sphères de la danse. Je trouve que l’université a ouvert mes yeux à tellement de choses, dit-elle. Ça m’a ouvert beaucoup de portes.»

En rencontrant d’anciens étudiants, elle s’est aperçu qu’être interprète n’est pas la seule voie possible. C’est ainsi qu’elle s’est intéressée aux autres spécialités de la danse, comme la pédagogie du mouvement. La formation en éducation lui permet de compter sur une sortie de secours si jamais elle est confrontée à des difficultés d’emploi.

«Le monde a toujours besoin de profs. […] Je pense que ce qui m’inquiète le plus, c’est voir qu’en temps de crises, les arts sont la première affaire à se faire couper. C’est malheureux parce que c’est ça qui tient une société ensemble», déplore l’étudiante.

Certains artistes ne passent pas par le postsecondaire. «On peut apprendre sur le tas, mais c’est beaucoup plus long et la reconnaissance est plus longue aussi», explique Joël Beddows. 

Le programme de théâtre de la capitale offre des cours sur la carrière et affichera bientôt les curriculums vitae des finissants sur le site Web du département.

«Chaque printemps, on fait une compétition ici et on donne une subvention de 15 000 $ pour un premier projet professionnel à nos finissants au conservatoire, lance-t-il. Il y a des choses qu’on peut faire comme institution, comme école de théâtre, pour les aider, pour bien les lancer.»

«Toutes les provinces et tous les territoires ont reçu la même offre» en matière d’accès à la santé dans la langue de la minorité, a indiqué le ministre de la Santé, Jean-Yves Duclos devant le Comité sénatorial des langues officielles le 17 avril.

Au début février, le gouvernement a conclu une entente avec les provinces et les territoires pour augmenter les transferts fédéraux en santé de 46,2 milliards pour les dix prochaines années.

Les ententes entre les provinces, les territoires et le fédéral comprennent des «indicateurs clés», comme l’embauche de personnel de la santé ou le taux d’accès à la médecine familiale, pour faire respecter les clauses linguistiques. Un suivi des progrès en matière d’accès aux soins dans la langue de son choix fait également partie du marché conclu avec les provinces.

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Le ministre fédéral de la Santé, Jean-Yves Duclos, a reconnu que les provinces et les territoires étaient «encouragés» à respecter leurs obligations linguistiques.

Photo : Courtoisie Facebook

Engagement de façade?

«Lorsque [les provinces et territoires] acceptent une lettre d’entente de principe, ils doivent répondre essentiellement et explicitement qu’ils sont d’accord sur l’importance d’avoir des indicateurs dans leurs plans», a précisé le ministre.

Mais si le gouvernement les «encourage» à respecter leurs obligations linguistiques au sein des transferts, rien ne les y contraint réellement.

Certaines ententes en cours de négociation contiendraient un «engagement» de la part des provinces et des territoires pour améliorer les services pour les populations en quête d’équité, dont les CLOSM.

Ces ententes sont «un outil que nous pouvons utiliser, pour nous assurer qu’ils améliorent les services aux communautés de langue officielle en situation minoritaire», a renchéri la sous-ministre Jocelyne Voisin devant le Comité.

Tout au long de la rencontre, le ministre Duclos et les fonctionnaires du ministère fédéral de la Santé ont répété avec insistance que les provinces et les territoires étaient compétents pour gérer la livraison des services de santé.

Peu de données sur l’accès à la santé dans les CLOSM

Interrogé par le sénateur Pierre J. Dalphond sur la qualité des informations des usagers et des professionnels de santé, incluant les préférences linguistiques, le ministre Duclos a affirmé que pour bâtir les ententes avec les provinces, son ministère disposait de huit indicateurs «de haut niveau», dont la santé mentale, les travailleurs en médecine familiale ou encore l’usage des données.

Il a néanmoins reconnu que les données de base dont son ministère dispose sont peu exploitées pour tirer des analyses, notamment en ce qui concerne la santé publique dans les CLOSM.

«Dans la plupart des cas, nous n’avons pas d’information sur l’accès à la médecine familiale en milieu rural», a pointé Jean-Yves Duclos.

Un travail plus approfondi «au cours des prochaines années» avec l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS) permettrait d’exploiter ces données, a indiqué le ministre, qui ne s’y est pas formellement engagé pour autant.

Mobilité et personnel étranger : un consensus «dans les prochains mois»

L’assurance de Jean-Yves Duclos a plutôt porté sur le consensus «dans les prochains mois» concernant la mobilité des professionnels de santé entre les provinces et territoires. Le Conseil de la fédération l’aurait pratiquement décidé.

Le ministre a pris l’exemple du registre régional de médecins et chirurgiens, porté par les provinces de l’Atlantique. «Un médecin qui travaille dans l’une des quatre provinces [de l’Atlantique] pourra travailler dans l’une des quatre autres», a-t-il rappelé.

Le ministre a parlé d’un «consensus encore meilleur» pour les professionnels de la santé formés à l’étranger, pour qui la reconnaissance des titres et compétences est ardue au Canada.

Lorsqu’une province pourra reconnaitre les compétences de travailleurs formés à l’étranger, ces derniers pourront plus facilement se déplacer ou offrir leurs services de manière virtuelle et collaborative. Cela comprend les populations vivant en situation linguistique minoritaire.

— Jean-Yves Duclos

Mais au moment de répondre sur la vérification des titres de ces personnes, le ministre de la Santé s’est contenté de réitérer que les provinces et territoires étaient compétents. «Si on facilite la venue des travailleurs étrangers, on facilite la venue de ceux qui peuvent venir en milieu minoritaire», a-t-il fait valoir.

Jean-Yves Duclos a notamment fait valoir qu’il existait le Programme pour les langues officielles en santé (PLOS), créé en 2003, qui a formé 10 000 professionnels de la santé bilingue.

Il a aussi rappelé que le Budget 2022 avait aidé 11 000 personnes à travailler dans les CLOSM. Mais, encore une fois, aucun engagement n’a été pris devant le Comité.